Portrait forestier historique de la Gaspésie

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Portrait forestier historique
de la Gaspésie
Pinna, S., A. Malenfant, B. Hébert et M. Côté
Remerciements
Nous tenons à remercier Pierre Desmeules et Marie-Hélène Langis du Consortium
en foresterie Gaspésie-Les-Îles ainsi que Denis Tardif de Rexforêt pour leur apport
lors de la recherche et de la classification des documents d’archives de même que
Sébastien Dupuis, Dominique Arseneault et Alain Caron de l’Université du Québec
à Rimouski (UQAR) pour leur soutien dans l’élaboration et la réalisation de certaines analyses.
Pour nous contacter Consortium en foresterie Gaspésie–Les-Îles
37, rue Chrétien, bur. 26, C.P. 5 Gaspé (QC) G4X 1E1
Tél. : (418) 368-5166 Téléc : (418) 368-0511
[email protected]
www.mieuxconnaîtrelaforêt.ca
Référence à citer :
Pinna, S., A. Malenfant, B. Hébert, et M. Côté, 2009. Portrait forestier historique de la Gaspésie.
Consortium en foresterie Gaspésie–Les-Îles. Gaspé, 204 p.
ISBN 978-2-9809843-6-5
Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2009
Nous sommes aussi reconnaissants à Stefano Biondo de l’Université Laval pour sa
collaboration à la numérisation et à l’utilisation des photos de Lesseps ainsi qu’aux
nombreux donneurs et prêteurs d’archives qui ont permis d’enrichir notre banque
de documents.
Nous remercions aussi Sylvain Fortin du Cégep de la Gaspésie et des Îles, Dominique Arseneault de l’UQAR et Luc Gagnon du Groupe GDS pour les commentaires qu’ils ont fait d’une version préliminaire de ce manuscrit ainsi que Marie-Eve
Bernatchez du Consortium en foresterie Gaspésie-Les-Îles pour la mise en page et
la conception graphique du document.
Finalement, nous remercions les partenaires financiers qui ont permis la réalisation
de cette étude, soit: l’Agence de Développement économique du Canada pour les
régions du Québec, le Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (Direction
de l’Environnement et de la Protection des forêt, programme de mise en valeur
des ressources du milieu forestier volets 1 et 2 et programme de participation
régionale), la Conférence régionale des Élus Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (Programme de mise en valeur des ressources du milieu forestier volet 2 et programme
de participation régionale), le Ministère des Affaires municipales et des Régions, le
Fonds québécois de la recherche sur la nature et les technologies, le Cégep de la
Gaspésie et des Îles, et Rexforêt.
Photos de la page de couverture :
Photo des arpenteurs : Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Photo du bateau : Musée de la Gaspésie, Fonds Daniel Mabe.
Photos de la carte et du paysage forestier : Consortium en foresterie Gaspésie-Les-Îles
Le rapport a été imprimé sur du papier Enviro100 fait à 100% de fibres postconsommation et certifié FSC.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Dépôt légal - Bibliothèque et Archives Canada, 2009
Sommaire exécutif
Le Portrait forestier historique de la Gaspésie a été initié à l’automne 2006
dans la foulée des engagements du gouvernement du Québec à favoriser la
mise en œuvre de l’aménagement écosystémique. L’objectif est de documenter les attributs écologiques liés au fonctionnement des forêts gaspésiennes à
l’époque préindustrielle. La réalisation d’un tel portrait de référence est indispensable pour la mise en œuvre de l’aménagement écosystémique des forêts
de la Gaspésie. Il va notamment permettre de mesurer les écarts entre la forêt
préindustrielle et la forêt actuelle afin de documenter les enjeux écologiques
de la région et d’y établir les priorités d’action.
Le guide à la documentation des enjeux écologiques pour la mise en œuvre
de l’aménagement écosystémique pour chacune des régions du Québec (Varady-Szabo et al., 2008) a servi de canevas pour la conception et la présentation du présent document. Ainsi, ce portrait forestier historique permet de
documenter les principaux enjeux écologiques appréhendés en regard :
• de la composition des forêts;
• des stades de développement;
• de la structure des peuplements;
• de l’apport en bois morts;
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
• et de l’organisation spatiale des forêts.
L’analyse et la présentation des résultats ont été faites en étant basées sur le
système hiérarchique de classification écologique du territoire du ministère
des Ressources naturelles et de la Faune. Les échelles d’analyse retenues pour
le portrait forestier historique de la Gaspésie sont les quatre régions écologiques associées à deux sous-domaines bioclimatiques : Massif gaspésien (5h)
et Haut massif gaspésien (5i) dans la sapinière à bouleau blanc de l’Est, Côte
gaspésienne (4h) et Côte de la baie des Chaleurs (4g) dans la sapinière à bouleau jaune de l’Est.
La recherche et la synthèse des documents historiques (Malenfant et Côté,
2007) a notamment permis de faire ressortir les sources d’information quantitative essentielle à la réalisation de ce portrait. Les notes prises par les arpen-
teurs du territoire lors de la colonisation traitent grandement des forêts. Leurs carnets d’arpentage ont permis de compiler des données sur la forêt du pourtour de
la péninsule gaspésienne au 19e siècle (1836-1875) correspondant à la sapinière à
bouleau jaune. Pour la sapinière à bouleau blanc au centre du territoire, les données des carnets d’arpentage du 20e siècle (1919-1940) ont été complétées par la
photo-interprétation des photographies aériennes de la Gaspésie prises en 1926
et 1927 par l’aviateur Jacques de Lesseps. Ces échelles de temps et de territoire
ont été jugées adéquates pour représenter la forêt gaspésienne avant l’essor de
l’industrialisation forestière. L’ensemble des écrits historiques a permis d’illustrer
les résultats obtenus et de mettre en lumière les observations convergentes sur la
forêt préindustrielle gaspésienne.
Les perturbations naturelles en Gaspésie
La dynamique des forêts est directement influencée par le régime des perturbations naturelles (feux, chablis et épidémies d’insectes) avec ses variations en
termes de superficies atteintes, de fréquence et de sévérité. La documentation
des perturbations qui avaient cours dans la forêt préindustrielle est un préalable essentiel pour comprendre les enjeux écologiques liés à la mise en œuvre de
l’aménagement écosystémique des forêts gaspésiennes d’aujourd’hui.
Les peuplements touchés par des perturbations formaient entre 15 et 35 % du
paysage forestier historique de la Gaspésie. Les proportions relatives des types de
perturbations (issues des mentions des arpenteurs du 19e et du 20e siècle ainsi
que des photos de Lesseps de 1926-1927) montrent que les feux étaient moins
prépondérants que les chablis et les épidémies. Entre 1850 et 1950, les cinq incendies exceptionnels répertoriés (> 10 000 ha) représentaient plus des trois quarts
des superficies brûlées en Gaspésie. Les feux étaient peu fréquents sur le territoire et les superficies incendiées étaient très variables. La très grande majorité
des feux de l’époque étaient d’origine anthropique. Toutefois, l’inventaire détaillé
des feux répertoriés a permis d’estimer des cycles de feu très longs approchant
les 500 ans pour la sapinière à bouleau jaune et avoisinant le millénaire pour
la sapinière à bouleau blanc. En ce qui concerne les chablis, même s’ils étaient
souvent localisés, ils pouvaient aussi toucher plusieurs centaines d’hectares (les
crêtes des collines exposées au vent y étaient particulièrement sensibles). Les bois
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Mise en contexte générale du projet
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Composition forestière
Pour la sapinière à bouleau jaune, 14 taxons ont été notés dans les documents historiques : le sapin baumier, les épinettes, le bouleau blanc, le bouleau jaune, le thuya occidental, les érables, les pins, le peuplier baumier, le
peuplier faux-tremble, le frêne noir, l’orme d’Amérique, le mélèze laricin, le
hêtre à grandes feuilles et le chêne rouge. Les observations provenant des
carnets d’arpentage montrent qu’au 19e siècle, le couvert forestier de la sapinière à bouleau jaune avait une forte proportion de peuplements mélangés. Pour les deux régions écologiques de la sapinière à bouleau jaune, le
sapin baumier et le bouleau blanc dominaient le paysage. Les peuplements
d’épinettes, de thuya occidental et de bouleau jaune (uniquement pour la
région Côte de la baie des Chaleurs) représentaient tous respectivement un
dixième des peuplements de la sapinière à bouleau jaune. Toutefois, lorsque
les épinettes étaient présentes dans le paysage, elles étaient le plus souvent
codominantes alors que si le thuya était présent, il dominait le peuplement dans la
moitié des cas. Il semble que les espèces thermophiles, telles que le bouleau jaune,
les érables, les pins, les ormes et les frênes, avaient une place non négligeable
dans le paysage. Sachant que les observations des arpenteurs au courant du 19e
siècle ont été faites à une époque où l’utilisation des ressources forestières était
déjà active, les résultats obtenus pour les essences les plus prisées par les colons
correspondent à des seuils minimaux. Les pins, l’épinette blanche, le thuya occidental, le bouleau jaune, l’orme d’Amérique et le frêne noir étaient possiblement
plus abondants.
Pour la sapinière à bouleau blanc, neuf taxons ont été notés dans les documents
historiques : le sapin baumier, les épinettes, le bouleau blanc, le bouleau jaune,
le thuya occidental, les érables, les pins, le peuplier baumier et le peuplier fauxtremble. D’après les carnets d’arpentage, la forêt préindustrielle du centre de la
Gaspésie (de 1919 à 1940) avait un couvert majoritairement résineux. Que ce
soit en termes d’abondance ou de distribution, le sapin baumier et les épinettes
étaient les taxons qui dominaient le paysage de la sapinière à bouleau blanc. Dans
la région du Massif gaspésien (5h), le sapin baumier aurait dominé un peuplement
sur deux et les épinettes un peuplement sur trois. Dans la région du Haut massif
gaspésien (5i), le sapin baumier aurait été encore plus prépondérant en formant
les trois quarts des peuplements tandis que moins d’un peuplement sur cinq était
une pessière. Le bouleau blanc était une espèce importante de ces forêts, mais il
s’agissait le plus souvent d’une espèce accompagnatrice. Les espèces thermophiles (le bouleau jaune, les érables et les pins), ainsi que le thuya occidental, ne se
rencontraient que très rarement et le plus souvent dans des secteurs limitrophes
de la sapinière à bouleau jaune. Toutefois, l’exploitation le long des grandes rivières était relativement avancée et elle visait particulièrement les épinettes et les pins
de gros diamètres. Les résultats avancés dans le présent portrait correspondent
donc à des seuils minimums pour les essences prisées de l’époque.
Stades de développement
D’après les notes des carnets d’arpentage du 19e (1836-1875) et du 20e siècle
(1919-1940), ainsi que des photos aériennes de Lesseps (1926-1927), les forêts
gaspésiennes préindustrielles étaient de 50 à plus de 80 % matures. Ces résultats
Portrait forestier historique de la Gaspésie
renversés représentaient une perturbation importante du paysage forestier
préindustriel. Il s’agissait d’arbres déracinés par le vent (les chablis), mais aussi
d’arbres fragilisés et cassés à mi-hauteur à la suite d’une épidémie d’insectes,
d’une maladie ou à cause du poids excessif de la neige (les volis). Très peu
d’information relative aux épidémies d’insectes du 19e siècle en Gaspésie est
ressortie de l’analyse des documents historiques et il ne fut pas possible d’en
connaître l’importance pour cette époque. Par contre, plusieurs épidémies
d’insectes ont eu lieu durant la première moitié du 20e siècle. Deux épidémies
de la tordeuse des bourgeons de l’épinette, une épidémie de l’arpenteuse de
la pruche, une épidémie du diprion (mouche à scie) et une épidémie du dendroctone ont provoqué de forts taux de mortalité chez le sapin baumier et les
épinettes. Le taux de mortalité des épinettes variait entre 50 et 80 % dépendamment des secteurs. Les causes d’un dépérissement du bouleau blanc et
du bouleau jaune dans les années 1940 n’ont quant à elles jamais été déterminées avec certitude. Au courant du 20e siècle, des maladies exotiques ont
atteint des essences comme le pin blanc (rouille vésiculeuse du pin) et l’orme
d’Amérique (maladie hollandaise de l’orme). Les perturbations naturelles ont
grandement modelé la composition, la structure et le fonctionnement des
écosystèmes forestiers de la Gaspésie.
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Structure des peuplements
Le manque d’information contenue dans les carnets d’arpentage du 19e siècle sur les éléments structuraux (structure verticale des strates de végétation,
structure diamétrale des arbres, structure horizontale des peuplements) n’a
pas permis d’effectuer d’analyses pour la sapinière à bouleau jaune. Les éléments structuraux de la sapinière à bouleau blanc ont par contre pu être
estimés grâce aux données des carnets d’arpentages du 20e siècle et aux
photos aériennes de Lesseps (1926-1927). Les peuplements à structure verticale régulière dominaient le paysage en couvrant plus de 50% de la superficie tandis que les peuplements biétagés en se retrouvaient sur le tiers de la
surface et les peuplements irréguliers sur moins du cinquième. Pour ce qui
est de la variation du diamètre des arbres au sein d’un peuplement, entre le
tiers et les deux tiers des observations montraient une structure diamétrale
irrégulière. En outre, dans la moitié des peuplements, des « gros bois » (diamètres entre 26 et 30 cm) ont été observés, et ce, pour toutes les espèces.
En plus de la variabilité des structures verticales et diamétrales, un tiers de la
superficie de la forêt préindustrielle de la sapinière à bouleau blanc présentait
une complexité en termes de structure horizontale avec une densité du couvert végétal variant de faible à moyenne. Les proportions entre les densités de
couvert et les types de perturbations montrent que cette complexité de structure
horizontale des peuplements serait davantage liée aux épidémies d’insectes et aux
bois renversés qu’aux incendies forestiers.
Apport en bois morts
Tous les éléments relatifs au bois mort (recrutement, dimension des chicots et des
débris ligneux au sol, stade de décomposition, etc.) ne peuvent être estimés pour
la sapinière à bouleau jaune ou la sapinière à bouleau blanc dû à un manque d’information historique. Dans les peuplements matures, qui dominaient le paysage,
le phénomène de sénescence générait des chicots et des débris ligneux de différents stades de décomposition. L’analyse des diamètres des bois vivants relevés par
les arpenteurs pour la sapinière à bouleau blanc indique que près des trois quarts
des arbres, toutes essences confondues, étaient de dimensions moyennes à grosses (diamètres supérieurs à 16 cm). L’importance des superficies couvertes par les
forêts matures et l’importance d’arbres vivants de gros diamètres suggèrent que
les bois morts étaient abondants et de gros diamètres. Les jeunes peuplements
peuvent aussi générer du bois mort par le phénomène d’autoéclaircie. Il y aurait
donc eu très vraisemblablement production de chicots de dimensions et de volumes variables dans l’ensemble de la forêt préindustrielle.
Organisation spatiale des forêts
À l’exception de la région écologique Côte gaspésienne (4h), les peuplements
matures étaient dominants et ils formaient la matrice de fond du paysage forestier
gaspésien. Ces grands massifs, souvent continus, auraient assuré une connectivité entre les différents types de peuplements matures. Quant à la répartition des
peuplements perturbés par les épidémies d’insectes et les chablis, elle s’avérait
relativement homogène dans la sapinière à bouleau blanc (et probablement aussi
dans la sapinière à bouleau jaune, mais aucune donnée ne permet de le valider).
Les surfaces affectées par les feux, en revanche, étaient réparties d’une façon plus
agglomérée. La question de l’organisation spatiale des forêts est complexe et les
données historiques compilées n’ont pas permis de faire une analyse plus approfondie de la situation de l’époque préindustrielle.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
convergent avec les nombreuses remarques de différents auteurs relevées
dans les documents d’archives. La Côte gaspésienne (région écologique 4h)
fait exception avec un tiers des observations révélant des peuplements matures, mais ce résultat peut être considéré comme un seuil minimum. Toutefois,
la prédominance des peuplements matures créait une répartition homogène
des vieilles forêts sur le territoire gaspésien. En termes de types de couvert, les
peuplements résineux et mélangés formaient les plus grandes proportions de
forêts matures comparativement aux peuplements feuillus. Quant aux jeunes
forêts, elles comptaient pour moins d’un cinquième des observations pour
la sapinière à bouleau blanc tandis qu’elles constituaient d’un à deux tiers
des observations pour la sapinière à bouleau jaune (probablement à cause
de l’avancement de la colonisation et des perturbations anthropiques). Leur
composition était aussi dominée par des types de couvert résineux et mélangé.
Mise en contexte du projet
Remerciements.......................................................................................................................................03
sommaire exécutif................................................................................................................................ 04
mise en contexte du projet................................................................................................................11
chapitre 1 : contexte forestier historique de la gaspésie.......................................................14
chapitre 2 : description du territoire............................................................................................ 31
chapitre 3 : matériel et méthodes................................................................................................... 41
Chapitre 4 : Historique des Perturbations
naturelles en gaspésie................................................................................................. 56
chapitre 5 : composition des forêts préindustrielles
de la gaspésie.................................................................................................................. 101
10
chapitre 6 : stades de développement des forêts préindustrielles
de la gaspésie.................................................................................................................. 153
chapitre 7 : structure des peuplements des forêts préindustrielles
de la gaspésie.................................................................................................................. 168
chapitre 8 : apport en bois morts dans les forêts préindustrielles
de la gaspésie.................................................................................................................. 179
chapitre 9 : organisation spatiale des forêts préindustrielles
de la gaspésie.................................................................................................................. 194
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
conclusion générale...........................................................................................................................201
Origine du projet
La réalisation de
ce portrait vise
à documenter
les attributs
écologiques liés
au fonctionnement
des forêts
préindustrielles
gaspésiennes
afin de proposer
un paysage de
référence. Ce
paysage de
référence servira
à identifier les
écarts avec la forêt
aménagée (actuelle)
pour certains
enjeux écologiques
appréhendés et à
définir des objectifs
régionaux pour la
mise en œuvre de
l’aménagement
écosystémique.
Le Portrait forestier historique de la Gaspésie (Portrait) a été initié à l’automne
2006 dans la foulée des engagements du gouvernement du Québec à favoriser
la mise en œuvre de l’aménagement écosystémique dans les forêts du domaine
de l’État. La réalisation de ce portrait vise à documenter les attributs écologiques
liés au fonctionnement des forêts préindustrielles gaspésiennes afin de proposer
un paysage de référence. Ce paysage de référence servira à identifier les écarts
avec la forêt aménagée (actuelle) pour certains enjeux écologiques appréhendés
et à définir des objectifs régionaux pour la mise en œuvre de l’aménagement écosystémique. Le portrait préindustriel représente un élément incontournable pour
les entreprises forestières qui ont entrepris une démarche de certification forestière, tant en forêt publique qu’en forêt privée. Dans le cadre de ce processus de
certification environnementale, les industriels forestiers et propriétaires de boisés
doivent, entre autres, montrer que leurs pratiques s’inspirent de la dynamique
naturelle des écosystèmes forestiers et qu’elles permettent de préserver leur fonctionnement.
11
Approche méthodologique générale
La forêt préindustrielle dans le contexte québécois est généralement définie comme celle qui a été exempte des modifications anthropiques majeures. L’utilisation
du territoire gaspésien depuis 250 ans fait en sorte que très peu d’écosystèmes
non perturbés par les activités humaines subsistent aujourd’hui. Il est ainsi difficile
d’identifier et d’utiliser des secteurs de forêt non perturbée pour documenter la
forêt naturelle comme c’est le cas pour le nord de la forêt boréale. Ce constat
expose la nécessité de consulter et d’analyser les documents d’archives afin de
pouvoir dresser le portrait forestier préindustriel. Diverses sources d’information
régionale, provinciale et nationale ont été consultées (musées, ministères, Archives nationales, bibliothèques, etc.). Plus de 1000 documents (carnets d’arpentage,
rapports d’explorateurs, inventaires forestiers, correspondances, cartes, photos
aériennes, etc.) ont été analysés (pour plus de détails sur les documents répertoriés, voir Malenfant et Côté, 2007). Certaines sources de données ont fait l’objet
d’analyses plus détaillées : les carnets d’arpentage des 19e et 20e siècles ainsi que
des photos aériennes prises en 1926 et 1927.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Table des matières générale
L’analyse des photographies aériennes prises par Jacques de Lesseps en 1926
et 1927 permet d’extraire des informations sur les caractéristiques des paysages naturels à partir des plus anciens documents du genre pour la région.
Tous les autres documents d’archives, allant du milieu du 18e siècle au milieu
du 20e siècle, ont fait l’objet d’une lecture approfondie et les éléments jugés
pertinents ont été compilés dans une base de données qui a servi pour la
rédaction du Portrait.
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
12
L’analyse de la forêt préindustrielle de la Gaspésie s’est divisée en deux zones,
le centre et le pourtour de la péninsule, représentées respectivement par les
sous-domaines bioclimatiques de la sapinière à bouleau blanc de l’Est et de la
sapinière à bouleau jaune de l’Est. Ceux-ci regroupent quatre régions écologiques : Massif gaspésien (5h) et Haut massif gaspésien (5i) dans la sapinière
à bouleau blanc de l’Est, Côte gaspésienne (4h) et Côte de la baie des Chaleurs (4g) dans la sapinière à bouleau jaune de l’Est. Ces portions de territoire
auraient connu des historiques d’utilisation différents. Dans tous les documents historiques répertoriés et étudiés, aucune information n’a été relevée
concernant l’effet de la colonisation sur les cantons du centre de la Gaspésie
mais uniquement pour les cantons du pourtour. Le pourtour (régions de la
Côte gaspésienne et de la Côte de la baie des Chaleurs) a été utilisé et colonisé dès l’arrivée des Européens et de façon plus intensive au cours du 19e
siècle. Le centre (régions du Massif gaspésien et Haut massif gaspésien) a été
utilisé progressivement à partir de la deuxième moitié du 19e siècle alors que
les principales rivières ont d’abord servi d’accès à la ressource ligneuse. L’utilisation généralisée de cette portion du territoire a pris son véritable essor au
milieu du 20e siècle avec la mécanisation des opérations, mais plusieurs secteurs ont toujours été couverts de forêts primitives jusqu’à la première moitié
du 20e siècle (Coleman,1922; Cameron, 1951; Samson, 1941; Rune, 1954).
Les paysages préindustriels pour ces secteurs sont donc reconstitués principalement à partir de documents d’archives des périodes 1836-1875 pour le pourtour
et 1919-1940 pour le centre.
Le guide à la documentation des enjeux écologiques pour la mise en œuvre de
l’aménagement écosystémique pour chacune des régions du Québec (VaradySzabo et al., 2008) a servi de canevas pour la conception et la présentation du
présent document. Ainsi, ce portrait forestier historique permet de documenter
les principaux enjeux écologiques appréhendés en regard :
• de la composition des forêts;
• des stades de développement;
• de la structure des peuplements;
• de l’apport en bois morts;
• et de l’organisation spatiale des forêts.
La description du contexte historique et du territoire d’étude, les méthodes de
récolte et de traitement des données ainsi que la documentation des principales
perturbations naturelles ayant historiquement façonné les paysages naturels précèdent les sections du document décrivant les éléments structuraux et de composition de la forêt préindustrielle. La présentation des perturbations naturelles
vise à comprendre l’importance de chacune d’elle sur la dynamique naturelle des
forêts. Leurs effets sur les principales caractéristiques écologiques font l’objet des
analyses présentées dans ce portrait.
13
Finalement, de par les méthodes de reconstitution employées, il est nécessaire
de souligner que les chiffres présentés dans ce document doivent être interprétés
comme des ordres de grandeur et non comme des valeurs strictes.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
L’arpentage consiste à diviser le territoire selon des unités établies (cantons,
rangs, seigneuries, etc.). Les premiers arpentages ont été réalisés dans l’objectif d’établir les bornes délimitant le territoire et en même temps d’y relater le potentiel de colonisation (type de sol, type de forêt, topographie,
etc.). L’utilisation de ces arpentages est une méthode éprouvée pour reconstituer la composition forestière (Withney, 1994; Laboratoire de D. Arseneault,
UQAR.).
Chapitre 1
Rédaction : Mathieu Côté, ing. f., Ph. D.
Table des matières
1.1 utilisation croissante du territoire (1560-1940)................................................................... 15
la colonisation européenne........................................................................................................... 15
la construction navale : premier usage industriel (1760-1870).............................................. 19
essor de l’industrie des produits du bois : bois équarri, sciage, bois de fuseau, pâtes et
papiers, 1755-1950.............................................................................................................................. 20
1.2 historique des méthodes d’exploitation................................................................................22
1.3 Évolution des modes de tenure et de gestion......................................................................24
14
1.4 évolution des marches d’exportation : 1790-1874................................................................25
Bibliographie du chapitre « contexte forestier historique »................................................ 28
liste des figures
figure 1.1
terres défrichées pour l’agriculture en 1927, carleton.................................................................17
figure 1.2
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
sommaire des principaux éléments ayant marqué l’utilisation du
territoire forestier gaspésie................................................................................................................. 27
1.1
UTILISATION CROISSANTE DU TERRITOIRE (1560-1940)
La colonisation européenne
Selon Drushka (2003), l’occupation humaine par les premiers habitants (autochtones) a eu un impact souvent significatif sur la forêt. Le principal impact semblerait
lié à l’utilisation accidentelle ou délibérée du feu. L’utilisation délibérée du feu
aurait visé à créer des habitats favorables à la faune (peuplement jeune) pour faciliter la chasse, traquer le gibier et produire du bois sec pour les besoins en chauffage. Toutefois, cette pratique semble peu répandue chez les Indiens sylvestres et
l’utilisation du bois faite à l’époque par les Micmacs reste à documenter, mais son
impact aurait été négligeable (Desjardins et al., 1999).
La colonisation européenne a été le premier facteur anthropique de perturbation
des paysages forestiers gaspésiens, principalement par le défrichement réalisé à
des fins de subsistance par les colons. Ainsi, peu après l’arrivée des premiers Européens (soit vers 1560), la baie de Gaspé possédait déjà quelques habitants résidant à l’année (Roy et Breault, 1934). II faudra cependant attendre en 1713 pour
que la Gaspésie compte ses premières colonies organisées comprenant des postes occupés de façon permanente, notamment à Gaspé, Pabos, Grande-Rivière
et Mont-Louis (quais, magasins, baraquement, chapelle, etc.; Desjardins et al.,
1999). Vers 1760, la Gaspésie comptait une population d’environ 1 500 personnes
incluant la nation micmaque (Desjardins et al., 1999). Ce n’est, cependant, qu’à
partir de 1785 que la colonisation prit, dans la région, une plus grande ampleur
avec la révolution américaine qui venait de prendre fin et l’exode de plusieurs familles qui s’installèrent à Douglastown, New Richmond et New Carlisle (Rouillard,
1899). L’utilisation de la forêt visait alors principalement le bois de chauffage et de
construction ainsi que le défrichage agricole (Anonyme, 1755; Gaudreau, 1999).
L’emprise de la colonisation sur le territoire a pris de l’importance avant la première
moitié du 19e siècle. Par exemple, en 1832, la première concession du canton de
Carleton était presque complètement occupée par des habitants et ils utilisaient le
bois de leur lot pour le chauffage (McDonald, 1840). Le défrichage s’étendait alors
sur plusieurs kilomètres à l’intérieur des terres depuis la mer (figure 1.1; Legendre,
1861). Les rapports des arpenteurs qualifiant la ressource forestière d’abondante,
diversifiée, de bonne qualité et accessible (en comparaison avec certaines autres
régions du Québec dépourvues d’autant de rivières flottables) pourraient avoir
15
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Contexte forestier historique de la Gaspésie
joué un rôle dans l’essor de colonisation dans la région (Langelier, 1884).
17
Figure 1.1
terres défrichées pour l’agriculture en 1927, carleton.
(source : bureau des archives nationales du québec, jacques de lesseps, 1927).
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
16
En plus des coupes faites pour le défrichage agricole, des coupes sélectives
visaient les meilleures tiges. Les colons étaient entre autres à la recherche de
belles billes de cèdre pour faire du bardeau. Beaucoup de cédrières étaient
« dépouillées » de leur plus gros arbres (plusieurs mentions : cantons de
Newport et de Grand Pabos, rivière Bonaventure, rivière Sainte-Anne près du
mont Albert). Le pin blanc était sans équivoque une essence convoitée. À la
fin du 19e siècle, il avait déjà fait l’objet de récolte en plusieurs endroits (plusieurs mentions : cantons de Cap-Chat, de Douglas, de Fox, de Grand-Pabos,
de Matapédia, de New Richmond, de Tourelle, de Rivière-de-la-Madeleine,
du bassin de la rivière Bonaventure). Néanmoins, l’exploitation du pin blanc
était plus ou moins avancée dépendamment de la localité. Par exemple, dès
1860, le pin blanc avait été récolté et se faisait rare dans le canton de Tourelle alors qu’en 1874, le long de la rivière Petite Cascapédia (canton de New
Richmond), il en restait encore pour justifier une exploitation même si une
première récolte avait eu lieu plusieurs années auparavant. D’autres essences
plus rares, telles que l’orme et le frêne, ont aussi connu des coupes sélectives
durant le 19e siècle. Par exemple, il est noté qu’en 1879-80, le frêne devenait
rare dans le canton de Cap-des-Rosiers (Poudrier, 1880).
Cet effort de colonisation s’est poursuivi jusqu’après la crise des années 1930
(Mimeault, 2002a). Les forêts sur les sites les plus fertiles ont été les plus affectées, principalement non loin des territoires colonisés ainsi que le long des
rivières (servant de moyen de transport pour le bois). Il s’agissait des terres
les plus riches qui correspondent au domaine de la sapinière à bouleau jaune
et aux plaines alluviales du lit des rivières (où croissent notamment les ormes
et les frênes). La colonisation, par le défrichement intensif des terres les plus
fertiles et les plus riches en biodiversité et leur changement de vocation vers
l’agriculture, a eu un effet substantiel sur la forêt (Withney, 1994). Elle a
engendré la modification des régimes de perturbation naturelle et l’ajout des
perturbations d’origine anthropique qui sont devenues plus fréquentes et
plus sévères (Fortin, 2008).
Au début du 20e siècle, le chemin de fer fit son apparition en Gaspésie (favorisant les exportations de bois) et les compagnies forestières étaient à la
recherche de nouveaux parterres de coupes. Une industrie forestière plus extensive (sur de plus grands territoires) et plus intensive (avec de plus grands
volumes) s’est mise en place. Même si la colonisation de l’intérieur des terres
de la péninsule était mineure, le développement de l’industrie forestière a
commencé à affecter de plus en plus le territoire avec une demande grandissante pour divers produits forestiers. La forêt du pourtour de la Gaspésie
était déjà passablement transformée alors que celle du centre de la péninsule, correspondant principalement à la sapinière à bouleau blanc, possédait
encore de grandes étendues sans influence anthropique. L’exploitation plus
soutenue de ces forêts a débuté à cette époque et il semble que la proportion
du territoire ayant connu des coupes était variable alors que divers secteurs
étaient perturbés par des coupes forestières bien avant les années 1900, tels
que les bassins de nombreuses rivières : Matapédia, Ristigouche, Grande Cascapédia, Petite Cascapédia, Bonaventure, Port-Daniel, Grand Pabos, Petit Pabos, Barachois, Saint-Jean, York, Darmouth, rivière Madeleine. Par ailleurs,
d’autres secteurs semblaient exempts de perturbations anthropiques dans les
années 1940 (les cantons de Catalogne, de Gravier et de Holland).
La construction navale :
premier usage industriel (1760-1870)
Le premier usage
industriel de la forêt
gaspésienne l’a été
pour son potentiel
pour la construction
navale. Les coupes
d’écrémage, comme
la sélection des
meilleures tiges de
pin blanc pour les
mâts de bateaux,
ont alors commencé à modifier
la composition et la
structure des forêts
préindustrielles.
En 1726, un rapport sur les possibilités d’utilisation de la forêt par le gouverneur
Beauharnois faisait état d’un potentiel forestier intéressant en Gaspésie. Pourtant,
peu de commerce de bois et d’activité forestière ont eu lieu sous le régime français
(Roy et Brault, 1934). Le premier usage industriel de la forêt gaspésienne l’a été
pour son potentiel pour la construction navale. Les coupes d’écrémage, comme
la sélection des meilleures tiges de pin blanc pour les mâts de bateaux, ont alors
commencé à modifier la composition et la structure des forêts préindustrielles. Le
bois servait à la construction de bateaux (pin blanc, épinette blanche), de tonneaux
(frêne noir, thuya), de mâts (pin blanc, épinette blanche), de vigneaux (sapin), de
quilles (bouleau jaune) et de bordages (cèdre). La construction navale du 18e siècle
est peu documentée et son importance est probablement sous-estimée, car l’enregistrement des bateaux n’était pas obligatoire avant 1786 (Mimeault, 2002b).
Néanmoins, entre 1761 et 1763, il se construisit presque autant de voiliers dans la
Baie des Chaleurs qu’à Québec, mais il s’agissait uniquement de goélettes (Dufour,
1983). Il existait huit chantiers navals en 1830 autour de la péninsule. Les principaux se trouvaient à Bonaventure et Paspébiac, mais d’autres étaient présents
au cours du 19e siècle : Sainte-Anne-des-Monts, Cap-Chat, Saint-Georges, New
Carlisle, New Richmond, Carleton, Péninsule, Gaspé, Douglastown, Pointe SaintPierre, Petit-Gaspé, Sydenham, Sandy Beach, Haldimand et Seal Cove (McDougall,
1889). En moyenne, chez la Charles Robin Company à Paspébiac, un nouveau
navire prit la mer tous les deux ans entre 1791 et 1830. Au total, entre 1791 et
1873, trente-deux vaisseaux ont été construits par cette compagnie (Mimeault,
2002b). Les meilleures années de la construction navale en Gaspésie correspondent aux décennies 1830 et 1840 et son déclin s’est amorcé à partir des années
1870 (Mimeault, 2002b). Entre 1763 et 1920, plus de 550 bateaux auraient été
construits sur les côtes gaspésiennes (Annett, 1920). Ce nombre, reposant sur les
registres de la ville de Québec, reste conservateur étant donné l’absence de registre durant certaines époques et sachant que des certificats ont été délivrés avant
1800 dans la Baie des Chaleurs ainsi qu’en plusieurs localités en Gaspésie au cours
du 19e siècle (Dufour, 1983).
19
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
18
La colonisation,
par le défrichement
intensif des terres
les plus fertiles
et les plus riches
en biodiversité et
leur changement
de vocation vers
l’agriculture, a eu
un effet substantiel
sur la forêt
(Withney, 1994).
Elle a engendré
la modification
des régimes de
perturbation
naturelle et l’ajout
des perturbations
d’origine
anthropique qui
sont devenues plus
fréquentes et plus
sévères
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
20
En 1755, une scierie était présente à Gaspé et en 1765, une autre scierie a
été rapportée à Pabos (Desjardins et al., 1999; Mimeault, 2002c). La première
moitié du 19e siècle a été caractérisée par la production de bois équarri. On
note alors une exploitation ciblée du pin blanc qui représentait environ 95 %
de la production de bois équarri au Québec (Gaudreault, 1999). En Gaspésie, l’épinette blanche et le bouleau jaune ont aussi été équarris (Legendre,
1865). On utilisait aussi le frêne, l’érable et l’orme pour les bateaux, et le
cèdre pour les dormants de chemin de fer, les bardeaux et les lattes. Ainsi, le
nombre de scieries en Gaspésie a progressé fortement au cours du 19e siècle.
Les scieries s’installaient le long des rivières, à proximité des sources de bois.
À partir de 1850, la production de bois de sciage a poursuivi sa progression,
et ce, jusqu’à supplanter la production de bois équarri à compter du milieu
des années 1860 (Gaudreault, 1999). À partir de 1874, l’augmentation de
la production de bois de sciage ainsi que la stagnation et le déclin de la production de bois équarri, résultaient de deux phénomènes : l’épuisement de
la ressource recherchée pour la production de bois équarri (les grands pins
blancs) et l’accélération de la demande de bois de sciage pour répondre à
l’urbanisation de la côte Atlantique américaine. En effet, en 1854, la rareté
des bois près de la côte se faisait déjà sentir, notamment dans la région de
New Richmond (Bélanger et al., 1981). Le même constat a été fait dans la
région de Bonaventure : William et Goudreault ont remonté la rivière Bonaventure jusqu’à 50 milles en amont et ont rapporté que seul le pin a subi de
la coupe, 40 ou 50 ans auparavant (William et Goudreault, 1889).
Au milieu du 19e siècle, on note aussi un changement dans les bois recherchés : taille plus petite et plus grande diversité des essences même si le pin
dominait aussi les produits de sciage. Ainsi, la coupe des grands pins s’est
poursuivie alors que les plus beaux spécimens pouvaient toujours être destinés à l’équarrissage (à volume égal, le bois équarri avait une valeur plus
grande que le bois de sciage) et les sujets plus petits au sciage. Certains explorateurs de l’époque avaient d’ailleurs l’habitude de noter ces distinctions :
« Les écores (de la rivière Bonaventure) fournissent quantité de pins qui me
paraissent être d’une mauvaise qualité pour équarrir, mais qui cependant feraient
de bon bois de sciage… » (Hamel, 1833). L’essor de l’industrie du sciage durant ce
siècle se remarque d’ailleurs par la présence en Gaspésie, en 1871, de 54 charpenterie-menuiserie, 31 moulins à scie et 43 moulins à bardeaux (Anonyme, 1871).
Une grave crise économique frappa le monde occidental en 1873 et les effets se
sont fait ressentir au Québec de 1874 à 1879 (Gaudreault, 1999). La production
de bois de sciage était particulièrement affectée par cette crise. Les récoltes ont
baissé de 45 % durant cette période pendant que la production de bois équarri
s’est maintenue, probablement en lien avec la phase intense de construction que
connaissait la Grande-Bretagne alors que la construction aux États-Unis s’effondrait. La production de bois équarri s’est affaissée au milieu des années 1880 et
a connu un léger regain à la fin de la décennie pour s’éteindre au début du 20e
siècle. À partir de 1889-1890, alors que l’abattage d’épinette double par rapport
à la saison précédente, on note un changement majeur des espèces sciées, et
le pin a été graduellement remplacé par l’épinette comme bois de construction.
L’augmentation du nombre de billots était le résultat de la diminution continue de
leur diamètre moyen. L’essor du bois de sciage s’est effrité au début du 20e siècle,
principalement à cause des carences en approvisionnement (bois plus petit et de
moins bonne qualité) et, en second lieu, de la concurrence de la côte Ouest et de
l’apparition de nouveaux matériaux de construction.
Parallèlement, vers 1875, l’utilisation du bouleau blanc a augmenté avec l’implantation de l’industrie du bois de fuseau en Haute-Gaspésie qui répondait à l’essor
de l’industrie textile dans les grands centres urbains. Cette exploitation prit tellement d’ampleur que certains prétendaient alors que la forêt se faisait « vider de
ses bouleaux » (Bélanger et al., 1981). Jusque vers 1950, toute la partie occidentale de la côte nord gaspésienne a travaillé à la préparation du bois de fuseau qui
mobilisait un grand nombre de moulins de sciage depuis Matane jusqu’à Rivièreà-Claude et même plus loin. Cette exploitation visait à tirer profit des vastes forêts
de bouleaux. La population y a participé fortement, car ni la pêche ni l’agriculture
ne mettait en circulation autant de numéraires. Les Anglais avaient besoin de
fuseaux pour le fil qu’on produisait. La fabrication de ces fuseaux et des bobines
de l’industrie du textile demandait un bois très dur comme le bouleau blanc. On
faisait sous la scie des moulins, des baguettes carrées de longueur et d’épaisseur
variables, prêtes à s’adapter aux instruments des tourneurs britanniques (Otis,
1992; Desjardins et al., 1999).
21
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Essor de l’industrie des produits du bois :
bois équarri, sciage, bois de fuseau, pâtes et papiers,
1755-1950
22
1.2
HISTORIQUE DES MÉTHODES D’EXPLOITATION
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Lors des premières coupes de bois en Gaspésie, le bois était sélectionné dans
la forêt, coupé (coupes sélectives des tiges) et transporté au site du chantier
naval, habituellement durant l’hiver (Annett, 1920). La plupart des récoltes
de tiges (autre que le défrichement) durant la première moitié du 19e siècle
étaient sélectives alors que le défrichement consistait en une coupe totale et
était souvent suivi d’un brûlage.
À partir de la deuxième moitié du 19e siècle, les bassins des rivières SaintJean, York, Grande Rivière, Pabos, Bonaventure, Nouvelle, Escuminac, Grande et Petite Cascapédia, Restigouche et Matapédia ont été graduellement
utilisés pour la récolte de bois (Bureau, 1884; Bureau, 1897). Malgré des
moyens de récolte rudimentaires comparativement à aujourd’hui, beaucoup
de bois a été récolté (Bureau, 1884; Bureau 1897; Bélanger et al., 1981).
Ainsi, ce n’est qu’à ce moment que l’industrie forestière, à la recherche de
nouveaux territoires, s’est déplacée dans la péninsule gaspésienne, principalement
le long des cours d’eau. On récoltait alors plusieurs essences : pins, épinettes, sapins, bouleaux et thuyas. Le bois était récolté principalement en hiver et flotté au
printemps. Les arbres débités en billots étaient transportés par flottage (entre la
fin avril et la fin mai) vers le littoral, car la Gaspésie disposait de plusieurs rivières
où la drave pouvait se faire facilement (Desjardins et al., 1999). À cette époque,
une très grande partie du bois récolté dans la baie des Chaleurs a été amené par
radeaux dans les usines du nord du Nouveau-Brunswick (Bathurtst, Campbellton,
Atholville, etc.).
À partir du début du 20e siècle, la récolte forestière était en pleine effervescence.
La récolte forestière se faisait sur une plus grande échelle et on retrouvait des
moulins dans tous les villages qui bordaient la baie des Chaleurs. Il se faisait du
bois de sciage et de bardeau ainsi que des quantités énormes de dormants pour
les chemins de fer (Anonyme, 1907). Les chantiers de récolte s’étendaient vers
l’amont des bassins versants (Alcock, 1924). En 1924, on rapportait la présence
d’une scierie à l’embouchure de chacune des rivières qui pouvaient flotter le bois
au printemps (Alcock, 1924). Des routes forestières arpentaient déjà certaines
portions de ces rivières (Alcock, 1924; ex. : Certaines [routes] étant déjà présentes
depuis la deuxième moitié du siècle précédent (rivière Cascapédia et Escuminac)).
À compter des années 1940, le transport du bois pouvait se faire par camion
lorsqu’il n’était pas possible de le flotter (secteurs plus éloignés des cours d’eau;
Samson, 1941; Forgues, 1944; Rune, 1954).
