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Toutankhamon : le tombeau à l'origine du mythe de la
malédiction est reconstitué Porte de Versailles
Après des escales à Bruxelles, Zurich, Barcelone, Madrid, Cologne, Budapest, Dublin ou
encore Séoul, l'exposition "Toutankhamon - son Tombeau et ses Trésors" plante ses pénates à
Paris, au Parc des Expositions Porte de Versailles. Ont été reconstitués dans les conditions
d'origine trois chambres funéraires et plus de mille objets destinés à accompagner le pharaon
dans l'au-delà, le tout par le fin du fin des artisans égyptiens et sous contrôle scientifique. Un
concept d'exhibition moderne et interactif, où le visiteur vit une expérience sensible ...
Au début, on grimace devant le tarif : "Comment ? Près de 16 euros pour voir des répliques ?"
Mais très vite, la dépense se justifie : les moyens déployés par les concepteurs de
l'exposition afin de présenter aux néophytes le pharaon Toutankhamon et sa dernière demeure
sont surprenants ...
Patientez brièvement dans la première salle en compagnie de reproductions de la Pierre de
Rosette et d'une statue du souverain, le temps qu'une prochaine fournée de visiteurs, la
vôtre, s'élance dans l'antre sombre du passé funéraire phararonique reconstitué. La visite est
guidée, encadrée selon un timing précis, et l'on ne regrette en rien une liberté de déambulation
traditionnelle, qui nous est d'ailleurs rendue sur la seconde partie du parcours, tant cette prise
en charge paraît confortable et didactique. L'audio-guide, indispensable, se lance tout seul en
même temps que les images à l'approche d'un support de projection filmique (toile de
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fond orthodoxe ou filet de protection selon les situations). Asseyez-vous, voilà que l'histoire se
raconte toute seule ...
Toutankhamon, héritier d'Akhénaton :
Toutankhamon est un pharaon du Nouvel Empire, plus précisément de la XVIIIème dynastie,
successeur du très critiqué Akhénaton, et petit-fils du très prestigieux Aménophis III. Passer
après Akhénaton en effet n'est pas une bénédiction ; l'Histoire avec un grand "H" le retiendra (à
l'instar de l'histoire immédiate qui martèlera son nom au burin) comme l'arrogant qui eut
l'audace de bouleverser des siècles de traditions religieuses en niant les anciennes divinités au
profit d'une seule, Aton, le disque solaire. Il est en cela un précurseur du monothéisme, assisté
de sa ravissante et non moins célèbre épouse, Néfertiti.
D'après les dernières analyses pratiquées sur la dépouille de Toutankhamon, qui a été
exceptionnellement retirée de son tombeau de la Vallée des Rois tout récemment, il n'est pas le
fils de Néfertiti, mais plus vraisemblablement celui d'une autre épouse d'Akhénaton, peut-être
l'une de ses soeurs cadettes. C'est à l'âge de huit ans qu'il monte sur le trône et s'empresse de
rétablir les dieux bafoués par son prédécesseur. Il règne dix années durant, avant de mourir
dans des circonstances mystérieuses. Son successeur souhaite effacer sa mémoire, et
Toutankhamon tombe dans l'oubli.
Howard Carter et la découverte du siècle :
Jusqu'à ce qu'un jeune dessinateur anglais se prenne de passion pour la Vallée des Rois et
rêve d'y découvrir un tombeau inviolé. Howard Carter (1874-1939) connaît une carrière
tumultueuse, durant laquelle il passera du statut d'Inspecteur général des Antiquités de Haute
Egypte, au gagne-pain de peintre pour touristes. Après un nouveau coup du destin, il
devient chef de chantier puis directeur des travaux sur les fouilles financées par un lord anglais,
le cinquième comte Carnarvon (1866-1923). Leur collaboration commence dès 1909, mais c'est
en 1917 qu'ils attaquent le chantier de la Vallée des Rois, site que Carter a déjà écumé pendant
plusieurs années. Certains prétendent qu'il n'y a plus rien à découvrir dans la nécropole des
pharaons, mais Carter n'en démord pas : il est certain qu'un souverain mystérieux nommé
Toutankhamon repose quelque part sous leurs pieds. Il a en effet découvert des objets portant
ce nom encore inconnu, notamment du matériel d'embaumement.
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C'est finalement le 4 novembre 1922 qu'un jeune garçon dégage la première marche d'un
escalier qui mènera vers l'entrée murée portant le sceau de Toutankhamon. Carter perce un
trou et passe une bougie : "D'abord je ne vis rien, car l'air chaud s'échappant de la chambre
faisait vaciller la bougie. Puis lorsque mes yeux s'habituèrent à la lumière, les détails de la pièce
émergèrent lentement de la pénombre : des animaux étranges, des statues et de l'or - partout le
scintillement de l'or".
