DEV DE L ATTACHEMENT CM

Telechargé par licasdri
DÉVELOPPEMENT AFFECTIF ET ATTACHEMENT
Introduction.
Dans l’approche développementale, on parle de théorie de l’attachement. L’intérêt pour le
développement de l’enfant date de 1762, avec Emile, le premier ouvrage de Jean Jacques Rousseau.
C’est l’un de premier écrit qui va s’intéresser au lien maternel. Il met également à mal la technique
d’emmaillotement, qui avait pour conséquence de limiter les échanges psychomoteurs de l’enfant
avec son entourage.
Il critique également l’usage de nourrice dans les familles aisées de l’époque, notamment le fait que
c’était celles ci qui nourrissaient les enfants (à l’époque, l’allaitement maternel était considéré comme
dévalorisant). Le lien entre la mère biologique était de ce fait très distendu dans cette famille.
Rousseau montre que ce genre de pratique (la tiers personne) n’est pas souhaitable pour la
construction du lien entre l’enfant et la mère.
A l’époque, très peu d’hommes s’occupaient des bébés, ils s’occupaient plutôt des enfants plus âgés,
en âge de marcher, de parler (d’où le fait qu’on parle souvent que de la mère).
A partir de cette date, un certain nombre de travaux se développent sur cette thématique et
notamment sur le fait que ce lien précoce entre l’enfant et la figure maternelle est quelque chose de
souhaitable pour le développement de l’enfant.
I. Un peu d’histoire.
John Bowlby (1907-1990) était un psychologue et pédopsychiatre. C’est un anglais
issu d’une famille relativement aisée qui évolue dans les milieux intellectuels
britanniques et qui est plutôt conventionnelle (éducation rigide, où les émotions
n’ont pas leur place). Sa famille a donc recours à une nurse qui va élever la
quasi-totalité des enfants de la famille (elle vivait dans le domicile de la famille,
omniprésente).
Très vite, Bowlby va être exilé de la famille en partant à l’internat. Il s’oriente vers
des études de médecines et au cours de ces études, il va réaliser des stages dans des
institutions pour enfants mal adaptés. Au cours de ces stages, il va constater que le
manque de liens entre l’enfant et la mère (ou plus généralement la famille) peut être
à l’origine de troubles comportementaux chez ces enfants mais également de
l’apparition de la délinquance chez ces enfants à l’adolescence.
Il va se spécialiser en psychiatrie et plus spécialement en pédopsychiatrie. Il va être amené lors de la
2GM à travailler en tant que psychiatre militaire. A la fin de la guerre, il intègre un département de
psychiatrie infantile et va réaliser ses premières observations en tant que pédopsychiatre auprès des
enfants qui n’ont pas pu construire des liens affectifs durant leur prime enfance.
Il était de formation psychanalytique et a été beaucoup influencé par les travaux de Mélanie Klein. Il
va essayer de comprendre, au regard de ce qu’il connaît, comment ces enfants ont pu surmonter une
séparation avec leur mère consécutive à la guerre et il va s’interroger sur les limites du modèle
psychanalytique pour expliquer chez ces enfants ce qu’il constate sur l’absence du lien précoce.
On voit apparaître chez Anna Freud et Winnicott l’hypothèse que l’environnement va jouer un rôle
dans le développement affectif de l’enfant. Bowlby fait l’hypothèse que le lien avec la mère
(environnement) va être prépondérant dans le développement psychologique de l’enfant (qualité des
soins).
A la fin des années 40, début années 50, il va être sollicité par l’OMS pour établir un rapport sur
l’effet de la séparation familiale sur le développement psychologique des enfants (étude des
conséquences). Dans son rapport, il ignore complètement les travaux de la psychanalyse. Cela a
marqué sa rupture avec la psychanalyse car il bousculait toutes les conceptions théoriques de l’époque
et faisait l’hypothèse que la psychanalyse se trompait et qu’il y avait autre chose que la vie
fantasmatique de l’enfant dans son développement psychologique.
Il met en évidence l’effet des carences dans les soins maternels.
L’absence de lien précoce chez l’enfant va avoir des conséquence immédiates chez l’enfant mais
aussi à plus long terme, notamment dans la construction de futures relations avec ses paires (relations
superficielles), une inaccessibilité de ces enfants (antipathie à l’égard du père), des difficultés dans la
régulation émotionnelle.
Bowlby va également noter la présence de difficultés cognitives, liées notamment à l’attention, qui
vont influencer tous les apprentissages scolaires que les enfants vont réaliser.
Dans les années 60-70, il évoque la théorie de l’attachement.
Bowlby a été influencé par de nombreux autres chercheurs :
René Spitz est un psychanalyste qui a été confronté durant l'après-guerre (1946) à des
observations sur l’effet de la carence affective (ce qui a fait son succès). Il a fait une étude sur
la carence affective. Il a observé des enfants placés en pouponnière car les mères étaient
incarcérées mais elles pouvaient s’occuper de leur enfant quelques heures dans la journée et
des enfants placés en orphelinat, recevant des soins que par le personnel soignant.
Les infirmières ayant une dizaine d'enfants à s’occuper ne pouvaient pas créer
des soins privilégiés avec les enfants. Ces derniers dépérissent très rapidement
dans leur lit. Spitz décrivait leur état sous le terme de dépression anaclitique. Les
enfants, en l'absence de leur mère, développent des symptômes importants sur le
plan psychologique mais aussi sur le plan physique et moteur.
Dépression anaclitique : Carences partielles (jusqu’à 5
mois).
Phase de détresse : Phase de pleurs car l’enfant sait qu' avant, les
pleurs faisaient venir sa mère.
Phase de découragement : Phase de perte de poids et d’arrêt du
développement.
Phase de détachement et d’indifférence : Phase du retrait et du refus de contact : les