En 1826, les arbres autorisés à être récoltés sur les terres publiques avaient un
diamètre supérieur à 12 pouces (30 cm) à la souche (coupe à diamètre limite). Ce
n’est qu’à compter de 1892 que l’on autorisa la commercialisation de la tête des
arbres (autres pièces que la bille de pied de longueur variée) et que l’on établit à
cette fin un droit de coupe pour les billots d’un diamètre inférieur à 12 pouces
(billot de la tête de l’arbre ou à la souche; Gaudreault, 1999). C’est alors l’apparition des premières coupes totales autres que celles effectuées pour le défrichement et la colonisation. Cependant, la recherche ciblée pour les tiges de fortes
dimensions et de grande qualité a entraîné encore pendant plusieurs années la
création de beaucoup de déchets de coupe et une certaine sous-utilisation, principalement pour les billes du houppier (Roy, 1925; Aspirault, 1923). Ce phénomène
a été particulièrement marqué lors de la récolte des bouleaux destinés au bois de
23
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Un autre tournant majeur a marqué l’industrie forestière à la fin du 19e siècle : l’arrivée des papetières. Beaucoup de moulins étaient en opération et ce
sont les balbutiements de l’exploitation du bois de pulpe. Les premières récoltes de bois à pâte sur les terres publiques du Québec ont été enregistrées
en 1886-1887 et, à la fin du 19e siècle, ces récoltes représentaient 25 % des
récoltes en forêt publique (Gaudreault, 1999). Tout comme lors du passage
du bois équarri au bois de sciage, de nouvelles essences et, surtout, des
bois ignorés jusqu’alors parce que trop petits, sont devenus recherchés. La
première papetière ouvrait à Chandler en 1915 suivie de celle de Rivière-Madeleine en 1917 (Bélanger et al., 1981). La cartonnerie de New Richmond ne
vit le jour qu’en 1966 alors que l’on avait cessé d’expédier le bois vers celle
de Bathurst pour laquelle le bois de la Gaspésie a été transporté par barge
pendant plus de 50 ans (Lapointe, 2008). Durant la première moitié du 20e
siècle, les forêts du pourtour de la Gaspésie (la sapinière à bouleau jaune)
ont été passablement perturbées par les coupes forestières et les forêts du
Massif gaspésien (la sapinière à bouleau blanc) ont vu les débuts de l’industrialisation forestière même si une proportion de territoire était encore vierge
(Coleman, 1922; Cameron, 1951; Samson, 1941; Rune, 1954).
fuseau, où environ 47 % du bois était laissé en forêt et les pertes atteignaient
59 % en incluant le débitage en usine (Bilodeau, 1941).
Dans la seconde moitié du 19e siècle, les « Barons du bois », c’est-à-dire les grands
industriels de l’époque, étaient déjà bien implantés et possédaient des concessions forestières à côté des nombreuses petites exploitations dans les bassins des
différentes rivières du territoire gaspésien. À partir de 1849, le licencié payait une
rente pour la superficie de sa limite et un droit de coupe pour les bois coupés. La
licence était révocable, mais, étant donné l’impact favorable de l’exploitation sur
la colonisation (emploi, marché pour leurs produits de la ferme, etc.), il existait
une certaine pression politique à les maintenir (Gaudreault, 1999). À partir de
1867, les forêts publiques ont été administrées par la province. Les terres étaient
toujours octroyées aux colons à des fins de colonisation. Les terres propres à la
culture pouvaient être vendues pour fin de colonisation même dans des terrains
sous licence de coupe.
ÉVOLUTION DES MODES DE TENURE ET DE GESTION
En 1627, la Compagnie des Cents Associées a été créée et était chargée de
l’implantation du système de tenure seigneuriale en Nouvelle-France (Bouffard, 1921). Dès 1672, les titres de concessions contenaient une réserve pour
les bois de chêne destinés à la construction navale de la marine royale. Au
Québec, près de 220 seigneuries ont été concédées durant le régime français
(jusqu’en 1759). En Gaspésie, les seigneuries suivantes furent les premières à
être concédées : Cap-Chat (1662), l’Anse-au-Griffon (1668), Grande-Valléedes-Monts-Notre-Dame et Anse-de-l’Étang (1691), Grande-Rivière (1697),
Grand-Pabos (1696) et Rivière Madeleine (1699) (Rouillard, 1899).
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
24
À partir de 1763, le régime anglais a implanté le système de la division territoriale en cantons (« township ») (Bouffard, 1921). Chaque canton faisait
une superficie d’environ 20 000 acres (8 100 ha) et devait être établi en bordure du Saint-Laurent lorsque possible. Lorsqu’une terre était concédée à un
colon, il devait fournir la preuve qu’il était dans les conditions pour cultiver et
améliorer la terre. Ainsi, 100 acres (40 ha) étaient accordées pour un chef de
famille et 50 acres (20 ha) supplémentaires par membre de sa famille (femme
ou enfants). Le colon avait trois ans pour déficher deux acres (0,8 ha) à l’endroit de son choix le plus propice pour chaque 50 acres obtenues.
La mise en place du premier système de permis de coupe et de licences a eu
lieu en 1826 (Gaudreault, 1999). Le système était alors assez contraignant,
notamment sur les modalités de renouvellement des permis, l’exploitation
des forêts des concessions attribuées aux colons et la juxtaposition de territoires sous licence (il faut distinguer la limite à bois, secteur sur lequel on
accordait le droit de faire l’exploitation forestière, et la licence, le titre accordé en vertu duquel cette exploitation pouvait se faire - c’est le permis de
coupe) pour une même compagnie. Ces contraintes limitaient l’emprise des
industries sur le territoire. La première loi sur l’administration des forêts vit
le jour en 1849. Entre 1849 et 1855, les règles ont été passablement assouplies, notamment à la suite d’une commission d’enquête (1849) identifiant
En 1910, le gouvernement du Québec décréta que tous les bois coupés sur les
terrains du domaine public devaient être manufacturés au Canada (Lescelleur,
1965). Finalement, parmi les faits marquants, notons qu’en 1939, il y eut adoption d’un arrêté ministériel pour obliger les concessionnaires forestiers à dresser
et à fournir un plan d’aménagement de leurs concessions selon les exigences
techniques du ministère des Terres et Forêts (Lescelleur, 1965).
1.4
25
ÉVOLUTION DES MARCHÉS D’EXPORTATION : 1790-1874
En 1790, une petite scierie située à l’embouchure de la rivière Petite Cascapédia
vendait sa production directement en Europe (Bélanger et al., 1981). C’est à partir
de 1812 que l’exportation du bois canadien vers l’Angleterre prit son essor. Cette
dernière était en guerre avec la France et subissait le blocus napoléonien mis en
place en 1806-1807, ce qui nuisait à son approvisionnement en provenance de
l’Europe (Gaudreau, 1999). Entre 1825 et 1830, les registres d’exportation des
ports de Gaspé et New Carlisle révélaient l’exportation de pièces de bois de pin,
de merisier, de frêne, de bouleau et de chêne (Anonyme, 1825; Anonyme, 1830).
À Dalhousie, au sud de la baie des Chaleurs, il se chargeait 50 à 60 vaisseaux
en pin et autres bois de commerce venant de la région de Restigouche (Hamel,
Portrait forestier historique de la Gaspésie
1.3
les contraintes énumérées précédemment comme une cause majeure de la crise
économique qui avait affecté le commerce du bois en 1847-1848.
* La provenance et l’usage local du pin rouge et du chêne restent à valider.
27
Portrait forestier historique de la Gaspésie
La figure 1.2 résume les principaux événements qui ont marqué l’utilisation
de la forêt gaspésienne depuis l’arrivée des premiers Européens.
Figure 1.2
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
26
sommaire des principaux éléments ayant marqué l’utilisation du territoire forestier gaspésien.
1833). Durant la période 1850-1894, le port de Gaspé exportait du bois de
pin blanc, de pin rouge*, d’érable, de bouleau, de cèdre, d’épinette, de chêne*, d’orme, de frêne ainsi que du saumon et du sucre d’érable (Anonyme,
1894). Le principal marché d’exportation de ces bois était la Grande-Bretagne. Le marché intérieur étant très limité, la quasi-totalité des bois gaspésiens
était exportée (Desjardins et al., 1999). À partir de 1874, on note une modification dans le principal marché d’exportation qui passa de la Grande-Bretagne vers les Etats-Unis (Gaudreault, 1999). Malgré cela, certains produits
du sciage, tels les madriers, s’exportaient aussi vers la Grande-Bretagne alors
que la demande américaine était surtout dirigée vers les planches et le bois
de charpente. À la fin du 19e et au début du 20e siècle, la région produisait
de grandes quantités de dormants pour les chemins de fer à partir du thuya
pour alimenter les compagnies de chemin de fer de la Nouvelle-Angleterre
(Rouillard, 1899).
Bibliographie du chapitre*
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Documents de la session.
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Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
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*
Étant donné la nature des documents répertoriés, plusieurs éléments composant les notes bibliographiques sont manquants.
29
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Anonyme, 1755. Correspondance 914029.
Chapitre 2
Lescelleur, J., 1965. Cloridorme, un résumé d’histoire.
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Mill, D. W., 1902. Arpentage des limites forestières, rang 8 et 9 du canton de Nouvelle.
Description du territoire
Rédaction : Annie Malenfant ing. f.
Table des matières
2.1 situation géographique...................................................................................................... 32
2.2 relief et géologie...................................................................................................................32
2.3 Hydrographie..........................................................................................................................33
Mimeault, M., 2002a. À la conquête de l’arrière-pays gaspésien. www.encyclobec.ca
Mimeault, M., 2002b. La construction navale en Gaspésie au 19e siècle. www.encyclobec.ca
Mimeault, M., 2002c. L’industrie forestière en Gaspésie de 1763 à 1875. www.encyclobec.ca
30
2.4 climat.........................................................................................................................................33
2.5 cadre écologique de référence.........................................................................................34
2.6 reconstitution postglaciaire............................................................................................36
phase non arboréenne.............................................................................................................36
phase d’afforestation..............................................................................................................36
Otis, G., 1992. Moi, Jim…anglais? Un vrai Québécois, une compagnie d’origine écossaise, un vil-
31
phase forestière........................................................................................................................37
lage gaspésien.
bibliographie du chapitre « description du territoire »..................................................39
Poudrier, A.L., 1880. Arpentage du canton Cap-des-Rosiers et de la « Fox river road ».
Rouillard, E., 1899. La colonisation dans les comtés de Témiscouata, Rimouski, Matane, Bonaventure et Gaspé.
Roy, G., 1925. Rapport d’inspection forestière, compagnie Fraser bassin du ruisseau creux. Département des terres et forêts. 6 p.
Roy, C. E. et L. Breault, 1934. Gaspé depuis Cartier.
liste des figures
figure 2.1
limites de la région administrative de la gaspésie et du territoire d’étude....................... 32
.
Samson, L. P., 1941. Rapport de l’inventaire forestier fait dans le bloc vacant du canton Gravier,
comté de Matapédia et comprenant une partie des bassins des rivières Nouvelle et Cascapédia.
William, C.E. et T. Goudreault, 1889. Report of an Exploration of Certain Timber Limits.
Withney, G.G., 1994. From Coastal Wilderness to Fruited Plain: A History of Environmental Change
in Temperate North America from 1500 to Present. Cambridge University Press. 451 p.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Rune, O., 1954. Notes on the Flora of the Gaspé Peninsula.
et sa largeur varie de 1 à 2 km dans le secteur de Restigouche à plus de 10 km à la
hauteur de Bonaventure. Le second ensemble se présente par de vastes plateaux
(de 300 à 600 m d’altitude) recouverts de dépôts d’altération, sillonnés de vallées
encaissées. Ce patron caractérise tout l’arrière-pays de la Baie des Chaleurs ainsi
que la partie nord de la péninsule. Le relief du centre de la Gaspésie, qui constitue
le troisième ensemble, se définit principalement comme un territoire montagneux
dominé par des dépôts d’altération et de colluvionnement d’une altitude moyenne de 400 m avec de hauts sommets (de 600 à plus de 1000 m; MRNF, 2005). Les
plus hauts se retrouvent dans la chaîne des Chic-Chocs, située dans la partie nord
de la péninsule et qui comprend, entre autres, les monts Jacques-Cartier (1268 m)
et Albert (1150 m). Le till est abondant, tout particulièrement dans la partie nordest de la région. Le roc est peu représenté et excède rarement plus de 10 % de la
superficie du territoire.
SITUATION GÉOGRAPHIQUE
L’aire d’étude correspond à la région administrative de la Gaspésie et à une
partie de la région administrative du Bas-Saint-Laurent sous la gestion de la
Direction régionale de la Gaspésie du ministère des Ressources naturelles et
de la Faune du Québec. Elle couvre une superficie approximative de 22 000
km2 (figure 2.1). Les coordonnées géographiques la délimitant sont comprises entre 47°50’ et 49°15’ de latitude nord et 64°08’ et 67°37’ de longitude
ouest.
Les formations géologiques de la péninsule sont généralement orientées d’est en
ouest et sont dominées par la présence de calcaire, qui joue un rôle majeur dans
la dynamique des milieux naturels (MRNF, 2005).
32
2.3
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Figure 2.1
2.2
La péninsule gaspésienne est située à l’extrémité nord de la chaîne de montagnes des Appalaches, caractérisée par un relief montagneux et accidenté.
Dans l’ensemble, le relief de la péninsule est composé de trois ensembles distincts. Le premier se définit comme une plaine littorale douce à dominance
de coteaux (de 0 à 300 m d’altitude) dans lesquels les dépôts marins sont assez bien représentés. Ce faciès caractérise la rive nord de la baie des Chaleurs
HYDROGRAPHIE
La région centre de la Gaspésie comporte un ensemble de petits bassins rayonnant autant vers le côté nord et l’extrémité est de la péninsule que vers la baie des
Chaleurs. La région périphérique caractérise le cours inférieur d’une quinzaine
de rivières provenant du Massif gaspésien et s’écoulant radialement autour de
la péninsule, dont les rivières Matapédia, Nouvelle, Grande Cascapésia, Petite
Cascapédia, Bonaventure, Port-Daniel, Grand Pabos, Petit Pabos, Grande Rivière,
Malbaie, Saint-Jean, York, Darmouth, Madeleine, Sainte-Anne.
limites de la région administrative de la gaspésie et du territoire d’étude (en vert pâle).
RELIEF ET GÉOLOGIE
33
2.4
CLIMAT
Le relief accidenté de la péninsule et la présence d’importantes masses d’eau
environnantes façonnent le climat et provoquent d’importantes variations locales. Dans l’ensemble, le climat est de type continental humide et caractérisé par
un hiver froid, long et neigeux et par un été court, chaud et légèrement humide
(Landry et al., 2002).
Portrait forestier historique de la Gaspésie
2.1
La région centre de la Gaspésie est quant à elle caractérisée par une température annuelle moyenne plus froide, se situant entre 0 et 2,5 °C (Environnement Canada, 2004; Robitaille et Saucier, 1998). La saison de croissance
varie de 140 à 150 jours et s’étend du mois de mai au début du mois d’octobre. Les précipitations annuelles sont de l’ordre de 1 000 à 1 300 mm (Robitaille et Saucier, 1998) et près de 40 % tombent sous forme de neige. La
température moyenne du mois le plus froid (janvier) est de -14 °C (période
1971-2000) alors que celle du mois le plus chaud (juillet) est d’environ 16 °C
(Environnement Canada, 2004; trois stations).
34
2.5
CADRE ÉCOLOGIQUE DE RÉFÉRENCE
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Le système hiérarchique de classification écologique du territoire forestier
québécois (Gouvernement du Québec, 2001) comprend onze niveaux de
perception dont les limites cartographiques coïncident parfaitement. Chaque
niveau est défini par un ensemble de facteurs écologiques qui permettent de
gérer les écosystèmes forestiers autant à l’échelle provinciale, régionale que
locale.
En regard de la classification des grandes formations végétales à une échelle continentale, qui reflète les grandes subdivisons climatiques, l’aire d’étude s’inscrit dans
deux zones, à savoir :
- la zone tempérée nordique, sous-zone de forêt mélangée en son pourtour;
- la zone boréale, sous-zone de la forêt boréale continue en son centre.
En termes de domaine bioclimatique, niveau hiérarchique caractérisé par la nature
de la végétation potentielle exprimant l’équilibre entre le climat et les sites mésiques, l’aire d’étude est divisée en deux domaines, à savoir :
- La sapinière à bouleau jaune, sous-domaine de l’est en périphérie;
- La sapinière à bouleau blanc, sous-domaine de l’est au centre.
Le climat de ces deux domaines de l’est subit l’influence maritime et les précipitations y sont généralement plus abondantes que dans l’ouest de la province.
35
Le territoire caractérisé non seulement par la composition, mais également par la
dynamique de la végétation des sites mésiques correspond aux régions écologiques. La Gaspésie en compte quatre, soit les régions Côte de la baie des Chaleurs
(4g) et Côte gaspésienne (4h) dans le domaine bioclimatique de la sapinière à
bouleau jaune (Berger et Blouin, 2004) et les régions Massif gaspésien (5h) et
Haut massif gaspésien (5i) dans le domaine bioclimatique de la sapinière à bouleau blanc (Berger et Blouin, 2006) (figure 3.1).
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Dans la région périphérique de la Gaspésie, la température annuelle moyenne
oscille autour de 2,5 °C (Environnement Canada, 2004; Robitaille et Saucier,
1998). La longueur de la saison de croissance est de l’ordre de 160 jours et
s’étend du mois de mai au début d’octobre. Les précipitations annuelles totales sont variables, généralement de l’ordre de 900 à 1 300 mm, et environ 30
% tombent sous forme de neige (Robitaille et Saucier, 1998). La température
moyenne du mois le plus froid (janvier) varie entre -14 °C et -10 °C (période
de référence 1971-2000) alors que le mois le plus chaud (juillet) varie entre
16 °C à 18 °C (Environnement Canada, 2004; 10 stations).
RECONSTITUTION POSTGLACIAIRE DE LA VÉGÉTATION
Phase forestière
Bien avant que ne débute l’utilisation de la forêt gaspésienne par l’homme,
celle-ci a dû prendre place à la suite du retrait des glaciers il y a environ
13 000 ans BP (Richard et al., 1997). Les reconstitutions paléophytogéographiques, réalisées par le biais d’analyses stratigraphiques et paléobotaniques
(pollen et macrorestes végétaux), montrent que l’évolution postglaciaire de la
végétation pour l’ensemble de la Gaspésie se serait déroulée en trois grandes
étapes : une phase non arboréenne, une phase d’afforestion et finalement
une phase forestière (Asnong, 2000).
Vers 10 200 BP, l’expansion des arbres aurait entraîné une fermeture de la forêt
et la constitution des sapinières régionales (Richard, 1989 dans Asnong, 2000).
Il y a 8 000 ans, les pessières noires gaspésiennes auraient été progressivement
remplacées par la sapinière à bouleau blanc alors que des îlots de toundra auraient
persisté sur les hauts plateaux.
Phase non arboréenne
36
La première zone à avoir subi le retrait des glaces serait la partie nord de la
Gaspésie. Une végétation de toundra herbacée et de toundra arbustive s’y
serait alors installée il y a 13 000 ans BP (Marcoux et Richard, 1995). Un petit
glacier aurait persisté au centre de la péninsule gaspésienne il y a 9500 ans
BP (Richard et al., 1997). Entre 9500 et 8000 ans BP, la glace se serait complètement retirée de la péninsule.
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Phase d’afforestation
Comme pour l’ensemble du Québec, les premiers arbres à avoir colonisé les
terres gaspésiennes seraient le peuplier faux-tremble et l’épinette noire (Richard, 1989). Ces espèces auraient été accompagnées du bouleau blanc, du
mélèze laricin et en plus faible abondance du sapin baumier (Asnong, 2000).
Cette afforestation semble avoir débutée dès 12 300 BP sur la côte septentrionale et vers 11 500 BP dans la Baie des Chaleurs. L’afforestation aurait été
interrompue par une recrudescence majeure de l’aulne crispé à l’Holocène
inférieur (Labelle et Richard, 1984; Richard et Labelle, 1989; Jetté et Richard,
1992; Marcoux et Richard, 1995), attribuée, entre autres, à des feux plus
fréquents accompagnés de conditions climatiques plus froides (Richard et Labelle, 1989; Jetté et Richard, 1992) et à des brouillards maritimes nettement
plus abondants (Marcoux et Richard, 1995). L’aulne crispé aurait donc joué
un rôle important dans la constitution des forêts au début de l’Holocène. Sur
le plateau tout comme dans la vallée du mont Saint-Pierre ainsi que dans la
région du mont Albert, des pessières ouvertes auraient dominé durant toute
la phase d’afforestation.
Au cours de cette phase, plusieurs taxons thermophiles auraient migré en Gaspésie, tant sur la côte septentrionale que méridionale, venant ainsi s’ajouter aux
autres taxons déjà présents (Labelle et Richard, 1984; Jetté et Richard, 1992; Marcoux et Richard, 1995). Les principaux seraient le bouleau jaune, le pin blanc et
l’érable à sucre. Dans certains sites, principalement ceux situés dans les vallées,
ces taxons de climat tempéré auraient été accompagnés de l’orme d’Amérique,
du frêne noir et de l’érable rouge.
Dans la vallée du mont Saint-Pierre, le bouleau jaune aurait été présent dès 10 200
ans BP. Ailleurs, il se serait installé plus tard, soit vers 7650 ans BP dans l’est de la
péninsule et vers 6 700 ans BP dans la Baie des Chaleurs (Jetté et Richard, 1992).
Le pin blanc se serait implanté dans la vallée du mont Saint-Pierre et dans la Baie
des Chaleurs aux environs de 7 800 ans BP et n’aurait été présent sur le plateau
gaspésien en compagnie du bouleau jaune qu’entre 7 425 et 6 300 ans BP.
37
Parmi les autres taxons thermophiles qui se seraient implantés en Gaspésie, notons le hêtre à grandes feuilles et le chêne rouge qui auraient été présents dans
la Baie des Chaleurs entre 7 800 et 4 430 BP (Jetté et Richard, 1992). Le frêne
d’Amérique, le frêne de Pennsylvanie, le caryer ovale, la pruche du Canada et le
châtaignier d’Amérique auraient également atteint la région1 (Jetté et Richard,
1992). Par contre, aucun taxon thermophile n’aurait immigré dans le secteur du
mont Albert (Richard et Labelle, 1989). La colonisation des terres gaspésiennes par
ces taxons se serait limitée aux zones côtières en marge de la péninsule.
Malgré la migration de taxons thermophiles durant la phase forestière, le bouleau
blanc et l’épinette noire seraient demeurés présents et abondants pour l’ensemble
1
Les travaux de Jetté et Richard (1992) indiquent également une présence pollinique de noyer cendré, de
tilleul d’Amérique, d’érable noir, etc.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
2.6
Bibliographie du chapitre
des sites. Il y a 6 000 ans, le bouleau blanc aurait pris de l’importance dans la
région. Le pin blanc aurait quant à lui atteint son maximum d’abondance il y
a 4 000 ans et un déclin des taxons thermophiles et du bouleau blanc serait
survenu depuis cette période en raison du refroidissement climatique néoglaciaire (Labelle et Richard, 1984; Richard et Labelle, 1989; Jetté et Richard,
1992). Le thuya occidental aurait probablement atteint son abondance maximale durant les derniers millénaires (Jetté et Richard, 1992).
La végétation serait demeurée relativement stable au cours des deux derniers
millénaires avant la colonisation (Côté et al., 2008).
« Description du territoire »
Asnong, H., 2000. Histoire postglaciaire de la végétation, des feux et des niveaux lacustres en
Gaspésie, Québec. Mémoire de maîtrise, Université de Montréal. 186 p.
Berger, J.-P. et J. Blouin, 2006. Guide de reconnaissance des types écologiques des régions
écologiques 5h - Massif gaspésien et 5i - Haut massif gaspésien, ministère des Ressources
naturelles et de la Faune, Forêt Québec, Direction des inventaires forestiers, Division de la
classification écologique et productivité des stations. Disponible à www.mrnf.gouv.qc.ca/publications/forets/connaissances/guide-ecologique-5hi.pdf
Berger, J.-P. et J. Blouin, 2004. Guide de reconnaissance des types écologiques des régions
écologiques 4g – Côte de la baie des Chaleur et 4h – Côte gaspésienne, ministère des Ressources naturelles, de la Faune et des Parcs, Forêt Québec, Direction des inventaires forestiers,
38
Division de la classification écologique et productivité des stations. Disponible à www.mrnf.
gouv.qc.ca/publications/forets/connaissances/guide-ecologique-4gh.pdf
39
Côté, M., J. Théau, M.-H. Langis et S. Fortin, 2008. Bilan forestier régional, basé sur les
connaissances – Gaspésie - Les Îles – Première mise à jour. Consortium en foresterie Gaspésie–Les-Îles. 227 p.
Environnement Canada, 2004. (Internet). Ottawa (Ont.): Environnement Canada (2004; cité
le 25 février 2009). Disponible à www.climate.weatheroffice.ec.gc.ca/climate_normals/index_f.html
Gouvernement du Québec, 2001. Le Système hiérarchique de classification écologique du
territoire. Ministère des Ressources naturelles, Sainte-Foy, Québec. 3 pages. Disponible à
Jetté, H. et P. J. H. Richard, 1992. Contribution à l’histoire postglaciaire de la végétation en
Gaspésie méridionale, Québec. Géographie physique et Quaternaire. 46 : 273-284.
Labelle, C. et P. J. H. Richard, 1984. Histoire postglaciaire de la végétation dans la région de
Mont-Saint-Pierre, Gaspésie, Québec. Géographie physique et Quaternaire. 38 : 257-274.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
www.mrnf.gouv.qc.ca/publications/forets/connaissances/Systeme.pdf
Chapitre 3
Matériel et méthodes
Landry, G., M. Dorais, N. Fournier, S. Georges, M. Hardy et C. Pelletier, 2002. Plan de développe-
Rédaction : Annie Malenfant ing. f.
ment régional associé aux ressources fauniques de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. Société de la
faune et des parcs, Direction de l’aménagement de la faune de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine.
164 p.
Table des matières
Marcoux, N. et P. J. H. Richard, 1995. Végétation et fluctuations climatiques postglaciaires sur la
3.1 DIVISION DU TERRITOIRE........................................................................................................... 43
côte septentrionale gaspésienne, Québec. Canadian Journal of Earth Science. 32 : 79-96.
3.2 SOURCES ET TRAITEMENT DE L’INFORMATION........................................................................ 43
Ministère des Ressources naturelles et de la Faune, 2005. Portrait territorial de la Gaspésie – Les
3.2.1 Recherche des documents historiques.......................................................................43
Îles-de-la-Madeleine. Direction régionale de la gestion du territoire public de la Gaspésie – Îles-de-
3.2.2 Lecture, analyse des documents et traitement de l’information......................... 45
la-Madeleine, ministère des Ressources naturelles et de la Faune, 120 p.
40
Richard, P. J. H, 1997. Récurrence naturelle des feux pendant les derniers 2000 ans dans la région
Les carnets d’arpentage................................................................................................ 45
Les premières photos aériennes de la Gaspésie par Jacques de Lesseps
(1926 et 1927).................................................................................................................... 52
du parc national Forillon, Gaspésie. Étude de potentiel de la méthode anthracologique dans le
BIBLIOGRAPHIE DU CHAPITRE « MATÉRIEL ET MÉTHODES »....................................................... 55
41
contexte gaspésien. Rapport final présenté à Parcs Canada, région du Québec. Laboratoire Jacques-Rousseau. Université de Montréal. 78 p.
Richard, P. J. H. et C. Labelle, 1989. Histoire postglaciaire de la végétation au Lac du Diable, Mont
Albert, Gaspésie, Québec. Géographie physique et Quaternaire. 43 : 337-354.
Robitaille, A. et J.-P. Saucier, 1998. Paysages régionaux du Québec méridional. Sainte-Foy (Québec): Les Publications du Québec. 213 p.
liste des tableaux
tableau 3.1
Synthèse de l’échantillonnage provenant des carnets d’arpentage................................. 49
tableau 3.2
Noms d’espèces ou de groupes d’espèces faisant l’objet de mention
dans les carnets d’arpentage..................................................................................................... 50
tableau 3.3
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Synthèse de l’échantillonnage provenant des photos aériennes de Lesseps..................... 54
figure 3.1
Carte des régions écologiques de la Gaspésie..................................................................................44
figure 3.2
Exemple d’un plan tiré d’un carnet d’arpentage..............................................................................46
figure 3.3
Carte indiquant la répartition de l’échantillonnage
en fonction des régions écologiques................................................................................................ 47
figure 3.4
Exemple d’une mosaïque créée à partir des photos aériennes prises par lesseps
en 1926 et 1927......................................................................................................................................... 53
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
42
3.1
D’un point de vue
méthodologique,
l’analyse de la forêt
préindustrielle de
la Gaspésie s’est
d’abord divisée en
deux principales
zones, le centre
et le pourtour de
la péninsule. Ces
deux portions de
territoire ont connu
un historique
d’utilisation
différent et par
le fait même, la
provenance des
informations
historiques s’en
trouve aussi
distincte.
3.2
DIVISION DU TERRITOIRE UTILISÉE
D’un point de vue méthodologique, l’analyse de la forêt préindustrielle de la Gaspésie s’est d’abord divisée en deux principales zones, le centre et le pourtour de
la péninsule. Ces deux portions de territoire ont connu un historique d’utilisation
différent et par le fait même, la provenance des informations historiques s’en
trouve aussi distincte. Cette division est d’autant plus pertinente que chacune de
ces zones est représentée par un sous-domaine bioclimatique différent, à savoir la
sapinière à bouleau jaune de l’Est pour le pourtour et la sapinière à bouleau blanc
de l’Est pour le centre de la péninsule. Comme l’un des objectifs du présent travail
est de documenter non seulement la composition mais également la dynamique
forestière de la forêt naturelle gaspésienne, l’échelle de référence jugée appropriée pour la présentation des résultats est la région écologique (Gouvernement
du Québec, 1999). Ce niveau de classification écologique devrait permettre de les
positionner à une échelle régionale et provinciale.
Les deux régions écologiques du domaine bioclimatique de la sapinière à bouleau
jaune ceinturent le Massif gaspésien. L’aire d’étude caractérisée par la région 4h
(Côte gaspésienne) se situe dans la partie nord de la péninsule et couvre une superficie de 2 761 km2,alors que celle caractérisée par la région 4g (Côte de la baie
des Chaleurs) se situe dans la partie sud et couvre une superficie de 5 297 km2
(figure 3.1). Quant aux régions écologiques du domaine bioclimatique de la sapinière à bouleau blanc, la région écologique 5h (Massif gaspésien) se situe dans la
partie est de la Gaspésie. Elle occupe surtout les contreforts des hauts sommets
gaspésiens et couvre une aire d’étude de 8 953 km2. La région 5i (Haut massif
gaspésien) englobe les hautes altitudes de la Gaspésie et couvre une aire d’étude
de 4 696 km2. C’est là que se trouvent les Monts Logan, Albert et Jacques-Cartier
ainsi que la municipalité de Murdochville.
SOURCES ET TRAITEMENT DE L’INFORMATION
3.2.1 Recherche des documents historiques
La première phase de réalisation du Portrait forestier historique de la Gaspésie
correspondait à la recherche et au regroupement des documents historiques traitant directement ou indirectement de la forêt gaspésienne. Ce travail est présenté
43
Portrait forestier historique de la Gaspésie
liste des figures
premières photos aériennes, journaux, etc. À la suite de l’obtention de plus de
1000 documents d’archives, une méthode de classement a été développée, et
une base de données (format Microsoft Access) a été élaborée.
3.2.2 Lecture, analyse des documents et traitement de
l’information
kilomètres
44
Figure 3.1
carte des régions écologiques de la gaspésie.
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
dans le rapport d’étape : «Malenfant, A. et M. Côté, 2007. Portrait forestier
historique de la Gaspésie – Rapport phase 1, Recherche et synthèse documentaires. Consortium en foresterie Gaspésie–Les-Îles, Gaspé, Canada. 102
pages.» accessible sur le site www.mieuxconnaitrelaforet.ca.
La recherche des documents historiques a notamment été faite par le biais
d’un appel public à contribution de la part de la population locale. Cependant, c’est la consultation des archives régionales et nationales du Québec et
du Canada qui a constitué la plus grande masse d’information. Les musées
et sites historiques, les institutions gouvernementales, les parcs (parc de la
Gaspésie et parc national Forillon), les bibliothèques et les centres d’archives
ont été visités.
Les documents obtenus pour la banque d’archives forestières du Consortium
en foresterie Gaspésie-Les-Îles sont de diverses natures : archives de compagnies forestières (calepins de mesures de bois, registres, rapports de coupe),
documents de colonisation, rapports d’exploration, rapports d’exploitation
géologique, plans et carnets d’arpentage, correspondances, extraits de revue, ouvrages historiques et livres rares, photographies d’époques, cartes,
45
Les carnets d’arpentage
Depuis le début de la colonie, que ce soit sous le régime français, anglais ou sous
les gouvernements contemporains, la mesure et la délimitation du territoire pour
le partage des terres ont été et demeurent une préoccupation pour l’État. Avant
d’être concédée, toute terre du domaine de l’État doit être arpentée, c’est-à-dire
mesurée sur le terrain avec pose de repères au sol. Pour ce faire, les arpenteurs
préparent un carnet d’arpentage et un plan pour décrire les opérations effectuées
sur le terrain et illustrer la position des limites (figure 3.2). Selon les objectifs spécifiques poursuivis par les opérations d’arpentage et l’époque à laquelle les travaux
ont été réalisés, les documents contiennent des données techniques, historiques
ou d’exploration prélevées lors des opérations sur le terrain. Les données d’exploration regroupent de l’information forestière, faunique, floristique, géologique et hydraulique relative aux ressources naturelles. Elles incluent également des
données topographiques et d’occupation des lieux (Gouvernement du Québec,
2003). Ainsi, comme ils couvrent tout le territoire et témoignent des ressources
au moment de la colonisation, les carnets d’arpentage constituent une source
d’information forestière précieuse.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
é
La lecture de tous les documents historiques a permis de compiler une grande
quantité d’information et de faire ressortir deux catégories de documents qui
constitueront la base de ce présent portrait, à savoir les plans et carnets d’arpentage et les premières photos aériennes de la Gaspésie par Jacques de Lesseps.
Toute l’information extraite des autres documents (Malenfant et Côté, 2007),
bien que non directement utilisable pour la réalisation des analyses, est utilisée
afin de compléter les résultats ou pour en appuyer l’interprétation. Dans l’ensemble, l’information peut être qualitative (forêt mature, beaucoup de renversés,
etc.) ou quantitative (âge de peuplement, diamètre des essences, superficie des
perturbations, etc.), locale (par point d’observation, par canton, par rang, par lot,
etc.) ou régionale.
é
kilomètres
Figure 3.3
46
carte indiquant la répartition de l’échantillonnage en fonction des régions
écologiques (lignes d’arpentage échantillonnées dont les données proviennent des
cartes et polygones forestiers issus des mosaïques).
47
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Figure 3.2
exemple d’un plan tiré d’un carnet d’arpentage effectué par l’arpenteur J.E. Girard en
1891 dans le canton d’Hamilton. (SOurce : Archives des arpentages, greffe de l’arpenteur
général du québec).
Comme les observations notées se rapportent à un point mesuré sur le terrain, il a été possible de les localiser et d’en effectuer la compilation. Chaque
observation est donc représentée par un point et contient plusieurs mentions.
La figure 3.3 présente les lignes d’arpentage sur lesquelles les points d’observation ont été prélevés et illustre du même coup la répartition de l’échantillonnage en fonction des régions écologiques.
L’information obtenue traite principalement de la composition forestière. Comme
il appert que les arpenteurs avaient l’instruction de lister les taxons selon leur
importance (White, 1984), il est permis d’assumer que pour une observation donnée, l’importance relative des taxons correspond à l’ordre dans lequel ils sont
nommées (exemple : « sapin, épinette, merisier») (Seichab, 1990; White, 1984;
Gentilcore et Donkin, 1973). Le tableau 3.2 dresse la liste de tous les taxons tels
que mentionnés par les arpenteurs. Pour chacun d’eux, un nom scientifique précisant le genre et l’espèce a été inféré, à l’exception des épinettes, des érables et
des pins qui n’étaient souvent mentionnées que par le genre.
Ces données historiques traitent également des perturbations naturelles et anthropiques (chablis, renversé, abattis, brûlis, feux, sapins secs, etc.), du niveau de
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Dépendamment de l’avancée de l’arpentage, les périodes couvertes par les points
d’observation diffèrent selon que l’on se trouve dans la zone ceinturant la Gaspésie (sapinière à bouleau jaune – régions 4g et 4h) ou dans le centre (sapinière à
bouleau blanc – régions 5h et 5i). La période couverte par les carnets de la sapinière à bouleau jaune varie entre 1836 et 1875, alors que la période couverte par les
carnets de la sapinière à bouleau blanc varie entre 1919 et 1940 (tableau 3.1).
Tableau 3.1
maturité des peuplements (régénération, jeune et mature) et de leur structure (ex. bois de 10 à 16 pouces), mais pas de façon systématique pour toutes
les régions écologiques. Les données fragmentaires sont donc analysées avec
prudence et en prenant en compte la convergence de l’information.
synthèse de l’échantillonnage provenant des carnets d’arpentage.
Période
couverte
Nombre et noms
des arpenteurs
Nombre
de points
d’observation
Type
d’information
utilisée
3431
Composition
3558
(912 km de ligne
d’arpentage)
Structure
Perturbation
2916
Composition
Remarque
Sapinière à bouleau jaune
Côte de la baie des Chaleurs
(4g)
Côte gaspésienne (4h)
1836-1875
1839-1871
4
(F.W. Blaiklock, E.-H.
Legendre, W. McDonald, A.-É. Painchaud)
5
(F. Bélanger, F.W. Blaiklock, L.-G. Fortin,
A.-É. Painchaud,
W. Ware)
Structure
3001
(369 km de ligne
d’arpentage)
Perturbation
922
Composition
Les observations de
l’arpenteur McDonald comptent 2663
points d’observations,
soit 77,6 % de
l’échantillonnage de
cette région.
Les observations de
l’arpenteur Painchaud
comptent 1904
points d’observations,
soit 65,3 % de
l’échantillonnage de
cette région.
49
Sapinière à bouleau blanc
Massif gaspésien (5h)
Haut massif gaspésien (5i)
1919-1938
1919-1940
11
(H. Bélanger, J.-P.
Castonguay, C.C.
DeLaChevrotière,
J.-A.-L. Doyon, A.
Dumas, J.-F. Fafard,
G. Garneau, G. Guay,
P. Joncas, P. Malouin,
J.-O. Lacoursière,
J.-M. Roy)
5
(G. Cloutier, C.C.
DeLaChevrotière, J.-E.
Giroux, P. Joncas,
P. Malouin,
J.-O. Lacoursière
Structure
1161
(605 km de ligne
d’arpentage)
532
Perturbation
Stade de
développement
Composition
Structure
563
(349 km de ligne
d’arpentage)
Perturbation
Stade de
développement
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
48
Il existe des limites liées à l’utilisation des carnets d’arpentage. Entre autres,
la rigueur portée à la description des forêts varie d’un arpenteur à un autre.
Ce fait induit des variations dans le niveau de description du peuplement
observé (allant d’une mention « bois mêlé » à une mention comportant une
dizaine d’essences nommées) et dans le nombre d’observations par kilomètre
parcouru. Les mentions trop générales n’ont pas été prises en compte pour
les analyses relatives à la composition des forêts et un effort particulier a
été mis pour maintenir un certain équilibre dans le nombre d’observations
entre les cantons. Les rangs d’énumération des taxons peuvent également
être sujets à un biais potentiel de l’arpenteur, tel que le favoritisme pour un
taxon donné. La compilation d’un nombre important de points d’observation
pour décrire chacune des régions écologiques devrait toutefois en minimiser
les impacts (Scull et Richardson, 2007). Finalement, certains arpenteurs ont
noté des observations généralisées spatialement (par lots forestier, par rang,
etc.) alors que d’autres notent des observations localisées et systématiques
(à chaque poteaux d’arpentage, à chaque largeur de lots de 13 chaînes, etc.)
ou ponctuelles (au changement de type de végétation, au changement de
topographie, etc.). Afin de limiter ce biais inhérent à l’échantillonnage des arpenteurs, seules les observations ponctuelles (un point d’observation précis)
ont été conservées pour les analyses. Les données issues des arpenteurs les
plus précis et exhaustifs dans leur description de la végétation forestière ont
été mises en priorité afin de les standardiser au maximum.
Nom listé
(mention)
Fir
Sapinière
Sapin
Sapin sec
Spruce
Epinette
Epinette blanche
Epinette noire
White spruce
Black spruce
Bouleau
White birch
Birch
Merisier
Yellow birch
50
Thuya
Cedar
Cédrière
Cedar land
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Érable
Plaine
Maple
Erablière
Sucrerie
Sugarie
Nom d’espèces ou de groupes d’espèces faisant l’objet de mention dans les carnets
d’arpentage.
Nom
commun
inféré
Sapin baumier
Épinettes
Bouleau blanc
Bouleau jaune
Thuya occidental
Érables
Nom
scientifique
inféré
Remarque
Frêne
Ash
Frêne noir
Fraxinus nigra
Orme
Elm
Orme d’Amérique
Ulmus americana
Hêtre
Beech
Hêtre à grandes
feuilles
Fagus grandifolia
Cormier
Moutain ash
Sorbier
d’Amérique
Sorbus americana
Abies balsamea
Picea spp.
Betula papyrifera
Betula alleghaniensis
Généralement, les notes des carnets d’arpentage ne distinguaient pas les différentes espèces de ce genre. Le nom inféré
s’est donc arrêté au niveau du genre. Ce regroupement inclut
les espèces Picea glauca, Picea mariana et potentiellement Picea
rubens.
Il est possible que des mentions « birch » aient été attribuées
au bouleau blanc alors qu’elles concernaient le bouleau jaune
(région 4g). L’importance du bouleau blanc pourrait donc être
surestimée au détriment de celle du bouleau jaune.
Black birch
Aujourd’hui, le terme « black birch » est le nom commun du bouleau flexible (Betula lenta) ont la présence semble
peu probable en Gaspésie. Les mentions « black birch » pourraient alors correspondre au cerisier de Pennsylvanie,
au bouleau jaune ou autre. Les observations comprenant les mentions « black birch » ont été supprimées des
analyses (moins de 100) dans un souci de rigueur toponymique.
Bois blanc
Le terme « bois blanc » est actuellement attribué au tilleul d’Amérique (Tilia americana) dont la présence semble
peu probable en Gaspésie. Par déduction le « bois blanc » pourrait correspondre au mélèze laricin, au saule sp.,
à l’érable à épis ou à l’érable de Pennsylvanie. Les observations comprenant les mentions « bois blanc » ont été
conservées dans les analyses (675 mentions) et le nom inféré correspond à l’appellation « Arbustes divers ».
51
Thuya occidentalis
Acer spp.
Pine
Pin
Pin jaune
Pin vert
Pin
Pinus
Mélèze
Epinette rouge
Tamarack
Mélèze laricin
Larix laricina
Peuplier
Poplar
Peuplier baumier
Populus balsamifera
Tremble
Aspen
Peuplier
faux-tremble
Populus tremuloides
Généralement, les notes des carnets d’arpentage ne distinguaient pas les différentes espèces de ce genre. Le nom inféré
s’est donc arrêté au niveau du genre. Ce regroupement inclut
les espèces Acer saccharum et Acer rubrum.
White maple
Aujourd’hui le « white maple » est un nom anglais attribuable à l’érable argenté (Acer saccharinum) dont la
présence précoloniale semble peu probable en Gaspésie. Les 29 observations contenant cette mention ont été
supprimées des analyses dans un souci de rigueur toponymique.
Bois bock
Bien qu’il soit probable que le « bois bock » corresponde à l’érable de Pennsylvanie ou à l’érable à épis, les 49
mentions ont été exclues des analyses par souci de rigueur toponymique.
