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Volume II N° 8 A1V2N8A2020
Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation
1
L’entrepreneuriat au Maroc : les contraintes et les
conditions de développement
AFTISS AHMED
Enseignant chercheur
Université Sidi Mohamed Ben Abdellah
FSJES Fès
a.aftiss@yahoo.fr
Résumé- l’entrepreneuriat au Maroc est constitué un véritable
levier de développement économique et sociale.
La création des petites et moyennes entreprises se heurte à
certains obstacles internes et externes qui freinent leurs essors
et leurs promotions.
La mise en place de certaines mesures d’encouragement de
l’entrepreneuriat à l’échelle local et national peuvent donner
aux PME leurs places qui méritent dans l’économie
nationale.
Mots clés : entrepreneuriat, PME, développement,
contraintes, promotion.
INTRODUCTION :
Les PME, qui occupent de plus en plus une
place prépondérante dans le tissu économique,
constitue un véritable levier de développement.
Mais au Maroc. Sa situation reste mal cernée vu
que la majorité de son tissu échappe au secteur
formel.
Les principaux contraintes rencontrés par les
PME résident dans deux phases : au moment de
la création où l'environnement administratif et
réglementaire n'est pas favorable ; et au
moment de démarrage où il y a l'absence d’une
instance gouvernementale de coordination et de
suivi de la PME.
Une faible partie parviendra à passer le cap des
premières anes d'existence. Cette phase
d'éveil de l'entreprise et de confrontation au
monde de la concurrence n'a fait l'objet jusqu'ici
que d'un nombre limid'investigations. Peu de
mesures ont été prises pour faciliter le
déroulement de cette étape, alors que les écrits
sur la création d'entreprise abondent.
Les PME présentent de précieuses
caractéristiques telles que flexibilité, réactivité,
esprit d’innovation, sens du service et du
contact humain… Autant d’atouts pour se
développer.
Pourtant, l’ensemble de ses caractéristiques en
fait un type d’entreprise capable de remédier
aux difficultés que doit surmonter l’économie
nationale pour faire face aux enjeux de
l'ouverture.
On doit essayer, après avoir définir la PME,
dans un premier point d’analyser les
caractéristiques des PME et leurs importances
dans l’économie. Puis, on relèvera, dans un
deuxième point, les problèmes de création et de
démarrage des PME au Maroc. Pour terminer
notre recherche, dans un dernier point, par des
conclusions et des recommandations
susceptibles de promouvoir les PME au Maroc.
1. Spécificités des PME au Maroc
1.1. Définitions de la PME
1.1.1. Définition classique de la PME
Jusqu'en juillet 2002, il n'existait pas de
définition "officielle" de la PME au Maroc.
Jusqu'alors deux approches prévalaient :
- la première, largement répandue, consistait à
considérer comme PME toute entreprise dont le
Chiffre d'Affaires était < 75 millions DH.
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- la seconde, avait été proposée en septembre
2001 par les auteurs du document "Vision de
l'avenir du Maroc - Quelle vision pour les
PME/PMI ?" rédigé à l'occasion du projet
"Maroc - Vision 2020". Suite à une flexion
approfondie sur la notion de PME au Maroc et à
partir de la stratification d'un échantillon
composé de près de 10 000 entreprises, ceux-ci
proposaient de définir les PME/PMI marocaines
sur la base des trois critères suivants :
- Total effectifs : < 200 personnes
- Chiffres d'affaires : < 50 millions DH
- Total bilan : < 30 millions DH
1.1.2. Définition selon la charte de la PME
Toutefois, depuis la loi53-00 formant "Charte
de la PME" du 23 juillet 2002, cette catégorie
d'entreprise a unefinition "officielle".
Selon l'article premier de cette loi, la PME est
une entreprise gérée et/ou administrée
directement par les personnes physiques qui en
sont lespropriétaires, copropriétaires ou
actionnaires et qui n'est pas détenue à plus de
25% du capital ou des droits de vote par
uneentreprise, ou conjointement par plusieurs
entreprises, ne correspondant pas à la définition
de la P.M.E.
