sur la température des eaux de surface des océans
Pacifique et Indien, permettent de prédire de façon
fiable, les foyers de FVR (1, 13). Ce modèle ne
s’applique néanmoins pas directement dans les
autres zones à risque pour la FVR.
En Afrique de l’Ouest, il n’existe pas de corrélation
entre l’abondance des précipitations et les foyers
de FVR (8). Dans cette région, le premier foyer
important de FVR est survenu en Mauritanie en
1987, causant 220 décès (8). En 1998, un autre
foyer a frappé le sud-est de la Mauritanie, causant
300 à 400 cas humains dont 6 décès (8).
Le foyer, qui est apparu en Arabie saoudite en
2000-2001, a touché 882 personnes et provoqué
124 décès (2). Il est fort probable que le virus ait
été introduit dès 1998, alors qu’une épizootie
majeure touchait l’Afrique de l’Est. En effet, les
souches sont génétiquement très proches, l’Arabie
Saoudite et le Yémen ont été touchés par des
foyers simultanés et des cas cliniques auraient été
rencontrés dès 1998. L’explosion de la maladie en
2000 s’explique par une pluviométrie inhabituel-
lement élevée.
Une capacité d’extension certaine
Le foyer majeur qui est apparu en Égypte en 1993,
ainsi que l’extension de la FVR à la Péninsule
arabique en 2000, résultent très probablement de
l’introduction d’animaux infectés (2, 10). Le foyer
humain et animal qui s’est déclaré en Mauritanie
en 2003 était dû à une souche proche des souches
circulant en Afrique de l’Est et en Afrique Centrale.
Il ne s’agissait donc pas d’une résurgence des
accès passés mais d’une nouvelle introduction du
virus, probablement par l’intermédiaire de mouve-
ments d’animaux ou de personnes infectées (8).
Par ailleurs, les moustiques ont une capacité à voler
sur plusieurs kilomètres ou peuvent être transportés
passivement, sur de longues distances, dans des
avions ou des bateaux (15). Le transport de mous-
tiques par le vent, sur des centaines de kilomètres,
est à l’origine de l’extension de foyers (10).
En raison du large spectre de vecteurs compétents,
la propagation du virus, à partir de son point
d’introduction, est souvent possible. Une étude
entomologique a d’ailleurs montré que des Culex
pipiens constituent des vecteurs compétents dans
le sud de la France (14). De plus, des mouches
hématophages sont capables de réaliser des
transmissions mécaniques (12).
L’introduction du virus de la FVR en Europe ne
peut être écartée. En effet, il est difficile ou impos-
sible d’agir sur les facteurs qui sont à l’origine de
l’expansion mondiale de la maladie, à savoir le
réchauffement climatique et l’accroissement des
mouvements de personnes, d’animaux et de mar-
chandises. On peut même affirmer que l’introduc-
tion de ce virus en Europe surviendra et que cet
événement n’est qu’une question de temps.
Une étape intermédiaire pour le virus pourrait être
l’atteinte d’îles de la Méditerranée comme Chypre,
ou de pays du Maghreb, qui pour le moment et de
façon étonnante, ont pu échapper à la maladie. Si
le Maroc venait à être touché, les portes de
l’Europe ne seraient plus qu’à quelques kilomètres.
La densité du transport de passagers entre le sud
de la France et les pays du Maghreb, ainsi que
l’importation clandestine d’ovins, pourraient per-
mettre un transfert de la FVR en France, depuis la
Tunisie, l’Algérie ou le Maroc.
Face à ces risques, la plus grande vigilance des
professionnels de la santé humaine et animale
s’impose, afin de pouvoir identifier le plus tôt
possible les premiers cas. L’identification précoce
des premiers cas devrait permettre de combattre
efficacement la maladie en mettant en place les
mesures suivantes : surveillance de l’infection sur
les populations humaines et animales, restriction
des mouvements d’animaux sensibles, information
de la population et des personnes à risque, lutte
anti-vectorielle, vaccination des troupeaux in-
demnes.
Habituellement, les cas humains sont précédés de
cas animaux. En cas d’introduction en Europe de
la FVR, il est probable que le diagnostic soit
d’abord réalisé sur des animaux. L’exposition
d’animaux naïfs, au plan immunologique au virus
de la FVR, devrait conduire à une expression cli-
nique nettement visible (10), ce qui devrait faciliter
l’identification précoce de la maladie.
L’expérience africaine montre que les cas humains
qui peuvent être nombreux, surviennent à l’occa-
sion de contacts étroits avec le sang et les tissus
d’animaux infectés. Dans nos pays européens, la
proportion de personnes qui seraient ainsi expo-
sées, est faible, ce qui devrait limiter l’impact
humain de la maladie. Il n’existe pas en effet de
contamination de personne à personne, ce qui
limite la propagation, notamment en milieu urbain.
Par contre, l’implantation du virus dans un nouvel
écosystème peut difficilement être anticipée, en
raison du nombre important de facteurs impliqués
et de leurs interrelations : densité d’espèces sen-
sibles, présence de vecteurs et données clima-
tiques. 쮿
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