Généralement, les notes des carnets d’arpentage ne distinguaient pas les différentes espèces de ce genre. Le nom inféré
s’est donc arrêté au niveau du genre. Ce regroupement inclut
les espèces Pinus strobus et Pinus resinosa mais exclut probablement Pinus banksiana.
suite >
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Tableau 3.2
Les premières photos aériennes de la Gaspésie par Jacques De Lesseps
(1926 et 1927)
Au début du 20e siècle, Honoré Mercier, ministre des Terres et Forêts du Québec, invite le pilote Jacques de Lesseps, directeur technique de la Compagnie
aérienne franco-canadienne (CAFC) qui se spécialise dans le domaine de la
photogrammétrie, à l’aider à faire l’inventaire du territoire gaspésien. C’est
le premier essai au monde pour faire des cartes exactes des forêts à l’aide de
l’avion. Cette méthode s’avère beaucoup plus efficace que les relevés topographiques, difficiles à dresser en Gaspésie. En 1926 et 1927, Lesseps photographie plus de 80 000 kilomètres carrés de territoire. Il est le premier homme
à voir la Gaspésie du ciel (GrandQuébec.com, 2009).
L’échantillonnage s’est fait le long des lignes d’arpentage des cantons en
alternant des segments approximatifs de 5 km interprétés et non interprétés afin de répartir les données de façon homogène sur le territoire. Cet
échantillonnage couvre 725 km de lignes d’arpentage (figure 3.3). Tous les
polygones croisant la ligne d’échantillonnage étaient dessinés au complet.
Cette démarche a permis de déterminer les éléments du paysage forestier de
l’époque, en regard :
- du couvert forestier (peuplement résineux, feuillu, mélangé à dominance de résineux, mélangé à dominance de feuillu).
La qualité des images n’a pas permis l’identification des l’espèces, mais
plutôt du type de couvert. Lorsque le couvert forestier est composé à plus
de 75 % d’un même type, le type est nommé tel quel (résineux ou feuillu).
Lorsqu’il se situe en deçà de 75 %, le couvert est dit mélangé et c’est le
Figure 3.4
exemple d’une mosaïque créée à partir des photos aériennes par lesseps en 1926 et 1927.
(Source : bibliothèque université laval)
type dont la présence est la plus importante qui précise la dominance (Gouvernement du Québec 2003).
53
- des perturbations naturelles et anthropiques (brûlis, épidémie d’insectes, coupe)
Les perturbations partielles et totales ont aussi été distinguées par le photo-interprète. La perturbation est dite partielle ou légère lorsque la densité du couvert forestier est située entre 75 % et 25 % (EL, BRP, CP). En deçà de 25 %, la
perturbation est dite totale ou sévère (ES, BR, CT) (Gouvernement du Québec
2003).
- du stade de développement (régénéré, jeune, mature)
La hauteur des arbres et la grosseur des cimes ont été les critères discriminants
pour caractériser les peuplements en regard du stade de développement. Les
peuplements dits régénérés étaient courts et leurs cimes étaient très fines. Les
peuplements matures étaient le plus souvent hauts et leurs cimes paraissaient
plus larges. Ces peuplements seraient jugés commercialement exploitables en
2008. Quant aux peuplements jeunes, il s’agit de futaies dont les cimes sont
plus fines que celles des peuplements matures.
- de la densité des peuplements (nulle, faible, moyenne, dense)
Le peuplement de densité moyenne est celui qui présente un couvert variant
entre 50 % et 75 %. Le peuplement dense est fermé à plus de 75 % alors que
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
52
Les cartes réalisées par la CAFC à partir des photos prises par Lesseps n’étant
pas dessinées à l’échelle du peuplement forestier, les photos aériennes ont été
utilisées directement comme matériel de base. Les plaques de verre originales
n’étant pas disponibles, ce sont des mosaïques (figure 3.4), construites à partir des originaux des photos aériennes, qui ont été utilisées. Ces mosaïques
ont été numérisées, géoréférencées puis interprétées à l’écran en monoscopie par la firme Del Degan, Massé et Associés. Elles couvrent la portion centre
de la Gaspésie exclusivement (domaine de la sapinière à bouleau blanc). Le
tableau 3.3 présente les caractéristiques de l’échantillonnage réalisé à l’aide
des photos aériennes.
Bibliographie du chapitre
le couvert faible montre un pourcentage de couverture variant entre 25
et 50 %. Les peuplements ayant un couvert en deçà de 25 % étaient soit
des peuplements en régénération, soit des landes forestières et ils étaient
considérés comme n’ayant pas de couvert.
Gentilcore, R.L. et K. Donkin, 1973. Land Surveys of Southern Ontario: An Introduction and Index
to the Field Notebooks of Ontario Land Surveyors, 1784–1859. B.V. Gutsell, Department of Geography, York University, Downsview, Ont. Cartogr. Monogr. No. 8.
- de la structure verticale (régulière, irrégulière)
Le peuplement dit de structure régulière apparaissait au photo-interprète
comme étant monoétagé. Ainsi, le peuplement qui présentait plus d’un
étage était dit de structure irrégulière.
Gouvernement du Québec, 1999. Norme de cartographie écoforestière – Confection et mise à
- de la superficie des peuplements
Gouvernement du Québec, 2003. Norme de cartographie écoforestière – Troisième inventaire dé-
Le photo-interprète a délimité les peuplements en fonction du type de
couvert, de la perturbation s’il y avait lieu, du stade de développement, de
la densité et de la structure verticale.
cennal. Ministères des Ressources naturelles et de la Faune et des Parcs du Québec. Direction des
jour. Ministères des Ressources naturelles, Direction des inventaires forestiers Ste-Foy, Québec. 84
p.
inventaires forestiers. Québec. 109 p.
Gouvernement du Québec, ministère des Ressources naturelles et de la Faune (Internet). Sainte-Foy
(QC) : ministère des Ressources naturelles et de la Faune. 2003. L’arpentage d’hier à aujourd’hui
Tableau 3.3
synthèse de l’échantillonnage provenant des photos aériennes de lesseps.
Période
couverte
par les
photos
Échantillonnage
Nombre de
polygones
photo-interprétés et superficies
couvertes
Type d’information
utilisée
ques de Lesseps (cité le 20 janvier 2009). Disponible à : grandquebec.com/gens-du-pays/jacqueslesseps/
Malenfant, A. et M. Côté, 2007. Portrait forestier historique de la Gaspésie – Rapport phase 1, Recherche et synthèse documentaires. Consortium en foresterie Gaspésie–Les-Îles, Gaspé, Canada.
1926 et
1927
Comporte 725 km
linéaires répartis de
manière homogène
le long des lignes
d’arpentage /
photo-interprétation de 5 km en
alternance
Haut massif gaspésien (5i)
55
GrandQuébec.com. (Internet). (Lieu inconnu) : GrandQuébec.com; (Date inconnue). Comte Jac-
Sapinière à bouleau blanc
Massif gaspésien (5h)
(cité le 20 janvier 2009). Disponible à : www.mrnf.gouv.qc.ca/foncier/arpentage/historique.jsp
1926 et
1927
880
(317 km de ligne
d’arpentage; superficie couverte par les
échantillons :
32 632 ha)
Composition
(type de couvert)
Structure
Densité du couvert
Stade de
développement
Perturbation
694
(408 km de ligne
d’arpentage; superficie couverte par les
échantillons :
24 365 ha)
Composition
(type de couvert)
Structure
Densité du couvert
Stade de
développement
Perturbation
102 pages. Disponible à : www.foretgaspesie-les-iles.ca/
Seichab, F.K., 1990. Presettlement Forests of the Phelps and Gorham Purchase in Western New
York. Bull. Torrey Bot. Club, 117:27-38.
White, C. A., 1984. A History of the Rectangular Survey System. US Department of the Interior
Washington DC. Bureau of land management. USA. 774 p.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
54
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
« Matériel et méthodes »
Chapitre 4
Perturbations naturelles en Gaspésie
Rédaction : Samuel Pinna, biologiste, M. Sc.
liste des tableaux
tableau 4.1
Diverses estimations de la longueur du cycle de feu en Gaspésie
et dans les territoires adjacents........................................................................................................ 62
tableau 4.2
Table des matières
Estimation du cycle de feu des quatre régions écologiques de la Gaspésie pour la période
1850-1950 à partir des mentions répertoriées dans les documents historiques........................ 64
tableau 4.3
4.0 mise en contexte du chapitre « perturbations naturelles en gaspésie »............ 59
4.1 historique des perturbations dues aux incendies...................................................... 60
origine des feux en gaspésie.......................................................................................... 60
taille et répartition des feux de la sapinière à bouleau jaune............................... 60
taille et répartition des feux de la sapinière à bouleau blanc............................... 62
56
le cycle des feux en gaspésie.........................................................................................65
4.2 perturbations dues aux chablis (bois renversés)........................................................70
Proportion de la forêt pour chaque type de perturbation estimée à partir des
carnets d’arpentage du 20e (1919-1940) et exprimée en ration du nombre de mentions
pour les régions 5h et 5i........................................................................................................................ 86
tableau 4.4
Proportion de la forêt pour chaque type de perturbation estimée à partir des photos
aériennes de Lesseps (1926-1927) et exprimée en ratio de surface pour les régions 5h et 5i...... 86
57
superficie et sévérité des chablis en gaspésie..............................................................70
fréquence des chablis successifs en gaspésie.............................................................71
chablis ou volis ?............................................................................................................ 72
4.3 perturbations dues aux insectes et maladies..............................................................73
la tordeuse des bourgeons de l’épinette.................................................................... 73
le diprion (mouche à scie) et dendroctone.................................................................79
l’arpenteuse de la pruce................................................................................................ 80
la rouille vésiculeuse du pin blanc............................................................................. 81
la maladie hollandaise de l’orme............................................................................... 82
le dépérissement du bouleau.........................................................................................82
la carie rouge du sapin................................................................................................. 84
importance relative des perturbations dans la sapinière à bouleau jaune........ 85
mportance relative des perturbations dans la sapinière à bouleau blanc.........85
4.5 synthèse du chapitre « perturbations naturelles en gaspésie »............................88
bibliographie du chapitre « perturbations naturelles en gaspésie »......................... 90
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
4.4 les divers types de perturbations en gaspésie
figure 4.1
Feu de la Bonaventure de 1924. (Maher, T., 1950 Nos forêts en décadence et des articles
d’intérêt national par des forestiers éminents)................................................................................66
figure 4.2
Carte intitulée « Defoliation of Current Year’s Growth of Balsam Fir by Spruce Budworm » montrant notamment les grands feux identifiables au milieu du siècle dernier
(Blais et Martineau, 1955)...................................................................................................................... 67
figure 4.3
Carte de la première épidémie de la TBE du 20e siècle en Gaspésie entre 1912-1919
(Blais, 1961)............................................................................................................................................... 76
figure 4.4
Cartes de la deuxième épidémie de la TBE du 20e siècle en Gaspésie entre 1942-1958
(Lachance et al., 1990)........................................................................................................................... 77
58
figure 4.5
Cartes de la troisième épidémie de la TBE du 20e siècle en Gaspésie entre 1973-1984
(Lachance et al., 1990)........................................................................................................................... 78
figure 4.6
Carte de répartition de l’épidémie du diprion en 1943 (Balch, 1942)...............................................80
figure 4.7
Carte de l’épidémie de l’arpenteuse de la pruche vers 1948 (Lachance et al., 1990)...................81
figure 4.8
Carte du dépérissement du bouleau blanc vers 1947 (Martineau, 1948)..................................... 83
figure 4.9
Carte du dépérissement du bouleau jaune vers 1947 (Martineau, 1948)...................................... 84
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Annexe a
Liste des feux recensés en Gaspésie d’après divers documents historiques du début du 19e
au milieu du 20e siècle........................................................................................................................... 97
4.0 MISE EN CONTEXTE DU CHAPITRE « PERTURBATIONS NATURELLES EN GASPÉSIE »
Les perturbations d’origine naturelle et anthropique (défrichement, coupes forestières, incendies, chablis, épidémies d’insectes et maladies) affectent directement
la composition et la structure des peuplements forestiers. En plus des effets locaux, il en résulte une mosaïque forestière qui s’apprécie à l’échelle du paysage.
Le régime des perturbations dépend de plusieurs facteurs changeant en fonction
de caractéristiques régionales. L’objectif de cette section est de documenter et
de comprendre le régime des perturbations spécifique à la Gaspésie à travers les
données historiques répertoriées pour le 19e siècle et la première moitié du 20e
siècle. Cette connaissance historique de l’importance relative des perturbations
des forêts gaspésiennes est essentielle pour la compréhension des enjeux écologiques et pour la mise en œuvre de l’aménagement écosystémique dans la région.
Le régime des perturbations naturelles des forêts gaspésiennes est évalué, pour
chaque type de perturbation, en fonction de trois axes (Gauthier et al., 2001) :
la superficie, la sévérité et les intervalles entre les perturbations successives. La
taille des perturbations, leur intensité et leur fréquence sont très variables dans
le temps et dans l’espace pour une région donnée. Par exemple, une épidémie
d’insectes peut être très localisée ou couvrir de grandes superficies, légère ou très
sévère en terme de survie des arbres, ponctuelle ou récurrente. Chaque type de
perturbation naturelle a été, dans la mesure du possible, analysé en fonction de
ces trois axes. L’échelle temporelle est divisée entre le 19e et la première moitié
du 20e siècle. L’échelle spatiale est divisée entre les sous-domaines de la sapinière
à bouleau jaune de l’Est et la sapinière à bouleau blanc de l’Est. Lorsque que la
précision des données le permet, les analyses sont poussées à l’échelle des régions
écologiques.
La colonisation de la Gaspésie s’est accentuée vers le début du 19e siècle sur les
territoires limitrophes à la mer (correspondant principalement à la sapinière à bouleau jaune), tandis que les territoires centraux de la péninsule offrent des conditions climatiques plus sévères où la colonisation n’y a jamais été d’une grande
ampleur (correspondant à la sapinière à bouleau blanc). Cela étant, l’information
historique du 19e siècle est éparse mais très précieuse afin de documenter le régime des perturbations naturelles pour la sapinière à bouleau jaune. Les données
du 20e siècle sont par contre moins pertinentes, étant donné que les modifications
59
Portrait forestier historique de la Gaspésie
liste des figures
4.1
PERTURBATIONS DUES AUX INCENDIES
Origine des feux en Gaspésie
60
Les incendies forestiers constituent une perturbation naturelle qui modèle les
écosystèmes forestiers gaspésiens depuis la fin de la dernière glaciation (Asnong, 2000; Asnong et Richard, 2003). Cependant, aux 19e et 20e siècles, les
documents historiques décrivent les feux forestiers comme étant, dans 97 %
des cas, d’origine humaine et seulement dans 3 % des cas dus à la foudre
(Piché, 1909; Anonyme, 1939). En effet, les feux de ces époques étaient principalement dus au défrichement des terres par les colons, aux feux d’abatis
ainsi qu’à des pratiques d’exploitation forestière (brûlage des troncs et des
souches, feux de scie mécanique). Le passage du train était aussi une cause
notable de feux (gros tisons crachés par les cheminées) (Anonyme, 1942).
D’après le compte rendu du 1er Congrès provincial de l’Association forestière
québécoise de 1944, « En Gaspésie, les faux colons (exploiter le bois le plus
vite possible et s’en aller ensuite) ont été la cause de 50 % des feux de forêt. »
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Taille et répartition des feux de la sapinière à bouleau jaune
La lecture des documents historiques montre qu’en Gaspésie, les feux sévissaient sur de grands territoires forestiers. Tant au 19e qu’au 20e siècle, les
incendies pouvaient se propager sur de vastes superficies. En 1867, un feu de
plus de 80 000 ha a brûlé presque toute la côte nord gaspésienne sur plus de
110 km (de Cherbourg à Mont-Louis). Il s’agit du plus grand feu répertorié
pour la sapinière à bouleau jaune. Le bassin de Gaspé a lui aussi été ravagé
sur de grandes superficies en 1859 et 1870. Au 19e siècle, principalement
après 1850, presque tous les cantons du pourtour de la Gaspésie ont connu
des incendies plus ou moins sévères en termes de superficie. Autrement dit,
en moins de 100 ans, l’ensemble des cantons de la sapinière à bouleau jaune
aurait été en partie visité par le feu. Seulement trois secteurs font exception : la
pointe de Forillon (cantons de la Baie-de-Gaspé-Nord, de Cap-des-Rosiers et de
Fox); les environs de Percé (cantons de Malbaie, de Percé et de Grande-Rivière) et
peut-être certains cantons de l’extrême ouest de la Baie des Chaleurs (cantons de
Patapédia et de Mann).
Au 20e siècle, plusieurs feux ont encore sévi dans la sapinière à bouleau jaune. Par
exemple, 3100 ha ont brûlé dans le canton de Cloridorme (1903), 3529 ha sur la
pointe de Forillon (canton de Cap-des-Rosiers, 1935), 3644 ha dans le canton de
Romieu (1935), etc. Néanmoins, pendant cette première moitié du 20e siècle, la
répartition des feux répertoriés au sein de la sapinière à bouleau jaune était plus
hétérogène. En effet, plusieurs secteurs du pourtour de la Gaspésie n’ont pas de
mention de brûlé (canton de Christie, Duchesnay, etc.), alors que d’autres secteurs
ont été sévèrement ravagés par les flammes pendant cette période (canton de
Romieu, de Cox, etc.). Sur l’ensemble de la sapinière à bouleau jaune, les feux,
entre le milieu du 19e et le milieu du 20e siècle, ont été nombreux et répartis d’une
manière assez homogène entre les cantons. Cette occurrence relativement importante des feux sur le pourtour de la péninsule gaspésienne s’explique entre autre
par l’origine anthropique de nombreux incendies.
Pour la sapinière à bouleau jaune, 44 feux de plus de 500 ha ont été répertoriés
entre 1833 et 1949 (voir l’annexe A pour la liste des feux répertoriés). Tous les
feux ne sont pas forcément de grande envergure et plusieurs feux de petite taille
(moins de 500 ha) ont été répertoriés dans les documents d’archives. En effet, les
notes des arpenteurs (avec 223 mentions de feux entre 1836 et 1875) montrent
que les feux de la sapinière à bouleau jaune chevauchaient les lignes d’arpentage
sur moins de 500 m de long. D’après les données du ministère des Ressources
naturelles et de la Faune (MRNF), les feux de moins de 500 ha (de 1920 à 1949)
ont une taille moyenne de 164 ±23 ha (n = 34). Historiquement, la sapinière à
bouleau jaune de la Gaspésie a connu des feux de tailles variables, allant de moins
d’un hectare à quelques centaines d’hectares et jusqu’à plusieurs milliers d’hectares.
61
Portrait forestier historique de la Gaspésie
humaines de ce territoire y étaient déjà très marquantes. Pour la sapinière
à bouleau blanc, il en découle un manque d’information sur les paysages
forestiers du 19e siècle (absence d’arpenteurs et de colons pour noter des
observations). En contrepartie, les observations relatives aux perturbations
naturelles s’exerçant sur ce territoire pendant la première moitié du 20e sont
riches et plus complètes (perturbations humaines limitées).
Durant le 19e siècle, uniquement cinq mentions réfèrent à des feux au sein de
la sapinière à bouleau blanc (voir l’annexe A). Il est bien documenté qu’un ou
plusieurs feux majeurs ont brûlé presque toute la vallée de la Matapédia vers
1860-1870. Ces incendies auraient détruit pas moins de 250 000 ha (ces feux
sur la péninsule gaspésienne se situent néanmoins hors du territoire d’étude).
Les quatre autres mentions se trouvent le long d’importantes rivières. Le bassin de la rivière Saint-Jean « (…) située entre le mont Alexandre et les Fourches supérieures, a été complètement dépouillé de sa forêt par l’incendie (…)
» (Murray, 1845 dans anonyme 1889). Dans le canton de Gravier, le bassin
de la rivière Grande Cascapédia a été incendié en 1885 (7 000 ha); 153 000
arbres ont brûlé dans le bassin de la rivière Grande-Vallée-des-Monts en 1866
(superficie inconnue) et le bassin de la rivière Nouvelle a connu un grand
feu en 1894 (superficie inconnue). Mis à part ces quatre feux, aucun autre
n’a été répertorié au 19e siècle dans la
sapinière à bouleau blanc du centre de
la Gaspésie. Cela est possiblement attribuable au fait qu’à cette époque, il
y avait peu d’observateurs dans ces régions centrales du Massif gaspésien.
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
62
Au 20e siècle, plusieurs feux majeurs
ont aussi sévi dans la sapinière à bouleau blanc (annexe A). Par exemple, le
bassin de la rivière York a brûlé trois
fois. En 1921, un incendie a parcouru
plus de 21 000 ha. Après que 4 800 ha
soient encore passés aux flammes en
1938, plus de 35 900 ha ont été ravagé
en 1941. Le feu le plus important, avec
près de 160 000 ha de forêt brûlée, a
eu lieu en 1924 dans le bassin de la ri-
Figure 4.1
feu de la bonaventure de 1924. (maher, t., 1950)
vière Bonaventure (figure 4.1). Il chevauche la sapinière à bouleau jaune dans la
Baie des Chaleurs (58 170 ha), mais la plus grande partie a brûlé au centre de la
Gaspésie (100 289 ha). Des observations faites dix ans plus tard (1934-35) décrivent des cantons comme étant complètement incendiés (Garin, Honorat, Reboul, Guéguen, Mourier et Robidoux) et d’autres partiellement atteints (Randin,
Vondenvelden et Weir). En fait, il semble qu’il s’agisse encore des traces du feu
de la rivière Bonaventure de 1924, qui couvre sensiblement le même territoire
tel que décrit par Lauzon et al. (2007). Ce feu était encore distinguable par voie
aérienne en 1955 comme en témoigne la carte de la figure 4.2. Malgré ces feux
exceptionnels (> 10 000 ha), la répartition des feux pour l’ensemble de la sapinière
à bouleau blanc du 19e siècle à la première moitié du 20e siècle paraissait assez
hétérogène à l’échelle des cantons.
Pour la sapinière à bouleau blanc, 20 feux de plus de 500 ha ont été répertoriés
entre 1845 et 1949. Même si ces feux de grande envergure sont importants, la
sapinière à bouleau blanc a connu d’autres évènements de moindre envergure.
Les notes des arpenteurs (avec 136 mentions de feux entre 1919 et 1940) montrent que plusieurs feux chevauchaient les lignes d’arpentage sur une longueur
moyenne estimée à 800 m. Les données du MRNF relèvent aussi quatre feux de
moins de 500 ha (de 1920 à 1949). L’échantillonnage des photos aériennes de
Lesseps (1926-1927) confirment que la taille des massifs brûlés dans la sapinière
à bouleau blanc (brûlis total et partiel confondus) était très variable avec une
superficie moyenne de 1419,6 ±631,8 ha (n = 16). Ces observations supportent
l’idée que la dynamique des feux ne se déroule pas uniquement sur de grandes
superficies à l’échelle du paysage, mais aussi à l’échelle plus localisée de quelques
peuplements.
63
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Taille et répartition des feux de la sapinière à bouleau blanc
Un cycle de feu est le temps requis pour brûler une superficie équivalente au territoire d’intérêt. Il existe donc des variations notables de la longueur du cycle de
feu entre différents secteurs de la forêt boréale (Gauthier et al., 2001). Plusieurs
estimations de la récurrence des feux en Gaspésie, et sur des territoires adjacents,
ont été avancées et elles varient fortement (tableau 4.1). Elles sont basées sur
diverses méthodes telles que des études dendrochronologiques, des analyses d’archives et de registres ou des photo-interprétations d’images aériennes. D’après
l’estimation du territoire gaspésien brûlé en 25 ans (16 milles carré ou 414 398 ha)
faite par Brûlé et Fafard en 1944, lors du 1er Congrès provincial de l’Association
forestière québécoise (Anonyme, 1944), le cycle de feu extrapolé est court avec
132 ans. À l’opposé, sur la côte est du Nouveau-Brunswick, territoire limitrophe à
la Gaspésie, le cycle de feu avancé est long avec 1000 ans (Wein et Moore, 1977).
Aucune étude quantitative sur le cycle du feu dans la région ne comprend la forêt
gaspésienne dans son ensemble et n’utilise une compilation de mentions de feux
depuis le 19e siècle. Elles traitent seulement de secteurs particuliers de la Gaspésie
et les mentions de feux utilisées portent uniquement sur des périodes récentes
appartenant au 20e siècle.
Au moins cinq feux exceptionnels couvrant plus de 10 000 ha, plus de 60 grands
feux (> 500 ha) et près de 500 mentions de feux de petite taille (moins de 500ha)
ont été répertoriés pour l’ensemble de la Gaspésie (19e siècle et début du 20e
siècle confondus) (annexe A). Les données historiques montrent bien que la taille
des feux sévissant en Gaspésie était très variable, allant de quelques hectares à
plusieurs milliers d’hectares. Il y a eu beaucoup de feux de petites tailles, mais leur
importance en termes de superficie reste moindre que celle des grands incendies.
D’après Lauzon et al. (2007), 10 % des feux sont responsables de plus de 50 %
des superficies brûlées. Les données compilées dans le présent portrait forestier
montrent que les cinq feux exceptionnels (> 10 000 ha) représentaient en fait
77 % des superficies brûlées (annexe A). Effectivement, même si les feux de petite
taille sont plus importants en termes de nombre d’incendies, ils peuvent représenter moins de 10 % de l’ensemble des superficies brûlées (Leduc et al., 2000). Ces
feux localisés ont néanmoins un rôle très probable dans la dynamique écologique
des essences forestières.
65
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Carte intitulée « Defoliation of Current Year’s Growth of Balsam Fir by Spruce Budworm » montrant
notamment les grands feux identifiables au milieu du siècle dernier (Blais et Martineau, 1955)
Figure 4.2
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
64
Le cycle des feux en Gaspésie
Cycle de
feu (ans)
Référence
Sapinière boréale
pluvieuse
400
Bélanger, 2001
Gaspésie général
200 à 500
Gauthier et al.,
2001
Basée sur des données d’archives du MRNQ1
(période de référence : inconnue)
400
MacArthur et
Gagnon, 1959
Extrapolation du territoire brûlé estimé
sur une période de temps
Roy, 1944
Extrapolation du territoire brûlé estimé
sur une période de temps
Brûlé et Fafard,
1944 (dans Anonyme, 1944)
Extrapolation du territoire brûlé estimé
sur une période de temps
Secteur
Gaspésie général
Gaspésie général
10 % en 40 ans
150
16,7 % en 25 ans
132
Estimation de l’auteur
16 milles carrés (414 398
ha) en 25 ans*
Baie des chaleurs
170 à 250
Lauzon et al.,
2007
Données d’archives et photos aériennes du
MRNQ1
(1920 à 2003); dendrochronologie (1680 à 1920)
Parc Forillon
625
Le Groupe Dryade,
1986
Registre du Ministère des Terres et Forêt (19251985) et analyse des groupements de végétation
(1846-1925)
Nouveau-Brunswick
(Canada)
340
Maine (États-Unis)
1
Tableau 4.2
estimation du cycle de feu des quatre régions écologiques de la gaspésie pour
la période 1850-1950 à partir des mentions répertoriées dans les documents
historiques.
Source
Gaspésie général
66
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
diverses estimations de la longueur du cycle de feu en gaspésie et dans les territoires
adjacents.
(nord du N-B : 230 ans,
côte est : 1000 ans)
Wein et Moore,
1977
Analyse des mentions de feux (1920 à 1975)
800
Lorimer, 1977
Analyse des «Land survey records » (1793-1827)
Données d’archives de la Direction de la conservation des forêts du ministère des Ressources Naturelles du Québec (MRNQ) (Gauthier et
al., 2001; Lauzon et al., 2007); * extrapolation faite en prenant 2 187 000 ha comme superficie.
L’estimation des cycles de feu a été réalisée pour chacune des quatre régions
écologiques de la Gaspésie (tableau 4.2), soit la région de la Côte gaspésienne (4h) et la région de la Baie des Chaleurs (4g) pour la sapinière à bouleau jaune, ainsi que la région du Massif gaspésien (5h) et la région du Haut
massif gaspésien (5i) pour la sapinière à bouleau blanc. Ces estimations ont
été réalisées à l’aide d’un inventaire le plus exhaustive possible des feux répertoriés sur le territoire (à partir de toute la documentation historique compilée). À la somme des superficies de feux mentionnées a été ajoutée une
estimation conservatrice de 1000 ha pour les mentions de grands feux dont
la superficie n’était pas notée dans les documents historiques (annexe A).
Régions
4h
4g
5h
5i
Toutes
Territoire d’intérêt
(ha)
276 719
529 711
895 272
469 552
397 872
Superficie brulée
estimée (ha)
109 760
112 313
142 972
36 900
2 171 254
Nombre de feux
inventoriés
18
26
18
6
68
Cycle estimé (ans)
252
472
626
1 272
540
N’étant pas en mesure d’estimer la superficie des petits feux mentionnés dans les
carnets d’arpentage, ces données n’ont pas été prises en compte. De plus, uniquement deux feux ont été répertoriés avant 1850 et l’estimation des cycles de
feux a été faite sur une période de 100 ans, soit entre 1850 et 1950.
Pour les deux régions écologiques de la sapinière à bouleau jaune (4h et 4g), les
nombreux feux d’origine anthropique créent une surestimation quant à l’importance des feux comme perturbation naturelle (sachant que 97 % des feux de
l’époque était considérés d’origine humaine). Le cycle de feu estimé dans ces régions est donc plus court que ce qu’il devrait être. En contrepartie, les superficies
de plusieurs grands feux répertoriés ne sont pas connues avec exactitude et leur
estimation, généralement faite à plus de 1000 ha, est conservatrice. Toutefois, le
cycle d’environ 250 ans pour la région de la Côte gaspésienne (4h) et de 470 ans
pour la région Côte de la baie des Chaleurs (4g) semblent être des estimations
minimales. Il est fort possible que le cycle de feu, excluant totalement les feux
d’origine anthropiques, soit encore plus long. Même si la durée des cycles est différente pour ces deux régions, les superficies brûlées sont approximativement les
mêmes avec environ 110 000 ha. Cette différence dans l’estimation du cycle de
feu vient du fait que la région de la Côte gaspésienne est plus petite et plus étroite
le long du littorale que la région de la Côte de la baie des Chaleurs qui est presque
deux fois plus grande. Sachant que la colonisation s’est concentrée sur les deux
premiers rangs des cantons bordant les côtes, il semble d’autant plus clair que les
feux d’origine humaine tirent la durée du cycle naturel des feux vers le bas et que
67
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Tableau 4.1
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
68
Pour les deux régions écologiques de la sapinière à bouleau blanc (5i et 5h), le
nombre d’incendies est peut-être sous-estimé. En effet, il existe peut-être un
biais dû au manque d’observations historiques pour le centre de la Gaspésie,
particulièrement pour le 19e siècle. Les cycles d’environ 625 ans pour la région
du Massif gaspésien (5h) et de 1270 ans pour la région du Haut massif gaspésien (5i) sont donc potentiellement plus courts. Toutefois, l’échantillonnage
des photos de Lesseps en 1926-1927 conforte ces estimations. En considérant qu’un feu est encore détectable par avion sur une période de 20 ans, les
cycles de feu estimés à partir des superficies brûlées sont respectivement de
583 ans et de 1242 ans pour les régions 5h (1 116,7 ha brûlés sur 32 550,8 ha
échantillonnés) et 5i (392,1 ha brûlés sur 24 342,2 ha échantillonnés). Cette
concordance des estimations laisse croire que les biais d’échantillonnage sont
mineurs. La région du Massif gaspésien (5h) est deux fois plus grande, mais
comporte quatre fois plus de superficie brûlée, d’où le cycle de feu deux fois
plus rapide (625 et 1270 ans). Cet écart peut s’expliquer par les conditions
climatiques. L’hypothèse quant à l’effet des conditions de fraîcheur et d’humidité sur la récurrence des feux (Lévesque, 1997) est en effet appuyée par
les données empiriques. Dans la région écologique du Haut massif gaspésien
(5i), où les conditions montagneuses créent un climat plus frais et humide, il y
a seulement quatre grands feux répertoriés, tandis qu’il y en a 16 répertoriés
pour la région écologique du Massif gaspésien (5h). Les photos aériennes de
Lesseps (1926-1927) montrent le même patron avec respectivement neuf et
25 observations de peuplements brûlés (1,3 % et 2,8 % des peuplements).
D’après la revue de documentations scientifiques de Ryan (2002) sur le feu
comme facteur de perturbation des forêts boréales, les conditions physiographiques influencent l’humidité et le vent, et donc influencent la probabilité
d’incendie. Cependant, il n’est pas clairement démontré que les conditions
physiographiques de la Gaspésie influencent le cycle de feu (Lauzon et al.,
2007) et les différences observées s’expliqueraient aussi par l’occurrence des
activités humaines responsables d’incendies. Cela étant, les résultats montrent clairement que pour la sapinière à bouleau blanc, le cycle de feu est très
long avec, pour les deux régions écologiques confondues, un cycle estimé à
759 ans.
Les estimations
faites pour les
quatre régions
écologiques de
la Gaspésie sont
basées sur une liste
la plus exhaustive
possible des feux
répertoriés sur le
territoire et les
résultats confortent
l’idée que, même
si le cycle de feu
est variable en
fonction du secteur
considéré, il est
toujours long.
En considérant l’ensemble du territoire d’étude, il s’avère qu’en une centaine
d’année (de 1850 à 1950), environ 1/5 du territoire a connu les flammes. Les
résultats des documents historiques colligés tendent, pour cette période d’étude,
vers un cycle se situant autour de 540 ans. Ce cycle de feu qui peut être considéré comme relativement long est une estimation minimale. Sachant que les feux
d’origine anthropique sont considérés comme responsables de la majeure partie
des incendies de la période 1850-1950, le cycle de feu estimé devrait être plus
long à cause des interactions humaines. « Il est constaté que chaque fois que l’on
défriche une acre de terre il en brûle 1 1/4, et que dans les régions colonisées,
la superficie brûlée par rapport au bois verts est 15 % plus élevée qu’ailleurs. »
(Anonyme, 1944 dans le compte rendu du 1er Congrès provincial de l’Association
forestière québécoise). De plus, il existe des variations entre la longueur des cycles
de feux successifs. Les différents cycles de feu qui se sont succédés en Gaspésie
n’ont vraisemblablement pas la même durée. L’étude d’Asnong (2000) montre
qu’effectivement, à une échelle géologique, la fréquence des feux en Gaspésie
fluctue pour un même site (de 88 à 619 ans). L’étude de Lauzon et al. (2007) soutient l’idée qu’en Gaspésie, il y a moins de feux (augmentation du cycle de feu)
depuis la fin du petit âge glaciaire (1850) à cause de masses d’air plus chaud et
humide (Bergeron et Archambault, 1993). L’influence des variations climatiques
et l’influence des feux d’origine humaine sont difficiles à différencier quant à
l’augmentation ou la diminution de la longueur du cycle de feu sur la péninsule
gaspésienne.
Les estimations faites pour les quatre régions écologiques de la Gaspésie sont basées sur une liste la plus exhaustive possible des feux répertoriés sur le territoire et
les résultats confortent l’idée que, même si le cycle de feu est variable en fonction
du secteur considéré, il est toujours long avec une durée estimée minimale de 540
ans en moyenne. En effet, même s’il n’est pas possible de savoir dans quelle proportion les feux d’origine anthropiques biaisent les estimations, ils raccourcissent
très vraisemblablement les cycles de feu calculés. Dans tous les cas, le feu est une
perturbation affectant les forêts gaspésiennes sur une longue échelle de temps.
Certain secteurs semblent épargnés des flammes au-delà de la période considérée. Par exemple, aucune mention de grand feu n’a été répertoriée pour les forêts
du canton de Percé durant le 19e siècle et la première moitié du 20e siècle. Autrement dit, il peut persister de vieilles forêts épargnées par le feu en tant que petits
îlots, mais aussi sur de très grandes zones (Gauthier et al., 2001).
69
Portrait forestier historique de la Gaspésie
ce dernier serait vraisemblablement supérieur à un demi-millénaire pour la
sapinière à bouleau jaune dans son ensemble.
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
70
En Gaspésie,
les chablis sont
considérés
partiels ou de
faible superficie
(Lévesque, 1997).
Ils créent de
petites trouées
isolées (< 0,1ha)
dans lesquelles
une régénération
naturelle peut
s’installer.
PERTURBATIONS DUES AUX CHABLIS (BOIS RENVERSÉS)
Plusieurs auteurs font état de l’importance historique des chablis dans la
dynamique naturelle des écosystèmes forestiers de la Gaspésie (Roy, 1944;
Lévesque, 1997; Ruel, 2000; Brunet, 2002; de Römer et al., 2007). Les forêts
gaspésiennes présentent des caractéristiques qui rendent les arbres susceptibles de se faire déraciner sous les effets du vent. L’abondance du sapin
(système racinaire superficiel), les fortes pentes et l’orientation des vallées
dans le sens des vents dominants rendent les forêts gaspésiennes sensibles
aux forts vents (Ruel, 1995; Ruel, 2000). Les chablis y créent donc des mosaïques forestières irrégulières possédant des trouées plus ou moins grandes
(Lévesque, 1997) avec de nouvelles conditions abiotiques (lumière, température, humidité, etc.) qui influencent la dynamique des espèces présentes.
Les données historiques relatives à l’étendue, la sévérité et la fréquence des
chablis ne sont pas assez complètes pour faire une comparaison précise entre
la sapinière à bouleau jaune et la sapinière à bouleau blanc. Les arpenteurs
relèvent uniquement neuf mentions de chablis (sur les 6559 observations
entre 1836 et 1875) pour la sapinière à bouleau jaune, alors que pour la
sapinière à bouleau blanc, 355 mentions de bois renversés sont notées (sur
les 1454 observations entre 1919 et 1940). La présence de chablis dans les
forêts de la sapinière à bouleau jaune est confirmée par d’autres types de
documents historiques et il est possible que les arpenteurs du 19e siècle y
portaient moins d’intérêt. Cependant, ces résultats pourraient s’expliquer
par une plus grande susceptibilité des forêts de la sapinière à bouleau blanc
de par des conditions plus montagneuses (plus grande exposition au vent) et
de par la forte présence du sapin (essence sensible au chablis à cause de son
système racinaire superficiel).
Superficie et sévérité des chablis en Gaspésie
En Gaspésie, les chablis sont considérés partiels ou de faible superficie (Lévesque, 1997). Ils créent de petites trouées isolées (< 0,1ha) dans lesquelles
une régénération naturelle peut s’installer (de Römer, 2005). Néanmoins, la
sévérité des chablis est variable et tous les arbres ne meurent pas nécessairement. Dans son rapport d’inspection des chablis, Gagné (1921) note qu’une
tempête survenue en 1914 dans le bassin de la rivière York (Grande-Fourche,
Mississipi) a fait tomber 448 arbres sur 926 dans un peuplement d’épinette
noire. Les documents historiques montrent que les chablis pouvaient aussi se produire sur des grandes superficies lors d’événements orageux plus exceptionnels
et mettre à terre des peuplements entiers. Webb (1957) décrit les conséquences
de fortes tempêtes de vent de 1883 et de 1927 sur les sapinières de la Gaspésie :
« The wind has the greatest single influence on the Balsam Fir forests of Gaspé.
He removes the old and defective trees in the mature and over-matures stands,
while unusual heavy storms have also caused clear or almost clear windfall of mature open stands over large areas. ». Plusieurs autres observateurs relèvent qu’effectivement, les grands renversés étaient importants dans le paysage forestier de
la Gaspésie. Par exemple, dans son rapport d’inspection des chablis du bassin de
la rivière Grand Pabos Nord, Gagné répertorie en 1920 plusieurs grands renversés
dont un de 263 ha et un de 518 ha. En Gaspésie, la taille des chablis pouvaient
varier de moins de 0,1 ha à plusieurs centaines d’hectares. L’impact des chablis
comme perturbation dépend notamment des conditions topographiques. Il est à
maintes reprises noté que les chablis sont très fréquents et violents sur les crêtes
des montagnes. L’arpenteur Painchaud écrit en 1857, pour les forêts du canton
de Malbaie : « La violence du vent fut telle que sur la butte sud des coteaux et des
montagnes, pour de grandes distances les arbres étaient tous renversés et cassés,
déracinés et culbutés les uns sur les autres, sans qu’il en restait un seul debout. »
De plus, les coupes forestières ont créé des ouvertures dans le paysage semblant
augmenter l’impact des chablis sur les forêts de bas de versant étant normalement
moins sujettes au chablis : « Partout ce sont les crêtes des montagnes qui ont été
le plus affectées d’abord, les versants n’étant réellement affectés qu’après exploitation. Alors 40 à 50 % des arbres laissés sont renversés. » (Gagné, 1920).
71
Fréquence des chablis successifs en Gaspésie
À l’échelle spatiale, l’étendue des chablis pouvait être majeure. Quelques estimations de l’étendue des chablis faites grossièrement par différents arpenteurs (par
rapport à la superficie totale d’un canton donné) montrent bien leur prédominance potentielle dans le paysage forestier : 15 % du canton de Holland (Cloutier,
1940), 25 % du canton de Joncas (Valin, 1935), 40 % du canton Catalogne (Samson, 1941) et 80 % du canton de Pellegrin (Valin, 1935). À l’échelle temporelle, il
n’est pas évident d’estimer la fréquence des chablis pour un endroit donné, mais
certains observateurs font des prédictions : « Cette forêt est plutôt jeune; car le
vieux bois est presque tout renversé. Fait remarquable, c’est que lors de l’arpen-
Portrait forestier historique de la Gaspésie
4.2
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
72
rivière Cap-Chat ont eu à souffrir surtout des attaques du dendroctone (…). Ces
épinettes offrent peu de résistance aux vents, car on y a noté un grand nombre
d’arbres cassés (66 % des arbres morts) presque tous présentant sous l’écorce
des galeries de dendroctone. » (Gobeil, 1938). « Certaines bourrasques particulières comme celles de 1912, 1914 et 1919 ont fait les plus gros dégâts (…). Le
sapin à 7 ou 8 pouces de diamètre est pour 50 % atteint de pourriture au pied. »
(Rivière Mississipi; Gagné, 1921). Les insectes et maladies qui fragilisent les arbres accentuent donc leur sensibilité au vent. À l’inverse, les chablis créés par le
vent favorisent aussi les épidémies. Par exemple, il est possible que les épidémies
du dendroctone prennent naissance dans des peuplements renversés par le vent
(Martineau, 1985) parce que les arbres encore debout sont fragilisés.
4.3
PERTURBATIONS DUES AUX INSECTES ET MALADIES
Chablis ou volis ?
La tordeuse des bourgeons de l’épinette
Dans la majorité des documents d’archives consultés, il n’est pas possible de
faire la différence entre les chablis (arbres déracinés par le vent) et les volis
(arbres brisés par le vent, le poids de la neige, etc.) puisque les arpenteurs
n’identifiaient pas l’origine de la perturbation, mais notaient plutôt ce qu’ils
observaient au moment de leur passage. Dans les carnets d’arpentage, l’expression « bois renversés » est souvent rencontrée. Ainsi, des peuplements
d’arbres tombés, ayant été notés comme « chablis » ou « renversé », pourraient être en réalité des peuplements d’arbres morts cassés à la suite du
passage d’une épidémie d’insectes. Il est fort probable que les arpenteurs ne
distinguaient pas les renversés dus au vent de ceux dus aux épidémies d’insectes (TBE, diprion, dendroctone) ou à de la pourriture au pied (champignon
pathogène). Ce phénomène pourrait tendre à surestimer l’importance des
chablis dans la dynamique naturelle. L’effet d’un arbre déraciné n’est effectivement pas le même que celui d’un arbre cassé à mi-hauteur parce que le
sol minéral est exposé ou non (implication pour la régénération des espèces).
