Telechargé par Jason Luse

EFFICACITE DE LA POLITIQUE MONETAIRE EN RDC BY LUSE KINSIONA JASON

publicité
i
Dédicace
Au Seigneur Jésus-Christ, le pilier qui soutient notre vie, le DIEU
que nous adorons, nous dédions ce travail.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
ii
REMERCIEMENTS
Avant tout développement sur cette expérience scientifique, il
apparaît opportun de commencer ce mémoire par des remerciements, à
ceux qui nous ont beaucoup appris dans la rédaction de ce document,
et même à ceux qui ont eu la gentillesse de faire de cette quête de
connaissance, un moment très profitable pour nous.
Ainsi, prioritairement, nous adressons nos vifs remerciements à
l’Université Kongo en général, et à la Faculté des Sciences
Economiques et de Gestion en particulier, par le canal de son doyen,
Monsieur le Professeur MANIKA MANZONGANI Jean-Papy pour la qualité
et le niveau délicat d’enseignement démontrés et renforcés chaque
année, à l’aide d’un corps enseignant très performant et dévoué.
Egalement, nous remercions très sincèrement monsieur le Professeur
Ordinaire, BITEMO NDIWULU Xavier, ainsi que monsieur l’Assistant
Nsonizeno Aquilas, de nous avoir accepté et aménagé beaucoup
d’effort respectivement dans la direction et l’encadrement de ce
travail qui sanctionne la fin de nos études de deuxième cycle.
Nous voudrions aussi remercier :





Nos très chers parents, KINSIONA NANIKA Jeef et KAKUTALUA
N’SAKU Alphonsine, d’avoir toujours été ces précieux trésors
prédestinés par Dieu en notre faveur. Nous ne cesserons de leur
rendre hommage aussi longtemps qu’ils vivront, et qu’ils
demeureront des parents très responsables pour nous.
Nos précieux frères et sœurs : Kinsiona Héritier, Makiese
Exaucé, Mansita Prefina, Lutumba Nephtalie, Lutumba Joel,
Lutumba Grâce, Lutumba Christ-Vit, Lutumba Persevérance, et
Ndele
méschack,
pour
leurs
soutiens
tant
matériels
qu’immatériels.
Le couple et famille KIMVUIDI, nous citons Me KIMVUIDI Giresse,
Nsaka Orchellan, Kimvuidi Prodige, Kimvuidi Allegresse,
Kimvuidi Gracieuse, pour leur participation si remarquable dans
la réussite de cette œuvre.
Nos amis et connaissances, particulièrement, Merveille Mundele,
Tshikuma Isaac et Muanda Bituku
Les familles Kinsiona, Luvambu, Lutumba, Kunantu, Kapuya,
Mansesa nos plus proches conseillers.
A tous et à toutes, qui d’une manière ou d’une autre, nous ont
apporté un soutien matériel et/ou immatériel mais dont les noms ne
sont pas cités, daignent trouver au travers de ces quelques lignes,
l’expression de notre profonde reconnaissance.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
iii
Epigraphie
« Fais de l’Eternel tes délices, et il te
donnera ce que ton Cœur désire »
Psaumes 37 : 4
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
iv
Liste des Sigles et Abréviations
R.D.C./R.D.Congo/Rep.Dem.Congo : République Démocratique du Congo
U.K. : Université Kongo
P.M. : Politique Monétaire
TD/Txid : Taux directeur
Txmm : Taux de la masse monétaire
Txinf : Taux d’inflation
Txce : Taux de croissance économique
Txro : Taux des réserves obligatoires
PMNC : Politique monétaire non conventionnelle
PMC : Politique monétaire conventionnelle
AFDL : Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo
CNUCED : Conférence
développement
des
Nations
unies
sur
le
commerce
B.C.C. : Banque Centrale du Congo
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
et
le
1
0. INTRODUCTION GENERALE
0.1. PROBLEMATIQUE
La politique monétaire joue un rôle très capital dans la vie socioéconomique des nations. Elle exerce des effets aussi bien sur
l’activité économique que sur le comportement des agents économiques
à travers le taux d’intérêt, le crédit, le taux de change et le prix
des actifs.
