retracer l'histoire de cette mosquée. Les "dirigeants" tablighis n'ont jamais souhaité parler aux journalistes, "des
non-francophones" "des immigrés analphébètes" "des rétrogrades" . Tels sont les stéréotypes utilisés pour
désigner les tablighis. Pourtant le mouvement à côté de jeunes et d'anciens OS (ouvriers spécialisés) comporte un
certain nombre de cadres, étudiants, d'intellectuels, de professeurs, médecins. La crainte d'être montré du doigt
semble motiver ce mutisme général. Après le 11 septembre nombre de médias ont tenté de joindre des
responsables du mouvement. Leurs demandes furent ignorées en raison des présupposés dont le Tabligh se sent
légitimement victime. "Une secte en plein Saint-Denis envoie des combattants français dans des camps au
Pakistan", "une secte terroriste"... Le Merkez n'a pas échappé aux fantasmagories de certaines émissions de
télévision française Fallait-il s'expliquer sur l'activité du Tabligh une fois pour toute devant la place publique ? Les
Tablighis n'en éprouvent pas le besoin et se sentent assez occupés par leur travail quotidien de Da'wa (prêche) au
sein de la communauté.
Masjid Al Rahma, la mosquée "miséricorde" , une mosquée active.
Matin et soir, le travail au sein de la mosquée est impressionnant. Des canadiens, des allemands, des américains
qui ont quitté leur pays pour quelques temps dans le cadre de sortie, "khourouj" pour silloner la France. Ils ne
restent jamais longtemps au Merkez. Ce centre joue donc un rôle de coordination avec les différentes mosquées du
pays qui veulent bien accepter des groupes pour une durée d'une semaine environ. Dans les villes qu'ils iront
visiter, le secteur n'échappera pas à la prêche des "Da'i " (ceux qui prêchent). Là, réside tout l'effort du merkez :
motiver des jeunes musulmans ou des plus âgés pour s'en aller un jour, 3 jours, 40 jours ou 4 mois afin de
transmettre le message. Une "Shoura" quotidienne (commission consultative) analyse les demandes pour les
grands départs. Ainsi les fidèles prêts pour 40 jours ou 4 mois doivent au préalable avoir l'accord de cette
commission qui permet ou non le "khourouj". Certains passent un véritable"interrogatoire". Les étudiants ne
peuvent pas prétendre s'en aller 40 jours pendant la période universitaire. Les mineurs ne sont pas autorisés à
"sortir". Il arrive que certains fidèles mariés soient refusés de "sortie" en raison du désaccord de leurs épouses. Ces
périodes n'ont rien d'institutionnel ou d'obligatoire, "juste pour s'organiser" dit-on. Ainsi les fidèles peuvent partir
pour la période qui leur convient le mieux. Tous les jeudis soirs, y compris pendant le mois de Ramadan, une
centaine de fidèles se serrent dans la petite salle de prière pour écouter le sermon hebdomadaire en langue
française. Des jeunes pour la grande majorité, ils viennent de toutes les villes françaises, principalement de Dreux,
de Mantes la Jolie, d'Evry, Lyon ou de Tours pour assister au Bayan (discours) de Cheik Younous, élégant derrière sa
barbe, parlant avec humour et un réel charisme.On pourrait l'assimiler au Tarik Ramadan du Tabligh. Le Cheik peut
faire passer du rire aux larmes dans un même discours. Malgré une expression française difficile, il se fait
comprendre parfaitement."Si je fais des fautes de conjugaison, grammaire, baissez la tête", lance-t-il souvent. Le
discours est totalement apolitique et non violent. Le mouvement évite de parler des sujets d'actualité. Le 11
septembre n'y a rien changé. Ni avant, ni après le 11 septembre. Les pays sont cités uniquement dans le cadre des
efforts pour la religion.
La mosquée dans son rôle d'islamisation.