QUEL TYPE DE JAPA (PSALMODIE DU NOM DIVIN) EST LE PLUS PUISSANT ? LE JAPA À VOIX HAUTE OU LE JAPA MENTAL ? Professeur G. Venkataraman Avant d’essayer de répondre à cette question, il me semble que je devrais peut-être dire quelques mots sur ce que l’on appelle le japam. A la base, le japam est un ancien rituel hindou impliquant des psalmodies d’un genre ou d’un autre et cette pratique remonte ellemême aux temps védiques. Il y a beaucoup de types de japam et en voici une liste partielle : Il y a le Gayatri japam qui comprend essentiellement la psalmodie répétitive du mantra de la Gayatri. Ensuite, il y a le kamya japam où l’on psalmodie un mantra particulier pour des raisons spécifiques, comme la guérison d’un problème de santé, l’acquisition de la richesse, etc. Il y a aussi le prayaschitta japam où l’on psalmodie en vue d’expier certains péchés commis et je ne devrais pas oublier d’inclure dans ma liste le likhita japam qui consiste à écrire un mantra particulier. En ce qui concerne la procédure, le japam peut se pratiquer de trois façons différentes : il peut s’effectuer à voix haute, il peut être murmuré ou il peut se faire silencieusement. On utilise parfois un rosaire ou un japamala pour compter les récitations. Voilà en ce qui concerne les aspects techniques et traditionnels du japam. Je voudrais ajouter à ces observations qu’en dernière analyse, Dieu s’intéresse plus aux sentiments qui motivent nos actions qu’aux détails techniques. C’est sur cette base que vous me permettrez maintenant de traiter la question soulevée et je mentionnerai ensuite des épisodes tirés des épopées qui tendent à soutenir fortement mon point de vue. Commençons par la question ‘’Pourquoi s’engager dans le japam ?’’ Si vous allez jusqu’au cœur de la réponse, vous conviendrez qu’en laissant de côté les cas où le japam est effectué pour obtenir certains bénéfices, le japam n’est qu’un des nombreux moyens pour nous rapprocher de Dieu et nous faire aimer de Lui. Ceci soulève la question : ‘’Peut-on décrire la personne chère à Dieu ?’’ Par bonheur, je n’ai pas besoin de faire un effort particulier pour répondre à cette question, parce que Dieu Lui-même a très clairement donné la réponse. Je me réfère à ce que Krishna déclare dans le fameux douzième chapitre de la Bhagavad Gita, populairement connu sous le nom de bhakti yoga. Je n’entrerai pas ici dans les détails, partiellement dans l’espoir que ceci éveillera votre curiosité et vous poussera à explorer un peu par vous-même. Je vous certifie que si vous le faites, vous trouverez cela très profitable. Je ne devrais pas oublier d’ajouter que Swami qui, nous sommes tous d’accord là-dessus, est Krishna qui est revenu, n’a pas changé d’un iota les prérequis, pas même une virgule, ce qui veut dire que les prérequis pour être cher à Dieu restent les mêmes, même maintenant. Alors, qu’est-ce que tout cela signifie, par rapport au japam ? D’après moi, ceci : peu importe que l’on effectue le japam à voix haute ou bien mentalement, la récitation des versets concernés devrait nous faire aimer du Seigneur dans le sens que le Seigneur a décrit Luimême. J’espère que ceci rend clair que la procédure exacte adoptée est moins importante que la motivation et que les sentiments qui accompagnent la procédure. En supposant que mon idée soit bien passée, permettez-moi maintenant d’examiner l’exemple que j’ai mentionné plus tôt. Dans le Ramayana, il y a une scène merveilleuse qui survient, lorsque Rama et Lakshmana errent à la recherche de Sita qui a été kidnappée plus tôt. Au cours de leurs pérégrinations dans la forêt, ils rencontrent une vieille femme tribale, Sabari. Son sage maître avait dit à cette femme qu’un jour, le Seigneur viendrait dans la forêt et qu’elle devrait L’attendre. Avec une foi totale, Sabari décida d’attendre le Seigneur, même si elle ignorait totalement quelle serait l’apparence du Seigneur, comment Il viendrait, etc. Malgré le fait qu’elle ignorait tout à fait ces détails pratiques importants, Sabari attendit simplement, ayant une foi totale dans les paroles de son maître. Non seulement cela, tous les jours, elle allait cueillir des fruits frais, tels qu’on en trouve dans la forêt, en les gardant comme offrandes, au cas où le Seigneur se manifesterait. Un beau jour, Sabari aperçut Rama et Lakshmana qui approchaient. Ils étaient habillés comme des ermites, mais ils portaient