La politique monétaire permet de veiller à la stabilité monétaire et
financière des pays. A cet effet, elle fournit les liquidités
nécessaires à la croissance de l’économie tout en garantissant la
stabilité de la monnaie. Elle s’assure que l’augmentation de la
quantité de la monnaie disponible dans l’économie ne soit ni trop
faible, au risque de limiter l’activité économique si les moyens de
paiement en circulation sont insuffisants; ni trop rapide par
rapport à la croissance de la production, au risque de provoquer
l’inflation si le pouvoir d’achat à la disposition des agents est
supérieur à l’offre de biens et services disponibles1.
Dans cette perspective, la politique monétaire est perçue comme
étant l’action par laquelle l’autorité monétaire, généralement la
Banque Centrale, agit sur l’offre de monnaie dans le but de
stabiliser les prix, mieux la recherche d’un taux d’inflation
faible.
La politique monétaire possède ses propres points d’actions,
orientés de manière à soutenir l’atteinte des objectifs ultimes de
la politique économique générale. Elle vise à agir de façon globale
sur les variables réelles de l’économie2, par le truchement des
variables monétaires3, à savoir l’offre et la demande de monnaie, le
taux de change et le taux d’intérêt (Gerendawele H. 2018, cité par
Lokunda T., 2021).
L’efficacité d’une politique monétaire se mesure principalement en
fonction de la réalisation de cet objectif final/ultime, à savoir la
stabilité des prix. En effet, la stabilité des prix poursuivie par
les gouvernements via les Banques Centrales est très cruciale dans
une économie. D’une part, l’instabilité des prix est source
d’incertitude, qui a pour conséquence de fausser le processus de
décision économique (Khonde JP., 2021). D’autre part, résultant
1
2
3
https://www.vie-publique.fr/fiches/270253-quest-ce-quune-politique-monetaire
Une variable réelle se distingue d’une variable nominale en économie. La
première représente une grandeur économique exprimée en unités physiques, et la
seconde en unités monétaires.
Une variable monétaire est une donnée qui concerne uniquement la monnaie : sa
quantité et son prix.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
2
globalement de l’inflation, l’instabilité des prix constitue une
sérieuse entrave à la croissance économique (Gerendawele H., 2021).
Par ailleurs, la stabilité des prix s’avère être l’un des fondements
d’un bon fonctionnement de toute économie de marché4. Elle est un
bien commun pour tous et donc, une condition nécessaire à la
prospérité de long terme et la justice sociale, tel que l’affirme
Issing O. (2005), cité par Ishara G. (2019).
Ainsi, pour atteindre cet objectif ultime, la Banque Centrale se
sert
des
instruments
conventionnels
et
non
conventionnels,
administrés de façon optimale aux objectifs assignés de manière à
être les plus productifs possibles (Dzaka T., 2022).
Parmi les instruments généralement utilisés comme le souligne Dzaka
T. (2022) et Mambweni L. (2020), nous avons entre autre le taux
d’escompte ou taux directeur (TD) ; la technique d’open Market ;
l’encadrement des crédits et le système des réserves obligatoires ;
chaque instrument ayant un rôle spécifique à jouer.
L’efficacité de la politique monétaire dépend également de la
satisfaction des règles monétaires de Taylor et de Friedman. La
règle monétaire Taylorienne consiste à fixer un taux d’intérêt en
fonction de deux variables fondamentales de l’économie, l’inflation
et l’écart de production. La règle monétaire de Friedman stipule que
la politique monétaire est efficace si la hausse de la masse
monétaire est proportionnelle à la croissance du PIB réel. C’est la
règle de K pourcent de Friedman (Bitemo X., 2022).
La politique monétaire peut-être efficace si la Banque Centrale est
suffisamment autonome ou indépendante à l’égard du gouvernement
central (Dzaka T., 2022, op.cit).
Fort de ces considérations, la présente étude se propose d’analyser
l’efficacité de la politique monétaire en RDC. Concrètement, il est
question de voir si la tendance exercée des instruments choisis par
les autorités monétaires congolaises a permis d’atteindre l’objectif
final prédéfini pour ladite politique, à savoir la stabilité des
prix durant la période 1990-2020.
En sus de cette première préoccupation,
reprise par l’interrogation suivante :
s’ajoute
une
deuxième
L’instrument coefficient des réserves obligatoires est-il tout
aussi pertinent pour conduire à l’efficacité la politique
monétaire en RDC ?
