Pour la notion d'habitat en écologie, voir : Habitat écologique
Ne pas confondre avec : Habiter (notion)
En géographie, l'habitat peut être défini comme l'organisation des habitations sur un espace
donné. L'habiter renvoie à la capacité des acteurs à organiser les espaces multiples qui
composent leur habitat, aux pratiques de vie qu'en ont les individus et les groupes qui
l'occupent. La question du logement n'épuise pas celle de l'habitat mais elle s'y inscrit. Il y a des
habitats sans logement, ceux des sans-abri par exemple.
L’habitat étant au sens strict l’espace dans lequel vit une espèce, le terme a été
particulièrement employé par la géographie classique, et ce dès la fin du XIXe siècle. La question
de l’habitat, et notamment de l’habitat rural, fut même une des rares notions à être définie par
un congrès international de géographie (Congrès du Caire de 1928), ce qui témoigne de
l’importance du concept. Ainsi, jusqu’aux années 1960, la géographie classique a privilégié une
approche descriptive de cet habitat (ses formes, sa localisation…) ; le terme a donc été la
plupart du temps suivi d’une épithète le caractérisant (habitat rural ou urbain, groupé, dispersé
ou isolé, perché ou littoral …).
L’étude de l’habitat est donc indissociable de celle de la répartition du peuplement et a
longtemps donné lieu à des études détaillées sur la disposition des habitations dans les villages
(habitat groupé ou dispersé), au calcul d’un coefficient de dispersion à l’échelle d’une maille
administrative. Dans la géographie classique, l’étude de l’architecture des maisons était
révélatrice des genres de vie et de l’adaptation des sociétés aux contraintes et aux possibilités
du climat et du relief.
De nos jours, l’étude de l’habitat en géographie prend des formes très différentes selon l’échelle
à laquelle on se place. Dans une géographie actuelle beaucoup plus sensible aux phénomènes
multiscalaires, l’étude de l’habitat et de ses contrastes peut être interprétée comme l’une des
formes les plus visibles des inégalités sociales. Comme dans la célèbre photographie de Tuca
Vieira (Théry, 2015) ou dans celles du projet Unequal scenes, les contrastes entre niveaux de
richesse se traduisent de façon très concrète dans l’apparence des logements. L’un des
programmes de l’ONU pour réduire les écarts de développement s’appelle ainsi UN-Habitat
(siège à Nairobi, nom complet : Programme des Nations unies pour les établissements humains).
À l’échelle de l’agglomération et à celle du quartier, l’habitat est révélateur à la fois des écarts
de richesse et d’un certain nombre de processus : logiques d’évitement, ségrégation,
ghettoïsation et son exact opposé la clubbisation, gentrification ou paupérisation, ne peuvent
être saisies qu’en croisant un certain nombre d’observations factuelles, parmi lesquelles l’étude
des formes d’habitat (et de leurs évolutions) est incontournable. Certaines de ces formes,
représentatives d’une époque, d’une politique urbaine et d’un rapport de force entre les classes
sociales, sont aisément reconnaissables : centre historique, quartier haussmannien, grands
ensembles, lotissement pavillonnaire, bidonville… Pourtant, chaque archétype masque une très
grande variété dont il peine à rendre compte : ainsi, certains quartiers de grands ensembles
« réussis » ont réussi à conserver une forme de mixité sociale et ne correspondent pas aux
clichés qui leur sont attachés (Martin-Brelot, 2023). Pour ne prendre qu’un autre exemple, le
lotissement est, en France, le produit d’une histoire réglementaire qui se reflète dans les
générations successives de quartiers pavillonnaires (Herrmann, 2018).