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Agnès Bernard, Christian Delvosalle, Lahcen El Hiki, France T’Sas, Agnès Van Daele
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(1998), l’organisation hospitalière demeure un système sociotechnique complexe
dont la prise en charge des patients repose sur l’implication d’un ensemble de
processus complexes où s'enchevêtrent une multitude d'activités faisant intervenir
dans le temps et dans l’espace plusieurs acteurs d’horizons différents, tenus de
coopérer ensemble en s’appuyant sur des plateaux techniques de plus en plus
sophistiqués (Romoyer et al., 2004). Ces processus, en perpétuelle interaction, se
répartissent en trois familles : les processus de management, les processus
transversaux qu’on apparente aux processus de soins, les processus de support tels le
laboratoire, le circuit du médicament, la radiologie… (El Hiki, 2009).
Contrairement aux processus industriels, Minvielle (2000) souligne que l’une des
caractéristiques fondamentales des processus hospitaliers est la variabilité du mode
de prise en charge de patient. Pour une même pathologie, certaines activités peuvent
être simples pour un patient, alors qu’elles peuvent être complexes pour un autre
patient. Et à chaque aléa, la prise en charge peut être revue ou modifiée et de
nombreuses itérations peuvent être nécessaires.
A la lumière de la théorie de la complexité (Morin, 2005), l’organisation hospitalière
peut être apparentée à un système sociotechnique complexe qui se caractérise d’une
part par un réseau d’unités régis par des interactions non linéaires et d’autre part, par
un comportement émergent a priori non prédictibles. C’est précisément ce caractère
non prédictible et variable des interactions entre ses composantes (acteurs,
service…) qui engendre le besoin de maîtrise des risques au sein des organisations
hospitalières.
2.3. L’approche réticulaire
De toute évidence, le fonctionnement hospitalier ne peut être appréhendé sans
prendre en considération les configurations réticulaires dans lequel il s’intègre
puisqu’actuellement, les hôpitaux sont amenés à externaliser certaines de leurs
activités, à développer des réseaux de soins et des réseaux inter-établissements.
A priori, le réseau peut être défini comme une logique d’organisation en privilégiant
davantage l’interaction sociale entre acteurs (Josserand, 2007) ou entre agents
(Schreiber et al., 2005). Ces interactions sociales furent largement étudiées en
sociologie au travers des réseaux sociaux considérés ici comme un ensemble de
personnes ou groupe de personnes (acteurs) interagissant entre eux (Newman et al.,
2002). Ces réseaux sociaux peuvent être modélisés à l’aide de la théorie des graphes
d’Euler permettant par exemple d’identifier la distribution des degrés d’interrelations
de chaque acteur et de déterminer, par simulation, la robustesse du réseau en cas de
disparition d’un acteur-clé.
Comme nous l’avons souligné, l’hôpital est une organisation servicielle dont les
prestations de soins sont caractérisées par une forte implication humaine (médicale
ou paramédicale). Etant donnée la variabilité inhérente à la prise en charge de