Analyse critique Genre Master 1 Adama LOMPO

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DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE
Master 1
Option : Genre Et Développement
Analyse critique du de l’article :
Mars 2024
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT
SUPERIEUR, DE LA RECHERCHE ET
DE L’INNOVATION
BURKINA FASO
Unité Progrès Justice
UNIVERSITE JOSEPH KI-ZERBO
UNITE DE FORMATION ET DE
RECHERCHE EN SCIENCES
HUMAINES (UFR/SH)
Préparé par :
LOMPO Adama
Enseignants :
Pr Alkassoum Maiga
Pre Valérie Rouamba
Maiga A., 2015, « Être femme au Burkina Faso : objet instrumentalise et
marginalisé ou moteur du développement ? Analyse d’une catégorie sociale
inclassable ». In Revue Ivoirienne des Lettres, Arts et Sciences Humaines,28,
tome 2.
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Introduction
En dépit du poids des femmes au Burkina Faso en termes de nombre qui est de 52% (INSD,
2006), elles ne sont pas perceptibles dans les sphères de prise de décision. D’autres auteurs,
comme Meillassoux (1992) estime que la femme en milieux rural est limitée au rôle de
« productrice » et « reproductrice » d’enfants. Or, les questions de discrimination positive,
d’appui à l’éducation de la jeune fille sans oublier les projets et programmes destinés aux
femmes sont autant de dispositifs pour garantir le bien-être de la femme. Cependant, celle-ci
n’est pas toujours vue sous l’œil de l’actrice et de partenaire participant au développement du
Burkina Faso, ce qui pose la problématique du statut réel de la femme dans la société.
Dans ce travail, nous présenterons d’une part l’article de Maiga (2015) sur la question ; d’autre
part, nous y apporterons notre analyse critique à travers d’autres auteurs.
Chapitre 1 : présentation de l’article
Cette section aborde les divers statuts de la femme dans la société traditionnelle et la
problématique de sa participation au développement.
1.1. Les statuts de la femme dans la société traditionnelle
1.1.1. La femme, être historiquement dominé et faiblement équipé
La division sexuelle du travail confère à la femme une place de second rang. Cette
marginalisation se ressent également dans l’usage des outils de production, ceux moins
sophistiqués et rudimentaires sont confiés aux femmes. Pourtant, au Burkina Faso, les femmes
assurent plus de 60 % de la production agricole selon les données du Ministère de l’économie
et des finances (1998), relevées par Maiga (2015). Mais cette situation est loin d’avoir un impact
positif sur les conditions de vie des femmes. Il est également donné de constater qu’il n’existe
pas de disparité majeure en termes d’activités selon le sexe. Dans la production active, l’on
retrouve 49,2% de femmes et 50,8 d’hommes. Dans le secteur industriel, 33,6% de femmes et
66,4% d’hommes. Mais des tendances plus grandes au niveau du secteur des services avec
78,4% pour les hommes et 21,6% de femmes.
Maiga (2015) explique que ces disparités sont liées à la confusion de la vision économique et
celle sociale. De ce fait, le travail domestique n’est pas pris en compte dans la comptabilité
parce qu’il n’apporte pas de revenus directs dans le ménage.
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1.1.2. Reproductrice et productrice
La femme dans les sociétés traditionnelles africaines est considérée comme celle qui œuvre au
renouvellement des générations à travers la production et la reproduction d’enfants. De ce fait,
elle participe à l’instauration de l’ordre social. Les travaux de Kinda (1993) montrent que la
femme burkinabè est vue comme « mère » selon la société traditionnelle. Ainsi, elle veille au
respect strict des règles, normes, tabous et interdits. Elle est représentée comme un corps fertile,
destiné à la procréation. Mais il n y a pas que la femme burkinabè qui est vue sous cet angle,
révèle Maiga (2015). La femme française, selon Fedier (1990), se voyait attribuer le statut
d’ « épouse », de « mère de famille », de responsable du domaine domestique en général.
Cependant, l’histoire de la femme est toujours marquée par la répression, une répression
qu’exercent les hommes sur les femmes. Touré (2003) rappelle que cette répression a existé
depuis qu’existe l’humanité. Dominée, exploitée, exclue des sphères de la vie sociale, la femme
se voyait submergée par l’homme, considéré comme seul garant de tous les avoirs. Mais cette
situation n’est pas fortuite, elle résulte des gles communautaires et universelles qui établissent
le fonctionnement des sociétés traditionnelles burkinabè, nous rappelle Maiga (2015).
1.1.3. La femme, entre modernité et tradition
Les Droits de l’homme sont un facteur favorisant et d’émergence de cadres d’échanges sur la
question femme ainsi que d’organisations de la société civile défendant les droits de la femme.
Ce faisant, le contexte socioculturel burkinabè actuel voit la femme subir les interprétations
diverses des règles coutumières et religieuses malgré le Code des personnes et de la famille,
censé promouvoir l’égalité de Genre. La femme burkinabè est perçue comme étrangère du
lignage, ce qui ne lui donne pas le droit de décider de l’orientation ou de la destinée de celui-
ci. Les femmes sont étrangères dans leurs propres familles parce qu’appelées à quitter d’un
moment à l’autre pour une autre famille.
