Telechargé par Enzo

Enzo Salvatore - Analyse de l'impact des politiques climatiques sur l'équilibre macroéconomique

UFR SEGGAT
SCIENCE ECONOMIQUE, GESTION,
GEOGRAPHIE DES TERRITOIRES
Année universitaire 2022-2023
Analyse de l’impact des politiques climatiques sur l’équilibre
macroéconomique
Mémoire de Master 2 Economie et Management Publics
Présenté par :
Enzo SALVATORE
Sous la direction de :
Clémence CHRISTIN
Maîtresse de conférence
« Je certifie sur l’Honneur que le présent mémoire est le fruit d’un travail personnel
et que toute référence directe ou indirecte aux travaux de tiers est expressément
indiquée et que tout passage recopié d’une autre source est en outre placé en
guillemets. Je demeure seul responsable des analyses et opinions exprimées
dans ce document : l’Université de Caen – Normandie n’entend y donner aucune
approbation ni désapprobation ».
Signature :
Remerciements :
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude pour le soutien de mon encadrante
madame Clémence Christin pour sa direction tout au long de cette année de
mémoire. Son expertise et son dévouement ont été inestimables pour la réussite
de mon travail de recherche.
Tout d'abord, je voudrais vous remercier d'avoir accepté de superviser mon
mémoire. Votre engagement envers mon projet et votre volonté de partager vos
connaissances ont été essentiels pour orienter mes idées et donner une structure
solide à mon travail.
Je suis sincèrement reconnaissant pour votre disponibilité constante. Vous avez
toujours pris le temps de répondre à mes questions, de discuter de mes
préoccupations et de m'offrir des conseils précieux. Votre approche pédagogique
m'a permis d'acquérir une compréhension approfondie du sujet et de développer
mes compétences de recherche.
Votre encadrement attentionné et vos commentaires constructifs ont joué un rôle
crucial dans l'amélioration continue de mon mémoire. Votre capacité à identifier les
points faibles et à proposer des suggestions d'amélioration m'a permis de
progresser et de produire un travail de qualité dont je suis fier.
Je souhaite également souligner votre patience et votre encouragement. Les
moments de doute et de découragement ont été nombreux, mais vous m'avez
toujours soutenu et motivé à persévérer. Votre confiance en mes capacités m'a
donné la force nécessaire pour surmonter les obstacles et aller au-delà de mes
limites.
Enfin, je tiens à exprimer ma gratitude pour votre bienveillance et votre
compréhension. Vous avez su créer un environnement propice à l'apprentissage,
empreint de respect et de soutien, ce qui a favorisé mon épanouissement
personnel et académique.
Je suis conscient que la réalisation de ce mémoire n'aurait pas été possible sans
votre contribution exceptionnelle. Je vous remercie du fond du cœur pour votre
investissement, votre expertise et votre passion tout au long de cette aventure.
Veuillez agréer, Clémence Christin, l'expression de ma plus profonde
reconnaissance.
Analyse de l’impact de la politique
climatique sur l’equilibre
macroéconomique
Résumé :
Le changement climatique est considéré par beaucoup de scientifiques comme le défi de notre
siècle. Depuis la révolution industrielle, on constate une augmentation de la température de
1,1°C sur l’ensemble de la planète. Cette augmentation engendre des conséquences préoccupantes
telles que la montée du niveau de la mer et la diminution de la disponibilité en eau, affectant
particulièrement les populations les plus vulnérables. La croissance économique est l’un des
facteurs les plus aggravants de ce changement climatique, puisqu’à travers son processus, elle
génère des émissions de gaz à effet de serre. Par conséquent, pour réduire notre empreinte
carbone et assurer un avenir durable, il est impératif que les gouvernements adoptent des
politiques climatiques adaptées. Dans ce contexte, nous explorons l’importance de la transition énergétique et les défis associés, en examinant les différents modèles macroéconomiques
théoriques qui peuvent mettre en évidence les avantages de la politique climatique dans l’ensemble de l’économie.
Summary :
Climate change is considered by many scientists as the challenge of our century. Since the Industrial Revolution, there has been an observed increase in global temperatures by 1.1°C. This
rise leads to concerning consequences such as sea-level rise and a decrease in water availability,
particularly impacting the most vulnerable populations. Economic growth is one of the major
exacerbating factors of this climate change, as it generates greenhouse gas emissions throughout
its processes. Therefore, to reduce our carbon footprint and ensure a sustainable future, it is
imperative for governments to adopt appropriate climate policies. In this context, we explore
the importance of energy transition and the associated challenges, examining various theoretical macroeconomic models that can highlight the benefits of climate policy across the entire
economy.
Liste mots clés : macroéconomie de l’environnement, politiques climatiques, double dividende
List key words : environmental macroeconomics, climate policy, double dividend
Table des matières
I
Intégrer l’environnement dans l’analyse macroéconomique
8
I.1
L’environnement dans les modèles théoriques et empiriques . . . . . . . . . . .
9
I.1.1
Les modèles keynésiens de l’économie écologique . . . . . . . . . . . . .
9
I.1.2
Les modèles empiriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
14
Le double dividende : concilier croissance et préservation de l’environnement . .
17
I.2.1
La politique environnementale : source de déséquilibre macroéconomique
17
I.2.2
Les résultats empiriques des modèles macroéconomiques . . . . . . . . .
19
I.2
II
Intégration des politiques climatiques dans un modèle d’offre et de
demande globale
26
II.1 Le bloc environnemental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
II.1.1
L’empreinte carbone de l’économie
27
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
28
II.1.2 Les politiques climatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
30
II.1.3
La quantité d’émissions optimale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
31
II.2 L’offre globale : la courbe OG . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
33
II.2.1 Le marché du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
33
II.2.2 L’offre globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
37
II.3 La demande globale : la courbe DG . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
39
II.3.1 La formation de l’équilibre
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
39
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
42
II.4 L’équilibre macroéconomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
45
II.4.1 Analyse de l’équilibre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
46
II.4.2 La politique fiscale et environnementale . . . . . . . . . . . . . . . . . .
49
II.4.3 La performance des politiques de demande . . . . . . . . . . . . . . . .
51
II.3.2
La demande globale
3
III
L’existence du double dividende
57
III.1 Taxe environnementale et investissements verts . . . . . . . . . . . . . . . . . .
58
III.1.1 Les hypothèses du modèle de Cartelier . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
58
III.1.2 Le modèle en intégrant une taxe environnementale . . . . . . . . . . . .
59
III.1.3 Analyse de l’efficacité des politiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
64
III.2 Taxe environnementale et dépenses de dépollution . . . . . . . . . . . . . . . .
73
III.2.1 Le modèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
73
III.2.2 L’impact des variables sur le volume de production et l’empreinte carbone 78
IV
III.2.3 L’impact de la taxe environnementale et des dépenses de dépollution . .
80
III.2.4 L’impact du prix des biens de dépollution . . . . . . . . . . . . . . . . .
84
III.2.5 Efficacité des politiques de relance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
87
Extension des modèles
92
IV.1 Le modèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
93
IV.1.1 L’empreinte carbone de l’économie et les émissions optimales . . . . . .
93
IV.1.2 L’offre et la demande globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
94
IV.1.3 L’équilibre macroéconomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
97
IV.1.4 La politique budgétaire comme soutient à la politique climatique . . . . 105
Table des annexes
119
A La politique climatique chez Héron et Piluso (2017)
120
IV.1 Analyse de l’impact de la politique climatique sur les différentes variables . . . 120
IV.1.1 L’impact de la politique climatique sur le niveau d’activité
. . . . . . . 120
IV.1.2 L’impact sur le niveau d’emploi et du volume de chômage . . . . . . . . 120
IV.1.3 L’impact sur le niveau général des prix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
IV.1.4 L’impact sur l’empreinte carbone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
B La politique climatique et budgétaire chez Héeron et Piluso (2017)
122
IV.1 L’impact simultané de la politique climatique et budgétaire . . . . . . . . . . . 122
IV.2 Concilier croissance et préservation de l’environnement . . . . . . . . . . . . . . 123
4
C Analyse de la croissance et de l’empreinte carbone chez Héron et Piluso
(2022)
125
IV.1 Les conditions nécessaires à l’accroissement du niveau d’activité . . . . . . . . . 125
IV.1.1 Impact des émissions
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
IV.1.2 Impact de la taxe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
IV.1.3 Impact de l’intensité polluante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
IV.1.4 Impact de la propension marginale à consommer . . . . . . . . . . . . . 126
IV.1.5 Impact globale sur le niveau d’activité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
IV.2 Les conditions nécéssaires à l’accroisement à la réduction de l’empreinte carbone 127
IV.2.1 L’impact des émissions sur l’empreinte carbone . . . . . . . . . . . . . . 127
IV.2.2 L’impact de la taxe sur l’empreinte carbone . . . . . . . . . . . . . . . . 127
IV.2.3 L’impact de l’intensité polluante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
IV.2.4 L’impact du taux d’inflation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
IV.2.5 Impact globale sur l’empreinte carbone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
D L’existence du double dividende chez Héron et Piluso (2022)
129
IV.1 Impact de la politique climatique sur les agrégats . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
IV.1.1 Impact sur le niveau de production . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
IV.1.2 Impact sur le niveau d’emploi et volume de chômage . . . . . . . . . . . 130
IV.1.3 Impact sur le niveau général des prix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
IV.1.4 Impact sur l’empreinte carbone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
IV.1.5 Le double dividende . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
E Impact des prix des biens de dépollution chez Héron et Piluso (2022)
132
F Analyse de l’efficacité des politiques de relance chez Héron et Piluso (2022)134
IV.1 Politique budgétaire et climatique
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
Table des figures
1
Les différents plans de relance verts en fonction des pays (Source : Jackson (2011))113
2
Schéma du modèle DICE (Source : Schubert (2018)) . . . . . . . . . . . . . . . 114
3
Schéma du modèle de Fontana et Sawyer (2016) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
4
Etudes de l’impact des politiques climatiques sur différents modèles macroéconomiques
(Source : Ouvrard (2015)) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
5
Schéma du modèle Mésange (Source : Klein & Simon (2010))
6
Schéma du modèle Three-Me (Source : Reynes & al. (2011)) . . . . . . . . . . 117
7
Schéma du modèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
.
. . . . . . . . . 116
Introduction générale
Le constat général
La transition énergétique constitue l’un des défis les plus cruciaux pour les générations du
XXIe siècle et celles à venir, car elle vise à repenser notre manière de produire et de consommer
l’énergie, afin de préserver notre planète et de garantir un avenir durable pour les générations
à venir. Nos modes de production et de consommation reposent principalement sur l’utilisation de ressources fossiles, qui représentent plus de 80 % de la production mondiale d’énergie
primaire (Bouchard, 2015) [6]. Cette croissance entraı̂ne des émissions de gaz à effet de serre
responsables du changement climatique, et il est indéniable que nous traversons actuellement
une crise environnementale. Nous observons une augmentation de la température de 1,1 °C
à l’échelle mondiale depuis 1850, et de 2,3 °C en France depuis 1961 (Bourde, 2022) [7]. Les
événements tragiques de l’été 1995 à Chicago ont entraı̂né la mort de 5 379 personnes en raison
de vagues de chaleur extrêmes (Acot, 2006) [1]. En août 2003, la canicule en France a causé près
de 15 000 décès. Environ 70 % des stations météorologiques ont enregistré des températures
dépassant les 35 °C, dont 15 % ont atteint près de 40 °C au cours des deux premières semaines
(Acot, 2006) [1]. D’un point de vue démographique, on estime que 90 % des personnes décédées
avaient plus de 65 ans (Guivarch, 2020) [16]. Comme nous le remarquons, l’augmentation du
niveau des températures a déjà des conséquences destructrices dans le monde. Les inondations
sont également une conséquence du réchauffement climatique. En France, le coût des inondations pourrait dépasser les 50 milliards d’euros cumulés, ce qui représente une dépense de 2
milliards d’euros par an sur la période 2022-2050 (Thourot, 2023) [40]. Le changement climatique aggrave également la pauvreté et entraı̂ne des inégalités. On estime que d’ici 2030, 100
millions de personnes pourraient tomber en dessous du seuil de pauvreté en raison du changement climatique (Guivarch, 2020) [16]. En moyenne, les femmes ont 14 fois plus de risques de
décéder lors d’une catastrophe climatique que les hommes. Dans le cas du tsunami survenu en
Asie du Sud en 2004, près de 80 % des personnes décédées étaient des femmes (Saulnier, 2022)
[36]. Nos économies doivent se préparer à mettre en place les outils nécessaires pour réduire
leur empreinte carbone. Dans le cas contraire, les désastres environnementaux se multiplieront
et deviendront de plus en plus meurtriers pour nos sociétés au cours des décennies à venir.
Le Green New Deal
Les récents travaux sur ces thématiques cherchent à déterminer s’il est possible d’établir des
plans de relance ou d’adapter des politiques appropriées afin de concilier croissance économique
1
et préservation de l’environnement. Lors de la crise des subprimes en 2008, certains économistes
ont vu dans l’environnement une opportunité pour nos économies. Utiliser les problèmes environnementaux pour relancer le niveau d’activité est une idée qui commence à émerger chez
certains keynésiens, c’est ce que l’on appelle le Green New Deal (Jackson, 2011) [19]. En période
de crise, les gouvernements prévoient de s’endetter pour espérer relancer la demande globale
et le niveau de croissance économique. Conscients de cela, les gouvernements savent pertinemment qu’ils devront engager des dépenses à cet effet. Autant le faire de manière intelligente,
en garantissant le bien-être des générations présentes et futures. Le ”Green New Deal ” est
un consensus international entre les décideurs publics visant à lancer un programme de relance verte. Compte tenu de la crise environnementale à laquelle les générations futures seront
confrontées, cela représente une opportunité pour sortir de la crise de 2008, tout comme le plan
de relance le ” New Deal ” l’était pour la crise de 1929. Cette idée de plan de relance verte a été
imaginée par un groupe basé au Royaume-Uni, composé d’organismes non gouvernementaux
et de représentants d’entreprises. Ce groupe suggère que les gouvernements doivent consacrer
des dépenses climatiques, c’est-à-dire des dépenses visant au développement d’une économie
verte. Ces dépenses climatiques gouvernementales sont destinées au secteur de l’énergie et à
la construction d’infrastructures plus respectueuses de l’environnement, c’est-à-dire à faible
intensité carbone. L’objectif est de réduire les coûts de l’énergie afin de redonner du pouvoir
d’achat aux ménages et d’encourager les investissements, tout en favorisant la création d’emplois dans de nouveaux secteurs, tels que les industries environnementales. Tout ce plan de
relance permettrait de stabiliser le changement climatique en réduisant l’empreinte carbone.
Par conséquent, nous pourrions à la fois préserver notre environnement pour les générations
présentes et futures, et relancer le niveau d’activité afin de vivre dans un meilleur cadre de
vie. Selon les concepteurs de ce plan de relance, les dépenses climatiques doivent être menées
sur trois fronts : la préservation des écosystèmes, assurer une protection énergétique et lutter
contre le changement climatique (Jackson, 2011) [19].
L’objectif est de construire un monde à faible empreinte carbone, ce qui constitue un investissement sur les 50 prochaines années selon l’étude. L’AIE (Agence Internationale de l’Énergie)
quant à elle estime le coût à 35 milliards sur la période de 2010 à 2030 (Jackson, 2011) [19].
Deutsche Bank identifie un ”green sweet spot” en effectuant des investissements dans des
bâtiments économes en énergie, les énergies renouvelables et les transports publics verts. Pour
eux, cela est attrayant pour une économie en crise car cela nécessite beaucoup de main-d’œuvre
2
dans ces secteurs, ce qui permet ensuite de faire baisser le taux de chômage. Selon l’université du Massachusetts, il existe six domaines primordiaux dans lesquels les décideurs publics
doivent investir : la modernisation des bâtiments, les transports en commun, les transports ferroviaires et ceux de marchandises, la construction d’éoliennes, l’exploitation de biocarburants
de nouvelle génération, l’exploitation de l’énergie solaire et la création d’un réseau intelligent
(Jackson, 2011) [19]. Cet organisme estime un coût de 100 milliards pour ces six axes sur deux
ans. L’objectif est de créer 2 millions de nouveaux emplois. Si les gouvernements décident de
mener une politique de relance par le biais de la consommation avec le même montant, l’université prévoit 1,7 million de nouveaux emplois, mais cela ne permettrait pas d’assurer le bien-être
des générations futures (Jackson,2011) [19].
Comme le New Deal, on cherche à créer de l’emploi par le biais du secteur public, comme
l’a privilégié Roosevelt (1933). Le plan de relance souhaitait que le soutien au marché financier,
comme ce qui s’est passé en 2008, puisse s’accompagner d’obligations de sorte à ce que l’on
dirige les prêts vers des investissements en faveur de l’environnement. Cependant, différents
pays ont notamment effectué une relance verte durant la crise de 2008, comme nous pouvons le
constater à travers la figure 1 (p.113). On peut remarquer que la région du monde ayant le plus
déployé de fonds pour l’environnement est l’Asie-Pacifique, en y consacrant environ 23,1 % de
ses fonds. En Europe, c’est la France qui a déployé le plus de dépenses publiques vertes, en y
consacrant 21,2 % de ses fonds. Du côté de l’Amérique, ce sont ceux qui ont déboursé le moins,
en y consacrant 11,4 % de leurs fonds pour l’environnement. Dans ces trois régions du monde,
en accumulant l’ensemble de leurs fonds, les dépenses pour l’environnement représentent tout
de même 15,6 %. Des organismes comme l’Institute Grantham, quant à eux, suggèrent que
si les gouvernements consacrent 4 %du PIB pour la relance, 20 % devraient être consacrés
à l’environnement. La commission du développement durable, quant à elle, privilégie 50 %
pour un plan de relance de 4 %. Il est donc impératif que, pour relancer la croissance tout en
préservant l’état de l’environnement, des plans de relance soient déployés de manière aussi verte
que possible. Les investissements sont l’un des éléments les plus productifs pour la transition
énergétique, ils doivent donc être menés de manière efficace. Des investissements qui ne sont pas
axés sur l’environnement auront certes des conséquences bénéfiques pour le niveau d’activité,
mais pas pour assurer une croissance durable. Si les gouvernements dirigent les investissements
en faveur de la création de routes, la demande d’emploi augmentera, réduisant le taux de
chômage tout en relançant le niveau d’activité, mais cela n’assurera pas une croissance verte.
3
Les propositions de la théorie économique
C’est aux alentours des années 60 que la théorie économique commence peu à peu à
prendre conscience des questions environnementales. Il apparaı̂t que le changement climatique
représente une nouvelle perspective de croissance pour nos économies. En temps normal, en
cas de crise, les gouvernements établissent des plans de relance. Par exemple, afin de sortir
de la crise de 2008, les gouvernements devaient relancer la demande globale. Une baisse de
celle-ci entraı̂ne une diminution de la production, et donc une perte de bénéfices pour les entreprises. Par conséquent, les entreprises se voient dans l’obligation de licencier des employés pour
compenser les pertes liées au ralentissement de la demande. Face à cette vague de chômage,
traditionnellement, il existe trois options que les décideurs publics peuvent envisager : laisser les
marchés opérer les ajustements nécessaires pour résorber les déséquilibres économiques, mener
une relance par la politique budgétaire ou mettre en œuvre une politique monétaire adaptée
aux entreprises ou encore aux ménages.
La première s’inscrit dans le comportement de ”laisser faire”. En effet, l’augmentation
du taux de chômage entraı̂ne une baisse des salaires, puisque le pouvoir de négociation des
salariés diminue en raison de l’augmentation de la main-d’œuvre disponible dans l’économie.
Les entreprises peuvent plus facilement remplacer un salarié et les rémunérer légèrement audessus de leur salaire de réserve 1 . Étant donné que les salaires baissent, on assiste à une
baisse des prix des entreprises, puisque le travail fait partie des composantes de leurs coûts de
production. La baisse des prix provoque à son tour un renforcement du pouvoir d’achat des
ménages et relance la consommation. Ainsi, le niveau de production augmente pour satisfaire
cette demande.
La deuxième consiste à intervenir sur le marché des biens et services, en redonnant du
pouvoir d’achat aux ménages, ou en permettant aux entreprises de conquérir de nouvelles
parts de marché. Les décideurs publics relancent la demande globale en allégeant les charges
des ménages, c’est-à-dire en diminuant les impôts qu’ils supportent, ou en augmentant le niveau
des dépenses publiques pour les entreprises. Cet effet a pour conséquence d’augmenter le revenu
disponible des ménages, leur permettant d’augmenter leur pouvoir d’achat et, par conséquent,
leur consommation. En menant ce type de politique, les gouvernements ne contrôlent pas la
trajectoire des futures dépenses de ces agents dans l’économie. De plus, les pays pratiquant
1. Ce phénomène est décrit en détail dans notre travail lors de la présentation du modèle d’offre et de demande
globale, qui décrit l’interaction entre le marché des biens et services, la monnaie et le travail
4
cette politique vont s’endetter, notamment les pays où la dette publique pose un problème
majeur, comme la France. En effet, la France détient une dette atteignant 2901,8 milliards du
PIB (Produit Intérieur Brut) à la fin du trimestre 2022, soit 114,5 % du niveau d’activité 2 .
La dernière consiste à intervenir en contrôlant leur offre de monnaie. Les banques augmentent leur offre de monnaie, ce qui crée un déséquilibre entre l’offre de monnaie et la demande. Ce déséquilibre entraı̂ne une baisse des taux d’intérêt, ce qui réduit le coût de l’emprunt
pour les entreprises. Ainsi, les entreprises contractent de nouveaux prêts auprès des banques
pour pouvoir investir, puis elles consomment par la suite auprès d’autres entreprises, ce qui
accroı̂t la demande globale et donc le niveau de production. Étant donné que le coût de l’emprunt est plus faible, les ménages constatent une réduction de leurs dettes, ce qui augmente
leur pouvoir d’achat et stimule leur consommation, contribuant à une augmentation du niveau
d’activité. Par conséquent, la demande de monnaie augmente et le déséquilibre monétaire est
résorbé.
Mener de telles politiques pour lutter contre le changement climatique se révèle inefficace,
dans la mesure où celles-ci sont établies de sorte à réguler l’activité économique et non l’état
de l’environnement. En établissant de telles mesures, on remarque très vite que concilier le
niveau de croissance avec l’environnement est contradictoire, on en arrive même à parler d’un
arrêt total de la croissance, comme évoqué lors du rapport du Club de Rome en 1972. Les
gouvernements doivent construire d’autres politiques de manière à ce qu’elles permettent de
réguler l’activité économique au profit de l’état de l’environnement. Il est impératif pour les
économistes d’établir de nouvelles politiques et de mesurer leur efficacité au niveau du système
économique et écologique.
Les économistes ont élaborés des modèles microéconomiques et macroéconomiques de plus
en plus sophistiqués pour évaluer l’impact des politiques sur l’économie. En prenant peu à
peu conscience des défis climatiques à relever, l’introduction de l’environnement dans l’analyse économique commence à émerger. Pour aborder les problèmes environnementaux dans les
modèles économiques, plusieurs thématiques ont vu le jour. Les plus connues à ce jour sont
l’exploitation des ressources naturelles, la limitation des externalités et la gestion des biens
communs. Ces thématiques sont davantage traitées dans la branche de la microéconomie ou
encore de l’économie comportementale (Landa, 2017) [23]. En ce qui concerne les questions
climatiques, la branche de l’économie la plus apte à les traiter est la macroéconomie. Mal2. Source : Insee.fr
5
heureusement, peu de modèles macroéconomiques environnementaux abordent ces problèmes,
comme le souligne Daly (1991) [10]. Au sein des économistes, naissent alors deux écoles de
pensée : celle des économistes de l’environnement et celle des économistes écologiques (Vivien,
2017) [41].
Les économistes de l’environnement considèrent l’environnement comme une ressource rare,
comme un objet économique. Les théoriciens de cette idée de pensée se basent sur la théorie
néoclassique, qui repose elle-même sur l’économie du bien-être ou publique. En d’autres termes,
cette branche de l’économie repose notamment sur une analyse microéconomique. Ces économistes
revendiquent les bienfaits du fonctionnement des marchés. En effet, pour ces économistes, le
mécanisme des prix suffit à refléter la rareté des ressources exploitées par les agents économiques.
Si les entreprises exploitent une ressource et que celle-ci s’épuise, il devient plus coûteux pour
les entreprises d’extraire cette ressource. Ce supplément de coût se fait ressentir sur les marchés,
puisque cet effet se répercute sur le niveau des prix. Ce phénomène peut s’apparenter à la règle
de Hotelling (1931) [18]. À mesure que l’extraction d’une ressource arrive à sa fin, la demande
a tendance à décroı̂tre à mesure que le niveau de leurs prix augmente.
Les économistes écologiques considèrent que, la sphère environnementale ne doit pas être
considérée comme un objet économique comme un autre. La question de l’environnement ne
doit pas être traitée comme les autres domaines de l’économie tels que le travail, les biens
publics ou encore la croissance. Le but de cette idée de pensée est de constituer une croissance
économique écologique, c’est-à-dire de créer une nouvelle discipline qui fusionne à la fois les
éléments conceptuels de l’économie et de l’écologie. On cherche alors à établir des contraintes
et des objectifs environnementaux à atteindre. À la différence des économistes de l’environnement qui vont plutôt considérer l’approche de l’environnement comme une logique marchande
intégrée dans la logique du système économique, les économistes écologiques vont plutôt privilégier la macroéconomie pour traiter de ces questions environnementales.
La macroéconomie a pour objectif d’analyser comment circulent les richesses au sein du
système économique. L’idée est d’étendre ce cadre d’analyse en prenant en compte les concepts
écologiques. Les systèmes économique et écologique interagissent simultanément. L’économie
exploite des ressources énergétiques pour vendre des biens et services sur le marché, ce dernier
générant lui-même des déséquilibres environnementaux. Les économistes écologiques cherchent
donc à savoir quel niveau la croissance peut être soutenable pour la préservation de l’environnement et s’il est même possible de concilier ces deux approches. Nous pouvons alors nous deman-
6
der comment les politiques climatiques peuvent concilier à la fois la croissance économique et
la préservation de l’environnement, autrement dit, est-ce que le double dividende est possible ?
Pour répondre à cette problématique, dans un premier temps, nous allons analyser comment
la littérature économique théorique et empirique permet d’intégrer l’environnement dans son
analyse. Dans un second temps, nous analyserons un modèle relativement récent qui étudie
l’impact des politiques climatiques sur l’équilibre macroéconomique et les conclusions qui en
découlent. En troisième lieu, nous analyserons des modèles qui mettent en évidence l’existence
d’un double dividende en retenant certaines hypothèses. En dernière partie, nous construirons
un modèle à partir de ceux que nous avons présentés afin de prendre en considération au
maximum les critiques des différents auteurs qui traitent de ces questions.
7
Première partie
Intégrer l’environnement dans
l’analyse macroéconomique
La prise en compte de l’environnement dans les modèles macroéconomiques est relativement récente dans la littérature économique. Au niveau théorique, les modèles intègrent une
dimension environnementale, mais ils ne prennent généralement pas en compte les politiques
spécifiquement dédiées à l’environnement, telles que les politiques climatiques. Les économistes
ont principalement contribué à la construction de modèles empiriques, tels que les modèles
macroéconométriques ou les modèles d’équilibre général calculable, afin de guider les décideurs
publics. Ces modèles permettent d’analyser l’impact des politiques climatiques sur l’équilibre
macroéconomique et visent à orienter les politiques climatiques des gouvernements. L’objectif de cette section est d’examiner les travaux réalisés dans la littérature économique dans ce
domaine et de voir comment les modèles empiriques étudient progressivement l’impact des
politiques environnementales sur l’ensemble de l’économie.
I.1
L’environnement dans les modèles théoriques et empiriques
À travers cette section, nous présentons une liste non exhaustive de modèles issus de
l’économie écologique. D’un côté, il y a les modèles théoriques qui prennent en compte l’état
de l’environnement et étudient l’impact des dégâts environnementaux sur l’économie, ainsi que
des modèles qui examinent comment l’économie influence le système écologique lorsque les
gouvernements n’introduisent pas de politiques climatiques. De l’autre côté, il y a des modèles
empiriques récents qui étudient l’impact de la transition énergétique sur les différents agrégats
économiques, ainsi que les conclusions que l’on peut tirer de la politique climatique et du double
dividende.
I.1.1
Les modèles keynésiens de l’économie écologique
Dans la littérature, il existe quelques modèles macroéconomiques théoriques prenant en
compte la préservation de l’environnement, mis à part les modèles empiriques tels que les IAM
(Integrated Assessment Models) ou les DSGE (Dynamic Stochastic General Equilibrium) [38]
[23] . Lors de notre travail visant à répondre à la question ”Comment le modèle IS-LM peut-il
garantir l’équilibre macroéconomique environnemental ?”, nous avons présenté le modèle ISLM-EE (2000) proposé par Heyes (2000) et ses différentes extensions.
Généralement, ces modèles n’intègrent pas de politiques climatiques. Ils tentent plutôt
d’analyser comment la croissance économique interagit avec le climat. D’un côté, ils exa-
9
minent les effets d’un arrêt de la croissance, et de l’autre, les conséquences qu’elle engendre
si sa pérennité est assurée. Nous présenterons brièvement le modèle ainsi qu’un autre modèle
théorique souvent mentionné dans la littérature, le modèle de Fontana et Sawyer (2016) [13].
Le modèle IS-LM-EE
Il existe un modèle théorique reprenant l’analyse macroéconomique keynésienne traditionnelle intégrant la préservation de l’environnement, le modèle IS-LM-EE. Ce modèle a été établi
par Heyes dans les années 2000, et il permet de mettre en relation l’équilibre macroéconomique
et l’équilibre environnemental. Grâce à ce modèle, nous pouvons analyser quels sont les outils
politiques que les gouvernements ont à disposition pour réguler la surexploitation des ressources
naturelles ou réduire l’empreinte carbone de l’économie.
Dans ce modèle, la courbe EE (Equilibrium Environment) se positionne sur le diagramme
IS-LM. En effet, Heyes (2000) prend en considération le taux d’intérêt comme élément clé
pour la résolution de ce modèle. La contrainte environnementale, modélisée par Heyes (2000),
met en relation le niveau du taux d’intérêt avec l’exploitation des ressources naturelles ou
le réchauffement climatique, en fonction du problème environnemental considéré. Ainsi, une
fonction d’intensité polluante de la production est établie, dépendant directement du niveau
du taux d’intérêt. Lorsque les entreprises produisent, elles utilisent à la fois du capital naturel
et du capital physique. Les entreprises ont tendance à utiliser davantage de capital physique
lorsque le taux d’intérêt est faible, car le coût de l’emprunt est moins élevé, ce qui favorise les
investissements. Dans ce cas, les entreprises réduisent l’exploitation du capital naturel pour produire. En revanche, si le coût de l’emprunt est élevé, les entreprises se tournent davantage vers
le capital naturel, ce qui entraı̂ne une augmentation de l’intensité polluante. Cet effet indique
que la relation entre le capital naturel et le capital physique est substituable. Ainsi, la politique
monétaire joue un rôle essentiel pour assurer l’équilibre macroéconomique environnemental.
Lorsque l’économie surexploite les ressources naturelles, le modèle se trouve en déséquilibre.
Pour résorber ce déséquilibre, les autorités publiques disposent de la politique budgétaire ou
monétaire. En réduisant les dépenses publiques injectées dans le marché des biens et services, la
demande diminue, permettant ainsi de rétablir l’équilibre macroéconomique environnemental. Il
est également possible de mener une politique monétaire visant à réduire les taux d’intérêt, afin
que le coût de l’emprunt soit moins élevé, incitant ainsi les entreprises à utiliser davantage de
capital physique. De cette manière, il est possible de résorber le déséquilibre macroéconomique
10
environnemental.
Les politiques de contraction dans ce modèle sont des outils politiques indispensables pour
