Se nourrir à la Table de la Parole « Elle est vivante donc et efficace la Parole de Dieu » (He 4, 12). Comme la pluie féconde la terre, « ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche, elle ne revient pas vers moi sans avoir accompli ce que j’ai voulu et réalisé l’objet de sa mission » (Is 55, 10-11). La Parole de Dieu devient alors pour qui l’accueille une lumière sur la route de sa vie, un aliment essentiel dont il faut se nourrir pour vivre dans la fidélité à l’Alliance, pour se laisser transformer par elle et agir en conséquence. Le don de la Parole se fait dans un dialogue entre Dieu et son Peuple, l’Alliance, proposée à toute l’humanité tout au long de son histoire, en commençant par le peuple élu. La liturgie de la Parole, dans la célébration eucharistique, nous remet dans la trame de cette histoire du Salut. La Parole de Dieu que nous écoutons à la messe n’est pas seulement celle d’une histoire passée, mais elle est bien celle d’un aujourd’hui. Pour nous aussi, à l’instant même où nous célébrons, le Salut advient ! Se nourrir à la Table de l’Eucharistie Communier, c’est vivre l’actualisation du mystère pascal, mystère de la mort et de la résurrection du Christ. De même qu’à la Cène, par les paroles qu’il a prononcées, le Christ s’est rendu présent sous les espèces du pain et du vin, de même par les mots de la consécration à la messe, le Christ devient présent à l’autel. Communier, c’est vivre l’union intime au Christ, le recevoir, lui qui s’est offert pour nous. Dans un tel acte nous sommes incorporés au Christ, nous devenons réellement une offrande avec lui au Père. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui » (Jn 6, 56). Communier, c’est aussi recevoir l’Eglise, l’édifier, elle qui est le « mystère » de la charité de Dieu vécue dans nos relations humaines (Cf 1 Co 10, 16-17, Parole de Dieu de l’office de ce coir). Nous devenons ce que nous sommes, Corps du Christ. Cette nourriture nous convertit : nous croyons l’assimiler, mais en réalité c’est elle qui nous assimile. Nous sommes changés en Celui que nous mangeons. 3 – Pour vivre le Psaume aujourd’hui Dieu est notre Ami, Dieu est notre Epoux. En quoi je me sens ami de Dieu ? En quoi je me sens épouse du Dieu vivant ? Psaume 147 [12] Glorifie le Seigneur, Jérusalem ! Célèbre ton Dieu, ô Sion ! [13] Il a consolidé les barres de tes portes, dans tes murs il a béni tes enfants ; [14] il fait régner la paix à tes frontières, et d'un pain de froment te rassasie. [15] Il envoie sa parole sur la terre : rapide, son verbe la parcourt. [16] Il étale une toison de neige, il sème une poussière de givre. [17] Il jette à poignées des glaçons ; devant ce froid, qui pourrait tenir ? [18] Il envoie sa parole : survient le dégel ; il répand son souffle : les eaux coulent. [19] Il révèle sa parole à Jacob, ses volontés et ses lois à Israël. [20] Pas un peuple qu'il ait ainsi traité ; nul autre n'a connu ses volontés. Alléluia ! Dans la liturgie eucharistique, le psaume 147 est proclamé le jour de la fête du Corps et du Sang du Christ de l’année A, soit le jeudi ou le dimanche qui suit la Sainte Trinité. ème ème Dans la liturgie des Heures, on le chante aux laudes les vendredis de la 2 et 4 semaine. 