Radio anatomie de la vascularisation de la fibula et application dans

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2010-2011
UNIVERSITE DE NANTES
Radio anatomie de la vascularisation de la fibula et
application dans la chirurgie des lambeaux libres
Par
Gavira Nathaly
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. R. ROBERT
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
•
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Laboratoire :
Pr. O. ARMSTRONG
Pr. O. BARON
Pr. G. BERRUT
Pr. C. BEAUVILLAIN
Pr. D. CROCHET
Dr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Dr E. FRAMPAS
Dr A. HAMEL
Dr O. HAMEL
Pr. Y. HELOURY
Pr A. KERSAINT-GILLY
Pr. J. LE BORGNE
Dr M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. O. RODAT
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2010-2011
UNIVERSITE DE NANTES
Radio anatomie de la vascularisation de la fibula et
application dans la chirurgie des lambeaux libres
Par
Gavira Nathaly
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. R. ROBERT
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
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Pr. O. ARMSTRONG
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Pr. B. DUPAS
Dr E. FRAMPAS
Dr A. HAMEL
Dr O. HAMEL
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Pr. J. LE BORGNE
Dr M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. O. RODAT
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
REMERCIEMENTS
A Monsieur Antoine Hamel, pour ce sujet captivant, unissant
anatomie et chirurgie, pour toute l’aide et le temps octroyé,
A tous les enseignants d’anatomie, pour leurs enseignements
passionnants et leur dévouement à la pédagogie et aux
étudiants,
A Messieurs Yvan Blin et Stéphane Lagier, pour leur aide
précieuse, leurs conseils pratiques et leur attachante humeur,
A tous les étudiants du Master d’Anatomie, pour leur soutien
et leur amitié.
SOMMAIRE:
I – INTRODUCTION
II - RAPPELS ANATOMIQUES
- Ostéologie
- Insertions musculaires
- Vascularisation
III - MATERIEL ET METHODES
IV – RESULTATS
- Dissections
- Radiographies
V – DISCUSSION
VI – CONCLUSION
VII – BIBLIOGRAPHIE
I – INTRODUCTION
La fibula est un os long, solide du fait de sa corticale prépondérante et rectiligne. Cet
os constitue la partie latérale de la jambe, articulé en proximal et en distal avec le tibia.
La fibula ou péroné prend en charge relativement peu de poids par rapport à la charge
globale supportée par le membre inférieur. C’est pour cela que cet os est plus grêle que le
tibia. Chez certains animaux, la fibula s’articule toujours avec la partie postérieure de
l'extrémité inférieure du fémur, mais cette particularité est souvent perdue (comme chez
l'homme). Parfois, le raccourcissement de la fibula va encore plus loin et il y a perte de
l’articulation avec le tarse voire fusion partielle avec le tibia (chez le cheval par exemple).
La fibula est vascularisée par deux artères : l’artère tibiale antérieure pour la tête
fibulaire et l’artère fibulaire pour la diaphyse. La fibula est un os fin, dont la seule partie
apparemment fonctionnelle est la malléole distale pour une mécanique adéquate de la
cheville. Cette zone est d’ailleurs bien vascularisée du fait du cercle anastomotique de la
cheville. La partie proximale n’étant pas fonctionnelle, cet os peut donc être utilisé comme
lambeau libre dans la chirurgie reconstructive quand ont lieu des pertes de substance
importantes par exemple lors de processus carcinologique, entre autres.
En chirurgie maxillo-faciale, on ne prélève que la diaphyse fibulaire en laissant les
épiphyses. Il n’est donc nécessaire de prélever que l’artère fibulaire pour remplacer des pertes
de substance de la mandibule (ostéosarcome, radionécrose, etc.)
Hors, en pédiatrie, lors du transfert de fibula, on veut garder le cartilage de croissance
situé entre l’épiphyse et la diaphyse. On va donc prélever toute la partie proximale de la
fibula avec ses 2 axes artériels (artère fibulaire et artère tibiale antérieure) n’en laissant qu’un
seul (artère tibiale postérieure) pour toute la vascularisation du pied et de la jambe.
Le but de cette étude est de mettre en évidence des anastomoses entre l’artère tibiale
antérieure et l’artère fibulaire par le biais de dissections et d’imagerie (radiographies). Ceci
pouvant éventuellement mener à des nouvelles conduites à tenir concernant le bilan préopératoire et la chirurgie des lambeaux libres de fibula.
