multiple editions, with the 6
th
and final one published in 1908. This book would be the
catalyst for debates amongst economists. The great paradox is that these key politi-
cians, Jules Ferry in particular, would defend colonial expansion on the basis of prima-
rily economic arguments – “Colonial policy is the daughter of industrial policy”
although most economists themselves were opposed to such endeavours. The purpose
of this paper will be to analyse the debate amongst economists and to understand why
the importance of this economic thought was minimised in French debates, in spite of
the fact that colonisation was considered an appendage of political economics, and
finally, we will explore the extent to which this issue led to advances in economic
theory.
colonialism - liberalism - profit rate - migration
Classification JEL: B12
Malgré l’existence d’une profonde résistance des économistes à l’expan-
sion coloniale, à l’exception notoire de quelques auteurs « isolés » comme
Jules Duval (Clément [2012]), le fait colonial a de nombreux et ardents
partisans dans les milieux politiques, intellectuels, et industriels de la France
du Second Empire. Cette position colonialiste va davantage s’épanouir dans
les premières années de la III
e
République, se matérialisant notamment par
l’existence du parti colonialiste. C’est à cette époque que se construit une
vraie doctrine de l’impérialisme français (Girardet [1972, p. 52]), un « esprit
économique impérial » (Bonin et alii [2008]). Chez les économistes, un
ouvrage va faire date, « De la colonisation chez les peuples modernes »
publié par Paul Leroy-Beaulieu en 1874, ouvrage qui connaît plusieurs réédi-
tions, la 6
e
et dernière édition datant de 1908. C’est à partir de cette œuvre
que le débat économique va s’engager. Charles Gide se demande À quoi
servent les colonies dans un article de 1886 et fait un compte rendu de
l’ouvrage de Leroy-Beaulieu dans la Revue d’Économie Politique en 1903 ;
Joseph Chailley-Bert qui édite avec Léon Say le Nouveau dictionnaire d’éco-
nomie politique en 1891, demande à Leroy-Beaulieu de rédiger l’article
« Colonisation au XIX
e
siècle » alors que lui-même rédige l’article « Colo-
nies ». Joseph Chailley-Bert, figure importante du « parti colonial » – ras-
semblement qui regroupe tout l’échiquier politique, socialistes mis à part, –
publie pour sa part de très nombreux ouvrages consacrés dans leur grande
majorité à la question coloniale. Le Journal des Économistes,l’Économiste
français,laRevue des Deux Mondes,leJournal des débats, publient très
régulièrement des articles sur la situation de nos colonies et en particulier
sur l’Algérie. Yves Guyot, qui succéda à Gustave de Molinari à la direction
du Journal des Économistes publie La Vérité sur l’empire en 1875 et Lettres
sur la politique coloniale en 1885. Émile de Laveleye poursuit la tradition
libérale anticolonialiste dans ses Éléments d’économie politique publiés en
1882, de même que Frédéric Passy, fervent libéral et parlementaire de sur-
croît. Léon Walras traite du sujet à plusieurs reprises dans son Cours d’Éco-
nomie Appliquée, et dans quelques textes plus spécifiquement consacrés à
la question de l’Algérie. Paul Rougier, professeur à Lyon publie également
un important Précis de législation et d’économie coloniale en 1895. Mais à
l’exception de J. Chailley-Bert, le traitement de cette question apparaît assez
52
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L’analyse économique de la question coloniale en France
REP 123 (1) janvier-février 2013