1 – Pour goûter le Psaume Dans le texte hébreu, les versets 1 à 11 du psaume 146 et les versets 12 à 20 du psaume 147 forment un seul et même psaume qui commence et se termine par un « Alléluia » (= Loué soit Dieu). Cela laisse tout de suite pressentir un ton de jubilation et des appels à se réjouir. Les verbes du verset 12 confirment que c’est bien d’un psaume de louange qu’il s’agit, interpellant les croyants à travers les désignations collectives de Jérusalem et de Sion, les invitant à louer un Dieu de relation, « ton Dieu ». La suite du psaume suggère des motifs à la louange d’Israël, en égrenant les œuvres de Dieu pour l’humanité en général et pour son peuple en particulier, œuvres de Dieu que sont inséparablement la création et la libération. Autant le ciel, la terre, les éléments, le cosmos révèlent Dieu, autant Il se fait connaître par ses hauts fait libérateurs en faveur du peuple qu’Il s’est choisi. Les œuvres créatrices et rédemptrices de Dieu ne sont pas des voies parallèles. Le psaume en témoigne : elles s’entrecroisent. Versets 13-14. On a là la description précise d’un peuple établi dans la paix (« Jérusalem » signifie cité de paix) avec un système de défense solide assurant la sécurité, un bon pain de froment sur la table et des enfants bénis autour. Nous sommes au retour de l’exil à Babylone à la fin du 6°siècle : il a fallu reconstruire la ville et redresser le Temple. Sans l’aide de Dieu, rien de tout cela n’eut été possible : « Il a consolidé les barres de tes portes.» Versets 15-18. Ce n’est pas seulement un travail d’architecte que Dieu a fait : ce retour au pays est un véritable retour en grâce et le pardon accordé est une véritable recréation du peuple. Voilà pourquoi ce psaume, comme beaucoup d’autres, mêle si étroitement les thèmes de la beauté de la nature, d’une part, et de la puissance de la Parole de Dieu, d’autre part. Pour donner une image forte de ce que peut réaliser sa Parole, voici l’expérience du dégel : moment de la délivrance de la prison du froid, quand tout ce qui était paralysé, retrouve à nouveau le mouvement, la vie. Quand l’eau nécessaire à cette vie se remet à couler en abondance sous l’effet du souffle ! L’univers et l’histoire sont sans cesse portés par la Parole créatrice de Dieu, par sa volonté : « Il envoie sa parole sur la terre : rapide, son verbe la parcourt » (v. 15). À une oreille chrétienne, la traduction de ce verset évoquera inévitablement des résonances dont la portée dépasse de beaucoup le sens premier du texte. « Le Verbe s’est fait chair et il a planté sa tente parmi nous » (Jn 1, 14). Versets 19-20. La perspective se fait plus théologique et intemporelle. Ces derniers versets chantent le privilège unique du peuple que Dieu a choisi entre tous, bénéficiaire de sa Parole et éclairé par sa loi. L'histoire d'Israël est unique. Dieu lui-même la dirige et donne à son peuple d'en voir le sens : Il lui fait connaître ses desseins. Le psaume célèbre ici la Parole révélatrice : « Il révèle à Jacob sa parole » (v 19). Parole révélatrice que Paul décrira ainsi dans l’épître aux Hébreux : « Après avoir, à bien des reprises et de bien des manières, parlé jadis à nos pères par les prophètes, Dieu, en ces temps qui sont les derniers, nous a parlé en un Fils. » (He 1, 1-2). 2 – Pour aller plus loin Chanter ce psaume (comme la liturgie le propose les années A) le jour de la fête du Saint-Sacrement, fête du Corps et du Sang du Seigneur, c’est proclamer la continuité de l’œuvre de Dieu dans l’histoire des hommes, c’est célébrer Dieu et lui rendre grâce pour le don qu’il nous fait en son Fils JésusChrist : Parole qui parcourt la terre et Pain qui rassasie. Pour nous chrétiens, le lieu où se donnent à la fois la Parole de vie et le Pain de vie, c’est la messe où deux tables sont dressées et vénérées : la table de la Parole, l’ambon, et la table de l’Eucharistie, l’autel. L’amour de Dieu se dit par sa Parole, créatrice, et révélée tout au long de l’histoire sainte. Adressée à tous, le Parole est universelle, offerte en un don « extérieur ». On est dans le registre de