L1-Cours-intégral-Introduction-à-la-Sociologie (1)

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INSTITUT D’ÉTUDES POLITIQUES MADAGASCAR
COURS INTÉGRAL
Grade : L1 Science politique
Intitulé de l’EC : Introduction à la Sociologie
Volume horaire global : 20 heures en présentiel
Enseignement de M. Edouard RAKOTONDRATSIMBA
OBJECTIFS
Objectif général : Faire acquérir et maîtriser les bases théoriques relatives à la Sociologie
générale.
Compétences spécifiques :
- Apprenant apte à appréhender le processus historique d’élaboration des
différents modèles conceptuels de la Sociologie ;
- Apprenant capable de concevoir les dimensions idéaliste, matérialiste,
empirique et pragmatique de la Sociologie.
PLAN DÉTAILLÉ
I - Note d’introduction : La Sociologie comme discipline d’enseignement et de recherche
II - Les grands précurseurs
- Claude Henri de Saint-Simon dans sa quête de l’administration des choses
- Auguste Comte au stade positiviste de la connaissance de l’humain
- Émile Durkheim et le déterminisme holistique des faits sociaux
- Max Weber et l’avènement d’une Sociologie compréhensive
- Karl Marx et la perspective historique de la vision matérialiste de l’existence
III - Les tendances mineures marquantes
- La Sociologie empirique
- La Sociologie romantique
IV - Les courants connexes d’influence
- Le positivisme émergeant
- La philosophie des Lumières
- Le socialisme utopique
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PROGRESSION
I - NOTE D’INTRODUCTIOIN :
La Sociologie comme discipline d’enseignement et de recherche
Science des Lois de l’évolution et du fonctionnement des systèmes sociaux globaux ou
partiels, la Sociologie étudie les liens entre différents phénomènes sociaux, les lois générales du
comportement social des hommes etc. C’est au XIXème siècle qu’elle s’est véritablement formée
comme une science autonome. Par suite de la complication de la vie sociale et de la différenciation
du savoir scientifique, la séparation de la Sociologie et de la Philosophie était inévitable. La
Sociologie va, par conséquent, se convertir davantage dans l’articulation de l’analyse théorique
des rapports sociaux avec l’exploration empirique des faits sociaux. Saint-Simon exigeait déjà à
l’époque que l’étude de la société rejoigne les sciences fondées sur l’observation.
Comme alternative de prolongement d’ordre épistémologique, la conception matérialiste de
l’histoire mise en avant par Marx et Engels a permis de concrétiser d’une manière tangible cette
vision saint-simonienne. C’est effectivement sur la base du matérialisme dialectique inspiré a
contrario par Hegel que ces deux auteurs ont élaboré l’orientation philosophique de leur
démarche. La Sociologie (prétendue) scientifique marxiste donne une analyse théorique de la
structure de la vie sociale ainsi que des liens entre les phénomènes sociaux les plus importants
dont : les modes de production, les classes sociales, les institutions politiques, la culture, les
formes de conscience sociale, les lois de l’évolution des formations économiques et sociales. Petit
à petit, la Sociologie marxiste va s’investir dans des domaines et secteurs d’investigation plus
circonstanciés ou plus pragmatiques tels que l’attitude des hommes vis-à-vis du travail, les
tendances évolutives du mariage et de la famille, les problèmes de l’urbanisation et des loisirs, les
moyens de perfectionnement de la gestion de l’État ou la progression scientifique de la société. Ce
sont des activités de recherche relatives au processus social de l’édification du socialisme
l’époque).
Mais le précepte saint-simonien concernant la nécessité de mettre en parallèle l’étude de la
société avec les sciences de l’observation va également se développer vers des horizons plus
libéraux, dont les plus éminents instigateurs sont représentés par Durkheim et par Weber avec,
respectivement, le holisme (collectivisme méthodologique) et l’individualisme méthodologique.
La tendance non marxiste de la Sociologie dont Comte en fut le père fondateur ou spirituel va
connaître des étapes d’évolution :
- Dans la seconde moitié du XIXème siècle, la Sociologie va subir l’influence du
positivisme et sera marquée par l’évolutionnisme historique (sorte de darwinisme social).
En fonction de l’aspect de la vie sociale privilégié, elle va connaître des courants
géographique, anthropologique d’ordre racial (Gobineau, Chamberlain), organiciste
(Schäffle) ou psychologique (instinctivisme, behaviourisme, introspectionnisme).