II - RAPPELS ANATOMIQUES
1/ Ostéologie
tête
La fibula constitue la partie latérale du
squelette jambier. C’est un os qui est articulé
avec le tibia à ses deux extrémités, et avec le
talus à son extrémité distale (constituant ainsi
la malléole externe).
col
La fibula est donc un os long, pair,
asymétrique et fin. En effet, il ne supporte
qu’une partie infime des contraintes d’appui
du
membre
inférieur.
Une torsion antero-latérale marque sa
partie inférieure. Cet os est composé de deux
épiphyses et d'une diaphyse.
diaphyse
Nerf
fibulaire
Gastrocnémiens
Epiphyse
distale
Muscle soléaire
Vue latérale
Vue médiale
2/ Insertion musculaire
Il existe de nombreux muscles qui
s’insèrent sur la fibula, notamment :
-Muscle long extenseur des orteils
-Muscle long extenseur de l’hallux
-Muscle troisième fibulaire
-Muscle soléaire
-Muscle tibial postérieure
-Muscle long fléchisseur de l’hallux
-Muscle biceps fémoral
-Muscle court fibulaire
-Muscle long fibulaire
Muscle tibial
antérieure
Muscle long
extenseur
des orteils
Muscle long
fibulaire
Muscle court
fibulaire
3/Vascularisation
Artère
poplitée
1
Tronc
tibiofibulaire
Artère
tibiale
antérieur
6
2
4-5
Artère
tibiale
posterieure
Tronc tibio
fibulaire
3
Artère tibiale
antérieure
Artère
fibulaire
Vascularisation de l'épiphyse
supérieure
Vue postérieure
Vue antérieure
1 : artère inféro-latérale du genou
2 : artère récurrente fibulaire antérieure
3 : artère récurrente fibulaire postérieure
4 : artère récurrente tibiale antérieur
5 : artère récurrente fibulaire interne
6 : artère récurrente tibiale postérieure
La fibula est vascularisée par 2 artères. On distingue :
- artère tibiale antérieure pour la tête fibulaire et la partie proximale de la diaphyse
- artère fibulaire pour la partie distale
Dans la situation la plus courante anatomique, l'artère poplitée se bifurque pour
devenir le tronc tibio-fibulaire et l'artère tibiale antérieure. Le tronc tibio-fibulaire bifurque
ensuite et donne naissance à l'artère tibiale postérieure et l'artère fibulaire. Cette dernière se
termine juste au-dessus de la cheville, se divisant en une branche antérieure perforant la
membrane interosseuse et qui communique avec l’artère tibiale antérieure, et une branche
communicante postérieure, qui rejoint l'artère tibiale postérieure.
L’artère tibiale antérieure vascularise le dos du pied par l'artère dorsale du pied, et contribue
au cercle anastomotique de la voûte plantaire via l'artère plantaire profonde. L'artère tibiale
postérieure vascularise la plante du pied par les artères plantaires médiale et latérale et
contribue au cercle anastomotique. C’est ainsi, que le pied est uniquement vascularisé par les
artères tibiales antérieure et postérieure. Cette tendance est observée chez environ 88% des
individus. Chez les patients présentant une athérosclérose très importante des artères tibiales,
on peut assister a un développement des collatérales de l'artère fibulaire jusqu'à constituer une
contribution significative à la circulation du pied.
La fibula se forme à partir de trois centres d’ossification primaire. Deux pour les
épiphyses et un pour la diaphyse. L'ossification commence pendant la huitième semaine de
vie fœtale, elle débute au niveau de la diaphyse et s'étend vers les extrémités. A la naissance,
les épiphyses sont encore cartilagineuses.
Lors de la deuxième année de vie, l’ossification débute au niveau de l’épiphyse inférieure.
L’épiphyse supérieure s’ossifie vers la quatrième année de vie.
Il y a fusion de l’épiphyse inferieure avec la diaphyse au cours de la vingtième année; et de
l'épiphyse supérieure lors de la vingt-cinquième année.
