Volume II N° 8 A1V2N8A2020
Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation
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entament les premières procédures
administratives, la lourdeur de celles-ci les
décourage et certains s’expatrient à nouveau.
A travers les entretiens, on remarque que: Plus
de 60% de ces entrepreneurs attribuent un rôle
négatif aux administrations publiques
concernées pendant la phase de création.
Ces administrations sont plutôt : les services
administratives de formalités de création
d’entreprises, les banques, la douane, les
chambres de commerce et d’industrie, les
municipalités…etc.
Les entreprises créées rencontrent
apparemment, de graves difficultés à confirmer
leur démarrage. Ces difficultés subsistent voire
s’aggravent tout le long de la période de
démarrage. Les centres régionaux
d’investissement vont pouvoir aider les
entrepreneurs, à condition, selon les termes
d’un d’entre eux, qu’ils mènent leur mission
dans les bons sens4 :
2.1.2. Les contraintes financières
Les prêts bancaires et les garanties exigées pour
leur consentement constituent l’essentiel de ces
problèmes. La majorité des dirigeants
interviewés mettent ces problèmes en tête
pendant la phase de création.
En réalité, les montants insuffisants des prêts,
ainsi que les garanties exigées par les banques
découragent beaucoup d’entrepreneurs
potentiels.
La plupart se plaignent de l’attitude peu
entrepreneuriale des banques qui n’accordent
des prêts qu’assortis de garanties énormes.
Tous les chefs d’entreprises se heurtent à la
difficulté d’obtenir un capital suffisant à des
conditions avantageuses pour démarrer une
entreprise. Le manque de capitaux et surtout
l’incapacité à financer des besoins accrus de
trésorerie au cours de chaque phase
d’expansion, fait aussi obstacle au
développement de l’entrepreneuriat au Maroc.
4 Je pense dit-il, qu’il faut la création et le
fonctionnement réel d’un centre dans lequel ils nous
poursuivent dans nos projets dès la conception jusqu’à la
réalisation ».
2.1.3. Les contraintescommerciales
Outre les problèmes causés par l’étroitesse du
marché interne et par les aléas de la conjoncture
économique nationale liés aux années
successives de sécheresse, les entrepreneurs
trouvent d’autres problèmes commerciaux lors
de la création de leur entreprise.
Certains jeunes prometteurs ne font pas d’étude
de marché avant la création. La prospection des
clients et l’estimation du marché se font par
l’observation et le flair du dirigeant. Leurs
entreprises ne fabriquent souvent qu’un seul
produit qui n’est pas nécessairement nouveau
sur le marché intérieur.
Quant aux problèmes relatifs aux aléas de la
conjoncture, les problèmes de marché et de
commercialisation, constituent l’essentiel des
problèmes commerciaux.
Selon P.Druker, le marché et les canaux de
distribution sont plus importants que le produit :
« un produit n’existe économiquement parlant
qu’à l’intérieur d’un marché pour être acheté
par les clients. Par contre, le marché et les
canaux de distribution existent
indépendamment de tout produit; ils sont
primordiaux, le produit est secondaire »5.
Il faut noter que la qualité du produit a, elle
aussi, une grande importance dans la réussite
d’une entreprise sur un marché donné : le bon
produit crée son propre marché et assure le
démarrage de l’entreprise naissante.
Au Maroc le faible pouvoir d’achat, l’étude de
marché incomplète et l’absence des actions
commerciales constituent, selon les personnes
interrogées, l’origine de problèmes
commerciaux pour une entreprise,
L’entreprise naissante affronte des risques qui
découlent d’une méconnaissance du marché par
son dirigeant. C’est la négligence de cet aspect
cité pendant la phase de création qui oblige son
5 Peter Drucker: bien connaitre votre affaire et réussir, les
éditions d’organisation, Paris 1970, pp:39-40