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L' Odyssée Climatique d'Homo sapiens
Article · November 2022
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Alain Préat
Université Libre de Bruxelles and University of Soran (Iraqi Kurdistan)
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sapiens/
L’Odyssée
Climatique d’Homo sapiens
4 novembre 2022 bon à savoir, climat, Alain Préat
par Prof. Dr. émérite Alain Préat, Université Libre de Bruxelles
1. Introduction
A l’heure du changement (ou dérèglement pour certains) climatique actuel, il est grand
temps de lire l’excellent livre d’Olivier Postel-Vinay, Sapiens et le climat, une histoire bien
chahutée, consacré aux changements climatiques qu’a connu notre espèce depuis
qu’Homo est devenu sapiens, c’est-à-dire depuis près de 233 000 ans ou 233 ka. Que nous
apporte ce livre?
Il nous montre que notre espèce fut confrontée tout au long de son histoire et de son
évolution à des changements climatiques brutaux de durées et intensités sans
commune mesure avec ceux de notre époque.
Cet essai, d’une minutie rare, est argumenté de récits et faits historiques bien documentés
et complétés chaque fois que cela est possible de données scientifiques empruntant pour
l’essentiel à l’archéologie, la biologie, la chimie, la physique, la géographie et la géologie.
Cette mise en perspective dresse un tableau détaillé des changements climatiques
auxquels ont été confrontés les premiers hommes (chasseurs-cueilleurs), ensuite les
premières civilisations et enfin nos sociétés modernes.
L’auteur parcourt l’espace temporel et le monde avec une précision de métronome, et
‘cerise sur le gâteau’ tente une synthèse (dernier chapitre) des faits historiques à la
lumière des données scientifiques les plus récentes. Même s’il s’agit parfois
d’hypothèses, il s’en dégage une puissante vision montrant à quel point les
changements climatiques furent et sont la règle dans l’histoire récente de notre
espèce, comme ils le furent tout au long de l’histoire géologique de notre
planète. L’auteur est d’une extrême prudence en démêlant au mieux ce qui est lié à
l’activité même de l’homme (par exemple pratiques agricoles, gestions forestières,
politiques environnementales …) par rapport aux processus climatiques. Il ne s’agit donc
pas d’un essai avec un a priori climatique… susceptible de tout expliquer.
Il n’est pas possible de reprendre les faits historiques concernant toutes les civilisations
(asiatiques, australiennes, américaines nord et sud, africaines …) abordées par l’auteur, et
je me concentrerai pour l’essentiel sur l’Europe sensu lato, et régions proches, dont
l’histoire, parfois le climat, nous sont familiers.
2. Les datations historiques : un casse-tête
Mais avant d’analyser ces périodes, une précision s’impose concernant les différentes
manières de ‘compter’ le temps par rapport à aujourd’hui, c’est-à-dire sur le mode de
fonctionnement de la chronologie récente, mode assez confus car basé sur des
conventions suivies différemment par les chercheurs. Ce point est un vrai casse-tête pour
ceux qui s’occupent des périodes récentes. On mentionne souvent le temps passé avec les
initiales ‘BP’, exemple 25 000 ans BP ou 25 ka BP (= Before Present). BP, c’est-à-dire ‘avant
le présent’ (AP est aussi utilisé, mais plus rarement, = ‘Avant le Présent’ et aussi pour
‘Après le Présent, ce qui entretient la confusion! …), est l’année considérée comme le
présent et est fixée au premier janvier de l’année 1950 de notre calendrier. Cette année fut
choisie comme année de référence, car elle est antérieure aux essais nucléaires qui ont
perturbé la répartition d’isotopes utilisés en radiochronologie. Cela n’est pas gênant
pour les périodes lointaines mais pose des problèmes pour l’étude des périodes
récentes pour lesquelles il est nécessaire de fixer plus précisément une origine des
temps. Les anglophones, en particulier, utilisent AD (= Anno Domini » pour caractériser les
années postérieures à la naissance de Jésus-Christ dans le calendrier julien puis grégorien.
AD donne en français : ‘après J.-C’. Les anglophones utilisent également BC pour (Before
Christus) pour les années ‘avant Jésus-Christ’ (= avant J.-C pour les francophones).
D’autres conventions existent, mais elles sont moins employées. Finalement l’ « année du
Seigneur » décrétée ‘an 1’ inaugure l’ère chrétienne, également appelée ‘ère commune’ ou
‘ère conventionnelle’, elle est abrégée en ‘EC’ (francophone) ou ‘CE’ (anglophone). Pour les
années précédant celles de l’ère commune, les anglophones utilisent BCE (Before
Commune Era ou Before Christian Era). BCE/CE sont de plus en plus utilisés dans la
communauté internationale, scientifique ou non. Le ‘casse-tête’ chronologique est donc
un vrai problème, surtout comme ici dans cet article qui a demandé de consulter de
nombreuses références, chacune avec ses conventions. S’agissant du livre de Olivier
Postel-Vinay, le ‘casse-tête’ est encore plus aigu, car l’auteur a pris, pour des raisons de
meilleure perception des durées, 2400 ans comme unité de référence, soit 400 av. J.C. ou
un an avant l’exécution du philosophe Socrate (= 2400 av.S., avec S pour Socrate). Cette un
unité de référence étant inhabituelle, l’auteur a été obligé de mêler ou d’utiliser les autres
unités de la littérature. Sans vouloir rejeter l’unité de 2400 av.S., le présent article tiré de
l’ouvrage de Olivier Postel-Vinay utilisera les conventions BP, BC et AD. Pour les datations
au radiocarbone 14C, non utilisées dans l’ouvrage analysé, une nomenclature adaptée est
nécessaire (Nomade, 2017).
Le livre d’Olivier Postel-Vinay n’est pas accompagné d’illustrations ou de graphiques. En
vue de rendre plus facile le ‘déroulé du temps climatique’, cinq figures (Figs. 1 à 5) choisies
parmi celles de la littérature sont présentées ci-dessous. Elles embrassent la période liée à
l’évolution du Genre Homo (vers 2,8 Ma, Fig. 1) et celle de l’espèce Homo sapiens (vers 250
ka, Figs. 2 à 5) :
Figure 1. Variations climatiques liées aux paramètres orbitaux de la Terre depuis 5,5 millions d’années (fin du
Miocène). Passage d’une cyclicité de 41 000 ans à une cyclicité de 100 000 ans vers 1 Ma (Pléistocène Inférieur).
En ordonnée variations des températures à partir des données (isotopes de l’oxygène) de Vostok. D’après
Lisiecki & Raymo, 2005. Les fortes fluctuations de température sont liées aux cycles de « Dansgaard-
Oeschger » (ici et ici) , avec un épisode chaud ou interstade et un épisode froid ou stade. Chaque cycle débute
par une augmentation abrupte de température de 9 à 15°C en quelques décennies seulement, suivie d’un
refroidissement d’abord progressif, puis abrupt à la fin, jusqu’à atteindre les valeurs caractéristiques d’un
épisode stadiaire. Egalement
voir SCE.
Figure 2. Variations relatives des températures enregistrées au Dôme C (Antarctique) dans les glaces forées
dans le cadre du programme EPICA (in Deconinck, 2014). Les stades isotopiques (cf. 19 à 1) repris sur la figure
ne sont pas discutés ici. Éventuellement se reporter à la figure 2 in SCE pour une discussion des stades
isotopiques. Âge en milliers d’années (800 000 ans à droite, fin du Pléistocène Inférieur). L’histoire d’Homo
sapiens se déroule à partir de 233 000 ans au cours du Pléistocène Moyen (cf. Olivier Postel-
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