Il trouva un
Paramahamsa
qui s’appelait Totapuri. Ramakrishna l’invita chez lui et lui
demanda : ‘’Aidez-moi à avoir le
darshan
de l’Un.’’
Totapuri dit : ‘’Quelle difficulté y-a-t-il là ? Vous croyez qu’il y a deux, donc il y a deux.
Lâchez cette croyance !’’ Ramakrishna répondit : ‘’Mais lâcher cette croyance, c’est très
difficile, car j’ai vécu avec toute ma vie entière ! Dès que je ferme les yeux, l’image de Kali
apparaît et je déguste ce nectar. J’oublie que je dois devenir un. Dès que je ferme les yeux, il
y a deux. Quand je tente de méditer, cela devient duel. Aidez-moi à m’en sortir !’’
Totapuri dit alors : ‘’Essayez ceci. Dès que l’image de Kali apparaît devant vous, prenez un
sabre et coupez-la en deux !’’ Ramakrishna dit : ‘’Et où vais-je trouver un sabre ?’’
Ce que Totapuri dit est identique à ce qui est dit dans l’Astavakra Gita
. Totapuri dit : ‘’D’où
as-tu amené cette image de Kali ? Apporte un sabre du même endroit. Elle aussi est
imaginaire. Elle aussi est une fioriture de ton imagination. En l’entretenant pendant toute ta
vie, en la projetant continuellement ta vie entière, elle s’est cristallisée. C’est juste ton
imagination. Tout le monde ne voit pas Kali en fermant les yeux.’’
Après des années d’efforts, un chrétien ferme les yeux et le Christ lui apparaît. Un dévot de
Krishna ferme les yeux et Krishna lui apparaît. Un fidèle de Bouddha ferme les yeux et
Bouddha lui apparaît. Un admirateur de Mahavira ferme les yeux et Mahavira lui apparaît.
Le Christ n’apparaît pas à un jaïn et Mahavira n’apparaît pas à un chrétien. Seule l’image
que vous projetez apparaîtra. L’effort de Ramakrishna concernait Kali et l’image est devenue
quasiment solide. Elle est devenue si réelle par la répétition continue, par le souvenir
constant, qu’il semblait que Kali lui apparaissait. Il n’y avait personne, là. Seule la
Conscience est. Il n’y a pas de second, pas d’autre.
‘’Ferme simplement les yeux, soulève le sabre et frappe !’’, dit Totapuri.
Ramakrishna ferma les yeux, mais aussitôt qu’il ferma les yeux, son courage disparut.
Brandir son sabre pour frapper Kali – le dévot devait brandir son sabre et abattre sa déesse –
c’était trop pénible. Renoncer au monde, c’est très facile. Qu’est-ce qui vaut la peine de
s’attacher dans le monde ? Mais quand vous avez fixé profondément une image dans votre
esprit, quand vous avez créé de la poésie dans votre esprit, quand votre rêve mental s’est
manifesté, alors c’est très dur d’y renoncer. Le monde ressemble à un cauchemar. Un rêve
Ô mon fils, pendant longtemps, tu as été pris dans le nœud coulant de la conscience du corps. Tranche ce
nœud coulant avec l’épée de la connaissance, ‘’Je suis Conscience’’, et sois heureux. Suivant la perspective
d’Astavakra – et c’est la plus haute perspective, l’esclavage n’est qu’une croyance, l’esclavage n’est pas réel.