4
Ainsi comme Pense Bitemo Xavier, l’économie de marché est celle basée
essentiellement sur l’échange.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
3
0.2. OBJECTIFS
L’objectif central poursuivi dans ce travail est de mesurer
l’efficacité de la politique monétaire en République Démocratique du
Congo. Et particulièrement dans cette quête, il sera question de
vérifier si l’instrument coefficient des réserves obligatoires estil tout aussi pertinent pour conduire à l’efficacité la politique
monétaire en RDC.
0.3. HYPOTHESES
Eu égard aux questionnements formulés à ce sujet, les réponses
suivantes sont proposées :
 La politique monétaire durant la période sous analyse est
efficace compte tenu du régime de change en vigueur dans le
pays. En effet dans ce régime, la variation à la hausse de la
masse monétaire opérée par la Banque Centrale ajuste par le
mécanisme du marché, le taux d’intérêt débiteur à la baisse.
Or, l’investissement, étant une fonction négative du taux
d’intérêt, va être stimulé par ce mécanisme et s’en suivra par
ricochet, une augmentation de la production nationale et du
revenu national.
 L’instrument coefficient des réserves obligatoires est tout
aussi pertinent pour conduire à l’efficacité la politique
monétaire en RDC étant donné le rôle important qu’il joue dans
l’offre de crédit des banques de second rang. Etant dans un
pays où circulent parallèlement 2 monnaies, les coefficients
des réserves obligatoires discriminés permettent de soutenir le
processus de dédollarisation et d’encourager le financement de
l’économie en monnaie nationale en fonction de l’unité
monétaire et de la maturité des dépôts.
0.4. CHOIX ET INTERET DU SUJET
La motivation du choix de ce sujet tire sa juste valeur dans
l’histoire inflationniste spectaculaire du pays, remettant ainsi
l’efficacité de la politique monétaire en cause. En effet,
L’efficacité de la politique monétaire dans une économie comme celle
de la R.D. Congo est une question d’actualité dans la sphère
économique, étant à l’origine de beaucoup de confusion et
mystification. Ce présent travail comporte à cet effet, un intérêt à
la fois personnel, scientifique et pratique.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
4
0.5. METHODOLOGIE
Pour parvenir à la réalisation de ce travail, nous recourons à la
technique documentaire. Cette dernière nous permet de fouiller
systématiquement tout ce qui est écrit ayant une liaison avec notre
domaine de recherche.
Les données utilisées pour les analyses proviennent essentiellement
de trois sources, à savoir : La Banque Mondiale, le Fond Monétaire
International et la Banque Centrale du Congo. Et ces données
couvrent la période allant de 1990 à 2020
En ce qui concerne les analyses des données enfin, nous avons fait
recours au modèle linéaire de régression multiple, par la méthode
des moindres carrés ordinaires.
0.6. CANEVAS
Hormis l’introduction et conclusion, le présent travail comprend 3
chapitres : Le premier est axé sur les considérations théoriques. Le
deuxième chapitre explore le cadre d’étude et enfin le troisième
chapitre traite le problème de l’efficacité de la politique
monétaire en RDC.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
5
CHAPITRE 1. CONSIDERATIONS THEORIQUES
Dans ce chapitre, nous présentons les concepts de base utilisés dans
ce travail. Pour ce faire, nous présentons d’abord l’analyse du
concept politique monétaire ensuite suivra
la présentation de
quelques approches théoriques.
Section 1. Analyse du concept Politique Monétaire
1.1. Définitions
Il existe à ce jour, plusieurs auteurs qui ont tenté de définir la
politique monétaire, chacun suivant son obédience. En ce qui
concerne la présente étude, nous avons retenu quelques définitions
jugées utiles dans l’orientation de notre travail.
La Banque de France (2020) définit la politique monétaire comme
l’ensemble des moyens mis en œuvre par un Etat ou une autorité
monétaire pour agir sur l’activité économique par la régulation de
sa monnaie.
Selon le dictionnaire économique (2021), la politique monétaire est
un volet de la politique économique visant à influer sur l’évolution
de la masse monétaire et les taux d’intérêt et par ce biais, sur
l’inflation, la croissance, l’emploi et le taux de change.
Quant à Jacques et Colette Neme (1977), la politique monétaire est
définie comme l’action exercée par les autorités monétaires (Banque
centrale + trésor) ou pouvoirs publics sur la masse monétaire et les
actifs financiers en vue d’orienter l’économie à court ou moyen
terme, étant assujetti aux objectifs généraux de la politique
économique.