Par ailleurs, les PME doivent répondre aux
deux conditions suivantes :
- avoir un effectif permanent ne dépassant pas
200 personnes,
- avoir réalisé, au cours des deux derniers
exercices, soit un chiffre d’affaires hors taxes
inférieur à 75 millions de DH, soit un total de
bilan inférieur à 50 millions de DH.
Cette même charte propose également des
critères spécifiques aux entreprises
nouvellement créées (c'est à dire celles qui ont
moins de deux années d'existence) : sont
considérées comme PME les entreprises ayant
engagé un programme d’investissement initial
inférieur à 25 millions de DH et respectant un
ratio d’investissement par emploi inférieur à
250 000 DH.
Tableau 1 : PME selon la charte Bie
n
ent
end
u
ce
type de définition n'est jamais définitif et peut
faire l'objet, au gré des circonstances
économiques et sociales, d'aménagements de la
part des opérateurs économiques et des
institutionnels.
1.1.3. Définition selon la commission mixte
C'est notamment le cas de la commission mixte,
composée de représentants de Bank Al-Maghrib
et du GPBM (Groupement Professionnel des
Banques Marocaines), qui est chargée
d'élaborer les nouveaux systèmes de rating
bancaire, dans le cadre de l'alignement des
banques marocaines sur les nouveaux standards
européens issus des accords de "Bâle II".
Le nouveau système propose des échelles de
notation différenciées suivant la catégorie
d'entreprise concernée (Grande entreprise,
PME, Micro entreprise), ces dernières étant
définies sur les bases suivantes :
Tableau 2 : PME selon la commission mixte
Entreprises Effectifs Chiffres
d’affaires
Grande
entreprise >250 salariés >75 millions
DH
PME <250 salariés <75 millions
DH
Micro
entreprise <10 salariés <10 millions
DH
Type
d’entreprise Effectif
Chiffres
d’affaires
Petites et
moyennes
entreprises
> 200
personnes >75 millions DH
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1.2. L’importance des PME au Maroc
D'après la Fédération de la PME (affiliée à la
CGEM), les PME marocaines constitueraient
95 % du tissu économique du pays et seraient
implantées pour 72 % dans le commerce et les
services.
En 2002, elles auraient occupé plus de 50 % des
salariés du secteur pri et auraient contribà
hauteur de 31 % aux exportations marocaines et
de 51 % aux investissements privés nationaux.
Toutefois, alors qu'elles représenteraient
environ 40 % de la Production nationale, elles
ne participeraient qu'à hauteur de 10 % de la
Valeur Ajoutée du pays1.
1.2.1. Poids des PME dans le tissu productif
national
En terme de nombre d’entreprises, le poids de
la PME représente 98% de l’ensemble du tissu
productif national. La part des PME est de plus
de90% dans toutes les branches d’activité sauf
celle de la production et distribution
d’électricité, gaz et eau, où cette participation
est uniquement de50%.
La participation des PME dans la création de la
valeur ajoutée globale est de 21%. Cette
participation est très variable allant de 0,2%
pour la branche de la production et distribution
d’électricité, gaz et eau, à 73% pour la branche
de l’immobilier et services aux entreprises. Elle
s’élève à 20% dans le cas des industries
manufacturières.
1.2.2. Répartition des PME par branche
d’activité économique
En terme de nombre d’entreprises, le tissu des
PME est composé d’abord par les activités de
commerce et réparations (30%), suivies des
activités de l’immobilier et services aux
entreprises (22%), et des industries
manufacturières (15%)
1Données quantitatives à prendre avec précaution, du fait
de l'absence de statistiques fiables et de l'importance de
l'économie informelle au Maroc
Malgré leur part de 15% dans la population des
PME, Les industries manufacturières génèrent
la plus grande valeur ajoutée avec une
contribution de 37%. Elles sont suivies des
activités de commerce et réparations (19%) et
de l’immobilier et services aux entreprises
(13%).
1.2.3. Répartition des PMI par branche
d’activité industrielle
En termes de nombre d’unités, les PMI sont
concentrées dans trois branches principales : les
industries chimiques et para chimiques (32 %),
lesindustries agro- alimentaires (26 %), et les
industries textiles et cuir (24 %).Industries
mécaniques et métallurgiques 15%. Industries
électriques et électroniques 3%
En termes de valeur ajoutée, on retrouve
quasiment la même concentration: les industries
chimiques et para chimiques (33 %), les
industries agro-alimentaires (28 %), et les
industries textiles et cuir (20 %), Industries
mécaniques et métallurgiques 15% Industries
électriques et électroniques 4%.
