prévoir l’administration systématique de la seconde dose à un âge compris entre 15 et 18 mois. L’intervalle minimum entre les 2
doses est de 1 mois. L’administration systématique de la seconde dose aux enfants dans leur deuxième année de vie diminue la
vitesse à laquelle le nombre des enfants sensibles augmente et le risque de ambées de rougeole. Dans les pays où la transmission
de la rougeole est faible (c’est-à-dire ceux qui s’approchent de l’élimination) et qui administrent la première dose à l’âge de 12
mois, l’âge optimal pour l’administration systématique de la seconde dose dépend des considérations programmatiques qui per-
mettront d’atteindre la meilleure couverture et, donc, l’immunité la plus élevée dans la population. L’administration de la seconde
dose à un âge compris entre 15 et 18 mois confère une protection précoce au sujet vacciné, ralentit l’accumulation d’enfants
sensibles en bas âge et peut avoir lieu à l’occasion d’autres vaccinations systématiques (par exemple le rappel du DTC). Dans
les pays ayant une couverture élevée de la première dose du vaccin anti-rougeoleux (plus de 90%) et un fort taux de scolarisation
(plus de 95%), l’administration systématique de la seconde dose au moment de l’entrée à l’école peut s’avérer une stratégie ef-
cace pour atteindre une couverture élevée.
L’immunité conférée par le vaccin RRO est-elle durable ?
La réponse immunitaire après la vaccination est similaire à celle observée après une infection naturelle. La vaccination induit
une immunité humorale et cellulaire, ainsi que la production d’interféron. Bien que les titres d’anticorps induits par la vaccina-
tion soient moins élevés qu’après la maladie, la différence ne semble pas inuencer le niveau de protection. Au l des années,
on observe une diminution des anticorps un peu plus prononcée après la vaccination qu’après la maladie, mais les études épi-
démiologiques ont démontré que, lors de ambées, au maximum 5% des personnes vaccinées depuis plus de 15 ans attrapent la
rougeole. Or cette proportion correspond à celle des non-répondeurs à la première dose de vaccin et elle n’augmente pas avec le
temps depuis la vaccination. Malgré le fait que des maladies après deux doses de vaccin RRO aient été documentées, les données
épidémiologiques et sérologiques des 35 dernières années indiquent que le vaccin procure une immunité de longue durée.
Que faire chez les enfants qui n’ont pas été vaccinés avec 2 doses dans les délais recommandés?
Si, selon les recommandations, la vaccination complète en deux doses doit être terminée à l’âge de vingt quatre mois, la réalité
est en fait bien différente. Des enquêtes réalisées en milieu scolaire conrment que la seconde dose reste, en revanche, trop sou-
vent négligée. Si la vaccination n’a pas été réalisée dans les délais recommandés, ou qu’elle est incomplète, il est toujours possible
de la faire plus tard dans l’enfance, à l’adolescence, voire à l’âge adulte, pour protéger l’individu mais aussi limiter le nombre de
sujets susceptibles. C’est le rattrapage vaccinal. Ce rattrapage est très important, au niveau individuel, puisque l’administration de
la seconde dose permet de protéger les enfants et les adolescents qui n’auraient pas répondu après la première dose. L’application
des recommandations de rattrapage vaccinal pourra permettre de réduire considérablement le nombre de cas survenus durant
cette année chez des enfants de plus de 2 ans, des adolescents et des jeunes adultes. Ce rattrapage est également très important au
niveau collectif, notamment parce qu’en stoppant la circulation du virus, il constitue le seul moyen d’éviter la contamination des
nourrissons trop jeunes pour être vaccinés.
Pourquoi un enfant vacciné peut faire la rougeole ?
Au fur et à mesure de l’augmentation de la couverture vaccinale, on observe la progression du nombre de cas de rougeole chez
des vaccinés tant qu’il persiste une circulation du virus. Il s’agit de sujets vaccinés qui n’ont pas eu de séroconversion ou des
sujets dont l’immunité post-vaccinale s’est peu à peu éteinte (en général, il s’agit de sujets peu nombreux et plus âgés qui n’ont
jamais été vaccinés ou qui n’ont pas eu de séroconversion après vaccination). Cette notion, difcile à admettre dans les débuts
de la vaccination, doit être expliquée pour ne pas en tirer un argument pour la mauvaise qualité du vaccin. L’efcacité vacci-
nale du vaccin de la rougeole dépend donc de la couverture et de la rapidité de la généralisation du vaccin dans une population.
Lorsqu’une couverture élevée est atteinte très rapidement, on observe une très nette diminution des cas de rougeole, dénommée
lune de miel: en effet, on bénécie pendant quelques années de la somme de l’immunité des vaccinés et de l’immunité des anciens
malades. Cependant, l’accumulation des vaccinés non protégés et des sujets non vaccinés ne rencontrant plus la rougeole explique
qu’après cette période de calme de nouvelles ambées surviennent, atteignant ces sujets réceptifs, si la couverture vaccinale
n’atteint pas 95%. Il ne s’agit pas d’un échec du vaccin mais d’un échec de la politique vaccinale.
4Rev Mar Mal Enf 2013; 31 : 1-4