MUSCLES :
1-Long fibulaire
2-Court fibulaire
3-Long extenseur des doigts
4-Tibial antérieure
5- Long extenseur de l’hallux
6-Tibial postérieure
7-Long fléchisseur de l’hallux
8-Long fléchisseur des doigts
9-Soléaire
10-Gastrocnémiens
Long extenseur de l’hallux
Artère tibiale
postérieure
et veines
Nerf fibulaire,
artère tibiale et
veines.
Fibula avec son
pédicule
vasculaire :
-artère fibulaire
-2 veines fibulaires
4
3
5
1
T
2
6
Perforantes
musculo-cutanées
7
9
10
8
III - MATERIEL ET METHODES
DISSECTIONS
Nous avons utilisé trois sujets formolés pour les dissections (deux jambes gauches et
une jambe droite). Les deux dernières pièces ont été injectées au niveau de l’artère fémorale
avec 60 ccs de latex rouge.
Le prélèvement s’effectue sur un sujet frais au quart distal de la diaphyse fémorale.
Un abord postérieur est effectué afin de mettre en évidence l'artère poplitée et ses différentes
branches artérielles. Puis, une incision verticale au niveau de l'interligne articulaire nous a
permis de continuer la dissection de la fibula.
Pour l’imagerie, dans un premier temps, deux injections à base de Minium de Plomb
ont été effectuées sur sujets frais. Le sujet est placé en décubitus dorsal. Une incision au
niveau de la projection cutanée de l'artère fémorale est faite à une vingtaine de centimètres
au-dessus de l'interligne articulaire. L'artère fémorale repérée, l'incision est secondairement
agrandie afin d'introduire le cathéter et d'injecter aisément. Le prélèvement de la pièce est
réalisé à nouveau au quart distal de la diaphyse fémorale. La pièce est donc congelée et
l'imagerie faite.
Sur deux autres pièces fraîches, nous avons tenté de faire une injection sélective avec
le même produit. Une incision au niveau de la projection cutanée de la naissance de l'artère
fibulaire est faite, l'artère repérée, l'incision est secondairement agrandie afin d'introduire le
cathéter et d'injecter aisément. Cependant, lors de l’injection, de nombreuses fuites ont pu
être observées. L’imagerie n’a donc pas été tentée du fait des artefacts certains.
IV – RESULTATS
Cranial
Vue postérieure de la fosse poplitée – Jambe droite
Latéral
Artère poplitée
Veine poplitée
Nerf tibial
Nerf fibulaire
Cranial
Vue postérieure la fosse poplitée – Jambe Gauche
Latéral
Artère
poplitée
Nerf
fibulaire
Nerf tibial
Artère
fibulaire
Artère tibiale
postérieure
Cranial
Vue postérieure – Jambe droite
Tronc tibiofibulaire
Latéral
Branche
anastomotique
Artère tibiale
postérieure
Artère tibiale
antérieure
Artere fibulaire
La vascularisation de la fibula étant bien connue, le but de ce travail de dissection était
de mettre en évidence des anastomoses entre l’artère fibulaire et l’artère tibiale antérieure.
Ceci étant intéressant pour les lambeaux libres de fibula lors des comblements osseux.
Nous voyons ici la naissance de la branche anastomotique qui débute une dizaine de
centimètres en dessous de la bifurcation de l’artère poplitée.
Mise en évidence de l’anastomose entre l’artère tibiale antérieure et
l’artère fibulaire
Cranial
Vue latérale de la fibula
Ventral
Rameau perforant
Artère fibulaire
Branche
anastomique
Artère tibiale
antérieure
Rameau perforant
Nous pouvons voir ici très clairement l’anastomose entre l’artère fibulaire et l’artère tibiale
antérieure.
Il est très probable que cette anastomose naisse à partir des perforantes musculo-cutanées.
Cependant, son calibre semble ne pas être suffisant pour assurer la suppléance vasculaire de
la totalité de la diaphyse fibulaire s’il ne restait qu’un seul axe vasculaire.
TROISIEME DISSECTION – JAMBE GAUCHE
Cranial
Vue antérieure
Latéral
Branche
anastomotique
Rameau
artériel
musculaire
Artère fibulaire
Artère tibiale
antérieure
Sur une autre pièce anatomique, nous observons la même branche anastomotique entre les
deux axes vasculaires de la fibula.
Le rameau artériel musculaire fait partie des branches des perforantes musculo-cutanées.