Toutefois, les impacts des vents et des épidémies sur la dynamique de la forêt
gaspésienne sont liés. Plusieurs exemples dans les documents historiques illustrent le fait que les arbres moribonds ou morts sur pied à cause d’insectes
ou de maladie sont moins résistants au vent : « Les épinettes avoisinant la
Les épidémies de la tordeuse des bourgeons de l’épinette (Choristoneura fumiferana (Clem.)) représentent une perturbation naturelle qui a eu un effet majeur
sur les paysages forestiers gaspésiens au 20e siècle. La tordeuse des bourgeons de
l’épinette (TBE) est une espèce de papillon indigène en Amérique du Nord. La chenille s’attaque principalement aux peuplements matures de sapin baumier ainsi
que, dans une moindre mesure, aux peuplements d’épinette blanche et d’épinette noire (Martineau, 1985). La sévérité et l’étendue d’une épidémie de la TBE
sur les peuplements peuvent être très variables. L’importance de la défoliation
s’explique principalement par la proportion du sapin baumier dans le peuplement
(Bergeron et al., 1995; MacLean et MacKinnon, 1997). La mortalité des arbres
peut fluctuer de 20 à 100 % (Messier et al., 2005; D’Aoust et al., 2004; Bouchard
et al., 2005) et cet effet sur le couvert forestier est graduel étant donné que la
mortalité des arbres s’étale sur plusieurs années (Blais, 1981; MacLean, 1980). Les
sapins des peuplements matures, dont le diamètre à hauteur de poitrine est supérieur à dix cm, commenceront à mourir après quatre ou cinq ans de défoliation
et continueront à mourir graduellement pendant les dix ans suivant l’épidémie
(MacLean, 1980).
En termes de superficies affectées, les données issues des photos aériennes de
Lesseps (1926-1927) montrent qu’en Gaspésie, la taille des massifs forestiers tou-
73
Portrait forestier historique de la Gaspésie
tage par Blaicklock, il y avait beaucoup de renversés, qui dataient déjà de
quelques années, une nouvelle forêt avait alors repoussé et c’est elle qui est
maintenant renversée depuis une dizaine d’années. Ceci prouverait donc qu’à
environ tous les 60 à 70 ans, le bois renverse dans cette région. » (Cantons
Power/Laforce; Bélanger, 1938). Un autre observateur parle d’une récurrence
des chablis aux 90 ans (Canton Catalogne; Samson, 1941). Les peuplements
sensibles aux vents seraient donc en moyenne perturbés par des successions
de chablis à moins de 100 ans d’intervalle. Cette perturbation des forêts
gaspésiennes peut varier quant à sa fréquence, aux superficies atteintes, à sa
forme, à la proportion d’arbres touchés, etc. Elle joue un rôle important dans
la dynamique des forêts gaspésiennes en modifiant la structure et la composition des peuplements et en modelant les paysages. L’organisation spatiale, le
recrutement en bois morts, la prédominance du sapin et la présence d’autres
essences sont liés à ce type de perturbation.
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
74
Les épidémies de la TBE dans l’est de l’Amérique du Nord sont généralement
synchronisées et cycliques aux alentours de 30 ans à 40 ans (Royama, 1984;
Jardon et al., 2003). En Gaspésie, uniquement trois épidémies de la TBE sont
reconnues, soit celles de 1912-1919, de 1942-1958 et de 1973-1984 (Blais,
1961; Blais, 1983; Lachance et al., 1990). La première épidémie a été moins
sévère que les deux autres (Blais, 1983) et son impact plus concentré dans la
partie ouest de la Gaspésie (MRC d’Avignon) (figure 4.3) tandis que les deux
autres ont pratiquement touché l’ensemble du territoire (figures 4.4 et 4.5).
D’après Blais (1983), la péninsule gaspésienne n’a pas connu d’épidémie de
la TBE durant le 19e siècle. Toutefois, l’arpenteur F. Bélanger rapporte, en
1855, dans les cantons de Cap-Chat et de Romieu, que : « Vers 1846, une
immense quantité de mouches étrangères ont mangé la graine du sapin, ce
qui l’a fait séché et maintenant il y en a beaucoup de renversés. ». Il s’agirait
peut-être d’une épidémie de la TBE, ou d’un autre insecte, qui aurait atteint
les limites occidentales de la Gaspésie. En effet, au Bas-Saint-Laurent, la région limitrophe à la Gaspésie, les épidémies sont courantes depuis au moins
300 ans (Boulanger et Arseneault, 2004). Ces épidémies cycliques et stables
aux 40 ans, avec notamment une épidémie entre 1832 et 1845 (Boulanger
et Arsenault, 2004), appuient le fait que la TBE aurait déjà pu atteindre la
Gaspésie en 1846 tel que noté par Bélanger (1855) dans les deux cantons
limitrophes au Bas-Saint-Laurent (Cap-Chat et Romieu).
Des données dendrochronologiques non publiées (C. Krause, communication personnelle) prises sur des poutrelles de vieux bâtiments gaspésiens
témoigneraient de l’occurrence d’épidémies de la TBE entre 1834-1840 et
1870-1878, périodes correspondant aux dates épidémiques identifiées par
Boulanger et Arsenault (2004) au Bas-Saint-Laurent. Malgré le manque d’in-
formation historique, il serait effectivement étonnant que la TBE n’ait pas sévi en
Gaspésie au cours du 19e siècle, sachant que le Bas-Saint-Laurent a régulièrement
été atteint. Il se peut qu’à cette époque, le niveau d’infestation n’ait jamais été
très élevé dans la région et qu’aucune mention n’ait été colligée. Selon B. Cook
(communication personnelle), « il y a donc une absence d’évidence, mais pas évidence d’absence. »
Il y aurait eu au Québec un changement majeur dans la fluctuation des populations de la TBE depuis le début du 20e siècle (Jardon et al., 2003; Morin et al.,
2007). Au 19e siècle, les épidémies de la TBE avaient un impact plus graduel sur
les forêts et la défoliation n’était jamais présente sur l’ensemble de la province
en même temps (Morin et al., 2007). L’étendue et la sévérité des épidémies de la
TBE du 20e siècle auraient augmenté à cause de l’augmentation du sapin baumier
(Blais, 1983). Cette essence, principal hôte de la TBE, aurait été favorisée par des
facteurs humains tels que les coupes forestières (bonne régénération du sapin
après coupe), le contrôle des feux (mauvaise régénération du sapin après feu) et
les programmes d’épandage contre la TBE (maintien de la prédominance des peuplements de sapin) (Blais, 1983). Sachant qu’en Gaspésie, les programmes de lutte
contre le feu et de lutte chimique contre la TBE n’ont été mis en place que dans
la deuxième moitié du 20e siècle, la cause la plus susceptible d’expliquer la plus
forte intensité des deux dernières épidémies pourrait être l’augmentation relative
du sapin à la suite des épidémies du dendroctone (qui s’attaque particulièrement
aux épinettes) et aux coupes forestières qui ont commencé à s’intensifier au cours
de ces décennies.
À l’époque des premiers essais de lutte chimique, Daviault (1956) s’interroge sur
les raisons de la forte intensité de la deuxième épidémie qu’a connu la Gaspésie
en 1942-1958 : « Unfortunately, the outbreak has persisted much longer than
anticipated for reasons not yet explained. It is suspected that the present stands
of softwoods with their heavy mature balsam fir content are responsible for this
extensive and persistent outbreak in Gaspe. » Pour Morin et al. (2007), la prédominance des peuplements de sapin s’expliquerait aussi par la fin du petit âge
glaciaire (1850) qui aurait limité les feux en amenant des masses d’air plus chaud
et plus humide (Bergeron et Archambault, 1993) et, par conséquent, favorisé le
sapin. Dans la forêt boréale de l’ouest du Québec, il a été mis en évidence que
l’augmentation de l’abondance de sapin avec le temps depuis le dernier incendie
75
Portrait forestier historique de la Gaspésie
chés par la première épidémie connue de la TBE (1912-1919) variaient minimalement entre 6 et 404,5 ha avec en moyenne 96,1 ±15,2ha (n = 41). Cette
variabilité des superficies atteintes par la TBE est, entre autres, fonction de la
proportion de sapin dominant dans la canopée. Par conséquent, un paysage
forestier composé d’une mosaïque d’espèces hôtes et d’espèces qui ne sont
pas des hôtes de la tordeuse (autres que le sapin et les épinettes) auront plus
de chance de connaître des épidémies aux faibles impacts, sur des secteurs
plus restreints et non synchronisées dans le temps (Morin et al., 2007).
est responsable de l’augmentation de sa mortalité due à la TBE (Bergeron et
Leduc, 1998). Pour les forêts gaspésiennes, les liens entre les coupes forestières, le régime des feux, l’abondance du sapin et les cycles de la TBE restent à
être documentés et étudiés.
76
77
carte de la première épidémie de la Tbe du 20e siècle en gaspésie entre 1912-1919.
(blais, 1961)
Figure 4.4
cartes de la deuxième épidémie de la tbe du 20e siècle en gaspésie entre 1942-1958.
(lachance et al., 1990)
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Figure 4.3
Le diprion (mouche à scie) et le dendroctone
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
78
Figure 4.5
cartes de la troisième épidémie de la tbe du 20e siècle en gaspésie entre 1973-1984.
(lachance et al., 1990)
À l’échelle spatiale, il existe une certaine variation dans l’intensité des ces deux
épidémies en fonction du secteur considéré, mais il n’en reste pas moins que
toute la péninsule a été atteinte (figure 4.6). À l’échelle temporelle, les mentions
de ces épidémies entre 1924-1945 ressortent fréquemment des documents historiques. Sachant que le diprion est une espèce exotique qui a été découverte pour
la première fois en Gaspésie en 1930 (Martineau, 1985), il semble bien qu’aucune
autre épidémie n’ait eu lieu pendant la première moitié du 20e siècle. À la suite de
l’apparition d’une maladie s’attaquant à cet insecte, Gobeil (1938) s’interrogeait
sur l’éradication de cette espèce nuisible. En fait, les populations sont retombées à
des niveaux n’ayant pas d’impact économique et s’y maintiennent depuis (Martineau, 1985). Pour le dendroctone, trois épisodes épidémiques touchant particuliè-
79
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Entre les années 1924 et 1945, deux espèces d’insectes ont été responsables
d’épidémies d’envergure qui ont causé la mort massive d’épinettes. La première
est la mouche à scie de l’épinette, ou diprion européen de l’épinette (Gilpinia hercyniae (Hartig)), introduite d’Europe et retrouvée pour la première fois au Canada
en 1922 (Martineau, 1985). La deuxième est le dendroctone de l’épinette (Dendroctonus rufipennis (Kirby)) qui est natif d’Amérique du Nord. Ces deux espèces
d’insectes s’attaquent aux épinettes blanches et aux épinettes noires de tout âge,
même s’il semble que le dendroctone privilégierait les vieux peuplements d’épinette blanche (Balch, 1942a; Martineau 1985). Des épidémies ont affecté le paysage en diminuant considérablement l’abondance des épinettes (Balch, 1942a;
Balch, 1942b; Gobeil, 1938). En effet, à la suite de leurs dégâts combinés durant
les années 1930 et 1940, la mortalité des épinettes a été très importante. Pour
Gobeil, en 1938, 65 % du volume d’épinettes en Gaspésie se composait d’individus morts ou en voie de l’être. Balch (1942a) précise, pour le haut des bassins
des rivières Cascapédia et Sainte-Anne, que l’impact combiné de ces épidémies a
provoqué une mortalité de 75 % pour les épinettes blanches et de 43 % pour les
épinettes noires. L’analyse des documents historiques montre que le taux de mortalité des épinettes des différents secteurs touchés pouvait varier entre 50 % et
80 %. Uniquement en Gaspésie, les pertes de bois sont estimées à 11 millions de
mètres cubes pour le diprion (Martineau, 1985) et à 18 millions de mètres cubes
pour le dendroctone (Gobeil, 1938). La sévérité des ces épidémies sur l’épinette
blanche et noire est telle que plusieurs observateurs de l’époque s’inquiétaient
même de la disparition de ces deux espèces dans la région.
rement la Gaspésie sont rapportés par Martineau (1985). L’Est du Québec, et
plus spécifiquement les bassins des rivières Darmouth et York, furent atteints
entre 1887 et 1901. De 1915 à 1921, les mêmes territoires, avec en plus le
bassin de la rivière Saint-Jean, ont connu une deuxième épidémie. Une troisième épidémie encore plus virulente a touché toute la Gaspésie de 1924
à 1934. Aucune autre épidémie n’a été notée depuis, mis à part quelques
dommages sporadiques dans de vieux peuplements d’épinette blanche.
bles aux sapinières en partant de la Rivière à Claude jusqu’à la Rivière au Renard
(Webb, 1957). Les documents historiques rapportent qu’en un ou deux ans, 80 %
à 100 % des sapins de la partie nord-est de la Gaspésie sont morts. Aucune autre
épidémie majeure de l’arpenteuse de la pruche n’a été répertoriée au cours du 19e
siècle et du début du 20e siècle.
80
81
Figure 4.7
Figure 4.6
carte de l’épidémie de l’arpenteuse de la pruche vers 1948. (lachance et al., 1990)
carte de répartition de l’épidémie du diprion en 1943. (balch, 1942)
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
L’arpenteuse de la pruche
La Gaspésie connaît périodiquement des épidémies de l’arpenteuse de la pruche (Lambdina fiscellaria fiscellaria (Guen.)), un insecte indigène de l’Amérique du Nord (Martineau, 1985). Cet insecte s’attaque principalement au
sapin et à la pruche du Canada, mais en forte période épidémique, il peut
aussi s’attaquer à l’épinette blanche, au mélèze laricin et à quelques feuillus,
tels les bouleaux, les érables et les cerisiers (Martineau, 1985). Au Québec,
les épidémies de l’arpenteuse de la pruche sont cycliques aux 10 ans et ne
durent généralement que 3 ans (Martineau, 1985). La sévérité des épidémies
varie grandement et en Gaspésie, l’épidémie la plus notable est celle de la
fin des années 40. En effet, cet insecte a causé des dommages considéra-
« C’est ainsi que notre pin blanc, décimé jadis par la hache, est en butte maintenant avec la rouille vésiculeuse qui chaque année cause chez nous la mort peutêtre de millions de sujets et qui menace de supprimer cette essence de valeur. »
(Maher, 1950). Cette maladie originaire de l’Asie, qui est due à une espèce de
champignon nommé Cronartium ribicola J. C. Fisch., a pour la première fois été
observée au Québec en 1916 (Anonyme, 1937). La progression de l’invasion de
cette maladie en Gaspésie n’est pas connue. Toutefois toute la Gaspésie a été atteinte sans que quoi que ce soit ait été fait pour endiguer l’invasion : « The penalty
for neglect of this disease is undoubtedly the ultimate destruction of white pine
as commercial species. » (Anonyme, 1937). La sévérité de cette perturbation a été
très grande, surtout pour la régénération et les gaulis.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
La rouille vésiculeuse du pin blanc
La maladie hollandaise de l’orme
82
« (…) un champignon parasite importé d’Europe est venu semer la mort parmi les innombrables ormes qui ornent nos villes et nos campagnes et continue
ses méfaits dans la vallée du St-Laurent. » (Pomerleau, 1950 in Maher 1950).
La maladie hollandaise de l’orme fût introduite en 1944 au Québec (Allen
et Humble, 2002) et aurait été signalée pour la première fois en Gaspésie à
Grande-Cascapédia en 1973 (Anonyme, 1998). Le champignon responsable,
Ophiostoma ulmi (Buisman), semble avoir été introduit sur du bois d’orme
contaminé importé d’Europe. La dispersion et la transmission de la maladie
dépendent du transport des spores du champignon par différentes espèces
d’insectes. En Amérique du Nord, une espèce indigène de scolyte, Hylurgopinus rufipes (Eichh.), et une espèce exotique originaire d’Europe Scolytus
multistriatus (Marsh.) sont les deux principaux insectes vecteurs de la maladie
(Allen et Humble, 2002). Cette maladie exotique s’est rapidement répandue
sur pratiquement l’ensemble de l’aire de distribution de l’orme d’Amérique
et son impact fut drastique. En Gaspésie, les ormes colonisant les abords des
cours d’eau se sont sûrement raréfiés à cause des coupes, mais très vraisemblablement aussi à cause de la maladie hollandaise de l’orme. Cette perturbation d’origine biotique a donc eu un impact notable sur la composition et
la diversité des forêts gaspésiennes.
coupe dans une forêt; cette maladie est apparue à peu près simultanément en des
endroits éloignés et ne s’est pas répandue; en dehors de la zone d’exploitation
des résineux au nord de cette province, cette maladie n’existe pas;» (Pomerleau,
1950 dans Maher, 1950). De plus, il existerait un lien entre les cycles gel-dégel en
hiver et au printemps avec le dépérissement des bouleaux au cours des années
1910 à 1990 (Auclair et al., 1996). Les causes de ce phénomène ne sont toujours
pas connues et comprises, mais cette mort des bouleaux aurait eu comme conséquence de participer à l’augmentation de la proportion de sapins dans le paysage
gaspésien (Côté et al., 2008).
83
En 1948, Martineau note une mortalité du bouleau jaune et du bouleau
blanc très élevée en Gaspésie. En effet, au milieu du 20e siècle, ces deux
essences de bouleau ont connu un dépérissement important (figures 4.8 et
4.9). Par exemple, lors d’un inventaire forestier effectué par Bourget en 1945
dans les bassins des rivières York et Darmouth, plus de 90 % des bouleaux
avaient souffert de dépérissement (Brunet, 2002). Cette mortalité drastique
des bouleaux a été attribuée à un insecte ravageur, l’agrile du bouleau (Agrilus anxius, Gory). Cependant, les causes de cette brusque mortalité des bouleaux n’ont jamais été déterminées avec certitude. Des conditions abiotiques
(sécheresses prolongées, manque de neige protectrice, etc.) couplées à un
effet indirect des coupes forestières auraient été la cause du dépérissement
du bouleau dans la région : « Les symptômes de cette maladie sont ceux de la
mort en cime qui se manifeste chez les arbres laissés debout après une forte
Figure 4.8
carte du dépérissement du bouleau blanc vers 1947. (martineau, 1948)
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Le dépérissement du bouleau
4.4
LES DIVERS TYPES DE PERTURBATIONS EN GASPÉSIE
Importance relative des perturbations dans la sapinière à bouleau jaune
Figure 4.9
carte du dépérissement du bouleau jaune vers 1947. (martineau, 1948)
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
La carie rouge du sapin
Ce champignon (Setereum sanguinolentum (Alb. et Schwein.) Fr. (1838)) et
d’autres espèces causant des chancres ont eu un impact notable sur les forêts de conifères. « Ces agents de destruction, chez la plupart de nos essences résineuses, forcent chaque année notre industrie forestière à rejeter
de 10 à 20 % du bois abattu sinon davantage. » (Pomerleau, 1950 dans
Maher, 1950). La carie rouge, en particulier, induit la mortalité du sapin en
l’affaiblissant au pied, le rendant susceptible au bris par le vent (Pomerleau,
1950; Zarnovican, 1998). La susceptibilité du sapin au chablis est même plus
attribuable à l’effet de la carie rouge qu’à un ancrage superficiel de son système racinaire (Zarnovican, 1998). En Gaspésie, où les chablis et les volis
sont fréquents, plusieurs mentions de carie rouge ont été répertoriées dans
les documents historiques. Cette maladie peut même prendre d’importantes
proportions. Lors d’un inventaire forestier dans le canton de Catalogne en
1941, il y est noté que 25 % des sapins étaient atteints par la carie rouge
(Samson, 1941).
85
Importance relative des perturbations dans la sapinière à bouleau blanc
Pour la sapinière à bouleau blanc, il est possible d’estimer l’importance relative
des divers types de perturbations (tableaux 4.3 et 4.4) à partir des données des
carnets d’arpentage (1919-1940) et de la photo-interprétation des images de
Lesseps (1926 et 1927).
Portrait forestier historique de la Gaspésie
84
Pour la sapinière à bouleau jaune, très peu de renseignements concernant les
perturbations ont été colligés dans les carnets d’arpentage du 19e siècle. De plus,
ce territoire, correspondant globalement à la forêt privée et aux terres colonisées,
a connu trop de perturbations humaines au cours du 20e siècle (défrichage, feux
d’abattis et coupes) pour pouvoir refléter le régime des perturbations naturelles.
Il n’est donc pas possible d’estimer l’importance relative de chacun des types
de perturbations affectant le paysage forestier de la sapinière à bouleau jaune.
Cependant, d’après l’ensemble des sources d’information historique, les chablis
étaient fréquents sur les hauts versants, les épidémies d’insectes pouvaient avoir
des impacts majeurs et les feux pouvaient couvrir de large territoire. D’après Gagné (1920), dans le bassin de la rivière Grand Pabos, « il est certain que 20 % des
bois qui sont bons actuellement seront rejetés comme rebus dus aux chablis en
plus de 5 % qu’on pourra attribuer au feu. ». Cet exemple n’est pas généralisable
quant à l’importance relative des divers types de perturbations, mais il illustre bien
la préoccupation des forestiers de l’époque quant aux pertes de bois. Les chablis
et les épidémies d’insectes étaient historiquement importants dans la sapinière à
bouleau jaune gaspésienne. L’origine certainement anthropique des feux répertoriés ne permet pas de statuer sur leur importance en tant que perturbation naturelle dans ces écosystèmes forestiers. Aujourd’hui, les perturbations sont toujours
des éléments déterminants de la dynamique forestière de la sapinière à bouleau
jaune en termes de structure, de composition et d’organisation spatiale.
Région
écologique
Coupe
Bois
renversé
(chablis et
volis)
Massif gaspésie (5h)
3,4 %
23,8 %
0,3 %
11,4 %
38,8 %
1161
Haut massif gaspésie
(5i)
0,7 %
14,0 %
0,7 %
0,7 %
16,2 %
563
Tableau 4.4
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
86
Proportion de la forêt pour chaque type de perturbations estimée à partir des
carnets d’arpentage du 20e (1919-1940) et exprimée en ratio du nombre de mentions
pour les régions 5h et 5i.
Insectes
Feux
Total
n=
Proportion de la forêt pour chaque type de perturbations estimée à partir des photos
aériennes de Lesseps (1926-1927) et exprimée en ratio de surface pour les régions 5h
et 5i.
Bois
renversé
(chablis et
volis)
Insectes
6,1 %
0%
26,2 %
3,4 %
35,7 %
9,3 %
<0,1 %
24,8 %
1,6 %
35,7 %
Région
écologique
Coupe
Massif gaspésie (5h)
Haut massif gaspésie
(5i)
Feux
bles de la perturbation d’environ un quart du paysage forestier. Quant au feu, son
importance est relativement moindre avec 3,4 à 11,4 % des observations.
Pour la région écologique du Haut massif gaspésien (5i), l’estimation de la proportion du paysage forestier perturbé varie de 16,2 à 35,7 %. D’après les carnets
d’arpentage, il n’y avait presque pas de coupes forestières (0,7 %), alors que les
photos aériennes montrent que 9,3 % de la superficie étaient déjà coupés. Il
s’agirait peut-être d’un biais dû à la répartition des territoires échantillonnés. Les
territoires centraux de la péninsule étaient moins sujets à avoir connu des coupes
à l’époque. En excluant les coupes forestières, l’estimation des perturbations naturelles serait plus précise en se situant entre 15,5 et 26,5 % du paysage forestier
pour cette région écologique plus montagneuse du centre de la Gaspésie. Les feux
y contribuaient de façon mineure (0,7 à 1,6 %) tandis que les épidémies et/ou les
renversés comptabilisaient entre 14,7 à 24,8 % des perturbations (dépendamment de la méthode d’échantillonnage). Là encore, il n’est pas possible de faire la
part entre ces deux types de perturbations en termes d’importance relative.
Total
Les deux méthodes d’échantillonnage, les mentions des carnets d’arpentage
et les superficies des photos aériennes montrent que 35,7 à 38,8 % des
forêts de la région écologique du Massif gaspésien (5h) comportent des signes de perturbations récentes. L’exploitation forestière dans cette partie du
centre de la péninsule gaspésienne était peu avancée avant 1940 avec 3,4 à
6,1 % de la superficie affectée par les coupes. Pour les renversés, les arpenteurs confondaient très certainement l’origine de la mortalité des arbres directement par le vent avec celle due aux insectes (chablis et volis confondus).
De même, les peuplements qualifiés comme étant affectés par les épidémies
d’insectes sur les photos aériennes de Lesseps seraient confondus en partie
avec des peuplements affectés par des chablis (biais lors de la photo-interprétation). Dépendamment de la méthode considérée, ce sont donc les bois
renversés (23,8 %) et/ou les épidémies d’insectes (26,2 %) qui sont responsa-
En Gaspésie, les épidémies d’insectes, les chablis et les feux occupaient dans leur
ensemble environ 25 % du paysage de la sapinière à bouleau blanc. Contrairement
à la forêt boréale de l’ouest, la forêt gaspésienne est principalement composée
d’une sapinière boréale humide et il est compréhensible que le feu n’y soit pas une
perturbation majeure. Les données historiques montrent que les feux comptaient
pour environ 1 % (0,7 à 1,6 %) des perturbations de la région écologique du Haut
massif gaspésien (5i). Par contre, les feux représentaient entre 3,4 % et 11,4 %
des perturbations de la sapinière à bouleau blanc plus à l’est (région écologique
5h) et pourraient notamment jouer un rôle dans la dynamique de l’épinette noire
de certains secteurs. Les feux étaient indéniablement présents en Gaspésie et le
fait qu’ils soient peu fréquents, mais qu’ils puissent couvrir de grands territoires
(Lauzon et al., 2007) pourrait expliquer cette variation observée entre les régions
écologiques. Toutefois, ce sont les chablis et les épidémies de la TBE qui façonnaient le plus les paysages forestiers des sapinières boréales humides (Bélanger,
2001) et les données historiques compilées pour la Gaspésie confirme ce patron
de perturbation. Les chablis formaient une perturbation historiquement importante tandis que les épidémies de la TBE auraient surtout été majeures au 20e siècle.
Les épidémies de la TBE seraient même devenues plus importance que les renversés dans certains secteurs (Levesque, 1997) alors que pour d’autres, comme la
87
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Tableau 4.3
côte nord gaspésienne, les chablis seraient encore prépondérants (Desponts
et al., 2004). Même s’il n’est pas possible d’établir clairement l’importance
relative de chacun, les chablis et les épidémies couvraient à eux deux 15 à
25 % du paysage forestier pour l’ensemble de la sapinière à bouleau blanc
gaspésienne. Dans une région avec un cycle de feu relativement long, les
principaux moteurs de la dynamique forestière sont effectivement les chablis
et les épidémies d’insectes (Gauthier et al., 2001).
4.5 SYNTHÈSE DU CHAPITRE « historique des
PERTURBATIONS NATURELLES EN GASPÉSIE »
88
Il est indispensable de connaître le régime des perturbations naturelles avec
ces variations en termes de superficies atteintes, de fréquence et de sévérité pour comprendre leur impact sur la dynamique des forêts. Les données
historiques compilées ont permis de dresser un portrait des perturbations
majeures sévissant dans la région.
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Pour les feux, les cinq incendies exceptionnels répertoriés (> 10 000 ha) représentaient 77 % des superficies brûlées entre le milieu du 19e et le milieu
du 20e siècle. Dans les deux régions de la sapinière à bouleau jaune, le cycle
de feu est estimé à 250 et 470 ans, tandis qu’il est beaucoup plus long dans
les régions de la sapinière à bouleau blanc avec 625 et 1270 ans. Une incertitude importante subsiste quant à l’effet anthropique sur la récurrence des
feux. Ayant réalisé un inventaire le plus complet possible des feux en Gaspésie (annexe A), il est raisonnable de penser que les cycles de feux pour les
quatre régions écologiques sont encore plus long.
Les chablis étaient souvent localisés, mais ils pouvaient aussi sévir sur plusieurs centaines d’hectares comme, notamment, sur les crêtes des collines
exposées au vent. Certains observateurs avancent que le cycle des chablis
pour ces peuplements sensibles est de moins de 100 ans. Il est cependant
difficile de quantifier les superficies affectées par cette perturbation, compte
tenu du fait que les documents historiques ne permettent pas de distinguer
les chablis des volis.
L’importance
relative des types
de perturbations,
ainsi que leurs
interactions
possibles,
influencent donc la
dominance ou la
rareté de certaines
espèces, le stade
de développement
des forêts,
l’organisation de la
mosaïque forestière
à l’échelle du
paysage, ou encore
la structure interne
des peuplements.
Pour la tordeuse des bourgeons de l’épinette, trois épidémies majeures sont reconnues au 20e siècle pour la Gaspésie. Aucune n’est clairement documentée
pour le 19e siècle malgré que le Bas-Saint-Laurent, région limitrophe à la Gaspésie, ait connu des épidémies aux 40 ans depuis au moins le 17e siècle (Boulanger et Arsenault, 2004). D’autres insectes et maladies importantes ont sévi sur le
territoire gaspésien : une épidémie du diprion (mouche à scie) et une épidémie
du dendroctone ont dévasté la grande majorité des épinettes durant les années
1924-1945; le pin blanc, déjà très atteint par les coupes d’écrémage, a eu à subir
la rouille vésiculeuse et les ormes d’Amérique, la maladie hollandaise de l’orme.
D’autres facteurs de mortalité restent non identifiés dans le cas du dépérissement
du bouleau blanc et du bouleau jaune dans les années 1940.
Il est estimé que le paysage forestier historique de la Gaspésie était composé de
15 à 35 % de peuplements touchés par des perturbations dont les deux majeurs
étaient les épidémies et/ou les chablis. L’importance relative des types de perturbations, ainsi que leurs interactions possibles, influencent donc la dominance ou la
rareté de certaines espèces, le stade de développement des forêts, l’organisation
de la mosaïque forestière à l’échelle du paysage, ou encore la structure interne des
peuplements. Autrement dit, la composition, la structure et le fonctionnement
des écosystèmes forestiers préindustriels de Gaspésie dépendent grandement des
perturbations naturelles.
89
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Dans une région
avec un cycle de
feu relativement
long, les principaux
moteurs de
la dynamique
forestière sont
effectivement
les chablis et
les épidémies
d’insectes
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Année
Lieu
Superficie
Source
1867
Canton de Cherbourg à Mont-Louis : depuis l’Anse à la Croix
jusqu’à la rivière Lapierre, origine de feux de colons
> 80 000 ha sur
environ 110 km
Annett, 1867
vers 1884
à 1892
Canton de Cloridorme; « Feu de la Saint-Pierre » de Petite-Vallée à Grand-Étang (année inconnue); un feu de Pointe-à-la-Frégate à Petite-Anse en 1884; un feu de 1892 « détruisit ce que
les premiers avaient épargné », origine de colons
>1000 ha (estimation)
Lescelleur, 1965
avant 1938
Cantons de Denoué/Rivière-de-la-Madeleine, plusieurs feux
(entre 1877 et 1938)
1800 ha
Guay, 1938
1903
Canton de Cloridorme, deux feux
777 et 3108 ha
Blouin, 1903
1921
Canton de Galt; une partie du feu du bassin de la rivière York
(21 132 ha)
1957 ha
Ministère des Ressources naturelles et
de la Faune (MRNF)
1932
Canton de Tourelle, sur le 1er et le 2e Rang
216 et 780 ha
Anonyme, 1932
1934
Canton de Tourelle
607 et 908 ha
MRNF
1934
Canton de Fox
899 ha
MRNF
1935
Canton de Cap-des-Rosiers
3529 ha
MRNF
1935
Canton de Romieu
1110 ha
MRNF
1935
Canton de Romieu
3644 ha
MRNF
1941
Canton de Romieu
902 ha
MRNF
1941
Canton de Romieu
692 ha
MRNF
1944
Cantons de Romieu/Cap-Chat
2984 ha
MRNF
1949
Canton de Cap-Chat
1438 ha
MRNF
1934 à 1947
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3409 ha
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97
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
vice canadien des forêts, n.3, 2 pages.
RÉGION ÉCOLOGIQUE 4G : CÔTE DE LA BAIE DES CHALEURS
RÉGION ÉCOLOGIQUE 5H : MASSIF GASPÉSIEN
Lieu
Superficie
Source
1833
Bassin de la rivière Bonaventure, deux premiers milles à l’est
± 1000 ha (estimation)
Hamel, 1833
1859
Canton de la Baie-de-Gaspé-Sud, les trois premiers rangs (partie
sud-ouest du canton) ont été ravagés à différentes périodes
> 1000 ha (estimation)
Painchaud, 1859
environ 1870
Canton York, feu commençant à un demi-mille au sud de la rivière
York qui a brulé tous les environs du bassin de Gaspé
Année
Lieu
Superficie
1845
Bassin de la rivière Saint-Jean (presque toute la partie de la
rivière qui coule entre les montagnes et la contrée orientale
située entre le mont Alexandre et les Fourches supérieures)
Très grande superficie
Estimation? >1000 ha
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Murray, 1845 dans
Anonyme, 1889
> 1000 ha (estimation)
Bourget, 1906
1866
Bassin de la rivière Grande-Vallée-des-Monts : vieux brûlé à
partir du coin sud-ouest vers la rivière Darmouth
± 1000 ha (estimation)
Blaiklock, 1866
(le rang 2 aurait déjà brûlé avant 1852 d’après Blaiclock, 1852)
98
(estimation)
Source
1852
Canton de Douglas, le 2e Rang a brûlé plusieurs fois
> 1000 ha (estimation)
Blaiklock, 1852
1894
Bassin de la rivière Nouvelle : grand feu
> 1000 ha (estimation)
Bureau, 1897
1873
Cantons de Grand-Pabos/Newport, ligne entièrement brûlée,
feux successifs
> 1000 ha (estimation)
Anonyme, 1889
1909
Bassin de la rivière Bonaventure, 153 000 arbres brûlés,
origine colons
> 1000 ha (estimation)
Anonyme, 1939
1874
Canton de Carleton, plusieurs lots sur les rangs 3 et 4 ont brûlé
(feu de 5 km)
± 1000 ha (estimation)
Anonyme, 1889
1912
Canton de Richard; bassin de la rivière Grande Cascapédia, le
feu et le vent ont dénudé les montagnes près des ruisseaux de
l’Indien et Brandy
> 1000 ha (estimation)
Roy, 1912
1877
Canton de Cox, feu passé à plusieurs reprises sur le 1er Rang
> 1000 ha (estimation)
Anonyme, 1889
1915
Canton de Lefrançois, bassin de la rivière Madeleine
12 950 ha
Leclerc, 1917
1895
Canton de Matapédia, feux en plusieurs endroits
± 1000 ha (estimation)
Bureau, 1895
MRNF
± 5000 ha (estimation)
Roy, 1899
Cantons de Baillargeon, de Laforce, de Larocque; une partie du
feu du bassin de la rivière York de 1921 (21 132 ha), atteint la
rivière Saint-Jean
11 650 ha
1899
Canton de Cox, vaste étendue du 1 au 5 Rang (de la rivière
Bonaventure à hauteur de New Carlisle), pays brûlé
1921
1900
Canton d’Hamilton, grands feux dans cette région
> 1000 ha (estimation)
Leclerc, 1935
1924
100 289 ha
MRNF
1901
Canton de New Richmond; entièrement brûlé entre la rivière
Grande Cascapédia et le ruisseau Jonathan
Canton de Mourier, de Vondenvelden, de Reboul, de Guéguen,
de Garin, d’Honorat, de Weir et de Randin; une partie du feu du
bassin de la rivière Bonaventure de 1924 (158 459 ha)
± 1000 ha (estimation)
Anonyme, 1908
1926
Cantons de Vondenvelden/Sirois
930 ha
Photo Lesseps
1906
Canton de Malabaie, plusieurs endroits des 3e et 4e Rangs
± 1000 ha (estimation)
Bourget, 1906
1926
Cantons de Champou/Fletcher
693,4 ha
Photo Lesseps
1908
Canton d’Hope, dommages considérables, origine colons
± 1000 ha (estimation)
Anonyme 1939
1932
> 1000 ha (estimation)
Bélanger, 1932
1920
Canton de Grand-Pabos, rang 4 brûlé et autres rangs atteints
> 1000 ha (estimation)
Doyon, 1920
Canton de Lefrançois, les lignes du canton sont brûlées en de
multiples endroits
1921
Cantons de Laforce et de Baillargeon; une partie du feu du bassin
de la rivière York (21 132 ha)
7199 ha
MRNF
1934
Cantons de Grand-Pabos, de Pellegrin et de Randin, sept feux
estimés à moins de 500 ha traversant les lignes de cantons
< 3500 ha (estimation)
Joncas et Malouin,
1934
Cantons de Cox et d’Hope; feu du bassin de la rivière
Bonaventure de 1923
1938
Canton de Fletcher; bassin de la rivière York
4839 ha
MRNF
1923
17 595 ha
MRNF
1934
Canton de Lefrançois
1119 ha
MRNF
1924
Cantons de Cox, d’Hope, de Garin, d’Honorat et de Weir; une
partie du feu du bassin de la rivière Bonaventure de 1924
(158 459 ha)
58 170 ha
MRNF
1935
Cantons de Randin/Pellegrin
3681 ha
MRNF
1935
Canton de Douglas
515 ha
MRNF
1941
Canton de Denoué
725 ha
MRNF
1935
Cantons Grand de Pabos/Newport
1892 ha
MRNF
1941
Cantons de Vondenvelden, de Gastonguay, de Sirois et de
Fletcher; une partie du feu du bassin de la rivière York de 1941
(35 991 ha)
9650 ha
MRNF
1921 à 1941
Somme de quatre feux de moins de 500 ha
895,4 ha
MRNF et
photos Lesseps
er
e
1935
Canton de Cox
582 ha
MRNF
1935
Cantons de Mann/Ristigouche
1356 ha
MRNF
1939
Canton de Matapédia
884 ha
MRNF
1944
Cantons de Nouvelle/Carleton
2658 ha
MRNF
1945
Cantons de Nouvelle/Carleton
714 ha
MRNF
1945
Canton de Garin
700 ha
MRNF
1945
Cantons de Cox/Garin
889 ha
MRNF
1935 à 1947
Somme de 14 feux de moins de 500 ha
2159 ha
MRNF
99
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Année
RÉGION ÉCOLOGIQUE 5I : HAUT MASSIF GASPÉSIEN
Chapitre 5
Année
Lieu
Superficie
Source
1885
Canton de Gravier; bassin de la rivière Grande Cascapédia
7000 ha
Samson, 1941
La composition préindustrielle des forêts de la Gaspésie
1915
Canton de Lefrançois, une partie du feu du bassin de la
rivière Madeleine
1455 ha
Photos Lesseps
Rédaction : Annie Malenfant, ing. f.
1932
Cantons de Boisbuisson et de Deslandes, beaucoup de brûlis
± 1000 ha (estimation)
De la Chevrotière,
1932
1941
Canton de Sirois, de Fletcher, d’Holland, de Walbank, et de
Gastonguay; une partie du feu du bassin de la rivière York de
1941 (35 991 ha)
26 341 ha
MRNF
Somme de cinq feux de moins de 500 ha
1104,3 ha
1926 et 1945
MRNF et photos
Lesseps
Table des matières
5.0 mise en contexte du chapitre
« composition préindustrielle des forêts de la Gaspésie ».....................................................105
5.1 méthodologie spécifique
5.1.1 Type de couvert........................................................................................................................ 105
5.1.2 Richesse spécifique................................................................................................................... 106
Richesse totale......................................................................................................................... 106
Richesse moyenne.....................................................................................................................106
5.1.3 Abondance relative des espèces............................................................................................106
5.1.4 Fréquence des espèces.............................................................................................................107
100
5.1.5 Dominance relative des espèces............................................................................................ 107
Dominance régionale (à l’échelle du paysage)...................................................................107
Dominance locale ( à l’échelle du peuplement)..................................................................108
101
5.1.6 Associations d’espèces............................................................................................................108
5.2 résultats pour la région écologique côte gaspésienne (4h)........................................... 109
5.2.1 Type de couvert........................................................................................................................ 109
5.2.2 Richesse spécifique................................................................................................................... 110
Richesse totale......................................................................................................................... 110
Richesse moyenne.....................................................................................................................110
5.2.3 Abondance relative des espèces............................................................................................111
5.2.4 Fréquence des espèces.............................................................................................................113
5.2.5 Dominance relative des espèces.............................................................................................113
5.2.6 Associations d’espèces............................................................................................................114
5.3.1 Type de couvert........................................................................................................................ 116
5.3.2 Richesse spécifique................................................................................................................... 118
Richesse totale......................................................................................................................... 118
Richesse moyenne.................................................................................................................... 118
5.3.3 Abondance relative des espèces............................................................................................118
5.3.4 Fréquence des espèces.............................................................................................................119
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
5.3 résultats pour la région écologique côte baie-des-chaleurs (4g)................................ 116
5.4 synthèse et constats des régions écologiques de la sapinière
à bouleau jaune.................................................................................................................... 124
5.5 résultats pour la région écologique massif gaspésien (5h)................................... 131
5.5.1 Type de couvert............................................................................................................... 131
5.5.2 Richesse spécifique.......................................................................................................... 133
Richesse totale................................................................................................................ 133
Richesse moyenne............................................................................................................133
tableau 5.5
Associations entre taxons, illustrées par l’indice de Sorenson (C), du portrait forestier
historique 1839-1871 dans la région écologique 4h.......................................................................115
tableau 5.6
5.5.3 Abondance relative des espèces...................................................................................133
5.5.4 Fréquence des espèces....................................................................................................135
tableau 5.7
5.5.5 Dominance relative des espèces................................................................................... 135
Richesse moyenne et répartition (%) des points d’observation en fonction du nombre de
taxons arborescents mentionnés dans la région écologique 4g............................................... 118
5.6 résultats pour la région écologique haut massif gaspésien (5i).......................... 138
5.6.1 Type de couvert............................................................................................................... 138
5.6.2 Richesse spécifique.......................................................................................................... 139
Richesse totale................................................................................................................ 139
Richesse moyenne............................................................................................................139
5.6.3 Abondance relative des espèces...................................................................................139
5.6.4 Fréquence des espèces....................................................................................................140
5.6.5 Dominance relative des espèces....................................................................................141
5.6.6 Associations d’espèces...................................................................................................141
5.7 synthèse et constats des régions écologiques de la sapinière
à bouleau blanc.................................................................................................................... 144
Bibliographie de la section
« composition préindustrielle des forêts de la gaspésie »......................................148
liste des tableaux
tableau 5.1
Dénomination du type de couvert en fonction des taxons dominants mentionnés
pour chaque point d’observation dans les carnets d’arpentage....................................... 106
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Abondance relative, fréquence et dominance régionale et locale des taxons pour la période 1839-1871 dans la région écologique 4h................................................................................... 112
Répartition (%) des types de couvert (résineux, mélangé, feuillu) en fonction des deux ou
trois premiers taxons mentionnés dans les observations des carnets d’arpentage dans la
région écologique 4g............................................................................................................................117
5.5.6 Associations d’espèces...................................................................................................136
102
tableau 5.4
tableau 5.2
Répartition (%) des types de couvert (résineux, mélangé, feuillu) en fonction des deux
ou trois premiers taxons mentionnés dans les observations des carnets d’arpentage
dans la région écologique 4h.................................................................................................... 110
tableau 5.3
Richesse moyenne et répartition (%) des points d’observation en fonction du nombre
de taxons arborescents mentionnés dans la région écologique 4h................................ 111
tableau 5.8
Abondance relative, fréquence et dominance régionale et locale des taxons pour la période 1836-1875 dans la région écologique 4g...................................................................................122
tableau 5.9
Associations entre taxons, illustrées par l’indice de Sorenson (C), du portrait forestier
historique 1836-1875 dans la région écologique 4g.......................................................................123
tableau 5.10
103
Répartition (%) des types de couvert (résineux, mélangé, feuillu) en fonction des deux ou
trois premiers taxons mentionnés dans les observations des carnets d’arpentage et de la
photo-interprétation des mosaïques de Lesseps dans la région écologique 5h........................ 132
tableau 5.11
Richesse moyenne et répartition (%) des points d’observation en fonction du nombre de
taxons arborescents mentionnés dans la région écologique 5h............................................... 133
tableau 5.12
Abondance relative, fréquence et dominance régionale et locale des taxons pour la
période 1919-1938 dans la région écologique 5h.............................................................................134
tableau 5.13
Associations entre taxons, illustrées par l’indice de Sorenson, du portrait forestier
historique 1919-1938 dans la région écologique 5h.......................................................................137
tableau 5.14
Répartition (%) des types de couvert (résineux, mélangé, feuillu) en fonction des deux ou
trois premiers taxons mentionnés dans les observations des carnets d’arpentage et de la
photo-interprétation des mosaïques de Lesseps dans la région écologique 5i......................... 139
tableau 5.15
Richesse moyenne et répartition (%) des points d’observation en fonction du nombre de
taxons mentionnés dans la région écologique 5i.......................................................................... 140
Portrait forestier historique de la Gaspésie
5.3.5 Dominance relative des espèces....................................................................................120
5.3.6 Associations d’espèces...................................................................................................121
tableau 5.16
Abondance relative, fréquence et dominance régionale et locale des taxons pour la
période 1919-1940 dans la région écologique 5i .................................................................... 142
Associations entre taxons, illustrées par l’indice de Sorenson, du portrait
forestier historique 1919-1940 de la région écologique de la sapinière à bouleau
blanc 5i ........................................................................................................................................... 143
5.0 MISE EN CONTEXTE DU CHAPITRE « COMPOSITION PRÉINDUSTRIELLE DES FORÊTS DE LA GASPÉSIE »
La composition végétale interpelle la diversité et la proportion relative des essences d’arbres tant au sein des peuplements qu’à l’échelle des paysages (VaradySzabo et al., 2008). Pour en témoigner, ce chapitre documente six variables, à
savoir : 1) le type de couvert, 2) la richesse spécifique, 3) l’abondance relative des
espèces 4) la fréquence des espèces 5) la dominance relative des espèces ainsi
que 6) l’association des espèces. Les résultats obtenus en regard de la composition forestière sont principalement issus du traitement des points d’observation
des carnets d’arpentage et sont présentés par région écologique aux périodes
de référence convenues pour cette étude. Pour tout le chapitre, le terme « taxon
» sera utilisé afin de désigner une espèce ou un groupe d’espèces possédant en
commun certains caractères taxinomiques.
liste des figures
figure 5.1
Répartition (%) des types de couvert (résineux, mélangé, feuillu) en fonction des deux
ou trois premiers taxons mentionnés dans les observations des carnets d’arpentage
dans la région écologique 4h.................................................................................................... 109
figure 5.2
104
Répartition (%) des types de couvert (résineux, mélangé, feuillu) en fonction
des deux ou trois premiers taxons mentionnés dans les observations des carnets
d’arpentage dans la région écologique 4g............................................................................. 117
figure 5.3
Équarrissage du pin, 1851 (source : Archives publiques de l’Ontario)................................. 126
5.1
figure 5.4
5.1.1 Type de couvert
Mont-Louis, 1927 - Défrichage des terres le long du littoral et de la plaine alluviale
de la rivière Mont-Louis (source : Bibliothèques et Archives du Québec)............................ 129
figure 5.5
Baie du Petit-Pabos, 1927 - Défrichage des terres le long du littoral et de la plaine
alluviale de la rivière Petit-Pabos (source : Bibliothèques et Archives du Québec)........... 129
figure 5.6
Carleton, 1927 - Défrichage des terres le long du littoral (source : Bibliothèques
et Archives du Québec).................................................................................................................. 130
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
figure 5.7
Répartition (%) des types de couvert (résineux, mélangé, feuillu) en fonction des
deux ou trois premiers taxons mentionnés dans les observations des carnets
d’arpentage et de la photo-interprétation des mosaïques de Lesseps dans la
région écologique 5h................................................................................................................... 132
figure 5.8
Répartition (%) des types de couvert (résineux, mélangé, feuillu) en fonction des
deux ou trois premiers taxons mentionnés dans les carnets d’arpentage et de la
photo-interprétation des mosaïques de Lesseps dans la région écologique 5i................. 138
MÉTHODOLOGIE SPÉCIFIQUE
105
La Norme de cartographique écoforestière québécoise (Gouvernement du Québec, 2003) distingue trois grands types de couvert forestier : résineux (R), mélangé (M) et feuillu (F). Leur attribution est fonction du pourcentage de la surface
terrière du peuplement qui est occupé par les essences résineuses (R = plus de
75 % de la surface terrière est résineuse, M = moins de 75 % mais plus de 25 %
de la surface terrière est résineuse, F = moins de 25 % de la surface terrière est
résineuse).