permettre le respect de l’état de l’environnement. Une des critiques de ce modèle concerne
la légitimité de ces politiques pour résoudre les déséquilibres environnementaux. Par exemple,
Lawn (2003) [26] considère que ces politiques sont très compliquées à mettre en œuvre, car il est
difficile pour les autorités publiques de connaı̂tre parfaitement la contrainte environnementale.
Autrement dit, il est difficile de déterminer l’intensité de la politique budgétaire ou monétaire
à mettre en œuvre afin de résorber les déséquilibres environnementaux. D’autres extensions
de ce modèle ont vu le jour, telles que le modèle de Lawn (2003), Sim (2006) [39] ou encore
Decker (2012) [11]. Ces extensions remettent notamment en cause l’hypothèse de substituabilité
entre le capital naturel et le capital physique, ainsi que le manque d’informations auquel les
gouvernements sont confrontés pour mettre en place des politiques de contraction efficaces afin
de résorber les déséquilibres.
Ce modèle théorique est né de l’article précurseur de Daly (1991) [10], qui déplore le fait
que les modèles macroéconomiques actuels n’intègrent pas les problèmes environnementaux
dans leur analyse. Du point de vue pédagogique, ce modèle constitue une base assez simple
pour mettre en évidence la dégradation environnementale à travers les différents agrégats macroéconomiques. De plus, il est important de souligner que la politique climatique n’est pas
du tout abordée dans ce modèle, ce qui peut poser problème étant donné que les gouvernements disposent aujourd’hui d’outils climatiques tels que la taxe environnementale ou encore
un marché de permis d’émissions.
Le modèle de Fontana et Sawyer
En 2016, Fontana et Sawyer ont développé un modèle macroéconomique environnemental. Selon Lange (2018) [24], le modèle présenté par Fontana et Sawyer (2016) [13] est l’un
des modèles macroéconomiques environnementaux keynésiens les plus sophistiqués. À travers
ce modèle, Fontana et Sawyer (2016) [13] décrivent d’abord de manière générale le circuit
monétaire d’une économie. Ce circuit monétaire peut être représenté par la figure 3 (p.115).
Parmi ce circuit monétaire, on peut distinguer cinq phases. La première consiste à décrire
comment les entreprises s’endettent auprès des banques pour financer leur processus de production afin de satisfaire le niveau de la demande. Ensuite, cet emprunt sert à se procurer les
facteurs de production nécessaires à cette production. Un salaire est redistribué aux salariés
11
pour rémunérer leur force de travail, et les ménages ont alors deux choix à leur disposition. Ils
peuvent épargner auprès des banques ou placer cet argent sous forme de titres financiers. Mais
ils peuvent également se rendre sur le marché des biens et services pour pouvoir consommer, à
travers ces mêmes entreprises qui ont contracté leurs prêts. Cet argent est alors redistribué au
sein des banques auxquelles les entreprises ont contracté une dette.
Ensuite, Fontana et Sawyer (2016) établissent mathématiquement différents taux de croissance. Pour cela, ils construisent au préalable une fonction d’investissement. Cette fonction
permet de mettre en relation les capacités actuelles des entreprises à produire avec celles souhaitées, qui dépendent elles-mêmes du niveau de production qu’elles parviennent à atteindre
par rapport à celui souhaité par la demande. Cependant, étant donné que les investissements
réalisés par les entreprises déterminent les crédits accordés par les banques, l’ensemble des investissements que les entreprises souhaitent déployer ne peuvent pas être réalisés intégralement.
Ainsi, il est possible de lier le taux de croissance économique au taux de croissance de l’accumulation du capital, au niveau d’investissement souhaité et aux crédits bancaires.
Dans un dernier temps, Fontana et Sawyer (2016) construisent une fonction d’offre et de
demande de travail à partir des taux de croissance du niveau d’activité et du changement
technologique, ce qui permet de mettre en relation le niveau de la demande et de l’offre globale.
En effectuant cela, ce modèle repose sur un axiome qui établit une relation d’interdépendance
entre la demande et l’offre globale. Cet axiome met en évidence le rôle déterminant de la
demande dans l’intensité de l’exploitation des ressources naturelles, notamment au fil du temps.
Fontana et Sawyer (2016) soulignent bien que, à long terme, contrairement aux keynésiens
et aux néoclassiques, le niveau de l’offre n’est pas seulement déterminé par les facteurs de
production tels que le capital, la main-d’œuvre ou encore le progrès technique.
À travers ce modèle, on conserve l’aspect théorique d’une croissance économique tirée par le
niveau de la demande, mais elle peut être freinée par le niveau de l’offre, qui dépend évidemment
du niveau d’emploi. On intègre par la suite le capital naturel, en supposant que le niveau de
la demande dans cette économie est supérieur à celui qui permet d’assurer l’équilibre environnemental. Ce capital naturel est exploité par les entreprises à travers la mise en œuvre
du processus de production, comme on peut le retrouver dans le modèle de Heyes (2000). Ce
capital naturel permet de répondre à quatre principaux besoins de l’économie. D’une part, il
fournit les ressources nécessaires pour alimenter le système de production. Il permet l’absorption des déchets découlant du système de production. Il fournit les besoins vitaux nécessaires
12
au développement de la vie de la société et de la biodiversité. Enfin, il assure les différents
services d’agrément.
Par ailleurs, dans ce modèle, on intègre le progrès technique. Comme traditionnellement
dans les modèles, on suppose que la surexploitation des ressources naturelles dépend directement du niveau d’activité, de celui accumulé précédemment au fil du temps, et du niveau
de déploiement de la recherche et développement (R&D). Plus l’économie mène des activités
de R&D, plus elle fournit l’innovation nécessaire pour que les acteurs économiques adoptent
des méthodes de production et de consommation plus propres. À l’inverse de Heyes (2000),
Fontana et Sawyer (2016) supposent alors qu’il existe une relation de complémentarité entre
les différents capitaux nécessaires à la production et le capital naturel. Cependant, il est difficile de mesurer si l’impact de la croissance économique a un effet positif ou négatif sur le
taux d’épuisement des ressources. En effet, le niveau d’activité permet d’augmenter le niveau
de R&D, ce qui contribue à faire décroı̂tre ce taux, mais en parallèle, le niveau de production
augmente, ce qui accroı̂t le taux. Il est donc difficile de savoir si la croissance économique a un
impact globalement positif ou non sur ce taux.
Comme le souligne Lange (2018), il est difficile, à travers ce modèle, d’évaluer si une
cessation de la croissance aurait des conséquences globalement positives sur l’ensemble de
l’économie. Ces différents modèles théoriques, qui ne prennent pas en compte les politiques
climatiques, ne permettent pas de répondre à la question de savoir s’il est possible de concilier
croissance économique et préservation de l’environnement. À travers ces modèles, on ne peut
donc pas répondre à la question de savoir s’il est possible de concilier croissance économique
et préservation de l’environnement.
Conclusion
Les modèles théoriques que nous avons présentés ne permettent pas de savoir s’il est
possible de concilier croissance économique et préservation de l’environnement. Ces modèles
évaluent simplement l’impact potentiel d’une croissance nulle sur l’état de l’environnement.
Ils ne prennent pas en considération les politiques climatiques et les effets potentiels que ces
dernières peuvent avoir à la fois sur le niveau d’activité et l’état de l’environnement. Par la
suite, nous allons analyser comment les modèles macroéconomiques empiriques peuvent évaluer
l’impact des politiques climatiques sur l’ensemble des agrégats macroéconomiques et quels sont
les modèles théoriques qui permettent d’analyser l’existence d’un double dividende.
13
I.1.2
Les modèles empiriques
Pour évaluer les catastrophes climatiques sur l’ensemble de l’économie, des modèles macroéconomiques empiriques ont été construits. Le modèle le plus célèbre dans ce domaine est
celui développé par Nordhaus (2018), qui permet de mesurer l’impact du réchauffement climatique au niveau macroéconomique. Dans une autre perspective, des modèles d’équilibre général
calculable ont été élaborés, basés sur la théorie de Walras (1874) [22] développée par Arrow
et Debreu (1954) [22]. Ces modèles visent à évaluer l’impact climatique sur différents secteurs
de production, notamment en mesurant les effets des politiques climatiques sur les agrégats
macroéconomiques.
L’économie de l’environnement : le modèle DICE
Le modèle Dynamic Integrated model of Climate and the Economy (DICE) est le premier modèle macroéconomique intégrant une composante environnementale. Ce modèle a été
construit par William D. Nordhaus, lauréat du 50e prix Nobel en 2018 pour avoir intégré
le changement climatique dans l’analyse macroéconomique à long terme. DICE est le premier
modèle Integrated Assessment Model (IAM) [37]. Les modèles IAM sont des modèles complexes
qui intègrent simultanément un modèle économique et technique en prenant en compte l’optimisation intertemporelle. Le modèle DICE prend donc en compte simultanément un modèle
macroéconomique et climatique.
Du côté du modèle macroéconomique, une relation est établie entre le niveau de croissance et
le niveau des émissions qu’elle génère au cours du processus. Une fonction de coût d’abattement
est construite pour décrire les coûts associés à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Du côté climatique, une relation est établie entre les émissions générées par la croissance et
l’augmentation de la température dans l’atmosphère, qui est associée à des dommages en termes
de croissance.
Dans ce modèle, on associe à chaque individu présent dans cette économie une fonction
d’utilité intertemporelle que l’on maximise traditionnellement, comme dans les modèles microéconomiques. On intègre une taxe carbone optimale qui permet ensuite de déterminer le
coût social du carbone. Le coût social du carbone se définit comme l’impact d’une réduction
d’une tonne d’émissions de CO2 sur la valeur monétaire à l’horizon présent. C’est grâce à ce
coût qu’il est possible d’orienter la politique climatique, car il permet de déterminer le niveau
de réduction d’activité à effectuer.
14
Nous avons donc un modèle économique qui permet de mesurer le bien-être des individus
à travers les différents agrégats macroéconomiques. Ce bien-être engendre une dégradation de
l’environnement par l’augmentation du niveau des émissions dues au processus de production
et de consommation. En établissant un modèle climatique, autrement dit un modèle du cycle
du carbone, nous étudions la captation atmosphérique de ces émissions. Par la construction
d’un modèle de température, nous étudions comment la température varie dans l’atmosphère
et comment le réchauffement climatique se forme. La construction d’une fonction de dommage
permet de rendre compte des conséquences de ce réchauffement sur le modèle économique et
donc sur le bien-être de la société. Cela peut être représenté à travers la figure 2 (p.114).
Lorsque chacun des modèles est construit, suit l’étape de la calibration. À travers celleci, il est possible d’établir différents scénarios selon que les gouvernements mettent en place
une politique climatique pour réduire l’empreinte carbone ou non. Grâce à ce modèle, il est
donc possible de prévoir l’augmentation du niveau des températures selon les conditions macroéconomiques que l’on retient, notamment le taux de préférence pur pour le présent et le
niveau de taxe. On en déduit ensuite le coût social du carbone selon les différents scénarios
possibles, permettant d’orienter la politique climatique des décideurs publics.
Cependant, ce modèle a fait l’objet de vives critiques concernant sa conceptualisation et
sa calibration, par des auteurs comme Pindyck (2017) [32]. La principale critique concerne
notamment le scénario optimal, dans la mesure où ce dernier laisse envisager que l’ampleur
de la politique climatique n’a pas forcément besoin d’être ambitieuse pour éviter un désastre
climatique. Ce résultat entre alors en contradiction même avec les travaux scientifiques menés
par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) en 2014. Ce
modèle est néanmoins incontestablement une source de compréhension supplémentaire dans
l’analyse macroéconomique environnementale, malgré les différentes critiques auxquelles il est
soumis.
Les modèles d’équilibre général calculable
Les modèles d’équilibre général calculable proposent une approche différente de celle des
modèles IAM (Integrated Assessment Models). En effet, les IAM visent principalement à optimiser les choix intertemporels, tandis que les modèles d’équilibre général calculable cherchent
à étudier l’impact des politiques climatiques sur l’ensemble de l’économie. Les fondements
théoriques de ces modèles ont suscité des débats parmi les économistes, car deux écoles de
15
pensée s’opposent.
D’un côté, nous trouvons les néoclassiques qui supposent une parfaite flexibilité des prix, ce
qui signifie qu’il n’y a pas de rigidité sur le marché du travail, et que l’économie est en situation
de plein emploi en fonction des facteurs de production. Les résultats de ces modèles concluent
généralement à des effets négatifs de la politique climatique sur la conjoncture. En d’autres
termes, il est difficile de concilier croissance économique et préservation de l’environnement en
adoptant les hypothèses néoclassiques.
D’un autre côté, nous avons les néo-keynésiens qui intègrent des délais d’ajustement plus
importants, par exemple entre les niveaux des salaires et des prix. Il existe également des
modèles qui combinent les deux écoles de pensée, tels que le modèle FIDELIO développé par
Kratena et al. (2013) [23] [38]. Les hypothèses théoriques néo-keynésiennes concluent qu’il est
possible de concilier croissance économique et préservation de l’environnement. Ainsi, il n’y
a pas de consensus théorique parmi les économistes, ce qui pose un véritable problème étant
donné que les résultats obtenus diffèrent selon la théorie adoptée.
Comme le souligne Landa Rivera et al. (2017) [23], il semble plus pertinent d’intégrer
la sphère environnementale dans des modèles néo-keynésiens plutôt que dans des modèles
néoclassiques. Dans le cadre keynésien, qui suppose la présence de rigidités sur le marché,
il est possible de prendre en compte des éléments tels que le chômage et le niveau général des
prix. Ainsi, ces modèles permettent d’étudier simultanément l’impact de différentes politiques,
qu’elles soient budgétaires, monétaires, fiscales ou climatiques.
Les principales critiques de ces modèles résident dans les désaccords entre néoclassiques et
néo-keynésiens, ainsi que dans leur complexité. En effet, ces modèles sont de grande envergure,
ce qui peut poser des problèmes de justification de la calibration de certains paramètres. Bien
que la littérature macroéconomique n’intègre pas immédiatement la dimension environnementale, il existe néanmoins des modèles empiriques qui peuvent nous donner des indications sur
les résultats et les conséquences climatiques sur l’économie. Cependant, certains économistes
émettent des critiques à l’égard de ces modèles, comme Pindyck (2017) [32] [37].
Conclusion
Nous disposons de modèles empiriques qui nous permettent d’évaluer l’impact du climat sur
l’économie dans son ensemble. Selon les modèles choisis pour évaluer ces impacts, il est possible
de mesurer de manière empirique l’impact possible du climat sur l’économie, et inversement.
16
Par la suite, il est également possible d’intégrer des politiques climatiques dans ces modèles
afin d’évaluer leur impact sur les différents agrégats économiques, ce qui permet d’orienter les
décisions politiques des gouvernements. C’est ce que nous examinerons dans la seconde partie.
I.2
Le double dividende : concilier croissance et préservation
de l’environnement
Le double dividende se définit comme la capacité d’une politique climatique à entraı̂ner à
la fois une amélioration de la croissance économique et la préservation de l’état de l’environnement (Freire-González, 2018) [14]. Cette hypothèse a conduit à l’incorporation des politiques
climatiques dans des modèles empiriques pour évaluer leur impact sur l’ensemble de l’économie.
Nous allons constater que selon les modèles sélectionnés, les prévisions peuvent indiquer soit
l’existence, soit l’absence du double dividende.
I.2.1
La politique environnementale : source de déséquilibre macroéconomique
La mise en œuvre de politiques environnementales est essentielle pour réduire la dégradation
environnementale au sein de la société. Cependant, ces politiques peuvent également engendrer des déséquilibres macroéconomiques. En l’absence de telles mesures, il est déjà difficile de
prévoir avec précision la trajectoire des différentes variables économiques et, par conséquent,
d’atteindre l’équilibre macroéconomique. De plus, les résultats divergent selon les modèles utilisés par les économistes. Les débats entre les théories keynésiennes et classiques sont incessants
lorsqu’il s’agit d’évaluer les impacts macroéconomiques, et encore davantage lorsqu’on souhaite
intégrer les conséquences environnementales. La difficulté réside donc dans la question de savoir s’il existe un ”double dividende” lors de l’intégration de politiques climatiques dans les
modèles, c’est-à-dire s’il est possible de concilier croissance économique et préservation de l’environnement.
Cependant, avant de modéliser les effets potentiels des outils climatiques sur l’économie,
certaines conditions doivent être prises en compte. Tout d’abord, il est nécessaire d’établir un
scénario de référence, c’est-à-dire les prévisions macroéconomiques qui auraient été réalisées en
l’absence de ces politiques climatiques. En étudiant ces scénarios, il est possible de les comparer
et de guider les décisions des responsables politiques. Comme le souligne Ouvrard (2015) [27],
ces scénarios de référence jouent un rôle fondamental, car selon le scénario choisi, l’orientation
17
de la politique publique climatique sera d’autant plus ambitieuse ou non. Il est également
important de déterminer les conditions initiales de l’économie pour prouver l’existence d’un
double dividende. Est-ce que l’économie se trouve initialement en situation de chômage massif ?
Est-elle fragile en raison de sa situation géopolitique ? Est-ce un pays en voie de développement ?
Repose-t-elle sur des méthodes de production et de consommation polluantes ? Toutes ces
questions doivent être prises en compte, car elles sont indéniablement importantes.
En mettant en place une taxe carbone, par exemple, il est possible d’orienter les choix
des entreprises et des consommateurs vers des méthodes de production et de consommation
plus respectueuses de l’environnement. Cependant, cette politique n’est pas sans conséquence,
car elle entraı̂ne des coûts de production plus élevés, une perte de compétitivité, une augmentation générale des prix, une diminution du pouvoir d’achat des ménages, etc. Bien que la
politique climatique génère des recettes supplémentaires pour les gouvernements, qu’ils peuvent
réinjecter par la suite dans l’économie pour générer d’éventuels gains macroéconomiques, elle
peut également avoir des effets destructeurs sur l’offre et la demande, entraı̂nant ainsi d’importants coûts macroéconomiques. La politique environnementale engendre-t-elle donc davantage
de gains ou de coûts pour l’ensemble de l’économie ?
L’horizon temporel est également un facteur important dans l’analyse. En effet, si nous
adoptons la perspective néo-keynésienne, il est clair qu’à court terme, il est possible d’établir
des analyses où la politique environnementale génère un double dividende, dans la mesure
où l’on peut constater des gains de demande lorsque les gouvernements mettent en place des
politiques climatiques. En revanche, si nous nous projetons sur un horizon plus lointain, il
est préférable d’effectuer l’analyse à l’aide d’un modèle néoclassique, car ces derniers sont
notamment plus efficaces pour rendre compte des équilibres macroéconomiques à long terme.
Le progrès technologique est également un paramètre essentiel à prendre en compte. En effet,
il joue un rôle important dans les gains de productivité et donc dans la croissance économique.
De plus, le progrès technologique permet de fournir les technologies nécessaires aux entreprises
pour adopter des méthodes de production à faible intensité carbone, ce qui peut influencer l’ampleur de la politique climatique. La difficulté réside dans le fait de déterminer si le progrès technologique affecte l’ensemble des technologies ou seulement certaines technologies spécifiques.
Des hypothèses doivent être retenues, ce qui peut rendre la modélisation complexe.
La prise en compte de l’environnement extérieur est un facteur à ne pas négliger. Lorsqu’un
pays met en œuvre une politique climatique, il est important de considérer son impact sur la
18
croissance au niveau national, mais également au niveau international. Si ce pays fait partie
des grandes puissances économiques mondiales, comme les États-Unis, on peut s’attendre à ce
que cette politique climatique ait des répercussions mondiales en fonction de son intensité. Les
conséquences sur la croissance et l’emploi ne seront pas les mêmes selon que l’on se trouve dans
une économie en autarcie ou dans une économie ouverte.
Pour analyser l’impact de la politique climatique sur l’équilibre macroéconomique, il est
indispensable de prendre en considération les principaux marchés de l’économie, tels que le
marché du travail, le marché des biens et services, et le marché monétaire. Un modèle qui
intègre l’offre et la demande globale semble plus pertinent pour tenir compte de la sphère
environnementale que celui qui se limite à deux marchés, comme le modèle IS-LM. Néanmoins,
il est intéressant d’examiner les effets de ces politiques sur de petits modèles pour comprendre
la difficulté qu’éprouve le modélisateur à étendre ces effets à des modèles plus sophistiqués.
I.2.2
Les résultats empiriques des modèles macroéconomiques
On remarque que selon le modèle, l’impact des politiques climatiques sur l’équilibre macroéconomique ne fait pas consensus. Comme le montre la figure 4 (p.116), les estimations de
l’impact des politiques climatiques sur le niveau de croissance et l’emploi varient en fonction
du modèle utilisé. Une taxe environnementale a été introduite pour atteindre une réduction
des émissions de 75% d’ici 2050 par rapport à 1990 (Ouvrard, 2015).
Le modèle Mésange
Le modèle Mesange (Klein & Simon, 2010) [21] est un modèle d’offre et de demande globale
en économie ouverte. Il se caractérise par un horizon temporel de long terme et comprend
plus de 500 équations. Il est issu de l’école de pensée néo-keynésienne. La figure 5 (p.116)
illustre la manière dont ce modèle représente la boucle prix-salaires. Dans ce modèle, plusieurs
facteurs déterminent le niveau des salaires. Tout d’abord, la fiscalité joue un rôle important
car elle influence le prix de la consommation. Ce prix de la consommation est lié au prix de
la demande, qui dépend à son tour du prix de la production destinée au marché intérieur. Ce
marché intérieur est influencé par le prix de la production et le prix des exportations. Par
ailleurs, le prix des importations dépend directement du prix du pétrole et des prix étrangers.
Ainsi, le prix des ressources importées contribue à la formation du prix de la demande. En
résumé, il y a trois grands blocs qui déterminent le niveau des salaires : la fiscalité, le prix des
19
ressources importées et le prix de la production destinée au marché intérieur. De plus, le niveau
des salaires est influencé par le prix de la production, qui est déterminé par le coût du capital
et du travail.
L’introduction d’une taxe environnementale dans le modèle a un impact sur le prix de
la demande en fonction de l’agent économique qui supporte cette taxe. Généralement, les
entreprises supportent cette taxe. D’après le schéma, la politique climatique affecte le prix
de la production, car la taxe se répercute sur l’ensemble des prix de production. Cela influence
à son tour le prix du marché intérieur, ainsi que les prix des exportations et des importations.
Par conséquent, cela se reflète sur le prix des ressources importées et influence également le
prix de la demande, ce qui a un impact sur le niveau des salaires. C’est ainsi que se forme la
boucle prix-salaires.
Comme le montrent les résultats de l’étude d’Ouvrard (2015), l’impact de la politique
climatique varie en fonction de son ambition. Selon cette étude, l’impact peut se situer entre
-0.5%et +1.2% du PIB, avec un impact net sur l’emploi variant entre -78 000 et +168 000
emplois. Il est important de noter que l’impact sur le niveau de croissance reste relativement
faible, quelle que soit l’intensité de la politique climatique. En ce qui concerne l’emploi, il est
plus complexe d’établir un diagnostic précis. En effet, la politique environnementale peut être
à la fois une source d’aggravation du volume d’emploi ou au contraire un moteur de création
d’emplois. Cependant, il est clair qu’une politique climatique visant à réduire les émissions de
75% représente un coût macroéconomique relativement faible par rapport aux conséquences
d’un désastre écologique si aucune action n’était entreprise. Il est donc essentiel de prendre en
compte ces résultats et de mettre en place des politiques climatiques ambitieuses pour prévenir
les impacts néfastes sur l’environnement, tout en tenant compte des conséquences économiques
et de l’emploi.
Le modèle Three-Me
Le modèle ”Three-Me” (Reynes et al., 2011) est similaire au modèle ”Mésange” dans la
mesure où il s’agit d’un modèle d’offre et de demande globale en économie ouverte. Dans
ce modèle, la croissance économique est tirée par la demande, c’est-à-dire que c’est la demande qui détermine l’offre. Comme dans les modèles traditionnels, la croissance se décompose
en différents composants tels que la consommation finale des ménages, l’investissement, la
consommation des administrations publiques et le solde commercial. La structure de ce modèle
20
est illustrée dans la figure 6 (p.117).
L’offre influence la demande à travers la consommation et l’investissement. En effet, si la
demande détermine l’offre, les entreprises déterminent la quantité de capital nécessaire pour le
processus de production afin de répondre au niveau de la demande, ce qui a un impact sur le
niveau d’emploi. Le niveau d’emploi, à son tour, détermine le niveau de consommation finale
des ménages. Le salaire est déterminé en fonction de la conjoncture économique, c’est-à-dire
du taux de chômage, du niveau général des prix et des négociations salariales.
Ici, les ménages possèdent des logements et des voitures qui nécessitent de l’énergie pour
être utilisés. Nous pouvons donc construire une fonction de demande d’énergie pour les consommateurs. En faisant cela, nous pouvons établir une relation entre le comportement des ménages
et le prix de l’énergie. Ainsi, si les gouvernements mettent en place une taxe environnementale
qui affecte le prix de l’énergie, les consommateurs vont se tourner vers des sources d’énergie
plus propres, ce qui permet de réduire l’empreinte carbone de l’économie.
À travers ce modèle, on remarque que dans l’ensemble, l’impact de la taxe environnementale
sur le niveau d’activité et le volume d’emploi est positif à l’horizon 2050 par rapport à 1990.
Les prévisions de la taxe environnementale en termes de pourcentage du PIB varient de 0,2%
à 13,4%, ce qui est nettement supérieur à ce qui est prévu par le modèle Mésange. En ce qui
concerne l’emploi, le modèle prévoit une augmentation du niveau d’emploi allant de 0,1% à
6,4% grâce à la mise en place d’une taxe environnementale. Cette modélisation suggère donc
qu’un double dividende est possible. Bien entendu, ces résultats dépendent des conditions
économiques initiales, comme nous l’avons souligné précédemment.
Le modèle Némesis
Le modèle Némesis (Boitier et al., 2015) est un modèle macroéconomique, tout comme les
deux modèles précédents. Son objectif principal est d’étudier l’impact des politiques structurelles, en particulier des politiques environnementales, à court et moyen terme sur l’équilibre
macroéconomique. Son fondement théorique repose sur le modèle de croissance endogène établi
par Romer (1986), ce qui signifie que le progrès technique est une variable essentielle dans la
résolution du modèle. C’est un modèle multisectoriel, c’est-à-dire qu’il désagrège l’économie en
plusieurs sous-secteurs, ici divisés en trente. Pour chacun de ces secteurs, une fonction de production de type CES (Constant Elasticity of Substitution) est utilisée, supposant une relation
substituable entre le capital, l’énergie et le travail.
21
Dans le secteur de la production énergétique, le modèle prend en compte le fait que les entreprises utilisent différentes sources d’énergie primaire, telles que le pétrole, le gaz, l’électricité,
les énergies renouvelables, etc., dans leur processus de production. Grâce à la fonction de
production de type CES, il est possible de décrire comment les entreprises peuvent interchanger les différentes sources d’énergie à leur disposition pour produire. Une demande est
associée à chacune de ces sources d’énergie, y compris pour les besoins des ménages, ce qui
permet d’intégrer une taxe environnementale. Une politique environnementale plus ambitieuse
aura pour conséquence de réduire la consommation d’une ou plusieurs sources d’énergie. Par
exemple, si le prix de l’essence augmente, comme nous le constatons actuellement, cela peut
entraı̂ner une réduction des déplacements des agents économiques. Ces derniers auront alors
tendance à se tourner vers les transports en commun ou à pratiquer le covoiturage. Ainsi, on
observe une réduction de l’empreinte carbone de l’économie.
À travers la figure 4 (p.116), il est également possible d’analyser les prévisions de ce modèle
concernant l’impact d’une politique environnementale sur l’économie. Dans ce cas, le modèle
prévoit des impacts relativement faibles sur le niveau d’activité, tout comme le modèle Mésange,
allant de 0% à 1.4%. En ce qui concerne l’emploi, ce modèle prévoit une réduction du taux de
chômage avec une augmentation estimée entre 46 000 et 131 000 emplois. Dans l’ensemble, la
mise en œuvre d’une politique climatique dans l’économie semble plutôt satisfaisante selon ce
modèle.
Le modèle Iclam
Le modèle Iclam (Wills & Lefèvre, 2012) diffère des trois modèles précédemment présentés,
car il n’est pas un modèle macroéconométrique. Il s’agit plutôt d’un modèle d’équilibre général
calculable. L’économie est divisée en plusieurs sous-secteurs tels que l’énergie, le transport, la
production et le résidentiel. Différents types de capitaux environnementaux tels que l’électricité,
le gaz et les combustibles liquides sont pris en compte. Des prix sont associés à chacun de ces
capitaux, ce qui permet de déterminer la demande. Le modèle analyse ensuite la rentabilité
de chaque composante en fonction des prix, ainsi que l’impact de la politique climatique sur
celles-ci.
Ce modèle permet de décrire plusieurs équilibres partiels entre les différents secteurs. Des
contraintes spécifiques sont établies pour chacun de ces secteurs, et une opération d’optimisation
est menée. Cependant, l’ensemble de ces équilibres sur les différents marchés ne permet pas de
22
décrire un optimum collectif de production. En effet, certains secteurs peuvent être contraints à
des situations sous-optimales, ce qui conduit à un excès de production dans certains secteurs et
à une insuffisance de production dans d’autres. Cela entraı̂ne des perturbations dans le niveau
des prix associés aux quantités produites.
Ici, dans le modèle Iclam, les chocs de prix sont plus importants à court terme que dans les
autres modèles, mais moins significatifs à long terme. Cela est dû aux rigidités présentes sur le
marché à court terme, qui sont plus marquées dans ce modèle par rapport aux trois précédents.
Par conséquent, il est nécessaire de mettre en œuvre davantage de politiques conjoncturelles
pour accompagner la politique environnementale, plutôt que de se concentrer uniquement sur
des politiques structurelles.
Tout comme les autres modèles, le modèle Iclam prévoit des conséquences néfastes sur
l’équilibre macroéconomique. Comme on peut le constater dans la figure 4 (p.116), ce modèle
prévoit une diminution de la croissance de -2% à -7% d’ici 2050 par rapport à 1990 si une
politique environnementale est mise en place par les gouvernements. Les données sur l’emploi
ne sont pas fournies, mais on peut supposer qu’avec une telle baisse de croissance, le volume
de l’emploi devrait suivre une trajectoire similaire.
Conclusion
Comme nous pouvons le constater à travers notre analyse, il existe différents modèles
macroéconomiques empiriques permettant d’évaluer l’impact de la transition énergétique sur
l’équilibre macroéconomique. Cependant, il n’y a pas de consensus parmi les économistes quant
à l’évaluation des politiques environnementales sur l’ensemble de l’économie. Les résultats
varient selon les modèles retenus. Les modèles keynésiens tendent à prévoir la possibilité
d’un double dividende économique et environnemental, contrairement aux modèles d’équilibre
général qui suggèrent que l’économie pourrait rencontrer des difficultés à concilier croissance
économique et transition énergétique.
CONCLUSION
Comme nous avons pu l’observer, la macroéconomie a longtemps négligé les questions environnementales. Cependant, il est devenu essentiel d’analyser l’impact macroéconomique de
la transition énergétique sur les différents agrégats. Des propositions telles que le Green New
23
Deal témoignent de l’intégration croissante des préoccupations environnementales dans les politiques gouvernementales. Bien que peu de modèles théoriques intègrent pleinement la dimension environnementale, ils existent néanmoins. Les modèles macroéconométriques et les
modèles d’équilibre général calculable illustrent l’émergence progressive de la prise en compte
de l’environnement. Toutefois, les résultats de ces modèles diffèrent, reflétant les divergences
de points de vue entre les économistes. Il est évident que la transition énergétique nécessite des
politiques adaptées. Dans la littérature, peu de modèles macroéconomiques environnementaux
théoriques ont été construits pour analyser l’impact des politiques climatiques sur l’économie.
Fagnart et Germain (2014) ont développé un modèle d’offre et de demande globale afin d’analyser les différents impacts d’une taxe environnementale et de la mise en place d’un système de
permis, en se concentrant sur l’impact macroéconomique à court terme. De leur côté, Héron et
Piluso (2017 & 2022) ont construit un modèle keynésien simple basé sur le modèle de Cartelier
(1995), incorporant une taxe environnementale, afin d’analyser la possibilité d’un double dividende dans ce type de modèle. La question qui se pose désormais, est de savoir s’il est possible
