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LES ROSES DE LHIVER
Roman du terroir par Claude VINCENT
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Introduction
Marthe se retrouve la dernière habitante de son
village « La Rivoire », un hameau des montagnes
de Haute Provence. Comme elle est trop âgée
pour se déplacer jusquà la ville pour faire ses
courses, un garçon un peu sauvage « Le Lalou »
viens lui rendre quelques services. Paisiblement,
son village sendort et Marthe, submergée par la
solitude, désespère de voir de nouveaux habi-
tants repeupler les lieux…
Ainsi continuait la vie, dans la maison resserrée
sur elle-même, que les forêts et les montagnes
isolaient du reste du monde. Tous étaient par-
tis. Quelques-uns de leur plein gré, les jeunes
qui avaient cru aux sourires trompeurs de la ville
et à ses tortillements. Les autres contre leur gré.
D’autres, comme le Charles et le Claudius, dont
on naurait su dire si c’était de leur gré ou poussés
par une force plus puissante que leur volonté, la
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force du malheur dont la poigne lorsquelle sabat
sur un homme ne le lâche plus.
Marthe restait seule. La dernière. Elle qui était
venue du plat pays. Elle de l’enfance sans toit,
transbordée de maison en maison dont aucune
jamais navait été la sienne. Elle, la sans-toit, la
sans-terre, un jour elle avait atterri dans ce pays
de cailloux et de soleil. Et voilà quelle avait pris
racine, Marthe, la déracinée, dans ce sol dont
même ceux d’ici navaient pas voulu. Elle avait
trouvé une terre et un toit. Une terre qui sonnait
sous le pied. Cétait, sous le sable et la pierre, de
la terre franche. Marthe avait aimé ce pays blanc
de lumière. Petit à petit, elle navait plus eu pour
horizon que les trois monts et la dentelle des peu-
pliers. Et voilà que ce pays lui avait tout pris : sa
jeunesse, son homme. Aujourd’hui, il sétait mis
dans l’idée de lui prendre le peu de courage qui
lui restait. Pourtant, elle était encore là, Marthe-
d’on-ne-sait-où, Marthe l’étrangère. Les autres
étaient partis. Ils avaient beau crâner, on aurait dit
quils étaient plus pressés les uns que les autres de
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plier bagage ! Tant quils étaient restés ensemble,
ils avaient tenu. Puis, le premier avait donné le
signal et tous, vivants ou morts, il avait fallu quils
emboîtent le pas.
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Quand le Lalou arrivait, c’était la fête. Marthe
sétait habituée à son air sauvage, à ses grogne-
ments d’ours, à ses reculs de gamin pris en faute.
Dès le début, quelque chose lui avait dit que nul
chien jamais ne lui serait plus dèle et elle se lais-
sait aller à l’aimer, lui aussi, comme elle aimait
Arthur, comme elle avait aimé la Rivoire aussi loin
que pouvait voir son regard.
Marthe mijotait un repas dont le rustre se réga-
lait. Elle ne lui plaignait pas le vin non plus : cos-
taud comme il était, ça ne pouvait que lui faire du
bien et lui tenir le cœur. Dailleurs, ce nétait pas
la peine de le prévenir, le Lalou, il sarrêtait dès
quil sentait quil nen tiendrait plus. Il piquait un
somme, aalé sur la table, ronant comme une
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chaudière à vapeur. Il se réveillait dans un grand
bâillement d’aise et tournait vers elle son regard
de chien battu mouillé de tendresse. Il la regar-
dait de telle façon que Marthe se surprenait à se
retourner, sûre de trouver, accrochée au mur, une
image de la Vierge ou des saints.
Un jour, ajustant son béret, il lui avait dit:
— Pour sûr, M’âme Marthe, vous, vous êtes bonne
comme du bon pain !
Veux-tu te taire, grand nigaud ! avait grondé
Marthe. Pourtant, elle le savait, personne ne lui
avait jamais rien dit qui fût pensé aussi profond
que ce que venait dexprimer ce gaillard qui sen-
tait fort la terre et cette odeur de bête quelle avait
prise pour celle du purin.
Le Lalou mangea comme d’habitude mais Marthe
aurait senti, si elle navait été aussi habitée par son
rêve, quil nétait pas dans son assiette. Il mâchait
et remâchait une idée qui passait mal. Il prota
du moment où Marthe, portant la vaisselle dans
l’évier, avait le dos tourné, pour dire :
— Savez, M’âme Marthe, c’est pas que le cœur
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