1.2. Objectifs de la politique monétaire
Nous distinguons les objectifs finaux des objectifs intermédiaires,
présentés dans les lignes qui suivent.
1.2.1. Objectifs finaux
Comme toute politique économique, la politique monétaire vise à agir
sur les variables économiques : les prix (donc l'inflation), le
niveau d'activité (et donc la croissance), le niveau de l'emploi (et
donc le chômage), et l'équilibre extérieur (Ottavj, 1993). On
parlera ainsi de carré magique de Kaldor étant donné la difficulté
d'atteindre simultanément ces quatre objectifs.
Notons que les objectifs ultimes de la politique monétaire sont : la
croissance économique, la maîtrise de l'inflation et la défense de
valeur de la devise nationale par rapport à celle des autres devises
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
6
(Encarta, 2005). Toutefois, la détermination de l'objectif le plus
important de la politique monétaire est controversée entre deux
courants de pensée : les Keynésiens sont favorable à la croissance
du revenu national alors que les monétaristes privilégient la
maîtrise de l'inflation.
L'accélération générale de l'inflation à la fin des années 1970 a
entraîné un recentrage de la mission de la banque centrale sur
l'impératif de la stabilité de la monnaie. Ainsi, dans les faits,
souligne Cabannes (1994), la priorité à la stabilité des prix a
généralement remplacé le soutient de l'activité.
Et par rapport à son objectif
politique monétaire n'est pas un
le plein emploi ou réaliser la
final de la politique monétaire
(Cros et Prache, 1989).
final, Friedman considère que la
instrument efficace pour atteindre
croissance économique. L'objectif
doit être la stabilité des prix
Les autorités monétaires parviendront à ce résultat en promouvant le
mécanisme
de
financement
des
investissements
fondé
sur
l'accroissement d'épargne stable et volontaire et non sur la
création d'actifs monétaires (Mihigo, 2005).
1.2.2. Objectifs intermédiaires
S'il est généralement admis qu'à long terme le maintien de la
stabilité des prix est l'objectif principal de la politique
monétaire, les opérations à court terme de la Banque centrale sont
focalisées sur la réalisation d'objectifs intermédiaires. Étant
donné une difficulté de liaison directe entre les instruments et
objectifs finals ; Ottavj (1993) souligne que: « il est possible de
réaliser les objectifs finals en agissant sur deux variables
intermédiaires, les taux d'intérêt et les agrégats monétaires ».
Ndo Ndong (2003) renchérie par ailleurs que les informations
relatives aux chocs qui perturbent l'objectif de stabilité des prix
étant imparfaites, la banque centrale peut être amenée à rechercher
un moyen d'améliorer son information afin de contenir plus
efficacement de tels chocs. Sa politique monétaire pourrait être
formulée en termes d'objectifs intermédiaires.
1.3. Types de politique monétaire
Les types de politique monétaire sont déterminés selon qu’il s’agit
de l’objectif poursuivi par les autorités, et selon l’agressivité du
mécanisme utilisé.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
7
1.3.1. Types de politique monétaire selon l’objectif
Selon l’objectif poursuivi par les autorités, l’on distingue 2 types
de politiques monétaires : La politique monétaire expansionniste et
la politique monétaire restrictive (Bitemo X, 2019, cité par
Mambweni L., 2020).
a) La politique monétaire expansionniste
La politique monétaire expansive consiste essentiellement en
l’augmentation de l’offre de monnaie, en vue de baisser le taux
d’intérêt
et
d’accroitre
le
revenu
national.
En
effet,
l’augmentation de l’offre de monnaie entraîne initialement une
importante baisse du taux d’intérêt, qui débouche sur une importante
hausse de l’investissement et, donc, du revenu.
b) La politique monétaire restrictive
La politique monétaire restrictive consiste en la diminution de
l’offre de monnaie, en vue d’accroitre le taux d’intérêt et baisser
le revenu national. En effet, la diminution de l’offre de monnaie
entraîne initialement une importante hausse du taux d’intérêt, qui
débouche sur une importante baisse de l’investissement et, donc, du
revenu.