COUPE TRANSVERSALE DE JAMBE GAUCHE INJECTEE AU
MINIUM DE PLOMB
Ventral
Latéral
Artefact lié à
l’injection
(rupture d’une
artériole)
Artère tibiale
antérieure
Anastomose ou
artère musculaire
perforante
Artère fibulaire
Artère tibiale
postérieure
IMAGERIE
Sur les radiographies qui suivent nous pouvons retrouver les différents éléments artériels dont
nous avons parlé. Néanmoins, il est très délicat d’affirmer la présence d’anastomose entre
l’artère fibulaire et l’artère tibiale antérieure. Une imagerie en 3D serait nécessaire pour ce
faire.
Cranial
Radiographie de jambe droite : vue médiale
Dorsal
Artère tibiale
antérieure
Artère
récurrente
fibulaire
postérieure
Artère
récurrente
fibulaire
antérieure
Artère fibulaire
Artère tibiale
postérieure
Ces 2 artères vont vasculariser
riser la tête de la fibula.
fibula
Radiographie de face
Artérioles
perforantes
musculaires,
pouvant être
à l’origine
d’une
anastomose
Vue oblique
V – DISCUSSION
1/Généralités
Les lambeaux libres de fibula : historique
Des études sur chiens ont démontré que les greffes sans vascularisation présentaient
plus de résorption osseuse que les greffes pédiculés. C’est pour cela que cette technique est
préférée depuis 1991.
La fibula apporte jusqu’à 25cm d’os, solide, rectiligne et bi-cortical, permettant
certaines reconstructions chirurgicales. Une palette cutanée de taille variable peut être
incorporée dans le lambeau afin de réparer l’éventuelle perte de substance cutanée associée
au défect osseux. Un « patch » musculaire est conservé pour préserver les perforantes
musculo-cutanées. La facilité de prélèvement et le diamètre des axes vasculaires sont idéaux
pour cette technique rendue possible depuis le développement de la microchirurgie
vasculaire.
Les premiers transferts libres de greffons osseux vascularisés avec sutures
microchirurgicales ont été pratiqués chez le chien par Ostrup et Fredrickson (1975). C'est en
1975 que Taylor a réalisé un transfert du péroné libre pour reconstruire une perte de
substance du tibia controlatéral. En1989 Hidalgo transfert ce lambeau libre vascularisé dans
la région cervico-faciale pour reconstruire la mandibule. Depuis, les indications se sont
multipliées. Les pertes de substance osseuse d'origine traumatique ou après résections larges
pour ostéosarcome et le traitement des pseudarthroses congénitales ont trouvé une
thérapeutique.
La fibula peut être utilisée pour remplacer la mandibule, le radius, le tibia ou être
objet de lambeau ostéomyocutané dans la reconstruction de l'arrière-pied (calcanéum).
Les contre-indications pour la greffe de fibula sont :
-athérosclérose significative (>50% du diamètre obstrué) depuis l’aorte abdominale jusqu’au
3 axes artériels jambiers.
- antécédent de traumatisme important des jambes ou de chirurgie préalable
- variations congénitales
Lorsqu’on ne peut pas prélever la fibula on peut utiliser des lambeaux de scapula,
latissimus dorsi, d’os iliaque, droit de l’abdomen, entre autres.
Le lambeau libre de fibula en pédiatrie, concerne l’artère tibiale antérieure et l’artère
fibulaire car on prélève toujours la tête fibulaire pour conserver le cartilage de croissance.
Cependant, le transfert de l'épiphyse supérieure avec la moitié supérieure de la
diaphyse a été tenté par Weiland et Daniel (1979) chez un garçon de 7 ans dans le traitement
d'une main botte ulnaire. Le greffon contenait uniquement l'artère fibulaire. Les résultats
cliniques et radiologiques ont été excellents, le cartilage de conjugaison restant visible et la
déviation ulnaire corrigée restant stable.
D’autre part, l’étude menée à Nancy en 2000 cherchait à savoir quelle était la
longueur diaphysaire qui pouvait être prélevée en utilisant uniquement l’artère tibiale
antérieure. Selon cette étude, 11 cm d’humérus furent reséqués et reconstruits par 11 cm de
fibula, donc quasiment 50% de la longueur totale de cet os. On peut donc dire que la moitié
de la fibula est vascularisée par l’artère tibiale antérieure.
