
REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES • N° 533 • JUIN 2021
Introduction
La spectrométrie de masse en plasma induit (ICP-MS)
est une technique de dosage élémentaire développée
depuis le milieu des années 1980 [1]. Elle s’est rapide-
ment imposée car elle permet de pallier la plupart des
limitations des autres techniques d’analyse élémentaire
utilisés jusque-là (SAAF, SAAET et ICP-OES). En effet,
pour la majorité des éléments, elle est plus sensible,
elle est linéaire sur une très grande étendue de mesure
et elle peut être considérée comme une technique
multi-élémentaire même si les éléments sont mesurés
séquentiellement.
Si les premiers spectromètres ne pouvaient résoudre
les nombreuses interférences observées notamment
sur les éléments de transition, les avancées techno-
logiques (cellules de collision/réaction) permettent
actuellement d’en corriger la plupart.
La séparation se faisant selon la masse des ions, il est
possible de distinguer les différents isotopes d’un même
élément ce qui est un avantage incontestable de cette
technique (calcul de rapports isotopiques, suivi d’un
isotope particulier…).
La grande sensibilité permet de coupler l’ICP-MS avec
des techniques séparatives en amont (Chromatographie
en phase liquide à haute performance – HPLC, GC)
pour faire de la spéciation.
Initialement conçue pour l’analyse de solutions, la pos-
sibilité de couplage avec un laser (ablation laser ou
LA-ICP-MS) permet d’analyser directement des solides
et de faire des cartographies (mapping), par exemple sur
des coupes de tissus.
Enn, grâce aux progrès de l’électronique, notamment
l’augmentation de la vitesse d’acquisition des signaux,
les appareils actuels sont
capables de mesurer des par-
ticules individuelles, nanopar-
ticules ou cellules, ouvrant
ainsi de nouveaux champs
d’applications.
Principe
L’ICP-MS est basée sur la
séparation des éléments
sous forme ionisée dans un
spectromètre de masse en
fonction de leur rapport
masse sur charge noté m/z.
La quantication est réalisée
grâce à un détecteur placé
après le quadripôle. Il est
donc nécessaire d’amener
le ou les éléments à ana-
lyser sous forme d’atome
ionisé.
Appareillage
Il existe quatre types d’ICP-MS : quadripolaire (Q-ICP-
MS), à secteur magnétique appelé aussi haute résolution
(HR-ICP-MS), à temps de vol (TOF-ICP-MS) et multi-
collecteur (MC-ICP-MS). Dans cet article nous ne trai-
terons que du premier qui est, de loin, le plus répandu,
notamment en raison de son prix.
Système d’introduction
de l’échantillon
En biologie clinique, la très grande majorité des échan-
tillons analysés par ICP-MS sont des liquides (sérum,
sang total, urine, lait, liquides de ponction…). Le liquide
est acheminé grâce à une pompe péristaltique vers un
nébuliseur qui va le transformer en aérosol dans une
chambre de nébulisation. La chambre a pour rôle de
sélectionner les gouttelettes les plus nes (inférieures
à 10μm) qui seules seront envoyées dans la torche à
plasma. La petite taille des gouttelettes est très impor-
tante car elle conditionne l’efcacité des phénomènes
se produisant dans le plasma jusqu’à l’ionisation. On
utilise le plus souvent des nébuliseurs concentriques
de débit et de rendement variables. Au début, les débits
étaient classiquement de 1mL/min (voire 2 ou 3mL/
min) avec un rendement de nébulisation de quelques
pourcents seulement. Actuellement, on préfère l’emploi
de micro-nébuliseurs consommant entre 50 et 400μL/
min et dont le rendement se situe entre 15 et 20 %.
Torche à plasma
La torche à plasma permet de créer le plasma (gure1).
Elle est constituée de trois tubes concentriques :
Dossier scientifique
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© J. Poupon
Figure 1. Introduction de l’échantillon et torche.
A. Schéma général – B. Torche et bobine d’induction (Elan DRCe, Perkin Elmer)