Brighu obéit à l’ordre de son père et il poursuivit ses méditations. Un jour, il pensa :
‘’La nourriture est essentielle, le
prana
est essentiel, mais qu’est-ce qui est plus
essentiel ? A moins d’avoir le désir de vivre et de manger, à quoi servent la nourriture
et le
prana
? Le siège du désir, c’est
manas
(le mental), aussi
manas
est-il
Brahman’’, conclut-il. Brighu vint rapporter sa découverte : ‘’Père,
manas
est
Brahman !’’ Varuna sourit et dit : ‘’Non, mon fils,
manas
n’est pas Brahman. Poursuis
tes austérités quelques jours de plus.’’
Brighu reprit ses austérités. Un jour, il pensa : ‘’La nourriture procure de la force, le
prana
énergise, le mental produit les désirs et
vijnana
(l’intelligence) dote l’homme de
discernement (
viveka
), et je dois découvrir ce qu’est le but ultime de la vie de
l’homme, je dois en faire l’expérience.’’ Suivant sa résolution, il entra de nouveau en
méditation profonde.
Un jour, il fit l’expérience d’une joie ineffable, indicible, et il demeura assis, totalement
inconscient du monde extérieur. Ce jour-là, Varuna se rendit dans la forêt et il se mit
à la recherche de son fils et il fut tout heureux de voir que son fils était en
samadhi.
D’après le rayonnement resplendissant qui émanait du visage de son fils, il savait
que son fils avait réalisé que la Béatitude est Brahman.
Dans l’ère upanishadique, les parents et les précepteurs encourageaient leurs
pupilles à poser des questions, mais sans toutefois leur donner des réponses toutes
prêtes ou toutes préparées. Ils leur recommandaient de pratiquer l’auto-investigation
et de découvrir par eux-mêmes les réponses, car l’expérience est le meilleur
professeur….
Personnellement, c’est la sadhana que j’ai pratiquée en priorité depuis le début de ma propre quête spirituelle
au début des années 90 et j’approuve à 200 % ! Plus spécifiquement et par rapport à cette petite histoire, les
lecteurs peuvent aussi consulter l’article du Dr Samuel H. Sandweiss intitulé ‘’Le système des koshas’’, traduit
de son livre ‘’Spirit and the mind’’, qui leur fournira des détails et des intuitions complémentaires et
supplémentaires par rapport à cette vision védantique des choses. J’ajouterai aussi que si la sadhana fut
relativement courte pour Brighu, qui était le fils d’un rishi, ce ne sera certainement pas le cas de l’Occidental
moyen du 21ème siècle qui a un mental très différent, où les désirs de toutes sortes pullulent, d’où la nécessité de
développer la pureté, la patience et la persévérance, NDT.