La décision de prélèvement d’un ou 2 axes vasculaires pourrait être faite en fonction
de la longueur de fibula nécessaire pour le greffon.
2/Imagerie pré-opératoire
Plusieurs études défendent l’intérêt d’une imagerie préopératoire quand un lambeau
libre de fibula va être effectué. Selon les années, les circonstances cliniques et les coûts
engendrés, ces techniques d’imagerie sont plus ou moins adaptées.
En 2004, l’intérêt de l’angio IRM a été démontré [4]. Ses atouts résident dans le fait
que c’est une technique non invasive et précise, permettant la visualisation des pathologies
artérielles et/ou des variations anatomiques. L’angio IRM n’expose pas le patient à un agent
de contraste iodé ou à une irradiation. Enfin, il permet une visualisation sur plusieurs plans et
possède une grande sensibilité et valeur prédictive. Ceci a un vrai retentissement dans la prise
en charge chirurgicale car l’imagerie permet le choix d’une des 2 fibulas, voir dans certains
cas, la contre-indication de ce type d’intervention.
L’imagerie préopératoire serait indiquée chez les patients artériopathes, avec des
pouls distaux anormaux ou des antécédents de traumatismes importants de la jambe. Il serait
recommandable de faire une imagerie à tous les patients avec un cancer ORL car ils
possèdent une incidence plus élevée des facteurs de risques des pathologies artérielles (sujets
âgés, fumeurs). De plus, les malformations congénitales peuvent ne pas être mises en
évidence avec le seul examen physique. L’angio IRM permettrait donc le transfert de fibula
même chez des patients présentant des contre-indications ; effectivement, l’imagerie
permettrait de voir si les sténoses artérielles sont significatives ou non et pourrait autoriser un
prélèvement spécifique au patient.
L'artériographie est fortement recommandée pour des raisons médico-légales, en
particulier aux États-Unis, car il fournit une étude objective de la vascularisation du membre.
Cependant, étant un examen invasif, il présente plus de risques. Le Doppler simple, comme
l'examen clinique, peut être insuffisant. Enfin, le doppler à ultrasons n’est pas invasif et
permet la visualisation des trois axes vasculaires et la mesure du flux sanguin dans chaque
artère.
La démarche idéale serait donc un doppler a ultrasons en première intention (examen
suffisant dans la grande majorité des cas), suivi ci-besoin, d’une angio IRM.
En 2010, Ribuffo [1] propose l’utilisation de l’angio scanner spiralé (CTA :
Computed tomographic angiogram). En effet, l’anatomie vasculaire des perforantes de
l’artère fibulaire étant très variable, cette imagerie peut décrire très précisément la taille, la
localisation et le trajet des perforantes, en plus d’identifier les variations anatomiques pour
choisir le site donneur. Le rôle de la CTA serait de faire une cartographie de la
vascularisation musculo-cutanée en pré opératoire.
D’autre part, une perforante musculo-cutanée de l’artère fibulaire (analogue a
l’anastomose de nos dissections) a été mise en évidence dans ces travaux. Le vaisseau ne fut
pas considéré une branche suppléante pour le lambeau de fibula du fait de sa position
proximale et son long trajet intramusculaire. Il est donc très probable que l’anastomose mise
en évidence lors de nos dissections naisse à partir des perforantes musculo-cutanées et qu’elle
ne soit pas suffisante pour vasculariser la totalité de la diaphyse fibulaire si on ne prélève que
l’artère tibiale antérieure.
Les différents auteurs sont pour l’instant d’accord, le bilan d’imagerie pré-opératoire doit
comporter une échographie doppler qui suffira dans la plupart des cas. Ensuite, leurs avis
divergent sur l’imagerie de seconde intention. L’angio scanner, l’angio IRM et
l’artériographie sont proposés mais cette dernière est plutôt à éviter du fait de son caractère
invasif.
En période post-opératoire, une surveillance par échographie pourrait être réalisée du
fait du diamètre adéquat des artères de la jambe. La greffe est considérée viable lorsqu’elle
reste perfusée 1 mois après l’intervention.
3/Embryologie et variations anatomiques
La complication qu’on craint le plus au niveau du site donneur est l’ischémie du pied
secondaire au sacrifice de l’artère fibulaire.