de concilier croissance économique et préservation de l’environnement. Nous souhaitons donc
déterminer, à partir de ces modèles théoriques, si l’existence d’un double dividende est plausible
ou non.
24
Deuxième partie
Intégration des politiques
climatiques dans un modèle d’offre
et de demande globale
Jackson (2009) [19] appelle les économistes à constituer des modèles macroéconomiques
écologiques. Prenant en compte cette recommandation, Fagnart et Germain (2014) [12] intègrent
une dimension environnementale dans un modèle d’offre et de demande globale. Ces auteurs vont principalement construire l’empreinte carbone générée par le niveau d’activité pour
étudier ses différentes interactions avec les différents marchés. Grâce à la construction de cette
empreinte carbone, les gouvernements vont pouvoir imposer des objectifs à atteindre dans
l’économie, notamment celui de limiter les émissions de gaz à effet de serre à travers des politiques climatiques. Ces politiques climatiques se présentent sous la forme de taxes sur les
émissions de CO2 émises par les entreprises lors du processus de production, ou par la mise en
place d’un marché de permis.
Fagnart et Germain (2014) vont alors étudier les conséquences macroéconomiques de la
mise en place d’une politique économique climatique dans un cadre keynésien, en incluant
le niveau d’emploi et le niveau des prix. L’activité économique en présence d’une politique
environnementale a une influence sur le coût des entreprises en raison des émissions de gaz
à effet de serre, ce qui affecte le niveau général des prix. Cette approche diffère sensiblement
de l’approche du modèle IS-LM-EE (2000) [17], car elle permet d’observer les conséquences
sur les différentes composantes macroéconomiques grâce à l’abandon de l’hypothèse des prix
fixes. Ce modèle remet ainsi en question le modèle de Heyes (2000) qui intègre une contrainte
environnementale sans mise en place de politiques climatiques, mais qui préconisait davantage
des politiques conjoncturelles de contraction pour assurer l’équilibre environnemental.
L’incidence de la mise en œuvre d’une politique climatique dans l’économie se répercute
sur le coût des entreprises, ce qui influence le niveau général des prix et modifie leur comportement en termes d’offre. Nous pouvons certainement remettre en question cette hypothèse, dans
la mesure où nous considérons que les politiques ne doivent pas interagir avec les différents
marchés. Nous pensons que les mécanismes du marché peuvent entraı̂ner une augmentation
du niveau général des prix en l’absence de mise en œuvre de politiques climatiques, lorsque
l’économie ne parvient pas à assurer l’équilibre environnemental.
II.1
Le bloc environnemental
Pour intégrer les politiques climatiques dans un modèle d’offre et de demande globale, il
faut commencer par définir l’empreinte carbone d’une économie, comment cette dernière est
27
affectée par les marchés, et comment les gouvernements construisent les outils climatiques de
manière à établir des objectifs environnementaux.
II.1.1
L’empreinte carbone de l’économie
Dans un premier temps, le modèle retient quelques hypothèses. On se situe dans une
économie en autarcie. Peu de modèles théoriques prennent en compte le reste du monde. Les
producteurs ont à leur disposition un seul facteur de production, le travail. Les prix sont
flexibles, à l’inverse du modèle de Heyes (2000) où les prix étaient fixes. Il était déjà alors
compliqué dans ce modèle d’étudier l’impact des politiques climatiques sur l’équilibre macroéconomique si on retenait cette hypothèse. Pour finir, on suppose que chaque unité de
production génère des émissions de gaz à effet de serre dans l’économie. Par la suite, Fagnart et
Germain (2014) présentent deux outils politiques permettant de réduire l’empreinte carbone :
la mise en place d’une taxe sur les émissions et les quotas de permis de pollution.
Les entreprises génèrent des émissions de CO2 lors de leurs processus de production. Pour
limiter cette pollution, des outils climatiques vont être mis en place par les autorités publiques.
Ces politiques climatiques vont donc représenter une charge supplémentaire pour les entreprises, puisque l’objectif est de limiter leurs émissions. Ces coûts supplémentaires vont donc
inciter les entreprises à entreprendre des dépenses de dépollution. Ces dépenses de dépollution
représentent des achats de biens et services auprès d’autres entreprises, ce qui leur permet de
réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Cela représente ainsi une nouvelle forme de
demande, permettant d’accroı̂tre le niveau de PIB, puisqu’elle s’ajoute au bloc de la demande
agrégée. En faisant cela, cela permet de représenter l’impact de la politique climatique à la fois
au niveau de la demande et de l’offre.
Nous pouvons construire la fonction de l’empreinte carbone de l’économie. Z représente
la quantité totale d’émissions de gaz à effet de serre. Celle-ci dépend des quantités générées
par le processus de production (ξ × Y ), avec ξ étant l’intensité polluante de la technologie
et Y le niveau de production. Les dépenses de dépollution des entreprises vont aussi impacter
l’empreinte carbone, puisque selon le niveau des dépenses, elles vont pouvoir générer une baisse
des émissions. A correspond au niveau de réduction des émissions de gaz à effet de serre grâce
aux efforts de dépollution menés par les entreprises. L’empreinte carbone de l’économie peut
donc s’écrire :
Z(ξ, Y, A) = ξ × Y − A
28
(1)
A travers (1), nous pouvons remarquer que l’empreinte carbone augmente lorsque la croissance économique augmente, notamment si l’intensité polluante de la technologie est élevée.
Elle augmente également lorsque les entreprises n’effectuent pas davantage de dépenses de
dépollution, car elles ne parviennent pas à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre dans
leurs processus de production.
Les hypothèses de Heyes
Le modèle de Fagnart et Germain (2014) diffère sensiblement du modèle IS − LM − EE de
Heyes (2000), notamment en ce qui concerne l’intensité de pollution de la production. Dans le
modèle de Heyes (2000), Fagnart et Germain (2014) estiment que la nature de la relation entre
le capital naturel et le capital physique ne devrait pas être prise en compte. Selon Heyes (2000),
le capital naturel et le capital physique sont substituables, et cette relation dépend du taux
d’intérêt, ce qui est représenté par la fonction ξ(r). Cela signifie que lorsque le taux d’intérêt est
élevé, les entreprises privilégient le capital naturel par rapport au capital physique, car le coût
de l’emprunt est trop élevé. Elles utilisent davantage le capital naturel dans leurs processus de
production, ce qui entraı̂ne une intensité de pollution plus élevée, car elles exploitent davantage
les ressources naturelles. En revanche, si le coût de l’emprunt est plus avantageux, les entreprises
privilégient le capital physique par rapport au capital naturel, ce qui entraı̂ne une baisse de
l’intensité de pollution de la technologie.
En revanche, d’autres auteurs, tels que Lawn (2003) ou Decker (2012), considèrent que
ces capitaux sont plutôt complémentaires. En d’autres termes, le capital naturel et le capital
physique vont de pair. Si les entreprises n’utilisent que du capital physique dans leurs processus
de production, elles ne pourront pas produire, et c’est également le cas pour le capital naturel.
Les deux types de capitaux sont nécessaires pour la production.
Selon l’existence de la relation entre ces capitaux, l’équilibre environnemental peut être
principalement assuré par des politiques de contraction, notamment des politiques monétaires,
car il existe un arbitrage entre le niveau de l’offre de monnaie et le coût de l’emprunt. De plus,
le modèle de Heyes (2000) ne propose pas de politiques climatiques permettant de garantir la
préservation de l’environnement, contrairement au modèle de Fagnart et Germain (2014) que
nous allons présenter.
29
II.1.2
Les politiques climatiques
Le seul moyen d’assurer et de résorber les déséquilibres environnementaux à court terme,
selon Fagnart et Germain (2014), c’est de déployer des dépenses de dépollution. En effet, elles
permettent d’augmenter les quantités d’émissions évitées et, par conséquent, de réduire l’empreinte carbone de l’économie. Les politiques climatiques doivent donc inciter les entreprises
à engager ces dépenses supplémentaires pour lutter contre la dégradation de l’environnement.
Nous allons présenter les différents instruments climatiques et déterminer comment les entreprises choisissent de manière optimale la quantité d’émissions à atteindre afin de ne pas
renoncer au déploiement de ces nouvelles dépenses.
Taxe environnementale
Les entreprises émettent des gaz à effet de serre à travers leurs processus de production.
Pour les inciter à réduire ces émissions, les gouvernements mettent en place une taxe sur
chaque unité d’émission de CO2 émise par les entreprises. Plus les entreprises produisent, plus
elles émettent de gaz à effet de serre, et donc plus elles doivent payer la taxe imposée par le
gouvernement.
Face à ces coûts supplémentaires, les entreprises ne peuvent pas modifier leur technologie
à court terme en empruntant auprès des banques, car la relation entre le capital naturel et le
capital physique n’est pas prise en compte dans ce modèle. Les entreprises paient donc une
taxe nominale TZ qui correspond au montant d’une unité d’émission de gaz à effet de serre. Le
montant de la taxe est déterminé par la formule suivante :
TZ = θZ × p
(2)
Dans cette équation, p représente le niveau général des prix et θZ correspond au taux
d’indexation de la taxe. Ainsi, les entreprises paient un montant en fonction de leur niveau
d’émissions de gaz à effet de serre générées par leurs processus de production. Le coût supporté
par les entreprises est donc de TZ ×Z, où Z représente l’empreinte carbone de l’entreprise. Plus
l’empreinte carbone est élevée, plus l’impact de la politique environnementale sur les entreprises
est important. Les entreprises cherchent donc à réduire leur pollution afin de minimiser ce coût.
30
Contrainte environnementale du gouvernement et marché de permis à polluer
Dans le modèle de Fagnart et Germain (2014), le deuxième outil de politique climatique
consiste à établir un niveau cible d’émissions inférieur à celui existant dans l’économie, associé
à un marché des permis d’émission. Les auteurs introduisent une contrainte environnementale
z qui représente le niveau d’empreinte carbone souhaitable pour assurer un équilibre environnemental. Ce niveau z est fixé de manière arbitraire par les autorités gouvernementales. On
peut exprimer cette relation de la manière suivante :
Z=z
(3)
De la même manière que pour la taxe, les entreprises supportent le coût des permis
d’émission, qui est donné par TZ × Z.
Pour respecter la contrainte environnementale, l’empreinte carbone de l’économie ne doit
pas dépasser la valeur fixée par le gouvernement, c’est-à-dire Z > z. Dans le modèle de Fagnart
et Germain, la courbe de l’équilibre environnemental (EE) peut être exprimée de la manière
suivante :
Y EE =
z+A
ξ
Cette courbe ne dépend plus du taux d’intérêt, contrairement aux modèles IS − LM − EE
et à leurs extensions. Elle dépend désormais du niveau cible établi par le gouvernement, car ce
dernier fixe le niveau de la contrainte environnementale.
Si le niveau d’activité de l’économie augmente et que le niveau cible fixé par les autorités
reste inchangé, un déséquilibre environnemental se produit car z < ξ × Y − A. Pour résoudre
ce déséquilibre, il faudrait réduire l’intensité polluante de la technologie utilisée par les entreprises. Cependant, dans ce modèle, il n’est pas possible de modifier cette intensité à court
terme en raison de l’incapacité de modifier la relation entre le capital naturel et le capital
physique. Les deux autres leviers disponibles sont le niveau d’activité économique et le niveau
d’émissions évitées grâce aux efforts de dépollution des entreprises. Ainsi, le modèle de Fagnart
et Germain se concentre sur le côté de l’offre pour résorber les déséquilibres environnementaux,
contrairement aux modèles IS − LM − EE qui se focalisent davantage sur la demande.
II.1.3
La quantité d’émissions optimale
Les entreprises sur le marché des biens et services achètent une certaine quantité de biens
et services pour lutter contre la dégradation de l’environnement, notée g(A). Ces dépenses
31
supplémentaires supportées par les entreprises sont représentées par g(A) × p. Pour déterminer
la quantité optimale de dépenses permettant aux entreprises de réduire leur empreinte carbone,
il faut prendre en compte le coût marginal supporté par les entreprises lorsqu’elles émettent de
la pollution. Ce coût marginal est donné par :
∂(TZ × p)
= TZ
∂p
(4a)
La dépense marginale pour réduire les émissions de CO2, en fonction de la production, est
représentée par :
∂(g(A) × p)
= g 0 (A) × p
∂A
(4b)
Lorsque le coût marginal de dépollution dépasse le coût marginal des émissions de carbone,
les entreprises préfèrent supporter le coût de la politique plutôt que d’augmenter leurs dépenses
pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. En revanche, lorsque le coût marginal de
dépollution est inférieur au coût de la politique climatique, les entreprises vont consommer
davantage de biens et services de dépollution. À l’équilibre, la dépense marginale en biens et
services des entreprises doit être égale au coût marginal de la pollution. Autrement dit, nous
devons avoir :
g 0 (A) × p = TZ
À l’équilibre, l’effort de dépollution des entreprises est donc donné par :
∗
0−1 TZ
A =g
p
(4c)
(4d)
La quantité optimale d’émissions à dépolluer par les entreprises dépend de l’instrument
climatique utilisé.
Dans le cas d’une taxe environnementale, nous pouvons utiliser la valeur de la taxe
nominale donnée par l’équation (2) et l’injecter dans l’équation (4c) en réarrangeant les termes,
ce qui donne :
g 0 (A) =
TZ
θZ × p
=
= θZ
p
p
(4e)
Ainsi :
A∗ = g 0−1 (θZ )
(4f)
La quantité optimale d’émissions à éviter par les entreprises dépend du niveau de la taxe
nominale.
32
Dans le cas d’un système de permis, en utilisant l’empreinte carbone de l’économie
(1) et en remplaçant le niveau cible d’émissions fixé par les autorités environnementales (3),
nous avons :
A = ξY − z
(4g)
Ainsi :
g 0 (ξ × Y − z) =
TZ
p
(4h)
Dans ce cas, la quantité optimale d’émissions à dépolluer dépend uniquement de celle qui
permet d’assurer l’équilibre environnemental préalablement décidé par le gouvernement.
Plus les gouvernements décident de renforcer la politique climatique (en diminuant z), plus
le prix du permis augmente, car les émissions polluantes à éviter doivent augmenter pour satisfaire la contrainte. En revanche, si la quantité d’émissions dans l’économie est moins importante,
les gouvernements peuvent assouplir la politique climatique car la contrainte est surévaluée.
Ainsi, lorsque z tend vers l’infini (z →+∞ ), le prix du permis diminue. En d’autres termes, pour
que les entreprises évitent de supporter pleinement le coût de la politique, celle ci doit être
équivalente à la volonté des gouvernements de faire respecter l’équilibre environnemental.
II.2
L’offre globale : la courbe OG
L’offre globale permet de mettre en évidence la relation entre le niveau des prix et la
production agrégée, c’est-à-dire la quantité totale offerte par les entreprises. Pour déterminer
la courbe de l’offre globale, il faut nous intéresser au marché du travail qui met en évidence le
lien entre le salaire réel et le niveau d’emploi. En introduisant une politique climatique affectant
les coûts de production, et donc par conséquent les bénéfices des entreprises, il est intéressant
d’analyser l’effet de ces coûts supplémentaires sur l’offre globale.
II.2.1
Le marché du travail
Nous allons passer par une analyse du marché du travail par le biais du modèle W S−P S, qui
permet la rencontre entre la demande et l’offre de travail. Cette rencontre conduit à fournir la
main-d’œuvre nécessaire aux entreprises en fonction des prix, afin qu’elles puissent produire et
offrir une rémunération aux travailleurs. Nous examinerons comment les politiques climatiques
affectent leur demande, et ainsi la construction de l’offre globale.
33
La determination des prix
Dans ce modèle, la fonction de production permettant de mettre en évidence la relation
entre les différents facteurs de production et la quantité produite met en évidence un seul facteur
de production, à savoir le travail. La technologie des entreprises, qui leur permet d’assurer leur
processus de production, est décrite par la relation suivante :
Y = qL
(5a)
Dans cette équation, L correspond à l’emploi agrégé (nombre de travailleurs), Y correspond
au niveau de production, et q correspond à l’indice de productivité des travailleurs 3 .
Le coût pour les entreprises correspond à la masse salariale, c’est-à-dire le salaire unitaire w multiplié par le nombre de travailleurs L. Le salaire versé est également soumis à des
prélèvements de cotisations sociales dans ce modèle, dont le taux est donné par τl . Ainsi, la
masse salariale peut être définie comme :
w(1 + τl )L
(5b)
En combinant les équations (5a) et (5b), nous pouvons déterminer que la production d’une
unité supplémentaire nécessite l’embauche d’un salarié supplémentaire, au salaire
trement dit, le coût marginal de production équivaut à
w(1+τl )
.
q
w(1+τl )
.
q
Au-
Si le marché était en concurrence
pure et parfaite, le niveau des prix équivaudrait au coût marginal. Cependant, dans ce modèle,
on suppose que ce n’est pas le cas, et les entreprises décident alors de fixer un prix supérieur à
celui du coût marginal. Ainsi, nous obtenons la courbe PS (Price-Setting) qui met en relation
la formation des prix et des salaires. Le niveau des prix est déterminé par :
w(1 + τl )
PS : p = µ
q
(5c)
La différence entre le prix de vente et le coût de production des entreprises est définie par
µ, qui représente le coefficient de marge. Par conséquent, l’équation (5c) décrit la courbe PS
sans aucun instrument climatique.
En présence de politiques environnementales, les entreprises supportent un coût supplémentaire
qui affecte leurs coûts de production, et donc leur coût marginal. En effet, le coût marginal des
entreprises correspond à la masse salariale et au coût de la politique climatique. La production
3. L’indice de productivité est défini comme le rapport entre le niveau de production et le nombre de travailleurs, soit q =
Y
.
L
34
d’une unité supplémentaire a pour coût cette fois-ci l’embauche d’un salarié et les émissions
correspondantes, soit :
w(1+τl )
q
+ ξTZ .
Dans le modèle, nous pouvons définir la courbe PS en présence du coût de la politique
environnementale comme suit :
PS
T,P
w(1 + τl )
+ ξTZ
:p=µ
q
(5d)
Lorsque les coûts associés à la production, tels que le travail et/ou les émissions, augmentent,
cela entraı̂ne une augmentation des prix de vente des entreprises, car elles doivent compenser
la perte de bénéfices. En d’autres termes, cette perte de bénéfices se répercute sur le prix de
vente.
L’offre des salariés
Dans le modèle, pour obtenir l’offre de travail des salariés décrite par la courbe W S (WageSetting), qui met en relation le niveau de salaire nominal avec le nombre de travailleurs, les
allocations chômage et le niveau des prix, nous devons comprendre comment la négociation
salariale entre les deux parties permet de fixer le niveau de salaire. Dans ce modèle, la politique
environnementale n’influence pas la négociation salariale et n’affecte donc pas la courbe W S.
Le taux d’emploi, noté l, est défini comme le rapport entre le nombre de travailleurs L et la
population active N . Nous pouvons également exprimer le taux d’emploi en fonction du niveau
d’activité, car c’est en fonction de la quantité de main-d’œuvre disponible dans l’économie et
de la productivité du travail que les entreprises peuvent produire. Ainsi, le niveau de chômage
en fonction du niveau de production, que l’on peut déduire de la réarrangement de l’équation
de production (5a), est défini comme suit :
l(Y ) =
L
Y
=
N
qN
(6a)
L’allocation chômage, notée b, représente le seuil en dessous duquel le salaire négocié W ne
peut pas descendre. Si l’allocation chômage est supérieure au salaire négocié, les travailleurs
préfèrent rester au chômage en attendant de trouver un emploi rémunéré au-dessus de ce seuil.
Ainsi, le salaire négocié dépend du taux d’emploi et de l’allocation chômage, c’est-à-dire W (l, b).
Nous notons :
0
Wl =
∂W (l, b)
∂l
(6b)
0
Avec Wl > 0, ce qui signifie que lorsque le taux d’emploi augmente, le salaire négocié suit
la même tendance, car les entreprises ont moins de main-d’œuvre disponible dans l’économie
35
lorsqu’elles cherchent à embaucher de nouveaux travailleurs. Cela implique que le pouvoir de
négociation des salariés par rapport aux employeurs augmente.
On note :
0
Wb =
∂W (l, b)
∂b
(6c)
0
Avec Wb > 0, signifiant que lorsque l’allocation chômage augmente, le salaire négocié
augmente également. Le salaire d’un travailler ne peut pas être inférieur à cette alocation.
Par ailleurs, le salaire nominal est affecté par le niveau des prix, car ce qui importe aux
travailleurs et aux employeurs n’est pas le salaire nominal, mais le salaire réel (ajusté en fonction
du niveau des prix). La négociation salariale dépend également de la rigidité des salaires et des
prix sur le marché du travail. Ainsi, l’élasticité du salaire nominal par rapport au niveau des
prix est représentée par γ. Si γ tend vers 1, cela signifie qu’une variation des prix entraı̂ne une
forte variation du salaire nominal. On dit alors que le salaire nominal est flexible. En revanche,
si γ tend vers 0, le salaire nominal varie peu lorsque les prix augmentent, et on parle de rigidité
du salaire nominal.
Il est également possible de mettre en évidence l’impact de la conjoncture du marché du
travail sur le niveau du salaire négocié. Autrement dit, on évalue la sensibilité du salaire négocié
aux déséquilibres sur le marché du travail. On a donc :
εW,l =
l
0
W
W (l, b) l
(6d)
Plus la valeur de εW,l est élevée, plus les salaires deviennent flexibles, c’est-à-dire qu’ils
s’ajustent plus facilement sur le marché du travail en cas de déséquilibre. Ainsi, lorsque le
marché du travail subit un choc positif ou négatif, plus la valeur de εW,l est élevée, plus les
salaires s’ajustent rapidement.
Nous pouvons maintenant formaliser la formation des salaires nominaux en fonction de la
négociation salariale, du niveau des prix et de l’élasticité du salaire nominal par rapport aux
prix. En d’autres termes, nous pouvons construire la courbe W S comme suit :
W S : w = pγ W (l, b)
(6e)
Lorsque le niveau d’emploi, l’allocation chômage ou le niveau des prix augmentent, le salaire
nominal augmente également. L’ampleur de cette augmentation dépendra du degré de flexibilité
entre le salaire et les prix sur le marché du travail, qui dépendra de l’horizon temporel dans
lequel se situe l’économie. Autrement dit, cette relation peut varier entre le court terme et le
long terme.
36
En réutilisant la relation (6a), nous pouvons mettre en évidence la relation entre le niveau
du salaire nominal et le niveau d’activité, ce qui nous donne :
W S : w = pγ W (l(Y ), b)
(6f)
Lorsque le niveau de production augmente, le niveau de main-d’œuvre nécessaire pour
assurer cette production augmente également, ce qui entraı̂ne une augmentation du niveau
du salaire nominal, car le pouvoir de négociation des travailleurs est renforcé. Nous avons
maintenant tous les outils à notre disposition pour construire l’offre globale.
II.2.2
L’offre globale
La construction de l’offre globale nous permettra de mettre en évidence les équilibres sur le
marché du travail pour chaque niveau de prix possible. Étant donné que les politiques climatiques ont un impact sur la demande des entreprises, nous pouvons construire les différentes
offres globales en tenant compte de ces instruments climatiques.
L’offre globale selon l’instrument climatique
Comme nous l’avions souligné, l’offre globale détermine les différents équilibres sur le marché
du travail en fonction de chaque niveau de prix. Pour construire la courbe OG, qui correspond
analytiquement à l’éqalité entre la demande et l’offre de travail, il nous suffit de déterminer
l’intersection entre P S et W S ce qui nous donne :
γ
p W (l(Y ), b)(1 + τl )
p=µ
q
(7a)
En isolant p nous obtenons la courbe OG. Elle est décrite par la relation suivante :
OG : p1−γ =
W (l(Y ), b) 1 + τl
q
µ−1
(7b)
La courbe OG avec la présence d’une taxe environnementale est la suivante :
OGT : p1−γ =
W (l(Y ), b) 1 + τl
q
µ−1 − ξθZ
(7c)
La courbe OG en présence d’un système de permis est la suivante :
OGP : p1−γ =
W (l(Y ), b)
1 + τl
−1
q
µ − ξg 0 (A)
(7d)
A partir de ces différentes courbes d’offre globale, Fagnart et Germain (2014) permettent
de définir des propriétes pour chacunes d’elles.
37
L’impact des instruments climatiques sur l’offre globale
Il est possible d’analyser l’impact du niveau sur le niveau de production des entreprises
en fonction des différents instruments climatiques. En effet, l’impact des prix sur le niveau de
production va différer selon que la politique climatique soit une taxe environnementale ou la
mise en place d’un système de permis. Pour ce faire, il nous faut trouver la différentielle des
différentes courbes OG par rapport à p. Dans le cas d’une taxe en utilisant les équations (6a),
(6d) et (7c), nous pouvons en déduire la relation suivante :
dY
dp 1 − γ
=
Y
p εW,l
(8a)
Dans le cas d’un système de permis, il nous suffit d’écrire la différentielle de OGP (voir
(7d)) par rapport au niveau des prix. On peut trouver que :
"
#−1
00
ξ2Y
dY
dp 1 − γ
g (A)
× 1 + −1
=
×
+
Y
p
εW,l
εW,l
µ − ξg 0 (A)
(8b)
À travers (8a) et (8b), on remarque que lorsque le niveau d’activité augmente dans une
économie intégrant une politique environnementale, le niveau général des prix augmente. D’après
(8a) et (8b), nous pouvons en déduire qu’une économie mettant en place un système de permis
possède une offre qui est plus sensible au niveau des prix que dans le cas de celle qui met en
place une taxe. En effet, on peut représenter ceci par l’inégalité qui suit :
"
#
00
εW,l
εW,l p
p
ξ 2 Y g (A)
+
>
0
−1
Y (µ − ξg (A)) (1 − γ) 1 − γ)
1−γY
Nous voulons désormais analyse l’impact du prix de la taxe sur le niveau de production.
Pour ce faire, il suffit de reprendre la différentielle de OGT par rapport au niveau de la taxe et
du niveau des prix, ce qui s’écrit comme :
1 − γ dp
1
ξ
dY
=
−
dθZ
−1
Y
εW,l p
εW,l µ − ξθZ
(8c)
A travers l’expression ci dessus, nous remarquons que lorsque le niveau de la taxe θZ
augmente alors le niveau d’activité baisse. Nous voulons désormais analyse l’impact du système
de permis sur le niveau de production. La différentielle de OGP par rapport au niveau du général
des prix et du prix du permis peut s’écrire comme :
"
#−1 00
dY
ξ
ξ2Y
g (A)
1 − γ dp
1
00
= 1 + −1
+
g (A)dz
Y
εW,l p
εW,l µ−1 − ξθZ
µ − ξg 0 (A) εW,l
38
(8d)
A travers (8c) et (8d), nous pouvons remarquer que lorsque la politique climatique du
gouvernement se renforce, le niveau de production baisse. Inversement, si la politique climatique
s’adoucit, le niveau de production s’accroit.
II.3
La demande globale : la courbe DG
Dans cette section, nous présentons la formation de la demande globale en fonction des
différents instruments politiques que nous avons présentés précédemment. Cette demande globale résulte d’un équilibre entre le marché des biens et services et celui de la monnaie, ce qui
nous permet de construire la demande globale en intégrant l’impact de chaque politique climatique sur le marché des biens et services. Nous présentons ensuite les différents impacts infligés
par les différents instruments climatiques sur le niveau de la demande, ce qui nous permet de
déterminer la trajectoire des demandes globales respectives à chaque politique.
II.3.1
La formation de l’équilibre
Comme pour l’offre, la construction de la demande est un outil d’analyse essentiel pour
étudier la formation de l’équilibre macroéconomique. Chaque outil climatique influencent la
façon de constuire cette demande et, par conséquent, ses propriétés.
Le marché des biens et services
L’équilibre sur le marché des biens et services est décrit de la manière suivante sans la mise
en place de politiques climatiques :
Y = D(Y, r, p, ...) + G
(9a)
Avec D(Y, r, p, ...) correspondant à la demande des ménages et des entreprises. G correspond au niveau des dépenses publiques des gouvernements. À partir de ce bloc de demande,
nous pouvons établir ses différentes sensibilités face aux différentes variables qui la composent,
notamment ici le niveau de revenu Y , le taux d’intérêt r, et le niveau des prix p.
La sensibilité de la demande par rapport au niveau d’activité :
0
DY =
∂D(Y, r, p, ...)
∂Y
0
(9b)
Avec DY > 0, signifiant que lorsque le revenu augmente, cela donne de nouvelles perspectives de consommation pour les agents, les incitant à accroı̂tre leur demande.
39
La sensibilité de la demande par rapport au niveau du taux d’intérêt :
0
Dr =
∂D(Y, r, p, ...)
∂r
(9c)
0
Avec Dr < 0, s’interprétant comme une baisse de la demande lorsque le taux d’intérêt
augmente, puisqu’il représente un coût de l’emprunt davantage élevé pour les consommateurs
et les investisseurs. La sensibilité de la demande par rapport au niveau des prix :
0
Dp =
∂D(Y, r, p, ...)
∂p
(9d)
0
Avec Dp < 0, par conséquent, ce bloc de demande baisse puisqu’une augmentation des
prix fait perdre de la valeur au salaire réel si ces derniers ne sont pas indexés parfaitement,
provoquant une perte de pouvoir d’achat pour certains agents.
Lorsque les autorités politiques mettent en place des politiques climatiques, les entreprises
les plus polluantes sont les principales concernées par cette charge de coût supplémentaire.
Pour éviter de subir davantage ces coûts, elles sont amenées à se rendre sur le marché des biens
et services pour acheter des biens et services visant à réduire leur niveau d’émissions. Ainsi,
une nouvelle demande s’implante dans le niveau de la demande agrégée.
Par conséquent, l’équilibre sur le marché des biens et services est décrit de la manière
suivante lorsque les gouvernements décident d’instaurer des politiques climatiques :
Y = g(A) + D(Y, r, p, ...) + G
(9e)
La sensibilité de la demande de biens et services en faveur de la préservation de l’environnement par rapport à la quantité d’émissions que les entreprises veulent éliminer dans leurs
processus de production :
0
g (A) =
∂g(A)
∂A
(9f)
0
Avec g (A) > 0, s’interprétant comme une augmentation de la demande pour les biens
et services plus respectueux de l’environnement lorsque les entreprises veulent augmenter les
émissions à réduire dans la chaı̂ne de production.
Le marché de la monnaie
Dans ce modèle, le marché de la monnaie diffère de celui que l’on retrouve dans des modèles
classiques tels que le modèle IS-LM ou DG-OG. Dans la plupart des modèles, le marché de la
monnaie est décrit comme la rencontre entre l’offre et la demande de monnaie. Auparavant, la
40
demande de monnaie était influencée par deux composantes : le niveau d’activité économique
et le taux d’intérêt. En effet, lorsque les ménages voient leurs revenus augmenter, ils ont besoin
de plus de monnaie pour effectuer des transactions, et donc la demande de monnaie est affectée
par le niveau de croissance économique. Cette demande est également influencée par le taux
d’intérêt, car si les ménages détiennent de la monnaie, cela représente un coût d’opportunité.
En d’autres termes, si un ménage détient de la monnaie, il renonce à la possibilité de détenir
des actifs qui pourraient générer un revenu supplémentaire. Ainsi, lorsque le taux d’intérêt est
élevé, les agents économiques préfèrent détenir davantage d’actifs plutôt que de la monnaie.
En ce qui concerne l’offre de monnaie, elle est directement contrôlée par les banques centrales,
leur permettant de mener des politiques monétaires pour ajuster le taux d’intérêt en fonction
de l’équilibre entre la demande et l’offre de monnaie.
Fagnart et Germain (2014) proposent, pour décrire ce marché, de suivre le modèle établi
par Romer (2000) [35], qui suggère d’établir une fonction de réaction des banques en fonction
de la conjoncture économique. Ainsi, cette fonction de réaction permet de déterminer le niveau
d’intérêt souhaité par les autorités monétaires en fonction des besoins de l’économie.
Le taux d’inflation correspond au taux de variation entre le niveau des prix à la date
courante et la date antérieure, il est décrit de la manière suivante :
π=
Pt
−1
Pt−1
(10a)
Le niveau du taux d’intérêt s’établit comme :
r = r0 + R(π, Y )
En substituant (10a) dans (10b), nous obtenons :
Pt
r = r0 + R
− 1, Y
Pt−1
(10b)
(10c)
La règle de la politique monétaire face au niveau de la croissance s’établit comme :
0
RY =
∂R(π, Y )
∂Y
(10d)
0
Avec RY > 0, signifiant que lorsque la croissance prospère, les banques centrales décident
d’accroı̂tre le niveau du taux d’intérêt. Inversement, lorsque la croissance est faible, les autorités
monétaires ont tendance à alléger le coût de l’emprunt.
La règle de la politique monétaire face au taux d’inflation :
0
Rπ=
∂R(π, Y )
∂π
41
(10e)
0
Avec R π > 0, ce qui signifie que lorsque l’économie subit de l’inflation, les banques centrales
décident de renforcer leurs politiques. Inversement, lorsque l’économie connaı̂t une phase de
désinflation ou de déflation, elles ont tendance à alléger l’intensité de leurs politiques.
Par (10d) et (10e), nous pouvons en déduire que les autorités monétaires décident d’alléger le
coût de l’emprunt dès lors que l’état de la conjoncture économique est peu favorable, et peuvent
se permettre de renforcer les taux lorsqu’elles constatent que la conjoncture économique est
satisfaisante.
Ayant décrit le marché des biens et services et la sphère monétaire, nous pouvons désormais
analyser la construction de la demande globale et étudier les différentes propriétés de celle-ci
en fonction des différents instruments climatiques.
II.3.2
La demande globale
La demande globale décrit de manière générale le niveau de demande dans l’économie
pour chaque niveau des prix. L’équilibre sur le marché des biens et services diffère en fonction
des politiques climatiques choisies par les autorités publiques. Par conséquent, les demandes
globales sont différentes en fonction de l’instrument climatique sélectionné. Nous allons montrer
les étapes de leur construction et la façon dont ces politiques impactent cette demande.
La demande globale selon l’instrument climatique
En remplaçant la formation du taux d’intérêt (10b) dans l’équilibre du marché des biens et
services (9a), nous obtenons :
Y = D (Y, r0 + R(π, Y ), p, ...) + G
(11a)
En remplaçant la quantité d’émissions optimale (4f) dans (9e), puis en remplaçant cela dans
(11a), on a :
Y = g g 0−1 (θZ ) + D (Y, r0 + R(π, Y ), p, ...) + G
(11b)
En remplaçant (4h) dans (9a), puis en remplaçant cela dans (11a), on obtient :
Y = g 0 (ξ × Y − z) + D (Y, r0 + R(π, Y ), p, ...) + G
(11c)
Nous obtenons la demande globale selon chaque outil dès lors que nous arrivons à faire
disparaı̂tre le niveau du taux d’intérêt de (11a), (11b) et (11c), c’est-à-dire quand DG(Y, p) = Y .
42
Nous pouvons résumer chacune des demandes globales selon la politique climatique utilisée ou
non. On a :



