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APERҪU DE LA CONNAISSANCE À DISTANCE DANS LES CULTURES PRÉMODERNES - DR LARRY DOSSEY

APERҪU DE LA CONNAISSANCE À DISTANCE
DANS LES CULTURES PRÉMODERNES
DR LARRY DOSSEY
Extrait de ‘’One Mind – How our individual mind is part of a greater Consciousness
and why it matters’’
Le Dr Larry Dossey est un pionnier au niveau de l'apport de la compréhension
scientifique dans le domaine de la spiritualité. Chirurgien militaire au Vietnam et
ancien chef du personnel de l'hôpital de Dallas au Texas, il vit aujourd'hui à Santa
Fe, au Nouveau-Mexique, avec son épouse infirmière, Barbara. Il donne des
conférences dans le monde entier, et notamment dans des hôpitaux et dans des
universités de médecine. Auteur d’une douzaine de livres, qui ont figuré sur la liste
des best-sellers du New York Times, il a reçu de nombreuses récompenses pour ses
travaux et il est régulièrement invité sur les plateaux de télévision et à la radio. Il est
également rédacteur en chef de la revue Explore : The Journal of Science & Healing.
PLUS QU’UNE FAҪON DE VOIR
Quelqu'un qui a étudié la connaissance à distance dans les cultures prémodernes,
c'est Douchan Gersi. Aventurier, explorateur et cinéaste, Gersi a passé la majeure
partie de sa vie dans certaines des régions les plus isolées de la planète, à
documenter des cultures qu'il appelle "les peuples de la tradition". Dans son livre
captivant intitulé Faces in the Smoke, il décrivit comment la connaissance non locale
de l'Esprit universel est utilisée de façon naturelle et fluide dans la vie de tous les
jours dans ces cultures.
Un jour, en traversant le désert du Sahara, Gersi croisa un nomade touareg qui était
seul et assis à côté de son chameau. D'après les traces laissées, Gersi en déduisit
qu'il occupait le même endroit depuis plusieurs jours. L'endroit paraissait être au
milieu de nulle part, sans aucune caractéristique particulière, rien que du sable, de la
pierre et des collines rocailleuses. Intrigué, Gersi s'arrêta pour partager un thé avec
l'homme.
Le nomade expliqua qu'il attendait un ami. Sept mois auparavant, alors qu'il se
trouvait dans une ville appelée Gao au Mali, à environ 1 000 km de là, il avait fait le
pacte avec son ami de se retrouver à cet endroit précis, à une heure précise. Chacun
d'entre eux était en route et convergeait vers cet endroit depuis des directions
différentes.
En regardant autour de lui, Gersi doutait que quelqu'un puisse repérer cet endroit
dans l'immensité environnante. La possibilité que deux personnes puissent
converger ici, depuis des directions opposées, défiait son imagination. "On ne peut
pas rater l'endroit", dit le nomade, tout en donnant des noms à tout ce qui les
entourait. Le seul problème, c’était que le nomade était sur le point de manquer
d'eau ; si son ami n'arrivait pas dans les trois prochains jours, il devrait partir.
Le lendemain matin, le Touareg dit à Gersi que les choses se déroulaient comme
prévu. Il avait communiqué avec son ami pendant la nuit et celui-ci arriverait dans
deux jours. "Vous avez rêvé de lui ?", demanda Gersi.
"Non, je n'ai pas rêvé de lui. Il m'a juste dit où il était", dit le nomade. Il expliqua que
son ami l'avait informé qu'il avait dû faire un détour pour remplir ses poches d'eau.
"Mais comment vous l'a-t-il dit ?", demanda Gersi.
"Il me l'a dit dans mon esprit", dit le nomade. "Et de la même façon, je lui ai répondu
que je l'attendrais".
Toujours sceptique, Gersi patienta pour voir le résultat. Et deux jours plus tard,
comme prévu, l’ami du touareg arrivait.1
Une autre fois, Gersi et ses collègues durent parcourir une distance périlleuse de
près de 1 300 km à travers le Sahara, depuis Djanet, une ville algérienne proche de
la frontière libyenne, jusqu'à Tombouctou, au Mali. L'itinéraire comprenait de vastes
étendues de dunes de sable et de sables mouvants dangereux, des montagnes, des
1
Gersi, Douchan.Faces in the Smoke. New York : Tarcher ; 1991: 84–86.
zones volcaniques rocheuses et des vallées profondes. Les cartes disponibles
n'étaient pas précises et il aurait été insensé de tenter le voyage sans un guide.
Gersi rencontra le chef de l'avant-poste militaire de Djanet, qui lui recommanda un
homme nommé Iken comme meilleur guide pour le voyage. Aux dires du
commandant, Gersi ne devrait pas s'inquiéter du fait qu'Iken était aveugle.
Iken, alors âgé d'une cinquantaine d'années, avait passé son enfance et son
adolescence avec son père, qui conduisait des caravanes dans tout le Sahara. Il
devint par la suite caravanier à son tour et il fut finalement engagé comme guide par
la légion étrangère française. Vers l'âge de 30 ans, il contracta un trachome, une
infection oculaire qui le rendit aveugle.
"Avez-vous déjà fait ce voyage ?’’, lui demanda Gersi.
‘’Pas exactement…mais je vois très clairement ce que vous voulez faire’’, répondit
Iken. Il expliqua qu'il était nécessaire qu'il s'assoie sur la roue de secours attachée
au capot de la Land Rover. "J'ai besoin de respirer l'odeur du désert" 2, dit-il, "... ‘’et
d'entendre les différents bruits que font les pneus sur le sol ; cela m'en dit long sur le
terrain". Il ne pourrait faire aucune de ces choses depuis l'intérieur de la voiture, dit-il.
Et il ajouta : "Ne parlez pas en conduisant, mais regardez attentivement le paysage
tout autour de vous.... Cela m'aide aussi à voir où je suis". C'était comme si Iken,
devenu aveugle, pouvait absorber des informations, non seulement à partir du
paysage environnant, mais également à partir des autres. S'ils savaient à quoi
ressemblaient les choses, alors il le savait aussi. C'était comme si son esprit se
confondait avec celui des autres. Les indications d'Iken étaient d'autant plus
remarquables que le groupe de Gersi roulait souvent de nuit et sans phares.
Iken se révéla être un formidable organe sensoriel humain qui fonctionnait à tous les
niveaux, sauf au niveau visuel. Il arrêtait souvent le véhicule, s'agenouillait, caressait
le sable et contemplait sa texture. Il respirait profondément et sentait le désert durant
de longues périodes. Une fois, quand l'eau vint à manquer, il caressa les branches
d'un grand buisson sec, huma tout autour et donna de nouvelles directives. Quelques
heures plus tard, le groupe put trouver de l'eau.
Grâce à l'aide d'Iken, le groupe de Gersi arriva à Tombouctou sans aucun incident.3
Pour quelques délicieux effluves de la spiritualité soufie, le lecteur ou la lectrice pourra par ailleurs
se plonger avec délectation dans ‘’Le parfum du désert’’, d’Andrew Harvey et Eryk Hanut, sur Partagepdf.webnode.fr, NDT. (Le mystique révolutionnaire Andrew Harvey a dessiné une carte exquise pour
tous les chercheurs qui errent dans la contrée sauvage du cœur. Son livre communique et transmet
sublimement l'amour et la passion qui imprègnent la voie du soufisme.)
3
Ibid, 86-91
2
Privé de la vision physique, Iken faisait intervenir d'autres modes de connaissance —
y compris celles des autres, grâce à la connexion et à la conjonction des esprits
individuels…
Partage-pdf.webnode.fr