des arcs et des flèches, ce que les sages ne font pas. D’après ces seules caractéristiques, il n’y avait aucune raison de supposer que Rama était réellement Dieu sous forme humaine. Néanmoins, lorsque Sabari aperçut Rama, elle Le vit non seulement avec ses yeux, mais avec son cœur aussi, et l’amour pur dans son cœur pour le Seigneur reconnut instantanément le Seigneur qui venait à elle sous la forme de Rama. Et que fit Sabari, dès qu’elle reconnut que Rama était effectivement le Seigneur qu’elle attendait depuis si longtemps ? Elle l’accueillit bien entendu, ainsi que Lakshmana, avec son plus grand sourire et l’amour qui jaillissait de son cœur comme une fontaine. Elle lava les pieds des princes, se prosterna devant eux, puis elle leur offrit les fruits qu’elle avait cueillis avec amour plus tôt dans la journée. Maintenant, il est tout à fait habituel de faire des offrandes au Seigneur, que ce soit pour le culte formel chez soi ou que ce soit quand le Seigneur vient sous forme humaine. La chose unique que fit Sabari, c’est qu’étant une simple femme tribale totalement ignorante des règles de l’étiquette, elle mordit d’abord dans tous les fruits pour les goûter afin d’être sûre que les fruits qu’elle avait choisis était assez sucrés, avant de les offrir à Rama et à Lakshmana ! A présent, arrêtez-vous et réfléchissez calmement une minute. N’importe lequel d’entre nous envisagerait-il jamais de faire une telle chose, si nous offrions un fruit à Swami qui bien entendu est Rama revenu ? Pourtant, c’est précisément ce que fit Sabari ! Et quelle fut la réaction de Rama ? Broncha-t-Il, maugréa-t-Il ? ‘’Oh, regardez cette femme tribale qui ne connaît même pas l’A B C de la bonne conduite !’’ ou quelque chose dans le genre ? Non ! Pas du tout ! Non seulement Rama reçut l’offrande avec beaucoup d’amour, mais Il mangea tous les fruits choisis en montrant clairement qu’Il appréciait les fruits offerts. Dans le Ramayana, l’épisode de Sabari est très bref, mais il est aussi très significatif, c’est pourquoi non seulement les érudits lui attachent beaucoup d’importance, mais le saint Tyagaraja, qui je le confesse, est l’un de mes musiciens préférés, a composé un chant merveilleux pour louer Sabari en se demandant comment il pourrait décrire l’incroyable grâce qu’elle avait reçue. Pour en revenir à l’idée que je tente de faire passer, en fin de compte, le Seigneur ne se soucie nullement de l’étendue de notre connaissance textuelle des Ecritures ou du nombre de rituels que nous accomplissons, de leur fréquence, etc. Le Seigneur ne se soucie que dans quelle mesure notre cœur est rempli d’amour pur pour Lui. C’est ce que souligne l’histoire de Sabari. Ce que je suggère, c’est qu’à chaque fois que nous nous mettons à nous poser des questions sur les rituels, les détails techniques et ce genre de choses, tout ce que nous avons à faire, c’est nous rappeler l’histoire de Sabari et notre perspective se tournera dans la bonne direction. Avant de conclure, peut-être devrais-je attirer votre attention sur l’un ou l’autre point connexe. Le premier concerne les célèbres conseils que le vénérable Bhishma donna sur son lit de mort à l’aîné des Pandavas, Dharmaputra, aussi connu sous le nom de Yudhisthira. Ses conseils ratissaient large et couvraient de nombreux sujets, depuis les différents aspects de la bonne gouvernance jusqu’à ce que les individus devraient faire. Dans la conversation, Yudhisthira demande : ‘’Parmi tous les japam, quel est le meilleur de tous ?’’ Et Bhishma répondit : ‘’C’est sans conteste la psalmodie du Nom du Seigneur.’’ Soit dit en passant, Swami a confirmé ceci en disant que la psalmodie du Nom était même supérieure à la récitation des Védas ! Pour en revenir à la question fondamentale de la psalmodie du Nom, certains demandent : ‘’Le Seigneur a tellement de Noms. Par quel Nom particulier devrions-nous Le louer ? Rama, Krishna, Allah, Jésus… ?’’ C’est une bonne question et la réponse est contenue dans un bhajan que nous chantons tous et qui commence par ‘’Govind bolo, Gopal bolo…’’ Dans ce bhajan, il y a une ligne qui contient la réponse à la question que j’ai posée. Et la réponse que le bhajan donne, c’est : ‘’Psalmodiez tout Nom que vous aimez, mais lorsque vous le faites, faites-le avec amour et un sentiment profond.’’ Jai Sairam. (Référence : Magazine Heart2Heart de Radio Sai Global Harmony - Mars 2010)