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Avant l’arrivée à Rome du 1er évêque consacré au début du IIIe siècle, le 1er prêtre - Hippolyte de Rome,
évêque intrigant et anti-pape – établit un culte liturgique, sépara les clercs des laïcs, réduisit au silence les
ministres de la parole connus par les lettres de Paul, fit dresser un autel dans les églises, en réserva l’accès
au clergé et transforma le repas eucharistique en messe à laquelle les fidèles répondaient amen quand ils y
étaient invités par l’évêque…
Le christianisme a donc subi un double tournant, religieux et sacrificiel, le second se produisant dans le
sillage du premier. Il s’installa en tant que « culte et communauté » pour honorer et adorer Dieu et s’organise
en tant qu’institution sociale à finalité cultuelle disposant d’une hiérarchie
capable d’uniformiser et de se
faire respecter par un État à la mesure des services qu’elle lui rendait. Le « jour du Seigneur » devint un
sacrifice d’expiation et de réparation pour les péchés. Ce changement d’ère fit passer le christianisme d’un
climat marqué par la liberté et la joie
vers un autre, où dominait le tragique et la peur
. L’engagement à
marcher avec Jésus fut remplacé par le rite de l’immersion baptismale et le repas fraternel en souvenir du
Christ par la formule de consécration de l’eucharistie sur un autel.
La différence visible entre judaïsme et christianisme, qui se situait sur le plan de la foi, se trouva dorénavant
réduite à des rites distincts.
Le christianisme
La résistance constante des laïcs a permis au christianisme de "sortir de la religion" parce qu’il ne vise pas
dominer la société par la religion mais émancipe l’homme, reconnu fils de Dieu, de toute forme de servitude.
Il affronte aussi bien la religion que la société laïque, l’une comme l’autre désireuses de soumettre l’individu
à sa domination exclusive. Dans cette lutte pour la reconnaissance de sa liberté, le chrétien est porteur de
la dignité du sujet humain et l’oppose à toute oppression émanant de la société en général et, d’abord, de la
société politique que l’histoire montre unie depuis toujours à la religion pour réprimer les explosions de
l’individualisme.
L’humanisme évangélique, qui est l’esprit du christianisme, s’est ainsi répandu dans le monde occidental
bien avant que les hommes de la Renaissance ne mettent au goût du jour les « humanités », dont la culture
s’est vite définie comme un humanisme. Devenu philosophique et perdant le sens de Dieu, il glissa vers
l’individualisme et, de nos jours, vers l’antihumanisme encourageant un petit nombre d’individus, plus
puissants et plus riches, à l’emporter sur la masse des faibles et des miséreux, et peut-être à les éliminer au
profit de ceux sur lesquels on grefferait des prothèses et des puces pour les gonfler d’intelligence numérique
jusqu’à les élever – en réponse à l’idéal chrétien de divinisation - à la dignité de robots…
Quand on évoque l’accroissement de la déchristianisation de la société, ce n’est pas à la diminution des
pratiques religieuses qu’il faudrait faire référence, mais à la perte du sens de la fraternité !
Faire Église autrement
Une Église désencombrée du conformisme qui voile son visage évangélique, davantage immergée dans le
monde pour lui communiquer la Bonne Nouvelle, à l’écoute de l’Esprit qui gémit dans la création (Rm8,23).
L’évangile doit être annoncé par des laïcs émancipés de l’ordre sacré, afin d’être écoutés par un monde sorti
de toute religion, mais demeurés en lien avec l’Église universelle (les autres chrétiens), pour montrer que
son appel émane du Christ dont elle est le corps. Les fidèles désireux de parler au monde se réuniront dans
des lieux non affectés au culte, où ils pourront accueillir des personnes d’autres religions ou qui ont rompu
tout lien religieux. Ils s’entretiendront avec elles des problèmes de la vie courante des uns et des autres et
de leur environnement, à la lumière de l’évangile, et partageront un repas fraternel. Cela n’empêchera pas
Présidence de chaque communauté par un évêque (episkopos = inspecteur, surveillant), consacré par un rite similaire aux pontifes juifs,
institution de prêtres ordonnés par l’évêque qui participent à son sacerdoce et exclusion des laïcs de tout office cultuel. (JM)
Les clercs s’installent alors que Jésus avait envoyé ses apôtres « dans le monde entier » et, malgré cela, les évêques revendiquent d’être
détenteurs de la succession apostolique ! (bb)
Malgré les persécutions (bb)
Le vrai responsable de la peur qui étreint les hommes est la religion (JM) car « l’homme a préféré se soumettre aux dieux que d’assumer seul
la responsabilité de son destin » (Marcel Gauchet)