C'est ce moment que tente de nous faire revivre l'exposition. Ce moment et ceux qui suivirent,
au cours desquels Carter et son équipe mirent au jour un trésor inestimable réparti dans quatre
salles, dont une abritait la momie du défunt. Car toute la légende de Toutankhamon commence
ici : la tombe n'a pas reçu la visite de vivants depuis plus de 3000 ans. Elle est restée inviolée,
c'est le premier cas du genre. On peut remercier les carriers négligents qui travaillèrent au
tombeau de Ramsès VI environ deux siècles après la mort de Toutankhamon, et qui
dissimulèrent inconsciemment la fameuse sépulture sous un épais tapis d'éclats de calcaire
rejetés. En plus de la richesse de son mobilier (coffres peints, sièges décorés, vases d'albâtre,
chars, lits, chapelles dorées, sceptres, bijoux, statuettes ...), la tombe devient dès lors une
référence pour l'étude des rites et des aménagements funéraires pratiqués dans l'ancienne
Egypte autour des pharaons défunts. Carter & Co adoptent une approche méthodique : on
numérote chaque objet, on le décrit, on prend des photographies.
Un parcours d'exposition très réaliste :
C'est grâce à cette précieuse documentation que la présente exposition a pu voir le jour. Trois
des quatre salles sont précisément recréées telles que Carter les découvrit, à quelques détails
près.
La première contient tous les objets mis à la disposition du pharaon pour animer sa vie dans
l'au-delà ; de la nourriture, du mobilier de confort, une garde-robe bien fournie, un nécessaire
de toilette très raffiné, des jeux, des instruments de musique, des modèles de bateaux, des
chars ainsi qu'un véritable arsenal d'armes qui évoquent le passé de chasseur et de guerrier du
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défunt ...
Dans la seconde salle se trouve la momie, protégée par pas moins de trois cercueils emboités
l'un dans l'autre, eux-mêmes insérés dans un sarcophage en quartzite jaune, ce dernier caché
sous quatre chapelles de bois doré. Carter et son équipe eurent donc huit couches rigides et
pesantes à retirer dans un espace confiné, avant de tomber nez à nez avec le splendide
masque en or massif posé sur le visage du pharaon. Cette succession d'enveloppes avait aux
yeux des Egyptiens un rôle matériel et symbolique de protection, mais incarnait aussi une
métaphore de la résurrection du défunt, de son voyage dans le monde souterrain. Le pharaon
était transfiguré par la magie, il devenait immortel sous la forme du Dieu-Soleil, et l'or, matériau
imputrescible omniprésent dans le tombeau, symbolisait d'un point de vue mythique la chair du
Dieu-Soleil. Il incarnait également la lumière de l'astre qui éclaire pour le roi les profondeurs du
monde souterrain. Les inscriptions et les figures représentées sur ces différentes enveloppes
jouaient également un rôle de rempart, à l'instar des quatre déesses installées aux quatre
angles du sarcophage : Isis, Nephtys, Selkis et Neith. Des dizaines d'objets
protecteurs furent aussi découverts dans les bandelettes de la momie : bijoux et amulettes,
censés porter chance et cuirasser le souverain contre toutes sortes de désagréments.
La troisième salle, la salle du trésor, présente quant à elle de façon théâtrale le coffre à
canopes recouvert d'or qui contenait les organes du défunt. Tous les fluides corporels étaient
conservés dans des vases à viscères, car l'on craignait que leur disparition empêche le mort de
regagner son intégrité corporelle dans l'au-delà. Dans les vases canopes, veillés par les quatre
fils d'Horus, étaient sauvegardés le foie, les intestins, les poumons et l'estomac. Le coffre-
chapelle qui les renferme, encore orné des quatre déesses qui ouvrent leurs bras en guise de
protection, était précédé d'une statue d'Anubis sous sa forme canine, gardien fier et grave, et
d'une représentation de la vache sacrée.
Après avoir exploré le tombeau dans le détail, le visiteur est lâché dans des espaces
successifs, où lui sont présentés hors contexte quelques éléments choisis : les différentes
chapelles dorées, les fresques de la chambre mortuaire, les cercueils, les amulettes dont la
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signification de certaines demeure mystérieuse, les bijoux, le fameux masque en or (icône
universelle qui immortalise le pharaon dans une représentation idéalisée), le trône d'or incrusté
de pierreries, le coffre à canopes, les insignes de la royauté qu'aucun mortel n'avait le droit de
toucher, les statuettes de divinités, les objets de toilette où demeurent les restes de substances
de beauté (la civilisation égyptienne était imprégnée d'une sensualité raffinée, chacun prenait
soin de son corps, on utilisait les parfums pour sentir le divin ...), les modèles de bateaux, etc.
On retient avec émotion trois petits cercueils trouvés tardivement par Carter : deux contenaient
vraisemblablement les dépouilles des filles de Toutankhamon, qui ne vécurent pas une année ;
le troisième recélait une mèche de cheveux de la grand-mère du pharaon, dévoilant l'affection
que ce dernier portait à son aïeule.
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