- À partir des années 1920, et après avoir subi au début de l’année l’influence des courants
philosophiques idéalistes, la Sociologie moderne va donner plus d’importance aux études
empiriques, avec le perfectionnement de la technique des recherches avec des applications
pratiques.
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- Plus tard, et progressivement, la Sociologie d’obédience libérale va se spécialiser
davantage pour pouvoir résoudre une multitude de problèmes relatifs à des préoccupations
pratiques : analyse de l’opinion publique, organisation de la propagande, public relations,
méthodes optimales de gestion… C’est de la sorte que sont apparus des domaines d’étude
plus ou moins autonomes comme la Sociologie industrielle, la Sociologie de la famille, la
Sociologie rurale, la Sociologie urbaine, la Sociologie de la criminalité, la Sociologie du
Droit, Sociologie de l’éducation, la Sociologie de l’environnement etc.
- De nos jours, la Sociologie purement descriptive n’est pas toujours capable de fournir
une réponse satisfaisante aux questions fondamentales de la vie sociale (trop
parcellaire), d’où la crise de la démarche purement empirique de ces dernières années. Il
en résulte un regain d’intérêt pour la théorie sociologique générale, plus proche des
considérations philosophiques. C’est dans ce sens que la tendance « humaniste » ou
« humanisante » va émerger dans des perspectives liées à la phénoménologie ou à la
méthode historique, mettant de ce pas à contribution des démarches interdisciplinaires.
II LES GRANDS PRÉCURSEURS
1 - Claude Henri de SAINT-SIMON dans sa quête de l’administration des choses
Socialiste utopique français, Henri de Saint-Simon (1760-1825) prit part à la guerre
d’indépendance américaine. Il fut également proche des Jacobins durant la Révolution française.
Sur le plan philosophique, Saint-Simon combattait le déisme et l’idéalisme en leur opposant
l’étude de la nature car il était adeptes des idées des matérialistes français dirigés par Diderot et
les encyclopédistes. Parallèlement, il fut un fervent défenseur du déterminisme qu’il va étendre à
l’évolution de la société humaine, dans une perspective historique inéluctable. Dans ce cadre, il
estime que l’histoire doit être aussi positive que les sciences naturelles. Ainsi, chaque système
social constitue un pas en avant dans l’histoire. Le parallélisme avec le matérialisme historique
de Marx est ici plus qu’évident.
Pour Saint-Simon, l’évolution sociale a pour moteur le progrès des connaissances
scientifiques, de la morale et de la religion. Il saisit de la sorte le caractère objectif du progrès
social ainsi que le rôle de la propriété et des classes (surtout les élites) dans ce progrès. À terme, la
conception sociologique de l’auteur contribue à déterminer la nécessité historique d’un nouvel
ordre social comme aboutissement logique de l’histoire antérieure. Dans le nouvel ordre mondial
de Saint-Simon, la société future aura pour assise une grande industrie organisée de façon
scientifique dans laquelle scientifiques et industriels joueront le rôle déterminant. Les industriels
en question comprendront également les ouvriers, les fabricants, les marchands et les banquiers
(relent du socialisme utopique). Le droit du travail y sera garanti pour tous car chacun travaillera
selon ses capacités.
Dans la société future de Saint-Simon, ce ne seront plus les hommes qu’on dirige
(gouvernement des hommes) mais plutôt le monde matériel de l’échange et de la production
(administration des choses).
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2 - Auguste COMTE au stade positiviste de la connaissance de l’humain
Philosophe français fondateur du positivisme, Auguste Comte (1798-1857) fut secrétaire de
Saint-Simon de 1818 à 1824. Le contact de ce grand penseur lui a permis d’affiner
considérablement sa théorie sociologique. La « philosophie positive » de Comte exige d’abord que
la science se borne à décrire l’extérieur des phénomènes. Selon Comte, l’histoire de la
connaissance de la nature passe par trois stades de la vision du monde : le type de vision du mode
théologique, le type de vision du mode métaphysique et le type de vision du monde positif :
- Le stade théologique pour lequel tous les phénomènes s’expliquent par l’intervention
des forces surnaturelles, en l’occurrence celles de Dieu ;
- Le stade métaphysique trouve la raison de tous les phénomènes dans des essences
abstraites métaphysique ;
- Le stade caractéristique de la méthode positive signifie le renoncement à la
« connaissance absolue » et l’adoption d’une vision plus scientifique.
Au niveau de ce troisième stade, la Sociologie de Comte se caractérise par une
interprétation biologique des faits sociaux. Le stade ultime du développement humain est
cristallisé par l’apparition de l’État bureaucratique et l’apogée de l’économie capitaliste.