Comme les informations portant sur la surface terrière ne sont pas disponibles
dans les carnets d’arpentage et les premières photos aériennes de la Gaspésie,
le type de couvert a été nommé selon deux autres méthodes. Dans un premier
temps, le type de couvert a été déterminé à partir du nom de groupe (feuillu ou
résineux) des taxons dominants pour chaque observation des carnets d’arpentage (tableau 5.1.). Les deux premiers taxons ont d’abord été utilisés, puis les
trois premiers. Dans un deuxième temps, les données descriptives provenant de
la photo-interprétation des premières photos aériennes de la Gaspésie ont été
utilisées directement (voir chapitre 3 Matériel et méthodes).
Portrait forestier historique de la Gaspésie
tableau 5.17
dénomination du type de couvert en fonction du nom de groupe (feuillu ou résineux)
des taxons dominants mentionnés pour chaque point d’observation dans les carnets
d’arpentage.
Type de couvert
Résineux
Mélangé
Feuillu
Deux premiers taxons
r-r
r-f,f-r
f-f
Trois premiers taxons
r-r-r
r-r-f, r-f-r, f-r-r,
f-f-r, f-r-f, r-f-f
f-f-f
5.1.2 Richesse spécifique
106
La richesse spécifique est une mesure de la biodiversité de tout ou d’une partie
d’un écosystème; elle désigne le nombre d’espèces présentes dans l’espace
considéré. Elle peut s’exprimer en richesse totale ou en richesse moyenne.
Richesse totale
La richesse totale correspond au nombre total d’espèces présentes dans
un biotope donné ou une station donnée. Dans le cadre du présent travail,
la richesse totale est exprimée en nombre total de taxons répertoriés dans
l’ensemble des points d’observation des carnets d’arpentage.
Richesse moyenne
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
La richesse moyenne correspond au nombre moyen d’espèces présentes dans
les échantillons d’un peuplement étudié, comme les points d’observation des
carnets d’arpentage. Dans le cadre du présent travail, la richesse moyenne est
exprimée en nombre moyen de taxons mentionnés par point d’observation.
5.1.3 Abondance relative des espèces
Afin de déterminer si un taxon donné est commun dans le paysage, l’abondance
relative des espèces a été calculée à partir de tous les points d’observation des
carnets d’arpentage. Considérant que chaque point d’observation contient
une ou plusieurs mentions de taxons, on détermine l’abondance relative en
divisant le nombre total de mentions pour un taxon donné par le nombre
total de mentions, tous taxons confondus (Scull et Richardson 2007).
5.1.4 Fréquence des espèces
La fréquence détermine la distribution géographique de chaque taxon. Considérant que chaque point d’observation contient une ou plusieurs mentions de
taxons, on détermine la fréquence en divisant le nombre total de mentions pour
un taxon donné par le nombre total de points d’observation (Scull et Richardson
2007).
5.1.5 Dominance relative des espèces
Tel que mentionné précédemment, chaque point d’observation compilé depuis
les carnets d’arpentage contient une ou plusieurs mentions de taxons. Pour un
point d’observation donné, l’importance relative des taxons correspond à l’ordre
dans lequel ils sont mentionnés. Prenons le point d’observation suivant à titre
d’exemple : « sapin, épinette, merisier ». Dans ce point d’observation, il y a trois
mentions, indiquant la présence de trois taxons dans le peuplement, où le sapin
baumier est le plus abondant (premier rang), suivi des épinettes (deuxième rang),
et finalement du bouleau jaune (troisième rang). Le traitement de ces points
d’observation à l’aide des rangs vient préciser le rôle joué par chacun des taxons
dans la communauté végétale. Il peut ainsi nous donner deux niveaux d’information en regard de la dominance, soit la dominance régionale (à l’échelle du
paysage) et la dominance locale (à l’échelle du peuplement).
107
Dominance régionale (à l’échelle du paysage)
L’indice de dominance régionale indique quel taxon est le plus fréquemment retrouvé dans un rang donné (six rangs utilisés) dans le paysage. Cet indice indique
pour un taxon donné, trouvé pour une position de rang donnée, son importance
par rapport à toutes les observations.
Pour l’obtenir, on fait la sommation du nombre de fois qu’un taxon est au rang
un et on la divise par la sommation du nombre total d’observations (Scull et Richardson 2007). On répète le calcul pour le rang deux en faisant la sommation du
nombre de fois que le taxon est au rang deux en la divisant par le nombre d’observations comprenant au moins deux mentions. On répète le calcul pour le rang
trois en faisant la sommation du nombre de fois que le taxon est au rang trois
en la divisant par le nombre d’observations comprenant au moins trois mentions,
etc., jusqu’au sixième rang, et pour chaque taxon.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Tableau 5.1
Dominance locale (à l’échelle du peuplement)
L’indice de dominance locale indique le rang le plus fréquemment occupé
pour un taxon donné parmi les observations dont il fait partie (lorsqu’on le
retrouve en peuplement). Cet indice indique quel rang, parmi les six positions
de rang possibles, est le plus souvent occupé par un taxon donné. Pour l’obtenir, on fait la sommation du nombre de fois qu’un taxon donné est classé
en rang un et on la divise par la sommation du nombre d’observations qui
inclut une mention du taxon en question (Scull et Richardson 2007). On répète le calcul pour les six rangs et pour chaque taxon.
Les taxons qui sont mentionnés dans moins de cinq observations ne sont pas
en nombre suffisant pour définir correctement quelle position de rang est la
plus fréquemment occupée.
RÉSULTATS RÉGION ÉCOLOGIQUE CÔTE GASPÉSIENNE (4H)
L’échantillonnage pour cette région écologique provient exclusivement des carnets d’arpentage et comprend 2916 points d’observation qui totalisent 11 372
mentions de taxons. Les points d’observation ont été notés sur une période d’environ 30 ans, soit de 1839 à 1871.
5.2.1 Type de couvert
Selon qu’on utilise les deux ou trois premiers taxons mentionnés dans les observations des carnets d’arpentage pour identifier le type de couvert, l’importance
des peuplements mélangés (M) diffère, variant de 39 à 79 % (tableau 5.2). Le
type de couvert résineux (R) caractérise entre 14 et 46 % des observations alors
que le type feuillu (F) varie entre 7 et 15 %. Ces résultats suggèrent donc qu’au
milieu du 19e siècle, le type de couvert dominant de la région écologique 4h était
mélangé ou résineux, selon le nombre de taxons considérés (figure 5.1).
Le calcul d’un coefficient de similitude permet de quantifier le degré d’association de deux taxons. On le calcule en comptant les occurrences du couple
de taxons considérés. A priori, plusieurs méthodes de calcul d’indice sont
envisageables. Pour les situations comportant plusieurs observations et plusieurs taxons, l’indice de Sorenson a entre autres été développé. L’indice de
Sorenson est un indice de similarité qui permet de quantifier le degré d’association de deux taxons. Il est basé sur la présence simultanée de deux taxons
dans une observation divisé par le nombre d’observations où au moins un
des deux taxons est présent (Legendre et Legendre, 1998).
109
Pour l’obtenir à partir des carnets d’arpentage, on fait la sommation du
nombre d’observations où les deux taxons sont présents et on la divise par
la sommation du nombre d’observations qui inclut une mention de l’un ou
l’autre des taxons en question.
Figure 5.1
répartition (%) des types de couvert (résineux, mélangé, feuillu) en fonction des deux
ou trois premiers taxons mentionnés dans les observations des carnets d’arpentage
dans la région écologique 4h.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
108
5.1.6 Associations d’espèces
5.2
Tableau 5.2
répartition (%) des types de couvert (résineux, mélangé, feuillu) en fonction des deux
ou trois premiers taxons mentionnés dans les observations des carnets d’arpentage
dans la région écologique 4h.
Type de couvert
Résineux
Mélangé
Deux taxons
46,2
38,5
Trois taxons
13,8
79,3
Feuillu
15,3
6,9
Total
100,0
100,0
Tableau 5.3
richesse moyenne et répartition (%) des points d’observation en fonction du nombre
de taxons mentionnés dans la région écologique 4h.
Nombre de taxons
Répartition (%) des
points d’observation
1
5,97
2
5,76
3
41,56
4
32,00
5
12,72
6
1,78
7
0,21
100
5.2.2 Richesse spécifique
La richesse totale
De toutes les observations retenues dans les carnets d’arpentage, 11 taxons
ont été mentionnés pour cette région. On y retrouvait ainsi le sapin baumier,
les épinettes, le bouleau blanc, le bouleau jaune, le thuya occidental, les érables, les pins, le peuplier baumier, le peuplier faux-tremble, le frêne noir et
l’orme d’Amérique (tableau 5.4).
La richesse moyenne
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Les points d’observation étaient composés d’un à sept taxons. La richesse
arborescente moyenne obtenue pour cette région écologique est de trois
taxons (tableau 5.3).
3,46
2,29
111
5.2.3 Abondance relative des espèces
La colonne Abondance relative (%) du tableau 5.4 présente les résultats d’abondance relative des espèces sur le territoire. Trois taxons, à savoir le sapin baumier,
le bouleau blanc et les épinettes, totalisent à eux seuls 7680 des 11 372 mentions
de taxons (67,5 % des mentions). Le sapin baumier représente 23,3 % des mentions, le bouleau blanc 22,4 % et les épinettes 21,8 %.
Les taxons thermophiles, tels le bouleau jaune, les érables, les pins, l’orme d’Amérique et le frêne noir regroupent 15,3 % des mentions. Le bouleau jaune est le
taxon thermophile le plus souvent mentionné.
Le thuya occidental caractérise 5,2 % des mentions alors que les peupliers baumier et faux-tremble marquent chacun 0,3 % des mentions.
Les autres observations sont des mentions de taxons arbustifs. Aucune mention
de hêtre à grandes feuilles, de chêne rouge ou de mélèze laricin n’a été relevée
dans les carnets d’arpentage.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
110
Richessse moyenne
Erreur-type
44,6
25,5
11,3
3,7
10,3
3,1
0,4
0,1
0,2
0,2
0,2
0,0
0,3
90,9
87,5
85,0
32,9
20,3
14,2
9,7
1,3
1,3
2,7
0,2
26,1
17,9
23,3
4,6
6,7
-
0,1
0,7
0,3
0,3
-
2,5
3,6
5,2
8,4
21,8
22,4
Rang
1
Fréquence
(%)**
Abondance
relative (%)*
0,5
0,8
-
0,0
0,5
0,3
0,2
-
0,8
3,0
1,7
11,2
33,3
20,8
27,0
Rang
2
1,3
1,8
-
0,0
0,3
0,3
0,2
-
1,9
3,2
2,5
6,6
30,4
37,0
14,5
Rang
3
1,6
1,4
19,6
20,7
21,2
8,2
-
0,5
0,7
-
1,4
5,4
7,5
0,5
8,0
3,6
-
7,3
5,2
-
11,1
13,6
3,4
12,7
15,7
5,3
9,3
16
Rang
5
Rang
4
Dominance régionale (%)***
22,4
36,9
32,1
7,8
19,9
7,4
13,5
17,9
19,0
14,3
3,0
2,7
29,1
13,3
11,4
50,8
21,8
4,6
8,1
15,4
6,3
71,4
0,1
1,9
33,3
31,8
-
-
2,8
0,6
0,3
-
4,9
4,9
5,2
7,1
3,4
Rang
4
6,5
9,1
11,8
25,9
16,2
16,2
48,9
27,0
30,8
32,9
51,2
29,0
Rang
3
14,4
38,2
32,3
18,1
11,1
20,6
17,4
16,2
17,9
8,9
14,3
6,2
6,7
31,7
20,5
-
-
16,5
10,3
29,7
-
15,2
15,5
9,8
9,2
5,0
1,1
1,6
Rang
5
**** Les colonnes Dominance locale (%) indiquent le rang le plus fréquemment occupé pour un taxon donné lorsqu’il est présent. Cet indice indique quel rang, parmi les six positions de rang possibles, est le plus souvent occupé par un taxon donné.
*** Les colonnes Dominance régionale (%) indiquent quel taxon est le plus fréquemment retrouvé dans un rang donné dans le paysage. Cet indice indique pour un taxon donné, trouvé pour une position de rang donnée, son importance par rapport à toutes les observations.
* La colonne Abondance relative (%) indique si un taxon donné est commun dans le paysage. ** La colonne Fréquence (%) détermine la distribution géographique de chaque taxon.
28,0
49,0
4,6
0,9
Rang
2
Rang
1
Rang
6
Dominance locale (%)****
5.2.5 Dominance relative des espèces
Le taxon le plus souvent nommé en premier est le sapin baumier (tableau 5.4). Il
est nommé en premier dans 44,6 % des points d’observation. Ce résultat suggère que le sapin baumier était le taxon dominant dans 44,6 % de la forêt de
cette région écologique. L’indice de dominance locale vient préciser que lorsque
le sapin était présent, il était nommé premier une fois sur deux. Lorsqu’il n’était
pas premier rang, il occupait généralement le deuxième, parfois le troisième rang,
mais rarement les autres rangs.
Les épinettes et le thuya occidental ont été nommés comme premiers taxons dans
respectivement 11,3 et 10,3 % des points d’observation. L’indice de dominance
locale vient préciser que lorsque les épinettes étaient présentes, elles semblaient
toutefois occuper davantage le deuxième ou le troisième rang. Les épinettes
constituent d’ailleurs le taxon qui se retrouve le plus souvent aux deuxième et
troisième rangs, tous taxons confondus. Le thuya occidental, quant à lui, semblait
dominer dans plus de 50 % des cas lorsqu’il était présent. Dans les autres situations, il pouvait occuper les rangs deux, trois, quatre ou cinq.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
20,7
13,5
-
-
11,4
5,1
2,7
-
5,7
3,9
2,9
2,4
0,4
0,1
0,6
Rang
6
abondance relative, fréquence et dominance régionale et locale des taxons pour la période 1839-1871 dans
la région écologique 4h - Côte gaspésienne; 2916 points d’observation (taxons classés en rang) pour 11 372
observations individuelles de tous les taxons.
Méthode de calcul issue de Scull P. et J. Richardson 2007. Les taxons ayant moins de cinq observations ne sont pas pris en compte pour les calculs de dominance régionale et locale.
521
Arbustres divers
0
Hêtre à grandes
feuilles
762
7
Orme d’Amérique
Sorbier
d’Amérique
79
Frêne noir
282
Pin blanc
39
413
Érable sp.
Peuplier
faux-tremble
592
Thuya occidental
37
960
Bouleau jaune
Peuplier baumier
2478
Épinette sp.
0
2551
Bouleau blanc
Mélèze laricin
2651
Sapin baumier
Nombre de
mentions
Sapinière à bouleau jaune - 4h
Tableau 5.4
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
112
5.2.4 fréquence des espèces
La colonne Fréquence (%) du tableau 5.4 présente les résultats de distribution des
taxons sur le territoire. C’est le sapin baumier qui affiche la plus grande valeur de
distribution. Il a été répertorié dans plus de 90 % des points d’observation. Il est
suivi de près par le bouleau blanc avec un coefficient de distribution de 87,5 % et
les épinettes avec 85 %.
Parmi les taxons thermophiles, le bouleau jaune a été observé dans 32,9 % des
points d’observation, les érables dans 14,2 % des cas et les pins 9,7 %. L’orme
d’Amérique et le frêne noir ont été répertoriés dans moins de 3 % des cas.
Le thuya a été noté dans 20,3 % des points d’observation.
Le peuplier faux-tremble et le peuplier baumier ont, quant à eux, été rapportés
chacun dans 1,3 % des cas.
113
Le bouleau blanc est le deuxième taxon (25,5 %) à être le plus souvent nommé en
premier, ce qui suggère qu’au milieu du 19e siècle, le quart de la forêt de la région
était dominée par le bouleau blanc. L’indice de dominance locale indique que lorsque bouleau blanc était noté, il occupait l’un ou l’autre des trois premiers rangs.
115
Portrait forestier historique de la Gaspésie
0,04
0,02
1,00
0,00
0,05
0,16
0,22
0,11
0,29
0,44
0,44
0,44
Sorbier
d’Amérique
1,00
Hêtre à grandes
feuilles
-
1,00
0,14
0,00
0,00
0,00
0,01
0,00
0,00
Orme d’Amérique
0,00
1,00
0,02
0,06
0,07
0,05
0,05
0,05
Frêne noir
0,04
0,04
0,02
0,03
0,02
0,03
0,02
Peuplier
faux-tremble
0,02
0,02
0,02
0,03
0,02
0,02
0,02
0,03
Peuplier baumier
1,00
Mélèze laricin
1,00
0,08
0,11
0,09
0,18
0,18
Pin blanc
0,19
1,00
0,07
0,48
0,25
0,25
Érable sp.
0,24
1,00
0,14
0,24
0,26
Thuya occidental
0,26
1,00
0,50
0,50
Bouleau jaune
0,50
1,00
0,91
0,95
Bouleau blanc
1,00
0,94
C = 2j/(a+b), où a = nombre d’observations dans l’échantillon a (une espèce), b = nombre dans l’échantillon b (une espèce), j = nombre commun aux deux échantillons (nombre d’observations communes où les deux espèces
sont présentes).
-
762
0,00
0,00
0
0,02
0,07
7
39
1,00
0,00
79
37
1,00
0
282
413
592
960
2551
2478
2651
Total
Sorbier
d’Amérique
Hêtre à
grandes
feuilles
Orme
d’Amérique
Frêne
noir
Peuplier
fauxtremble
Peuplier
baumier
Mélèze
laricin
Pin
blanc
Érable
sp.
Thuya
occidental
Bouleau
jaune
Bouleau
blanc
Épinette sp.
Les autres espèces, tels les peupliers, le frêne noir et l’orme d’Amérique,
n’affichent pas de fortes valeurs. Bien que l’indice soit faible, une association
entre le frêne noir et l’orme d’Amérique est perceptible.
1,00
Le thuya occidental et les pins ne présentent pas d’association marquée avec
un taxon en particulier.
Sapin baumier
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Les érables ont un indice d’association plus marqué avec le bouleau jaune
(0,48) qu’avec les autres taxons, mais présente un indice d’approximativement 0,25 pour le sapin baumier, les épinettes et le bouleau blanc.
Épinette
sp.
Le bouleau jaune présente des indices d’association relativement marqués
avec le sapin baumier, les épinettes, le bouleau blanc et les érables.
Sapin
baumier
Le tableau 5.5 montre que le sapin baumier, les épinettes et le bouleau blanc
étaient fortement associés entre eux dans les observations des arpenteurs
avec des indices dépassant 0,9.
Sapinière à bouleau jaune - 4h
5.2.6 Association des espèces
associations entre taxons, illustrées par l’indice de Sorenson (C), pour la période 1839-1871 dans la région écologique
4h - Côte gaspésienne; 2916 points d’observation.
114
Tous les autres taxons, à savoir les pins, le frêne noir, l’orme d’Amérique et
les peupliers, sont nommés premiers dans moins de 1 % des points d’observation. Lorsqu’ils étaient notés dans les points d’observation des carnets
d’arpentage, les pins accompagnaient généralement d’autres taxons et se retrouvaient le plus souvent au rang trois, quatre ou cinq. Ils occupaient même
le quatrième rang une fois sur deux. Le frêne noir se retrouvait également
relayé au rang deux, trois, quatre, cinq ou six. L’orme d’Amérique, toutefois,
bien que peu représenté à l’échelle du territoire, était le taxon dominant lorsqu’il était relevé (71,4 %). Il occupait parfois, mais rarement, les rangs deux
et trois. Les peupliers, quant à eux, constituent un taxon qui occupait les
rangs inférieurs, avec comme rang préférentiel le cinquième pour le peuplier
baumier et le quatrième pour le peuplier faux-tremble.
Tableau 5.5
Le bouleau jaune et les érables ont été nommés 3,7 % et 3,1 % des fois au
premier rang respectivement. Lorsqu’il était noté, le bouleau jaune occupait
plus fréquemment le deuxième, le troisième ou le quatrième rang. Les érables se retrouvaient de façon assez uniforme dans les rangs un à cinq.
5.3
RÉSULTATS RÉGION ÉCOLOGIQUE CÔTE DE LA BAIE DES
CHALEURS (4G)
L’échantillonnage pour cette région écologique provient exclusivement des
carnets d’arpentage et comprend 3431 points d’observation qui totalisent
9506 mentions de taxons. Les points d’observation ont été notés sur une
période d’environ 40 ans, soit de 1836 à 1875.
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
5.3.1 Type de couvert
Selon qu’on utilise les deux ou trois premiers taxons mentionnés dans les observations des carnets d’arpentage pour nommer le type de couvert, l’importance des peuplements mélangés (M) varie de 52 à 71 % (tableau 5.6). Ces
résultats suggèrent qu’au milieu du 19e siècle, le type de couvert dominant
de la région 4g était le couvert mélangé (figure 5.2). Le couvert résineux (R)
caractérise entre 21 et 35 % des observations alors que type feuillu (F) varie
entre 8 et 12 %.
117
Figure 5.2
tableau 5.6
répartition (%) des types de couvert (résineux, mélangé, feuillu) en fonction des deux
ou trois premiers taxons mentionnés dans les observations des carnets d’arpentage
dans la région écologique 4g.
répartition (%) des types de couvert (résineux, mélangé, feuillu) en fonction des deux
ou trois premiers taxons mentionnés dans les observations des carnets d’arpentage
dans la région écologique 4g.
Type de couvert
Deux taxons
Trois taxons
Résineux
35,3
20,9
Mélangé
52,4
71,1
Feuillu
12,3
8,0
Total
100,0
100,0
Portrait forestier historique de la Gaspésie
116
Tel que mentionné au chapitre précédent, il existe un biais méthodologique
concernant les résultats présentés pour les bouleaux blanc et jaune de cette
région écologique exclusivement. De façon générale, les arpenteurs notaient
les distinctions entre le bouleau blanc (communément noté bouleau ou white
birch) et le bouleau jaune (communément noté merisier ou yellow birch).
Toutefois, pour la région 4g, un des arpenteurs, W. McDonald, notait le genre
« birch » en ne précisant que très rarement l’espèce. Comme les observations
de cet arpenteur comptent pour 77,6 % de l’échantillonnage de la région,
l’impact en est que 50 % des mentions référant au genre Betula n’ont pas
de précision quant à l’espèce. Pour tenter d’éviter un autre regroupement
d’espèces d’un même genre, les résultats d’abondance, de distribution et de
dominance qui seront présentés pour le bouleau blanc et le bouleau jaune
afficheront des valeurs maximales et minimales, selon qu’on attribue les mentions « birch » au bouleau blanc (valeurs maximales pour le bouleau blanc
et minimales pour le bouleau jaune) ou au bouleau jaune (valeurs maximales
pour le bouleau jaune et minimales pour le bouleau blanc). En ce qui a trait
aux résultats d’association des espèces, le bouleau blanc et le bouleau jaune
ont été regroupés sous l’appellation Bouleau sp., au même titre que les épinettes, les érables et les pins.
5.3.2 Richesse spécifique
Les taxons thermophiles tels le bouleau jaune, les érables, les pins, l’orme d’Amé-
La richesse totale
De toutes les observations retenues dans les carnets d’arpentage, 13 taxons
arborescents ont fait l’objet de mention pour cette région. On y retrouve le
sapin baumier, les épinettes, le bouleau blanc, le bouleau jaune, le thuya occidental, les érables, les pins, le peuplier baumier, le peuplier faux-tremble, le
frêne noir, l’orme d’Amérique, le mélèze laricin et le hêtre à grandes feuilles
(tableau 5.8).
La richesse moyenne
Les points d’observation étaient composés d’un à six taxons. La richesse
moyenne obtenue pour cette région écologique est de trois taxons (tableau
5.7).
tableau 5.7
richesse moyenne et répartition (%) des points d’observation en fonction du nombre
de taxons mentionnés dans la région écologique 4g.
Nombre de taxons
Répartition (%) des
points d’observation
1
13,70
2
24,28
3
41,77
4
17,87
5
2,19
6
0,20
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
100
Richessse moyenne
2,71
Erreur-type
1,75
Le thuya occidental caractérise 8,7 % des mentions alors que le mélèze laricin
en totalise 0,1 %.
Les peupliers ont fait l’objet de peu de mentions, soit de 47 (0,5 %) pour le
peuplier baumier et de seulement deux mentions (0 %) pour le peuplier fauxtremble.
Les autres observations sont des mentions de taxons arbustifs. Aucune mention
de chêne rouge n’a été relevée dans les carnets d’arpentage.
5.3.4 Fréquence des espèces
La colonne Fréquence (%) du tableau 5.8 présente les résultats de distribution
des taxons sur le territoire. C’est le sapin baumier qui affiche la plus forte valeur de distribution. Il a été nommé dans 76,7 % des points d’observation. Les
épinettes ont été notées dans 57,5 % des cas. Le coefficient de distribution des
bouleaux varie de 26,1 à 67,5 % pour le bouleau blanc.
119
Parmi les taxons thermophiles, le bouleau jaune a été nommé dans 15,5 %
à 56,9 % des points d’observation, les érables dans 13,2 % et les pins dans
13,4 %. Le frêne noir a été nommé dans 1,4 % des cas alors que l’orme d’Amérique et le hêtre à grandes feuilles ont été répertoriés dans moins de 1 % des
cas.
Le thuya occidental a été noté dans 24 % des points d’observation; il semble
donc avoir été présent dans près du quart des peuplements de la région.
5.3.3 Abondance relative des espèces
La colonne Abondance relative (%) du tableau 5.8 présente les résultats
d’abondance relative des taxons sur le territoire. On observe que trois taxons,
à savoir le sapin baumier, les bouleaux et les épinettes, totalisent à eux seuls
7451 des 9506 mentions de taxons (78 % des mentions). Le sapin baumier
qualifie 27,7 % des mentions, le bouleau blanc entre 9,4 et 24,4 %, les épinettes 20,8 % et le bouleau jaune entre 5,6 et 20,5 %.
Les peupliers baumier et faux-tremble ont été, quant à eux, respectivement
notés dans 1,4 % et 0,1 % des cas.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
118
rique, le frêne noir et le hêtre à grandes feuilles, regroupent entre 15,9 % et
30,8 % des mentions. Le bouleau jaune est le taxon thermophile le plus souvent mentionné, même lorsque l’on considère son seuil minimal.
Les taxons qui sont le plus souvent nommés en premier sont les bouleaux
(tableau 5.8). Ils ont été nommés en premier dans 39,9 % des cas. Ces résultats suggèrent donc qu’au milieu du 19e siècle, les bouleaux étaient les
taxons dominants dans 40 % de la forêt de cette région écologique. L’indice
de dominance locale vient préciser que lorsque l’un ou l’autre des bouleaux
était présent, il était le taxon le plus abondant près d’une fois sur deux. Lorsqu’il n’était pas le plus abondant, il occupait généralement le deuxième ou
le troisième rang, mais très rarement les autres rangs.
Le sapin baumier est le deuxième taxon (26,7 %) à être le plus souvent
nommé en premier, ce qui suggère qu’au milieu du 19e siècle, le quart de la
forêt de la région était dominée par le sapin. Il a toutefois été plus souvent
rapporté comme deuxième taxon (36,2 %).
120
Les épinettes et le thuya occidental ont été nommés premier taxon dans
respectivement 12,3 et 12,7 % des cas. Les résultats suggèrent toutefois
que lorsque les épinettes étaient présentes, elles occupaient davantage la
deuxième (39,7 %) ou la troisième position (29,8 %), et 21,4 % du temps
le premier rang. Le thuya occidental, quant à lui, a été nommé en premier
dans plus de 53 % des cas lorsqu’il était présent. Dans les autres situations,
il pouvait occuper les rangs deux et trois.
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Les érables ont été nommés 4,3 % des fois au premier rang. Localement, ils
se retrouvaient de façon assez uniforme dans les rangs un à quatre.
Les pins ont été rapportés comme taxon dominant dans 2,9 % des points
d’observation. L’indice de dominance locale vient préciser que lorsqu’ils ont
été notés, les pins se retrouvaient de façon assez uniforme dans les rangs un
à quatre.
Tous les autres taxons, à savoir le mélèze laricin, l’orme d’Amérique, le frêne
noir, le hêtre à grandes feuilles et les peupliers, ont été nommés en premier
dans moins de 1 % des cas. Bien que peu représentés à l’échelle du territoire, le mélèze laricin et l’orme d’Amérique semblaient généralement être
des taxons de type codominant, sinon dominant lorsqu’ils étaient présents.
Le hêtre à grandes feuilles occupait l’un ou l’autre des deux premiers rangs.
Le frêne noir se retrouvait quant à lui généralement relayé au rang deux, trois,
quatre ou cinq.
Finalement le peuplier baumier dominait généralement les peuplements lorsqu’il
était présent alors qu’il est impossible de statuer pour le peuplier faux-tremble,
ce dernier n’ayant pas fait l’objet d’un nombre suffisant de mentions.
5.3.6 Association des espèces
Le tableau 5.9 montre que le sapin baumier, les épinettes et les bouleaux étaient
fortement associés entre eux dans les observations des carnets d’arpentage avec
des indices dépassant 0,72.
Les bouleaux présentent des indices d’association relativement marqués pour le
sapin baumier (0,94) et les épinettes (0,73) ainsi que, dans une moindre mesure,
pour le pin blanc (0,30), l’érable à sucre (0,27) et le thuya occidental (0,24).
Les érables ont un indice d’association plus marqué avec les bouleaux et le sapin
baumier (0,21) qu’avec les autres taxons et présentent un indice d’approximativement 0,15 pour les épinettes.
121
Le thuya occidental et les pins ne présentent pas d’association marquée avec un
taxon en particulier, affichant des indices relativement équivalents avec les principaux taxons.
Les autres taxons, tel les peupliers, le mélèze laricin, le frêne noir, l’orme d’Amérique et le hêtre à grandes feuilles, n’affichent pas de fortes valeurs, phénomène
en partie explicable par le faible nombre de mentions notées. Bien que l’indice
soit très faible, une association entre le frêne noir et l’orme d’Amérique est perceptible.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
5.3.5 Dominance relative des espèces
0,5
0,1
0,1
0,5
5
10
46
154
Orme d’Amérique
Hêtre à grandes
feuilles
Sorbier d’Amérique
Arbustres divers
4,5
1,3
0,3
0,1
1,4
0,1
1,4
0,2
13,4
13,2
24,0
15,5
56,9
26,1
67,6
57,5
76,7
Fréquence
(%)**
0,0
-
0,1
0,0
0,1
-
0,7
0,1
2,9
4,3
12,7
8,4
30,3
9,6
31,5
12,3
26,7
Rang
1
0,8
-
0,1
0,1
0,2
-
0,4
0,1
2,6
3,6
4,8
2,8
17,0
7,9
22,1
26,3
36,2
Rang
2
1,6
-
0,0
-
0,5
-
0,2
0,0
8,4
3,5
7,4
4,1
13,8
13,7
23,4
27,1
23,6
Rang
3
Rang
5
5,0
8,6
7,9
5,8
3,6
1,4
7,2
20,9
6,5
6,5
10,1
25,2
Rang
4
15,7
22,3
8,3
3,6
13,7
9,1
9,6
12,3
12,1
0,9
2,1
3,1
4,5
58,1
19,4
-
-
6,5
-
-
-
9,7
-
3,2
-
-
-
-
-
3,2
Rang
6
0,6
-
50,0
20,0
8,5
-
53,2
28,6
21,5
32,9
53,1
54,2
53,2
36,9
46,6
21,4
34,8
Rang
1
14,9
-
40,0
80,0
10,6
-
23,4
57,1
16,5
23,6
17,3
15,8
26,0
26,1
28,3
39,7
41,0
Rang
2
22,1
-
10,0
-
23,4
-
8,5
14,3
39,6
16,8
19,6
16,8
15,3
33,1
21,9
29,8
19,5
Rang
3
22,1
50,0
-
-
34,0
-
14,9
-
19,8
20,3
8,7
12,8
5,3
3,0
2,7
8,5
4,5
Rang
4
22,7
30,4
0,00
0,03
0,00
0,94
0,29
0,21
0,23
0,00
0,02
0,00
0,02
0,00
0,00
0,03
Bouleau sp.
Thuya occidental
Érable sp.
Pin blanc
Mélèze laricin
Peuplier baumier
Peuplier
faux-tremble
Frêne noir
Orme d’Amérique
Hêtre à grandes
feuilles
Sorbier
d’Amérique
Portrait forestier historique de la Gaspésie
11,7
13,0
-
-
4,3
-
-
-
0,7
-
0,1
-
-
-
-
-
0,0
Rang
6
0,04
0,00
0,00
0,03
0,00
0,01
0,00
0,24
0,27
0,30
1,00
Bouleau
sp.
0,00
0,00
0,00
0,03
0,00
0,01
0,00
0,18
0,08
1,00
Thuya
occidental
0,02
0,03
0,00
0,03
0,00
0,00
0,00
0,06
1,00
Érable
sp.
0,00
0,00
0,00
0,02
0,00
0,00
0,00
1,00
Pin
blanc
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
1,00
Mélèze
laricin
0,02
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,08
0,08
0,00
0,02
46
10
5
47
0,00
7
460
453
823
2631
1973
2630
Total
0,04
1,00
Sorbier
d’Amérique
2
1,00
Hêtre à
grandes
feuilles
1,00
1,00
Orme
d’Amérique
1,00
1,00
Frêne
noir
47
Peuplier
fauxtremble
1,00
Peuplier
baumier
Associations entre taxons, illustrées par l’indice de Sorenson (C), du portrait forestier historique 1836-1875 dans la
région écologique 4g.
C = 2j/(a+b), où a = nombre d’observations dans l’échantillon a (une espèce), b = nombre dans l’échantillon b (une espèce), j = nombre commun aux deux échantillons (nombre d’observations communes où les
deux espèces sont présentes).
0,04
0,00
0,01
0,01
0,22
0,15
0,26
0,73
0,72
Épinette sp.
1,00
1,00
Épinette
sp.
Sapin baumier
Sapin
baumier
Sapinière à bouleau jaune - 4g
Tableau 5.9
**** Les colonnes Dominance locale (%) indiquent le rang le plus fréquemment occupé pour un taxon donné lorsqu’il est présent. Cet indice indique quel rang, parmi les six positions de rang possibles, est le plus souvent occupé par un taxon donné.
-
-
19,1
-
-
-
2,0
6,4
1,2
0,4
0,3
0,9
0,5
0,6
0,3
Rang
5
Dominance locale (%)****
*** Les colonnes Dominance régionale (%) indiquent quel taxon est le plus fréquemment retrouvé dans un rang donné dans le paysage. Cet indice indique pour un taxon donné, trouvé pour une position de rang donnée, son importance par rapport à toutes les observations.
* La colonne Abondance relative (%) indique si un taxon donné est commun dans le paysage. ** La colonne Fréquence (%) détermine la distribution géographique de chaque taxon.
Méthode de calcul issue de Scull P. et J. Richardson 2007. Les taxons ayant moins de cinq observations ne sont pas pris en compte pour les calculs de dominance régionale et locale.
1,6
0,5
0,1
4,8
47
460
Pin blanc
4,8
Frêne noir
453
Érable sp.
8,7
0,0
823
Thuya occidental
5,6
2
531
Bouleau jaune* Min
20,5
Peuplier
faux-tremble
1953
Bouleau jaune* Max
9,4
47
895
Bouleau blanc* Min
24,4
Peuplier baumier
2318
Bouleau blanc* Max
20,8
7
1973
Épinette sp.
27,7
Abondance
relative (%)*
Dominance régionale (%)***
Abondance relative, fréquence et dominance régionale et locale des taxons pour la période 1836-1875 dans la
région écologique 4g.
Mélèze laricin
2630
Sapin baumier
Nombre de
mentions
Sapinière à bouleau jaune - 4g
Tableau 5.8
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
122
123
Les observations provenant des carnets d’arpentage viennent préciser que
pour la période allant de 1836 à 1875, le couvert forestier des régions écologiques 4g et 4h était majoritairement de type mélangé ou résineux. Les
observations comprenaient en moyenne 3 (±2) taxons.
Aux 13 taxons ayant été mentionnés dans les carnets d’arpentage de la région écologique 4g s’ajoute un taxon identifié ponctuellement dans d’autres
documents d’archives, à savoir le chêne rouge (Anonyme, 1830; Baddeley, F.
H., 1833; Collins, J., 1765; Desjardins, M. et Frenette, Y.1999; Fernald, M. L.,
1951; Hériot, G., 1807). Quant à la région écologique 4h, trois taxons s’ajoutent aux 11 taxons rapportés par les arpenteurs, à savoir le hêtre à grandes
feuilles, le chêne rouge ainsi que le mélèze laricin (tamarak ou épinette rouge)
(Anonyme, 1830; Anonyme, 1894 ; Bell, 1858 ; Bouchette, 1815 ; Lacasse,
1980 ; Rouillard, 1899). En somme, lorsqu’on considère l’ensemble des documents d’archives, 14 taxons caractérisaient la végétation arborescente des
régions écologiques 4g et 4h.
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
124
La place de certains
taxons thermophiles
et du thuya
occidental dans le
paysage forestier
de la sapinière
à bouleau jaune
semblait également
non négligeable.
Parmi ceux-ci, le
bouleau jaune est
celui qui se classe
au premier rang le
thuya vient ensuite.
Les taxons les plus courants de la région écologique 4g, que ce soit en termes d’abondance ou de fréquence, étaient le sapin baumier et les bouleaux,
suivis des épinettes. Du point de vue de la dominance, les bouleaux (jaunes
et blancs) semblaient être les taxons dominants de la région, suivis du sapin
baumier. Quant à la région écologique 4h, les taxons les plus courants, que
ce soit en termes d’abondance, de distribution ou de dominance, semblaient
être le sapin baumier, suivi du bouleau blanc puis des épinettes.
La place de certains taxons thermophiles et du thuya occidental dans le paysage forestier de la sapinière à bouleau jaune semblait également non négligeable. Parmi ceux-ci, le bouleau jaune est celui qui se classe au premier rang
en ayant été rapporté dans près du tiers des observations pour la région 4h
et dans 16 à 57 % des observations pour la région 4g. Le thuya vient ensuite
en ayant été rapporté dans 20 % des observations pour la région 4h et dans
près du quart des observations pour la région 4g.