Par contre, en terme d’emplois, les industries
textiles et cuir viennent en premier (35 %),
suivies des industries chimiques et para
chimiques (26 %), et des industries
agroalimentaires (24 %).
En terme d’exportations, les industries textiles
et cuir viennent également en tête (45 %),
suivies, cette fois-ci, des industries agro-
alimentaires (39 %), et des industries chimiques
et para chimiques (10 %)
1.3. Les caractéristiques des PME au Maroc
La visibilité sur le comportement de la PME au
Maroc est, aujourd’hui, très limitée en raison de
la faiblesse du dispositif statistique actuel et
poids important de l’économie informelle.
L’étude de la P.M.E au Maroc dégage deux
grandes caractéristiques : une prépondérance
des activités tertiaires et une forte concentration
géographique.
1.3.1. La domination des activités de service
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Le secteur du commerce qui compte 888.000
emplois (hors informel) est constit dans
presque son intégralité de PME. Dans le secteur
des services, et tout d'abord dans le tourisme
qui compte près de 600.000 emplois, la PME
constitue un outil privilégdans la promotion
de l'hôtellerie, de la restauration et des agences
de voyages.
En termes de nombre d'entreprises, le tissu des
PME est componotamment par les activités
de commerce (30%) et des activités de services
(40%).2
Le secteur du commerce est l’un des piliers de
l’économie marocaine. Ses principaux
indicateurs3 sont :
- Valeur ajoutée du commerce 63,2milliards
DH;
- 11% du PIB national ;
- 1.233.000 emplois, soit 12,4% de la
population active ;
- Croissance du secteur à 6% annuellement.
1.3.2. La répartition géographique inégale
Dominé, désarticulé et appauvri à l’extme, le
Maroc a hérid’une économie et d’une société
duales marquée par la désarticulation complète
des structures, la déconnexion parfaite entre le
moderne et le traditionnel, l’utile et
l’inutile,…etc.
Ce legs historique est si lourd qu’aucune
politique régionale et d’aménagement du
territoire n’a pu éradiquer ou au moins
minimiser les disparités socio-économiques et
spatiales flagrantes. L’examen de la répartition
des PME par région reflète cette situation en
dégageant une très forte concentration des PME
dans les régions du Centre.
De même la répartition régionale des créations
des personnes morales immatriculées au
registre du commerce confirme la concentration
des sociétés commerciales dans la région du
Grand Casablanca qui représente 33% de
l’ensemble des immatriculations
2Office Marocain de la Propriété Industrielle et
Commerciale, Rapport annuel 2007
3Ministère de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles
Technologies, avril 2008
2. Les contraintes de création et de
démarrage
Acteurs majeurs de l'économie marocaine, les
PME souffrent de nombreuses difficultés qui
handicapent leur mise à niveau.
Ainsi, en avril 2004, d'après le président de la
Fédération PME, sur les 70 000 PME affiliées
à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale
(CNSS), seulement 40 000 déposent un bilan
auprès de l'administration fiscale et 1 500
remplissent les conditions nécessaires à un
financement par les circuits bancaires
classiques.
Les problèmes de création et de démarrage sont
liés soit à l’environnement soit de
l’entrepreneur lui-même
2.1.Les contraintes liées à l’environnement
Dans les faits, tous les entrepreneurs nouveaux
éprouvent des difficultés à se retrouver dans
toutes les démarches officielles et pour trouver
des renseignements fiables.
Ainsi, les problèmes de la phase de
création subsistent pendant le démarrage, voire
s’accroissent. Ces problèmes sont d’ordre
financier, technique, administratif, commercial,
humain et juridique.
2.1.1. Lescontraintes administratives
Ces problèmes se traduisent par les fis et les
complications coûteuses entraînées par la
lenteur administrative.