1.3.2. Types de politique monétaire selon l’agressivité du mécanisme
utilisé
Selon l’agressivité du mécanisme utilisé par les autorités, l’on
distingue 2 types de politiques monétaires : la politique monétaire
conventionnelle et la politique monétaire non conventionnelle5
a) La politique monétaire conventionnelle
Par politique monétaire conventionnelle, on entend l’ensemble des
mesures de politique monétaire qui sont permises par les outils dont
la Banque Centrale dispose par défaut. Elle passe notamment par la
manipulation des taux d’intérêt.
On parle de politique monétaire « conventionnelle », car les outils
traditionnels ont été complétés depuis la crise de 2008 par une
série de mesures dites « non conventionnelles ».
b) La politique monétaire non conventionnelle
La politique monétaire non conventionnelle renvoie à tous les outils
que les Banques Centrales peuvent manier dans des circonstances où
les outils traditionnels ne fonctionnent plus. La politique
5
https://economy-pedia.com/11037548-monetary-politics
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
8
monétaire
conventionnelle
se
basant
principalement
sur
la
manipulation des taux d’intérêt (via les techniques de marché), dès
lors que les taux ont atteint le taux plancher zéro, elles doivent
recourir à ce type de politiques.
1.4. Instruments de la politique monétaire
En ce qui concerne les instruments de la politique monétaire, nous
distinguons les instruments conventionnels des instruments non
conventionnels.
1.4.1. Instruments conventionnels de la politique monétaire
Les principaux instruments conventionnels reconnus à la politique
monétaire sont au nombre de 4 (Dzaka T., 2022):
a) Le taux d’escompte ou taux directeur (prime rate);
Le taux directeur est l’instrument principal de la politique
monétaire conventionnelle. Il s’agit de taux appliqués aux banques
commerciales qui empruntent ou déposent de la monnaie auprès de la
Banque Centrale. La Banque Centrale peut ainsi influencer le coût du
crédit des banques.
Les Banques Centrales gèrent en réalité trois taux, qui prennent des
noms différents en fonction du pays. On distingue, du plus faible au
plus élevé6:
- le taux de rémunération des dépôts ;
- le taux de refinancement ;
- le taux d’escompte (aux USA) ou le taux du prêt marginal.
Le taux directeur le plus important de la Banque Centrale est le
taux de refinancement. C’est le principal outil dont dispose la
Banque Centrale pour influer sur l’octroi de crédits et moduler
l’inflation.
b) La politique d’Open Market
Cette politique consiste à vendre ou acheter des titres d’Etat sur
le marché, de manière à diminuer ou à accroître, respectivement, les
ressources des banques, disponibles pour les ouvertures de crédit.
En achetant des titres, la Banque Centrale accroît les possibilités
des crédits des Banques de dépôts, dont les réserves en liquidités
augmentent, en conséquence. Ainsi, la Banque Centrale procède à une
injection de la monnaie dans l’économie. En vendant des titres,
lorsque l’argent est facile à obtenir, la Banque Centrale diminue la
6
https://fr.wikipedia.org/wiki/Taux_directeur
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
9
base du crédit consenti par les Banques de dépôts. Ce faisant, la
Banque Centrale procède à une ponction des signes monétaires de
l’économie (Gerendawele H., 2021).
L’objectif de cet instrument est d’injecter ou de drainer des
liquidités dans le système financier par le biais d’opérations sur
le marché secondaire. Il vise à contrôler les taux d’intérêt, à
signaler la politique monétaire et à gérer la liquidité des marchés
financiers.
Suivant le dictionnaire Economy Pédia (2021), c’est l’élément le
plus important de la politique monétaire d’une Banque Centrale. Cet
instrument s’avère être le plus efficace pour réduire le volume des
signes monétaires en circulation que de l’accroître. En effet, en
période de dépression économique, il ne suffit que la Banque
Centrale achète des titres et que les Banques de dépôts soient
capables d’accroître leurs crédits à l’économie (notamment en
baissant le taux d’intérêt). Encore, faut-il que les perspectives de
profit soient favorables (Gerendawele, 2021).
c) Le système des réserves obligatoires.
Il est aussi appelé ratio de trésorerie, taux de réserves
obligatoires, coefficient des réserves obligatoires ou encore
réserves obligatoires bancaires. C’est le pourcentage de liquidités
qu’une banque doit conserver en fonction des dépôts.