DG


DGT



 DGP
: Y
: Y
= D (Y, r0 + R (π, Y ) , p, ...) + G
= g g 0−1 (θZ ) + D (Y, r0 + R (π, Y ) , p, ...) + G
: Y
= g 0 (ξ × Y − z) + D (Y, r0 + R (π, Y ) , p, ...) + G
L’impact des instruments climatiques sur la demande globale
Dans un premier temps, on analyse comment le niveau des prix impacte le niveau de croissance. Il nous suffit de différencier l’équation (11a) ou (11b) par rapport à p. Nous obtenons :
0
0
0
0
0
0
dY = Dp dp + Dr Rp dp + dY (DY + Dr RY )
(12a)
En réarrangeant les termes de (12a), nous pouvons obtenir l’impact du niveau des prix sur
la courbe DG et DGT :
0
0
0
Dp + Dr Rp
∂Y
=
0
0
∂p
1 − (DY + Dr0 RY )
(12b)
Comme nous pouvons le remarquer à travers cette expression, lorsque le niveau des prix
augmente, cela impacte à la fois la formation de la politique monétaire et une partie de la
demande. Lorsque les prix augmentent, les autorités monétaires alourdissent leur politique
puisque l’économie entre dans une phase d’inflation, ce qui entraı̂ne un coût de l’emprunt
davantage élevé.
0
0
0
Avec : (DY + Dr RY ) < 1, car si cette condition n’était pas vérifiée, cela impliquerait que
∂Y
∂p
> 0, ce qui signifie que lorsque le niveau des prix augmente, le niveau de croissance suit la
même trajectoire.
En ce qui concerne le système de permis, il dépend indirectement du niveau des prix, puisque
le niveau de croissance est lui-même affecté par ce dernier. Comme précédemment, pour savoir
comment DGP interagit avec le niveau général des prix, il nous suffit d’écrire la différentielle
de (11c) par rapport à p, ce qui s’illustre par :
0
0
0
0
0
0
dY = Dp dp + Dr Rp dp + dY (DY + Dr RY ) + dY (ξg 0 (ξ × Y − z))
(12c)
En réarrangeant les termes de (12c), nous obtenons l’impact du niveau des prix sur la
courbe DGP :
0
0
0
Dp + Dr Rp
∂Y
=
0
∂p
1 − (DY + Dr0 RY0 ) − (ξg 0 (ξ × Y − z))
43
(12d)
0
0
0
Avec : DY + Dr RY − (ξg 0 (ξ × Y − z)) < 1, car comme précédemment si cette solution
n’est pas vérifiée, cela signifirait que le niveau de croissance est sensible positivement à une
∂Y
∂p
augmentation du niveau général des prix
> 0.
De (12b) et (12d), nous pouvons en déduire :
0
0
0
0
0
0
Dp + Dr Rp
Dp + Dr Rp
>
0
0 0
0 0
1 − DY + Dr RY − (ξg 0 (ξ × Y − z))
1 − DY + Dr0 RY
(12e)
Grâce à (12e), nous pouvons conclure que DGP est plus sensible à DGT lorsque l’on assiste
à une variation du niveau des prix. En effet, le niveau général des prix a un impact plus
important sur une politique climatique qui met en place un système de permis que sur celle
avec la taxe, puisque le système de permis dépend directement de la conjoncture économique,
alors que la taxe est parfaitement indexée sur le niveau général des prix, subissant donc moins
d’impact qu’une demande avec un système de permis.
Nous voulons désormais analyser l’impact global des politiques climatiques sur le niveau
d’activité. En réécrivant (11b) comme :
Y = g (A(θZ )) + D (Y, r0 + R (π, Y ) , p, ...) + G
(13a)
On note :
0
AθZ =
∂A(θZ )
∂θZ
(13b)
0
Avec AθZ > 0, ce qui signifie que lorsque le niveau de taxe augmente, les dépenses de
dépollution des entreprises suivent la même trajectoire, ce qui fait baisser la quantité d’émission
dans l’économie. Rappelons que plus A est élevé, et plus la quantité d’émissions émises par les
entreprises est faible.
Nous pouvons établir l’impact que procure une variation du niveau de la taxe réelle sur le
niveau de croissance. En différanciant (13a) par rapport à θZ , nous pouvons trouver :
0
0
0
0
0
0
0
0
dY = g (A)AθZ dθZ + dY DY + Dr RY + dp Dp + Dr Rp
(13c)
Il nous suffit d’exprimer l’impact de la taxe sur le niveau d’activité en isolant l’impact d’un
changement de prix dans cette équation 4 , ce qui nous donne :
0
0
g (A)AθZ
∂Y
=
0
0 ∂θZ
1 − DY + Dr0 RY
4. Ce qui implique que dp = 0
44
(13d)
0
0
0
Sachant que DY + Dr RY < 1, cela induit que
∂Y
∂θZ
> 0. Nous pouvons en déduire que
lorsque la politique climatique se renforce, les entreprises déploient de nouvelles dépenses en
faveur de l’environnement. Ces dépenses entraı̂nent une baisse des émissions, de nouveaux
bénéfices pour les entreprises satisfaisant cette nouvelle demande, ce qui fait croı̂tre le niveau
d’activité.
Pour le système de permis, il nous suffit de réaliser la même méthode que pour la taxe.
Cette fois-ci, nous voulons exprimer l’impact d’un renforcement de la contrainte mise en place
par le gouvernement sur le niveau de croissance. En différanciant (11c) par rapport à z, nous
avons :
0
0
0
0
0
0
0
dY = −g (A)dz + dY ξg 0 (ξ × Y − z) + dY DY + Dr RY + dp Dp + Dr Rp
(13e)
Nous exprimons l’impact de la contrainte du gouvernement sur le niveau d’activité en isolant
l’effet que procure une variation du niveau des prix, ce qui nous permet d’avoir :
0
−g (A)
∂Y
=
0
0 0
∂z
1 − DY + Dr RY − (ξg 0 (ξ × Y − z))
0
0
0
Sachant que DY + Dr RY −(ξg 0 (ξ × Y − z)) < 1, cela induit que
(13f)
∂Y
∂z
< 0. En effet, lorsque
la contrainte mise en place par le gouvernement est moin contraignante, les entreprises ne
sont plus obligées de consacrer de nouvelles dépenses pour assurer l’équilibre environnemental.
Cette composante de la demande diminue, ce qui entraı̂ne une baisse des bénéfices pour les
entreprises chargées de cette demande, et par conséquent une diminution du niveau d’activité.
En revanche, si les gouvernements observent une conjoncture environnementale défavorable, ils
renforcent leurs politiques, ce qui entraı̂ne une augmentation de cette nouvelle composante de
la demande. Par conséquent on obervse une augmentation de la croissance.
De (13d) et (13f), nous pouvons donc en déduire que lorsque les gouvernements instaurent
des politiques climatiques pour lutter contre la dégradation de l’environnement, le niveau d’activité est supérieur à ce qui serait si aucune politique climatique n’était mise en place. Autrement
dit, la demande dans l’économie est plus importante lorsque la conjoncture environnementale
est peu satisfaisante.
II.4
L’équilibre macroéconomique
Dans ce modèle, l’équilibre macroéconomique s’obtient lorsque les marchés sont en équilibre
simultanément. L’équilibre macroéconomique se produit point d’intersection entre la courbe de
45
l’offre et celle de la demande globale. On à donc différents systèmes d’équations selon le type
de politique climatique pratiquée par les gouvernements dans l’économie.
II.4.1
Analyse de l’équilibre
Pour étudier l’impact des politiques climatiques sur l’équilibre macroéconomique, nous devons utiliser les différentes dérivées établies précédemment concernant la demande et l’offre
globale.
L’impact de la politique environnementale sur l’équilibre macroéconomique
Nous reprenons le système d’équations qui nous permet d’obtenir l’équilibre macroéconomique
dans le cas d’une taxe environnementale. Pour le cas de la taxe, le système d’équations
est le suivant :

 OGT
 DGT
W (l(Y ),b) 1+Tl
q
µ−1 −ξθZ
: P 1−γ
=
: Y
= g g 0−1 (θZ ) + D (Y, r0 + R (π, Y ) , p, ...) + G
(14)
Pour établir lien entre l’impact de la taxe sur l’équilibre macroéconomique, nous reprenons
la différentielle de la demande globale en présence d’une taxe environnementale (13c) et l’injectons dans(13d), qui décrit l’impact de la taxe sur le niveau de production des entreprises.
En réarrangeant les termes de cette dernière équation de pour isoler dp, nous obtenons :
0
dY
0
εw,l
1
ξ
0
0
0
0
0
0
dY = g (A)AθZ dθZ +dY DY + Dr RY +
+
dθ
×p
D
+
D
R
Z
p
r p
Y
εw,l µ−1 − ξθZ
1−γ
(15a)
Il nous suffit de développer le dernier terme de droite et de factoriser (15a) par dY et par
dθZ . En réarangeant les termes on obtient :
0
1
0
0
dY 1 − DY + Dr RY −
Y
1
ξ
0
0
= dθZ g (A)AθZ +
εw,l µ−1 − ξθZ
0
εw,l
0
0
× p Dp + Dr Rp
1−γ
0
εw,l
0
0
× p Dp + Dr Rp
1−γ
(15b)
Ainsi, l’impact de la taxe environnementale sur l’équilibre macroéconomique s’analyse de
la manière suivante :
0
0
0
dY = 1 − DY + Dr RY
−1
0
p εw,l
0
0
−
Dp + Dr Rp
Y 1−γ

0
0
g (A)Aθ +
Z
0
0
0
Dp + Dr Rp
1−γ

pξ
 dθZ
µ−1 − ξθZ
(15c)
46
On note :
0
0
0
Mε = 1 − D Y + D r R Y
On peut réecrire (15c) comme :

0
−1
p εw,l 0
0
0
−
Dp + Dr R p
Y 1−γ
0
dY = Mε × g (A)AθZ +
0
0
0
Dp + Dr Rp
1−γ

pξ
 dθZ
µ−1 − ξθZ
(15d)
(15e)
Comme nous pouvons remarquer, un renforcement de la taxe environnementale entraı̂ne
une baisse de la production des entreprises, car cette politiques constitue une perte de bénéfice
pour ces dernières. Cependant, en parallèle, elle constitue une nouvelle source de demande
pour le marché des biens et services, car cette mesure incite les entreprises à déployer de
nouvelles dépenses en faveur de l’équilibre environnemental. Ainsi, nous observons à la fois un
déplacement de la courbe DGT sur la droite et vers la gauche pour OGT .
Pour déterminer dans quelle(s) condition(s) cette politique entraı̂ne une augmentation du
niveau d’activité, c’est à dire un niveau macroéconomique supérieur à celui sans taxe environnementale, nous devons analyser le signe du termes entre crochets de (15e). Nous posons :
0
0
0
D
+
D
R
p
r p
pξ
0
0
g (A)AθZ +
>0
(16)
−1
1−γ
µ − ξθZ
Ainsi, on peut en déduire la trajectoire du niveau d’actvité lorsque une taxe environnementale est mise en place, en fonction des conditions suivante :
0

0 0

pξ
 dY > 0 si g 0 (A)A0 > − Dp +Dr Rp
−1
θZ
0 1−γ0 0 µ −ξθZ

pξ
 dY < 0 si g 0 (A)A0 < − Dp +Dr Rp
θZ
1−γ
µ−1 −ξθZ
Dans le cas de la mise en place d’un système de permis, nous utilisons le système d’équations
suivant pour obtenir l’équilibre macroéconomique suivant :