Au-delà de leur présence sur le territoire, ces taxons semblaient également
offrir un potentiel d’exploitation notable. Leur qualité exceptionnelle, leurs
fortes dimensions (Figure 5.3) et leur abondance locale sont par ailleurs abondamment notées dans les différents documents d’archives (plus de 100 mentions). À
titre d’exemples :
« Les données puisées aux sources les plus authentiques et les plus autorisées démontrent clairement que les forêts de la Gaspésie, notamment celles de la région
qui borde la des Chaleurs entre la rivière St-Jean et la rivière Matapédia, sont
aussi riches en bois de commerce que celles du Saguenay, du Saint-Maurice, et de
l’Outaouais. Il y a dans ces belles forêts de la Baie des Chaleurs assez de pin, d’épinette et de merisier pour alimenter pendant des années et des années un énorme
commerce d’exportation. Quant au cèdre, c’est le seul endroit de la province où
l’on en trouve autant, d’aussi beaux et d’aussi gros. Le frêne et l’orme atteignent
aussi des proportions colossales et pourraient fournir leur bonne part à l’exportation. » (Pellan, A., 1914)
« [En parlant de la vallée du ruisseau Harrison – Mann] Le bois est d’une grosseur
énorme. Ainsi, on rencontre des frênes aussi gros que des pins. Les espèces dominantes sont l’orme, le frêne et le merisier. » (Legendre, E.H., 1868)
125
« [En parlant des rangs numéro 10 à 17 – canton Nouvelle] Est (sic) généralement
boisé de merisiers et érables et est uni. Les bois de choix propres au commerce,
tels que les pins et les merisiers ont été enlevés sur cette partie de terrain parcourue comme il appert par les différentes souches que j’ai rencontrées si et là le long
de ma ligne, il s’y trouve encore du merisier qui atteint la proportion requise pour
être converti en bois carré. » (Legendre, E. H., 1865).
« [En parlant de la grande rivière Pabos] Je suis heureux de dire que j’ai rencontré
beaucoup de bois le long de cette rivière et sur la hauteur des terres qui l’environnent. J’ai particulièrement observé un grand nombre de cèdres remarquables par
leur grosseur énorme et leur longueur. J’ai vu moi-même un de ces arbres coupé
et équarri par le nommé Patrick Hamilton pour le pont ci-dessus mentionné, qui
mesurait 28 pouces carrés à soixante et quatre pieds de sa souche, encore avaitil dû être aminci de plusieurs pouces pour le rendre plus maniable, et ce cèdre,
comme la plupart des autres, était parfaitement sain. » (Legendre, E.H., 1873)
« Nous avons fait la traversée de l’anse à Griffon à l’anse de la Péninsule par le
nouveau chemin maintenant en voie de construction par le gouvernement... Sur
des étendues considérables, on trouve des forêts plantureuses de bouleau jaune
et d’érable avec des frênes et des ormes qui indiquent un sol fertile et propice à
l’agriculture. » (Richardson, J., date inconnue)
Portrait forestier historique de la Gaspésie
5.4 SYNTHÈSE ET CONSTATS DES RÉGIONS ÉCOLOGIQUES DE
LA SAPINIÈRE À BOULEAU JAUNE
« Il se trouve sur les bords de ces rivières [Darmouth, York, Saint-Jean] grande
quantité de belles mâtures de pins et d’épinettes faciles à tirer ». (Roy, C. E.
et L. Breault, 1934)
« [Rivière Sainte-Anne] I passed one yellow birch about 9 feet in circumference… « (Anderson, R. M., 1922)
« L’exploitation forestière se fait sur une grande échelle dans ce comté (Bonaventure). C’est aussi une des régions les plus fortement boisées de la province, surtout en cèdre, en épinette et en merisier. Pour peu que l’on parcourt cet immense
comté, on est certain de rencontrer dans tous les villages qui bordent la baie des
Chaleurs, des moulins en pleine opération. » (Rouillard, E., 1899).
Au milieu des années 1860 (Gaudreault, 1999), le déclin de la production de bois
équarri résulte entre autres de l’épuisement de la ressource recherchée :
« [Canton Tourelle] Nous avons rencontré un grand nombre de souches de pin
dans cette partie du Township, s’étendant depuis le ruisseau Patate jusqu’à la rivière Ste-Anne mais je ne me rappelle pas y avoir vu un seul de ces arbres debout.
» (Roy, C.F., 1860)
« [Rivière Petite Cascapédia] Il reste un peu de bois marchand, mais le pin a tout
été coupé il y a plusieurs années ». (Roy, G.P., 1888)
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Figure 5.3
équarissage du pin, 1851 (source : Archives publiques de l’ontario).
Ce potentiel a par ailleurs tôt fait d’être exploité pour la construction navale
et le commerce d’exportation du bois équarri et de sciage (voir chapitre 1
Contexte forestier historique de la Gaspésie). Les chantiers de construction
navale utilisaient notamment les pins, l’épinette blanche, le bouleau jaune,
le frêne noir et le thuya occidental. Les pins, l’épinette blanche et le bouleau jaune étaient également équarris (Legendre, 1865). Le frêne noir, l’orme
d’Amérique et les érables étaient utilisés pour les bateaux; le chêne pour la
tonnellerie; le thuya occidental pour les dormants de chemin de fer, les bardeaux et lattes. Les scieries se sont installées le long des rivières et à partir de
1850, l’industrie du sciage a progressé :
En 1848, on s’inquiétait de la ressource et déjà, en 1854, la rareté des bois près
de la côte se faisait sentir (Bélanger et al., 1981; William et Goudreault, 1889). Par
ces constats, on comprend que les espèces thermophiles, l’épinette blanche et le
thuya occidental, ont été des espèces importantes pour la Gaspésie puisque leur
exploitation a débuté rapidement dans l’histoire forestière régionale. Sachant que
les résultats analysés proviennent d’arpentage datant du milieu du 19e siècle (soit
de 1836 à 1875), donc à une époque où l’utilisation des ressources forestières
était non seulement amorcée mais active, il importe de retenir qu’il existe un écart
entre la forêt décrite dans le présent portrait et celle observée par les premiers
arrivants. Le portrait de la composition forestière des régions écologiques 4g et
4h présenté reflète donc un paysage façonné par les perturbations naturelles,
mais ayant déjà subi des impacts notables liés aux perturbations anthropiques
telles que le prélèvement de certaines espèces pour la construction navale et le
commerce du bois équarri et du sciage. À cela s’ajoutent les impacts liés à la colonisation du territoire. Dès la première moitié du 19e siècle, le défrichage le long
du littoral et des plaines alluviales s’étend sur plusieurs kilomètres à l’intérieur des
127
Portrait forestier historique de la Gaspésie
« [Rangs 1 à 6 du canton Douglas] Il y a très peu de bois exploitable dans les limites du présent arpentage. Tout le pin a été coupé, il y plusieurs années, pour du
bois carré, l’on pourrait dire autant de l’épinette. Le sapin et le bouleau abondent,
et l’on rencontre quelques merisiers rouges et blancs, ainsi que quelques érables,
çà et là, sur les hauteurs. » (O’Sullivan, H., date inconnue)
126
terres (Legendre, 1861) (Figures 5.4, 5.5 et 5,6). Pour ce faire, on utilise les
terres les plus fertiles, où la présence des espèces thermophiles tels les bois
francs est « l’indice le plus sûr d’un terrain propre à l’agriculture » (Legendre,
1861). En conséquence, puisque prélevées, les espèces n’ont pu être notées
par les arpenteurs. L’abondance, la fréquence et la dominance des espèces
recherchées au début de la colonisation ou se localisant préférentiellement
dans les portions de territoire les plus fertiles ayant fait l’objet de défrichement, à savoir les pins, l’épinette blanche, le thuya occidental, le bouleau
jaune, l’orme d’Amérique et le frêne noir, ont donc possiblement été plus
élevées que ce qui est présenté ici. Comme il est impossible d’en mesurer
l’ampleur, l’utilisation des résultats comme cibles éventuelles de restauration
de ces espèces devraient correspondre à des seuils minimaux.
En corollaire, les résultats d’abondance, de fréquence et de dominance des
espèces peu ou pas exploitées durant la période visée par l’échantillonnage,
telles que le sapin baumier, le bouleau blanc et les peupliers, correspondent
à des seuils maximaux.
Figure 5.4
mont-louis, 1927 - défrichage des terres le long du littoral et de la plaine alluviale
de la rivière Mont-louis (source : bibliothèque et archives nationales du québec).
Figure 5.5
baie du petit-pabos, 1927 - défrichage des terres le long du littoral et de la plaine
alluviale de la rivière petit-pabos (source : bibliothèque et archives nationales du
québec).
129
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
128
En conséquence,
puisque prélevées,
les espèces n’ont
pu être notées par
les arpenteurs.
L’abondance, la
fréquence et la
dominance des
espèces recherchées
au début de la
colonisation ou
se localisant
préférentiellement
dans les portions
de territoire les
plus fertiles ayant
fait l’objet de
défrichement, à
savoir les pins,
l’épinette blanche,
le thuya occidental,
le bouleau jaune,
l’orme d’Amérique
et le frêne noir, ont
donc possiblement
été plus élevées que
ce qui est présenté
ici.
4h) durant la première moitié du 20e siècle (Fortier, 2007). Bien que d’autres
espèces bénéficient également des conditions créées par le feu, le fait qu’elles
aient été en partie exploitées, et donc que les plus beaux sujets (arbres vigoureux
de fortes dimensions) ayant pu servir de semenciers aient été en partie prélevés,
a probablement limité leur régénération (ex. les pins).
5.5
RÉSULTATS RÉGION ÉCOLOGIQUE MASSIF GASPÉSIEN (5H)
L’échantillonnage pour cette région écologique provient principalement des
carnets d’arpentage et comprend 922 points d’observation qui totalisent 2207
mentions d’espèces. Les points d’observation utilisés couvrent une période d’environ 20 ans, soit de 1919 à 1938. La photo-interprétation des mosaïques de
Lesseps n’a pu être utilisée que pour la variable Type de couvert et comprend 843
observations pour les années 1926 et 1927.
Figure 5.6
carleton, 1927 - défrichage des terres le long du littoral (source : bibliothèque et
archives nationales du québec).
Outre le prélèvement de certaines espèces pour répondre aux besoins de la
colonisation, de la construction navale et du commerce du bois, il semble que
les feux d’origine humaine aient également eu un impact sur la composition
en espèces arborescentes des forêts décrites dans le présent portrait. En effet,
au 19e siècle, principalement après 1850, presque tous les cantons du pourtour de la Gaspésie ont connu des incendies (voir chapitre 4 Les perturbations
naturelles en Gaspésie). Au-delà de la destruction d’immenses superficies de
forêts, l’augmentation de la fréquence des feux attribuables à l’homme a
certainement joué un rôle dans le recrutement des espèces. En effet, elle a assurément contribué à accroître l’abondance de certaines espèces bénéficiant
des conditions édaphiques créées (mise en lumière, mise à nu du sol minéral,
etc.), notamment celle du bouleau blanc.
Quelques explorateurs ont par ailleurs rapporté que plusieurs zones brûlées
étaient maintenant occupées par de jeunes pousses de bouleaux blancs, voire
de trembles (Anonyme, 1908; Ells, 1882; Legendre, 1859; Roy, 1888). Ce
bouleau blanc issu des feux a par ailleurs contribué à l’industrie du bois de
fuseau, et ainsi à l’essor de plusieurs localités de la Haute-Gaspésie (région
5.5.1 Type de couvert
131
Selon qu’on utilise les deux ou trois premiers taxons mentionnés dans les observations des carnets d’arpentage ou les résultats de la photo-interprétation
des mosaïques de Lesseps, l’importance du couvert de type résineux (R) varie de
43 à 70 % (tableau 5.10) Le couvert de type mélangé (M) caractérise entre 23
et 50 % des observations des carnets alors qu’il atteint près de 57 % dans les
mosaïques de Lesseps. Ces dernières précisent que le couvert mélangé est principalement à dominance résineuse. Finalement, le couvert de type feuillu (F) se
situe entre 6 et 7 % dans les carnets et est presque nul dans les mosaïques.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
130
5.5.2 Richesse spécifique
La richesse totale
De toutes les observations retenues dans les carnets d’arpentage, neuf taxons ont
fait l’objet de mention pour cette région (tableau 5.13). On y retrouve le sapin
baumier, les épinettes, le bouleau blanc, le bouleau jaune, le thuya occidental, les
érables, les pins, le peuplier baumier et le peuplier faux-tremble.
La richesse moyenne
Les points d’observation étaient composés d’un à cinq taxons. La richesse moyenne obtenue pour cette région écologique est de deux taxons (tableau 5.11).
tableau 5.11
Figure 5.7
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
tableau 5.10
répartition (%) des types de couvert (résineux, mélangé, feuillu) en fonction des deux
ou trois premiers taxons mentionnés dans les observations des carnets d’arpentage
et de la photo-interprétation des mosaïques de lesseps dans la région écologique
5h.
répartition (%) des types de couvert (résineux, mélangé, feuillu) en fonction des deux
ou trois premiers taxons mentionnés dans les observations des carnets d’arpentage
et de la photo-interprétation des mosaïques de lesseps dans la région écologique
5h.
Type de couvert
Deux taxons
Trois taxons
Photos aériennes
Résineux
70,3
43,9
43,1
Mélangé
22,7
50,2
56,8
(MR : 52,1
MF : 4,7)
Feuillu
7,0
5,9
0,1
Total
100,0
100,0
100,0
Nombre de taxons
Répartition (%) des
points d’observation
1
16,38
2
36,88
3
39,26
4
5,96
5
1,52
133
100
Richessse moyenne
2,39
Erreur-type
1,52
5.5.3 Abondance relative des espèces
La colonne Abondance relative (%) du tableau 5.12 présente les résultats d’abondance relative des taxons sur le territoire. On observe que trois taxons, à savoir le
sapin baumier, les épinettes et le bouleau blanc, totalisent à eux seuls 1992 des
2207 mentions (90,3 % des mentions). Le sapin baumier qualifie 35,3 % des
mentions, les épinettes 32,4 % et le bouleau blanc 22,6 %.
Les taxons thermophiles, tels le bouleau jaune, les érables et les pins regroupent
5 % des mentions. Le bouleau jaune est l’espèce thermophile la plus souvent
mentionnée.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
132
richesse moyenne et répartition (%) des points d’observation en fonction du nombre de
taxons mentionnés dans la région écologique 5h.
715
499
83
79
25
3
0
3
22
Épinette sp.
Bouleau blanc
Bouleau jaune
Thuya occidental
Érable sp.
Pin blanc
Mélèze laricin
Peuplier baumier
Peuplier
faux-tremble
9,0
8,6
2,7
0,3
-
3,8
3,6
1,1
0,1
-
2,4
54,1
22,6
1,0
77,5
32,4
0,3
84,4
35,3
0,1
Fréquence
(%)**
Abondance
relative (%)*
0,3
-
-
-
0,1
2,4
5,3
8,5
1,8
-
-
-
0,5
1,4
1,2
21,4
39,2
34,1
51,1
32,1
Rang
2
Rang
1
0,9
-
-
-
4,4
5,8
1,2
55,0
23,7
8,8
Rang
3
Rang
5
26,7
40,0
26,7
6,7
-
Rang
4
8,8
16,2
27,9
20,6
25,0
1,5
Dominance régionale (%)***
* La colonne Abondance relative (%) indique si un taxon donné est commun dans le paysage. ** La colonne Fréquence (%) détermine la distribution géographique de chaque taxon.
13,6
-
-
-
4,0
27,8
59,0
15,6
41,4
60,5
Rang
1
Rang
3
4,9
14,3
47,5
6,0
31,6
76,0
18,2
Rang
2
33,8
42,2
33,1
10,8
13,9
16,0
63,6
4,5
-
-
-
-
21,5
16,9
3,8
**** Les colonnes Dominance locale (%) indiquent le rang le plus fréquemment occupé pour un taxon donné lorsqu’il est présent. Cet indice indique quel rang, parmi les six positions de rang possibles, est le plus souvent occupé par un taxon donné.
Parmi les taxons thermophiles, le bouleau jaune a été observé dans 9,0 % des cas,
les érables 2,7 % et les pins 0,3 %.
L’indice de dominance locale vient préciser que lorsque le sapin était présent dans
les observations, il était nommé en premier un peu moins d’une fois sur deux.
Lorsqu’il n’était pas premier, il occupait généralement le deuxième rang. Les épinettes étaient également nommées en premier ou en deuxième la majorité du
temps.
À l’échelle de la région, le bouleau blanc est le troisième taxon (8,5 %) à avoir été
le plus souvent nommé en premier. À l’échelle locale, donc lorsqu’il était nommé
Portrait forestier historique de la Gaspésie
-
-
-
-
4,0
5,1
7,2
-
0,6
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
0,8
1,5
Rang
6
Rang
5
Rang
4
*** Les colonnes Dominance régionale (%) indiquent quel taxon est le plus fréquemment retrouvé dans un rang donné dans le paysage. Cet indice indique pour un taxon donné, trouvé pour une position de rang donnée, son importance par rapport à toutes les observations.
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
Rang
6
Dominance locale (%)****
Abondance relative, fréquence et dominance régionale et locale des taxons pour la période 1919-1938 dans la
région écologique 5h – Massif gaspésien; 922 points d’observation (taxons classés en rangs) pour 2207 observations
individuelles de tous les taxons.
Méthode de calcul issue de Scull P. et J. Richardson 2007. Les taxons ayant moins de cinq observations ne sont pas pris en compte pour les calculs de dominance régionale et locale.
778
Sapin baumier
Nombre de
mentions
Sapinière à bouleau jaune - 4g
tableau 5.12
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
134
Le thuya occidental caractérise 3,6 % des mentions.
Les peupliers ont fait l’objet de peu de mentions, soit de 22 (1 %) pour le peuplier
faux-tremble et de seulement trois (0,1 %) pour le peuplier baumier.
Les autres observations sont des mentions de taxons arbustifs. Aucune mention
de mélèze laricin, de chêne rouge, de frêne noir ou d’orme d’Amérique n’a été
relevée.
5.5.4 Fréquence des espèces
La colonne Fréquence (%) du tableau 5.12 présente les résultats de distribution
des taxons sur le territoire. C’est le sapin baumier qui affiche la meilleure valeur
de distribution. Il a été observé dans 84,4 % des points d’observation. Il est suivi
des épinettes, avec un coefficient de distribution de 77,5 % et du bouleau blanc
avec 54,1 %.
135
Le thuya occidental a été noté dans 8,6 % des points d’observation.
Les peupliers faux-tremble et baumier étaient, quant à eux, respectivement présents dans 2,4 % et 0,3 % des cas.
5.5.5 Dominance relative des espèces
Le taxon qui est le plus souvent nommé en premier est le sapin baumier (tableau
5.12). Ce résultat suggère qu’au début du 20e siècle, le sapin baumier était le
taxon dominant dans le paysage de cette région écologique près d’une fois sur
deux (51,1 %). Les épinettes ont quant à elles été nommées en premier une fois
sur trois (32,1 %).
Des associations entre taxons, illustrées par l’indice de Sorenson, du
portrait forestier historique 1919-1938 dans la région écologique 5h –
Massif gaspésien; 922 points d’observation.
Tableau 5.13
dans les observations, on le retrouvait le plus souvent comme troisième espèce (47,5 %), sinon comme deuxième (33,1 %).
Toujours à l’échelle de la région, le bouleau jaune était le premier taxon
mentionné 5,3 % des fois. Lorsqu’il était présent, il était nommé premier
dans près de 60 % des cas. Il pouvait parfois occuper les rangs deux, trois,
ou quatre.
Bouleau
blanc
Bouleau
jaune
Thuya
occidental
Érable
sp.
Pin
blanc
Peuplier
baumier
1,00
Épinette sp.
0,85
1,00
Bouleau blanc
0,73
0,65
1,00
Bouleau jaune
0,09
0,10
0,19
1,00
Thuya occidental
0,14
0,17
0,16
0,16
1,00
Les pins n’ont pas fait l’objet de suffisamment de mentions pour qu’il soit
possible de statuer sur leur rôle.
Érable sp.
0,00
0,00
0,08
0,43
0,02
1,00
Pin blanc
0,00
0,01
0,00
0,00
0,00
0,00
1,00
Le thuya occidental était nommé premier dans 2,4 % du cas. Lorsqu’il était
présent dans les observations, il pouvait se retrouver de façon comparable
entre les rangs un à quatre.
Peuplier baumier
0,00
0,01
0,01
0,00
0,02
0,00
0,00
1,00
Peuplier
faux-tremble
0,01
0,01
0,01
0,32
0,00
0,09
0,00
0,00
Finalement, le peuplier faux-tremble est généralement une espèce codominante dans les observations lorsqu’il est présent alors qu’il est impossible de
statuer pour le peuplier baumier, ce dernier n’ayant pas fait l’objet d’assez
de mentions.
5.5.6
Épinette
sp.
Sapin baumier
Les érables étaient généralement des espèces compagnes, que l’on retrouvait nommées au troisième rang.
136
Sapin
baumier
Peuplier
fauxtremble
Total
778
715
499
83
79
25
3
3
1,00
22
C = 2j/(a+b), où a = nombre d’observations dans l’échantillon a (une espèce), b = nombre dans l’échantillon b (une espèce), j = nombre commun aux
deux échantillons (nombre d’observations communes où les deux espèces sont présentes).
137
Association des espèces
Le bouleau jaune présente les indices d’association les plus marqués pour
l’érable à sucre (0,43) et le peuplier faux-tremble (0,32) puis, dans une moindre mesure, pour le bouleau blanc (0,19).
Le thuya occidental ne présente pas d’association marquée avec une espèce
en particulier. Bien que ses indices soient relativement faibles (inférieurs à
0,20), il semble s’associer davantage avec les épinettes, le bouleau jaune, le
bouleau blanc, puis le sapin.
Les autres espèces, tels les pins et le peuplier baumier, n’affichent pas de
valeurs qui se démarquent.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Le tableau 5.13 montre que le sapin baumier et les épinettes étaient fortement associés entre eux dans les observations des carnets d’arpentage (0,85).
Le bouleau était également fortement associé à ces espèces, mais dans une
moindre mesure (0,73 pour le sapin baumier; 0,65 pour les épinettes).
5.6
RÉSULTATS RÉGION ÉCOLOGIQUE DU HAUT MASSIF
GASPÉSIEN (5I)
L’échantillonnage pour cette région écologique provient principalement des
carnets d’arpentage et comprend 532 points d’observation qui totalisent
1228 mentions d’espèces. Les points d’observation ont été notés pour sur
période d’environ 20 ans, soit de 1919 à 1940. La photo-interprétation des
mosaïques de Lesseps n’a pu être utilisée que pour la variable Type de couvert
et comprend 686 observations pour les années 1926 et 1927.
5.6.1 Type de couvert
Selon qu’on utilise les deux ou trois premiers taxons mentionnés dans les observations des carnets d’arpentage, l’importance du couvert de type résineux
(R) varie de 50 à 83 % alors qu’elle se chiffre à 41 % avec la photo-interprétation des mosaïques de Lesseps (tableau 5.14). Le couvert de type mélangé (M)
caractérise entre 16 et 49 % du paysage dans les carnets alors qu’il atteint
plus de 58 % dans les mosaïques de Lesseps. Ces dernières précisent que le
couvert mélangé est principalement à dominance résineuse. Finalement, le
couvert de type feuillu (F) est de moins de 1 % dans tous les cas.
138
tableau 5.14
répartition (%) des types de couvert (résineux, mélangé, feuillu) en fonction des deux
ou trois premiers taxons mentionnés dans les observations des carnets d’arpentage
et de la photo-interprétation des mosaïques de lesseps dans la région écologique
5i.
Type de couvert
Deux taxons
Trois taxons
Photos aériennes
Résineux
82,7
50,4
41,4
Mélangé
16,4
48,9
58,3
(MR : 47,5
MF : 10,8)
Feuillu
0,9
0,7
0,3
Total
100,0
100,0
100,0
5.6.2 Richesse spécifique
139
La richesse totale
De toutes les observations retenues dans les carnets d’arpentage, huit taxons
arborescents ont été mentionnés pour cette région (tableau 5.16). On y retrouve
le sapin baumier, les épinettes, le bouleau blanc, le bouleau jaune, le thuya occidental, les pins, le peuplier baumier et le peuplier faux-tremble.
La richesse moyenne
5.6.3 Abondance relative des espèces
La colonne Abondance relative (%) du tableau 5.16 présente les résultats d’abondance relative des taxons sur le territoire. On observe que trois taxons, à savoir
le sapin baumier, les épinettes et le bouleau blanc, totalisent à elles seules 1207
des 1228 mentions de taxons (98,3 % des mentions). Le sapin baumier qualifie
39,7 % des mentions, les épinettes 37,3 % et le bouleau blanc 21,3 %.
Figure 5.8
répartition (%) des types de couvert (résineux, mélangé, feuillu) en fonction des deux
ou trois premiers taxons mentionnés dans les carnets d’arpentage et de la photointerprétation des mosaïques de lesseps dans la région écologique 5i.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Les points d’observation étaient composés d’un à quatre taxons. Près de 100 %
des points d’observation affichaient d’un à trois taxons. La richesse moyenne
pour cette région écologique est de deux taxons (tableau 5.15).
tableau 5.15
richesse moyenne et répartition (%) des points d’observation en fonction du nombre
de taxons mentionnés dans la région écologique 5i.
Nombre de taxons
Répartition (%) des
points d’observation
1
15,23
2
39,66
3
44,14
4
0,94
100
140
Richessse moyenne
2,31
Erreur-type
1,53
Les taxons thermophiles, tels le bouleau jaune et les pins, regroupent moins
de 1 % des mentions.
Le thuya occidental caractérise 1 % des mentions.
Les peupliers ont été peu mentionnés, soit une fois (0,1 %) pour le peuplier
faux-tremble et de une fois (0,1 %) pour le peuplier baumier.
5.6.5 Dominance relative des espèces
L’espèce qui est le plus souvent nommée en premier est le sapin baumier (tableau
5.16). Ce résultat suggère qu’au début du 20e siècle, le sapin baumier était l’espèce nommée en premier dans le paysage de cette région écologique plus de
trois fois sur quatre (76,1 %). Les épinettes, quant à elles, étaient les espèces
nommées en premier près d’une fois sur cinq (18,8 %).
L’indice de dominance locale vient préciser que lorsque le sapin était présent dans
les observations, il était nommé en premier 83,2 % des fois. Lorsqu’il n’était pas
premier, il occupait généralement le deuxième rang. Les épinettes étaient quant à
elles généralement codominantes (deux fois sur trois) ou dominantes.
À l’échelle de la région, le bouleau blanc a été nommé en premier 4,1 % des
fois. Lorsqu’il était présent, on l’observait le plus souvent comme troisième taxon
(66,4 %), sinon comme deuxième (25,2 %).
Toujours à l’échelle de la région, le bouleau jaune était la principale espèce dans
0,6 % des mentions. Lorsqu’il était présent, il était le taxon dominant une fois
sur deux.
141
Le thuya occidental était l’espèce dominante dans 0,4 % des cas. Lorsqu’il était
présent, il occupait le troisième rang une fois sur deux.
5.6.4 Fréquence des espèces
Parmi les taxons thermophiles, le bouleau jaune a été observé dans 1,1 % des
cas et les pins 0,2 %.
Le thuya occidental a été noté dans 2,3 % des points d’observation.
Les peupliers faux-tremble étaient, quant à eux, présents dans 0,2 % des
cas.
Comme les pins, le peuplier faux-tremble et le peuplier baumier n’ont été mentionnés qu’une seule fois, il n’a donc pas été possible de statuer sur leur position
en peuplement.
5.6.6 Association des espèces
Le tableau 5.17 montre que le sapin baumier et les épinettes étaient fortement
associés (0,88) entre eux dans les observations des carnets d’arpentage. Le bouleau était également associé à ces taxons, mais dans une moindre de mesure
(0,67 pour le sapin baumier; 0,66 pour les épinettes).
Les autres taxons n’affichent pas de valeurs qui se démarquent.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
La colonne Distribution (%) du tableau 5.16 présente les résultats de distribution des taxons sur le territoire. C’est le sapin baumier qui affiche la meilleure
valeur de distribution. Il a été mentionné dans 91,5 % des points d’observation. Il est suivi des épinettes, avec un coefficient de distribution de 86,1% et
du bouleau blanc avec 49,2 %.
458
262
6
12
0
1
0
1
1
Épinette sp.
Bouleau blanc
Bouleau jaune
Thuya occidental
Érable sp.
Pin blanc
Mélèze laricin
Peuplier baumier
Peuplier
faux-tremble
0,1
0,1
-
0,1
-
1,0
0,5
21,3
37,3
39,7
Abondance
relative (%)*
0,2
0,2
-
0,2
-
2,3
1,1
49,2
86,1
91,5
Fréquence
(%)**
-
-
-
-
-
0,4
0,6
4,1
18,8
76,1
Rang
1
-
-
-
-
-
0,7
0,2
14,7
67,6
16,2
Rang
2
-
-
-
-
-
2,5
-
72,5
21,7
3,3
Rang
3
* La colonne Abondance relative (%) indique si un taxon donné est commun dans le paysage. ** La colonne Fréquence (%) détermine la distribution géographique de chaque taxon.
100,0
-
20,0
20,0
40,0
20,0
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
Rang
6
-
-
-
-
-
16,7
50,0
8,4
21,8
83,2
Rang
1
-
-
-
-
-
25,0
16,7
25,2
66,4
15,0
Rang
2
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Tableau 5.17
-
-
-
-
-
8,3
33,3
-
0,2
0,2
Rang
4
-
-
-
-
-
-
-
-
0,2
-
Rang
5
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
Rang
6
0,88
0,67
0,02
0,04
0,00
0,00
0,00
0,00
Épinette sp.
Bouleau blanc
Bouleau jaune
Thuya occidental
Érable sp.
Pin blanc
Peuplier baumier
Peuplier
faux-tremble
0,00
0,00
0,00
0,00
0,04
0,02
0,66
1,00
Épinette
sp.
0,01
0,01
0,00
0,00
0,01
0,03
1,00
Bouleau
blanc
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
1
1
1
0
0,00
262
458
487
Total
0,00
1,00
Peuplier
fauxtremble
12
1,00
Peuplier
baumier
1,00
1,00
Pin
blanc
0,11
1,00
Érable
sp.
6
Thuya
occidental
1,00
Bouleau
jaune
C = 2j/(a+b), où a = nombre d’observations dans l’échantillon a (une espèce), b = nombre dans l’échantillon b (une espèce), j = nombre commun aux
deux échantillons (nombre d’observations communes où les deux espèces sont présentes).
1,00
Sapin baumier
Sapin
baumier
Associations entre taxons, illustrées par l’indice de Sorenson, du portrait forestier historique 1919-1940 de la région
écologique de la sapinière à bouleau blanc 5i.
**** Les colonnes Dominance locale (%) indiquent le rang le plus fréquemment occupé pour un taxon donné lorsqu’il est présent. Cet indice indique quel rang, parmi les six positions de rang possibles, est le plus souvent occupé par un taxon donné.
-
-
-
-
-
50,0
-
66,4
11,4
1,6
Rang
3
Dominance locale (%)****
*** Les colonnes Dominance régionale (%) indiquent quel taxon est le plus fréquemment retrouvé dans un rang donné dans le paysage. Cet indice indique pour un taxon donné, trouvé pour une position de rang donnée, son importance par rapport à toutes les observations.
Rang
5
Rang
4
Dominance régionale (%)***
Abondance relative, fréquence et dominance régionale et locale des taxons pour la période 1919-1940 dans la région
écologique 5i.
Méthode de calcul issue de Scull P. et J. Richardson 2007. Les taxons ayant moins de cinq observations ne sont pas pris en compte pour les calculs de dominance régionale et locale.
487
Sapin baumier
Nombre de
mentions
Sapinière à bouleau jaune - 5i
Tableau 5.16
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
142
143
Les observations provenant des carnets d’arpentage viennent préciser que
pour la période allant de 1919 à 1940, le couvert forestier des régions écologiques 5h et 5i était principalement de type résineux ou mélangé à dominance résineuse. Il est toutefois possible que les résultats provenant de la
photo-interprétation surestiment la proportion du type de couvert mélangé.
En effet, la photo-interprétation de certaines portions floues des photos aériennes a pu faire croire au photo-interprète que la composante feuillue était
plus importante, faisant passer la qualification du type de couvert d’un polygone photo-interprété du type résineux au type mélangé. D’ailleurs, lorsqu’on additionne les résultats de la photo-interprétation du type de couvert
résineux aux résultats du type mélangé à dominance résineuse, on s’approche des valeurs obtenues avec la méthode utilisant les deux premiers taxons
mentionnés dans les carnets.
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
144
Pour ce qui est
des espèces
thermophiles
associées à ces
régions, à savoir le
bouleau jaune, les
érables ainsi que
les pins, elles n’ont
été observées que
dans les cantons
partageant une
frontière commune
avec ceux des
régions écologiques
4g et 4h.
Les taxons les plus courants, que ce soit en termes d’abondance, de fréquence et de dominance, étaient le sapin baumier et les épinettes. Le bouleau
blanc semblait également avoir une place non négligeable dans le paysage,
mais davantage comme espèce compagne du sapin baumier et des épinettes.
Ce phénomène est par ailleurs plus marqué dans la région 5i, région du Haut
massif gaspésien. Pour ce qui est des espèces thermophiles associées à ces
régions, à savoir le bouleau jaune, les érables ainsi que les pins, elles n’ont
été observées que dans les cantons partageant une frontière commune avec
ceux des régions écologiques 4g et 4h (Blanchet, Clapperton, Dugal, Fortin,
Galt, Guéguen, Joncas, Pellegrin, Rameau, Randin, Reboul, Vallée, Weir) et
n’apparaissent pas dans les autres. Elles semblent donc marquer une transition entre les régions écologiques du sous-domaine de la sapinière à bouleau jaune (régions 4g et 4h) et celle du Haut massif gaspésien (région 5i).
Le thuya occidental perd également de sa dominance régionale et locale en
s’approchant de la région 5i.
Il est difficile de statuer sur le niveau d’anthropisation des forêts décrites par
les arpenteurs entre 1919 et 1940 ou par la photo-interprétation des mosaïques de Lesseps datant de 1926 et 1927. Toutefois, certains écrits et certains
faits portent à croire qu’il existe un écart entre la forêt décrite dans le présent
portrait et celle observée par les premiers arrivants (Daviault 1955). En effet, bien
que la majeure partie de l’exploitation faite avant la période d’échantillonnage ait
eu lieu dans les régions écologiques périphériques de la Gaspésie (4g et 4h), certaines observations indiquent que le bois propre à la construction, au commerce
et à l’exportation qui se trouvait dans le voisinage de plusieurs rivières a parfois été
prélevé jusque dans les cantons se trouvant aux frontières qu’ils partagent avec
la région écologique 5h (Painchaud, 1869; Anonyme, 1932). Cette exploitation
visait particulièrement les pins et les épinettes. Il est donc possible que les proportions de ces espèces aient été sensiblement plus grandes que ce qui est présenté
dans ce portrait. Bien qu’il soit impossible de quantifier ce biais, les informations
obtenues dans la photo-interprétation des mosaïques de Lesseps rapportent que
des coupes ont pu être perceptibles en 1926 et 1927 dans 6,1 % du territoire
pour la région 5h et dans 9,3 % du territoire pour la région 5i (voir chapitre 4
Perturbations naturelles en Gaspésie).
Un autre facteur appuyant une plus grande proportion « naturelle » des épinettes
que ce qui est présenté dans les résultats du présent portrait concerne les perturbations liées aux insectes. Alors que les épidémies de TBE affectant principalement
le sapin baumier et ayant eu un impact significatif sont survenues après la période d’échantillonnage (1919-1938) (voir chapitre 4 Perturbations naturelles en
Gaspésie), les épidémies affectant les épinettes semblent, quant à elles, avoir eu
un impact significatif dans les quelques années précédant l’échantillonnage ainsi
qu’au moment de sa réalisation. Deux espèces d’insectes, la mouche à scie de
l’épinette (diprion européen de l’épinette) et le dendroctone de l’épinette, ont affecté le paysage en diminuant considérablement l’abondance des épinettes (Balch,
1942a; Balch, 1942b ; Gobeil, 1938). L’analyse des documents historiques montre
que le taux de mortalité des épinettes des différents secteurs touchés pouvait varier entre 50 % et 80 % (voir chapitre 4 Perturbations naturelles en Gaspésie). La
sévérité des ces épidémies sur l’épinette blanche et noire était telle que plusieurs
observateurs de l’époque s’inquiétaient même de la disparition de ces deux espèces dans la région (Milot, 1934). Les mentions de ces épidémies entre 1924-1945
ressortent fréquemment des documents historiques et cette période chevauche
la période d’échantillonnage, qui couvre les années 1919 à 1940. Le diprion a
été découvert pour la première fois en Gaspésie en 1930 (Martineau, 1985); plus
de 53 % de l’échantillonnage de la région 5h et plus de 23 % de celui de la ré-
145
Portrait forestier historique de la Gaspésie
5.7 SYNTHÈSE ET CONSTATS DES RÉGIONS ÉCOLOGIQUES DE
LA SAPINIÈRE À BOULEAU BLANC
gion 5i ont été réalisés après cette date. En ce qui concerne le dendroctone, trois
épisodes épidémiques touchant particulièrement la Gaspésie ont été rapportés
(Martineau, 1985). Considérant que les deux premières épidémies sont survenues
avant la période d’échantillonnage et que la troisième est survenue durant la période d’échantillonnage, il est permis de poser l’hypothèse que la proportion des
points d’observation nommant les épinettes dans les rangs supérieurs (rangs un
et deux), aurait pu être différent si l’échantillonnage avait été réalisé à une autre
période. Ainsi, compte tenu de l’impact des perturbations naturelles sur la dynamique forestière, il convient de retenir que les résultats concernant l’importance
des différents taxons correspondent à des ordres de grandeur.
146
S’ajoute à ces considérations un autre facteur engendrant potentiellement une
autre mise en garde par rapport aux résultats de certains taxons, à savoir le feu. En
effet, plusieurs feux majeurs d’origine humaine ont sévi dans la sapinière à bouleau blanc au début du 20e siècle. Il est donc possible qu’ils aient contribué à augmenter l’occurrence et l’abondance de certaines espèces par rapport à ce qu’elles
étaient au moment de l’arrivée des colons, notamment celles du bouleau blanc et,
dans une moindre mesure, celles du peuplier faux-tremble. Cette hypothèse est
par ailleurs corroborée par quelques observations rapportées dans des documents
d’archives (Murray, date inconnue; Valin, 1935; Bélanger, 1932.) :
des pins de 50 à 60 pieds de longueur, jonchent-ils presque partout le sol recouvert de petits peupliers et bouleaux. » (Bourget, 1906)
Ainsi, le portrait de la composition forestière des régions écologiques 5h et 5i présenté reflète un paysage façonné par les perturbations naturelles, mais ayant subi
des impacts notables liés aux perturbations d’origine ou de nature anthropique.
147
« [Entre les rivières York et Saint-Jean] Le feu qui a détruit, il y a quarante ans passés, les environs du bassin de Gaspé, a exercé ici ses ravages d’une manière encore
plus désastreuse que partout ailleurs : le terrain formant un plateau assez élevé
entre les deux rivières York et St-Jean, et étant recouvert d’essences résineuses,
prêtait à l’élément destructeur un aliment des plus faciles. Les arbres qui avaient
été épargnés dans un premier incendie ont dû succomber quelques années plus
tard sous l’ardeur d’un feu plus terrible que le premier. Aussi, les troncs calcinés,
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
« [Canton Gravier] Feuillu et Mélangé 50 ans : Ces deux types de peuplements
couvrent plus que la moitié de la superficie totale de la forêt et ils sont formés par
le reboisement naturel après le passage d’un feu qui a dévasté cette région vers
1887. En certains endroits, le bouleau forme des peuplements purs, mais dans
les parties basses, les résineux apparaissent en assez grand nombre. » (Samson,
1941)
Bibliographie du chapitre*
« Composition des forêts préindustrielles de la Gaspésie »
Bélanger, J., M. Desjardins, et Y. Frenette, 1981. Histoire de la Gaspésie. Institut québécois de recherche sur la culture. Boréal Express. 797 p.
2). Provenance du document : Musée canadien de la nature. (908003)
Anonyme, 1894. Gaspe Vessels Outwards 1851-1894. Provenance du document : Bibliothèques
et Archives Canada. (702002)
Anonyme, 1908. Régions du Bas-du-Fleuve, de la Matapédia et de la Gaspésie : description des
cantons arpentés, explorations et arpentages des rivières. Provenance du document : BANQ –
Montréal. (903007)
Anonyme, 1830. État des importations et des exportations des ports de New Carlisle et de Gaspé.
Provenance du document : Université du Québec à Rimouski. (702009)
148
général du Québec.
Bibliothèques et Archives nationales du Québec. C. 2006-2009. (Internet). Gouvernement du
Québec (2006; visité le 6 mars 2009). Disponible à : pistard.banq.qc.ca/unite_chercheurs/detail_
fonds?p_anqsid=20090302133029619&p_centre=03Q&p_classe=E&p_fonds=21
Bouchette, J., 1815. Description topographique de la province du Bas-Canada avec des remarques
sur le Haut-Canada et sur les relations des deux provinces avec les États-Unis de l’Amérique. Provenance du document : Bibliothèques et Archives Canada. (906050)
Bourget, A.G., 1906. Extrait de Anonyme, 1908. Régions du Bas-du-Fleuve, de la Matapédia et de
Anonyme, 1932. Rapport de la Commission de classification. Comtés de Matane et de Gaspé.
la Gaspésie : description des cantons arpentés, explorations et arpentages des rivières. Ministère
Commission de classification. Provenance du document : Archives de l’archidiocèse de Rimouski.
des Terres et Forêts. Provenance du document : Bibliothèque et Archives Canada. (906023)
(905006)
Archives publiques de l’Ontario (date inconnue), Bûcherons équarissant un pin à Jocko River, Ontario, 1890 (Internet). Toronto (Ont.); La Fondation Historica du Canada (2009). Disponible à :
thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=f1ARTf0008014
Balch, R.E., 1942a. Estimation of Forest Insect Damage With Particular Reference to Dendroctonus
Piceaperda Hopk. Pulp and Paper Magazine of Canada. November 1942: 900-908.
Balch, R.E., 1942b. The Spruce Sawfly Outbreak in 1941. Pulp and Paper Magazine of Canada.
April 1942: 384-389.
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
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Collins, J., 1765. A Plan of Paspébiac. Provenance du document: BANQ – Québec. (405001)
Daviault, L., 1955. Results of Aerial DDT Application Against the Spruce Budworm in the Lower
St.Lawrence and Gaspé Regions in 1954. Departement of agriculture, science service, forest. Provenance du document : Musée de la Gaspésie (fonds James Richardson). (907003)
Desjardins, M. et Y. Frenette, ,1999. Histoire de la Gaspésie (notes de recherche de M. Desjardins,
Y. Frenette, J. Bélanger, B. Hétu et extraits correspondants). Provenance du document : Musée de
la Gaspésie. (906019)
Ells, R.W., 1882. Extrait de Description des cantons arpentés et des territoires explorés de la provin-
Bell, R., 1858. Extrait de Description des cantons arpentés et des territoires explorés de la province
ce de Québec extraits des rapports officiels d’arpentage qui se trouvent au département des terres
de Québec extraits des rapports officiels d’arpentage qui se trouvent au département des terres
ainsi que de ceux de la Commission géologique du Canada et autres sources officielles. Québec,
ainsi que de ceux de la Commission géologique du Canada et d’autres sources officielles. Québec,
Imprimeur de la Reine, 1889. lxxii-955 p.
Imprimeur de la Reine, 1889. lxxii-955 p.
Baddeley, F. H., 1833. Exploration des parties inconnues des comtés de Rimouski, de Bonaventure
et de Gaspé. Provenance du document : Bibliothèques et Archives Canada. (903003)
Fernald, M. L., 1951. Botanizing on the Gaspé Péninsula. Provenance du document : Musée canadien de la nature. (903008)
Fortier, G., 2007. Magazine Gaspésie, Hiver 2007, numéro 158, Vol.43, no3. Textes intégraux. Disponible à :www.museedelagaspesie.ca/magazine/pdf/magazine_gaspesie_txt_non_publie.pdf14p.