Son objectif est de maîtriser la liquidité à très court terme. La
Banque Centrale modifie ce coefficient selon qu’elle souhaite
augmenter ou réduire la liquidité du système7.
d) Le mécanisme tendant à réguler la quantité et la qualité des
crédits (comme le crédit à la consommation, etc…)
1.4.2. Instruments non conventionnels de la politique monétaire
Face à la récurrence des crises financières, les Banques centrales
ont innové avec de nouveaux instruments « non conventionnels », d’où
notamment (Bationo, 2018, p.115-117):
- L’assouplissement
quantitatif
(quantitative
easing),
qui
renvoie à la création de monnaie par la Banque centrale pour
acquérir des titres de la dette publique ou privée sur les
marchés financiers. Cette approche a été mobilisée par la FED
et la BCE pour renflouer les banques commerciales en liquidité.
En effet, pour assurer une injection de liquidité importante
sur le marché sans créer la trappe à liquidité, la FED a décidé
7
https://economy-pedia.com/11039790-conventional-monetary-policy
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
10
de rémunérer les réserves excédentaires des banques de second
rang dans ses livres en vue de créer un taux d’intérêt plancher
du marché monétaire; la courbe des taux d’intérêt à LT
s’aplatit
rendant
moins
chers
les
capitaux
pour
les
investisseurs privés et l’Etat.
- L’assouplissement des conditions de crédit (credit easing);
procède du rachat direct par la Banque centrale des titres de
la
dette
privée
(crédits
hypothécaires,
obligations
d’entreprises, etc…), dans l’objectif de relancer l’activité
économique.
- Les taux d’intérêt négatifs; cette politique est appliquée par
la Banque centrale sur les surplus des dépôts des banques
commerciales (dépôts hors réserves obligatoires) auprès de la
Banque centrale pour les inciter à utiliser ces dépôts au
profit du financement de l’activité, relançant de ce fait le
crédit à l’économie.
- La création de monnaie permanente (helicopter money); qui
revient à injecter de la monnaie Banque centrale directement
dans l’économie, sans actif en contrepartie du bilan (à blanc
ou des actifs dits fictifs tels les dettes perpétuelles). Cette
création monétaire pourrait être distribuée aux ménages
ou
transférée sur le compte du gouvernement.
1.5. Canaux de transmission de la Politique Monétaire
Les canaux de transmission de la politique monétaire sont les canaux
par lesquels la politique monétaire, généralement décidée par la
banque Centrale, influe sur l’économie.
Nous distinguons à cet effet, d’autant que les instruments, les
canaux de transmission de la politique monétaire conventionnelle et
les canaux de transmission de la politique monétaire non
conventionnelle.
1.5.1.
Canaux
de
transmission
conventionnelle
de
la
politique
monétaire
On distingue ici quatre canaux de transmission :
- Le canal du taux d’intérêt (canal de la demande de monnaie); le
coût du capital pour l’emprunteur et donc la demande de crédit
qui est visée. Les effets s’opèrent via les effets de revenu,
de substitution et de richesse.
- Le canal du crédit (offre de crédit); L’offre de crédit sera
l’objectif conduisant les banques à un rationnement du crédit
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
11
ou non (cf. l’asymétrie d’information entre prêteurs et
emprunteurs)
- Le canal du taux de change; la PM peut engendrer une variation
du taux de change qui va amplifier ses effets sur les flux
commerciaux et modifier les flux de capitaux.
- Le canal du prix des actifs (prise de risque), ici l’effet de
richesse sera la courroie de transmission de la Politique
monétaire(PM).
1.5.2.
Canaux de transmission
conventionnelle
de
la
politique
monétaire
non
Selon les experts comme Blot, Hubert et al.(2015, pp.104-105), cité
par Dzaka T. (2022), on peut distinguer cinq canaux de transmission
des Politiques Monétaires Non Conventionnelles (PMNC), à savoir:
- L’effet de signal; une annonce d’achat d’actifs à grande
échelle
indique
que
la
politique
monétaire
est
plus
8
accommodante et envoie le signal qu’elle le restera en longue
période. Ainsi, l’annonce de l’achat d’actifs à grande échelle
devrait donc déclencher une baisse des taux d’intérêt à LT.
- Le canal du choix de portefeuille et des effets de richesse;
Les achats de titres entraînent une hausse de leur prix, mais
aussi du prix d’autres actifs. En effet quand la Banque
centrale achète un titre à une contrepartie (vendeur), celle-ci
dispose des liquidités qu’elle peut utiliser pour acquérir
d’autres actifs substituables. Le vendeur est incité à
rééquilibrer son portefeuille afin de maintenir son rendement.