3 - Émile DURKHEIM et le déterminisme holistique des faits sociaux
Sociologue et philosophe positiviste français disciple de Comte, Emile Durkheim (1858-1917) a
émis la proposition initiale selon laquelle : « La Sociologie doit considérer la société comme une réalité
spirituelle régie des lois différentes de celles de la psychologie individuelle ». Toute société est fondée
sur des représentations collectives que le milieu social impose à la conscience humaine. Ces
représentations englobent le droit, la morale, la religion, les sentiments ou les habitudes.
D’après Durkheim, l’évolution sociale s’explique par trois facteurs essentiels :
- la densité de la population,
- le développement des moyens de communication,
- la conscience collective.
Toute société se caractérise, par conséquent, par l’un des types de solidarité sociale suivants :
- La solidarité mécanique qui régit la société primitive par des liens de sang ;
- La solidarité organique qui repose sur la division du travail social de la société moderne
au sein de laquelle la communauté de classes est appelée à assurer les moyens de
subsistance.
Dans la Sociologie de Durkheim, la religion constitue un élément important de la vie
sociale car à travers elle, la société se divinise elle-même. La religion n’est donc que la « société
transfigurée ». Sur le plan théorique, Durkheim a donné la priorité au collectivisme
méthodologique ou holisme.
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Le Holisme (du Grec holos qui signifie « tout entier ») était à l’origine une « philosophie
de l’entité » dans une configuration idéaliste (idéel) qui se rapproche de la Théorie de
l’évolution émergeante. La notion a été introduite et vulgarisée par le général Sud-africain
J. C. Smuth dans son ouvrage Holism and Evolution (1926) dans lequel il affirma que « le
tout ne peut se ramener à la somme des parties ». Pour ce théoricien de l’Apartheid, le
monde est régi par un processus holistique créateur de nouvelles entités. Au cours de
l’évolution, les formes de la matière ne cessent de se multiplier et de se renouveler. Le
processus holistique annule ainsi le principe de la conservation de la matière. Le « facteur
entité » est ainsi inconnaissable et lui confère un caractère mystique.
Durkheim n’a considéré qu’une partie substantielle de cette notion de holisme de base
qui lui a permis de mettre au point son concept de collectivisme méthodologique. Dans sa
démarche, Durkheim adopte le « triangle d’or » (triade) de son interprétation classique des faits
sociaux : l’objectivation du social, l’intériorisation des normes et l’auto-distanciation du
chercheur.
- L’objectivation du social considère les faits sociaux comme une catégorie objective
analysable suivant les règles de la méthode sociologique. Il s’agit de tenir compte de la
réalité sociétale de la société à observer. Ce sont des faits sociaux dépouillés de leurs
impuretés subjectives, à l’instar des faits naturels justiciables d’une observation
rigoureuse, impersonnelle et quantifiable. Il ne saurait donc plus y avoir de «sujet
d’essence divine ».
- L’intériorisation des normes est une démarche qui ne considère plus l’individu comme
une « monade » libre et souveraine, mais plutôt d’un être qui incorpore à ses pensées et
à ses actes les contraintes qui s’imposent à lui du fait de son appartenance à sa
communauté. Ces faits peuvent être des manières d’agir, de penser ou de sentit
extérieures à l’individu mais qui véhiculent un pouvoir de contrainte. L’origine d’un acte
ne se situe de ce fait pas dans la conscience de l’individu mais au sein de la structure
matérielle et symbolique de la société. Il en résulte qu’une société, qu’elle soit
globalisante ou particularisante, est toujours autre chose que la somme (l’addition,
l’agglomération mécanique) des individus qui la composent. Le social est donc en chacun
de nous sans que nous ne soyons vraiment tout à fait responsables.
- L’auto-distanciation du chercheur est une sorte de violence épistémologique considérant
l’arrachement du sujet analysant de son objet d’analyse. L’interprétation des données
empiriques nécessite, à cet effet, la construction de concepts qui ne transparaissent pas
dans les faits bruts. Ces concepts serviront à décrypter (rendre intelligibles) et à
inventorier la typologie intégrale des faits analysés. Cette entreprise d’interprétation
objective va être renforcée puis consolidée par l’implication des sciences statistiques
(recensions) La raison statistique permet de dissoudre l’individu dans des catégories
objectives mesurables sous formes d’événements, de moyennes, d’écarts-types, de
tendances ou de probabilités. À terme, la Sociologie met en évidence les oppositions
structurelles suivantes :
- Représentations individuelles vs Représentations collectives,
- Sujet vs Objet,
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