Dans la plupart des cas, l’artère fibulaire ne constitue pas une suppléance significative
de la circulation du pied. Cependant, chez des sujets présentant athérosclérose ou des
variations anatomiques, l’artère fibulaire joue un rôle important de suppléance.
Il existe 3 cas où cette artère donne la principale vascularisation du pied, lorsque :
- l’athérosclérose est importante (obstruction > 50% en Angio IRM)
- l’artère tibiale est hypoplasique ou absente
- il existe une artère fibulaire magna
1
6
2
1- Artère iliaque externe
2- Artère iliaque interne
3- Artère saphène
7
8
4
9
5
10
3
4- Artère poplitée
5- Artère tibiale antérieure
6- Artère glutéale inférieure
7- Artère fémorale profonde
8- Artère descendante du genou
9- Artère fibulaire
10- Artère tibiale postérieure
L’anatomie comparative montre une double origine neuro-vasculaire de la
vascularisation de la jambe:
- Un plexus antérieur issu de l’artère iliaque externe (1) qui donne l’artère fémorale (7).
- Un plexus postérieur issu de l’artère iliaque interne (2) qui donne l’artère du nerf sciatique.
Chez beaucoup de vertébrés (amphibiens, reptiles et oiseaux) on retrouve une
vascularisation du type sciatique ; dans ce cas, l’artère fibulaire (9) est une continuation de
l’artère glutéale inférieure (6) et arrive sur le dos du pied.
Chez les primates, c’est l’artère fémorale (7) et sa branche saphène (3) qui
prédominent. Dans ce cas, la large artère saphène (3) se divise en 2 branches qui s’épuisent
au niveau du pied par deux artères, une dorsale et une ventrale. L’artère tibiale étant
rudimentaire, l’artère saphène (3) prend la place de l’artère tibiale postérieure (10).
Dans d’autres espèces incluant l’homme, l’artère tibiale antérieure est bien
développée et l’artère saphène devient alors un vaisseau insignifiant.
Pour expliquer les variations anatomiques de la jambe, il faut considérer que l’artère
fibulaire est la plus vieille et donc la plus constante car c’est la continuation de l’axe
postérieur du réseau. L’artère tibiale antérieure est une plus récente collatérale de l’artère
fibulaire. Finalement, les artères tibiales antérieure et postérieure, ont grandit en taille et
remplacé l’artère fibulaire dans le secteur distal.
Les variations anatomiques décrites dans la littérature sont les suivantes :
1-bifurcation de l’artère poplitée : l’artère tibiale antérieures et le tronc tibio-fibulaire
(modalité usuelle)
2-trifurcation de l’artère poplitée (1-4%),
3-origine de l’artère tibiale antérieure au niveau de l’artère fibulaire (<1-2.5%),
4-absence d’artère tibiale postérieure (<1-5%),
-absence d’artère tibiale antérieure
-aplasie terminale des deux artères tibiales antérieure et postérieure
1
2
3
4
L'artère tibiale postérieure est absente dans 15 % des cas, et dans ce cas la
vascularisation de la fibula demeure inchangée (l'épiphyse proximale de la fibula est
vascularisée par l'artère tibiale antérieure, la diaphyse et l'épiphyse distale sont vascularisées
par l'artère fibulaire). [7] L’absence d’artère tibiale postérieure contre-indique le lambeau de
fibula du fait que le cercle anastomotique du pied est maintenant assuré par l’artère tibiale
antérieure et l’artère fibulaire. En pratique, l'absence d'artère tibiale postérieure peut être
affirmée par échographie doppler.
VI – CONCLUSION
Dans cette étude, nous avons mis en évidence une anastomose antre l’artère tibiale
antérieure et l’artère fibulaire. Cette anastomose est vraisemblablement issue des perforantes
musculo-cutanées. Lors d’un prélèvement de l’épiphyse et de la totalité de la diaphyse avec
l’artère tibiale antérieure, cette anastomose aurait pu suppléer la vascularisation distale
(normalement assurée par l’artère fibulaire). Hors, son diamètre n’est pas assez important et
son long trajet musculaire laisse supposer qu’elle ne serait pas un relais vasculaire suffisant.
Les radiographies permettent de voir différentes collatérales qui peuvent être prises pour des
anastomoses. Cependant, l’affirmation ne peut se faire que par le biais d’imagerie avec
reconstruction en trois dimensions.