 OGP : P 1−γ = W (l(Y ),b) 1+Tl
q
µ−1 −ξg 0 (A)
 DGP : Y
= g 0 (ξ × Y − z) + D (Y, r0 + R (π, Y ) , p, ...) + G
(17)
Nous pourrions effectuer les mêmes manipulations que dans le cas de la taxe environnementale pour déterminer l’impact de la mise en place d’un système de permis, mais les calculs
sont bien plus compliqués. Un renforcement de la contrainte climatique entraı̂ne une baisse
de la production des entreprises, car cette politique constitue une perte de bénéfices pour ces
dernières. Cependant, parallèlement, elle constitue une nouvelle source de demande pour le
marché des biens et services, car cette mesure incite les entreprises à effectuer de nouvelles
47
dépenses en faveur de l’équilibre environnemental, tout comme dans le cas d’une taxe environnementale. Ainsi, on observe à la fois un déplacement de la courbe DGT vers la droite et
vers la gauche pour OGT . Fagnart et Germain (2014) nous précisent que pour déterminer si le
système de permis entraı̂ne une amélioration de l’équilibre macroéconomique, il nous suffit de
reprendre les différentes équations et dérivées établies dans le cas de la taxe.
L’équivalence entre les deux poltiques climatiques
Il est possible d’établir une certaine équivalence entre les politiques climatiques. En effet,
en supposant un niveau d’activité d’équilibre initial qui assure l’équilibre macroéconomique,
nous pouvons déterminer le niveau d’empreinte carbone dans l’économie qui permet de donner
une équivalence entre les différentes politiques climatiques.
Si on suppose qu’une taxe environnementale a été instaurée dans l’économie, on a ainsi Y T
qui est le niveau d’activité qui permet d’assurer l’égalité entre DGT et OGT . En remplaçant ce
niveau d’activité dans le niveau d’empreinte carbone de l’économie (1), nous pouvons obtenir
l’empreinte carbone obtenue lorsque une taxe environnementale a été mise en place. On a alors :
0
Z T = ξ × Y T − g −1 (θZ )
(18a)
Ainsi, le gouvernement peut désormais mesurer le niveau d’empreinte carbone permettant
d’assurer l’équilibre macroéconomique quand un certain niveau de taxe a été donné, et peut
décider d’établir ses contraintes environnementales à partir de cette empreinte carbone. Cela
signifie :
ZT = z
(18b)
Si le gouvernement décide d’établir sa politique à partir de ce niveau d’empreinte carbone,
il pourra également assurer un équilibre macroéconomique, puisque ce dernier repose sur une
taxe qui elle-même permet d’assurer cet équilibre.
Établir cette relation permet d’éviter d’effectuer les calculs pour obtenir les résultats permettant d’étudier l’impact d’un système de permis sur l’équilibre macroéconomique, puisqu’il
suffit de se baser désormais sur le niveau de taxe qui permet de mettre en évidence l’empreinte
carbone que génère cette dernière dans l’économie. Ainsi, si le gouvernement désire alourdir
sa contrainte, celle-ci peut se baser sur le niveau de taxe qui permet d’atteindre cet objectif. Par conséquent, il peut mesurer l’impact que cette politique va engendrer sur l’équilibre
macroéconomique.
48
Impact sur le niveau des salaires
Grâce au modèle établi par Fagnart et Germain (2014), il est possible d’étudier l’impact
des politiques climatiques sur le niveau des salaires. Dans un premier temps, on note : ω =
w
p
qui correspond au niveau de salaire déflaté. Ceci nous permet d’en déduire à partir de la courbe
WS :
µ−1 − ξθZ q
ω=
1 + τl
(19a)
On veut étudier l’impact de la taxe environnementale sur le niveau des salaires réels. Il nous
suffit de différencier (19a) par rapport à θZ , nous obtenons alors :
ξq
dω = −
dθZ
1 + τl
(19b)
Comme nous pouvons le remarquer à travers (19b), lorsque les gouvernements décident
de renforcer le niveau de la taxe, le niveau des salaires réels diminue, puisqu’il s’ensuit une
augmentation du niveau des prix pour compenser le coût de la politique sur les bénéfices
des entreprises. Même si les salaires nominaux s’alignent parfaitement sur le niveau des prix,
représenté par γ = 1, l’impact de la politique sur les salaires a le même effet, puisque le
paramètre ne figure pas dans les expressions (19a) et (19b). De plus, si l’intensité polluante
de la technologie des entreprises est élevée, l’impact de la politique environnementale pénalise
davantage les salaires. Autrement dit, tout ce qui nuit à la conjoncture environnementale nuit
au niveau des salaires réels pour les raisons que nous venons de citer.
II.4.2
La politique fiscale et environnementale
Par le biais des résultats que nous avons obtenus, un renforcement des politiques climatiques
engendre des chocs d’offre négatifs, impactant le niveau des prix et par conséquent, le niveau des
salaires réels. Il est possible de mettre en place une politique fiscale visant à réduire l’impact
sur le niveau des salaires, ce qui permet de pratiquer une politique climatique adéquate en
fonction de la conjoncture économique et environnementale. Nous devons donc étudier dans un
premier temps l’impact que les taux de cotisations sociales provoquent sur l’offre globale, puis
dans un second temps, sur le niveau d’équilibre macroéconomique.
Dans le cas d’une taxe environnementale
Pour analyser l’impact de la réforme fiscale sur le niveau de l’équilibre macroéconomique
en présence d’une taxe, il nous faut réécrire la différentielle de OGT en tenant en compte cette
49
fois ci en compte τl . Ceci nous permet d’avoir :
ω
1
dY
dp
ξ × dθZ + dτl + εW,l
= −1
(1 − γ)
p
µ − ξθZ
q
Y
(20a)
Maintenant, il possible d’analyser l’impact des cotisations sociales dans l’équilibre macroéconoomique en présence d’une taxe. Pour cela, nous réarrangeant (20a) de manière à isoler
dp, pour ensuite l’injectant dans (13c) et en isolant dY , on obtient :
"
!
#
0
0
0
Dp + Dr Rp
p
ω
0
0
dY = M × g (A)AθZ dθZ +
ξ × dθZ + dτl
1−γ
µ−1 − ξθZ
q
(20b)
Anisi, si l’on souhaite augmenter le niveau de croissance en réduisant les cotisations sociales
pour compenser le coût de la politique climatique, il faut que l’on analyse le signe du terme
entre crochets de (20b). Si le terme entre crochets est négatif, alors une réduction des cotisations
sociale entraı̂nera une augmentation du niveau d’activité. Dans ce la cas où ce terme est postif, le
coût de la politique climatique permettra d’améliorer le niveau de l’équilibre macroéconomique.
En posant :
0
0
0
g (A)AθZ dθZ +
0
0
Dp + Dr Rp
1−γ
!
p
−1
µ − ξθZ
ω
ξ × dθZ + dτl < 0
q
(20c)
En réarrangeant les termes de (20c) on peut trouver que :
p
q
1−γ
0
0
dτl < −
ξdθZ + g (A)AθZ dθZ
ω
µ−1 − ξθZ
Dp0 + Dr0 Rp0
(20d)
Cela signifie que lorsque la variation du niveau des cotisations sociales est inférieure à cette
valeur, une réduction de la politique fiscale permet à la croissance d’équilibre d’augmenter et
permet de compenser la climatique climatique.
Dans le cas d’un système de permis
Dans le cas d’un système de permis, en prenant en également en compte τl , la différentielle
de OGP peut être réécrite comme suit :
1
ω
dY
dp
00
(1 − γ)
= −1
−ξg (A)dz + dτl +
0
p
q
Y
µ − ξg (A)
00
ξ 2 Y g (A)
εW,l + −1
µ − ξg 0 (A)
!
(21a)
En réarrangeant (21a) de pour isoler dp pour le substituer dans (13e), on peut analyser
l’impact des cotisations sociales sur l’équilibre macroéconomique en présence d’un système de
permis. En mettant en facteur dY , nous obtenons :
! "
#
0
0
0
Dp + Dr R p
p
ω
0
00
dY = Mp × −g (A)dz +
×
× −ξg (A)dz + dτl
(21b)
1−γ
q
µ−1 − ξg 0 (A)
50
Où :
"
0
0
0
0
Mp = 1 − DY + Dr RY
0
− ξg (ξ × Y − z) −
0
0
Dp + Dr Rp
1−γ
!
p
×
Y
!#−1
00
ξ 2 Y g (A)
εW,l + −1
µ − ξg 0 (A)
(21c)
Avec Mp < 0. Si ce n’était pas le cas, cela signifierait qu’une augmentation de la politique climatique enetraı̂nerait une augmentation du niveau d’activité lorsque les salaires sont
parfaitement flexibles.
A partir de (21b), nous pouvons conclure qu’une diminution des cotisations sociales permet
d’augmenter le niveau d’activité lorsque le terme entre crochets est négatifs. Nous posons :
! 0
0
0
Dp + Dr Rp
p
ω
0
00
−g (A)dz +
×
−ξg (A)dz + dτl < 0
(21d)
1−γ
q
µ−1 − ξg 0 (A)
En réarrangeant les termes de (21d), nous obtenons :
"
1−γ
q
00
0
ξg (A)dz + g (A)dz
dτl <
ω
Dp0 + Dr0 Rp0
0
µ−1 − ξg (A)
p
!#
(21e)
Cela signifie que lorsque la variation des cotisations sociales est inférieure à cette valeur,
un affaiblissement de la politique fiscale permet à l’économie d’absorber le coût occasionné
par la politique climatique et peut même conduire à une améliroration de l’équilibre macroéconomique.
II.4.3
La performance des politiques de demande
Nous pouvons désormais nous demander si, dans le modèle de Fagnart et Germain (2014),
le degré d’efficacité des politiques de demande est optimal lorsque les autorités publiques
pénalisent l’économie pour le niveau de son empreinte carbone. Pour effectuer cette analyse,
il nous faut étudier comment une variation des dépenses publiques et du taux d’intérêt dans
l’économie affecte les demandes globales associées à chacune des politiques climatiques. Par
conséquent, cela nous permet d’étudier les différents équilibres macroéconomiques associés à
chacun de ces instruments.
On suppose que les autorités budgétaires et monétaires pratiquent des politiques expansionistes. Si dG > 0 cela permet d’augmenter la demande ainsi que le niveau de production des
entreprises. Si dr0 < 0, cela induit une diminution du coût de l’emprunt, ce qui incite les agents
à consommer davantage.
51
On note d0 Y , représentant l’impact de la politique budgétaire et/ou monétaire. Dans le cas
0
d’une politique budgétaire, d0 Y = dG. Dans le cas d’une politique monétaire, d0 Y = Dr dr0 .
0
Et si les deux politiques sont pratiquées, d0 Y = dG + Dr dr0 .
Le multiplicateur avec une taxe environnementale
Dans le cas de la taxe, en reprenant la différentielle de DGT prenant en compte G et r0
nous donne :
0
0
0
0
0
0
dY = Dp dp + Dr Rp dp + dY DY + Dr RY + d0 Y
(22a)
En réarrangeant la différentielle de OGT par rapport à p (voir (8a)), de manière à isoler
dp, que l’on injecte dans (22a), nous obtenons :
0
εW,l p 0
0
0
0
0
dY 1 − DY + Dr RY
= dY
Dp + Dr Rp + d0 Y
1−γY
(22b)
En réarrangeant les termes de (22b), de manière à isoler dY , nous pouvons retrouver la
relation suivante :
dY = M × d0 Y
(22c)
Dans le cas d’une politque budgétaire, (22c) devient :
dY = M × dG
(22d)
Dans le cas d’une politque monétaire , (22c) devient :
0
dY = M × Dr dr0
(22e)
Dans le cas d’une politque à la fois budgétaire et monétaire , (22c) devient :
0
dY = M × dG + Dr dr0
(22f)
Grâce à (22c), nous pouvons remarquer que les politiques de demande deviennent inefficaces
dans le cas d’une taxe environnementale à mesure que celle-ci est élevée ou non. En effet, sachant
que les politiques climatiques sont inflationnistes et connaisant l’expression (15d), nous pouvons
remarquer que lorsque le niveau des prix augmentent, cela réduit la valeur de cette expression,
conduisant à un multiplicateur M plus faible que lorsque les gouvernements n’instaurent pas
de taxe.
52
Le multiplicateur avec un système de permis
Dans le cas d’un système de permis, en réécrivant la différentielle de DGP en prenant en
compte G et r0 , nous avons :
0
0
0
0
0
0
dY = dY ξg 0 (ξ × Y − z) + dY DY + Dr RY + dp Dp + Dr Rp + d0 Y
(23a)
En réarrangeant la différentielle de OGP par rapport à p ( voir (8b)), de manière à isoler
dp, et en la subtituant dans (23a), on trouve :
h
0
i
0
0
dY 1 − ξg 0 (ξ × Y − z) − DY + Dr RY
=
!
00
0
p 1 ξ 2 Y g (A)
0
0
εW,l + −1
Dp + Dr Rp + d0 Y
dY
Y
1−γ
µ − ξg 0 (A)
(23b)
En réarrangeant les termes de (23b) , de façon à isoler dY , nous pouvons en déduire la
relation suivante :
dY = Mp × d0 Y
(23c)
Dans le cas d’une politque budgétaire, (23c) devient :
dY = Mp × dG
(23d)
Dans le cas d’une politque monétaire , (23c) devient :
0
dY = Mp × Dr dr0
(23e)
Dans le cas d’une politque à la fois budgétaire et monétaire, (23c) devient :
0
dY = Mp × dG + Dr dr0
(23f)
Comme dans le cas de la taxe, on peut en déduire à travers (23c) que les politiques de
demande deviennent inefficaces lorsque les gouvernements renforcent la contrainte climatique,
puisque cette dernière est inflationniste. Cela conduit à une réduction du multiplicateur Mp .
Quel est le multiplicateur le plus efficace ?
Selon l’instrument climatique mis en place, le multiplicateur a des propriétés différentes.
Dans les deux cas, la mise en place de politiques climatiques est une source d’inflation pour
l’économie lorsque les gouvernements souhaitent mettre en œuvre des politiques de relance
budgétaire ou monétaire. La mise en place d’une taxe environnementale conduit à une inflation
53
moins importante que celle causée par la mise en place d’un système de permis. Cependant,
cette forme de politique climatique entraı̂ne toujours une augmentation de l’empreinte carbone
de l’économie, contrairement à un marché des quotas d’émissions. En effet, en mettant en place
cette politique, les gouvernements ne contrôlent pas directement le niveau d’empreinte carbone
compatible avec l’équilibre environnemental. Ils peuvent décider d’augmenter la taxe, mais ils
ne savent jamais quelles entreprises accepteront de la supporter ou non. Dans un système de
permis, le niveau cible de l’empreinte carbone est déterminé à l’avance, et les gouvernements
ont beaucoup plus de contrôle sur la quantité d’émissions circulant dans l’économie. D’autre
part, la mise en place d’un système de permis renforce le multiplicateur, car il stimule davantage
les dépenses de dépollution par rapport à une taxe environnementale, étant donné que cet effet
n’apparaı̂t pas dans l’expression du multiplicateur en présence d’une taxe. Une politique de
relance sera donc plus efficace dans le cas d’un système de permis que dans le cas d’une taxe,
mais elle sera également plus inflationniste, car toutes les entreprises voient leurs coûts de
production augmenter. En d’autres termes, une taxe environnementale rend le multiplicateur
moins efficace, aggrave davantage l’empreinte carbone, mais est une source d’inflation moins
importante que dans le cas d’un système de permis. Quant au système de permis, il permet
d’assurer l’équilibre environnemental de manière plus efficace grâce aux dépenses de dépollution
qui stimulent davantage le niveau d’activité, mais il crée également des effets inflationnistes
plus importants.
CONCLUSION
Il est possible de modéliser les effets que les politiques climatiques peuvent avoir du côté
de l’offre et de la demande globale. Ainsi, nous pouvons analyser les différents impacts de ces
politiques sur l’équilibre macroéconomique. À court terme, les politiques climatiques visent à
assurer l’équilibre environnemental en réduisant les émissions dans l’économie, que ce soit par
le biais d’une taxe ou d’un système de permis, sous certaines conditions. Ces politiques peuvent
être bénéfiques pour l’environnement, mais elles ont un coût élevé pour l’économie, entraı̂nant
une inflation, une perte de pouvoir d’achat pour les salariés et une diminution de l’efficacité
des politiques de relance.
Selon l’instrument climatique choisi, le système de permis a tendance à avoir des effets
inflationnistes plus importants lors des politiques de relance que dans le cas d’une taxe, mais
54
il permet également de mieux respecter l’équilibre environnemental. Il existe des moyens de
contourner ces effets, tels que la réduction des cotisations pour les entreprises afin de compenser
leurs pertes de bénéfices et de limiter l’augmentation générale des prix. Cependant, cela ne
constitue pas nécessairement une solution suffisante pour éviter les autres impacts que les
politiques climatiques peuvent avoir sur l’équilibre macroéconomique, notamment en raison de
l’ampleur des déficits publics des gouvernements, même si cette hypothèse n’est pas abordée
dans l’article.
Le modèle de Fagnart et Germain (2014) nous a permis de mettre en évidence les différents
effets que ces politiques climatiques peuvent avoir sur l’économie. Il est maintenant intéressant
d’analyser des modèles qui démontrent que les politiques climatiques n’ont pas nécessairement
que des effets négatifs sur l’équilibre macroéconomique.
55
Troisième partie
L’existence du double dividende
Pour démontrer que les politiques climatiques ne sont pas nécessairement néfastes pour
l’économie, nous allons étudier les modèles théoriques récents développés par les auteurs Héron
et Piluso (2017-2022). Ces deux articles visent à créer un modèle macroéconomique basé sur
la théorie keynésienne en intégrant une politique climatique, afin d’analyser les différents effets
que celle-ci pourrait avoir sur l’ensemble des agrégats économiques.
III.1
Taxe environnementale et investissements verts
Dans cette section, nous allons présenter un modèle macroéconomique intégrant les problèmes
environnementaux. Le modèle de Héron et Piluso (2017) [30], que nous allons présenter, analyse
les effets de la mise en place d’une taxe environnementale dans l’économie. Cette dernière a
des effets bénéfiques sur la conjoncture économique, contrairement au modèle de Fagnart et
Germain (2014) [12]. En présentant ce modèle, nous pouvons analyser dans quelle mesure une
politique climatique est source de croissance économique et n’est pas nécessairement une mesure qui crée simplement un choc négatif sur l’offre en entraı̂nant une augmentation du niveau
général des prix et une baisse de la production.
III.1.1
Les hypothèses du modèle de Cartelier
Le modèle sur lequel se base Héron et Piluso (2017) [30] pour analyser les effets d’une taxe
environnementale est celui de Cartelier (1995) [9] [30] [28]. Ce modèle reprend les résultats
fondamentaux de la théorie de Keynes (1937) [20]. La détermination des variables endogènes
de ce modèle se fait de manière séquentielle. En fixant des variables exogènes, on détermine
par la suite une variable endogène qui va nous permettre d’en déterminer une autre et ainsi
de suite. Ici, le marché de la monnaie n’est pas pris en compte. En effet, la demande de
monnaie pour motif de transaction et de précaution, d’après Cartelier (1995) [28] [30], ne
constitue qu’une infime partie du patrimoine des agents. Le niveau du taux d’intérêt est donc
déterminé par celui imposé par les autorités monétaires, il est donc exogène. Nous raisonnons
donc uniquement sur deux marchés, le marché des biens et services et le marché du travail.
Les banques centrales fixent un taux d’intérêt, ce qui permet de déterminer le montant de la
consommation des ménages et celui des entreprises, représenté par le niveau d’investissement.
L’agrégation de ces composantes forme la demande globale. Cette dernière permet alors de
déterminer le niveau de production que les entreprises doivent atteindre pour satisfaire le niveau
58
de la demande. Pour mener à bien cette production, les entreprises recrutent une certaine maind’œuvre, ce qui détermine le niveau d’emploi de l’économie. Grâce à ce niveau d’emploi, nous
pouvons déterminer la productivité marginale des travailleurs, puisque nous avons le niveau
de production. Cela nous permet de déterminer le salaire réel, puisque, comme expliqué chez
Héron et Piluso (2017) [30], on admet que l’égalité entre la productivité marginale et le niveau
des salaires réels est vérifiée. Le modèle ne prend pas en compte l’offre de travail des salariés
dans son analyse. Nous n’avons pas de négociations salariales entre travailleurs et employeurs.
Il n’y a donc pas de courbe P S. C’est donc un modèle qui a des hypothèses différentes de
celui de Fagnart et Germain (2014) [12] que nous avions étudié précédemment. Le modèle de
Cartelier peut se résumer comme suit :
Le taux d’intérêt détermine le niveau d’investissement, ce qui permet de déterminer le
niveau de production d’équilibre de biens et services dans l’économie. Grâce à cette production
d’équilibre, les entreprises emploient la main-d’œuvre nécessaire pour satisfaire cette demande.
En fonction des coûts de production qu’elles ont à supporter et du niveau d’emploi nécessaire
pour satisfaire la demande, on peut déterminer le niveau des prix des biens qu’elles vont imposer
sur le marché, ce qui nous permet de déterminer le salaire réel.
III.1.2
Le modèle en intégrant une taxe environnementale
Dans le modèle de Fagnart et Germain (2014) [12], l’empreinte carbone de l’économie se caractérise par l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre générées par l’activité économique,
auxquelles on soustrait les émissions évitées grâce aux efforts de dépollution menés par les entreprises (voir l’équation (1)). Cette fois-ci, l’hypothèse de Heyes (2000) [17] sur la nature de
la relation entre le capital physique et le capital naturel est prise en compte dans l’analyse.
Héron et Piluso (2017) [30] font dépendre indirectement l’intensité polluante de la technologie
du niveau du taux d’intérêt, de sorte qu’elle dépend directement du niveau de l’investissement
”vert”.
L’investissement vert
Le montant des investissements des entreprises se divise donc en deux composantes : l’investissement ”classique” Ic que l’on retrouve dans la plupart des modèles macroéconomiques
traditionnels, et l’investissement vert Iv . Ce dernier permet donc aux entreprises d’acquérir des
biens plus propres visant à réduire l’empreinte carbone de l’économie. L’investissement total
59
de cette économie correspond à :
I = Ic + Iv
(24a)
La fonction d’investissement visant à améliorer le processus de production dépend directement d’un investissement autonome et du coût de l’emprunt. Ainsi, nous avons :
Ic = I0 + Ic (i)
(24b)
La fonction de l’investissement vert s’écrit de la façon suivante :
Iv = I0v + Iv (T, i)
(24c)
I0v correspond au montant de l’investissement vert exogène, il ne dépend donc pas du niveau
de la taxe ou encore du taux d’intérêt.
On note :
0
Iv,T =
∂Iv
∂T
(24d)
∂Iv
∂i
(24e)
Et :
0
Iv,i =
0
Avec Iv,T > 0, cela signifie que l’investissement vert augmente avec le niveau de la taxe carbone. Comme dans le modèle précédent, les entreprises engagent des dépenses de dépollution
tant que la dépense marginale est inférieure au coût marginal de la politique. Ici, nous retrouvons la même idée mais pour l’investissement. Si la taxe environnementale est suffisamment
élevée pour inciter les entreprises à investir davantage plutôt que de supporter le coût de la taxe,
alors la politique climatique est efficace. En revanche, si la taxe est trop faible, les entreprises
sont incitées à supporter le coût de la taxe plutôt que de réaliser de nouveaux investissements.
Cet investissement dépend à la fois du coût de l’emprunt représenté par le niveau du taux
d’intérêt i et du niveau de la taxe imposée T .
00
De plus, Iv,T < 0 signifie que cette fonction est concave, prenant la forme d’une cloche,
et qu’elle possède un maximum. Ce maximum peut être interprété comme le niveau où les
dépenses d’investissement vert ne sont plus suffisamment efficaces pour éliminer les émissions
de gaz à effet de serre dans le processus de production.
0
Iv,i < 0 correspond à la sensibilité de l’investissement vert par rapport au niveau du taux
d’intérêt. Comme pour l’investissement classique, lorsque le coût de l’emprunt augmente, les
entreprises réduisent leur niveau d’investissement.
60
Ainsi, avec les équations (24b) et (24c), la fonction de demande d’investissement total est
la suivante :
I = I0 + Ic (i) + I0v + Iv (T, i)
(24f)
L’empreinte carbone de l’économie
Dans ce modèle, l’empreinte carbone de cette économie est définie par les émissions engendrées par la croissance. Les dépenses de dépollution ne sont donc pas présenteés. L’intensité polluante de la technolgie dépend des montants des investissements verts engagés dans
l’économie. Ceci peut être donc représenté par :
Z = ξ(Iv )Y
(25a)
On note :
0
ξ Iv =
∂ξ(Iv )
∂Iv
(25b)
0
Avec ξI < 0, signifiant que lorsque le montant de l’investissement vert augmente, le niveau
de l’intensité polluante de la technologie baisse. Les entreprises déploient des biens plus propres
pour produire, ce qui génère donc moins d’émissions de gaz à effet de serre dans leur processus
de production.
Le marché monétaire
La demande de monnaie s’écrit de la manière suivante :
M d = M0 − a × i
(26a)
La demande de monnaie décroit avec le niveau du taux d’intérêt, qui est directement controlé
par les banques centrales. Contrairement à Fagnart et Germain (2014) [12], la règle de la
politique monétaire ne dépend pas du niveau du taux d’inflation et du niveau d’activité [12]
[35]. Dans ce cas, les autorités monétaires ne renforceraient pas ou n’allègeraient pas le niveau
de leur taux en cas de croissance ou de baisse de ces composantes. Les banques décident donc
de fixer le taux au niveau suivant :
i=i
(26b)
L’offre de monnaie est endogène et est déterminée par l’ajustement entre celle-ci et la
demande. On a donc :
MS = M
61
(26c)
L’équilibre s’obtient à partir de l’égalité de l’offre (26c) et la demande de monnaie (26a),
on a :
M = M0 − a × i
(26d)
En fonction du niveau fixé par les gouvernements, cette demande participe indirectement
à la formation de l’équilibre macroéconomique puisque le niveau d’intérêt est exogène.
La consommation et les dépenses publiques
Concernant la demande sur le marché des biens et services, à l’instar du modèle étudié
précédemment, le coût de la politique climatique se fait désormais ressentir sur la consommation des ménages. En effet, la taxe environnementale pénalise désormais le pouvoir d’achat
des ménages, puisque les biens polluants 5 achetés sont soumis à une taxe environnementale.
Cette taxe ne dépend plus de l’empreinte carbone. L’objectif de cette politique est d’inciter les
ménages à acheter des biens plus propres afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre
dans l’économie. Cette fonction de consommation s’écrit donc comme suit :
C = c × Y (1 − ξ(Iv )T )
(27)
Le montant des dépenses publiques représente l’hypothèse fondamentale du modèle. Ici,
l’équilibre budgétaire correspond au montant des taxes imposées sur les ménages et les entreprises. En effet, la politique climatique s’applique du côté des consommateurs et des producteurs. De plus, le montant des recettes issues de la taxe sur les consommateurs et les entreprises
est redistribué dans l’économie de manière à compenser la perte de demande causée par la taxe.
Dans l’étude de Fagnart et Germain (2014) [12], la politique climatique n’impactait que l’offre
et le montant des recettes de la politique climatique n’était pas redistribué dans l’économie.
Les dépenses publiques des gouvernements peuvent alors s’écrire de la manière suivante :
G = c(ξY )T + (ξ(Iv )Y )T = (ξ(Iv )Y )(1 + c)T
(28)
L’équilibre sur le marché des biens et services s’écrit ainsi :
Y =C +I +G
(29a)
En injectant les équations (24a), (27) et (28) dans (29a) et en développant l’expression en
factorisant par Y , nous pouvons déterminer l’équation qui caractérise l’équilibre sur le marché
5. L’intensité polluante de la consommation est égale à l’intensité polluante de la production.
62
des biens et services, à savoir :
Ic + Iv
1 − (c + ξ(Iv )T )
Y =
(29b)
La demande de travail
A l’inverse du modèle de Fagnart et Germain (2014) [12], Piluso et Héron (2017) [30]
supposent qu’il n’y a pas de négociation entre les travailleurs et les entreprises pour déterminer
les salaires nominaux. En effet, ils reprennent les hypothèses de Keynes (1937) [20] [29], qui
suppose qu’il existe une asymétrie d’information entre les employés et les entreprises. Ainsi, les
employeurs ont un pouvoir de négociation supérieur, leur permettant de déterminer la maind’œuvre qu’ils souhaitent employer à tout moment pour produire. Le niveau d’emploi dépend
donc du niveau de production que les entreprises désirent atteindre. Après avoir déterminé le
revenu d’équilibre sur le marché, elles peuvent donc déterminer le niveau de production et la
main-d’œuvre souhaitée pour atteindre cet équilibre.
Le salaire nominal est fixé au niveau :
w=w
(30)
Le niveau d’emploi s’exprime comme suit :
1
Y α
L=
B
(31a)
En injectant (29b) dans (31a), nous pouvons obtenir le niveau d’emploi d’équilibre :
1
α
Ic + Iv
(31b)
L=
B(1 − (c + ξ(Iv )T ))
Avec ce niveau d’emploi, nous pouvons établir la relation entre le taux de chômage, le
niveau de la taxe environnementale et l’intensité polluante de la technologie des entreprises. Si
nous notons la population active Ls , le taux de chômage U est donné par :
U = Ls − L
(32a)
En insérant (31b) dans l’expression ci-dessus, nous pouvons exprimer le taux de chômage en
fonction de l’emploi d’équilibre :
U = Ls −
Ic + Iv
B(1 − (c + ξ(Iv )T ))
1
α
(32b)
A travers cette expression, nous pouvons remarquer que lorsque le montant de la taxe
augmente, le volume de chômage diminue puisque la demande sur le marché des biens et services
63
augmente. Les entreprises ont donc besoin de plus en plus de main-d’œuvre pour répondre à
cette nouvelle demande.
La formation du niveau général des prix
A partir de là, les entreprises maximisent leur fonction de profit, qui correspond au chiffre
d’affaire pY auquel on soustrait les coûts de production, c’est à dire la masse salariale wL et
le coût de la politique climatique T Z.
En réarrangeant les termes de (31a) de manière à réécrire l’expression de l’empreinte carbone, nous pouvons réécrire (25a) comme :
Z = ξ(Iv )Lα B
(33)
Ainsi, en substituant (33) et isolant Y de (31a), le programme de maximisation du profit
peut s’écrire comme suit :
max Π = pLα B − wL − T ξ(Iv )Lα B
L
(34a)
En utilisant la condition du premier ordre, nous obtenons :
∂Π
= αpBLα−1 − w − αT ξ(Iv )Lα−1 B = 0
∂L
(34b)
De cette expression, nous pouvons déterminer le niveau des prix qui permet de maximiser
le profit, ce qui nous donne :
p=
wL1−α
+ T ξ(Iv )
αB
(35a)
En remplaçant le niveau d’emploi d’équilibre (31b) dans (35a), nous pouvons trouver :
w
p=
h
Ic +Iv
B(1−(c+ξ(Iv )T ))
i 1−α
α
αB
+ T ξ(Iv )
(35b)
Comme dans le modèle d’offre et de demande globale avec introduction de politiques
climatiques [12], nous remarquons que la taxe environnementale est source d’inflation pour
l’économie. Si l’intensité polluante des technologies des entreprises augmente ou si le niveau de
la taxe augmente, le niveau général des prix augmente.
III.1.3
Analyse de l’efficacité des politiques
Il est indispensable d’étudier l’impact de la politique climatique sur l’équilibre macroéconomique.
Nous analysons l’effet d’un renforcement de la politique climatique sur les différents agregats
64
macroéconomiques, tout en déterminant l’efficacité des politiques de relance en présence d’une
politique climatique.
L’équilibre macroéconomique
Pour déterminer la variation de l’équilibre macroéconomique dans ce modèle, nous utilisons
une méthode est séquentielle. En partant de (29b), nous pouvons étudier l’impact du niveau
de production sur (31a), (32a) et (35a). Tout d’abord, le niveau de production détermine le
niveau de l’emploi de la manière suivante :
∂L
L 1
=
·
∂Y
Y α
(36a)
Nous pouvons également écrire cette relation de la manière suivante :
dL
dY 1
=
·
L
Y α
(36b)
Sachant que α < 1, une augmentation du niveau d’activité conduit à une augmentation du
niveau de l’emploi. Nous pouvons donc en déduire aisément l’impact du niveau d’activité sur
le niveau du chômage. On a :
∂U
=−
∂Y
L 1
·
Y α
(37a)
Ce qui peut également s’écrire comme :
dU
=−
U
dY 1
·
Y α
(37b)
Ainsi, une augmentation du niveau d’activité augmente la demande de travail, ce qui réduit le
volume du chômage.
L’impact du niveau d’emploi sur le niveau général des prix s’obtient en prenant la différentielle
de (35a) par rapport à T , nous donnant :
∂p
(1 − α)w
=
∂L
αBLα
(38a)
De cette expression, nous pouvons tirer les conclusions suivantes :
— Une augmentation du niveau de l’emploi entraı̂ne de l’inflation.
— Plus le niveau de l’emploi est élevé, moins une variation du niveau de l’emploi est
inflationiste.
65
Nous pouvons désormais étudier l’impact du niveau de production sur le niveau général des
prix. Cela correspond à :
∂p
∂L
=
·
∂Y
∂Y
(1 − α)w
αBLα
(38b)
En substituant (36a) dans (38b), nous obtenons :
∂p
L1−α (1 − α)w
=
·
∂Y
Y
α2 B
(38c)
De ce résultat, nous pouvons conclure que la croissance économique est inflationniste pour
l’ensemble de l’économie.
Effet de la politique climatique sur l’équilibre macroéconomique
A travers la modélisation proposée par Héron et Piluso(2017) [30], nous pouvons remarquer,
à travers (29b) que le multiplicateur keynésien augmente en raison de la politique climatique
car elle pousse les consommateurs et les entreprises à déployer plus de dépenses pour respecter
l’équilibre environnemental. Cette augmentation des dépenses dans l’économie incite les entreprises à embaucher davantage de travailleurs pour afin de répondre à la demande croissante.
Cet effet peut être représenté par (A.2b) dans IV.1.1. Ainsi, la taxe environnementale a des
effets bénéfiques sur le volume de production et, par conséquent, sur le volume du chômage.
Pour mesurer l’impact total de la politique climatique sur le niveau d’activité, il est nécéssaire
de calculer la différentielle de (29b) par rapport à T . Nous réécrivons (29b) de la manière suivante :
Y =
I0 + Ic (i) + I0v + Iv (T, i)
1 − (c + ξ(Iv )T )
(39)
∂ξ(Iv )
∂T
(40)
Nous notons :
0
ξT =
0
Avec ξT < 0, cela signifie que lorsque le niveau de la taxe environnementale augmente, les
entreprises sont incitées à investir davantage dans des technologies vertes afin de réduire au
maximum le coût de la taxe. Grâce à (24d), nous pouvons en déduire que le niveau de la taxe
fait baisser le niveau de l’intensité carbone.
L’impact de la taxe sur le niveau de production est décrit par l’équation (A.1b) dans IV.1.1.
A travers cette expression, nous pouvons expliquer les résultats suivants :
— Une augmentation de la taxe environnementale dans l’économie engendre une augmentation du niveau d’activité. Cela s’explique par le fait que le coût de la politique climatique
66
incite les entreprises à investir davantage dans technologies vertes. De ce fait, on stimule
la demande globale et augmente le niveau de production.
— Si l’empreinte carbone de l’économie est importante, le niveau de la taxe impacte le
niveau de production de manière plus importante également. En effet, si les entreprises
émettent beaucoup de gaz à effet de serre, elles devront supporter un coût plus élevé en
raison de la politique climatique. Cela entraı̂ne une augmentation des recettes fiscales
du gouvernement, qui peut ensuite les injecter dans le marché des biens et services,
stimulant ainsi l’activité économique.
— Il existe un sueil au delà duquel l’investissement dans des technologies vertes n’est plus
suffisamment efficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il est donc
important que le gouvernement trouve le niveau optimal de taxe afin que les entreprises
continuent à investir dans ces technologies jusqu’a ce qu’elles ne soient plus efficaces
pour améliorer l’état de l’environnement. Comme nous pouvons le remarquer à travers
0
00
(A.1b), sachant que ξT < 0 et IT < 0, si la taxe augmente mais que l’intensité polluante
ne diminue pas 6 , alors à un certain sueil la taxe provoque une baisse du niveau de
production. Dans cette condition, nous pouvons donc en déduire que le niveau d’activité
en fonction de la taxe gouvernementale suit également lune courbe en forme de cloche.
A un certain niveau, la taxe n’augmente plus le niveau d’activité car elle ne permet plus
d’éliminer les émissions de gaz à effet de serre de manière significative. On suppose donc
que :
∂2Y
<0
∂T 2
(41)
Grâce à ces observations, on remarque que la relation entre le niveau de croissance et la taxe
environnementale est complexe et non linéaire dans le modèle de Héron et Piluso (2017). Par
conséquent, les gouvernements doivent trouver un équilibre entre le niveau du coût de la politique climatique et les incitations à investir dans les technologies vertes afin de maximiser au
mieux les bénéfices économiques et environnementaux.
Du résultat (A.1b) et (41), nous pouvons en déduire l’impact sur le reste des variables
endogènes. Concernant le niveau d’emploi, si le niveau de la taxe environnementale entraı̂ne
une augmentation du niveau d’activité, cela provoque une augmentation du niveau de l’emploi
dans l’économie puisque les entreprises doivent embaucher davantage pour satisfaire le niveau
6. L’empreinte carbone ne diminue plus à certain niveau à cause de la forme la fonction d’investissement vert
00
qui à la forme d’une cloche I < 0
67
de la demande. L’impact globale de la taxe sur le niveau d’emploi se mesure à travers (A.2b)
dans IV.1.2.
Les mêmes résultats que nous avons trouvés pour l’impact de la taxe s’appliquent pour au
niveau d’emploi 7 :
— Une augmentation de la taxe environnementale dans l’économie engendre une augmentation du niveau d’emploi.
— Si l’empreinte carbone de l’économie est importante, le niveau de la taxe impacte le
niveau d’emploi de manière plus importante également.
— Si à un certain seuil la taxe ne permet plus d’accroitre le niveau de croissance, cela
signifie également que le niveau d’emploi atteint une certaine limite. De (41), on en
déduit alors :
∂2L
<0
∂T 2
(42)
L’impact de la taxe sur le niveau des prix est décrit par (A.3b) dans IV.1.3. De cette expression,
nous pouvons en tirer plusieurs résultats :
— On remarque que l’impact global de la taxe environnementale est source d’inflation pour
l’économie.
— Plus l’intensité polluante de l’économie est élevée, plus l’inflation sera importante si les
gouvernements renforcent la politique climatique.
— A travers le terme
(1−γ)w
αBLα ,
on remarque que si l’économie présente un volume de chômage
faible, la mise en place d’une taxe evironnementale sera plus inflationniste que dans le
cas ou l’économie est dans une situation de chômage de masse.
— Plus les salaires nominaux sont élevés, et plus l’augmentation de la taxe entraı̂ne de
l’inflation.
— A un certain niveau d’émission, le niveau général des prix aura tendance à baisser du
fait de l’inéficacité de l’investissement vert comme expliqué précédemment. Du résultat
(42), nous pouvons en déduire :
∂2p
<0
∂T 2
(43)
Nous pouvons déterminer quelle est l’ampleur de la politique climatique sur le niveau de
l’empreinte carbone à travers (A.4b) dans IV.1.4. Pour que la politique climatique soit efficace,
c’est-à-dire qu’elle permette de réduire l’empreinte carbone dZ < 0, il faut que la condition
7. Ceci est du à la structure du modèle de Cartelier (1995), pris comme base pour réaliser ce modèle macroéconomique environnemental
68
(A.4c) dans IV.1.4 soit respectée. Dans le cas contraire, la politique climatique génère trop de
croissance, au point que cette mesure devienne inefficace même si elle a permis aux entreprises
de produire de manière plus respectueuse pour l’environnement 8 .
Comme dans le modèle de Fagnart et Germain (2014), la mise en place d’une taxe environnementale à des effets bénéfiques sur le marché des biens et services, mais elle provoque
des chocs négatifs du côté de l’offre. Selon les conditions que nous avons construites, la taxe
environnementale peut contribuer à l’amélioration de l’équilibre macroéconomique environnemental.
Effet de la politique de relance sur l’équilibre macroéconomique
Pour analyser l’effet d’une politique climatique et d’une politique budgétaire plus ambitieuse, il nous suffit tout d’abord de modifier (28) en y ajoutant une source de financement
indépendamment de la taxe environnementale supportée par les ménages et les entreprises.
Cette composante supplémentaire, nous la notons G0 . On a alors :
G = c(ξ(Iv )Y )T + (ξ(Iv )Y )T + G0 = (ξ(Iv )Y )(1 + c)T + G0
(44)
Ainsi, nous avons un nouvel équilibre sur le marché des biens et services :
Y =
Ic + Iv + G0
1 − (c + ξ(Iv )T )
(45a)
Sans mise en place de la politique climatique, une politique de relance de financée par
l’emprunt influence le niveau de production de la manière suivante :
dY =
dG0
1 − (c + ξ(Iv )T )
(45b)
La politique de relance est d’autant plus efficace lorsque la politique climatique est présente
dans l’économie, puisque si ce n’était pas le cas, nous aurions :
dY =
dG0
1−c
(45c)
La taxe environnementale permet d’injecter les recettes dans l’économie, ce qui améliore
l’efficacité du multiplicateur. Nous voyons donc bien qu’une politique de relance est plus efficace
dans le cas où une politique climatique est mise en place dans l’économie.
0
8. Cette condition (A.4c) est nécessaire puisque ξT < 0.
69
Grâce à une politique de relance le niveau de la demande augmente, ce qui conduit à une
augmentation du niveau de l’emploi :
∂L
=
∂G0
1
1 − (c + ξ(Iv )T )
·
L
Yα
(45d)
Par la même occasion, une augmentation du niveau de l’emploi provoque une augmentaion
du niveau des prix. Ainsi, une politique de relance influence le niveau des prix de la manière
suivante :
∂p
=
∂G0
1
1 − (c + ξ(Iv )T )
1−α
L
(1 − α)w
·
Y α2 B
(45e)
Une politique expansionniste est inflationniste dans ce type de modèle. On peut se demander
également quel est l’impact d’une politique de relance sur l’empreinte carbone de l’économie.
Pour établir cela, on prend la différentielle de (25a) par rapport à G0 . Ainsi on trouve :
∂Z
1
=
· ξ(Iv )
(45f)
∂G0
1 − (c + ξ(Iv )T )
Une politique de relance accroit l’empreinte carbone de l’économie à cause de l’augmentation
de la demande et parallèlement de la production. Une politique de relance dans ce type de
modèle entraı̂ne :
— Une plus grande efficacité que dans le cas ou aucune politique climatique est mise en
place
— Une augmentation plus importante de la croissance économique.
— Une augmentation plus importante du niveau d’emploi.
— Une baisse plus importante du volume du chômage.
— Une augmentation plus importante du niveau des prix.
— Une dégradation plus importante de l’empreinte carbone dans l’économie.
Politique climatique et budgétaire
Il est possible d’étudier l’impact des deux politiques sur les différentes variables macroéconomiques
du modèles. Dans IV.1 nous pouvons retrouver la différrents résultats. La combinaison de ces
deux politiques entraı̂ne une variation du niveau d’activité, comme décrit à travers (B.1a).
L’impact sur le niveau de l’emploi est décrit par (B.1b). L’impact sur le niveau de chômage
est décrit par (B.1c). L’impact sur le niveau général des prix s’évalue grâce à (B.1d). Quant à
l’empreinte carbone, l’impact des deux politique s’obtient à travers (B.1e).
70
A travers ces résultats, nous pouvons remarquer que si les gouvernements mettent en place
simultanément une politique de relance et climatique, nous pouvons assister à une augmentation
de la croissance économique, du niveau de l’emploi, une baisse du volume du chômage et à une
augmentation des prix. Concernant l’empreinte carbone il est difficile d’évaluer l’effet que ces
deux politiques pourraient provoquer. Il serait intéressant d’étudier le cas où la variation du
niveau d’activité induite par une politique de relance et climatique permet d’augmenter le
niveau d’activité tout en réduisant l’empreinte carbone. Pour ce faire, la méthode utilisée est
décrite dans IV.2. Nous remarquons que si les conditions (B.4a) et (B.4b) sont respectées, il
est possible d’avoir l’existence d’un double dividende.
Conclusion
A travers le modèle de Héron et Piluso (2017) [30], il est possible de mettre en évidence que
la taxe environnementale peut être bénéfique pour la conjoncture économique. Elle accroı̂t le
niveau de production, puisque les consommateurs supportent un coût supplémentaire sur leur
pouvoir d’achat, tout comme les producteurs. Cette taxe fournit des recettes supplémentaires
qui sont ensuite redistribuées dans l’économie, permettant d’améliorer l’efficacité du multiplicateur et de stimuler le niveau de la demande. Elle incite également les entreprises à engager
de nouvelles dépenses pour la dépollution, ce qui permet de réduire l’empreinte carbone tout
en augmentant le niveau de production. Ainsi, la mise en place d’une politique climatique rend
les politiques de relance plus efficaces que si cette dernière n’était pas en place.
La combinaison d’une politique expansionniste et climatique permet d’atteindre un meilleur
équilibre macroéconomique, mais il est important de noter que les conséquences inflationnistes
peuvent être significatives. L’intensité de la politique climatique doit donc rester raisonnable,
car les investissements nécessaires pour éliminer les émissions peuvent atteindre leur pleine
capacité. Si la politique climatique est mise en œuvre de manière excessive, elle peut avoir des
effets néfastes sur la conjoncture économique. Il est donc essentiel de trouver un équilibre afin
de mener des politiques expansionnistes et climatiques qui relancent l’activité économique tout
en réduisant l’empreinte carbone.
Contrairement au modèle de Fagnart et Germain (2014) [12], nous avons présenté un modèle
qui montre qu’une politique climatique peut avoir des effets bénéfiques pour la conjoncture.
Cependant, il est important de noter que cette politique peut également générer de l’inflation.
71
Dans une économie confrontée à l’inflation, il peut être difficile pour les autorités publiques de
concilier la préservation de l’environnement avec la réduction du niveau d’inflation. Étant donné
que de nombreuses économies mondiales connaissent actuellement une période d’inflation, il est
essentiel que les gouvernements prennent les précautions nécessaires s’ils souhaitent renforcer
leur politique climatique tout en gérant l’inflation de manière appropriée.
Dans ce modèle, les conséquences de l’inflation sur le comportement des agents ne sont
pas prises en compte. Sachant que le modèle ne tient pas compte de la négociation salariale,
la politique climatique étant inflationniste, le niveau des salaires réels baisse. Cela pousse les
entreprises à vouloir employer davantage car le coût du travail est moins cher. Puisqu’il n’y a pas
de négociation salariale, les salariés n’ont pas la possibilité de vouloir revaloriser leurs salaires,
ce qui n’est pas forcément une hypothèse plausible, surtout si l’économie est en situation de
faible chômage. Il pourrait être intéressant de prendre en compte cette hypothèse pour une
extension ultérieure de ce modèle.
De plus, l’hypothèse de court terme dans ce modèle n’est pas forcément traitée. Comme
nous l’avions souligné précédemment, Fagnart et Germain (2014) [12] considèrent eux qu’à
court terme, les entreprises n’ont pas le temps de déployer des investissements mais peuvent
contribuer à l’amélioration de la conjoncture environnementale en menant des dépenses de
dépollution. On ne tient pas compte également des délais d’ajustement. Les États peuvent
mettre en œuvre une politique climatique, mais la réaction des entreprises peut prendre plus
ou moins de temps. Le temps de déployer les investissements pour que ces derniers bénéficient
à l’environnement peut être aussi plus ou moins long.
Dans ce modèle, une politique climatique agit de manière instantanée, ce qui n’est pas
forcément une hypothèse représentative de la réalité. Prendre en compte une dimension temporelle peut améliorer l’analyse pour étudier les différents délais d’ajustement entre la date
de mise en place d’une politique et les effets que ces dernières provoquent sur la conjoncture
économique. Héron et Piluso (2022) [31] ont réalisé par la suite une extension de ce modèle, en
intégrant cette fois-ci des dépenses de dépollution et non plus les investissements verts. C’est
ce que nous allons présenter dans la section suivante.
72
III.2
Taxe environnementale et dépenses de dépollution
A travers le modèle de Héron et Piluso (2017), nous avons pu étudier l’impact bénéfique de
la mise en place d’une taxe environnementale dans l’économie pour lutter contre la dégradation
de l’environnement. Cependant, certaines hypothèses de ce modèle sont critiquées par Fagnart
et Germain (2014), notamment sur le temps pour les entreprises de mettre en place les investissements nécessaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de leurs processus
de production. Une nouvelle version du modèle de Héron et Piluso (2022) corrige cet effet
en prenant en compte cette fois-ci les critiques de Fagnart et Germain. Ce modèle a pour
but d’introduire les dépenses de dépollution dans l’économie et d’étudier l’impact de la taxe
environnementale sur celles-ci et sur l’ensemble des différents agrégats macroéconomiques.
III.2.1
Le modèle
Dans le modèle précédent [30], Héron et Piluso (2017) introduisaient l’investissement vert
pour réduire l’empreinte carbone. Dans le modèle que nous présentons [31], on ne tient plus
compte de l’investissement vert mais des dépenses de dépollution des entreprises. C’est donc
une nouvelle approche que Héron et Piluso (2022) nous proposent. Ceci permet d’avoir des
résultats qui se ressemblent notamment sur l’impact de la taxe dans l’économie, mais ces
dépenses interagissent de manière plus importante du côté de l’offre, comme dans le modèle de
Fagnart et Germain (2014).
L’emission optimale à éviter
La relation (25a) est modifiée, laissant place à :
Z = ξY − A
(46)
L’intensité polluante de la production ne dépend plus de l’investissement vert, c’était la
relation qui nous est proposée par Fagnart et Germain (2017), voir (1). Les entreprises doivent
supporter le coût de la politique climatique qui va impacter leur niveau de production. En
fonction de l’intensité de cette politique, les entreprises décident de la quantité de biens et
services de dépollution qu’elles doivent engager avant de lancer leur processus de production.
Nous avons désormais une fonction de la dépense de dépollution proposée par Héron et Piluso
(2022), décrite de la manière suivante :
g(A) = Aγ
73
(47)
Avec γ > 1 correspondant à l’élasticité d’achat des biens de réduction de la pollution. On
note PA le prix unitaire du bien et service. Le coût de dépense de dépollution des entreprises sur
le marché des biens et services est PA g(A), soit PA Aγ . Ainsi, le coût marginal de dépollution
est PA γAγ−1 .
Il s’ensuit un programme d’optimisation visant à déterminer le montant que les entreprises
doivent déployer en fonction de la taxe environnementale. Autrement dit, nous cherchons à
savoir quand est-ce que les entreprises ont intérêt à supporter le coût de la politique ou non.
Pour cela, on note QZ le coût global climatique pour les entreprises, c’est-à-dire la part des
coûts qui correspond à la taxe environnementale et l’autre correspondant à ses dépenses de
dépollution. Le programme d’optimisation est donc le suivant :
min QZ = T (ξY − A) + PA Aγ
A
(48a)
De la condition du premier ordre, on trouve :
∂QZ
= −T + γPA Aγ−1 = 0
∂A
(48b)
Ainsi, l’émission optimale à éviter pour que les entreprises supportent le moins le coût de
la taxe est :
∗
A =
T
γPA
1
γ−1
(48c)
L’émission optimale que les entreprises doivent atteindre dépend du niveau de la taxe et
du niveau des prix associés à ces dépenses de dépollution. Plus la taxe est élevée, et plus
les émissions à éviter augmentent. Si les prix biens et services de dépollution augmente, les
entreprises auront tendance à réduire leurs dépenses de dépollution, toutes choses étant égales
par ailleurs.
Le marché des biens et services
Des modifications sont apportées sur le marché des biens et services pour compléter le
modèle. La fonction de consommation est décrite de la manière suivante :
C = C0 + c(µ)Y
(49a)
La propension marginale à consommer dépend désormais du taux d’inflation à la date
courante, noté µ. Héron et Piluso (2022) [31] supposent que le taux d’inflation à un impact
74
faible sur la propension marginale à consommer. Plus l’augmentation du niveau général des
prix est élevée, plus la propension marginale à consommer décroı̂t, soit :
∂c(µ)
<0
∂µ
(49b)
Si les salaires nominaux sont constants, l’augmentation des prix réduit le pouvoir d’achat
des consommateurs en diminuant les salaires réels. Cela entraı̂ne une augmentation du niveau
de profit des entreprises, ce qui augmente la richessse de certains entrepreneurs, mais diminue
celles de certains. Etant donné que la propension marginale est une moyenne pondérée de tout
les individus de la société, l’inflation tend à diminuer sa valeur. Précédemment, la fonction
de consommation dépendait du niveau de la taxe environnementale, car les gouvernements
imposaient la politiques climatique aux différents consommateurs. Faire dépendre la propension
marginale à consommer du taux d’inflation, permet de répercuter d’une autre manière la taxe
,puisque cette dernière a des effets inflationnistes.Ainsi, nous pouvons affrimer que le taux
d’inflation, à mesure qu’il augmente ,rend le multiplicateur inefficace.
Cette fois-ci, l’investissement vert n’est pas pris en compte dans le modèle, et l’investissement total est donné par la relation :
I = I0 − bi
(50)
Comme précédemment, I0 représente l’investissement autonome, i est le niveau du taux du
marché, et b est le niveau de sensibilité des investisseurs face au taux du marché.
Le niveau des dépenses des autorités publiques est donné par :
G = T (ξY − A)
(51)
Le niveau d’activité intègre désormais les dépenses de dépollution, comme dans le cas de
Fagnart et Germain (2014). Nous avons donc :
Y = C + I + G + g(A)
(52a)
En remplaçant les expressions (49a), (50), et (51) dans (52a), nous pouvons isoler Y dans
cette expression pour énoncer la condition d’équilibre sur le marché des biens et services en
fonction de la taxe environnementale, des émissions à éviter, et du taux d’intérêt. Nous obtenons
alors :
Y =
C0 + I0 + Aγ − bi − T A
1 − (c(µ) + ξT )
75
(52b)
Auparavant, l’équilibre sur le marché des biens et services était décrit par la relation (29b).
Désormais, l’investissement vert ne fait plus partie de cette expression et laisse place aux
autres composantes de la demande telles que la consommation, les dépenses gouvernementales,
l’investissement classique, le taux d’inflation et les dépenses de dépollution. La taxe et l’intensité
polluante de l’activité jouent donc le même rôle, à l’inverse de cette fois-ci, où l’intensité
polluante de la production ne dépend plus du niveau de l’investissement vert. Les émissions
polluantes à éviter, quant à elles, vont jouer un rôle très important dans la mesure où, selon
leur niveau, elles provoquent un choc de demande sur le marché des bies et services. Le taux
d’inflation joue également un rôle essentiel, car il est exprimé à travers la propension marginale
à consommer.
Pour analyser en détail les effets de chaque composante, notamment le niveau de la taxe
et des émissions polluantes à éviter sur le niveau d’activité, nous allons procéder à différents
calculs différentiels.
Le niveau d’emploi
Pour trouver le niveau d’emploi, nous reprenons l’expressions (31a), qui décrit comme le
niveau d’emploi se forme en fontion de la productivité des travailleurs et de l’équilibre sur le
marché des biens et services. En insérant (52b) dans (31b), nous pouvons déterminer que le
niveau d’emploi d’équilibre correspond à :
L=
C0 + I0 + Aγ − bi − T A
B(1 − (c(µ) + ξT ))
1
α
(53)
Nous rappelons rappelle que B correspond à la productivité moyenne des travailleurs et
α < 1.
En reprenant la relation (32a), nous pouvons insérer (53). Cela nous permet d’identifier le
volume de chômage présent dans l’économie. Ainsi, le volume de chômage correspond à :
U = Ls −
C0 + I0 + Aγ − bi − T A
B(1 − (c(µ) + ξT ))
1
α
(54)
Ici, lorsque l’intensité polluante de la technologie, les émissions à éviter et le niveau de
la taxe augmentent, et que les conditions (C.1b) et (C.2a) sont verifiées, alors le volume de
chômage diminue.
Comme précédemment nous pouvons construire la fonction de profit des entreprises. En
prenant en compte l’ensemble des coûts de entreprises, qui comprend la masse salariale et le
76
coût climatique, nous pouvons écrire la fonction de profit de la manière suivante :
Π = pY − wL − T (ξY − A) − PA Aγ
(55)
En réarrangeant les termes de (31a), nous pouvons réécrire (46) comme :
Z = ξLα B − A
(56)
A parire de (31a) et (56), nous pouvons en déduire le programme de maximisation suivant :
max Π = pLα B − wL − T (ξLα B − A) − PA Aγ
L
(57a)
De la condtion du premier ordre, on trouve :
∂Π
= αpLα−1 B − w − αT ξLα−1 = 0
∂L
(57b)
On en déduit que le prix qui maximise le profit de l’entreprise est le suivant :
P =
wL1−α
+ Tξ
αB
(58a)
En injectant le niveau d’emploi d’équilibre (53) dans (58a), on obtient le prix d’équilibre
suivant :
w
P =
h
C0 +I0 +Aγ −bi−T A
B(1−(c(µ)+ξT ))
αB
i
1
1−α
+ Tξ
(58b)
Comparé au modèle de Héron et Piluso (2017) [30], le prix d’équilibre ne dépend plus
de l’investissement vert (représenté par (35b)), mais plutôt de la dépense de dépollution des
entreprises. Dans les deux cas, l’effet sur le niveau des prix est similaire car les dépenses de
dépollution et l’investissement vert ont tous deux un impact positif sur la demande, ce qui
entraı̂ne une augmentation des prix. Ainsi, un renforcement de la politique environnementale
génère une inflation dans l’économie, ce qui est cohérent avec les résultats de Fagnart et Germain
(2014) [12] ou de Héron et Pilsuo (2017) [30].
Dans cette économie, lorsque les gouvernements veulent renforcer la politique climatique, les
agents prévoient que cela provoque un effet inflationniste. De cet effet inflationniste s’ensuit une
augmentation du taux d’inflation, ce qui se répercute sur la propension marginale à consommer
et donc sur le multiplicateur. L’affaiblissement de ces deux composantes conduit à une réduction
du niveau de production, mais peut être compensé par les recettes de la taxe imposée sur
les entreprises et les dépenses de dépollution que ces dernières effectuent sur le marché des
biens et services. Si cet effet domine l’autre, il est possible que l’effet inflationniste de la taxe
environnementale soit contourné afin que le niveau de croissance ne soit pas pénalisé.
77
L’impact sur l’équilibre macroéconomique
Sachant que le modèle que nous étudions est une extension de celui précédemment présenté,
les différents impacts sur l’équilibre macroéconomique se font de la même manière, c’est à dire
séquentiellement. Cette fois-ci, en partant de (52b), nous analysons l’impact du niveau de
croissance sur (53), (54) et (58a). Dans un premier temps, le niveau de croissance détermine
la demande de travail de la façon comme décrit à travers (36a) et (36b). L’impact du niveau
de croissance sur le niveau de chômage est décrit par (37a) et (37b). Ainsi, nous pouvons
déterminer l’impact sur le niveau genéral des prix, ceci étant décrit par (38b) et (38c).
III.2.2
L’impact des variables sur le volume de production et l’empreinte
carbone
On veut étudier l’impact de différentes variables sur le niveau de production et du niveau de
l’empreinte carbone. En établissant les différents impact sur ces deux agrégats, nous pouvons
déterminer quelles variables vont accroı̂tre ou réduire le niveau d’activité et l’empreinte carbone.
Les résultats formels de cette analyse se trouvent dans IV.1 et IV.2.
Les conditions nécéssaires pour l’accroisement du niveau d’activité
A travers C.1a, nous pouvons remarquer que les émissions de gaz à éviter dépendent de la
condition d’équilibre entre le cout marginal de la taxe environnementale et la dépense marginale
de dépollution 9 . En effet, si la dépense marginale de dépollution excède le cout marignal de la
taxe, alors le niveau de la production augmente. Par conséquent, la condition nécéssaire pour
que les émissions à éviter augmentent le niveau de production est décrite par (C.1b) :
γAγ−1 > T
Ainsi, les gouvernements ont donc intérêt à bien se concerter sur le niveau de la taxe afin
que celle-ci bénéficie au volume de production.
Par (C.2b), nous pouvons conclure que la taxe environnementale accroı̂t le niveau de production tant que les émissions de gaz à effet de serre générées par l’activité n’excèdent pas
la quantité d’émissions réduites par l’ensemble des entreprises. En d’autres termes, tant que
9. Il ne faut pas confondre la dépense marginale de dépollution qui intervient sur le marché des biens et
services, et le coût de la dépense marginale de dépollution qui intervient dans le programme de maximisation
des entreprises.
78
l’empreinte carbone est suffisament élevée dans l’économie, la taxe est efficace pour accroı̂tre le
niveau de production. Quant à l’impact de l’intensité polluante de la croissance, il est évalué par
(C.3). Selon ce résultat, lorsque le niveau de pollution de l’activité augmente, le niveau de croissance augmente également. Cela peut s’expliquer par l’effet l’empreinte carbone de l’économie.
En effet, lorque celle-ci augmente, cela pousse les gouvernements à renforcer la politique climatique pour compenser cette pollution. Cela oblige les entreprises à engager de nouvelles
dépenses de dépollution si la taxe environnementale est suffisament élevée. De (C.4), nous pouvons mesurer l’impact du taux d’inflation sur le niveau d’activité. Une augmentation du taux
d’inflation entraı̂ne un affaiblissement du niveau de production. En effet, ce taux réduit la part
de revenu suppléméntaire consacrée à la consommation, ce qui appauvrit le pouvoir d’achat
des consommateurs et, par conséquent, la valeur du mutliplicateur.
Ainsi, si les conditions (C.1b), (C.2a), (C.3) sont vérifiées, on peut affirmer que lorsque les
émissions polluantes à éviter, la taxe environnementale et l’intensité polluante de la production augmentent, le niveau de production augmente également. Alors, les entreprises emploient
davantage de travailleurs pour satisfaire ce niveau de demande. Il est également indéniable
que, toutes choses étant égales par ailleurs, la condition (C.4) permet d’affirmer que le taux
d’inflation pénalise le niveau de croissance économique.
La variation totale du niveau de croissance à partir de ces différentes variables est décrite
par (C.5a), ce qui s’écrit comme suit :
h
i
1
0
γ−1
dY =
· dA · γA
− T + dT · Z + dξ · Y T + dµ · cµ Y
1 − (c(µ) + ξT )
Selon le modèle de Cartelier (1995), il suffit d’analyser les effets sur l’une des premières variables endogènes pour déterminer les effets qu’elle-même va provoquer sur les autres variables.
Grâce à ce processus, les conditions que nous venons d’établir nous permettront de savoir quels
effets ces différentes variables vont engendrer sur le niveau d’emploi, le volume du chômage et
le niveau général des prix.
Les conditions nécéssaires pour la réduction de l’empreinte carbone
L’impact des émissions à éviter sur l’empreinte carbone se mesure à travers (C.6b). Pour
que les émissions à éviter réduisent l’empreinte carbone, il faut que leur impact sur le niveau
d’activité soit strictement inférieur à 1. Ainsi, l’augmentation des émissions à éviter peut réduire
l’empreinte carbone. L’impact du niveau de la taxe sur l’empreinte carbone est décrit par
79
(C.7b). À travers cette expression, on remarque que si l’intensité de la politique climatique
s’accroı̂t mais que les émissions polluantes à éviter n’augmentent pas, cela dégrade l’empreinte
carbone. Il est donc indispensable que la politique climatique s’accompagne de ces dépenses
de dépollution. Les gouvernements doivent impérativement trouver le niveau de taxe optimal
pour que les entreprises déploient ces dépenses de dépollution. L’impact de l’intensité carbone se
mesure par (C.8b). L’intensité carbone accroı̂t l’empreinte carbone de l’économie. Elle dégrade
davantage l’empreinte carbone à mesure que le niveau d’activité est élevé.
Le niveau d’inflation a des effets bénéfiques pour l’empreinte carbone, comme décrit dans
l’équation (C.9b), dans la mesure où cette dernière permet de réduire le niveau de la demande
et donc, par ailleurs, le niveau de production. Sachant que le niveau de production baisse, les
entreprises emploient moins de travailleurs, ce qui fait baisser ensuite le niveau général des
prix. La variation totale de l’empreinte carbone à partir de ces différentes variables est décrite
par (C.10a), soit :
∂Y
dZ = dT · ξ ·
∂T
+ dA ·
∂Y
∂Y
∂Y
· ξ − 1 + dξ · Y +
· ξ + dµ
·ξ
∂A
∂ξ
∂µ
Si l’on souhaite que l’empreinte carbone baisse, il faut que l’effet de l’inflation et des
émissions à éviter sur le niveau de production soit plus important que ceux induits par le
prix de la taxe et l’intensité polluante. L’impact des émissions polluantes à éviter induit par le
prix de la taxe et le prix des biens de dépollution est analysé dans les sections suivantes.
III.2.3
L’impact de la taxe environnementale et des dépenses de dépollution
En analysant l’impact du prix de la taxe environnementale et des dépenses de dépollution
sur chaque agrégat, on va pouvoir analyser l’effet global de la politique climatique sur l’ensemble
de l’équilibre macroéconomique. Grâce à cette analyse, nous allons pouvoir déterminer si, dans
ce type de modèle, il est possible de mener une politique climatique telle qu’on peut assurer
simultanément une augmentation du niveau de croissance et une baisse de l’empreinte carbone.
L’impact de la taxe environnementale
Comme pour le modèle de Héron et Piluso (2017), nous pouvons déterminer la formation
de l’équilibre macroéconomique. Nous analysons dans un premier temps l’impact d’une augmentation de la poltique climatique sans que les émissions polluantes à éviter n’augmentent.
80
Tout d’abord, on étudie l’impact de la politique climatique sur les émissions à évitées. Nous
prenonsla différentielle de (48c) par rapport à T , ce qui nous permet de comprendre comment
varient les émissions polluantes à éviter lorsque le niveau de la taxe ou le prix du permis
augmente. En effectuant quelques manipulations, nous pouvons finalement obtenir :
∂A
A
=
∂T
T (γ − 1)
(59a)
Ce que l’on peut récrire encore comme :
dA
dT
1
=
·
A
T γ−1
(59b)
A travers cette expression, on peut remarquer que si γ > 1, un renforcement de la politique
climatique provoque une augmentation du niveau des émissions présentes dans l’économie.
Nous en déduisons alors que γ est nécéssairement inférieur à 1.
Un prix de la taxe plus élevé augmente les émissions polluantes à éviter dans l’économie.
Donc, si les gouvernements veulent réduire le niveau des émissions de gaz à effet de serre
circulant dans l’économie, il faut que ces émissions augmentent. Pour cela, il suffit d’augmenter
le prix de la taxe.
Pour déduire l’impact de la politique climatique sur le niveau de l’emploi, il nous suffit de
reprendre (31a), et de différentier cette dernière par T . Nous connaissons également l’impact
du prix de la taxe sur le niveau d’acrivité grâce à (C.2b). Le modèle ayant la même structure
globalement que celui de Héron et Piluso (2017), à partir de l’expression (A.2a), on en déduit :
∂L
Z
L
=
·
(60)
∂T
1 − (c(µ) + ξT )
Yα
Ainsi, un renforcement de la politique climatique accroı̂t le niveau d’emploi de cette façon
dans ce modèle, toutes choses étant égales par ailleurs. Le volume de chômage varie de la
manière suivante lorsque l’Etat renforce sa politique climatique :
∂U
Z
L
=−
·
∂T
1 − (c(µ) + ξT ) Y α
(61)
Le prix de la taxe permet de réduire le volume de chômage.
Ainsi, à partir de (58a), on en déduit que l’impact de la taxe sur le niveau général des prix
équivaut à :
∂p
∂L (1 − α)w
=
·
+ξ
∂T
∂T
Lα αB
En injectant (60) dans cette expression, nous obtenons :
1−α
∂p
Z
L
(1 − α)w
=
·
+ξ
∂T
1 − (c(µ) + ξT )
Y α2 B
81
(62a)
(62b)
Comme avec (A.3b), on remarque qu’une politique climatique est inflationniste. L’impact
de ces prix sur l’empreinte carbone est mésuré par l’équation (C.7b).
L’impact des dépenses de dépollution
Précédemment,nous avions étudié l’impact du prix de la taxe environnementale sur les
différentes variables endogènes. Désormais, nous souhaitons examiner les effets des dépenses de
dépollution sur l’ensemble des variables macroéconomiques.
L’impact des dépenses de dépollution sur le niveau d’activité est mesuré par la relation
(C.1a). L’impact des dépenses de dépollution sur le niveau d’emploi s’établit de la manière
suivante :
∂L
∂Y
L
=
·
∂A
∂A Y α
Donc, à partir de (C.1a) on trouve :
∂L
γAγ−1 − T
L
=
·
∂A
1 − (c(µ) + ξT )
Yα
(63a)
(63b)
L’augmentation des émissions à éviter permet d’accroı̂tre le niveau d’emploi si elle-même
augmente le niveau de la demande, c’est à dire si la condtion (C.1b) est respectée.
Parallèlement, le volume du chômage varie de la manière suivante :
∂U
γAγ−1 − T
L
=−
·
∂A
1 − (c(µ) + ξT ) Y α
(64)
De plus, si la condtion (C.1b) est vérifiée, alors les dépenses de dépollution permettent de
réduire la volume de chômage grâce à l’augmentation du niveau de la demande.
Ainsi, la réduction des émissions impacte le niveau général des prix de la façon suivante :
∂L (1 − α)w
∂p
=
·
∂A
∂A
αBLα
En injectant (63b), on obtient :
1−α
∂p
γAγ−1 − T
L
(1 − α)w
=
·
∂A
1 − (c(µ) + ξT )
Y α2 B
(65a)
(65b)
A travers l’ensemble de ces expressions, on remarque que la réduction des émissions permet
d’accroı̂tre le niveau de production, le niveau d’emploi, le niveau des prix et de réduire le
chômage, mais uniquement si la condition (C.1b) est vérifiée. Maintenant, nous pouvons étudier
l’impact de la réduction des émissions due au prix de la taxe environnementale.
82
L’impact de la politique climatique
Après avoir étudié individuellement l’impact de ces deux composantes sur chacune des
variables enodogènes du modèle, nous pouvons nous demander demander comment ces dernières
varient lorsque c’est le prix de la taxe qui induit la variation des dépenses de dépollution. Pour
ce faire, les résultats que nous avons obtenus dans les deux parties précédentes von nous aider
à réaliser cette analyse.
Nous notons AT le niveau d’émissions des entreprises dépendant du niveau de la taxe. En
reprenant (52b), et en injectant (48c) dans celle-ci, nous pouvons exprimer le niveau d’activité
en fonction du coût de la politique climatique et des prix des biens et services de dépollution.
Ansi, nous obtenons :
C0 + I 0 +
Y =
T
γPA
γ
γ−1
− bi − T ·
T
γPA
1
γ−1
1 − (c(µ) + ξT )
(66)
Avec (C.1a) et (C.2b), nous pouvons déduire l’impact de la politique climatique sur le
niveau d’activité en utilisant (D.1b) :
∂A ∂Y
∂Y
∂Y
=
·
+
∂AT
∂T ∂A
∂T
Pour que la politique climatique génère de la croissance, il est impératif que la condition
(C.1b) ou (D.1d) soit vérifiée. Si la politique climatique permet de générer de la croissance
∂Y
∂AT
> 0, elle permet également d’augmenter le niveau d’emploi. L’impact de la politique
climatique sur le niveau d’emploi peut être mesuré à travers (D.2b) :
∂L
∂A ∂Y
∂Y
L
=
·
+
·
∂AT
∂T ∂A
∂T
Yα
Si le niveau d’emploi augmente, le volume de chômage diminue. Cet effet est représenté par
(D.3b) :
∂U
=−
∂AT
∂A ∂Y
∂Y
·
+
∂T ∂A
∂T
L
·
Yα
Grâce à (D.4c) on peut conclure que si la politique climatique génère de la croissance, elle
a également un effet inflationiste :
∂p
∂Y L1−α (1 − α)w
=
·
+ξ
∂AT
∂AT
Y α2 B
On retrouve par ailleurs ce résultat chez Fagnart et Germain (2014). L’impact de la politique
climatique sur le niveau de l’empreinte carbone est décrit par (D.5b) :
∂Z
∂A ∂Y
∂Y
∂A
·
+
=
·ξ−
∂AT
∂T ∂A
∂T
∂T
83
La politique climatique réduit l’empreinte carbone si l’effet de cette dernière sur la croissance
est inférieur à l’effet qu’elle provoque sur le niveau des émissions à éviter des entreprises.
Autrement dit, si les émissions à éviter sont supérieures à celless que la croissance génère, le
niveau de l’empreinte carbone diminue. Cet effet est décrit par la relation (D.6a).
Effectivement, nous pouvons déterminer les valeurs de
d’avoir
∂Y
∂AT
> 0 et
∂Z
∂AT
∂A
∂T
qui permettraient simultanément
< 0. Si nous pouvons le démontrer, cela signifierait qu’en présence
d’une taxe environnementale, il est possible de mettre en place une politique climatique qui
augmente le niveau de production tout en réduisant l’empreinte carbone de l’économie. Si
l’impact du prix de la taxe sur les émissions à éviter satisfait la condition (D.8), alors il est
possible d’obtenir un double dividende.
Grâce à l’analyse des différentes composantes économiques et de leurs effets sur les agrégats,
il est possible de mesurer l’ampleur globale de la politique climatique sur l’économie. À travers
ces résultats, il est donc possible de montrer que l’on peut concilier croissance économique et
préservation de l’environnement dans ce modèle, toutes choses étant égales par ailleurs.
III.2.4
L’impact du prix des biens de dépollution
Le prix des biens de dépollution est un élément important à prendre en compte dans l’analyse, car il influence directement les dépenses de dépollution des entreprises. Il nous semble
pertinent d’étudier leur impact sur les différents agrégats macroéconomiques, car une augmentation de ces prix pourrait rendre la politique climatique inefficace.
L’impact sur les agrégats
En première étape, nous étudions l’impact du prix des dépenses de dépollution sur le niveau
des émissions à réduire. Pour ce faire, nous reprenons la dérivée partielle de (48c) par rapport
à PA . En effectuant quelques manipulations supplémentaires, nous pouvons obtenir :
∂A
A
=−
∂PA
γPA (γ − 1)
(67a)
Ce qui peut être réécrit comme :
dA
=−
A
dPA
1
·
PA γ(γ − 1)
(67b)
A partir de cette expression, nous pouvons constater que si γ > 1, une inflation au niveau
des prix de ces biens entraı̂ne une baisse des émissions à éviter. De plus, lorsque le prix des
84
biens et services non polluants augmente, les entreprises ont tendance à augmenter les émissions
polluantes, car ces dernieres devienent trop chères à réduire. Grâce à ces résultats, nous pouvons
déterminer l’impact du prix de ces biens sur le niveau d’activité. Ainsi, cet effet est décrit par
(E.2c) :
∂Y
∂A ∂Y
=
·
∂PA
∂PA ∂A
Une augmentation du prix des biens de dépollution entraı̂ne une baisse du niveau de la
production, car cela réduit la demande de biens et services moins polluants. De plus, cette
augmentation du prix a également un effet destrcuteur pour le niveau de l’emploi. Etant donné
que le niveau d’emploi dépend du niveau de la demande, une augmentation du prix des biens
de dépollution réduit les dépenses de dépollution, ce qui entraı̂ne une baisse de la demande
et, par conséquent, de la demande de travail des entreprises. L’impact des prix des biens de
dépollution sur le niveau d’emploi peut être mesuré à l’aide de (E.3b) :
∂L
∂A ∂Y
L
=
·
·
∂PA
∂PA ∂A Y α
De manière symétrique, l’impact des prix des biens de dépollution sur le volume du chômage
peut être mesuré par (E.4) :
∂U
=
∂PA
A
γAγ−1 − T
·
γPA (γ − 1) 1 − (c(µ) + ξT )
·
L
Yα
L’augmentation du prix des biens de dépollution aggrave donc le volume du chômage dans
cette économie. Si le niveau d’emploi est impacté négativement par l’augmentation des prix
des biens et services de dépollution, cela a également un impact négatif sur le niveau général
des prix. Ainsi, l’impact des prix des biens de dépollution peut être mesuré par (E.5b) :
1−α
∂p
∂Y
L
(1 − α)w
=
·
∂PA
∂PA
Y α2 B α
Si le prix des biens de dépollution a un impact le niveau de production, le niveau de
l’empreinte carbone n’échappe pas à cet effet. L’impact des prix des biens de dépollution sur
le niveau de l’empreinte carbone de l’économie se mesure comme (E.6b) :
∂Z
∂A
∂Y
=
·
·ξ−1
∂PA
∂PA
∂A
Lorsque le prix des biens de dépollution augmente, l’impact sur l’empreinte carbone est
négatif dans la mesure ou le niveau de la demande de l’économie décroı̂t.
85
Taxe environnementale et prix des biens de dépollution
Nous avons établi l’impact de la politique climatique et du prix des biens de dépollution
sur l’ensemble des agrégats. Nous pouvons maintenant étudier l’impact de ces deux variables
sur le niveau de l’activité et sur le niveau de l’empreinte carbone.
Pour obtenir la variation du niveau de l’empreinte carbone en fonction du prix de la taxe
environnementale et du prix des biens de dépollution, on utilise (D.5a) et (E.6a), ce qui nous
permet d’obtenir :
dZ = dAT ·
∂Y
∂A
·ξ−
∂AT
∂T
+ dPA ·
∂Y
∂A
·ξ−
∂PA
∂PA
(68)
De par notre analyse précédente, on se doute que la réduction des émissions menée par
les dépenses de dépollution entraı̂ne une baisse de l’empreinte carbone. De ce fait, on sait que
∂Y
∂A
dAT · ∂A
·
ξ
−
< 0. On sait également l’augmentation des prix des biens de dépollution
∂T
T
∂A
∂Y
> 0. De
·
ξ
−
engendre une dégradtion de l’empreinte carbone, donc que dPA · ∂P
∂PA
A
ces deux règles, on en déduit que lorsque ces variables augmentent simultanément et que l’on
souhaite réduire l’empreinte carbone de l’économie, il faut :
∂Y
∂A
∂A
∂Y
·ξ−
·ξ−
>
∂AT
∂T
∂PA
∂PA
(69a)
On obtient alors :
ξ·
∂Y
∂Y
−
∂AT
∂PA
>
∂A
∂A
−
∂T
∂PA
En injectant, (D.1b) et (E.2c), nous obtenons :
∂Y
∂A ∂Y
∂A
∂A
∂A ∂Y
·
+
−
·
>
−
ξ·
∂T ∂A
∂T
∂PA ∂A
∂T
∂PA
(69b)
(69c)
En dévéloppant et en réarrangeant cette expression, on détermine le rapport suivant :
!
!
∂A
∂Y
·
ξ
−
1
∂T
> ∂Y∂A
(69d)
∂A
∂PA
∂A (ξ + 1) − 1
Si le prix des biens de dépollution augmente et que le gouvernemet souhaite réduire l’empreinte carbone de l’économie, il doit renforcer le coût de la taxe. On en déduit que l’impact de
la politique climatique sur le niveau des émissions à reduire des entreprises doit être supérieur
à celui du prix des biens de dépollution, toutes choses étant égales par ailleurs.
86
III.2.5
Efficacité des politiques de relance
Concernant l’efficacité des politiques de relance en présence d’une politique climatique, nous
analysons dans le modèle de Héron et Piluso (2017) comment l’équilibre macroéconomique interagit avec la mise en oeuvre simultanée d’une politique budgétaire expansionniste et d’un renforcement de la politique climatique. Nous pouvons effectuer la même analyse dans ce modèle.
Politique budgétaire
Dans le cadre de la politique budgétaire, nous examinons l’efficacité d’une politique de
relance par le biais d’une politique budgétaire expansionniste. Le financement de cette politique
se fait par l’endettement, ce qui signifie qu’elle ne dépend pas des recettes collectées par les
gouvernements grâce à la taxe. Nous notons G0 comme le montant de l’endettement redistribué
dans l’économie pour financer la politique budgétaire. La fonction des dépenses publiques (51)
devient donc :
G = T (ξY − A) + G0
(70)
En insérant cette nouvelle relation dans (52a), on peut trouver que l’équilibre sur le marché
des biens et services est donné par :
Y =
C0 + I0 + G0 + Aγ − bi − T A
1 − (c(µ) + ξT )
(71a)
En prenant la différentielle de (71a) par rapport à G0 , on trouve :
dY =
dG0
1 − (c(µ) + ξT )
(71b)
En présence du taux d’inflation affectant la propension marginale à consommer, la relation
(45c) devient désormais :
dY =
dG0
1 − c(µ)
(71c)
Comme dans le modèle précédent [30], la politique budgétaire est bien plus efficace en
présence d’une politique environnementale, malgrés l’effet supplémentaire du taux d’inflation
affectant la propension marginale à consommer.
De (71b), on trouve que le niveau d’emploi est impacté par la politique budgétaire de la
manière suivante :
1
L
∂L
=
·
∂G0
1 − (c(µ) + ξT ) Y α
87
(72)
La politique budgétaire augmente le niveau de la demande, donc le niveau d’emploi. Quant
à l’impact sur le voulume de chômage :
∂U
=−
∂G0
1
L
·
1 − (c(µ) + ξT ) Y α
(73)
Sachant que le niveau d’emploi augmente, le volume de chômage diminue. Concernant
l’impact sur le niveau général des prix :
1−α
∂p
1
L
(1 − α)w
=
·
∂G0
1 − (c(µ) + ξT )
Y α2 B
(74)
En raison de l’augmentation du niveau d’emploi, le niveau général des prix augmente. Enfin,
l’impact de la politique budgétaire sur l’empreinte carbone :
1
∂Z
=
·ξ
∂G0
1 − (c(µ) + ξT )
(75)
Les conclusions de ces résultas sont les mêmes que nous avons présentées à travers le modèle
de Héeron et Piluso (2017) [30]. Une politique de relance à des effets bénéfiques pour la conjonture économique, même si celle-ci est inflationiste. En revanche, si aucune politique climatique
n’est mise en place simultanément, elle aggrave l’état de l’environnement. En période de crise
économique, il est possible que les gouvernements mettent en place une politique de relance pour
relancer le niveau d’activité. Si ces derniers veulent respecter les normes environnementales, il
est impératif de mener ces deux politiques de manière à assurer à la fois une augmentation du
niveau d’activité et une réduction de l’empreinte carbone.
Politique budgétaire et climatique
Comme dans III.1.3, nous allons procéder à la même analyse mais avec les dépenses de
dépollution au lieu de l’investissement. A travers (F.1a), nous avons la variation totale du
niveau d’activité en combinant les deux politiques. Nous remarquons que les deux politiques
entraı̂nent une augmentation du niveau d’activité bien plus conséquente que dans le cas où
nous en menons seulement une. Toutefois ; il faut préciser que la variation du niveau d’activité
sera d’autant plus importante que la condition (D.1d) est satisfaite. De plus, pour que les
deux politiques entraı̂nent une augmentation du niveau de croissance il faut que la condition
(F.1b) soit respectée. La variation totale de l’empreinte carbone lorsqu’on lorsqu’on met en
place ces deux politiques s’analyse à travers (F.2a). Nous savons, d’après le résultat de (75),
que la politique budgétaire est néfaste pour l’empreinte carbone de l’économie en raison de
88
l’augmentation du niveau de la demande. Par conséquent, l’effet de la politique climatique sur
le niveau de croissance doit être supérieur à celui quel politique budgétaire produit sur le niveau
d’activité, sinon la combinaison de ces politiques dégradera l’empreinte carbone. Ainsi, si l’on
souhaite que les politiques réduisent l’empreinte carbone, il faut que la condition (F.2b) soit
vérifiée. Par conséquent, si les conditions (F.1b) et (F.2b) sont vérifiées, nous pouvons tout de
même avoir l’existence d’un double dividende même en présence d’une politique de relance.
Ceci peut être résumé par la condition (F.3a).
CONCLUSION
Nous avons étudié l’impact d’une taxe environnementale sur les différents agrégats macroéconomiques. À travers ce modèle, il est possible de concilier croissance économique et
préservation de l’environnement si les gouvernements mettent en place une taxe environnementale afin que les entreprises engagent des dépenses de dépollution. Certaines conditions
doivent être respectées pour cela. L’impact de la politique climatique sur les émissions à éviter
doit être plus important que l’impact qu’elle provoque sur l’augmentation du niveau d’activité.
Dans le cas contraire, une taxe environnementale peut être bénéfique pour la croissance mais
néfaste pour l’environnement.
En présence d’une politique climatique, le multiplicateur est plus efficace que dans le cas
où aucune politique climatique n’est mise en place. Une politique de relance sera donc plus
efficace dans ce cas-là. Toutefois, des précautions sont à prendre. En période de crise, il est possible que les gouvernements mènent une politique budgétaire pour relancer la demande. Si les
gouvernements envisagent une telle politique mais souhaitent néanmoins assurer une réduction
de l’empreinte carbone, il est impératif de mener simultanément une politique climatique ambitieuse afin de relancer la demande et améliorer la conjoncture environnementale.
Nous pouvons émettre quelques critiques de ce modèle par rapport à celui établi par Fagnart et Germain (2014) pour étudier l’impact des politiques climatiques dans l’ensemble de
l’économie :
— On ne prend pas en compte les négociations salariales sur le marché du travail ni le taux
de chômage qui dépend lui-même du niveau d’activité.
— On ne prend pas en compte la fonction de réaction de la banque centrale et l’impact
potentiel que cette dernière peut avoir sur le niveau d’investissement des entreprises.
89
— Le renforcement de la politique climatique est inflationniste, mais étant donné que la
détermination des variables endogènes se fait de manière séquentielle, il est difficile de
mesurer l’impact inflationniste sur le marché des biens et services.
— Appliquer ce modèle en prenant en compte la dimension temporelle permettrait d’obtenir une analyse plus réaliste pour observer l’impact et les délais d’ajustement entre les
agrégats et les politiques mises en œuvre.
90
Quatrième partie
Extension des modèles
Fagnart et Germain (2014) présentent un modèle d’offre et de demande globale intégrant des
politiques climatiques. Celui de Héron et Piluso (2017,2022) intègrent également des politiques
climatiques dans un modèle keynésien plus simple. En prenant en considération les hypothèses
de chacun, nous voulons construire un modèle qui, à notre sens, est plus représentatif de la
réalité.
IV.1
Le modèle
Fagnart et Germain (2014) concluent que la mise en œuvre d’une taxe environnementale
pénalise sévèrement l’équilibre macroéconomique, car cette politique est inflationniste. Héron
et Piluso (2022) critiquent ce modèle en reprochant à ces derniers de ne pas tenir compte de
la redistribution des recettes dans les dépenses publiques. En tenant compte de cette critique,
nous allons reprendre le modèle OG-DG construit par Fagnart et Germain (2014), en intégrant
la courbe OG et la fonction des dépenses publiques construite par Héron et Piluso (2022).
De plus, la taxe environnementale dans leur modèle intègre cette hypothèse, mais on ne sait
véritablement pas comment l’inflation impacte le niveau de croissance. En effet, sachant que
les variables endogènes se déterminent de manière séquentielle, on remarque une politique
climatique satisfaisante pour le niveau de production et le niveau d’emploi, mais qui génère de
l’inflation. L’impact de cette inflation n’est pas étudié dans l’ensemble de l’économie. Ce modèle
ne prend également pas en compte la négociation salariale entre les employeurs et les salariés,
ce qui n’est pas véritablement une représentation de la réalité. Nous reprenons la fonction des
dépenses de dépollution établie par Héron et Piluso (2022) que nous intégrons dans le modèle
de Fagnart et Germain (2014) en prenant en compte cette fois-ci les négociations salariales. De
plus, nous étudions directement l’impact de la taxe sur le niveau des prix en l’intégrant à la
fonction de réaction des banques centrales. Cela signifie que cette fois-ci, la politique monétaire
prend en compte l’impact de la politique climatique sur le niveau général des prix.
IV.1.1
L’empreinte carbone de l’économie et les émissions optimales
L’empreinte carbone de l’économie est la même que celle définie dans les deux articles, celle
décrite par l’équation (46) :
Z = ξY − A
Le gouvernement instaure une taxe environnementale, ce qui rajoute un coût supplémentaire
93
pour les entreprises se répercutant sur le niveau de profit de celles-ci. Elles doivent engager des
dépenses supplémentaires, la fonction de dépenses de dépollution est décrite par (47) :
g(A) = Aγ
Elles doivent donc minimiser ce coût environnemental pour déterminer le l’émission optimale à réduire afin de supporter le moins possible la taxe environnementale. Par le programme
de minimisation de coût décrit par (48a), l’émission optimale à éviter est donc décrite par
l’équation (48c), soit :
∗
A =
T
γPA
1
γ−1
Avec l’impact de la taxe sur le niveau d’émission décrit par (59a) :
∂A
A
=
∂T
T (γ − 1)
La taxe environnementale à un impact positif sur le niveau des émissions à éviter.
IV.1.2
L’offre et la demande globale
Comme pour les modèles précédents, nous allons déterminer comment construire l’offre et
la demande globale en tenant compte des hypothèses des différents auteurs.
La nouvelle offre globale
Nous reprenons la fonction de production présentée par Héron et Piluso (2017) (31a), soit :
Y = Lα B
Nous conservons également l’hypothèse de Fagnart et Germain (2014) selon laquelle la
masse salariale est composée du montant des salaires qui est soumis par le prélèvement de
cotisations sociales (5b) :
w(1 + τl )
En intégrant une taxe environnementale nominale TZ = T × P , la courbe PS est la même
que celle établie précédemment :
w(1 + τl )
+ ξTZ
PS : P = µ
q
Concernant l’offre des salariés, nous conservons les propriétes établies précédemment. La
courbe W S déterminant le niveau des prix est la suivante :
94
W S : w = P β W (L, h)
En injectant w dans la courbe P S, on obtient l’offre globale en présence d’une taxe environnementale :
OG : P
=
W (L, h)
q
1 + τl
−1
µ − ξT
1
1−β
(76)
(76)
Maintenant, nous pouvons étudier l’impact de la taxe environnementale sur la courbe OG
comme dans le cas de Fagnart et Germain (2014) [12]. On prend la différentielle de OG par
rapport à T . Dans un premier temps, nous obtenons :
∂P
=
∂T
1
1−β
β 1−β
W (L, h)
1
ξ
W (L, h)
·
·
q
µ−1 − ξT
q
(µ−1 − ξT )2
(77a)
Après quelques réarrangements, on obtient :
∂P
P
ξ
=
· −1
·
∂T
1 − β µ − ξT
dP
dT
ξ
= −1
·
·
P
µ − ξT 1 − β
1
1 + τl
1
1 + τl
1
1−β
(77b)
Ou encore :
1
1−β
(77c)
A travers (77b) et (77c), on remarque que comme dans les modèles précédents, un renforcement de la politique climatique génère de l’inflation sur le marché du travail.
La nouvelle demande globale
Pour construire la fonction de réaction de la banque centrale, nous nous inspirons de celle
mise en évidence dans l’article de Lavoie (2006) [25]. Cette fonction de réaction des banques
centrales dépend, comme celle établie par Romer (2000) [35], du niveau d’inflation et du niveau
d’activité. Lavoie (2006) met en évidence que cette fonction dépend de l’écart du niveau d’inflation entre la date précédente et celle courante, ainsi que de l’écart entre le taux de croissance
actuel et le taux de croissance naturel. Ne tenant pas compte de la dynamique temporelle et
se situant dans une analyse à court terme, nous reprenons cette fonction en supposant qu’elle
ne dépend pas des écarts, mais uniquement du niveau de ces deux composantes. La fonction
de réaction de la banque centrale est donc décrite de la manière suivante :
r(Y, P ) = r0 + ρ1 Y + ρ2 P
95
(78)
Ici, ρ1 représente la sensibilité de la réaction des banques centrales par rapport au niveau
de croissance, et ρ2 représente la sensibilité de la réaction des banques centrales par rapport au
niveau général des prix. Selon la sensibilité des banques centrales à ces deux agrégats, elles ont
tendance à renforcer le taux d’intérêt du marché lorsque ceux-ci augmentent. Nous reprenons
la fonction d’investissement traditionnelle dans les modèles keynésiens, telle que reprise par
Héron et Piluso (50), en y injectant la fonction de réaction des banques centrales. Ainsi, la
fonction d’investissement dépendra du niveau d’activité et du niveau général des prix. La
fonction d’investissement devient alors :
I(Y, P ) = I0 − b(r0 + ρ1 Y + ρ2 P )
(79a)
∂I
= −(b · ρ1 )
∂Y
(79b)
∂I
= −(b · ρ2 )
∂P
(79c)
Avec :
Et :
Une augmentation du niveau de croissance et du niveau générale des prix entraı̂ne une
réduction du niveau des investissements.
On intègre la fonction des dépenses publiques en injectant les recettes réelles de la taxe
environnementale dans l’économie, ce qui n’avait pas été fait auparavant dans le modèle de
Fagnart et Germain (2014) et mis en évidence par Héron et Piluso (2022). Ainsi, on a de (51) :
G = T (ξY − A)
La fonction de consommation de ce modèle est décrite comme suit :
C = C0 + cY
(80)
Nous décidons de ne pas en prendre en compte le niveau du taux d’inflation dans la propension marginale à consommer, à l’inverse du modèle de Héron et Piluso (2022). En effet,
sachant que le niveau général des prix impacte directement le niveau d’investissement et que
l’impact des prix sur la propension marginale à consommer est faible, nous ne le prenons pas
en compte.
On reprend l’équilibre emploi-ressources qui intègre la fonction de dépense de dépollution
(52a) :
Y = C + I + G + g(A)
96
En injectant (47), (51) (79a), et (80) dans l’équation ci-dessus, nous avons :
Y = C0 + cY + I0 − b(r0 + ρ1 Y + ρ2 P ) + T (ξY − A) + Aγ
(81a)
En réarrangeant les termes de (81a), on obtient la courbe de la demande globale :
DG : Y
=
C0 + I0 − b (r0 + α2 P ) + Aγ − T A
(1 + ρ1 ) − (c + ξT )
(81b)
(81b)
Désormais le marché des biens et services va être impacté par la politique monétaire par
le biais de la fonction de réaction de la banque centrale. La politique climatique a désormais à
un coût supplémentaire pour la demande. En effet, sachant que la taxe environnementale est
inflationniste, elle va impacter la politique monétaire. Elle impacte également le multiplicateur,
puisque dans le modèle de Héron et Piluso (2017-2022), on supposait que le taux d’intérêt
était exogène. La perte d’efficacité du multiplicateur est mésurée par le paramètre ρ1 . Plus les
banques seront sensibles au niveau de croissance, plus cela impacte l’effiacité du multiplicateur.
L’impact du niveau général des prix sur le niveau d’activité se mesure de la manière suivante :
∂Y
∂I
=
·
∂P
∂P
Sachant que
∂I
∂P
1
(1 + ρ1 ) − (c + ξT )
(81c)
< 0, on constate dans un premier temps que sans une augmentation de la
taxe environnementale, une augmentation du niveau général des prix entraı̂ne une baisse du
niveau de production à cause de la politique monétaire. Ayant construit l’offre et la demande
globale, nous pouvons désormais analyser comment se forme l’équilibre macroéconomique.
IV.1.3
L’équilibre macroéconomique
Avec la structure du modèle de Cartelier (1995), nous pouvons déterminer l’équilibre macroéconomique de manière séquentielle. Ainsi, nous pouvons déterminer comment la politique
climatique impacte l’équilibre macroéconomique à travers le calcul différentiel.
Le fonctionnement du modèle
Pour étudier l’impact macroéconomique, on postule par hypothèse un déséquilibre de l’offre
impactant la demande globale. On insère le prix d’équilibre déterminé par l’offre globale dans
la fonction de réaction des banques centrales (78). Soit :
r∗ (Y, P ∗ ) = r0 + ρ1 Y + ρ2 P ∗
97
Avec :
∗
P =
W (l, h)
q
1 + τl
−1
µ − ξT
1
1−β
Ainsi, selon le niveau générale des prix, la banque centrale adapte sa politique monétaire
en fonction de cette composante impactant le niveau d’investissement dans l’économie. On a :
I(Y, P ∗ ) = I0 − b(r0 + ρ1 Y + ρ2 P ∗ )
Ainsi, le revenu d’équilibre s’établit comme suit :
Y ∗ (P ∗ ) =
C0 + I0 − b (r0 + ρ2 P ∗ ) + Aγ − T A
(1 + ρ1 ) − (c + ξT )
L’équilibre macroéconomqiue s’obtient en égalisant l’offre et la demande globale. Nous avons
donc le système d’équation suivant :


 OG : P

 DG : Y
=
=
W (L,h)
q
1
1−β
1+τl
µ−1 −ξT
C0 +I0 −b(r0 +ρ2 P )+Aγ −T A
(1+ρ1 )−(c+ξT )
En substituant l’équation de l’offre globale et le niveau d’émissions optimal à éviter (48c)
dans (81), nous obtenons le niveau d’activié qui assure l’équilibre macroéconomique :
1 γ
1
1−β
γ−1
γ−1
W (L,h)
1+τl
T
T
+ γPA
− T γPA
C0 + I0 − b r0 + α2
q
µ−1 −ξT
Y∗ =
(1 + ρ1 ) − (c + ξT )
(82a)
Grâce à cette équation ci-dessus, nous pouvons déterminer comment varie le niveau de
production entre les différentes composantes du marché du travail et du marché des biens et
services.
L’impact du niveau général des prix sur l’équilibre macroéconomique
Il est désormais possible d’analyser l’impact du niveau général des prix sur le niveau de
production. Sachant que le niveau des prix dépend des différentes relations présentes sur le
marché du travail, cela impacte le marché des biens et services à travers la politique monétaire.
En fonction de la politique monétaire, le niveau de revenu d’équilibre varie de la manière
suivante :
∂I
∂Y
=
·
∂P
∂P
1
(1 + ρ1 ) − (c + ξT )
98
Soit :
∂Y
=−
∂P
b · ρ2
(1 + ρ1 ) − (c + ξT )
Une augmentation du niveau général des prix conduit à une baisse du niveau d’activité. Ceci
s’explique par la règle de la politique monétaire qui augmente le taux d’intérêt dès lors qu’elle
constate de l’inflation dans l’économie. Par la suite, nous pouvons déterminer le niveau d’emploi
d’équilibre puisque celui-ci dépend du niveau d’activité, on a :
∗
∗
∗
L (Y (P )) =
Y ∗ (P ∗ )
B
1
α
Ce niveau de production génère un impact sur le niveau d’emploi de l’économie comme
suit :
∂L
∂Y
=
·
∂P
∂P
L
Yα
On trouve alors :
∂I
∂L
=
·
∂P
∂P
1
(1 + ρ1 ) − (c + ξT )
L
·
Yα
Soit :
∂L
=−
∂P
b · ρ2
(1 + ρ1 ) − (c + ξT )
L
·
Yα
Le niveau général des prix a un impact négatif sur le niveau d’emploi puisque le niveau
général de la demande baisse. En conséquence de ce niveau d’emploi, la négocitaion pour le
salaire nominal entre travailleurs et employeurs est impactée selon le niveau d’emploi. Nous
rappelons que l’impact du niveau d’emploi sétablit comme suit :
0
WL =
∂W (L, h)
>0
∂L
Si le niveau d’emploi augmente, le salaire négocié suit la même trajectoire. Si le niveau
général des prix augmente, on assiste à une contraction de la politique monétaire impliquant
une baisse du niveau général de la demande. Par conséquent, les entreprises emploient moins de
main-d’oeuvre pour produire. Ainsi, le taux de chômage augmente et le pouvoir de négociation
des employeurs est supérieur à celui des travailleurs. On a donc :

 ∂W ∗ (L∗ (Y ∗∗ (P ∗ )),h) < 0 si dP > 0
∂L
 ∂W ∗ (L∗ (Y ∗ (P ∗ )),h) > 0 si dP < 0
∂L∗
99
Ici, on constate que si le niveau général des prix augmente, le salaire nominal négocié baisse.
Ceci s’explique par le fait que le niveau des prix impacte directement le niveau de production en
raison de la politique monétaire. Une augmentation des prix oriente la politique monétaire de
manière à ce que celle-ci augmente le niveau du taux d’intérêt. On assiste à une baisse du niveau
de la demande. Sachant que le niveau d’emploi dépend directement du niveau de production
dans ce modèle, la baisse de la demande entraı̂ne une diminution du niveau d’emploi. Si le
niveau d’emploi diminue, le salaire nominal négocié est plus faible puisque les employeurs ont
un pouvoir de négociation supérieur à celui des travailleurs. L’impact d’une variation du niveau
d’emploi sur le niveau général des prix s’établit en prenant la différentielle de OG par rapport
à L. On obtient :
∂P
∂F
=
·
∂L
∂L
1
1−β
β
· F 1−β
Où :
W (L, h)
F =
q
Avec
∂F
∂L
1 + τl
−1
µ − ξT
> 0, ce qui signifie que lorsque le niveau d’emploi augmente, le niveau de salaire
nominal négocié augmente, ce qui entraı̂ne par la suite une augmentation du niveau des prix,
puisque le coût du travail pour des entreprises augmente. A partir de cette expression, on peut
en déduire que l’impact de la négociation salariale sur le niveau général des prix s’établit comme
suit :
∂P
∂W ∗
=
∂F
·
∂W ∗
1
1−β
β
· F 1−β
(82b)
(82b)
Avec W ∗ = W ∗ (L∗ (Y ∗ (P ∗ )), h)
Selon le choc à l’origine du déséquilibre sur l’offre globale, le niveau général des prix est
impacté de la manière suivante en fonction des résultats des négociations salariales :

 ∂P ∗ < 0 si dP ∗ > 0
∂W
 ∂P > 0 si dP ∗ < 0
∂W ∗
Si l’on suppose qu’un choc d’offre détermine le niveau de production en raison de la politique monétaire, celle-ci influence le niveau d’emploi, qui à son tour impacte les résultats
des négociations salariales et entraı̂ne une augmentation ou une diminution du niveau
général des prix à la période suivante, toutes choses étant égales par ailleurs. Nous pouvons représenter le cheminement du modèle à travers la figure 7 (p.118). En intégrant la règle
de la politique monétaire et les négociations salariales, comme l’ont fait Fagnart et Germain
100
(2014), on peut étudier l’impact de la politique climatique sur les différents agrégats, en supposant que les gouvernements réinjectent les recettes de la taxe environnementale dans l’économie,
conformément aux préconisations d’Héron et Piluso (2017-2022).
L’impact de la politique climatique sur le niveau de croissance
La fusion des hypothèses des deux modèles conduit à un cheminement particulier. L’instauration d’une politique climatique a tout d’abord un impact sur l’offre globale, créant ainsi un
déséquilibre initial entre l’offre et la demande globale. En effet, l’augmentation du niveau des
prix due à la politique climatique perturbe la politique monétaire des banques centrales. Cellesci, constatant cette augmentation, répercutent celle-ci sur les taux d’intérêt. Cette situation
impacte le marché des biens et services en réduisant l’investissement. Cependant, la politique
climatique crée également un effet d’expansion de la demande, car les entreprises déploient
davantage de dépenses liées à la dépollution. Il est crucial que les entreprises investissent suffisamment dans des biens et services non polluants, car sinon la réduction de l’investissement
induite par le renforcement de la politique climatique entraı̂ne une baisse générale du niveau
de la demande. Selon les deux effets résultant de la politique climatique, le niveau général des
prix peut soit tendre à la baisse, soit à la hausse, en fonction de l’effet global provoqué par
la politique climatique sur le niveau de croissance. Par la suite, le prix de la taxe environnementale impacte directement le niveau général des prix, ce qui influence à son tour le niveau
de production. Ainsi, il est possible d’étudier l’impact de la politique climatique sur le revenu
d’équilibre. En prenant la différentielle de (82a) par rapport à T , on en déduit :
∂A
γ−1 − T − ∂P · (b · ρ ) + Z
∂Y
2
∂T · γA
∂T
=
∂AT
(1 + ρ1 ) − (c + ξT )
(82c)
A partir de (59a), (79c), (77b),(C.1a) et (C.2b), nous pouvons en deduire l’impact de la
politique climatique sur le revenu d’équilibre s’établit de la manière suivante :
∂Y
∂AT
Sachant que
∂I
∂P
=
∂A ∂Y
∂Y
∂I ∂P
·
+
+
·
∂T ∂A
∂T
∂P ∂T
(82d)
(82d)
· ∂P
∂T < 0, nous pouvons en déduire de l’expression ci-dessus, que pour pour
que la politique climatique entraı̂ne une augmentation du niveau croissance
∂Y
∂AT
> 0, il faut
que la condtion suivante soit respectée :
∂A ∂Y
∂Y
∂I ∂P
·
+
>
·
∂T ∂A
∂T
∂P ∂T
101
(82e)
Ce qui signifie la politique climatique doit être en mesure de compenser la perte
d’investissement avec l’augmentation des dépenses de dépollution, de manière à
ce que le niveau d’activité puisse augmenter. Si ce n’est pas le cas, la politique
climatique est donc néfaste pour le niveau de croissance.
En d’autres termes, si la demande est plus sensible à la politique monétaire que la politique
climatique, alors le niveau de croissance baisse. Plus précisément, si l’impact des émissions à
éviter excède la valeur suivante :
∂A
>
∂T
∂I
∂P
·
∂P
∂Y
∂T − ∂T
∂Y
∂A
!
(82f)
Dans ce modèle, il est impératif que lorsque les autorités climatiques mettent en place une
taxe environnementale, elles se penchent sur l’effet global que cette dernière provoque sur le
niveau d’activité. Le signe de
∂Y
∂AT
est la clé pour déterminer les effets ensuite sur l’ensemble des
agrégats macroéconomiques. Si l’effet de la politique climatique domine l’effet de la politique
monétaire, il est possible qu’une augmentation des prix puisse augmenter le niveau d’emploi à
court terme.
L’impact de la politique climatique sur le niveau d’emploi et les négociation salariales
Selon le signe de
∂Y
∂AT
, l’impact du niveau d’emploi varie de la façon suivante lorsque les
gouvernements instaurent une politique climatique dans ce type de modèle :
∂L
∂Y
∂L
=
·
∂AT
∂AT
∂Y
(83a)
Avec :
∂L
L
=
∂Y
Yα
Soit :
∂L
∂AT
Le signe de
∂L
∂AT
=
∂A ∂Y
∂Y
∂I ∂P
·
+
+
·
∂T ∂A
∂T
∂P ∂T
∂L
·
∂Y
(83b)
(83b)
dépend de la condition (82e). Si l’impact de la politique climatique sur le
niveau d’activité est négatif ou positif, le niveau d’emploi suivra alors la même trajectoire.
Ainsi, nous pouvons analyser l’impact de la politique climatique sur la négoctiation salariale.
Pour ce faire, il nous sufft de différencier W (L, b) par rapport à AT , ainsi nous avons :
∂W
∂AT
> 0 si
∂L
∂AT
> 0
∂W
∂AT
< 0 si
∂L
∂AT
< 0
102
(83c)
Si la politique climatique provoque un effet plus important sur la croissance que la politique
monétaire, alors le pouvoir de négociation des travailleurs est supérieur à celui des employeurs.
En revanche, si la politique monétaire domine l’effet de la politique climatique, le pouvoir de
négociation des employeurs est supérieur à celui des travailleurs. Par conséquent, l’impact de
la politique climatique sur l’offre globale se détermine à partir de la condition (83c). Selon les
signes de
∂W
∂AT
, on peut déterminer l’impact sur le niveau général des prix grâce à la relation
suivante :
∂P
∂AT
=
∂F
·
∂AT
1
1−β
β
· F 1−β
(83d)
(83d)
Avec :
∂F
∂AT
> 0 si
∂W
∂AT
> 0
∂F
∂AT
< 0 si
∂W
∂AT
< 0
Nous pouvons résumer ce modèle par un schéma comme nous pouvons remarquer à travers
la figure 7 (p.118).
Impact de la politique climatique sur l’empreinte carbone
Egalement, en présence de la politique monétaire, il est intéréssant d’étudier comment celleci impacte l’empreinte carbone de l’économie en présence d’une politique climatique. L’impact
de la politique sur l’empreinte carbone, étudiée dans la partie précédente est représentée par
(C.2b) :
∂Y
∂A
∂Z
=
·ξ−
∂AT
∂AT
∂T
De (82), on peut alors en déduire que l’impact de la politique climatique sur l’empreinte
carbone est représentée de la manière suivante :
∂Z
∂AT
=
∂A ∂Y
∂Y
∂I ∂P
·
+
+
·
∂T ∂A
∂T
∂P ∂T
·ξ−
∂A
∂T
(84a)
(84a)
Pour que la politique climatique puisse réduire l’empreinte carbone, il faut alors que la
condition suivante soit respectée :
∂A
∂A ∂Y
∂Y
∂I ∂P
>
·
+
+
·
·ξ
∂T
∂T ∂A
∂T
∂P ∂T
(84b)
A travers (84b), on remarque que si l’impact de la politique climatique pénalise davantage
l’invesstisement que cela ne bénéficie aux dépenses de dépollution, alors on on assiste à une
103
réduction de l’empreinte carbone
∂Z
∂AT
< 0. Plus précisément, cela se produit lorsque l’impact
de la taxe environnementale sur le niveau des émissions à éviter excède la valeur suivante :
!
∂I
∂P
∂Y
·
+
∂A
> ξ · ∂P ∂T∂Y ∂T
(84c)
∂T
1 − ∂A · ξ
Alors, la politique climatique entraı̂ne inévitablement une réduction de l’empreinte carbone.
Il est donc impératif que la politique climatique soit assez efficace pour que les entreprises
déploient suffisamment de dépenses de dépollution afin de pouvoir réduire l’empreinte carbone.
Peut-on concilier croissance économique et pérservation de l’environnement ?
Dans ce modèle, il est possible d’analyser si la politique climatique à elle seule permet
simultanément d’augmenter le niveau de la demande et de réduire l’empreinte carbone. On
cherche donc à savoir si il est possible d’avoir
∂Y
∂AT
> 0 et
Z
T
< 0 simultanément, ou si une autre
politique permet d’assurer ces deux conditions.
En analysant (82f) et (84c) on en déduit dans un premier temps, au numérateur, que :
∂I ∂P
∂Y
∂I ∂P
∂Y
·
+
>
·
−
∂P ∂T
∂T
∂P ∂T
∂T
Par rapport au dénominateur, par contre, on en déduit que :
∂Y
∂Y
>1−
·ξ
∂A
∂A
Pour que la politique climatique à elle seule puisse générer de la croissance et réduire
l’empreinte carbone, il faut alors :
∂Y
∂Y
<1−
·ξ
∂A
∂A
Ce qui signifie alors que l’impact des émissions à éviter sur le niveau d’activité doit être
inférieur à la valeur suivante :
1
1+ξ
>
∂Y
∂A
(85a)
(85b)
Si cette condition ci-dessus est respectée, il est possible de concilier croissance économique
et présevation de l’environnement en menant une politique climatique.
Sachant les hypothèses que nous avons rentenues pour réaliser ce modèle, notamment sur
la propension marginale à consommer ne dépendant plus du taux d’inflation, on en déduit que
l’impact des émissions à éviter sur le niveau de croissance s’établit comme :
γAγ−1 − T
∂Y
=
∂A
1 − (c + ξT )
104
(85c)
En insérant (85c) dans la condition ci-dessus encadrée, on peut analyser plus précisément
s’il est possible que cette inegalité soit vérifiée. On a donc :
1
γAγ−1 − T
>
1+ξ
1 − (c + ξT )
On en déduit aisément que :
1 − (c + ξT )
1+ξ
>
γAγ−1 − T
(85d)
(85e)
Sachant que :
1>
1 − (c + ξT )
>0
1+ξ
Et que pour que l’impact des émissions à éviter sur le niveau de croissance soit postif on
doit avoir :
γAγ−1 − T > 0
Il est donc possible que la condition (85e) soit vérifiée, mais nous sommes pas sûrs que
l’écart entre le coût marginal de la dépense de dépollution et du coût marginale de la politique
climatique soit nécéssairement inférieur à 1.
N’étant pas sûr qu’il est possible d’atteindre cette valeur, il serait intéressant d’étudier
le cas où si les gouvernements mènent à la fois une politique climatique et budgétaire. Il est
possible que le premier effet de la politique climatique sur la politique monétaire de puisse
être contrecarré par la politique budgétaire financée par l’emprunt. En faisant ceci, il est peutêtre possible d’assurer simultanément un niveau de croissance et de garantir la préservation
de l’environnement bien plus facilement que les gouvernements ne mênent qu’une politique
climatique.
IV.1.4
La politique budgétaire comme soutient à la politique climatique
Comme dans les modèles précédents, nous pouvons analyser l’effet d’une politique budgétaire
sur ce type de modèle. Pour cela, on ajoute, comme dans le modèle de Héron et Pilsuo (20172022), une composante G0 caractérisant une dépense publique financée par l’emprunt et que les
gouvernements injectent dans l’économie. Nous allons pouvoir étudier l’impact d’une politique
budgétaire d’un coté, et de l’autre l’effet simultané que provoque la politique climatique et
budgétaire sur l’équilibre.
105
La politique budgétaire
Si les autorités publiques décident de mettre en place une politique budgétaire, la fonction
des dépenses publiques s’établit alors comme :
G = G0
(86)
En injectant cette composante dans le marché des biens et services on obtient la demande
globale suivante :
DG : Y
=
C0 + I0 − b (r0 + α2 P ) + Aγ − T A + G0
(1 + ρ1 ) − (c + ξT )
(87a)
(87a)
Ici, si on ne prend en compte l’impact de la politique climatique, une politique budgétaire
sera plus efficace que dans le cas ou une politique climatque n’est pas mise en place, puisque en
effet la valeur du multiplicateur sera d’autant plus faible et les aucune dépense de dépollution
ne sera engagée. Par ailleurs, on aurait :
Y =
C0 + I0 − b (r0 + α2 P ) + G0
(1 + ρ1 ) − c
Ce qui témoigne bien déja que la politique budgétaire va être moins efficace dans le cas ou
aucune politique environnementale n’est mise en place, comme ce que nous avons vu dans le
modèle de Héron et Piluso (2017-2022).
L’impact de la politique budgétaire sur le niveau d’activité d’équillibre s’établit de la
manière suivante :
1
∂Y
=
∂G0
(1 + ρ1 ) − (c + ξT )
(87b)
La politique budgétaire impacte le niveau d’emploi comme suit :
∂L
∂Y
∂L
=
·
∂G0
∂G0
∂G0
(87c)
Soit :
∂L
=
∂G0
1
(1 + ρ1 ) − (c + ξT )
·
L
Yα
(87d)
Ainsi, on en déduit que l’impact de la politique de relance sur les négocitaions salariales
s’établit comme :
∂W
>0
∂G0
106
(87e)
Une politique budgétaire a tendance à augmenter le niveau d’emploi, ce qui, par conséquent,
renforce le pouvoir de négociation des travailleurs vis-à-vis des employeurs. Sachant qu’elles ont
moins de main-d’oeuvre disponible pour produire, elles impactent le niveau des prix de sorte
à ce que le coût réel du salaire puisse baisser. Ainsi, comme dans les modèles traditionnels,
l’impact de la politique budgétaire est inflationiste. On a :
∂P
∂G0
=
Avec
∂F
∂G0
> 0 car
∂W
∂G0
∂F
·
∂G0
1
1−β
β
· F 1−β
(87f)
(87f)
> 0. L’impact de la politique budgétaire sur le niveau de l’empreinte
carbone s’établit comme tel :
∂Z
∂G0
=
∂Y
∂G0
·ξ
(87g)
(87g)
Comme dans les modèles précédents, une politique budgétaire qui ne s’accompagne pas de
dépenses de dépolution à tendance à dégrader l’empreinte carbone de l’économie.
Politique budgétaire et politique climatique
Nous pouvons désormais analyser simultanément, comme précédemment, l’impact de la
politique climatique et de la politique budgétaire. L’impact de la politique climatique engendre
une augmentation du niveau général des prix. Elle crée donc un déséquilibre entre l’offre et
la demande à cause de la politque monétaire. En parallèle, on accompagne le niveau de la
demande avec une politique budgétaire financée par l’emprunt. De ce fait, l’impact de ces deux
politiques sur le niveau d’activité se réalise comme suit :
∂A ∂Y
∂Y
∂I ∂P
∂Y
·
+
+
·
· dAT +
· dG0
dY =
∂T ∂A
∂T
∂P ∂T
∂G0
(88a)
Si la politique budgétaire vient en soutient à la politique climatique pour contrecarrer
l’effet de la politique monétaire, il est possible que l’on assiste à une augmentation du niveau
de l’activité dY > 0 si :
∂A ∂Y
∂Y
∂Y
∂I ∂P
·
+
· dAT +
· dG0 >
·
· dAT
∂T ∂A
∂T
∂G0
∂P ∂T
(88b)
Ce que l’on peut réécrire encore comme :
dAT
dG0
>
∂I
∂P
·
∂P
∂T
−
∂Y
∂G0
∂A ∂Y
∂T · ∂A
107
!
+
∂Y
∂T
(88c)
(88c)
Comme nous pouvons le remarquer à travers (88b), une politique climatique accompagnée
par une politique budgétaire permet d’effacer une partie de l’effet de la politique monétaire
néfaste pour le niveau de la demande.
Concernant le niveau d’emploi, l’impact des deux politiques amène à :
∂A ∂Y
∂L
∂L
∂Y
∂I ∂P
dL =
·
· dAT +
· dG0
·
+
+
·
∂T ∂A
∂T
∂P ∂T
∂Y
∂G0
(88d)
A travers ce résultat nous remarquons que la mise en place d’une politique budgétaire et
climatique à pour conséquence d’améliorer le niveau d’emploi.
Si la condition (88b) est respectée, nous devons avoir :
∂A ∂Y
∂L
∂L
∂I ∂P
∂L
∂Y
·
· dAT +
· dG0 >
·
· dAT
·
+
·
∂T ∂A
∂T
∂Y
∂G0
∂P ∂T
∂Y
Soit :
dAT
dG0
>
−
∂A
∂T
·
∂Y
∂A
+
∂L
∂G0
∂Y
∂I
∂T − ∂P
(88e)
·
∂P
∂T
·
∂L
∂Y
(88f)
(88f)
L’impact des deux politiques sur le niveau général des prix s’établit comme :
β
1
∂F
∂F
1−β
dP =
·F
·
· dAT +
· dG0
1−β
∂AT
∂G0
(88g)
Selon comment la politique climatique et budgétaire impact la négociation salariale, nous pouvons déterminer comment cela impact le niveau général des prix. On connait dans un premier
temps l’impact de la politique budgétaire sur le niveau de la négociation salariale à travers
(87e), celui ci est positif. De (83c), on en déduit que selon l’impact de la politique climatique
sur le niveau d’emploi est déterminant pour déterminer l’effet sur la négociation salariale. En
effet, si
∂F
∂AT
< 0, alors si :
∂F
∂F
· dAT >
· dG0
∂AT
∂G0
Soit :
dAT
>
dG0
∂F
∂G0
∂F
∂AT
(88h)
(88i)
(88i)
Alors on asssite à une baisse du niveau général des prix, puisque l’effet de la politique
climatique sur la négociation salariale l’emporte sur celui de la politique budgétaire.
Si
∂W
∂AT
> 0, alors cela signfie que l’effet des deux politiques ont pour conséquence de
renforcer le pouvoir de négociation des travailleurs, poussant les entreprises à augmenter le
niveau général des prix pour réduire le coût du travail. Comme pour le niveau de croissance et
108
le niveau d’emploi, l’éxuction simultané des deux politiques provoquent un effet inflationniste
supplémentaire dans l’économie si la politique climatique entraı̂ne une augmentation du salaire
nominal.
CONCLUSION
À travers la modélisation que nous proposons, nous cherchons à mettre en évidence le
rôle important des hypothèses établies dans les différents modèles que nous venons d’étudier.
Le rôle du marché du travail, de la politique monétaire et de la redistribution de la taxe
environnementale dans l’économie joue un rôle majeur dans l’analyse de la politique climatique
au niveau macroéconomique. En intégrant les hypothèses de Fagnart et Germain (2014) ainsi
que celles de Héron et Piluso (2017-2022) dans un même modèle, nous pouvons constater que les
conclusions que chacun en tire peuvent converger. La politique climatique est présentée comme
néfaste chez Fagnart et Germain (2014), contrairement à Héron et Piluso (2017-2022), bien que
leurs hypothèses soient simplificatrices. Ici, nous démontrons qu’il est possible que la politique
climatique soit bénéfique pour la conjoncture économique, mais sous certaines conditions. La
règle de politique monétaire joue un rôle essentiel, car c’est elle qui détermine si la politique
climatique permet d’accroı̂tre le niveau d’emploi. Par conséquent, les négociations salariales
sont impactées de manière à ce qu’elles se répercutent sur le niveau général des prix. Il est
vrai que l’hypothèse de la redistribution de la taxe joue tout de même un rôle clé pour rendre
compte de l’efficacité de la politique climatique. Nous constatons néanmoins que le double
dividende est possible en présentant une telle modélisation, même si cela est moins explicite
que chez Héron et Piluso (2017-2022).
109
Conclusion générale
L’analyse de l’impact des politiques climatiques au niveau macroéconomique est indispensable lorsque l’on constate les déséquilibres environnementaux engendrés par le changement
climatique. À travers notre travail, nous remarquons que l’intégration de l’environnement
dans l’analyse macroéconomique devient de plus en plus préoccupante pour les économistes,
étant donné que les gouvernements cherchent à estimer davantage l’impact de la transition
énergétique sur le niveau de croissance, l’emploi et les prix en général.
Dans les premiers modèles théoriques tels que le modèle de Heyes (2000) ou celui de Fontana et Sawyer (2016), l’environnement est intégré à l’analyse macroéconomique, mais aucune politique climatique n’est proposée pour respecter les contraintes environnementales. Ce
sont des modèles qui évaluent l’impact de l’économie sur l’environnement si les gouvernements
ignorent complètement les questions environnementales au sein du processus économique. De
plus, ces modèles ne tiennent pas compte de l’impact du changement climatique sur l’ensemble
de l’économie, contrairement au modèle DICE construit par Nordhaus (2018).
En ce qui concerne les différents modèles empiriques, la plupart sont destinés à guider
la politique climatique des gouvernements. Selon les modèles choisis par les gouvernements,
l’évaluation de l’impact de la politique climatique à court ou à long terme n’aboutit pas aux
mêmes conclusions. Certains modèles macroéconométriques, adoptant des hypothèses keynésiennes
comme Mésange ou Three-Me, évaluent l’impact de la transition énergétique globalement
comme étant positif pour l’ensemble de l’économie, avec une augmentation de l’activité économique
et la création de nouveaux emplois, démontrant ainsi l’existence d’un double dividende. En revanche, les modèles d’équilibre général tels que Imaclim ont tendance à retenir un scénario
plutôt inquiétant, avec un ralentissement de la production et une augmentation du chômage.
Selon les hypothèses retenues de départ dans les modèles, l’évaluation de l’impact de la transition énergétique sur l’économie peut diverger. Il n’y a pas de consensus universel parmi les
économistes pour tenir compte de ces questions. Il est donc important de mettre en évidence
les hypothèses retenues et de prendre en compte la conjoncture économique propre à chaque
pays. Dans le cas contraire, les conclusions sur cette thématique pourraient grandement fausser
l’orientation des politiques gouvernementales.
Lorsqu’on étudie le modèle de Fagnart et Germain (2014), on remarque que globalement la
politique climatique a des aspects néfastes pour la conjoncture économique à court terme. À
travers leur modélisation, la politique climatique se révèle plutôt préjudiciable pour le niveau
de croissance et le niveau d’emploi, malgré le fait que cette dernière profite aux entreprises
111
qui proposent des biens et services de dépollution. Certes, nous pouvons observer une augmentation du niveau de croissance ou du niveau d’emploi sous certaines conditions, mais elle se
révèle généralement très inflationniste, ce qui peut dissuader les instances gouvernementales de
mettre en œuvre de telles politiques. Actuellement, l’économie est en phase d’inflation mondiale. Instaurer une politique climatique à l’heure actuelle peut donc se révéler très destructeur.
Dans ce modèle, l’existence d’un double dividende peut être possible, mais il est moins explicite
que dans le cas des modèles construits par Héron et Piluso (2017-2022). La redistribution des
recettes de la politique environnementale n’étant pas étudiée, il est facile de montrer à travers
leur modélisation que l’existence d’un double dividende est plutôt un mythe qu’un objectif à
atteindre.
Les modèles construits par Héron et Piluso (2017-2022), quant à eux, vont démontrer à
travers leur modélisation qu’il est tout à fait possible de prouver l’existence d’un double dividende, même si on constate généralement que la politique climatique génère de l’inflation.
Dans le cas des investissements verts, on peut montrer que ce type d’activité peut être bénéfique
pour le niveau de croissance, même s’il s’agit d’une analyse à plus long terme. Les activités de
dépollution mettent également en évidence les aspects bénéfiques qu’une taxe environnementale
induit sur l’équilibre macroéconomique global, à l’inverse du modèle de Fagnart et Germain
(2014). L’hypothèse de la redistribution des recettes de la politique climatique est la clé de
voûte du modèle, car sans cette hypothèse, l’existence du double dividende peut être remise en
cause. La critique que nous ferions notamment de ce modèle réside dans son caractère simplifié,
où les tensions sur le marché du travail ne sont pas réellement étudiées, tout comme l’impact
de la politique monétaire en présence de la politique climatique.
Le manque de consensus pour évaluer l’impact des politiques climatiques, tant au niveau
théorique qu’empirique, représente effectivement un sujet préoccupant, surtout à l’heure où la
transition énergétique ne doit pas tarder à se faire si l’on souhaite minimiser au maximum les
dégâts du réchauffement climatique. Il est donc impératif d’établir des modèles représentatifs
pour chaque pays, de sorte que les résultats de ces analyses puissent orienter de manière optimale la politique climatique.
112
Figure 1 – Les différents plans de relance verts en fonction des pays (Source : Jackson (2011))
113
Figure 2 – Schéma du modèle DICE (Source : Schubert (2018))
114
Figure 3 – Schéma du modèle de Fontana et Sawyer (2016)
115
Figure 4 – Etudes de l’impact des politiques climatiques sur différents modèles macroéconomiques (Source : Ouvrard (2015))
Figure 5 – Schéma du modèle Mésange (Source : Klein & Simon (2010))
116
Figure 6 – Schéma du modèle Three-Me (Source : Reynes & al. (2011))
117
Structure du modèle
Politiques environnementales
Courbe OG
Politiques monétaires
Courbe DG
Profit
Salaires
Niveau d’emploi
Figure 7 – Schéma du modèle
118
Annexes
119
Annexe A
La politique climatique chez Héron
et Piluso (2017)
IV.1
Analyse de l’impact de la politique climatique sur les
différentes variables
IV.1.1
L’impact de la politique climatique sur le niveau d’activité
Pour mesurer l’impact de la taxe sur le niveau de production, il suffit de différencié (39)
par rapport à T . Ainsi nous obtenons :
0
0
0
ξY + Iv,T + ξT · Iv,T · T
∂Y
=
∂T
1 − (c + ξ(Iv )T )
(A.1a)
Elle peut s’écrire également de la manière suivante :
0
0
Z + Iv,T · (1 + ξT · T )
∂Y
=
∂T
1 − (c + ξ(Iv )T )
IV.1.2
(A.1b)
L’impact sur le niveau d’emploi et du volume de chômage
L’impact globale du niveau d’emploi se mesure en réalisant la différentielle de (31a) par
rapport à T . Ce qui donne :
∂L
∂Y
L
=
·
∂T
∂T Y α
(A.2a)
De (A.1b), on en déduit que :
∂L
=
∂T
0
0
Z + Iv,T · (1 + ξT · T )
1 − (c + ξ(Iv )T )
120
!
·
L
Yα
(A.2b)
IV.1.3
L’impact sur le niveau général des prix
L’impact de la taxe de sur le niveau des prix s’obtient en écrivant la différentielle de (35a)
par rapport à T . On obtient alors :
∂p
∂L (1 − γ)w
0
0
+ ξT · Iv,T · T + ξ(Iv )
=
·
α
∂T
∂T
αBL
(A.3a)
De (A.2b), on en déduit :
∂p
=
∂T
IV.1.4
0
0
Z + Iv,T · (1 + ξT · T )
1 − (c + ξ(Iv )T )
! L1−α (1 − α)w
0
0
·
+ ξT · Iv,T · T + ξ(Iv )
2
Yα B
(A.3b)
L’impact sur l’empreinte carbone
En différenciant (25a) par rapport à T , on obtient :
∂Y
∂Z
0
0
=
· ξ(Iv ) + ξT · Iv,T · Y
∂T
∂T
(A.4a)
De (A.1b), nous en déduisons :
∂Z
=
∂T
0
0
Z + Iv,T · (1 + ξT · T )
1 − (c + ξ(Iv )T )
!
0
0
· ξ(Iv ) + ξT · Iv,T · Y
(A.4b)
Pour que la politique climatique soit efficace, il faut que la condition suivante soit respectée :
!
0
0
Z + Iv,T · (1 + ξT · T )
0
0
· ξ(Iv )
(A.4c)
ξT · Iv,T · Y >
1 − (c + ξ(Iv )T )
121
Annexe B
La politique climatique et
budgétaire chez Héeron et Piluso
(2017)
IV.1
L’impact simultané de la politique climatique et budgétaire
A partir de (A.1b), (45a) et (45b), nous pouvons étudier l’impact d’une combinaison d’une
politique de relance et d’une politique climatique plus ambitieuse sur le niveau de la production.
Une politique de relance et climatique entraı̂ne une variation du niveau d’activité de te manière :
h
i
1
0
0
dY =
(B.1a)
· dG0 + dT · (Z + Iv,T (1 + ξT ))
1 − (c + ξ(Iv T )
En reprenant (A.2b) et (45d), on trouve que l’effet de la combinaison de ces deux politiques
impacte le niveau de l’emploi de la manière suivante :
h
i
L
1
0
0
dL =
·
· dG0 + dT · (Z + Iv,T (1 + ξT ))
1 − (c + ξ(Iv )T ) Y α
(B.1b)
De (B.1b), on en déduit que l’impact des deux politiques affecte le niveau de l’emploi de la
façon suivante :
h
i
1
L
0
0
·
· dG0 + dT · (Z + Iv,T (1 + ξT ))
dU = −
1 − (c + ξ(Iv )T ) Y α
(B.1c)
Concernant le niveau général des prix, par (A.3b) et (45e), l’impact s’évalue de la manière
suivante :
i
1
L1−α (1 − α)w h
0
0
dp =
·
dG
+
dT
·
(Z
+
I
(1
+
ξ
))
·
0
v,T
T
1 − (c + ξ(Iv )T )
Y α2 B
122
(B.1d)
En utilisant (A.4b) et (45f), on trouve que l’empreinte carbone est impactée par les deux
politiques de la manière suivante :
h
i
1
0
0
0
0
dZ =
· ξ(Iv ) dG0 + dT · Z + Iv,T (1 + ξT ) + ξT · Iv,T · Y
1 − (c + ξ(Iv )T )
IV.2
(B.1e)
Concilier croissance et préservation de l’environnement
Pour déterminer s’il est possible de concilier croissance économique et préservation de l’environnement, nous devons analyser dans quels cas la politique climatique entraı̂ne une augmentation du niveau d’activité et dans quels cas elle entraı̂ne une réduction de l’empreinte carbone.
En posant :
0
0
0
0
dG0 + dT · Z + Iv,T (1 + ξT ) + ξT · Iv,T · Y < 0
(B.2a)
Une politique expansionniste réduit l’empreinte carbone si :
0
0
0
0
dG0 < − dT · Z + Iv,T (1 + ξT ) + ξT · Iv,T · Y
La variation de la politique climatique réduit l’empreinte carbone si :
!
dG0
dT < −
0
0
0
0
Z + Iv,T (1 + ξT ) + ξT · Iv,T · Y
(B.2b)
(B.2c)
Si ces deux conditions sont réunies, il est possible de réduire les émissions de gaz à effet de
serre. Mais est-il possible d’avoir simultanément une baisse de l’empreinte carbone accompagnée
d’une augmentation du niveau d’activité en pratiquant une politique de relance et une politique
climatique plus ambitieuse ? On pose :
0
0
dG0 + dT · (Z + Iv,T (1 + ξT )) > 0
(B.3a)
La variation de la dépense publique augmente le niveau de production si :
0
0
dG0 > − dT · (Z + Iv,T (1 + ξT ))
(B.3b)
La variation de la politique climatique augmente le niveau de croissance si :
!
dG0
dT > −
0
0
Z + Iv,T (1 + ξT )
0
Sachant que ξT < 0, on en déduit facilement que :
0
0
0
0
0
0
Z + Iv,T (1 + ξT ) > Z + Iv,T (1 + ξT ) + ξT · Iv,T · Y
123
(B.3c)
Des relations (B.2b), (B.2c), (B.3b) et (B.3c), nous pouvons en déduire que si :
0
0
0
0
0
0
− Z + Iv,T (1 + ξT ) + ξT · Iv,T · Y > dG0 > − Z + Iv,T (1 + ξT ))
(B.4a)
Et :
−
1
0
0
Z + Iv,T (1 + ξT )
!
> dT > −
1
0
0
0
0
Z + Iv,T (1 + ξT ) + ξT · Iv,T · Y
!
(B.4b)
Alors il est possible de mener une politique de relance de sorte à ce que l’on ait dY > 0 et
dZ < 0 dans ce type de modèle.
124
Annexe C
Analyse de la croissance et de
l’empreinte carbone chez Héron et
Piluso (2022)
IV.1
Les conditions nécessaires à l’accroissement du niveau
d’activité
IV.1.1
Impact des émissions
Premièrement, nous allons étudier l’effet des émissions polluantes à éviter sur le niveau
d’actvité. Pour ce faire, nous prenons la différentielle de (52b) par rapport aux émissions.
Ainsi, on trouve :
γAγ−1 − T
∂Y
=
∂A
1 − (c(µ) + ξT )
(C.1a)
Donc la condition nécéssaire pour que les émissions à éviter augmentent le niveau de production est :
γAγ−1 > T
IV.1.2
(C.1b)
Impact de la taxe
L’impact de la taxe sur le niveau de production s’effectue en prenant la différentielle de
(52b) part rapport à T . Ainsi après réarrangement de certains termes, nous obtenons la relation
125
suivante :
∂Y
ξY − A
=
∂T
1 − (c(µ) + ξT )
(C.2a)
∂Y
Z
=
∂T
1 − (c(µ) + ξT )
(C.2b)
Soit :
Lorsque le niveau de la taxe augmente, le niveau de production suit la même trajectoire.
IV.1.3
Impact de l’intensité polluante
Concernant l’intensité polluante de la croissance, nous prenons la différentielle de (52b) par
rapport à ξ, ce qui nous donne :
YT
∂Y
=
∂ξ
1 − (c(µ) + ξT )
(C.3)
Lorsque le niveau de pollution de l’activité augmente, le niveau de croissance augmente
également.
IV.1.4
Impact de la propension marginale à consommer
Concernant le taux d’inflation, l’impact sur le niveau d’activité s’obtient par la différentielle
de (52b) par rapport µ, en réarrangeant certains termes, nous en obtenons :
0
cµ Y
∂Y
=
∂µ
1 − (c(µ) + ξT )
0
Où cµ =
(C.4)
∂c(µ)
∂µ .
D’après (49b), on constate que (C.4) est négative. Ainsi, une augmentation du taux d’inflation entraı̂ne une diminution du niveau de production.
IV.1.5
Impact globale sur le niveau d’activité
Pour déterminer la variation totale de la croissance lorsque le niveau de la taxe, le niveau
des émissions polluantes à éviter, l’intensité polluante de la technologie et le taux d’inflation
augmentent simultnanément, il suffit de prendre la différentielle de (52b) par rapport A, T , ξ
et µ. Cela nous donne :
h
i
1
0
dY =
· dA · γAγ−1 − T + dT · Z + dξ · Y T + dµ · cµ Y
1 − (c(µ) + ξT )
(C.5a)
Si :
0
dA · γAγ−1 − T + dT · Z + dξ · Y T + dµ · cµ Y > 0
Alors le niveau de croissance augmente, c’està-dire dY > 0.
126
(C.5b)
IV.2
Les conditions nécéssaires à l’accroisement à la réduction
de l’empreinte carbone
IV.2.1
L’impact des émissions sur l’empreinte carbone
Dans un premier temps, nous étudions l’impact des émissions à éviter sur le niveau de
l’empreinte carbone. En différentiant (46) par A, nous obtenons :
∂Y
∂Z
=
·ξ−1
∂A
∂A
(C.6a)
En utilisant à (C.1a), nous pouvons en déduire :
∂Z
γAγ−1 − T
·ξ−1
=
∂A
1 − (c(µ) + ξT )
Si la condition (C.1b) est respectée, il est donc indispensable que
(C.6b)
∂Y
∂A
· ξ < 1. Dans le cas
contraire, une réduction des émissions entraı̂nerait une augmentation de l’empreinte carbone,
ce qui est contradictoire.
IV.2.2
L’impact de la taxe sur l’empreinte carbone
En ce qui concerne l’empreinte carbone, d’après (46), l’impact de la poltique climatique sur
cette variable est donné par :
∂Y
∂Z
=
·ξ
∂T
∂T
(C.7a)
En utilisant (C.2b), nous obtenons donc :
∂Z
=
∂T
Z
1 − (c(µ) + ξT )
·ξ
(C.7b)
Cette expression montre que si l’intensité de la politique climatique augmente mais que les
émissions polluantes à éviter ne sont pas en augmentation, cela entraı̂ne une dégradation l’empreinte carbone. Il est donc essentiel que la politique climatique s’accompagne de ces dépenses
de dépollution. Les gouvernemnents doivent impérativement trouver le niveau de la taxe optimal
afin que les entreprises mettent en place ces dépenses.
IV.2.3
L’impact de l’intensité polluante
Pour mesurer l’impact de l’intensité polluante sur l’empreinte carbone, nous devons prendre
la différentielle de (46) par rapport à ξ. Ainsi, nous avons :
∂Y
∂Z
=Y +
·ξ
∂ξ
∂ξ
127
(C.8a)
De (C.3), nous en déduisons :
∂Z
ξT
=Y · 1+
∂ξ
1 − (c(µ) + ξT )
(C.8b)
L’intensité polluante augmente l’empreinte carbone de l’économie. Elle a un effet d’autant
plus néfaste sur l’empreinte carbone à mesure que le niveau d’activité est élevé.
IV.2.4
L’impact du taux d’inflation
Pour mesurer l’impact du niveau d’inflation sur l’empreinte carbone, nous prenons la
différentielle de (46) par rapport à µ. Cela nous donne :
∂Z
∂Y
=
·ξ
∂µ
∂µ
(C.9a)
De (C.4), nous obtenons :
∂Z
=
∂µ
0
cµ Y
1 − (c(µ) + ξT )
!
·ξ
(C.9b)
Le niveau d’inflation à des effets bénéfiques pour l’empreinte carbone, dans la mesure où
il permet de réduire le niveau de la demande, et donc indirectement le niveau de production.
Lorsque le niveau de production diminue, les entreprises emploient moins de travailleurs, ce
qui fait baisser ensuite le niveau général des prix.
IV.2.5
Impact globale sur l’empreinte carbone
Nous pouvons désormais analyser la variation totale de l’empreinte carbone lorsque le niveau
de la taxe, le niveau des émissions polluantes à éviter, l’intensité polluante de la technologie
et le taux d’inflation augmentent simultnanément. Pour cela, nous prenons la différentielle de
(46) par rapport à A, T , ξ et µ. Ainsi, nous obtenons :
∂Y
∂Y
∂Y
∂Y
dZ = dT · ξ ·
+ dA ·
· ξ − 1 + dξ · Y +
· ξ + dµ
·ξ
∂T
∂A
∂ξ
∂µ
(C.10a)
Si :
∂Y
∂Y
∂Y
∂Y
dT · ξ ·
+ dA ·
· ξ − 1 + dξ · Y +
· ξ + dµ
·ξ <0
∂T
∂A
∂ξ
∂µ
Alors l’empreinte carbone baisse.
128
(C.10b)
Annexe D
L’existence du double dividende
chez Héron et Piluso (2022)
IV.1
Impact de la politique climatique sur les agrégats
IV.1.1
Impact sur le niveau de production
En écrivant cette relation, on peut déterminer l’effet global d’un renforcement du prix de
la taxe sur le niveau de croissance. La différentielle de (66) par rapport à T s’écrit de la façon
suivante :
∂A
∂Y
=
·
∂AT
∂T
γAγ−1 − T
1 − (c(µ) + ξT )
+
Z
1 − (c(µ) + ξT )
(D.1a)
Avec (C.1a) et (C.2b), on en déduit :
∂Y
∂A ∂Y
∂Y
=
·
+
∂AT
∂T ∂A
∂T
Ce qui donne finalement :
∂Y
1
γAγ − T A
Z
=
·
+
∂AT
T (γ − 1)
1 − (c(µ) + ξT )
1 − (c(µ) + ξT )
(D.1b)
(D.1c)
Le prix de la taxe environnementale peut augmenter les émissions polluantes à éviter parallèlement du niveau d’activité, à condition que :
γAγ > T A
129
(D.1d)
IV.1.2
Impact sur le niveau d’emploi et volume de chômage
En ce qui concerne l’impact sur le niveau d’emploi et le volume de chômage, à partir de
(A.2a), on peut facilement l’impact de la politique climatique sur le niveau d’emploi :
∂Y
L
∂L
=
·
∂AT
∂AT Y α
(D.2a)
Ce qui donne également :
∂L
=
∂AT
∂A ∂Y
∂Y
·
+
∂T ∂A
∂T
·
L
Yα
(D.2b)
L’impact global de la politique climatique sur le niveau d’emploi est réprésenté par :
1
L
γAγ − T A
Z
∂L
=
·
·
+
(D.2c)
∂AT
T (γ − 1) 1 − (c(µ) + ξT ) 1 − (c(µ) + ξT )
Yα
L’impact sur le taux de chômage est donné par :
∂Y
L
∂U
=−
·
∂AT
∂AT Y α
(D.3a)
Ce qui peut être réécrit comme :
∂U
=−
∂AT
∂A ∂Y
∂Y
·
+
∂T ∂A
∂T
L
·
Yα
(D.3b)
L’impact global de la politique climatique sur le volume du chômage se mesure comme :
1
L
γAγ − T A
Z
∂U
=−
·
(D.3c)
·
+
∂AT
T (γ − 1) 1 − (c(µ) + ξT ) 1 − (c(µ) + ξT )
Yα
IV.1.3
Impact sur le niveau général des prix
En ce qui concerne l’impact sur le niveau général des prix, à partir de (62a), on peut en
déduire l’impact de la politique climatique sur le niveau des prix :
∂p
∂L (1 − α)w
=
+ξ
∂AT
∂AT Lα αB
Ce qui peut être réécrit comme :
∂p
∂A ∂Y
∂Y
L
(1 − α)w
=
·
+
·
+ξ
∂AT
∂T ∂A
∂T
Yα
Lα αB
(D.4a)
(D.4b)
Donc :
∂p
∂Y L1−α (1 − α)w
=
·
+ξ
∂AT
∂AT
Y α2 B
L’impact global de la taxe sur le niveau général des prix s’établit comme :
∂p
1
γAγ − T A
Z
L1−α (1 − α)w
=
·
+
·
+ξ
∂AT
T (γ − 1) 1 − (c(µ) + ξT ) 1 − (c(µ) + ξT )
Y α2 B
(D.4c)
(D.4d)
De ces expressions, nous pouvons en conclure que un renforcement de la politique climatique
entraı̂ne une inflation dans l’économie.
130
IV.1.4
Impact sur l’empreinte carbone
Pour le cas de l’empreinte carbone, l’impact de la politique climatique sur lcelle-ci se mesure
de la manière suivante :
∂Z
∂Y
∂A
=
·ξ−
∂AT
∂AT
∂T
(D.5a)
En partant de cette expression, nous pouvons déjà remarquer que si
∂Y
∂AT
·ξ >
∂A
∂T ,
l’empreinte
carbone se détériore. Pour que la politique climatique soit effiace, il est nécéssaire que
∂Z
∂AT
< 0.
On a donc :
∂Z
=
∂AT
IV.1.5
∂A ∂Y
∂Y
·
+
∂T ∂A
∂T
·ξ−
∂A
∂T
(D.5b)
Le double dividende
Pour monter l’existence d’un double dividence, nous devons analyser quand la politique
climatique génère de la croissance et quand elle permet de réduire l’empreinte carbone. Du
côté de l’empreinte carbone, en posant :
∂Y
∂A
∂A ∂Y
·
+
·ξ−
<0
∂T ∂A
∂T
∂T
(D.6a)
On peut en déduire que si :
∂A
<−
∂T
∂Y
∂T · ξ
∂Y
∂A · ξ −
!
1
(D.6b)
Alors :
∂Z
<0
∂AT
De (D.1b), on peut déterminer quand la politique climatique entraı̂ne une augmentation
du niveau de l’activité. Ainsi, si :
∂A
>−
∂T
∂Y
∂T
∂Y
∂A
!
(D.7)
Alors :
∂Y
>0
∂AT
Il est possible d’avoir un double dividende si ∂A
∂T se situe entre les valeurs suivantes :
!
!
∂Y
∂Y
·
ξ
∂A
∂T
− ∂Y∂T
>
> − ∂Y
(D.8)
∂T
·
ξ
−
1
∂A
∂A
131
Annexe E
Impact des prix des biens de
dépollution chez Héron et Piluso
(2022)
En première étape, nous étudions l’impact du prix des dépenses de dépollution sur le niveau
des émissions à réduire. Il suffit prendre la dérivée de (48c) par rapport à PA . De cela, en
effectuant de nouveau quelques manipulations, nous pouvons obtenir :
A
∂A
=−
∂PA
γPA (γ − 1)
Ce qui peut également s’écrire sous la forme différentielle :
dA
dPA
1
=−
·
A
PA γ(γ − 1)
(E.1a)
(E.1b)
L’impact du prix des biens de dépollution sur le niveau de croissance s’exprime comme
suit :
∂Y
∂A
=
·
∂PA
∂PA
γAγ−1 − T
1 − (c(µ) + ξT )
En injectant (E.1a), on obtient :
∂Y
A
γAγ−1 − T
=−
·
∂PA
γPA (γ − 1)
1 − (c(µ) + ξT )
(E.2a)
(E.2b)
A partir de (C.1a) et (E.1a), nous pouvons déduire la relation suivante :
∂Y
∂A ∂Y
=
·
∂PA
∂PA ∂A
132
(E.2c)
L’impact des prix des biens de dépollution sur le niveau d’emploi se mesure comme suit :
∂Y
L
∂L
=
·
∂PA
∂PA Y α
(E.3a)
∂A ∂Y
∂L
L
=
·
·
∂PA
∂PA ∂A Y α
(E.3b)
Soit :
Ce qui peut également s’écrire sous la forme :
A
L
∂L
γAγ−1 − T
=−
·
·
∂PA
γPA (γ − 1) 1 − (c(µ) + ξT )
Yα
(E.3c)
L’impact des prix des biens de dépollution sur le volume du chômage se mesure comme :
A
L
∂U
γAγ−1 − T
=
·
·
(E.4)
∂PA
γPA (γ − 1) 1 − (c(µ) + ξT )
Yα
Ainsi, l’impact des prix des biens de dépollution s’établit comme :
∂L
(1 − α)w
∂p
=
·
∂PA
∂PA
αBLα
(E.5a)
Cela peut être réécrit comme :
∂p
∂Y
=
·
∂PA
∂PA
L1−α (1 − α)w
Y α2 B α
(E.5b)
L’impact des prix des biens de dépollution sur le niveau de l’empreinte carbone de l’économie
se mesure de la façon qui suit :
∂Z
∂Y
∂A
=
·ξ−
∂PA
∂PA
∂PA
(E.6a)
En introduisant (E.2c), on en déduit :
∂Z
∂A
=
·
∂PA
∂PA
∂Y
·ξ−1
∂A
(E.6b)
L’impact du prix des dépenses de dépollution sur le niveau de l’empreinte carbone s’exprime
de la manière suivante :
∂Z
=
∂PA
A
γPA (γ − 1)
· 1+
γAγ−1 − T
1 − (c(µ) + ξT )
·ξ
(E.6c)
Ainsi, lorsque le prix des biens de dépollution augmente, l’empreinte carbone augmente.
133
Annexe F
Analyse de l’efficacité des politiques
de relance chez Héron et Piluso
(2022)
IV.1
Politique budgétaire et climatique
En reprenant (D.1b) et (71b), la variation du niveau d’activité en combinant les deux
politiques s’éffectue de la manière suivante :
∂A ∂Y
∂Y
∂Y
dY = dAT ·
·
+
+ dG0 ·
∂T ∂A
∂T
∂G0
(F.1a)
Ainsi, pour que la mise en place simultanée des politiques relance le niveau d’activité, il
faut que le rapport des variations entre ces deux politiques soit supérieur à la valeur suivante :
!
∂Y
dAT
∂G0
> − ∂A ∂Y
(F.1b)
∂Y
dG0
∂T · ∂A + ∂T
En utilisant (D.5b) et (75), la variation du niveau de l’empreinte carbone s’établit de la
manière suivante :
dZ = dAT ·
∂Y
∂A ∂Y
·
+
∂T ∂A
∂T
∂A
·ξ−
∂T
+ dG0 ·
∂Y
·ξ
∂G0
(F.2a)
Afin que la combinaison des deux politiques réduise l’empreinte carbone de l’économie, il
faut que le rapport des variations entre les deux politiques soit inférieur à la valeur suivante :
!
∂Y
dAT
∂G0
<−
(F.2b)
∂A ∂Y
∂Y
∂A
dG0
·
+
·
ξ
−
∂T ∂A
∂T
∂T
134
En supposant que ξ = 1, on en déduit que si le rapport des variations de ces deux politiques
est compris entre :
−
∂A
∂T
·
∂Y
∂G0
∂Y
∂Y
∂A + ∂T
!
−
∂A
∂T
dAT
>
>−
dG0
∂A
∂T
·
∂Y
∂G0
∂Y
∂Y
∂A + ∂T
!
(F.3a)
Alors il est possible que les gouvernements mettent en place une politique climatique de
manière à observer une augmentation de la croissance et une réduction de l’empreinte carbone.
Il est possible de déterminer la valeur de l’intensité polluante pour laquelle il est impossible de
mener une politique de relance et une politique climatique de sorte à atteindre les objectifs de
croissances et environnementaux. On pose :
−
∂A
∂T
·
∂Y
∂G0
∂Y
∂Y
∂A + ∂T
!
·ξ−
∂A
∂T
<−
∂A
∂T
·
∂Y
∂G0
∂Y
∂Y
∂A + ∂T
!
(F.3b)
On en déduit alors que si :
ξ>
∂Z
∂AT
∂Y
∂AT
Alors il n’est pas possible d’avoir simultanément dY > 0 et dZ < 0.
135
(F.3c)
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