
BEAULIEU et CICHOCKI 127
De plus, en francais normatif
et
en francais acadien du nord-est du Nouveau-
Brunswick (dorenavant
FANENB),
ces formes presentent un contraste interessant.
En francais
normatif,
les sequences en tete des propositions adverbiales con-
tiennent
toutes
le morpheme que
si
ce n'est des trois formes simples
comme,
quand
et si. Au contraire, en FANENB, les formes comme, quand et si peuvent aussi etre
construites avec le morpheme que {comme que, quand que et si que) et toutes
les expressions en tete des adverbiales peuvent apparaitre sans ce morpheme. En
somme, en francais normatif comme, quand
et si
apparaissent toujours seules (sans
que) et les autres expressions, incluantparce, sont obligatoirement accompagnees
du morpheme que; alors qu'en FANENB, tous les subordonnants en tete des pro-
positions adverbiales peuvent prendre
l'une
ou
1'autre
de ces formes. Le FANENB
presente done une variation entre les formes en que (dorenavant«variantes
que)))
et les formes sans que (dorenavant«variantes zeros), tel qu'illustre en (1).
(1) a. II a fait 5a {comme/commequ'} il voulait.
b.
{Quand/quand qu'} ils nous ont
vus,
ils ont arrete.
c. {Si/si qu'} il vient, elle va lui donner.
d.
C'est
{parce/parce qu'} on n'a
pas
voulu le faire que vous avez parle
?
Etant donne I'emploi categorique des formes en francais normatif et l'influence
possible de cette norme sur le comportement langagier, nous avons choisi, du
moins pour le moment, de traiter les adverbiales en comme {que), quand
{que)
et
si
{que)
comme si elles constituaient un groupe different des adverbiales en parce
{que).
Quant a la nature de la variation dans les sequences en tete des propositions
adverbiales du FANENB, il
s'agit
d'un phenomene morphosyntaxique. D'apres
1'analyse
linguistique de la structure des propositions adverbiales du FANENB
presentee par Beaulieu et Balcom (2002), les propositions adverbiales de cette
variete sont
des
constructions formees d'
une
preposition
{comme,
quand,
si,
parce,
etc.) suivie
d'une
projection du complementeur, e'est-a-dire une proposition
qui debute par le complementeur que. Selon cette analyse, la variation entre
les variantes que et les variantes zero dans les adverbiales du FANENB resulte
de la sous-specification du complementeur Q, ce qui permet aux prepositions
[iinterrogatif] de c-selectionner le complementeur Q (une variante nulle), ou de
selectionner le complementeur par defaut que. En somme, la variation dans les
propositions adverbiales resulte d'un choix au niveau de la morphosyntaxe.
Les donnees utilisees pour analyser cette variation consistent en 7 748
exemples de propositions debutant par comme,
quand,
si et parce releves dans
48 heures de langage spontane provenant du corpus decrit a la section 2. Les
frequences d'occurrence de ces formes sont presentees au tableau 1.
D'
apres les donnees au tableau 1, environ
6
000 occurrences parmi les propo-
sitions adverbiales du corpus debutent par les prepositions comme, quand et si,
et en moyenne,
35 %
d'entre elles sont suivies de que. La preposition quand est
celle que Ton retrouve le plus souvent en cooccurrence avec que (44%), puis
available at https://www.cambridge.org/core/terms. https://doi.org/10.1017/S0008413100022921
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