D’autre part, la conduite à tenir par rapport aux lambeaux libres de fibula en pédiatrie
dépend donc de la longueur à prélever.
Concernant la prise en charge pré opératoire et l’imagerie, il est important d’effectuer
ces examens pour écarter toutes variations anatomiques non détectées à l’examen clinique ou
toute pathologie artérielle. L’examen le mieux adapté en première intention est l’échographie
doppler. En effet, la ou les artères prélevées doivent être suffisamment perméables pour
assurer la survie du lambeau, et il ne doit pas exister de variations anatomiques pour ne pas
risquer une ischémie aigüe du pied. En seconde intention, l’artériographie est plutôt contreindiquée puisque invasive. Une angio IRM ou un angio scanner spiralé peuvent être
demandés alors. La surveillance en post-opératoire peut se baser sur un suivi clinique et par
échographie doppler pour s’assurer de la perméabilité du pédicule vasculaire greffé.
VIII – REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1]
Ribuffo D., Atzeni M., Saba L (2010): Clinical study of peroneal artery perforators
with computed tomographic angiography: implications for fibular flap harvest.
Surg Radiol Anat 32:329–334
[2]
Dutot-Philippeau Noemie - Chirurgie reconstructrice maxillo-faciale par lambeaux
libres et qualité de vie. Etudes prospective sur 1 an. Thèse DES chirurgie maxillofaciale et stomatologie. Nantes - 2009
[3]
Lancien M. La vascularisation artérielle de la fibula, mémoire réalisé dans le cadre
du certificat d’anatomie, d’imagerie et de morphogénèse. Nantes – 2009/2010
[4]
Aine M. Kelly, Paul Cronin, Hero K. Hussain (2007) Preoperative MR Angiography
in Free Fibula Flap Transfer for Head and Neck Cancer: Clinical Application and
Influence on Surgical Decision Making AJR 188:268-274
[5]
M.L. Tang, S.W. Lu, J.W. Ren, (2001) Applied anatomy of the V-shaped fibular
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Radio anatomie de la vascularisation de la fibula et
application dans la chirurgie des lambeaux libres
Nathaly GAVIRA, Antoine HAMEL, Olivier HAMEL, Stephane Ploteau, Stephane
LAGIER, Yvan BLIN, Roger ROBERT, Jean-Michel ROGEZ.
Laboratoire d’anatomie- faculte de medecine Nantes
BUT
Le but de cette étude est de mettre en évidence des anastomoses entre l’artère tibiale
antérieure et l’artère fibulaire par le biais de dissections et d’imagerie (radiographies). Ceci
pouvant éventuellement mener à des nouvelles conduites à tenir concernant le bilan préopératoire et la chirurgie des lambeaux libres de fibula.
MATERIEL ET METHODES
Nous avons effectué trois dissections sur pieces formolées dont deux d’entre elles furent
injectées par 60 cc de latex rouge. De plus, 4 injections au Minium de Plomb sur sujet frais
ont été effectuées pour prendre des clichés radiographiques.
RESULTATS
Lors de cette étude, nous avons mis en évidence une anastomose antre l’artère tibiale
antérieure et l’artère fibulaire. Cette anastomose est vraisemblablement issue des perforantes
musculo-cutanées.
CONCLUSION
Lors d’un prélèvement de l’épiphyse et de la totalité de la diaphyse avec l’artère tibiale
antérieure, cette anastomose aurait pu suppléer la vascularisation normalement assurée par
l’artère fibulaire. Hors, son diamètre est insuffisant et elle ne serait pas un relais vasculaire
fiable. Les radiographies permettent de voir différentes collatérales qui peuvent être prises
pour des anastomoses. La conduite à tenir dépend donc du type de prélèvement à effectuer.
Concernant la prise en charge pré opératoire et l’imagerie, il est important d’effectuer ces
examens pour écarter toutes variations anatomiques non détectées à l’examen clinique ou
toute pathologie artérielle. L’examen le mieux adapté en première intention est l’échographie
doppler. En seconde intention, une angio IRM ou un angio scanner spiralé peuvent être
demandés. La surveillance en post-opératoire peut se baser sur un suivi clinique et par
échographie doppler pour s’assurer de la perméabilité du pédicule vasculaire greffé.
Mots cles : fibula, vascularisation, anastomose, lambeau libre
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