Ces problèmes affectent particulièrement les
jeunes prometteurs dans leur décision de
création d’un projet. Aux Etats Unis, affirme un
jeune prometteur, il faut seulement huit jours
pour créer une entreprise.
Au Maroc, la lenteur administrative, les
formalités d’enregistrement et les procédures
des autorisations sont les gros problèmes à ce
propos.
Beaucoup d’entrepreneurs portent des idées de
création des entreprises, mais une fois qu’ils
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entament les premières procédures
administratives, la lourdeur de celles-ci les
décourage et certains s’expatrient à nouveau.
A travers les entretiens, on remarque que: Plus
de 60% de ces entrepreneurs attribuent un le
gatif aux administrations publiques
concernées pendant la phase de création.
Ces administrations sont plutôt : les services
administratives de formalités de création
d’entreprises, les banques, la douane, les
chambres de commerce et d’industrie, les
municipalités…etc.
Les entreprises créées rencontrent
apparemment, de graves difficultés à confirmer
leur démarrage. Ces difficultés subsistent voire
s’aggravent tout le long de la période de
démarrage. Les centres régionaux
d’investissement vont pouvoir aider les
entrepreneurs, à condition, selon les termes
d’un d’entre eux, qu’ils mènent leur mission
dans les bons sens4 :
2.1.2. Les contraintes financières
Les prêts bancaires et les garanties exigées pour
leur consentement constituent l’essentiel de ces
problèmes. La majorité des dirigeants
interviewés mettent ces problèmes en tête
pendant la phase de création.
En réalité, les montants insuffisants des prêts,
ainsi que les garanties exigées par les banques
découragent beaucoup d’entrepreneurs
potentiels.
La plupart se plaignent de l’attitude peu
entrepreneuriale des banques qui n’accordent
des prêts qu’assortis de garanties énormes.
Tous les chefs d’entreprises se heurtent à la
difficulté d’obtenir un capital suffisant à des
conditions avantageuses pour marrer une
entreprise. Le manque de capitaux et surtout
l’incapacité à financer des besoins accrus de
trésorerie au cours de chaque phase
d’expansion, fait aussi obstacle au
développement de l’entrepreneuriat au Maroc.
4 Je pense dit-il, qu’il faut la création et le
fonctionnement réel d’un centre dans lequel ils nous
poursuivent dans nos projets dès la conception jusqu’à la
réalisation ».
2.1.3. Les contraintescommerciales
Outre les problèmes causés par l’étroitesse du
marché interne et par les aléas de la conjoncture
économique nationale liés aux années
successives de sécheresse, les entrepreneurs
trouvent d’autres problèmes commerciaux lors
de la création de leur entreprise.
Certains jeunes prometteurs ne font pas d’étude
de marché avant la création. La prospection des
clients et l’estimation du marché se font par
l’observation et le flair du dirigeant. Leurs
entreprises ne fabriquent souvent qu’un seul
produit qui n’est pas nécessairement nouveau
sur le marché intérieur.
Quant aux problèmes relatifs aux aléas de la
conjoncture, les problèmes de marché et de
commercialisation, constituent l’essentiel des
problèmes commerciaux.
Selon P.Druker, le marc et les canaux de
distribution sont plus importants que le produit :
« un produit n’existe économiquement parlant
qu’à lintérieur d’un marc pour être acheté
par les clients. Par contre, le marché et les
canaux de distribution existent
indépendamment de tout produit; ils sont
primordiaux, le produit est secondaire »5.
Il faut noter que la qualité du produit a, elle
aussi, une grande importance dans la réussite
d’une entreprise sur un marcdonné : le bon
produit crée son propre marché et assure le
démarrage de l’entreprise naissante.
Au Maroc le faible pouvoir d’achat, létude de
marché incomplète et l’absence des actions
commerciales constituent, selon les personnes
interrogées, l’origine de problèmes
commerciaux pour une entreprise,
L’entreprise naissante affronte des risques qui
découlent d’une connaissance du marché par
son dirigeant. C’est la négligence de cet aspect
cité pendant la phase de création qui oblige son
5 Peter Drucker: bien connaitre votre affaire et réussir, les
éditions d’organisation, Paris 1970, pp:39-40
1 / 9 100%

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