l’amitié. Le propre de l’amitié c’est de livrer les secrets : Dieu nous livre ses secrets, nous dit qui Il est, qui nous sommes. En Jésus Christ incarné, la Parole s’est faite recréatrice, elle a pris visage humain. L’accomplissement de l’amour est allé jusqu’au don du Christ lui-même, pour nous, sur la croix. Dans le mystère de l’Eucharistie, nous vivons l’amour donné jusqu’au bout en ce geste de communion, corps à corps et cœur à cœur personnel avec le Pain de vie qui nous transforme. On est dans le registre des épousailles, où Dieu vient féconder chacun d’entre nous, féconder la terre que nous sommes, l’Eglise, et nous ouvrir au banquet des noces de l’Agneau. Prier avec le psaume 147 Dieu, viens à mon aide ! Seigneur, à notre secours ! Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit, au Dieu qui est, qui était et qui vient pour les siècles des siècles. Amen. Hymne : Pour t’aimer, ô mon Dieu, et pour Te faire aimer, je m’offre à ton Amour miséricordieux ! Consume-moi sans cesse des flots de ta tendresse, qu’ainsi je sois martyre de ton amour, Seigneur ! Pain vivant, pain du Ciel, ô mystère sacré, Tu viens, mon Bien-Aimé, en Toi me transformer. A ta miséricorde, en paix, je m’abandonne, Comme un petit enfant, Jésus, je veux t’aimer. Antienne : Glorifie le Seigneur, Jérusalem ! Célèbre ton Dieu, ô Sion ! Psaume 147 Glorifie le Seigneur, Jérusalem ! Célèbre ton Dieu, ô Sion ! Il a consolidé les barres de tes portes, dans tes murs il a béni tes enfants ; il fait régner la paix à tes frontières, et d’un pain de froment te rassasie. Il envoie sa parole sur la terre : rapide, son verbe la parcourt. Il étale une toison de neige, il sème une poussière de givre. Il jette à poignées des glaçons ; devant ce froid, qui pourrait tenir ? Il envoie sa parole : survient le dégel ; il répand son souffle : les eaux coulent. Il révèle sa parole à Jacob, ses volontés et ses lois à Israël. Pas un peuple qu’il ait ainsi traité ; nul autre n’a connu ses volontés. Alléluia ! Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit Pour les siècles des siècles. Amen. Antienne : Glorifie le Seigneur, Jérusalem ! Célèbre ton Dieu, ô Sion ! Parole de Dieu (1 Co 10, 16-17) La coupe d’action de grâce que nous bénissons, n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ ? Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain. Répons R/ Jésus, tu es le pain de Dieu, * Tu nous donnes la vie. V/ Tu es la manne des temps nouveaux. * Tu nous donnes la vie. Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit Pour les siècles des siècles. R/ Jésus, tu es le pain de Dieu. * Tu nous donnes la vie. Intercession Unis à tous les chrétiens dans une même louange, invoquons Dieu notre Père : R/ Notre Père, notre Père, nous te supplions humblement Pour les hommes à qui tu donnes la vie, le mouvement et l’être, nous te supplions : - que chacun te découvre proche de lui. R/ Pour ceux qui te reconnaissent comme le Dieu unique et véritable, nous implorons ta bonté : - manifeste-leur ton amour. R/ Pour nous qui te confessons Père de Jésus, notre Seigneur, nous implorons ta fidélité : - garde-nous dans la joie d’être tes fils. R/ Pour nos frères défunts, qui ont cru en toi sur la terre, nous implorons ta pitié : - donne-leur de contempler ta gloire. R/ Intentions libres… R/ Notre Père Oraison Seigneur Jésus Christ, dans cet admirable sacrement, tu nous laisses le mémorial de ta passion ; donne-nous de vénérer d’un si grand amour les mystères de ton corps et de ton sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de ta rédemption. Toi qui vis et règnes avec le Père et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.