Gouvernance en Afrique francophone : un jeu de poker menteur

Telechargé par gilbert biteghe
Gouvernance politique en Afrique francophone
UN JEU DE
POKER MENTEUR
G O U V E R N A N C E E T I N S T I T U T I O N S
POINT
DE VUE
Crédit photo : AFP/Frank Perry, Marcel Mochet
Sommaire.
Introduction
60 ans d’immobilisme
Comment en sommes-nous arrivés là ?
S’assumer ou continuer à se consumer
Repenser notre modèle de gouvernance
Le plus long voyage commence par un premier pas
Aller plus loin avec MANSSAH
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Crédit photo : AFP/Stéphane De Sakutin
Introduction.
Illégitimité des dirigeants, coups dEtats, troisièmes
mandats, crises politiques à répétition, conflits
ethniques exacerbés, guerres civiles, cortèges de
morts et de blessés, absence de décollage
économique inclusif...
Voici le tableau peu flatteur que
présentent nos Etats d’Afrique
francophone subsaharienne
aujourd’hui et la descente aux
enfers continue. Le mode de
gouvernance actuel dans cette
région du monde, la démocratie à
l’occidentale, n’est pas adapté :
c’est un fait.
Ce point de vue, s’attachera à
explorer les causes profondes de
ce véritable désastre, avant de
proposer des pistes de solutions
pour un système de gouvernance
qui nous est propre.
L’Afrique étant plurielle, celles-ci
devront faire l’objet d’appréciation
et d’adaptation au contexte local de
chaque situation nationale.
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Gouvernance politique en Afrique francophone : un jeu de poker menteur
Crédit photo : AFP/Marco Longari
60 ans dimmobilisme.
Plus de 60 ans que la gouvernance en Afrique francophone, malgré les indépendances se
définit en fonction de critères exogènes : régime pluraliste, régime de parti unique, régime
libéral, communiste, socialiste… Plus de 60 ans d’instabilité : sur 486 coups d’Etat tentés depuis
1950 dans le monde, 214 soit 44% ont eu lieu en Afrique (1). Soit une moyenne d’une tentative
par an dans au moins deux Etats africains. Plus de 60 ans de désillusions, de perte de
confiance et de stagnation économique.
Plus de 30 ans que la majeure partie de l’Afrique francophone s’applique à reproduire le
système de démocratie occidentale. Plus de 30 ans de résultats électoraux douteux, de crises
post-électorales, de crises politiques et de gouvernance inefficace.
Plus de 30 ans de dépenses exorbitantes au milieu d’un océan de misère ou le minimum n’est
pas assuré : 44 milliards de dollars (2) ont été dépensés entre 2000 et 2018, en Afrique
subsaharienne pour organiser des élections. Combien d’hôpitaux, d’écoles, d’infrastructures
ces montants auraient-ils pu servir à construire ?
Plus de 30 ans d’exercice du pouvoir sous couvert de démocratie par des dirigeants plus
préoccupés par leur propre survie que par le bien-être de leur peuple. Des dirigeants souvent
soutenus par des puissances extérieures, illégitimes aux yeux des citoyens et cherchant
plutôt à maintenir des systèmes autocratiques.
Le malaise est croissant, confirmé par des études montrant une insatisfaction grandissante
vis-à-vis de la démocratie dans de nombreux pays africains. Il est essentiel de repenser le
modèle politique, de le contextualiser et de promouvoir un leadership authentique, dédié au
service du peuple.
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Gouvernance politique en Afrique francophone : un jeu de poker menteur
Afrique Amérique Latine Asie de l'Est Moyen Orient Europe Asie du Sud
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Tentatives de coup d’état entre 1950 et 2022 (1)
(1) Source : Powell et Thyne ; Cline Center, University of l’Illinois ; étude de Voice Of America (VOA)
(2) Source : Can’t buy me trust: Why are Africa’s elections so costly yet contested? Koffi Sawyer, 20 October 2022, African Arguments
Nous avons tourné le dos à nos modes de
gouvernance traditionnels.
La traite négrière et la période coloniale ont complètement
déstructuré les modèles de gouvernance préexistants en
Afrique. De nouveaux intérêts, de nouveaux modèles
économiques ont vu le jour et surtout la relation au pouvoir et
ses enjeux ont été redéfinis. Le pouvoir en Afrique était, avant la
colonisation, exercé par les chefferies et légitimités
traditionnelles. Celles-ci ont été totalement marginalisées, à
l’exception de certaines régions d’Afrique dans lesquelles les
chefferies traditionnelles ont survécu et restent fortes.
Or ces autorités traditionnelles tirent leur légitimité du contexte,
de leur proximité et leur immersion au plus proche de la vie
quotidienne de leurs concitoyens dont elles appréhendent les
enjeux socio-culturels. Ces autorités sont diverses et reconnues
notamment sur la base du critère de la notabilité ; sur la base
d’un savoir par rapport à une tradition ou un métier spécifique ;
sur la base du critère administratif (conseils de villages, de
fractions et/ou de quartiers par exemple) ; enfin, il peut
également être distingué les chefferies politiques (chefs de
villages, de cantons…) et chefferies terriennes (chefs de terres,
chefs de l’eau, maîtres de la brousse…). Ces critères ne sont pas
exhaustifs.
Tout ce qui est perçu comme traditionnel aujourd’hui semble
synonyme d’archaïsme. Cette marginalisation progressive
trouve son origine dans le fait que nos administrations actuelles
perpétuent les principes d’anéantissement de la tradition initiés
par le colon qui a créé d’autres sources de légitimité comme
l’école notamment et l’émergence d’une nouvelle élite basée
sur le principe de l’assimilation, contribuant ainsi à
l’affaiblissement des autorités traditionnelles.
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Comment en sommes
nous arrivés là ?
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