enfants ne regardent plus l’autre, ne sourient plus à l’autre.
Hospitalisme : Carences totales. Ce sont des soins qui sont inexistants et qui dépassent une
période de 5 mois. L’hospitalisme est irréversible.
L’effet de la séparation est d’autant plus important si elle survient tôt dans le développement
de l’enfant et si avant l’âge de 2 ans, la relation avec la mère était de bonne qualité
L’influence de Darwin : Bowlby va présenter un intérêt particulier
pour la théorie de l’évolution. Dans cette dernière, il y a une grande
influence de l’environnement sur le devenir de l’individu. Cela se fait
selon 2 processus :
Variation : c’est le fait que tous les individus d’une même
espèce ne vont pas avoir le même patrimoine génétique et qu’on
note donc des variations génétiques d’un individu à un autre.
Selon Darwin, on va avoir des individus d’une espèce donnée
qui vont être plus armés génétiquement pour survivre dans une
situation générée par l’environnement. Seuls ces individus vont
être sélectionnés pour survivre dans l’environnement.
Sélection : La variation génétique est intéressante et
avantageuse, donc on sélectionne l’individu.
Les espèces qui survivent sont celles avec des schèmes de comportements les plus «
biologiquement avantageux » : qui permettent l’adaptation au milieu et donc la
survie.
Bowlby transpose cette théorie au fonctionnement humain, considérant qu’il existe un
continuité entre les évolutions des espèces. Selon lui, le facteur humain qui permet à
l’humain de bien s’adapter à son environnement est l’attachement. Ce dernier contribue à la
survie de l’espèce. D’un point de vue protection, l’humain ne peut pas vivre en dehors de son
milieu humain. Il va donc se rapprocher de l’adulte, créant ainsi une sécurité, qui est à la
faveur de l’évolution. Dans dans des situations alarmantes : stimuli non familiers,
changements soudains de stimulation, approche rapide ou menaçante d'un objet ou d'un être
vivant ou encore le vide Il existe donc un système peur-alarme pour identifier le danger
Bowlby va s’intéresser aux travaux effectués sur l’étude du comportement animal et qui
peuvent contribuer à renforcer sa théorie.
Fonction de l’attachement : fonction adaptative -> Assurer la protection
Influence de l’éthologie
Lorenz (1903-1989) est intéressé par l’étude du comportement
des animaux (expérience des oies cendrées). Il s’intéresse au
comportement de poursuite : les oiseaux dont l’œuf éclos à
proximité d’un être qui n’est pas forcément celui de leur espèce,
va suivre l’être en question. La poursuite permet de garder la
proximité à l’individu et cela permet aux oisillons de réaliser le
comportement d’empreinte ou d’imprégnation, qui est le fait
que les oisillons vont calquer leur comportement que le 1er
individu qu’ils voient à la sortie de l’œuf.
Certaines stimulations vont avoir une influence par la suite (ex :
Un mammifère nourrit au biberon ne va pas avoir une phase de stimulation avec des animaux
de son espèce et donc ne va pas s’intégrer).
Son étude a influencé/inspiré Bowlby (influence de l’éthologie).
besoin primaire de contacts sociaux indépendants des besoins physiologiques
Travaux de Harlow (1958)
Isolement d’un singe rhésus
Les Harlow étaient un couple de scientifique qui ont fait des expériences
sur les singes selon différentes conditions :
Isolement total.
Isolement à différents moment du développement (naissance, 3, 6,
12 et 24 mois).
Substitut maternel en grillage ou fourrure.
(Complément TD Développement de l’attachement).
Ils ont observé que les singes mis en isolement passaient la quasi-totalité de leur temps sur le
substitut en fourrure et que si on soumettait ces singes à un stress, on constate que le petit
singe se réfugie sur le substitut en fourrure.
Les singes isolés étaient repliés sur eux même et présentaient une absence de relation avec
leurs congénères, des balancements, des mutilations, … Chez les singes en rupture de liens
maternels, on s’aperçoit qu’ils sont incapables d’explorer l’environnement. Quand ces singes
sont mis en contact avec d’autres singes, ils ont un comportement social inadapté (retrait ou
parfois comportement agressif).
Le besoin de proximité ne dépend pas du lien alimentaire et est tout aussi fondamental que le
besoin alimentaire. Cela vient en totale contradiction avec les travaux des psychanalystes car
pour ces derniers, les relations affectives découlent du soutien alimentaire.
Pour pouvoir survivre il faut pouvoir s’alimenter mais aussi avoir un rapport de proximité
avec des congénères.
Le contact avec des pairs constitue un mécanisme primaire de socialisation
Apport de la cybernétique : dans tout système, il y a une régulation qui va s’instaurer grâce à
un processus d’homéostasie (régulation qui permet de se maintenir en équilibre). Bowlby va
s’inspirer de la théorie du contrôle : l’enfant a un besoin de rester en équilibre et que pour ce
faire, il va se baser sur la proximité de la figure d’attachement et notamment de la proximité à
la mère.
On va avoir des facteurs de causalités, qui peuvent être de différentes natures (mal-être
physiologique, personne inconnue) et qui vont déclencher des réactions physiologiques et
comportementaux. Ces dernières vont être calmées par une proximité (facteur d’arrêt =
facteur d’homéostasie : maintien de l'accessibilité à la personne référente).
La théorie de l’attachement regroupe donc les théories
de Darwin, celle de l’éthologie et de la cybernétique.
Elle s’oppose au point de vue psychanalytique.
L’attachement est un besoin de proximité primaire
(tout aussi essentiel que la nourriture), distinct de la
libido et non secondaire à la relation de nourrissage.
1 / 25 100%

DEV DE L ATTACHEMENT CM

Telechargé par licasdri
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !