DÉFINIR DES OBJECTIFS PEDAGOGIQUES 15
De jouer la même partition ! C'est le domaine de l'interprétation, de la diversité, des priorités et des choix de l'enseignant. Le plus souvent, lorsqu'on
lui demande de préciser ses objectifs, ce sont ses intentions qu'il annonce :« Faire aimer Victor Hugo aux élève », « leur apprendre à faire une dissertation
» ou « leur faire comprendre les causes de la Révolution française » ...
Si, à ce niveau, une certaine différenciation est possible, on ne se trouve pourtant pas dans le domaine de l'arbitraire et de la pure fantaisie
: son action doit tendre à réaliser les buts de l'enseignement ; il lui appartient donc de les connaître, et de mettre en œuvre les moyens qui
lui semblent les plus adaptés pour les atteindre. Sauf à devenir schizophrène ou paranoïaque, son projet ne peut être opposé à celui de
l'institution : c'est en ce sens qu'il est professeur de français, de mathématiques ou d'éducation physique.
L'enseignement est pavé de... bonnes intentions
Les choses paraissent donc simples, alors que c'est pourtant là qu'elles se compliquent, cor l'enseignant n'est pas un simple engrenage qui démultiplie au niveau des
élèves les buts de l'éducation sans les modifier. Par le fait qu'il est une personne, il a une part de libre arbitre, une zone franche qui constitue son aire de liberté, mais
comporte aussi, par là-même, un risque. Cette indétermination qu'il introduit dans le processus d'enseignement se développe selon trois axes principaux :
- il s'agit d'abord de la zone trouble qui sous-tend ce que D. Hameline (1982) décrit comme l'intention d'instruire et le désir d'aider ; c'est la manière personnelle dont
l'individu investit le fait même d'avoir à enseigner, avant d'enseigner ceci ou cela. Ici déjà tous les enseignants ne sont pas sur le même plan, ni par rapport au savoir
que représente leur discipline, ni par rapport à l'institution, ni par rapport aux élèves ;
- ensuite, l'intention de l'enseignant s'analyse à plusieurs niveaux qui peuvent entretenir entre eux des rapports complexes et parfois contradictoires ; on peut distinguer
classiquement ce qu'il voudrait faire, ce qu'il pense faire et ce qu’il fait réellement. L'intention peut n'être que velléité, tourner à l'obsession ou dégénérer en fantasme
;
- enfin, pour que l'intention aboutisse, et qu'elle puisse se formuler, une compétence professionnelle est nécessaire. Il ne suffit pas de lire le programme
! Si c'était le cas, les élèves pourraient à coup sûr s'auto-enseigner. L'enseignant doit acquérir une double compétence : dans le domaine disciplinaire
des contenus qu'il aura à enseigner, et dans le domaine pédagogique au sens large (qui va de la connaissance de soi-même à celle de l'élève, en passant
par l'apprentissage des méthodes et des procédures de l'enseignement (cf. infra, Annexes 1 et 2).