*
Étant donné la nature des documents répertoriés, plusieurs éléments composant les notes bibliographiques sont manquants.
149
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Anderson, R. M., 1922. Carnets terrain sur les mammifères et les oiseaux de la Gaspésie (Livre 1 et
Gaudreault, G., 1999. Les récoltes des forêts publiques au Québec et en Ontario 1840-1900. Mc-
Martineau, R., 1985. Insectes forestiers nuisibles des forêts de l’est du Canada. Éditions Marcel Bro-
Gill-Queen’s University Press. 178 p.
quet et Service canadien des forêts. 283 p.
Gobeil, A. R., 1938. Dommages causés aux forêts de la Gaspésie par les insectes. Service d’ento-
Milot, A., 1934. Rapport d’inspection des coupes proposées par la Cie International dans les bassins
mologie, ministère des Terres et des Forêts, bulletin no 2, 19 p. Provenance du document : BANQ
des rivières Dartmouth et York. Ministère des Terres et des Forêts, service forestier. Provenance du
- Montréal. (907001)
document : BANQ – Québec. (801002)
Gouvernement du Québec, 2003. Norme de cartographie écoforestière – Troisième inventaire dé-
Mimeault, M., 2002. Encyclobec (Internet). Québec (Québec), c2003. L’industrie forestière en Gas-
cennal. Ministère des Ressources naturelles et de la Faune et des Parcs du Québec. Direction des
pésie de 1763 à 1875; 31 juillet 2002 (citée le 20 janvier 2008). Disponible à : www.encyclobec.
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ca/main.php?docid=120
Hériot, G., 1807. Travels Through the Canada, Containing a Description of the Picturesque Scenery
Murray, A., date inconnue. Extrait de Description des cantons arpentés et des territoires explorés de
on Some of the Rivers and Lakes with an Account of the Productions, Commerce and Inhabitants
la province de Québec extraits des rapports officiels d’arpentage qui se trouvent au département
of Those Provinces. Provenance du document : Bibliothèques et Archives Canada. (906031)
des terres ainsi que de ceux de la Commission géologique du Canada et autres sources officielles.
150
du document : Bibliothèque de New Richmond. (906006)
Legendre, E. H., 1859. Arpentage dans le canton Matapédia (Rang 1). Provenance du document :
Bureau de l’arpenteur général du Québec. (102014)
Legendre, E. H., 1861. Arpentage du canton Mann (ligne extérieure nord et subdivision d’une
partie du canton).
O’Sullivan, H., date inconnue. Extrait de Description des cantons arpentés et des territoires explorés
de la province de Québec extraits des rapports officiels d’arpentage qui se trouvent au département
Québec, Imprimeur de la Reine, 1889. lxxii-955 p.
Painchaud, A., 1869. Extrait de Description des cantons arpentés et des territoires explorés de la
province de Québec extraits des rapports officiels d’arpentage qui se trouvent au département des
terres ainsi que de ceux de la Commission géologique du Canada et autres sources officielles. Qué-
ment : Bureau de l’arpenteur général du Québec. (914048)
bec, Imprimeur de la Reine, 1889. lxxii-955 p.
Legendre, E.H., 1868. Extrait de Description des cantons arpentés et des territoires explorés de
Pellan, A., 1914. Vastes champs offerts à la colonisation et à l’industrie : La Gaspésie, esquisse his-
la province de Québec extraits des rapports officiels d’arpentage qui se trouvent au département
torique, ses ressources. Ministère de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries, 276 p. Provenance
des terres ainsi que de ceux de la Commission géologique du Canada et autres sources officielles.
du document : Bibliothèques et Archives Canada. (906037)
Richardson, J., date inconnue. Extrait de Description des cantons arpentés et des territoires explorés
Legendre, E.H., 1873. Extrait de Description des cantons arpentés et des territoires explorés de
de la province de Québec extraits des rapports officiels d’arpentage qui se trouvent au département
la province de Québec extraits des rapports officiels d’arpentage qui se trouvent au département
des terres ainsi que de ceux de la Commission géologique du Canada et autres sources officielles.
des terres ainsi que de ceux de la Commission géologique du Canada et autres sources officielles.
Québec, Imprimeur de la Reine, 1889. lxxii-955 p.
Québec, Imprimeur de la Reine, 1889. lxxii-955 p.
151
des terres ainsi que de ceux de la Commission géologique du Canada et autres sources officielles.
Legendre, E. H., 1865. Correspondance sur l’arpentage du canton Nouvelle. Provenance du docu-
Québec, Imprimeur de la Reine, 1889. lxxii-955 p.
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Québec, Imprimeur de la Reine, 1889. lxxii-955 p.
Rouillard, E., 1899. La colonisation dans les comtés de Témiscouata, de Rimouski, de Matane, de
Legendre, P. et L. Legendre, 1998. Numerical Ecology. 2nd English edition. Elsevier Science BV,
Bonaventure et de Gaspé. Sous la direction de l’honorable Adélard Turgeon, Commissaire de la
Amsterdam. xv + 853 pages.
Colonisation et des Mines. 153 p. Provenance du document : Bibliothèques et Archives Canada.
(906039)
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Lacasse, J., 1980. À la découverte de l’Anse-au-Griffon. Imprimerie du Havre, 187 p. Provenance
Chapitre 6
Roy, C. E. et Breault L., 1934. Gaspé depuis Cartier. Provenance du document : BANQ – Montréal.
(906007)
Roy, C.F., 1860. Correspondance sur l’arpentage du canton Tourelle. Provenance du document :
Bureau de l’arpenteur général du Québec. (914051)
Stades de développement des peuplements des forêts
préindustrielles de la Gaspésie
Rédaction : Barbara Hébert, B. Amén. ress. forest., M. Sc.
Roy, G.P., 1888. Re-survey of Part of Township New Richmond, appendix no 44, p. 55-58
ce de Québec extraits des rapports officiels d’arpentage qui se trouvent au département des terres
ainsi que de ceux de la Commission géologique du Canada et autres sources officielles. Québec,
Imprimeur de la Reine, 1889. lxxii-955 p.
6.0 mise en contexte du chapitre
« STADES DE DÉVELOPPEMENT DES PEUPLEMENTS »............................................................................155
Samson, L. P., 1941. Rapport de l’inventaire forestier fait dans le bloc vacant du canton Gravier,
6.1 MÉTHODOLOGIE SPÉCIFIQUE............................................................................................................. 155
comté de Matapédia et comprenant une partie des bassins des rivières Nouvelle et Cascapédia.
6.1.1 Détermination du stade de développement..........................................................................155
Ministère des Terres et des Forêts. Provenance du document BANQ – Québec. (500002)
152
Scull et Richardson, 2007. A Method to Use Ranked Timber Observations to Perform Forest Composition Reconstitutions from the Land Survey Data. Am. Midl. Nat. 158 :446-460.
Valin, R., 1935. Analyse du rapport de M. L. Z. Rousseau sur divers terrains de la Gaspésie (extrait).
Provenance du document : UQAR. (906048)
Varady-Szabo, H., M. Côté, Y. Boucher, G. Brunet et J.-P. Jetté, 2008. Guide à la documentation
6.1.2 Importance relative des forêts par stade de développement...........................................156
6.1.3 Répartition sur le territoire des peuplements par stade de
développement et configuration spatiale des massifs de forêts
matures...................................................................................................................................... 157
6.1.4 Type de couvert en fonction des différents stades de développement........................ 157
6.2.1 Importance relative des forêts par stade de développement...........................................158
des plans régionaux de développement intégré des ressources et du territoire (PRDIRT). Document
d’aide à l’introduction de l’aménagement écosystémique dans les PRDIRT. Consortium en foreste-
6.2.3 Type de couvert en fonction des différents stades de développement......................... 160
rie Gaspésie–Les-Îles. 65 p.
William, C.E. et T. Gouderault, 1889, Report of an Exploration of Certain Timber Limits.
153
6.2 résultats ET DISCUSSION POUR LES RÉGIONS ÉCOLOGIQUES DE LA SAPINIÈRE
À BOULEAU BLANC (RÉGIONS 5H ET 5I)............................................................................................ 158
6.2.2 Répartition sur le territoire des peuplements selon leur stade de
développement et configuration spatiale des peuplements
matures...................................................................................................................................... 159
des enjeux écologiques pour la mise en œuvre de l’aménagement écosystémique dans le cadre
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Table des matières
6.3 résultats ET DISCUSSION POUR LES RÉGIONS ÉCOLOGIQUES DE LA SAPINIÈRE
À BOULEAU JAUNE (RÉGIONS 4G ET 4H).......................................................................................... 163
6.3.1 Importance relative des forêts par stade de développement...........................................163
6.3.2 Répartition sur le territoire des peuplements selon leur stade de
développement et configuration spatiale des peuplements
matures...................................................................................................................................... 164
6.3.3 Type de couvert en fonction des différents stades de développement......................... 165
6.4 SYNTHÈSE DU CHAPITRE « STADES DE DÉVELOPPEMENT DES PEUPLEMENTS »........................... 165
BIBLIOGRAPHIE DU CHAPITRE « STADES DE DÉVELOPPEMENT DES PEUPLEMENTS
DES FORÊTS PRÉINDUSTRIELLES DE LA GASPÉSIE »............................................................................... 167
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Roy, G.P., 1888. Extrait de Description des cantons arpentés et des territoires explorés de la provin-
6.0 MISE EN CONTEXTE DU CHAPITRE « STADES DE
DÉVELOPPEMENT DES PEUPLEMENTS »
tableau 6.1
Ce chapitre documente trois variables en regard des différents stades de développement des peuplements composant la forêt préindustrielle. Ainsi sont documentées 1) l’importance relative de chacun des stades de développement composant
la forêt; 2) leur répartition sur le territoire et plus spécifiquement la configuration
spatiale des massifs matures et 3) la représentativité des types de couvert (feuillu,
mélangé ou résineux) aux différents stades de développement.
Classification des mentions et de l’information relevées dans les carnets
d’arpentage à l’égard des stades de développement...............................................................156
tableau 6.2
Proportion de la forêt pour chaque stade de développement estimée à partir des
photos aériennes et exprimée en ratio de surface pour les régions 5h et 5i...................... 159
tableau 6.3
Proportion de la forêt pour chaque stade de développement estimée à partir des
carnets d’arpentage du 20e siècle et exprimée en ratio du nombre de mentions pour
les régions 5h et 5i......................................................................................................................... 159
tableau 6.4
Proportion des types de couvert pour chacun des stades de développement pour
chacune des régions écologiques à l’étude............................................................................ 163
154
tableau 6.5
Proportion de la forêt pour chaque stade de développement estimée à partir des
carnets d’arpentage du 19e siècle et exprimée en ratio du nombre de mentions pour
les régions 4g et 4h....................................................................................................................... 163
liste des figures
figure 6.1
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Répartition sur le territoire des forêts a) matures; b) jeunes; c) en régénération pour
les régions écologiques 5h et 5i................................................................................................. 161
6.1
MÉTHODOLOGIE SPÉCIFIQUE
6.1.1 Détermination du stade de développement
L’âge précis des peuplements n’étant pas une information disponible dans les
carnets d’arpentage, le stade de développement a été déterminé à partir des
notes des arpenteurs ou d’autres indices qui situent le peuplement dans son développement. Trois stades de développement ont été retenus : en régénération,
jeune et mature. Les peuplements qualifiés « en régénération » sont issus d’une
perturbation récente et sont considérés dans ce stade jusqu’à ce qu’ils terminent
la phase gaulis. Quant aux peuplements « matures », ce sont ceux qui ont une
dimension commercialement exploitable. Les peuplements « jeunes » se situent
entre ces deux groupes.
155
Sur les photos aériennes, les textures des cimes et la hauteur des peuplements
ont permis de distinguer les stades de développement alors que dans les carnets,
les précisions sur les diamètres et les mentions spécifiques au stade de développement ont servi à déterminer où se situait le peuplement dans son développement. Le tableau 6.1 présente les critères de prises de décision en regard de
l’information apparaissant dans les carnets d’arpentage.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
liste des tableaux
Classification des mentions et de l’information relevées dans les carnets d’arpentage
à l’égard des stades de développement.
En régénération
Jeune
•jeune bois
•pousse nouvelle
•thicket
•Saint-Michel
•fourré
•perturbation récente
(feu, coupe, chablis,
bois renversé)
156
•bois court
•small growth
•petit diamètre
•second growth
•taillis
Mature
•grand bois
•gros bois
•large growth
•large
•bois marchand
•futaie bois long
•perchis
•mention de diamètre inférieur à 8
pouces (20 cm)
•mention de diamètre
égal ou supérieur à 8
pouces (20 cm)
6.1.2 Importance relative des forêts par stade de
développement
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
L’importance relative de chacun des stades de développement sur le territoire
permet de documenter la présence de chacun de ces stades dans la forêt
gaspésienne à la période préindustrielle.
Pour les régions de la sapinière à bouleau blanc (5h et 5i), les résultats sont
issus des deux sources, soit les carnets d’arpentage du début du 20e siècle et
les photos aériennes. Les analyses faites à partir des photos aériennes permettent de présenter les résultats sous forme de ratio de surface alors que
les données issues des carnets d’arpentage résultent en un ratio du nombre
d’observations sur le nombre total d’observations. Pour les régions de la sapinière à bouleau jaune (4g et 4h), les données proviennent uniquement de
carnets d’arpentage et les résultats présentent un ratio du nombre d’observations.
6.1.3 Répartition sur le territoire des peuplements par stade de
développement et configuration spatiale des massifs de
forêts matures
La répartition sur le territoire des peuplements par stade de développement exprime leur distribution spatiale. La qualité de la répartition permet entre autres
d’estimer la capacité de dispersion des essences des forêts matures et la représentativité sur le territoire des caractéristiques propres aux habitats des vieilles forêts
(Varady-Svabo et al., 2008). Ainsi, une répartition homogène des forêts matures
est plus favorable au maintien sur le territoire des caractéristiques propres aux
vieilles forêts que ne le serait une répartition où les peuplements matures seraient
agglomérés, laissant sur le territoire des secteurs où ils seraient absents. Pour
les régions écologiques de la sapinière à bouleau blanc (5h et 5i), les polygones
géoréférencés issus de la photo-interprétation ont été utilisés pour présenter la
répartition des forêts matures sur le territoire. Aucune information géoréférencée
ne permet de documenter cette variable pour les régions écologiques de la sapinière à bouleau jaune (4g et 4h).
157
Un des objectifs spécifiques à cette section est de vérifier la connectivité entre
les différents peuplements matures et d’estimer la taille moyenne des massifs
de forêts matures. Pour cette analyse, le photo-interprète devait, à partir de 40
peuplements matures, délimiter le contour des massifs de forêt mature auquel
appartenait chacun des ces peuplements matures en fonction de leur stade de
développement uniquement, c’est-à-dire sans égard au groupement d’essences.
6.1.4 Type de couvert en fonction des différents stades de
développement
Les proportions des types de couvert spécifiques pour chaque stade de développement (en régénération, jeune, vieux) ont été comparées avec les proportions
des types de couvert pour l’ensemble des peuplements (tous stades de développement confondus). Cette comparaison permet d’évaluer la représentativité des
différents types de couvert (résineux, mélangé ou feuillu) aux différents stades
de développement. Les carnets d’arpentage et les photos aériennes ont servi à
documenter cette section.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
tableau 6.1
Tableau 6.2
6.2 RÉSULTATS ET DISCUSSION POUR LES RÉGIONS
ÉCOLOGIQUES DE LA SAPINIÈRE À BOULEAU BLANC
(RÉGIONS 5H ET 5I)
6.2.1 Importance relative des forêts par stade
de développement
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
158
Les données provenant des carnets indiquent pour les mêmes régions respectives que 47 % et 66 % des peuplements forestiers étaient au stade
mature (tableaux 6.2 et 6.3). Bien que les carnets indiquent un taux inférieur
à celui révélé par les photos aériennes, les deux sources convergent pour
indiquer que sur le territoire gaspésien, à la période préindustrielle, les forêts
matures dominaient le paysage forestier de la sapinière à bouleau blanc.
Les inventaires forestiers anciens (période 1938-1967) compilés par Brunet
(2002) font aussi ressortir la dominance des peuplements matures dans le
paysage forestier pour la portion est de la péninsule gaspésienne.
Il s’avère inadéquat de comparer directement les résultats issus de l’analyse
des photos aériennes et ceux issus de l’analyse des carnets d’arpentage puisque les documents sont de nature différente. Par exemple, le ratio important
du stade « régénération » pour les résultats issus des carnets d’arpentage
peut être une conséquence de la méthode puisque tous les peuplements où
les arpenteurs avaient noté une perturbation récente ont été classés « régénération ». Or, parmi les 37 % de mentions « régénération », 24 % sont des
peuplements de « bois renversés », ce qui laisse croire que plusieurs peuplements classés « régénération » comportaient encore un couvert résiduel à la
suite de la perturbation. Or, sur la photo aérienne, ces peuplements auraient
été qualifiés « matures » avec une faible densité de couvert. Ces résultats
doivent donc être considérés comme des tendances plutôt que des valeurs
absolues.
Tableau 6.3
Région
Superficie
échantillonnée
Régénération
Jeune
Mature
Massif gaspésien
(5h)
32 632 ha
4,7 %
20,3 %
75,0 %
Haut massif
gaspésien (5i)
24 365 ha
2,1 %
15,2 %
82,8 %
Proportion de la forêt pour chaque stade de développement estimée à partir des carnets d’arpentage du 20e siècle et exprimée en ratio du nombre de mentions pour les
régions 5h et 5i.
Région
n
Régénération
Jeune
Mature
Massif gaspésien (5h)
n = 707
37,9 %
14,9 %
47,2 %
Haut massif gaspésien
(5i)
n = 319
15,7 %
18,8 %
65,5 %
159
6.2.2 Répartition sur le territoire des peuplements selon leur stade
de développement et configuration
spatiale des peuplements matures
Compte tenu de l’importance des forêts au stade « mature », leur répartition sur
le territoire apparaît relativement homogène (figure 6.1) alors que les forêts « jeunes » et en « régénération » présentent une distribution moins régulière. Ainsi,
les massifs de forêts jeunes et en régénération qui résultent de perturbations
naturelles étaient très fragmentés puisque les perturbations de grande envergure
telles que le feu ont peu modelé le paysage forestier gaspésien (voir chapitre 4
Perturbations naturelles en Gaspésie).
Il n’a pas été possible de délimiter sur les photos aériennes les massifs de forêts
matures dans les régions de la sapinière à bouleau blanc puisqu’ils constituaient
la matrice de fond de cette partie du paysage forestier gaspésien, confirmant
ainsi la grande connectivité existant entre les peuplements matures.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Les résultats indiquent que les forêts au stade « mature » dominaient le
paysage forestier de la sapinière à bouleau blanc au début du 20e siècle. Les
photos aériennes indiquent qu’elles couvraient 75 % et 83 % de la superficie
forestière pour les régions 5h et 5i respectivement. Ces résultats convergent
avec ceux de Lévesque (1997) qui dans la région adjacente au parc Forillon
avait relevé qu’entre 68 et 91 % de la superficie était constituée de peuplements au stade mature.
Proportion de la forêt pour chaque stade de développement estimée à partir des photos
aériennes et exprimée en ratio de surface pour les régions 5h et 5i.
b)
6.2.3 Type de couvert en fonction des différents stades de
développement
Pour les deux régions écologiques de la sapinière à bouleau blanc (5h et 5i),
les données issues des photos aériennes et des carnets d’arpentage indiquent
que les types de couvert dominants sont les couverts « résineux » et « mélangé ». Cette dominance et leur représentativité se reflètent aux différents
stades de développement.
Les données issues de la photo-interprétation indiquent que la proportion des
types de couvert des peuplements « matures » et « jeunes » était représentative des proportions des types de couvert pour tous les stades de développement confondus. Ainsi, les proportions de peuplements résineux, mélangés
et feuillus de la sapinière à bouleau blanc restent similaires lorsque les peuplements jeunes et matures sont considérés séparément (tableau 6.4).
160
161
Pour les peuplements « en régénération », bien que les couverts résineux et
mélangés dominaient aussi, l’écart plus important entre les ratios peut être
la conséquence d’un biais dans l’échantillonnage dû au plus petit nombre
d’échantillons.
c)
figure 6.1
Répartition sur le territoire des forêts a) matures; b) jeunes; c) en régénération pour les
régions écologiques 5h et 5i
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
a)
6.3.1 Importance relative des forêts par stade de développement
Pour la région Côte de la baie des Chaleurs (4g), il ressort que les peuplements
matures dominaient le paysage (56 %) et que les peuplements en régénération
étaient les moins fréquents (8 %) (tableau 6.5). Dans la région écologique 4g, la
présence des peuplements jeunes est cependant près de deux fois plus importante que dans la région écologique 4h. Bien qu’il soit reconnu que le 19e siècle
marque une intensification des activités liées à la colonisation, il n’est pas possible de déterminer dans quelle mesure les perturbations qui ont eu pour effet de
rajeunir ces peuplements sont d’origine naturelle ou anthropique. Néanmoins,
malgré que la colonisation ait pu commencer à avoir un impact sur la forêt à cette
époque, 56 % des observations étaient des peuplements matures dans cette région au cours de la période couverte par l’étude. Ce ratio, qui suggère que plus
de la moitié des peuplements était mature, constitue donc un seuil minimum.
163
Proportion de la forêt pour chaque stade de développement estimée à partir des carnets
d’arpentage du 19e siècle et exprimée en ratio du nombre de mentions pour les régions
4g et 4h
Région
n
Régénération
Jeune
Mature
Côte de la baie des Chaleurs (4g)
n = 258
8,1 %
35,7 %
56,2 %
Côte gaspésienne (4h)
n = 54
3,7 %
66,8 %
29,6 %
Dans la région Côte gaspésienne (4h), les résultats indiquent que, dans une large
proportion, les peuplements jeunes dominaient le paysage forestier de cette région au milieu du 19e siècle (67 % des mentions). Pourtant, les observations des
peuplements jeunes ont été faites avant le feu de 1867 qui a brûlé une importante superficie de cette région écologique. En outre, dans les notes des arpenteurs,
ces jeunes peuplements étaient constitués de bouleaux, de sapins rabougris de
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Les résultats issus des données comportant moins de cinq échantillons n’ont pas été présentés.
Tableau 6.5
3
La « répartition du couvert par type » provient des résultats présentés dans le chapitre 5 Composition des forêts préindustrielles de la Gaspésie. La répartition des types de couvert pour chacun des stades de développement a donc
été faite, comme dans le chapitre 5, en distinguant les résultats issus du traitement de l’information considérant les deux ou les trois premiers taxons nommés dans les carnets d’arpentage.
2
1
En regard des résultats présentés au tableau 6.4, il n’est pas possible de déterminer quelle source (carnet deux taxons ; carnet trois taxons, photos aériennes) donne les résultats se rapprochant le plus de la réalité. Toutefois, les
écarts entre deux stades de développement pour un même type de couvert peuvent être calculés sur une même ligne pour mesurer la représentativité des types de couvert dans les différents stades de développement.
0
6
94
46
54
61
39
Photos
42
58
0
<1
<1
4
42
54
39
56
56
44
Carnet trois taxons
50
49
1
0
5
8
25
67
18
77
17
82
Haut
massif
gaspésien
(5i)
Carnet deux taxons
83
16
1
0
5
0
24
76
55
45
57
43
Photos
44
56
0
<1
0
24
37
39
38
61
58
35
Massif
gaspésien
(5h)
Carnet trois taxons
44
50
6
7
1
24
20
56
27
72
31
59
Carnet deux taxons
70
23
7
10
1
n. a.
n. a.
n. a.
65
35
94
6
7
Carnet trois taxons
14
79
0
0
n. a.
n. a.
n. a.3
59
41
50
31
15
Côte gaspésienne
(4h)
Carnet deux taxons
46
39
19
0
42
32
26
58
21
69
20
8
Carnet trois taxons
21
71
11
21
42
16
42
49
30
51
38
12
53
Côte de la
baie des
Chaleurs
(4g)
Carnet deux taxons
35
11
21
Feuillu
Mélangé
Résineux
Mélangé
Résineux
Mélangé
Résineux
Feuillu
Mélangé
Résineux
Feuillu
Feuillu
Régénération
Jeune
Mature
Source
Tous stades de
d’information développement confondus2
proportion (%) des types de couvert pour chacun des stades de développement pour chacune des régions
écologiques à l’étude1.
tableau 6.4
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
162
6.3 RÉSULTATS ET DISCUSSION POUR LES RÉGIONS ÉCOLOGIQUES
DE LA SAPINIÈRE À BOULEAU JAUNE
(RÉGIONS 4G ET 4H)
résultats doivent donc être utilisés davantage en termes de tendances que de
proportions absolues.
6.3.3 Type de couvert en fonction des différents stades de
développement
Les données issues des carnets d’arpentage indiquent que la proportion des types
de couvert des peuplements « matures » et « jeunes » était représentative des
proportions des types de couvert pour tous les stades de développement confondus. Ainsi, les proportions de peuplements résineux, mélangés et feuillus de la
sapinière à bouleau jaune restent similaires lorsque les peuplements jeunes et
matures sont considérés séparément (tableau 6.4).
Ces résultats issus de l’analyse des carnets d’arpentage peuvent difficilement
être comparés à ceux issus d’une photo-interprétation, par exemple celle qui
a donné lieu aux cartes écoforestières contemporaines. Les résultats doivent
être utilisés davantage en termes de tendances que de proportions absolues.
Pour les peuplements « en régénération », il semble y avoir une tendance en
faveur du type de couvert « feuillu » dans la région 4g. Cela pourrait refléter la
dynamique de régénération des essences de lumière feuillues telles que le bouleau blanc ou l’érable rouge. Toutefois, le nombre d’observations est relativement
faible et pour la région 4h il n’est pas possible de dégager des résultats (n<5).
6.3.2 Répartition sur le territoire des peuplements selon leur
stade de développement et configuration
164
spatiale des peuplements matures
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
L’information insuffisante quant aux stades de développement, n’a pas permis
une analyse quant à la configuration spatiale des peuplements des régions
écologiques de la sapinière à bouleau jaune (régions 4g et 4h). Néanmoins,
l’importance relative des observations de peuplements au stade mature pour
la région Côte de la baie des Chaleurs (4g) suggère qu’avec 56 % des observations il y ait eu une connectivité entre plusieurs de ces peuplements, créant
des massifs qui auraient dépassé la taille des peuplements.
Bien que le ratio d’observations de peuplements matures soit moindre dans
la région écologique 4h que dans la région 4g, les 30 % de peuplements
matures de la région 4h suggèrent que cette proportion ait tout de même
permis une certaine connectivité entre les peuplements matures. Ainsi, il
apparaît raisonnable de croire qu’avec 30 % des peuplements matures, la
taille moyenne des massifs « matures » dépassait celle des peuplements individuels. Plusieurs peuplements matures pouvaient donc être contigus pour
former le massif.
Encore une fois, ces résultats issus de l’analyse des carnets d’arpentage peuvent difficilement être comparés à ceux issus d’une photo-interprétation, par
exemple celle qui a donné lieu aux cartes écoforestières contemporaines. Les
165
6.4 SYNTHÈSE DU CHAPITRE « STADES DE DÉVELOPPEMENT DES
PEUPLEMENTS»
Les résultats
indiquent que
près de la moitié à
plus de 80 % des
forêts gaspésiennes
étaient matures
durant la période
préindustrielle.
Les résultats indiquent que près de la moitié à plus de 80 % des forêts gaspésiennes étaient matures durant la période préindustrielle. Ces proportions correspondent aux ratios relevés dans plusieurs documents historiques dans lesquels
les auteurs rapportent que près de 80 % de la forêt gaspésienne était mature
au moment de leur passage. La région Côte gaspésienne (4h) fait exception avec
30 % des observations relevant des peuplements matures, mais ce résultat peut
être considéré comme un seuil minimal. Les peuplements en régénération sont
les moins fréquents et les peuplements jeunes représentent entre 15 % et 20 %
de la surface dans les régions de la sapinière à bouleau blanc, mais entre le tiers et
les deux tiers des observations dans les régions de la sapinière à bouleau jaune.
La grande surface couverte par les peuplements matures avait pour effet de favoriser une répartition homogène des vieilles forêts sur le territoire gaspésien.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
même que de bois renversés. Le faible nombre d’échantillons pour cette région (n=54) peut toutefois être à l’origine d’un biais dans l’échantillonnage,
ce qui limite la capacité de généralisation des résultats. Il est donc possible
que les peuplements jeunes (67 %) soient surreprésentés au détriment des
peuplements matures (30 %). En l’occurrence, ce taux de 30 % de peuplements matures devrait être considéré comme un seuil minimum.
bibliographie du chapitre
Quant au type de couvert, de façon générale et pour l’ensemble de la forêt
gaspésienne, la composition des peuplements « matures » et « jeunes » semblait refléter la proportion des différents types de groupements d’essences.
Par exemple, le ratio de sapinière dans les forêts matures pourrait être semblable à celui des forêts jeunes compte tenu que le ratio des peuplements de
type résineux est aussi similaire.
« STADES DE DÉVELOPPEMENT DES PEUPLEMENTS
DES FORÊTS PRÉINDUSTRIELLES DE LA GASPÉSIE »
Brunet, G., 2002. Reconstitution historique de la sapinière à bouleau blanc vierge de la Côte-deGaspé. Mémoire de maîtrise présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval.
Université Laval. 116 p.
Levesque, F., 1997. Conséquence de la dynamique de la mosaïque forestière sur l’intégrité écologique de parc national de Forillon. Mémoire de maîtrise présenté à la Faculté des études supérieures
de l’Université Laval. Université Laval. 51p.
Varady-Szabo, H., M. Côté, Y. Boucher, G. Brunet et J.-P. Jetté, 2008. Guide à la documentation
des enjeux écologiques pour la mise en œuvre de l’aménagement écosystémique dans le cadre
des plans régionaux de développement intégré des ressources et du territoire (PRDIRT). Document
d’aide à l’introduction de l’aménagement écosystémique dans les PRDIRT. Consortium en foresterie Gaspésie–Les-Îles. 65 p.
167
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
166
Chapitre 7
Structure des peuplements des forêts préindustrielles
de la Gaspésie
Rédaction : Barbara Hébert, B. Amén. ress. forest., M. Sc.
liste des tableaux
tableau 7.1
Proportion du territoire pour chacun des types de structure verticale..........................173
tableau 7.2
Proportion des peuplements par type de structure diamétrale pour les régions
5h et 5i.............................................................................................................................................. 174
Table des matières
7.0 mise en contexte du chapitre « STRUCTURE DES PEUPLEMENTS »......................................... 170
tableau 7.3
Proportion du territoire déterminée à partir des photos aériennes pour chacune des
classes de densité du couvert par type de perturbation pour les régions 5i et 5h.......... 176
7.1 MÉTHODOLOGIE SPÉCIFIQUE............................................................................................................. 170
7.1.1 Structure verticale des peuplements...................................................................................170
7.1.2 Structure diamétrale............................................................................................................. 171
À l’échelle du peuplement....................................................................................................... 171
168
À l’échelle de la région.......................................................................................................... 171
7.1.3 Structure horizontale des peuplements..............................................................................171
liste des figures
figure 7.1
Fréquence des diamètres par classe et par essence dans les peuplements a) de sapin ;
b) d’épinettes ; c) de bouleaux et d’érables et d) de thuya pour les régions 5h et 5i.........175
169
7.2 RÉSULTATS ET DISCUSSION POUR LES RÉGIONS ÉCOLOGIQUES DE LA SAPINIÈRE
À BOULEAU BLANC (RÉGIONS 5H ET 5I)............................................................................................ 172
7.2.1 Structure verticale des peuplements...................................................................................172
7.2.2 Structure diamétrale............................................................................................................. 174
Structure diamétrale à l’échelle du peuplement...............................................................174
Structure diamétrale à l’échelle de la région...................................................................175
7.2.3 Structure horizontale des peuplements..............................................................................176
7.3 SYNTHÈSE DU CHAPITRE « STRUCTURE DES PEUPLEMENTS ».........................................................177
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
BIBLIOGRAPHIE DU CHAPITRE « STRUCTURE DES PEUPLEMENTS DES FORÊTS PRÉINDUSTRIELLES
DE LA GASPÉSIE »..................................................................................................................................... 178
7.1
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
À l’échelle du peuplement
La structure interne des peuplements est modelée par la mortalité des arbres
résultant du phénomène d’autoéclaircie, de la sénescence, de l’occurrence de
perturbations partielles et des legs des perturbations totales (Varady-Szabo
et al., 2008). Ainsi, la structure interne des peuplements est caractérisée par
leur structure verticale, leur structure diamétrale et leur structure horizontale
qui s’exprime par les variations dans la densité du couvert.
Cette variable exprime s’il y a variation ou non des diamètres à l’intérieur d’un
peuplement. Les données analysées sont issues des carnets d’arpentage et seules les données des régions écologiques de la sapinière à bouleau blanc étaient
disponibles. La structure diamétrale a été définie comme étant régulière ou irrégulière. Dans le cadre de ce projet, il a été déterminé qu’un peuplement dont les
tiges montraient des variations en diamètre de 10 cm et plus était qualifié comme
ayant une structure diamétrale irrégulière.
MÉTHODOLOGIE SPÉCIFIQUE
À l’échelle de la région
7.1.1 Structure verticale des peuplements
170
7.1.2 Structure diamétrale
Cette composante de la forêt exprime les variations de hauteur à l’intérieur
d’un peuplement. Pour les régions écologiques de la sapinière à bouleau
blanc (régions 5h et 5i), la structure verticale a été déterminée à partir de
l’interprétation des photos aériennes dont la prise de vue a été réalisée en
1926 et 1927. Ainsi, selon les hauteurs des tiges observées lors de la photointerprétation, les peuplements à structure régulière et ceux à structure irrégulière ont été distingués. Parmi les peuplements à structure régulière, certains montraient des indices de perturbations partielles. Or, ces peuplements
perturbés partiellement tendent à évoluer avec une structure verticale qui
comporte au moins deux étages puisque l’ouverture partielle du couvert crée
des conditions favorables à l’installation ou au développement d’une nouvelle cohorte (Desponts et al., 2002 ; Seymour et Hunter 1992 dans Brunet,
2002). Ainsi, ces peuplements qui présentent à la fois un couvert résiduel
et des ouvertures issues de perturbations, ont été caractérisés comme ayant
une structure biétagée.
Les données des carnets d’arpentage des régions écologiques de la sapinière
à bouleau jaune n’ont pas permis de réaliser cette analyse.
Les données issues des carnets d’arpentage couvrant les régions de la sapinière à
bouleau blanc ont aussi permis d’estimer la fréquence des diamètres à l’intérieur
des peuplements. Exprimée en pourcentage, cette variable indique le nombre de
fois où les tiges d’une classe de diamètre spécifique sont rencontrées à l’intérieur
des peuplements échantillonnés à travers la région. Ces résultats tiennent compte
du fait que des tiges issues de plusieurs classes de diamètres peuvent être rencontrées à l’intérieur d’un peuplement. Les résultats sont présentés par groupes d’espèces (sapin, épinettes, feuillus durs, thuya) et par régions. Les grandes classes de
diamètres à l’intérieur desquelles les bois ont été classés sont les suivantes :
o
Gaules (2, 4, 6, 8 cm)
o
Petit bois (10, 12, 14, 16 cm);
o
Moyen bois (18, 20, 22, 24 cm);
o
Gros bois (26, 28, 30 cm);
171
oVétérans (plus de 30 cm)
Les données des carnets d’arpentage des régions écologiques de la sapinière à
bouleau jaune n’ont pas permis de réaliser cette analyse.
7.1.3 Structure horizontale des peuplements
Cette composante exprime le degré de fermeture du couvert forestier d’un peuplement. La densité du couvert permet de décrire cette variable puisqu’elle renseigne sur la variabilité des conditions d’ensoleillement à l’intérieur du peuplement.
Ainsi, les peuplements très fermés ou très ouverts montrent des conditions plus
Portrait forestier historique de la Gaspésie
7.0 MISE EN CONTEXTE DU CHAPITRE « STRUCTURE DES
PEUPLEMENTS »
o Dense : 75 à 100 % de fermeture du couvert
o Moyenne : 50 à 75 % de fermeture du couvert
oFaible : 25 à 50 % de fermeture du couvert
o Nulle : < 25 % de fermeture du couvert (il s’agit de lande ou de
peuplement ayant fait l’objet d’une perturbation sévère récente au
moment de la prise de photo)
172
Comme les carnets d’arpentage ne donnent pas d’information quant à la
densité du couvert, seules les régions écologiques de la sapinière à bouleau
blanc ont donc pu être traitées à partir des photos aériennes.
7.2 RÉSULTATS ET DISCUSSION POUR LES RÉGIONS
ÉCOLOGIQUES DE LA SAPINIÈRE À BOULEAU BLANC (RÉGIONS 5H ET 5I)
pour les régions écologiques de la sapinière à bouleau blanc (5h et 5i) dépassent
le nombre d’années nécessaire aux peuplements pour atteindre et dépasser le
moment de la sénescence.
Les peuplements qualifiés « biétagés » sont d’abord des peuplements à structure
régulière dans lesquels, à la suite d’une perturbation partielle, se développe un
nouvel étage dans la strate. C’est le début de la complexification de la structure
qui pourra éventuellement être soit complexifiée davantage par une autre perturbation partielle, soit interrompue par une perturbation totale.
Ces résultats issus de l’interprétation des photos aériennes de 1926 et 1927 peuvent être comparés avec ceux de l’interprétation des photos récentes en prenant
toutefois en compte que la qualité des photos anciennes diffère de celle des photos actuelles et que cette différence contribue à l’écart dans les résultats. La proportion de forêt pour chacun des types de structure cités ici constitue donc un
ordre de grandeur davantage qu’un ratio absolu.
Tableau 7.1
Proportion du territoire pour chacun des types de structure verticale.
Structure verticale
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
7.2.1 Structure verticale des peuplements
Pour les régions 5h et 5i respectivement, 18 et 14 % de la superficie montrait
une structure verticale irrégulière et les peuplements biétagés représentaient
30 % de la superficie dans chacune des régions (tableau 7.1). Quant aux peuplements à structure verticale régulière, ils auraient couvert environ la moitié
du territoire forestier avec 52 % et 56 % de la surface pour les régions 5h et
5i respectivement.
L’irrégularité dans la structure verticale des peuplements résulte de perturbations qui ont lieu à une échelle localisée (Desponts et al., 2002; Lorimer,
1980). Ainsi, la présence des peuplements à structure irrégulière sur le territoire s’explique par le long intervalle entre les perturbations majeures (Lorimer, 1980). En effet, les cycles de feu estimés dans le cadre de cette étude
173
Région
Régulière
Biétagée
Irrégulière
Massif gaspésien (5h)
52 %
30 %
18 %
Haut massif gaspésien (5i)
56 %
30 %
14 %
Portrait forestier historique de la Gaspésie
homogènes sur le plan de l’ensoleillement que les peuplements moyennement ouverts où les conditions d’ensoleillement varient à l’intérieur du peuplement. La densité de couvert des peuplements a été déterminée à partir
de l’interprétation des photos aériennes. Ainsi, selon le taux de fermeture du
couvert, quatre classes de densité ont été distinguées :
Structure diamétrale à l’échelle de la région
La fréquence des diamètres indique que pour les régions 5h et 5i respectivement,
dans 58 % et 47 % des peuplements, il y a des tiges de sapin qui ont entre 26 et
30 cm (classe de diamètre « Gros bois ») (figure 7.1). Ces ratios sont de 64 % et
de 46 % pour les épinettes puis de 73 % et de 49 % pour les feuillus durs pour
les mêmes régions respectives. Quant au thuya, des tiges de plus de 30 cm ont été
observées dans plus de 81 % des peuplements où il est présent.
7.2.2 Structure diamétrale
Structure diamétrale à l’échelle du peuplement
Les données des carnets d’arpentage révèlent que 59 % des observations
dans les peuplements de la région 5h avaient une structure diamétrale irrégulière (tableau 7.2). Ces résultats sont semblables à ceux de Lorimer (1980)
qui a observé dans des forêts vierges de l’est de l’Amérique du Nord, une
structure diamétrale irrégulière dans 56 % des 48 peuplements étudiés. Dans
la région 5i, le ratio de peuplements montrant une structure diamétrale irrégulière est inférieur à celui de la région 5h, mais représente néanmoins
près du tiers des peuplements. Ces résultats convergent avec ceux de Brunet
(2002) qui a fait ressortir que les peuplements matures, présentant des tiges
de différents diamètres, occupaient une importante proportion du paysage
forestier dans la sapinière à bouleau blanc du secteur est de la péninsule
gaspésienne.
174
Tableau 7.2
L’importance des peuplements au stade « mature » qui dépassent 75 % de la
surface selon les photos aériennes de 1926 et 1927 (voir chapitre 6 Stade de développement des peuplements) justifie qu’il y ait des « Gros bois » dans environ
la moitié des peuplements et des « Vétérans » dans 20 à 41 % des peuplements,
selon les espèces. En outre, les fréquences plus élevées dans presque toutes les
classes de diamètres des peuplements de la région 5h sont le reflet du nombre
plus important de peuplements ayant une structure diamétrale irrégulière dans
cette région par rapport à ceux de la région la région 5i.
a)
b)
c)
d)
175
Proportion des peuplements par type de structure diamétrale pour les régions 5h et
5i.
Région
Massif gaspésien (5h)
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
n = 263
Haut massif gaspésien (5i)
n = 187
Régulière
Irrégulière
41 %
59 %
68 %
32 %
figure 7.1
Fréquence des diamètres par classe et par essence dans les peuplements a) de sapin
baumier; b) d’épinettes ; c) de bouleaux et d’érables et d) de thuya occidental pour les
régions 5h et 5i
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Structure diamétrale
7.3 SYNTHÈSE DU CHAPITRE « STRUCTURE DES PEUPLEMENTS »
L’échantillonnage réalisé sur les photos aériennes indique que dans les régions écologiques de la sapinière à bouleau blanc (régions 5h et 5i), 66 % du
territoire forestier montre un couvert dense, soit un couvert fermé à plus de
75 % (tableau 7.3). Ces résultats indiquent par ailleurs que 30 % et 33 % de
la superficie des régions 5h et 5i respectivement montraient une densité de
couvert variant entre 25 % et 75 %. Or, ces peuplements ayant une densité
moyenne ou faible sont ceux qui présentent les conditions d’ensoleillement
les plus variables. Les peuplements qui ont fait l’objet de perturbations partielles telles que les coupes ou les épidémies se retrouvent le plus souvent
avec de telles densités de couvert alors que les peuplements non perturbés
montrent le plus souvent (94 et 92 %) un couvert fermé où les conditions
d’ensoleillement sont homogènes. Les perturbations partielles semblent donc
participer d’une façon importante à la complexité des peuplements dans leur
structure horizontale et les épidémies d’insectes et les chablis se présentent
comme étant celles qui y participent le plus.
176
Proportion du territoire déterminée à partir des photos aériennes pour chacune des
classes de densité du couvert par type de perturbation pour les régions 5i et 5h
Tableau 7.3
Région
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Massif gaspésien
(5h)
Haut massif
gaspésien (5i)
1
Densité
Territoire
entier
Coupe
partielle
Épidémie
légère1
Brûlis
Non
perturbé
Nulle
4%
0%
0%
46 %
0%
Faible
7%
19 %
18 %
25 %
1%
Moyenne
23 %
64 %
58 %
22 %
5%
Dense
66 %
17 %
24 %
7%
94 %
Nulle
1%
0%
0%
37 %
0%
Faible
7%
11 %
21 %
36 %
2%
Moyenne
26 %
77 %
66 %
15 %
6%
Dense
66 %
12 %
13 %
12 %
92 %
Intègre les chablis qui ne peuvent être distingués des épidémies d’insectes sur les photos aérienne.
