Didactique du français et étude de la langue
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– à savoir la compé tence de commu ni ca tion – et l’ensei gne ment de la gram-
maire, alors que l’accent sur les formes et la rela tion forme/sens – qui est
au centre du tra vail gram ma ti cal – est, en réa lité, indis pen sable pour acter
la pro duc tion/récep tion des énon cés.
Il nous semble que l’éloi gne ment de la gram maire dans l’optique commu-
ni ca tive peut être, en pre mier lieu, attri bué à la pri mauté de fait de l’oral
alors que la gram maire était répu tée cen trée sur l’écrit et utile priori tai re -
ment pour la lec ture-écri ture. Dans ce dis po si tif, le manque de didacti-
sation des tra vaux sur la gram maire du fran çais parlé a joué un rôle néga tif.
Pour quoi, dans les gram maires péda go giques et par fois dans cer taines gram-
maires de réfé rence, après un siècle de lin guis tique, la ques tion de la dif fé -
rence des marques lin guis tiques à l’écrit et à l’oral n’est- elle pas inté grée ?
Dès 1970, J. Peytard avait alerté les ensei gnants de fran çais sur cette ques -
tion en pre nant pour exemples l’accord des adjec tifs ou la pré sen ta tion des
conju gai sons… La seconde rai son de la dis tance prise vis- à-vis de la gram -
maire tient sans doute à l’assi mi la tion ances trale de cette dis ci pline à la
connais sance des règles et à leur ver ba li sa tion : de ce point de vue, un débat
oppose ceux qui (comme Cuq 2001) consi dèrent que les règles, à cause de
leur carac tère nor ma tif, sont un fac teur d’insé cu rité pour l’appre nant et
ceux qui (comme Wilmet 2001) esti ment au contraire que les règles sécu -
risent, donnent confi ance aux appre nants de langue étran gère. Si l’on attri-
bue d’autres rôles à la gram maire dans l’appro pria tion lin guis tique, alors la
ques tion de la règle nor ma tive se rela ti vise au pro fi t du rai son ne ment et de
l’inté riori sa tion des fonc tion ne ments.
L’autre facette du consen sus au sein de la recherche en didac tique consiste
désor mais à refu ser la reconduc tion des trans po si tions hâtives de cer taines
théo ries lin guis tiques. Ce point est par ti cu liè re ment déli cat car, au delà de
la gram maire, il pose un pro blème cen tral pour toute la didac tique des
langues. En langue mater nelle, tout un cou rant a cri ti qué, à juste titre mais
par fois de façon exces sive ou incan ta toire, l’applicationnisme, en par ti cu -
lier le trans fert direct de pro cé dures des crip tives de la lin guis tique struc tu -
rale et géné ra tive à l’ensei gne ment du fran çais (les fameuses des crip tions
sous forme d’« arbres » par exemple). En langue étran gère, la cri tique de la
lin guis tique appli quée a tou ché les domaines de la pho né tique, du lexique
ou de la syn taxe mais, de manière en appa rence curieuse, semble avoir épar-
gné d’autres « appli ca tions », à notre sens tout aussi mas sives, par exemple
celles de la théo rie des actes de lan gage, pour le coup carica
tu rée dans de
nom breuses méthodes de FLE où le concept s’est dilué par exten sion illi mi-
tée. La ques tion, très géné rale, est sans doute d’inver ser le mou ve ment en
sub sti tuant une logique ascen dante à la logique des cen dante : par tir d’une
dif fi culté, d’un pro blème didac tique pour sol li ci ter sur des bases pré cises,
telle ou telle théo rie lin guis tique.
Les conte nus et la méta langue
C’est à par tir de ce double pré sup posé (refus symé trique de la gram maire
sco laire tra di tion nelle et de l’appli ca tion des lin guis tiques) qu’il faut poser
le pro blème des « conte nus » gram ma ti caux à ensei gner, toute gram maire
11/29/11 - 9:20 pm
Le Français Aujourd'hui (hors série)
140*240 - Epreuve 4
Folio 130/272
© Armand Colin | Téléchargé le 02/11/2021 sur www.cairn.info via Université de Franche-Comté (IP: 193.54.75.136)
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