Du point de vue agricole, la femme est exclue de la gestion du patrimoine foncier. Pourtant,
précise Maiga (2015), la femme est un important agent économique. En effet, en saison
pluvieuse, elle doit travailler dans le champ familial tout comme dans son propre champ (champ
individuel). En saison sèche, elle mène des activités comme le petit commerce, l’élevage.
1.2. La problématique de la participation de la femme au développement
1.2.1. Femme et éducation au Burkina Faso
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Au Burkina Faso, les garçons ont une proportion plus élevée dans l’éducation nationale
comparativement aux filles. Maiga (2015) explique cette tendance par les normes coutumières
qui voient la jeune fille comme agent du domaine domestique. Ce statut lui confère des
responsabilités liées aux travaux domestiques et l’éloigne de l’apprentissage, de la formation,
ou toute autre activité génératrice de revenus pour promouvoir son autonomie.
Pour Maiga (2015), la femme burkinabè vit dans l’alphabétisation, chose qui influence
l’évolution qualitative de son statut social.
1.2.2. Femme et participation économique
Les organisations féminines ont permis aux femmes de participer à la défense de leurs intérêts
communs et au développement de la communauté à laquelle elles s’identifient. Elles se sont
recrutées dans des activités diverses (activités génératrices de revenus, équipements collectifs,
soutien financier, soutien moral) concourant à l’amélioration de leurs conditions de vie. Les
femmes, dans ce cas de figure, trouvent appuis et soutiens de la part des partenaires de
développement, tels les ONG de développement, institutions de microcrédits, associations.
Elles deviennent de plus en plus autonomes et disposées à participer de manière significative
au développement (Champagne, 1991).
Même s’il faut noter que le statut de la femme a évolué, il n’en demeure pas moins qu’un certain
nombre de facteurs, notamment des difficultés d’accès aux gros prêts pouvant contribuer à de
gros investissements. Aussi, dans les institutions de microfinance, elles ne disposent pas de
garanties pour l’acquisition de prêts importants, note Maiga (2015).
1.2.3. Femme et participation politique
En faisant l’état de l’évolution des tendances de la participation politique des femmes depuis
les indépendances au Burkina Faso, Maiga (2015) montre que le plus fort taux de participation
des femmes au gouvernement est obtenu en 1986 avec 20% (non satisfaisant selon les partisans
de l’égalité et de la parité Homme-Femme en politique). Il conclut que les femmes du Burkina
Faso sont quasiment exclues de la vie politique. La perception globale est que la politique est
du domaine de l’homme à l’image du cadre domestique qui renvoie à la responsabilité de la
femme où les filles sont le résultat d’une éducation basée sur la soumission et la passivité à la
vie sociale. Le monde politique vu par les femmes comme le monopole du masculin au regard
des affrontements et des antagonismes dont il fait preuve, préfèrent s’en départir.
1.2.4. Participation de la femme et le jeu des instruments juridiques
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« La personnalité du représentant, sa notoriété et son capital politique » sont autant d’éléments
favorables et indispensables à son élection Maiga (2015 : 32). Les hommes de confiance seront
donc choisis par les partis politiques en vue de profiter du « gain final ». Cela influence la
participation politique des femmes et le quota de 30 % adopté par l’assemblée générale
burkinabè.
C’est pourquoi la participation politique de la femme exige « une évolution socioculturelle »,
estime Maiga (2015), de sorte à voir la femme comme actrice politique. Malgré la chaîne de
dispositifs juridiques (instruments internationaux et régionaux en faveur de la promotion des
droits humains, textes législatifs et réglementaires tels que le Code des Personnes et de la
Famille (CPF), Code du Travail prévoit l’égalité salariale entre homme et femme, loi portant
Réforme Agraire et Foncière (RAF)) concourant à l’égalité du Genre au Burkina Faso, n’a pas
un réel impact sur la vie de nombreuses femmes. Dans toutes les sphères de la vie sociale, les
femmes sont sous-estimées, voyant leurs droits violés et les textes sont simplement vus comme
des objectifs à parvenir sans réelle influence sur le vécu des femmes (Maiga, 2015).
Chapitre 2 : analyse critique de l’article
2.1. De l’économie invisible de la femme au difficile accès au crédit
Maiga (2015) évoque dans son article le fait que le travail domestique n’est pas pris en compte
dans l’économie nationale burkinabè du fait qu’il n’apporte pas de revenus directs dans le
ménage. Lecture croisée avec les travaux de Nancy (1997) qui note que le recensement et les
études statistiques classiques se trompent sur la participation des femmes à la population active.
Elle considère le fait de voir la « participation active » comme « activité à plein temps » ou
« exercée en contrepartie d’une rémunération », non pertinente. Pourtant pour Nancy (1997),
les secteurs informel et agricole (plus de 60 % de femmes dans la production agricole au
Burkina Faso en 1998, selon Maiga (2015)) occupent une grande partie du travail féminin dans
les pays d’Afrique. Aussi, les économistes ne considèrent pas par exemple les soins des enfants
comme activité productive. Ils opposent de ce fait, activité marchande et non marchande, ce qui
est, pour Nancy (1997), « sans fondement ». Ce « sans fondement » amène certains auteurs à
employer le concept d’ « invisibilité » (Charmes, 2005 : 257), pour matérialiser le fait que le
travail domestique est complétement ignoré dans l’économie nationale. Or, selon le
Goldschmidt-Clermont (1982), la valeur économique de la production domestique non
comptabilisée dans la plupart des pays est estimée de 30 à 50 % du PIB.
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