DIEU, L’HOMME, LES CRAPAUDS ET LE VERBE… Dieu créa la beauté et Il créa le Verbe pour communiquer la beauté. Le mot est l’éloquence de l’expression, l’âme de la compréhension et l’essence d’une pensée invisible. En traversant les corridors du Temps, le Verbe instilla la crainte, conféra la connaissance, créa l’unité, engendra le mal. Il inspira et il conspira. Il créa et il détruisit. Il loua et il insulta. Il bénit et il maudit. Le Verbe régnait donc sur la race humaine. Les paroles qui émanèrent du Fils de Dieu ressuscitèrent Lazare et ramenèrent le mort à la vie. Les mots tranquilles d’un vieil Indien à demi-nu rallièrent les masses et arrachèrent leur pays aux esclavagistes d’une manière non violente. Les paroles profondes de Dieu sur le champ de bataille éclairèrent les avenues du Temps en indiquant le chemin vers Dieu (la Bhagavad Gita). Le Verbe régnait donc sur la race humaine. Un jour, quelque part, un inspecteur était en visite dans une école. En entendant l’institutrice discourir sur la moralité et les valeurs, il lui demanda en la raillant : ‘’Pensez-vous que de simples mots auront le moindre impact sur ces enfants ?’’ Avec un soupçon de nonchalance, l’institutrice demanda à ses élèves : ‘’Qui va m’aider à mettre à la porte ce sbire arrogant ?’’ Enragé par cette réplique, l’inspecteur brailla : ‘’Savez-vous à qui vous avez affaire ? Votre inconduite pourra vous attirer de graves ennuis !’’ L’institutrice s’excusa poliment, puis elle demanda calmement : ‘’Monsieur, quelqu’un vous a-t-il maltraité en aucune façon ?’’ ‘’Non’’, répondit-il, perplexe. ‘’Alors, ce sont mes seules paroles qui ont suscité cette colère de votre part. Tout comme des paroles négatives provoquent des réactions négatives, des paroles positives propagent la paix et l’harmonie.’’ L’inspecteur saisit l’allusion. L’incident rapporté ci-dessus est l’une des nombreuses petites histoires (‘’Chinna Kathas’’) que Sathya Sai Baba raconte de manière charmante dans Ses discours. Vraiment, chaque parole est une force positive ou négative, et selon la manière dont on l’utilise, elle peut soulever ou déprimer celui qui l’entend. Dans leur simplicité, les mots véhiculent la profondeur de l’éternité ; dans leur subtilité, ils représentent l’humain qui aspire à être compris et à être aimé. Chaque mot est une goutte qui cache un océan. En creusant le sens de chaque mot, l’esprit humain devient témoin de la beauté de Dieu. Le mot est comme un caillou jeté dans le lac de la pensée sociétale. Le caillou enrobé par le mal et jeté dans le lac placide provoque les vagues du mal jusqu’aux extrêmes et le transforme en habitat maudit. Un jour, un groupe de crapauds décida qu’il voulait découvrir lequel d’entre eux était le plus rapide et le plus fort. On organisa une course jusqu’au sommet d’une tour à laquelle cent compétiteurs prirent part. Tous les autres crapauds se réunirent pour assister à l’événement. Le départ fut donné en fanfare sous les coassements du public ravi. Rapidement, les crapauds les plus faibles se mirent à tirer la langue. Et malheureusement, les crapauds qui s’étaient rassemblés pour manifester leur enthousiasme commencèrent à se moquer d’eux et à les abreuver de sarcasmes : ‘’Aucun d’entre vous ne parviendra jamais au sommet ! C’est une impossibilité, un rêve !’’ Nombreux furent les crapauds qui renoncèrent sous les sarcasmes et les railleries, ce qui ne faisait qu’attiser l’excitabilité et la verve de tous les détracteurs qui hurlaient de plus belle : ‘’Vous n’y arriverez jamais, jamais !’’ ‘’Vous feriez mieux de laisser tomber immédiatement !’’ Et conformément à leurs paroles, beaucoup firent lamentablement demi-tour en boitillant et aucun n’arriva au sommet – à l’exception d’un seul petit crapaud qui fut déclaré vainqueur incontestable. Tous les crapauds se réunirent pour découvrir comment il avait réussi, mais il fut vite découvert que notre petit héros n’était guère sensible à toutes leurs questions, car il était sourd ! Il n’avait jamais entendu les paroles désobligeantes créatrices d’échec et il avait réussi, car il avait écouté les mots qui émanaient des profondeurs de son propre cœur. Choisissez d’entendre les paroles de votre conscience et croyez en leur pouvoir, car elles sont porteuses du pouvoir de Dieu. Car au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu… Heart2Heart Janvier 2006