Un jour, en traversant le désert du Sahara, Gersi croisa un nomade touareg qui était 
seul et assis à côté de son chameau. D'après les traces laissées, Gersi en déduisit 
qu'il occupait le même endroit depuis plusieurs jours. L'endroit paraissait être au 
milieu de nulle part, sans aucune caractéristique particulière, rien que du sable, de la 
pierre et des collines rocailleuses. Intrigué, Gersi s'arrêta pour partager un thé avec 
l'homme. 
 
Le nomade expliqua qu'il attendait un ami. Sept mois auparavant, alors qu'il se 
trouvait dans une ville appelée Gao au Mali, à environ 1 000 km de là, il avait fait le 
pacte avec son ami de se retrouver à cet endroit précis, à une heure précise. Chacun 
d'entre eux était en route et convergeait vers cet endroit depuis des directions 
différentes. 
 
En regardant autour de lui, Gersi doutait que quelqu'un puisse repérer cet endroit 
dans l'immensité environnante. La possibilité que deux personnes puissent 
converger ici, depuis des directions opposées, défiait son imagination. "On ne peut 
pas rater l'endroit", dit le nomade, tout en donnant des noms à tout ce qui les 
entourait. Le seul problème, c’était que le nomade était sur le point de manquer 
d'eau ; si son ami n'arrivait pas dans les trois prochains jours, il devrait partir. 
 
Le lendemain matin, le Touareg dit à Gersi que les choses se déroulaient comme 
prévu. Il avait communiqué avec son ami pendant la nuit et celui-ci arriverait dans 
deux jours. "Vous avez rêvé de lui ?", demanda Gersi. 
 
"Non, je n'ai pas rêvé de lui. Il m'a juste dit où il était", dit le nomade. Il expliqua que 
son ami l'avait informé qu'il avait dû faire un détour pour remplir ses poches d'eau. 
 
"Mais comment vous l'a-t-il dit ?", demanda Gersi. 
 
"Il me l'a dit dans mon esprit", dit le nomade. "Et de la même façon, je lui ai répondu 
que je l'attendrais". 
 
Toujours sceptique, Gersi patienta pour voir le résultat. Et deux jours plus tard, 
comme prévu, l’ami du touareg arrivait.
  
 
Une autre fois, Gersi et ses collègues durent parcourir une distance périlleuse de 
près de 1 300 km à travers le Sahara, depuis Djanet, une ville algérienne proche de 
la frontière libyenne, jusqu'à Tombouctou, au Mali. L'itinéraire comprenait de vastes 
étendues de dunes de sable et de sables mouvants dangereux, des montagnes, des