Il en résulte une nouvelle demande pour des titres actifs
substituables, ce qui a pour effet d’augmenter leur prix.
- L’effet de liquidité; En créant de la monnaie pour acheter des
actifs, la Banque centrale peut rapidement injecter des
liquidités dans le système financier. Ce levier d’action est
majeur car les marchés d’actifs sont segmentés, il est crucial
en particulier quand les marchés financiers dysfonctionnent.
- Le canal
la PMNC
stimuler
incitant
8
de la confiance; Si les agents économiques pensent que
mise en œuvre est efficace, son annonce devrait
la confiance des ménages et des entreprises, les
à augmenter leurs dépenses.
Une politique qui utilise des taux
d’intérêts bas.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
12
- Le canal du défaut; la baisse des taux d’intérêt publics
induite par les achats des titres souverains réduit la
probabilité de défaut et donc la prime de risque. L’Etat
bénéficie ainsi d’une baisse de la charge d’intérêt et de
meilleures perspectives de recettes fiscales. De plus, en
signalant des achats de titres souverains, la Banque centrale
joue implicitement le rôle d’acheteur en dernier ressort,
situation anticipée par les investisseurs, ce qui réduit le
risque d’anticipations autorégulatrices de défaut souverain.
1.6. Optimalité, Efficacité, et contrainte de crédibilité de la PM
a) Optimalité de Politique Monétaire
L’optimalité de la politique monétaire repose sur l’idée que les
choix de l’Etat en qualité d’acteur de la PE, peuvent être optimisés
par une maximisation sous contrainte. Ceci signifie que les
ressources sont affectées de façon la plus productive possible.
b) L’efficacité
L’efficacité d’une quelconque politique économique s’appuie sur deux
règles (Dzaka T., 2022):
- la règle de cohérence de la politique économique. Suivant cette
règle, pour toute politique économique ayant des objectifs
fixés, le nombre d’instruments doit être au moins égal au
nombre d’objectifs visés, sans quoi la politique risquera
d’échouer (Tinbergen, 1953) ;
- la règle d’efficience de la politique économique. Cette règle
propose d’affecter à chaque objectif poursuivi, un instrument
disposant d’un avantage comparatif relativement supérieur aux
autres pour raison d’efficacité (Mundell, 1960).
Parlant de l’efficacité de la politique monétaire, l’on suppose sa
capacité à influencer les variables nominales (le niveau et le taux
des prix absolus) et réelles (emploi) c’est-à-dire atteinte de
l’objectif final. Ainsi, si l'instrument monétaire agit sur la seule
variable nominale, l'efficacité de la PM est particulièrement
limitée. En conséquence, il est préférable de ne pas manier de façon
abusive une PM dont l'enjeu est circonscrit au domaine des prix
absolus et adopter une règle automatique et constante de la masse
monétaire en liaison avec le taux d'inflation et la croissance
réelle de l'économie (Mambueni L., 2020).
On parle alors du pilotage automatique de la politique monétaire
dont la règle préconisée par FRIEDMAN dès 1950 qui procède par
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
13
l'augmentation constante de la masse monétaire
l'augmentation du PIB en volume (Dzaka K., 2019).
en
fonction
de
c) Contrainte de Crédibilité de la Politique Monétaire
Le terme « crédibilité » désigne le degré de confiance que manifeste
le public envers la détermination et la capacité de la Banque
Centrale d’atteindre les objectifs qu’elle a annoncés. La
crédibilité dépend de l’importance et de la constance des
incitations qu’a la banque centrale à se conformer à la politique
annoncé (Perrier et al., 2000).
La contrainte de crédibilité est très cruciale à l’efficacité d’une
politique monétaire. En effet, supposons que les autorités annoncent
un taux d’inflation faible pour finalement réaliser un taux
d’inflation élevé, le public perdra confiance aux annonces des
autorités. Les agents économiques vont à cet effet anticiper un taux
d’inflation élevé. Et suivant la notion des anticipations
rationnelles, c’est ce taux anticipé par les agents économiques qui
sera observé. Dans ces conditions, la politique monétaire devient
inefficace car pour qu’elle soit efficace, le taux d’inflation
observé ne doit pas être anticipé (Bitemo X, 2022).