Dans les régions
de la sapinière à
bouleau blanc,
les peuplements
à structure
verticale régulière
qui couvraient
environ la moitié
du territoire
auraient côtoyé
les peuplements à
structure verticale
irrégulière et
biétagée. Sur le
plan de la structure
diamétrale, c’est
entre le tiers et
les deux tiers des
peuplements qui
présentaient une
structure irrégulière.
Les analyses
montrent en outre
que dans environ
la moitié des
peuplements, des
« gros bois ».
Dans les régions de la sapinière à bouleau blanc, les peuplements à structure verticale régulière qui couvraient environ la moitié du territoire auraient côtoyé les
peuplements à structure verticale irrégulière et biétagée. Sur le plan de la structure
diamétrale, c’est entre le tiers et les deux tiers des peuplements qui présentaient
une structure irrégulière. Les analyses montrent en outre que dans environ la moitié des peuplements, des « gros bois » (diamètres entre 26 et 30 cm) auraient été
observés, et ce, pour toutes les espèces.
L’étude de la densité de couvert en regard des perturbations indique par ailleurs
que les perturbations partielles participent d’une façon importante à la complexité dans la structure horizontale des peuplements. Les épidémies d’insectes et les
bois renversés ressortent, parmi les perturbations, comme étant celles qui y participent le plus avec près de 80 % des peuplements affectés par ces perturbations
qui ont un couvert variant entre 25 et 75 %.
177
L’information contenue dans les carnets d’arpentage des régions écologiques du
domaine de la sapinière à bouleau jaune n’a pas permis d’effectuer d’analyses
pour les éléments de structure. Et malgré la proximité de ce domaine avec celui
de la sapinière à bouleau blanc, la différence entre les espèces, la fréquence et
l’intensité des perturbations créent une dynamique propre à ce domaine. Ainsi,
les résultats relatifs aux éléments de structure dans le domaine de la sapinière à
bouleau blanc ne peuvent pas être considérés identiques à ceux du domaine de
la sapinière à bouleau jaune.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
7.2.3 Structure horizontale des peuplements
bibliographie du chapitre
« STRUCTURE DES PEUPLEMENTS DES FORÊTS
PRÉINDUSTRIELLES DE LA GASPÉSIE »
Brunet, G., 2002. Reconstitution historique de la sapinière à bouleau blanc vierge de la Côte-de-
Chapitre 8
Apport en bois morts dans les forêts préindustrielles
de la Gaspésie
Rédaction : Barbara Hébert, B. Amén. ress. forest., M. Sc.
Gaspé. Mémoire de maîtrise présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval.
Université Laval. 116 p.
Desponts, M., A. Desrochers, L. Bélanger et J. Huot, 2002. Structure de sapinières aménagées et
anciennes du massif des Laurentides (Québec) et diversité des plantes invasculaires. Can. J. For.
Res. 32 :2077-2093.
Linder, P., B. Elfving et O. Zackrisson, 1997. Stand Structure and Successional Trends in Virgin Boreal Forest Reserves in Sweden. Forest and Ecology Management (98) 17-33.
Lorimer, C.G., 1980. Age Structure and Disturbance History of a Southern Appalachian Virgin Fo-
178
rest. Ecology 61(5): 1169-1184.
Seymour, R. S. et M. L. Hunter, 1992. New Forestry in Eastern Spruce-Fir Forest : Principles and
Applications to Maine. Miscellaneous publication 716. Maine Agricultural Experiment Station.
Table des matières
8.0 mise en contexte du chapitre « APPORT EN BOIS MORTS ».................................................... 181
8.1 MÉTHODOLOGIE SPÉCIFIQUE............................................................................................................. 181
8.1.1 Qualité des bois morts............................................................................................................181
Position des bois morts.......................................................................................................... 181
Stades de décomposition des bois morts............................................................................ 182
Dimension.................................................................................................................................. 183
Essence....................................................................................................................................... 183
8.1.2 Quantité de bois morts........................................................................................................... 184
8.1.3 Répartition des bois morts dans le paysage et dans le temps......................................... 184
Varady-Szabo, H., M. Côté, Y. Boucher, G. Brunet et J.-P. Jetté, 2008. Guide à la documentation
8.2 RÉSULTATS ET DISCUSSION POUR LES RÉGIONS ÉCOLOGIQUES DE LA SAPINIÈRE
À BOULEAU BLANC (RÉGIONS 5H ET 5I)............................................................................................ 184
des enjeux écologiques pour la mise en œuvre de l’aménagement écosystémique dans le cadre
8.2.1 Qualité des bois morts............................................................................................................184
des plans régionaux de développement intégré des ressources et du territoire (PRDIRT). Document
Position des bois morts.......................................................................................................... 185
d’aide à l’introduction de l’aménagement écosystémique dans les PRDIRT. Consortium en foreste-
Stades de décomposition des bois morts............................................................................ 185
rie Gaspésie–Les-Îles. 65 p.
179
Dimension..................................................................................................................................186
Essence....................................................................................................................................... 187
8.2.2 Quantité de bois mort............................................................................................................. 187
8.2.3 Répartition des bois morts dans le paysage et dans le temps......................................... 187
8.3.1 Qualité des bois morts............................................................................................................188
Position des bois morts.......................................................................................................... 188
Stades de décomposition des bois morts............................................................................ 189
Dimension..................................................................................................................................189
Essence....................................................................................................................................... 190
8.3.2 Quantité de bois mort ........................................................................................................... 190
8.3.3 Répartition des bois morts dans le paysage et dans le temps......................................... 190
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
8.3 RÉSULTATS ET DISCUSSION POUR LES RÉGIONS ÉCOLOGIQUES DE LA SAPINIÈRE
À BOULEAU JAUNE (RÉGIONS 4G ET 4H).......................................................................................... 188
8.4 SYNTHÈSE DU CHAPITRE « APPORT EN BOIS MORTS »............................................................191
8.0
BIBLIOGRAPHIE DU CHAPITRE
« APPORT EN BOIS MORTS DANS LES FORÊTS PRÉINDUSTRIELLES DE LA GASPÉSIE »............... 192
MISE EN CONTEXTE DU CHAPITRE « APPORT EN BOIS
MORTS »
La production de bois mort, qu’il s’agisse de chicots ou de débris ligneux au sol,
résulte d’une combinaison de différents facteurs dont le type de perturbation,
le temps écoulé depuis la dernière perturbation, la composition du peuplement
et le stade de développement (Côté et al., 2009). Ce sont les connaissances en
regard de ces éléments qui ont alimenté cette section du portrait en matière de
qualité des bois morts, de leur quantité et de leur répartition dans le paysage et
dans le temps.
annexe b : Importance relative en % des superficies issues des photos aériennes et des
peuplements issus des carnets d’arpentage produisant des bois morts et résumé des
caractéristiques des bois morts................................................................................................. 193
liste des figures
figure 8.1
Répartition du nombre de tiges par grandes classes de diamètre pour a) le sapin ;
b) les épinettes ; c) les bouleaux et les érables et d) le thuya pour les régions
5h et 5i...............................................................................................................................................186
8.1
MÉTHODOLOGIE SPÉCIFIQUE
8.1.1 Qualité des bois morts
180
Les types de perturbation et leur récurrence constituent des éléments qui influencent la qualité des bois morts, qualité qui est définie dans le cadre de cette étude
en termes de position dans la strate, de stades de décomposition, de dimension
et d’essence. Le type de perturbation a davantage d’influence sur la position des
débris dans la strate et sur leur stade de décomposition (Linder et al., 1997), alors
que la récurrence des perturbations influence davantage la dimension qu’atteignent les arbres vivants avant de mourir des suites d’une perturbation ou par
sénescence. La récurrence et l’intensité des perturbations influencent aussi les
espèces présentes puisqu’une perturbation sévère ayant un cycle court aura pour
effet d’augmenter la présence des espèces pionnières (Linder et al., 1997).
181
Les bois morts, selon qu’ils sont chicots ou débris ligneux au sol, participent d’une
façon différente au maintien de la biodiversité. Par exemple, les chicots sont
utilisés par plusieurs espèces d’oiseaux cavicoles (Côté et al., 2009). Les débris
au sol occupent plutôt des fonctions de support physique pour la régénération
d’espèces végétales ou encore, d’abri pour les petits animaux. Le stade de développement et le type de perturbation ont été utilisés pour documenter le portrait
en ce qui a trait à la position des bois morts. Le stade de développement renseigne sur l’état d’avancement du peuplement à produire des bois morts. Ainsi,
les phénomènes d’autoéclaircie et de sénescence participent à la production de
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Position des bois morts
Stades de décomposition des bois morts
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
182
Chacun des stades de décomposition des bois morts est susceptible d’offrir
des caractéristiques d’habitats spécifiques qui répondent aux besoins d’espèces végétales et animales distinctes. De plus, les stades de décomposition
sont dynamiques dans le temps (Varady-Szabo et al., 2008). La continuité de
l’apport en bois morts constitue donc un élément à considérer (voir section
8.1.3 Répartition des bois morts dans le paysage et dans le temps). Le stade
de développement, le type et la récurrence des perturbations influencent les
stades de décomposition des bois morts.
Ainsi, les différents stades de décomposition des débris ligneux sont présents
dans les peuplements où il y a un apport continu en bois morts. Ce seraient
davantage les « vieux » peuplements qui assureraient cette continuité, c’està-dire ceux dans lesquels le phénomène de sénescence s’opère depuis assez
longtemps pour que s’exprime une continuité dans la production de bois
mort et la décomposition des débris ligneux. Ce sont, par ailleurs, ces peuplements qui sont les plus susceptibles de comporter des débris ligneux dans
des stades de décomposition très avancés (Roberge et Desrochers, 2004).
L’analyse des données n’a cependant pas permis de distinguer les vieux peuplements des peuplements matures. En outre, dans les peuplements matures,
qui ne sont pas nécessairement très vieux, il peut y avoir présence de débris
de plusieurs stades de décomposition, mais les niveaux les plus avancés peuvent être absents.
La perturbation des peuplements a pour effet de générer un gros volume de
bois mort en une courte période de temps. Ils présentent des volumes varia-
bles dans les différentes classes de décomposition. Le stade de décomposition des
volumes issus de la perturbation est fonction du temps depuis la perturbation et
le volume généré est fonction de l’intensité de la perturbation.
Dimension
La dimension des bois morts influence l’utilisation potentielle de ces derniers, les
plus gros permettant un plus large éventail d’utilisations tant pour la faune que
pour certaines espèces végétales et fongiques (Desponts et al., 2002).
Afin d’estimer la dimension potentielle des bois morts, un portrait de la dimension
des tiges composant la forêt a été fait à partir des carnets d’arpentage couvrant
les régions de la sapinière à bouleau blanc. Les tiges ont été distribuées dans cinq
grandes classes de diamètres :
o Gaules (2, 4, 6, 8 cm);
o Petits bois (10, 12, 14, 16 cm);
o Moyens bois (18, 20, 22, 24 cm);
183
o Gros bois (26, 28, 30 cm);
oVétérans (plus de 30 cm).
Lorsque l’arpenteur notait des diamètres minimums et maximums, il a été considéré que dans ces peuplements et pour les essences spécifiées, le nombre de tiges
était égal dans chacune des grandes classes de diamètres qui étaient couvertes,
totalement ou en partie, par les dimensions spécifiées. Ainsi, si la variation des
diamètres notés par l’arpenteur était de « 14 cm à 32 cm », il était considéré que
chacune des quatre classes de diamètre touchées par ces dimensions (petit bois,
moyen bois, gros bois et vétérans) possédait le même nombre de tiges, soit l’équivalent de 25 % des tiges du peuplement dans chacune des classes.
Essence
Les différentes essences alimentent en diversité les bois morts, les feuillus étant
plus propices à la formation de cavités et les résineux formant plutôt des cheminées (Côté et al., 2009). La fréquence des principales espèces présentes dans le
paysage a permis de dégager le portrait des essences potentielles de bois morts
(voir chapitre 5 Composition des forêts préindustrielles de la Gaspésie).
Portrait forestier historique de la Gaspésie
chicots. Le premier a lieu dans les peuplements en croissance, c’est-à-dire surtout dans les peuplements « jeunes », alors que le second se produit dans les
peuplements à maturité. La position des bois morts dépend aussi du type de
perturbation. Les feux et les épidémies d’insectes provoquent des sommets
dans la production de chicots. Ainsi, ils participent à la production de bois
morts en générant des chicots qui pourront prendre jusqu’à 32 ans avant de
faire l’objet de volis et de tomber sur le sol (Boulanger et Sirois, 2006). Quant
aux bois morts issus de chablis, ils sont générés par les arbres renversés au sol,
enrichissant le parterre de débris ligneux sans passer par le stade chicot.
L’évaluation de la quantité de bois mort a pour but d’estimer dans quelle
mesure les forêts naturelles (non aménagées) contribuent à générer des bois
morts. La quantité de bois mort a été estimée à partir de résultats d’études
rapportés dans la littérature ainsi que de la proportion de forêts matures
auxquelles ces résultats pouvaient s’appliquer.
8.1.3 Répartition des bois morts dans le paysage et dans le temps
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
184
La répartition des bois morts dans le paysage fournit un indice sur le potentiel de maintien de la biodiversité associée aux différents attributs de ces
bois morts. Afin de documenter cet enjeu, la répartition dans le paysage des
forêts selon les différents stades de développement et la répartition dans le
paysage des perturbations ont été utilisées. En l’occurrence, la continuité du
couvert dans les forêts matures suggère un apport continu en bois morts de
moyennes et de grosses dimensions alors que les forêts jeunes contribueront
à produire des bois morts de plus petites dimensions. Quant à la répartition
dans le paysage des bois morts issus des perturbations, elle est liée aux éléments rendant les peuplements vulnérables à ces perturbations. Ainsi, les
épidémies d’insectes ont un impact sur les sites où croissent les hôtes spécifiques de ces insectes alors que les chablis se produisent là où les caractéristiques du site rendent les peuplements vulnérables à l’effet des vents. Quant
au feu, il constitue dans les régions écologiques couvertes par cette étude,
une perturbation dont la présence est davantage aléatoire. Il peut donc avoir
lieu dans différents types de peuplements et à différents stades de développement.
8.2 RÉSULTATS ET DISCUSSION POUR LES RÉGIONS ÉCOLOGIQUES
DE LA SAPINIÈRE À BOULEAU BLANC (RÉGIONS 5H ET 5I)
8.2.1 Qualité des bois morts
À la fin de ce chapitre, l’annexe B présente une synthèse des superficies et
des éléments relatifs à la qualité des bois morts pour les régions écologiques
de la sapinière à bouleau blanc (régions 5h et 5i).
Position des bois morts
Selon les photos aériennes, 29 et 27 % de la superficie des régions écologiques 5h
et 5i respectivement étaient affectés par des perturbations naturelles au début du
20e siècle. Les peuplements issus des épidémies d’insectes et des feux produisent
des chicots qui éventuellement tombent au sol alors que les bois morts issus de
chablis ne sont pas chicots avant de tomber au sol. Selon les photos aériennes,
les feux couvraient moins de 3 % du territoire. Quant aux épidémies d’insectes,
il n’est toutefois pas possible de distinguer les peuplements ouverts par l’effet du
chablis de ceux ouverts à la suite des épidémies d’insectes. Cependant, la littérature indique que les épidémies d’insectes constituent une perturbation ayant un
impact important sur le paysage forestier des régions à l’étude (voir chapitre 4
Perturbations naturelles en Gaspésie).
Selon les résultats, il y aurait eu, au début du 20e siècle, entre 15 et 20 % de peuplements « jeunes » dans les régions écologiques de la sapinière à bouleau blanc.
Le phénomène d’autoéclaircie y aurait généré des chicots alors que le phénomène
de sénescence aurait participé à la production de chicots dans les forêts matures
qui à cette période, dominaient le paysage (voir chapitre 6 Stades de développement des peuplements). Il y aurait donc eu production de chicots, dans des
dimensions et volumes variables, sur la quasi-totalité du territoire de la sapinière
à bouleau blanc.
185
Stades de décomposition des bois morts
Les forêts matures qui, selon les photos aériennes, couvraient plus de 75 % du
territoire, incluaient possiblement une portion de forêts « vieilles » dans lesquelles
étaient présents des débris à différents stades de décomposition dont des stades
très avancés.
Quant aux peuplements perturbés qui, compte tenu du sommet de mortalité produit par la perturbation, présentent des volumes très variables dans les différents
stades de décomposition, ils représentaient 29 et 27 % des peuplements pour les
régions 5h et 5i respectivement.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
8.1.2 Quantité de bois mort
La dimension des arbres vivants donne un aperçu de la dimension qu’auront
les bois morts générés par ces peuplements. En outre, les peuplements affectés partiellement sur les photos aériennes par les feux, les épidémies d’insectes et les chablis étaient dans une large proportion des peuplements matures
(81 et 88 % pour les régions 5h et 5i respectivement). Ainsi, les bois morts
générés par ces perturbations auraient surtout été de moyennes et grosses
dimensions (plus de 16 cm). Pour le sapin, qui est l’essence la plus fortement
affectée par les épidémies de la tordeuse des bourgeons de l’épinette, les résultats issus des carnets d’arpentage indiquent que près de 70 % des tiges de
sapin composant les différents peuplements du territoire avaient un diamètre
de plus de 16 cm (figure 8.1). Ce pourcentage est un peu supérieur dans le
cas de l’épinette (74 % et 81 % pour les régions 5h et 5i respectivement), qui
est aussi grandement vulnérable aux insectes ravageurs.
186
a)
Dans les régions écologiques de la sapinière à bouleau blanc (régions 5h et 5i),
les essences dominantes sont, par ordre décroissant de fréquence sur le territoire
: le sapin, les épinettes et le bouleau blanc. Le sapin et les épinettes sont présents
dans plus des trois quarts des peuplements (cette présence atteint 92 % dans
le cas du sapin) et le bouleau blanc est présent environ dans un peuplement sur
deux. La présence constante des bouleaux dans ces forêts préindustrielles indique que la dynamique des perturbations naturelles permet de maintenir à la fois
des essences de lumière et des essences tolérantes à l’ombre. Par ailleurs, plus
des deux tiers des sites qui comportaient du sapin ou de l’épinette comprenaient
aussi du bouleau blanc. Il semble donc que dans ces régions, la dynamique des
perturbations naturelles favorise le maintien de ces associations d’espèces et la
production de bois mort d’essences variées.
8.2.2 Quantité de bois mort
Linder et al. (1997) rapportent que dans les forêts d’épinettes de la Suède, le
volume de bois mort constitue dans les peuplements vierges (sans perturbation
anthropique) l’équivalent de 30 % de toutes les tiges, mortes et vivantes. Côté et
al. (2009) rapportent des volumes supérieurs pour la sapinière à bouleau blanc,
spécifiant que la quantité de bois mort peut atteindre un volume par unité de
surface, semblable au volume de matière ligneuse vivante.
c)
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
b)
Essence
figure 8.1
d)
Répartition du nombre de tiges par grandes classes de diamètre pour a) le sapin baumier; b) les épinettes; c) les bouleaux et les érables et d) le thuya occidental pour les
régions 5h et 5i.
187
Ainsi, il est possible d’estimer le volume de bois mort dans les régions de la sapinière à bouleau blanc, en considérant que dans les strates matures, ce volume
se rapproche du volume de matière ligneuse vivante. Or, pour les régions 5h et
5i, les forêts matures couvrent selon les photos aériennes plus des trois quarts du
territoire (tableau 6.2 – chapitre 6 Stades de développement des peuplements).
Comme les estimations de bois mort incluent les volumes générés par les perturbations au fil du temps (Linder et al., 1997), les superficies perturbées ne sont pas
ajoutées aux peuplements matures comme générant des volumes supplémentaires de bois mort. Quant aux peuplements « jeunes », bien qu’ils participent aussi
à la production de bois mort particulièrement par le phénomène d’autoéclaircie,
il n’a pas été possible dans le cadre de ce travail de dégager un ordre de grandeur
des volumes générés par ces strates.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Dimension
Les forêts matures qui formaient la matrice de fond du paysage forestier
gaspésien dans les régions écologiques 5h et 5i assuraient une répartition
homogène sur le territoire des bois morts de moyennes et de grosses dimensions de même qu’un apport continu de ces bois dans le temps.
188
Quant aux épidémies d’insectes, aux feux et aux chablis, selon l’interprétation des photos aériennes, ils ont affecté dans les régions écologiques de la
sapinière à bouleau blanc environ un quart de la surface parmi les peuplements jeunes et les peuplements matures. Ces perturbations participent périodiquement à la production de bois mort de dimensions variées et la distribution dans le paysage des peuplements perturbés et visibles sur les photos
aériennes indique que ces peuplements sont répartis de façon homogène sur
le territoire, participant ainsi à une répartition uniforme des bois morts de dimensions variées sur le territoire (figures 9.1 et 9.2 - chapitre « Organisation
spatiale »). L’homogénéité dans la répartition des superficies affectées par les
épidémies d’insectes peut, entre autres, être expliquée par la fréquence élevée sur le territoire du sapin et des épinettes, espèces vulnérables à différents
insectes forestiers ravageurs. Les épidémies de la tordeuse des bourgeons de
l’épinette seraient possiblement récurrentes depuis au moins un siècle et la
présence d’autres insectes ravageurs des forêts, bien que moins régulière,
pourrait aussi avoir participé, comme il a été le cas au cours du 19e siècle et
du début du 20e, à la continuité dans le temps d’apport en bois morts (voir
chapitre 4 Perturbations naturelles en Gaspésie).
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
8.3 RÉSULTATS ET DISCUSSION POUR LES RÉGIONS ÉCOLOGIQUES
DE LA SAPINIÈRE À BOULEAU JAUNE (RÉGIONS 4G ET 4H)
8.3.1 Qualité des bois morts
À la fin de ce chapitre, l’annexe B présente une synthèse du ratio des observations et des éléments relatifs à la qualité des bois morts pour les régions
écologiques de la sapinière à bouleau jaune (régions 4g et 4h).
Position des bois morts
Selon les carnets des arpenteurs, les perturbations générant des bois morts telles
que les feux, les épidémies d’insectes et les chablis affectaient, au milieu du 19e
siècle, 4 % et 10 % des peuplements pour les régions 4g et 4h respectivement.
Outre les bois renversés qui affectaient moins de 1 % des peuplements, la majorité des bois morts générés par les perturbations auraient été chicots avant de
tomber au sol. Les deux types de bois mort étaient donc présents au milieu du 19e
siècle sur la portion du territoire où ont eu lieu ces perturbations.
Selon les résultats, il y aurait eu, au milieu du 19e siècle, entre un tiers et deux tiers
de peuplements « jeunes » dans les régions écologiques de la sapinière à bouleau
jaune. Dans ces peuplements, le phénomène d’autoéclaircie aurait généré des
chicots (Desponts et al., 2004) alors que le phénomène de sénescence aurait participé à la production de chicots dans les forêts matures qui à cette période, auraient
dominé le paysage de la région 4g et représenté près de 30 % des observations
dans la région 4h (voir chapitre 6 Stades de développement des peuplements). Il
y aurait donc eu production de chicots, dans des dimensions et volumes variables,
sur la quasi-totalité du territoire de la sapinière à bouleau jaune.
189
Stades de décomposition des bois morts
Les forêts matures, qui constituent 56 et 30 % des mentions pour les régions 4g
et 4h respectivement, incluent possiblement une portion de forêts « vieilles » dans
lesquelles sont présents des débris à différents stades de décomposition.
Quant aux peuplements perturbés qui, compte tenu du sommet de mortalité produit par la perturbation présentent des volumes très variables dans les différents
stades de décomposition, ils représentaient 4 et 10 % des peuplements pour les
régions 4g et 4h respectivement.
Dimension
Les carnets d’arpentage couvrant cette partie du territoire ne comportaient pas
d’information quantitative quant à la dimension des bois. Toutefois, il est possible de s’attendre à ce que les strates matures qui comptent pour 56 et 30 % des
peuplements généraient, comme dans les régions écologiques de la sapinière à
bouleau blanc, des bois morts de moyennes et grosses dimensions.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
8.2.3 Répartition des bois morts dans le paysage et dans le temps
Essence
190
8.3.2 Quantité de bois mort
Dans la littérature, la production de bois mort dans la sapinière à bouleau
jaune est peu documentée. Il n’a donc pas été possible d’estimer les quantités de bois mort générées par les peuplements des régions de la sapinière à
bouleau jaune dans le cadre de ce travail.
8.3.3 Répartition des bois morts dans le paysage et dans le temps
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
Dans les régions de la sapinière à bouleau jaune, les forêts matures représentent 56 % et 30 % des observations faites par les arpenteurs pour les régions
4g et 4h respectivement. Or, l’importance des forêts matures dans la région
4g suggère que leur distribution dans le paysage permette une répartition
homogène des bois morts de moyennes et de grosses dimensions dans cette
région de même qu’un apport continu de ces bois dans le temps.
La région 4h, qui présente une plus petite proportion de peuplements matures, pourrait présenter une répartition moins homogène de ces bois de
moyennes et de grosses dimensions. Néanmoins, les peuplements jeunes,
par le biais de l’autoéclaircie, participaient aussi à créer un apport continu en
bois morts, mais de plus petites dimensions (Desponts et al., 2004). Quant
aux perturbations, tous types confondus, elles ont été notées dans 4 et 10 %
des peuplements pour les régions 4g et 4h respectivement, générant des
8.4
SYNTHÈSE DU CHAPITRE « APPORT EN BOIS MORTS »
Les volumes des bois morts générés, leurs dimensions et la présence des différents stades de décomposition des débris ligneux au sol varient selon l’âge du
peuplement. Dans les régions écologiques de la sapinière à bouleau blanc, la
photo-interprétation indique que les superficies matures représentent plus des
Il y aurait donc
trois quarts des peuplements, constituant la matrice de fond de la forêt de ces réeu production de
gions. Dans ces peuplements, le phénomène de sénescence générait des chicots
chicots, dans des
et différents stades de décomposition des débris ligneux auraient été présents, les
dimensions et
stades les plus avancés se retrouvant dans les peuplements les plus vieux. Dans
volumes variables
les peuplements jeunes qui représentaient entre 15 et 20 % de la surface dans
sur la quasi-totalité
les régions de la sapinière à bouleau blanc (5h et 5i) et entre le tiers et les deux
du territoire de la
tiers des observations des arpenteurs dans les régions de la sapinière à bouleau
sapinière à bouleau jaune (4g et 4h), c’est entre autres le phénomène d’autoéclaircie qui aurait permis
blanc et de la
la production de bois mort. Il y aurait donc eu production de chicots, dans des
sapinière à bouleau dimensions et volumes variables sur la quasi-totalité du territoire de la sapinière à
jaune.
bouleau blanc et de la sapinière à bouleau jaune.
191
Quant aux épidémies, aux feux et aux chablis, ils ont affecté dans les régions écologiques de la sapinière à bouleau blanc environ un quart de la surface parmi les
peuplements jeunes et les peuplements matures. D’abord chicots pour la plupart,
les bois morts produits par ces perturbations sont ensuite tombés au sol. Ces
perturbations ont eu pour effet de créer des sommets dans la production de bois
mort et ces sommets se seraient reflétés dans les différents stades de décomposition du bois, en fonction du temps passé depuis la perturbation.
L’importante superficie couverte par les forêts matures suggère que les bois morts
étaient fréquemment de grosses dimensions. L’analyse des diamètres de bois vivants relevés par les arpenteurs pour les régions écologiques de la sapinière à
bouleau blanc indique que plus de 70 % des arbres, toutes essences confondues,
étaient de moyennes ou de grosses dimensions (diamètre supérieur à 16 cm). Les
données n’étant pas disponibles, il n’a pas été possible de déterminer la distribution des diamètres pour les régions de la sapinière à bouleau jaune.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Dans les régions de la sapinière à bouleau jaune, les essences dominantes
sont, par ordre décroissant de fréquence sur le territoire, le sapin, le bouleau
blanc et les épinettes. Le sapin et les épinettes sont présents dans plus de
la moitié des peuplements mais le sapin atteint 91 % dans la région 4h. Le
bouleau blanc est présent dans plus de deux peuplements sur trois. La présence du bouleau dans ces forêts préindustrielles indique que la dynamique
des perturbations naturelles permet de maintenir à la fois des essences de
lumière et des essences tolérantes à l’ombre. Par ailleurs, plus des deux tiers
des sites qui comportaient du sapin ou de l’épinette comportaient aussi du
bouleau blanc (plus de 90 % pour la région 4h). Il semble donc que dans ces
régions, la dynamique des perturbations naturelles favorise le maintien de
ces associations d’espèces et la production de bois mort d’essences variées.
bois morts de dimensions variées de façon sporadique sur le territoire et dans le
temps.
importance en % des superficies issues des photos aériennes et des peuplements issus des carnets d’arpentage produisant des bois morts et résumé des caractéristiques des bois morts.
annexe B
« APPORT EN BOIS MORTS DANS LES FORÊTS
PRÉINDUSTRIELLES DE LA GASPÉSIE »
Région
4g
Région
4h
Région
5h
Région
5i
Carnets
d’arpentage
n=3558
Carnets
d’arpentage
n=3001
Photos
aériennes
Photos
aériennes
Production de
chicots
25 %
Sommet de
production à
la suite d’une
épidémie;
apport périodique selon
la récurrence
des épidémies
Boulanger, Y. et L. Sirois, 2006. Postfire Dynamics of Black Spruce Coarse Woody Debris in Northern Boreal Forest of Québec. Can. J. For. Res. 36: 1770-1780.
Côté, S., Boucher Y. et N. Thiffault, 2009. Le bois mort dans la sapinière à bouleau blanc : im-
Épidémies
<1%
6%
26 %
portance, caractéristiques et considérations pour l’aménagement écosystémique. Le Naturaliste
Canadien. Vol : 133 No 1. 65-72.
Desponts, M., A. Desrochers, L. Bélanger et J. Huot, 2002. Structure de sapinières aménagées et
anciennes du massif des Laurentides (Québec) et diversité des plantes invasculaires. Can. J. For.
Res. 32 : 2077-2093.
Feux
3%
4%
3%
2%
Caractéristiques des bois morts en fonction
des caractéristiques des peuplements1
Sommet de
production
à la suite
d’un feu;
récurrence
aléatoire
Desponts, M., G. Brunet, L. Bélanger et M. Bouchard, 2004. The Eastern Boreal Old-growth Balsam
192
Production de
débris ligneux
au sol
Stades de
décomposition
Dimensions
des bois
morts
La quantité de
débris ligneux
est fonction du
nombre de chicots produits
Sommet de
volume dans
certains stades
en fonction
du temps
passé depuis la
dernière perturbation
Dimensions
variées
La quantité de
débris ligneux
est fonction du
nombre de chicots produits
Sommet de
volume dans
certains stades
en fonction
du temps
passé depuis la
dernière perturbation
Dimensions
variées
Dimensions
variées
Fir Forest: A Distinct Ecosystem. Canadian Journal of Botany 82: 830-849.
n. d.
Pas de chicots
Variable selon
l’intensité de la
perturbation
15 %
Chicots
résultant du
phénomène
d’autoéclaircie
Dépendant
des chicots
produits lors
du phénomène
d’autoéclaircie
Stades peu
avancés de décomposition
Petites
dimensions
surtout
83 %
Faible dans
les peuplements qui ont
récemment
atteint la maturité; abondante dans les
peuplements
en sénescence; apport
continu,
moyennement
abondant,
dans les
peuplements
vieux
Faible dans les
peuplements
qui ont récemment atteint
la maturité;
moyennement
abondant dans
les peuplements
en sénescence
abondant dans
les peuplements
vieux
Plusieurs stades
de décomposition dont les
stades très
avancés dans
les peuplements
vieux
Présence
potentielle
de tiges
de grosses
dimensions
Linder, P., B. Elfving et O. Zackrisson, 1997. Stand Structure and Successional Trends in Virgin Boreal Forest Reserves in Sweden. Forest and Ecology management 98 : 17-33.
Bois
renversés
<1%
<1%
n. d.
Roberge, J.-M. et A. Desrochers, 2004. Comparaison des caractéristiques des gros chicots entre
une sapinière primitive et une sapinière aménagée sur la péninsule gaspésienne, Québec. Can. J.
For. Res. 34 : 2382-2386.
Varady-Szabo, H., M. Côté, Y. Boucher, G. Brunet et J.-P. Jetté, 2008. Guide à la documentation
Peuplements
jeunes
36 %
67 %
20 %
des enjeux écologiques pour la mise en œuvre de l’aménagement écosystémique dans le cadre
des plans régionaux de développement intégré des ressources et du territoire (PRDIRT). Document
d’aide à l’introduction de l’aménagement écosystémique dans les PRDIRT. Consortium en foreste-
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
rie Gaspésie–Les-Îles. 65 p.
Peuplements
matures2
56 %
30 %
75 %
193
Sommet de
volume dans
certains stades
en fonction du
temps passé
depuis la perturbation et de
l’intensité de la
perturbation
Portrait forestier historique de la Gaspésie
bibliographie du chapitre
Chapitre 9
Organisation spatiale des forêts préindustrielles de la Gaspésie
9.0 MISE EN CONTEXTE DU CHAPITRE
« ORGANISATION SPATIALE DES FORÊTS »
Rédaction : Barbara Hébert, B. Amén. ress. forest., M. Sc.
La façon dont sont organisés les peuplements dans le paysage influence la biodiversité et le fonctionnement des processus écologiques (Varady-Szabo et al.,
2008). Les perturbations sont considérées en fonction de la surface qu’elles affectent et de la taille des massifs qu’elles forment. Les stades de développement des
peuplements sont étudiés en regard de la surface qu’ils couvrent et de la connectivité qu’ils ont entre eux, une attention particulière étant portée aux massifs de
forêts matures. Faire un portrait de l’organisation spatiale des forêts préindustrielles constitue une façon d’intégrer les résultats de sections précédentes d’un point
de vue spatial.
Table des matières
9.0 MISE EN CONTEXTE DU CHAPITRE « ORGANISATION SPATIALE DES FORÊTS »..............................195
9.1 MÉTHODOLOGIE SPÉCIFIQUE............................................................................................................. 195
9.1.1 Taille des massifs et connectivité.........................................................................................195
9.2 RÉSULTATS ET DISCUSSION POUR LES RÉGIONS ÉCOLOGIQUES DE LA SAPINIÈRE
À BOULEAU BLANC (RÉGIONS 5H ET 5I)............................................................................................ 196
194
Peuplements matures.............................................................................................................. 196
Peuplements perturbés............................................................................................................ 196
9.3 RÉSULTATS ET DISCUSSION POUR LES RÉGIONS ÉCOLOGIQUES DE LA SAPINIÈRE
À BOULEAU JAUNE (RÉGIONS 4G ET 4H).......................................................................................... 199
9.3.1 Taille des massifs et connectivité.........................................................................................199
Peuplements matures.............................................................................................................. 199
Peuplements perturbés............................................................................................................ 199
9.4 SYNTHÈSE DU CHAPITRE « ORGANISATION SPATIALE DES FORÊTS »............................................. 199
BIBLIOGRAPHIE DU CHAPITRE « ORGANISATION SPATIALE DES FORÊTS PRÉINDUSTIELLES
DE LA GASPÉSIE »..................................................................................................................................... 200
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
liste des figures
figure 9.1
Répartition, parmi les surfaces échantillonnées, de celles affectées par a) les épidémies
d’insectes et b) les feux pour les régions 5h et 5i............................................................................. 197
figure 9.2
Répartition et taille des massifs dessinés à partir des sous-échantillons de peuplements
affectés par a) les épidémies d’insectes et les bois renversés et b) le feu pour les régions
5h et 5i....................................................................................................................................................... 198
9.1
MÉTHODOLOGIE SPÉCIFIQUE
9.1.1 Taille des massifs et connectivité
195
La taille des massifs permet de qualifier la connectivité entre les peuplements en
regard du stade développement ou du type de perturbation. Pour cette analyse, un
sous-échantillonnage de 40 peuplements ayant fait l’objet d’épidémies d’insectes
a été utilisé pour déterminer la taille des massifs forestiers perturbés par les épidémies et, un sous-échantillonnage de 38 peuplements ayant fait l’objet de feux a
servi à déterminer la taille des massifs affectés par le feu. Ce sous-échantillonnage
est réparti à peu près également dans les deux régions écologiques de la sapinière
à bouleau blanc. Le photo-interprète a délimité le contour des massifs perturbés
en fonction du type de perturbation uniquement, c’est-à-dire sans égard au groupement d’essences. Un sous-échantillonnage de 40 peuplements matures a aussi
été sélectionné dans le but de déterminer la taille des massifs matures, sans égard
au groupement d’essences. Cependant, les peuplements matures formant la matrice de fond du paysage, il n’a pas été possible d’en dessiner le contour.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
9.2.1 Taille des massifs et connectivité.........................................................................................196
9.2 RÉSULTATS ET DISCUSSION POUR LES RÉGIONS ÉCOLOGIQUES
DE LA SAPINIÈRE À BOULEAU BLANC (RÉGIONS 5H ET 5I)
a)
9.2.1 Taille des massifs et connectivité
Peuplements matures
Dans les régions de la sapinière à bouleau blanc, les peuplements au stade
mature dominaient le paysage. Selon les sources et les régions, ils représentaient minimalement 50 % des peuplements ou atteignaient plus de 80 %
des superficies. L’importance relative des superficies matures explique que
la tentative, par le photo-interprète, de délimiter les massifs matures ait été
vaine. Conséquemment, la connectivité entre les massifs matures était très
importante.
Peuplements perturbés
Pour les régions de la sapinière à bouleau blanc, les peuplements perturbés
représentaient entre 15 et 35 % des peuplements, selon les sources et les
régions, les épidémies d’insectes et les bois renversés (chablis et volis) étant
les perturbations dominant le paysage. La taille des massifs ayant fait l’objet
d’épidémies (qui ne se distinguent pas des chablis et les volis) variait entre
6 et 405 ha, avec une moyenne de 96 ha alors que la taille moyenne des
massifs ayant fait l’objet de feux était de plus de 1400 ha, mais variait entre
6 ha et plus de 7500 ha. La connectivité entre les peuplements perturbés
par les épidémies et les bois renversés s’exprime par l’importance relative de
leur présence sur le territoire (où ils couvrent environ le quart de la surface)
et la répartition homogène de ces peuplements sur le territoire. À l’inverse,
les surfaces affectées par le feu sont soit agglomérées, créant de grands
massifs, soit petites et isolées. Cette hétérogénéité limite la représentativité
sur le territoire des peuplements modelés par le feu. Les figures 9.1 et 9.2
présentent la répartition dans le paysage de ces perturbations et la taille des
massifs dessinés à partir des sous-échantillons.
197
b)
figure 9.1
Répartition, parmi les surfaces échantillonnées, de celles affectées par a) les épidémies
d’insectes et b) les feux pour les régions 5h et 5i.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
196
9.3
a)
RÉSULTATS ET DISCUSSION POUR LES RÉGIONS ÉCOLOGIQUES
DE LA SAPINIÈRE À BOULEAU JAUNE (RÉGIONS 4G ET 4H)
9.3.1 Taille des massifs et connectivité
Peuplements matures
Dans les régions de la sapinière à bouleau jaune, les peuplements au stade
« mature » représentaient minimalement 30 % des peuplements retrouvés
dans la région 4h et atteignaient 56 % dans la région 4g. Les sources d’information ne nous ont pas permis de déterminer la taille des massifs ou
des peuplements, cependant l’importance relative des observations de peuplements matures suggère qu’il y ait eu une certaine connectivité entre les
peuplements matures pour la région 4g. Quant à la région 4h, bien que les
peuplements matures aient été moins nombreux que dans la région 4g, ils
représentaient tout de même près du tiers des peuplements, ce qui rend possible une certaine connectivité entre ces derniers.
198
Peuplements perturbés
b)
199
La taille des massifs ayant fait l’objet d’épidémies ou de feux n’a pas pu être
déterminée à partir des carnets d’arpentage pour les régions écologiques de
la sapinière à bouleau jaune.
9.4 SYNTHÈSE DU CHAPITRE « ORGANISATION SPATIALE
DES FORÊTS »
figure 9.2
Répartition et taille des massifs dessinés à partir des sous-échantillons de peuplements
affectés par a) les épidémies d’insectes et les bois renversés et b) le feu pour les régions
5h et 5i.
La répartition des peuplements perturbés par les insectes et les chablis s’avère relativement homogène sur le territoire de la sapinière à bouleau blanc.
Comme ils couvrent environ le quart de la surface, ces peuplements ont entre
eux un certain degré de connectivité. Les surfaces affectées par les feux, en
revanche, étaient réparties d’une façon plus agglomérée sur le territoire et
les massifs qu’ils formaient étaient très petits ou très grands, résultant en une
faible connectivité entre eux.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
À l’exception de la région écologique Côte gaspésienne (4h), les peuplements
matures dominaient les forêts des régions à l’étude, formant la matrice de
fond du paysage forestier gaspésien. Ces grands massifs, souvent continus,
ont favorisé une connectivité entre les peuplements matures.
bibliographie du chapitre
« ORGANISATION SPATIALE DES FORÊTS
PRÉINDUSTRIELLES DE LA GASPÉSIE »
Varady-Szabo, H., M. Côté, Y. Boucher, G. Brunet et J.-P. Jetté, 2008. Guide à la documentation
des enjeux écologiques pour la mise en œuvre de l’aménagement écosystémique dans le cadre
des plans régionaux de développement intégré des ressources et du territoire (PRDIRT). Document
d’aide à l’introduction de l’aménagement écosystémique dans les PRDIRT. Consortium en foresterie Gaspésie–Les-Îles. 65 p.
200
conclusion générale
Le présent travail constitue la première documentation complète des paysages
préindustriels pour l’ensemble de la Gaspésie. Bien qu’il reste toujours certaines
incertitudes quant à plusieurs aspects des paysages historiques régionaux, les résultats de cette étude permettent de jeter les balises servant à documenter les
principaux enjeux écologiques liés à l’aménagement forestier. À cet égard, la démarche devra se poursuivre en documentant les écarts entre les données issues
de ce portrait forestier historique et les données sur la forêt actuelle. Ces analyses
subséquentes permettront d’identifier les écarts significatifs qui devraient faire
l’objet de solutions afin de les réduire et de diminuer les risques associés à la perte
de biodiversité forestière.
Certains aspects tels que ceux reliés aux enjeux du bois mort devront faire l’objet
d’une revue de littérature détaillée complémentaire pour documenter les écarts
potentiels entre les paysages préindustriels (forêt « naturelle ») et les paysages
actuels. Des études dans des forêts naturelles actuelles devraient même être envisagées à moyen terme pour compléter la documentation de certains enjeux. Par
ailleurs, des analyses plus approfondies, relativement aux perturbations naturelles
historiques, notamment en ce qui a trait à la présence de la tordeuse des bourgeons de l’épinette avant le 20e siècle et à l’incertitude concernant l’apport anthropique dans les cycles de feux, devraient être entreprises.
201
Finalement, le présent travail permettra de concrétiser la mise en œuvre de l’aménagement écosystémique en Gaspésie et à plusieurs entreprises et organismes de
la région de rencontrer une des exigences des différents processus de certification
forestière, soit la documentation du portrait forestier préindustriel des territoires
à certifier.
Portrait forestier historique de la Gaspésie
Consortium en foresterie Gaspésie ­– Les-Îles
D’autre part, les bases de données géoréférencées ainsi que les nombreux documents d’archives répertoriés dans le cadre du présent travail pourront être mis à
profit pour répondre à des problématiques territoriales à une échelle plus fine.
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