PH/Scenarios Madagascar 2025/avril 2015/ [email protected] 1/3
Madagascar en 2025 : éléments de prospective
L’immobilisme est en marche, et rien ne pourra l’arrêter (Edgar Faure)
Afin d’imaginer Madagascar en 2025, un exercice de prospective très condensé dans le temps et
l’ampleur a été mené. La méthode adoptée a consisté à décrire et analyser la situation actuelle,
à regarder 10-15 ans en arrière, à détecter les tendances lourdes (qui ont amené à la situation
actuelle) et les signaux faibles (sources d’éventuels changements ou porteurs de rupture) et à
faire des projections. Trois scenarios très synthétiques sont esquissés.
Les éléments ci-dessous sont issus d’une analyse se basant sur une évolution tendancielle.
DEMOGRAPHIE
32 Millions habitants (contre environ 24 Millions en 2015)
Antananarivo plus peuplée (+50% d’accroissement de la population)
Une capitale plus cosmopolite (autres ethnies plus représentées et migrants extérieurs)
Forte augmentation du nombre et de la proportion de jeunes
Accroissement du nombre d’enfants non scolarisés
Extension des zones urbaines (équipées) : renforcement du poids des centres urbains
EMPLOI ET ACTIVITE
Davantage de chômage
Davantage de femmes aux postes de décision (secteur privé, politique, public)
IDE : recrutements locaux (coûts plus bas)
Economie de services (BPO…), tourisme en progression
Développement de l’agroalimentaire (si fournitures d’énergie et routes)
Baisse de la qualité de l’enseignement dans l’éducation
Développement de l’ESS, RSE
SYSTEME DE PRODUCTION
Accroissement du secteur informel
Davantage de délestages (énergie)
Secteur minier encore plus important
Poids accru des multinationales et grands groupes installés à Madagascar
Déséquilibre économique accru entre régions (au profit de Tana et des régions minières)
Progrès du secteur agricole
Retrait progressif de l’Etat du secteur privé (aéroport, électricité…), PPP
INFRASTRUCTURES
Déséquilibre entre zones urbaine et périphérique de Tana (et autres centres urbains)
Schémas directeurs urbains réalisés pour les plus grandes villes du pays
Davantage d’accès à l’électricité et à l’eau (en milieu urbain)
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ENVIRONNEMENT
Catastrophes naturelles plus fortes et plus fréquentes
Déplacement de populations suite aux catastrophes naturelles
Déforestation accrue
Dégradation des ressources naturelles (sol, sous-sol, ressources marines, biodiversité)
Davantage de pollution dans les villes
Augmentation des trafics illicites
Nouvelle filière économique : éco-tourisme (dont développement de l’artisanat d’art)
Développement progressif des énergies renouvelables
MODES DE VIE
Davantage d’insécurité (sociale, alimentaire)
Flambée de prix des matières premières (mouvements sociaux)
Baisse du pouvoir d’achat des classes les plus vulnérables
Ecart accru entre les plus nantis et les plus pauvres
Diminution de la classe moyenne en proportion
Expropriation de populations au profit des grandes industries
Femmes plus responsables et moins vulnérables (dans les ménages et communautés)
Culture malgache moins prégnante (plus d’individualisme, moins de respect)
Changement de régime alimentaire (riz/mais vers manioc/sorgho/mil, pour s’adapter au
changement climatique)
TIC en milieu rural (téléphones portables)
SYSTEME POLITICO-INSTITUTIONNEL
Nouvelles crises sociopolitiques
Paysage politique plus organi(existence de règles)
Emergence de nouveaux dirigeants responsables (à travers des mouvements des jeunes)
Plus de participation citoyenne ( jeunes) : éveil de la population et réveil nationaliste
Plus de crédibilité et de force de la société civile malgache (OSC)
Persistance de la manipulation politique de l’information (medias) et de la corruption
Plus d’éthique de (certains) fonctionnaires (ex grève récente au Trésor Public)
Evolution du rapport de force entre certaines régions (minières) et le pouvoir central
CONTEXTE INTERNATIONAL
Retour d’une certaine diaspora (étudiants, retraités)
Fuite des cerveaux (étudiants, élite, classe moyenne –survie)
Forte influence des blocs régionaux sur les dirigeants malgaches (SADC, COMESA…)
Poids accru de la Chine (dans le système économique)
Coopération internationale plus axée sur l’appui budgétaire (que le soutien aux ONG)
Madagascar plus connectée en TIC (2% de la population est connectée à internet en 2015),
donc ouverture plus forte de la société sur le monde
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Scenarios possibles d’évolution de Madagascar
De manière très synthétique, trois scenarios principaux sont envisagés :
1. Une évolution tendancielle : « Madagascar est un pays d’avenir et le restera »
Les tendances observées depuis 4 décennies se poursuivent : pas d’amélioration de la
gouvernance, crise sociopolitique, investissement des bailleurs dans le développement
ou l’urgence, paupérisation progressive de la population.
2. Une évolution négative prononcée : « Haitisation » ou « Failed state scenario »
Une crise politique majeure paralyse le pays pendant plusieurs mois/années,
décourage les bailleurs et les investisseurs extérieurs, et provoque des mouvements
sociaux violents, marquant de profonds clivages dans la société
3. Une évolution positive : « Le Sauveur » ou « Le réveil de la société civile »
Un double phénomène vertueux entraîne un changement radical de pratiques : un
leader fort et soucieux du bien du pays arrive au pouvoir, soutenu par une société civile
de plus en plus influente. La population commence à récolter les fruits d’une saine
captation des ressources naturelles et des recettes fiscales par l’Etat. Les conditions
sont propices à l’engagement des investisseurs et bailleurs.
C’est impossible, dit la Fierté. C’est risqué, dit l’Expérience. C’est sans issue, dit la Raison.
Essayons, murmure le Cœur (William Ward).
Pour les interlocuteurs rencontrés, le scenario le plus probable est le premier : une évolution
tendancielle, qui intègrera à la fois une ou deux crises sociopolitiques d’ici 2025 (pour 100% des
personnes interrogées !) et des investissements accrus de la communauté internationale
(coopération et secteur privé). Mais les équilibres en place ne devraient pas être remis en cause,
notamment une classe politique prédatrice, soutenue par de grands groupes installés dans le
pays. Le niveau de pression de la société civile, et de la communauté internationale (coopération
et blocs régionaux) devraient déterminer la part de richesse pouvant être redistribuée au bénéfice
de la population.
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