RÉFLEXIONS SUR LA CRISE DU CLIMAT - STEPHAN BODIAN

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RÉFLEXIONS SUR LA CRISE DU CLIMAT
STEPHAN BODIAN
Stephan Bodian est un enseignant spirituel dans la lignée de Jean Klein et d’Adyashanti.
Alors que je méditais sur l’urgence climatique, il n’y a pas longtemps, j’ai eu la réalisation peut-être
évidente pour certains et sans doute discutable pour d’autres – que la Terre elle-même n’était pas en
crise. Après tout, la planète n’arrête pas de se transformer depuis presque cinq milliards d’années, et
les changements provoqués par les êtres humains sont minuscules comparés aux soulèvements qui ont
bousculé l’environnement au cours des époques passées. D’après certains scientifiques, nous entrons
dans la sixième extinction de l'histoire de la Terre, le couronnement de l'Anthropocène, l'ère dominée
par notre espèce, mais certains des précédents épisodes d'extinction ont été bien plus dramatiques,
notamment celui de la "grande extinction", quand plus de 90 % de toutes les espèces ont disparu du
globe. En d'autres termes, la Terre a connu des changements cataclysmiques, et cette phase ne sera
pas la première ni la plus extrême.
Non, la crise que nous déplorons n'est pas celle de la planète, mais bien la nôtre - la disparition
imminente ou la réduction radicale de la présence humaine sur Terre. Bien sûr, nous pouvons aussi
nous lamenter de l'extinction rapide d'autres espèces dans le sillage du réchauffement planétaire. En
effet, les espèces s'éteignent à un rythme 500 fois plus rapide qu'avant la révolution industrielle. La
Terre que nous avons appris à aimer depuis des dizaines de milliers d'années, la Terre que nos sens
ont appris à trouver familière et réconfortante - les sons des oiseaux, le bourdonnement des insectes, le
rythme des saisons, le bleu du ciel, le vert des forêts, les cycles prévisibles du chaud et du froid, de
l'humidité et de la sécheresse - cette Terre est en train de disparaître sous nos yeux.
Mais pour sa part, la Terre n'a pas de problème ; elle change simplement de forme, comme elle l'a
toujours fait, en modifiant ses rythmes et sa chimie, en se débarrassant de certaines formes de vie et
en en développant progressivement d'autres. Même la pollution plastique et autre sera digérée et
métabolisée dans un tic-tac ou deux de l'horloge terrestre. Bien que nous l'ayons anthropomorphisée en
Gaia, elle n'est pas une victime, mais le contexte ou la toile de fond d'un drame qui se joue dans le
conflit permanent de notre espèce avec elle-même.
Je dirais que le problème auquel nous sommes confrontés trouve son origine dans les qualités mêmes
qui ont fait notre grandeur, à nos propres yeux : notre capacité à abstraire, objectiver, analyser et
émettre des hypothèses. Comme l'a dit le poète Robinson Jeffers, notre cerveau est comme les
défenses du tigre à dents de sabre, "hypertrophié et terrible". Notre défaut tragique, tel qu’il est décrit
dans l'Ancien Testament et dans d'autres mythes de la création, est notre capacité à prendre conscience
de nous-mêmes et avec, notre amour-propre narcissique, qui nous a poussés à nous séparer de la
nature et du fondement de l'Être, et à exploiter la terre sur laquelle nous nous trouvons jusqu'à ce
qu'elle commence à se dérober sous nos pieds.
Cette qualité nous a permis de forger les technologies dont nous sommes si fiers et sur lesquelles nous
comptons tant, dans le but de profiter à notre propre espèce et d'exploiter le reste, mais ce n'est pas en
continuant à faire la même chose que nous résoudrons notre dilemme actuel. Plutôt que d'avancer avec
des "solutions" technologiques toujours plus sophistiquées, qui ne font qu'épuiser les ressources de la
planète, polluer son air et son eau, et nous séparer encore plus de la nature, nous sommes appelés à
faire un pas en arrière et à nous reconnecter à notre ancrage le plus profond, notre unité avec toute la
vie. De cet impératif est issu l'intérêt croissant pour une spiritualité indépendante des religions qui ont
largement contribué à cette crise - et en particulier pour le voyage d'éveil à notre visage originel, notre
vraie nature, notre état naturel d'harmonie et de paix. Nous avons la profonde conviction que quelque
chose ne va pas, non seulement d'un point de vue pratique, dans notre façon d'habiter la Terre et de
profiter de ses ressources, mais aussi dans notre relation avec la vérité de notre Être, et nous sommes
poussés à y trouver la solution.
Soyons clairs : du point de vue de la Conscience ou de l'Esprit, qui est le cœur, la source et l'essence
de ce qui est, il n'y a jamais eu de problème avec la réalité manifeste, dont les êtres humains font
partie intégrante. Dans les profondeurs illimitées du moment présent, nous pouvons savourer la
perfection essentielle et la complétude de l'Être. La contraction et l'expansion, la vie et la mort, le
développement et le déclin ne sont que les rythmes inévitables de la vie, y compris celle des humains.
Notre participation à ces rythmes, même si elle est décalée par rapport au reste du monde naturel, est
tout autant une expression de la nature que n'importe quelle autre. La Conscience n’est en rien affectée
par la survie des humains, et elle demeurera toujours éveillée et elle se délectera de la
Lîla
, du Jeu,
sans broncher, même si la dernière personne est rayée de la Terre.
Je suggère qu'au lieu de nous distancer de notre situation fâcheuse actuelle en la qualifiant de crise
climatique, nous lui donnions le nom qu'elle mérite : une crise humaine, la plus urgente et peut-être la
dernière à laquelle nous serons confrontés en tant qu'espèce. Malheureusement, la façon dont nous
réagissons à cette crise n'est pas de bon augure pour notre survie. Alors que la Terre se réchauffe et
menace de nous détruire - par l'eau ou le feu, ou les deux - les êtres humains, au lieu de chercher à
dépasser les frontières qui les séparent au nom d'un objectif commun plus important, se replient sur des
identités et des loyautés tribales anciennes et mesquines. Le populisme, le nationalisme et la
xénophobie ont remplacé la démocratie authentique et la coopération mondiale dans certains des pays
les plus grands et les plus avancés sur le plan technologique - comme les États-Unis, le Royaume-Uni,
la Russie et l'Inde - et ont rendu la perspective de résoudre cette crise par une action collective encore
plus lointaine.
Dans les décennies qui nous restent - et personnellement, je ne puis imaginer que nous arriverons à la
fin du siècle dans une configuration proche de notre configuration actuelle - ceux d'entre nous qui sont
appelés à servir la voie de l'Eveil verront leur dévouement intensifié par la souffrance croissante qui
nous entoure. Puisse leur dévouement à la vérité et à la compassion contribuer à faire tomber les
frontières et les idéologies qui nous séparent
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, et puissions-nous et tous les êtres réaliser la paix et le
bonheur de notre nature essentielle pure et immaculée, mais qui se manifeste à travers ces formes
humaines imparfaites. Quel mystère !
Emaho
!
Source : https://www.stephanbodian.org/blog/
Partage-pdf.webnode.fr
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C’est bien entendu aussi la vocation du site Partage-pdf.webnode.fr, NDT.
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