Alors explorons comment une réintroduction du sacré pourrait être pensée dans la
sphère politique contemporaine, sans tomber dans le piège du prosélytisme religieux ni
trahir la laïcité. L’idée est de retrouver une dimension symbolique commune, qui
nourrisse le sens collectif et replace l’humain dans un horizon plus vaste que ses
intérêts immédiats.
Symboles communs
• Rituels civiques renouvelés : au lieu de seulement commémorer des
événements historiques ou militaires, on pourrait créer des célébrations
consacrées aux cycles naturels (solstices, équinoxes, journées universelles de la
Terre, de l’eau, de la biodiversité). Cela reste laïque mais relie directement à une
dimension sacrée de la vie.
• Monuments vivants : ériger ou consacrer des espaces verts, des forêts urbaines
ou des jardins planétaires comme « sanctuaires » de mémoire et de vie, tout
comme on protège déjà certains monuments historiques.
• Gestes symboliques universels : moments de silence, rituels collectifs de
gratitude ou d’attention commune, intégrés dans la vie publique, pour marquer
l’importance de la transcendance.
Écospiritualité politique
• Constitutionnaliser le respect du vivant : certains pays, comme l’Équateur ou
la Bolivie, ont inscrit les « droits de la nature » dans leur constitution. C’est une
manière de sacraliser la Terre dans le langage juridique, sans passer par le
religieux.
• Déclarations publiques de reliance : instaurer des temps où les institutions
reconnaissent oiciellement que certaines réalités (l’air, l’eau, la vie) ne peuvent
être réduites à des ressources économiques. Cela participe d’une pédagogie
collective.
• Reconnaissance de la Terre comme sujet : promouvoir l’idée que la planète
n’est pas seulement un décor mais un partenaire de l’histoire humaine, ce qui
transforme profondément les politiques écologiques.
Vie communautaire et politique
• Cercles de parole civiques : inspirés des traditions autochtones, ils permettent
de recréer un espace sacré de dialogue, où chacun parle à partir du cœur et est
écouté sans interruption. Cela pourrait remplacer une partie des débats
politiques stériles par une écoute réelle.
• Fêtes du lien : au niveau municipal, des moments de communion collective axés
sur la gratitude envers la communauté et le vivant. Ces rituels partagés créent du
sens sans imposer de religion.
• Éducation à la dimension sacrée : intégrer, dans l’enseignement public, une
sensibilisation au sacré universel, non pas comme une dogmatique, mais
comme reconnaissance du mystère, du respect de la vie et du sentiment
d’appartenance.
Enjeux et précautions
• Il faudrait éviter toute récupération nationaliste ou idéologique du sacré, ce qui a
souvent conduit aux pires dérives (culte du chef, mythes guerriers).
• Le sacré proposé doit rester ouvert, inclusif et lié à l’universel (la Terre, la vie,
l’humanité), et non à des croyances particulières.