1.7. Conditions d’efficacité de la politique monétaire
Nous retenons à ce niveau, 3 conditions d’efficacité de la politique
monétaire (Bitemo X., 2022) :
- Une partie de l’inflation observée ne doit pas être anticipée :
Cette assertion trouve son explication au travers la courbe de
Phillips. En effet, la courbe de Phillips indique qu’il existe
une relation négative entre le chômage et l’inflation. Cela
signifie que les autorités publiques peuvent faire un arbitrage
entre le chômage et l’inflation. Par exemple, pour réduire le
chômage, les autorités publiques doivent consentir à augmenter
le taux d’inflation, notamment par la croissance de la masse de
la masse monétaire (Bitemo X., 2021). Lorsque cependant toute
l’inflation est anticipée, il n’existe alors aucun arbitrage à
faire entre les 2 variables, d’où la perte d’efficacité de la
politique monétaire.
- Elle ne doit être appliquée qu’à court-terme. Partant des
notions d’anticipation adaptative et de chômage naturel,
l’économiste Milton Friedman a démontré que la politique
monétaire devient inefficace à long terme. En effet, à long
terme, les anticipations des agents économiques sont parfaites,
synonyme d’une anticipation totale du taux d’inflation.
Contrairement, à court terme où les anticipations des agents
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
14
économiques sont imparfaites, étant sujet à l’illusion
monétaire.
Ainsi,
en
longue
période,
toute
politique
économique, notamment monétaire expansionniste se traduira par
l’augmentation des prix sans pourtant que le taux de chômage ne
diminue, car le niveau de chômage à long terme est celui
correspondant au taux de chômage naturel. Les nouveaux
Keynésiens soutiennent également cette assertion à cause de la
rigidité des prix et des salaires. En effet, en présence des
anticipations rationnelles, il s’avère indispensable d’observer
la flexibilité des prix et des salaires pour que la politique
monétaire soit inefficace. Cependant, dans la réalité, les prix
et les salaires ne s’ajustent pas rapidement à court terme, ce
qui conduit à l’efficacité de la politique monétaire à court
terme.
- L’élasticité de la demande de monnaie et de l’investissement
par rapport au taux d’intérêt doit être respectivement faible
et élevée. En effet, la baisse du taux d’intérêt ne doit pas
entrainer une forte hausse de la demande de monnaie pour un
motif autre que l’investissement, sinon cela ne se traduira que
par une hausse du niveau des prix. Aussi, la modification à la
baisse du taux d’intérêt doit stimuler la croissance des
investissements, en vue d’aboutir à une croissance économique.
1.8. Limite de la politique monétaire
La principale limite de l’efficacité de la politique monétaire,
c’est la trappe à liquidité. La trappe à liquidité se définit comme
une situation au cours de laquelle la hausse de l’offre de monnaie
ne permet plus de baisser le niveau de taux d’intérêt (SiaPatner,
Avril 2022).
En période de récession, un moyen utilisé pour tenter de relancer
l’économie est la mise en place d’une politique monétaire
expansionniste. En effet, l’augmentation de la masse monétaire est
censée entraîner la baisse du taux d’intérêt qui elle-même
favorisera le crédit et relancera les investissements et la
consommation.
Toutefois, lorsque les taux sont suffisamment bas, et qu’ils ont
atteint un seuil minimal, les agents économiques anticipent leur
remontée : leur préférence pour la liquidité s’accentue voire
devient absolue et ils délaissent les actifs risqués (titres,
obligations) dont le prix évolue inversement au taux d’intérêt. Dans
de telles conditions, toute hausse de l’offre de monnaie avec pour
objectif de faire diminuer le niveau des taux d’intérêt restera
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
15
inefficace dans le cadre d’une relance : l’économie est alors dans
une situation de trappe à liquidité9.
Section 2. Approche Théorique
2.1. La pensée keynésienne
Pour J.M. Keynes, la PM est efficace car elle permet à la nation en
période de basse conjoncture de relancer l’activité économique.
Ainsi, en situation de sous-emploi, qui est causée par la rigidité
des prix, Keynes suggère une PM accommodante pour faire face à cette
situation
(Dzaka
Kikouta,
2019).
Une
politique
monétaire
accommodante qui traduira l’efficacité de la Politique monétaire,
c’est-à-dire capable d’influencer positivement non seulement les
variables nominales mais aussi les variables réelles, telles que
l’Emploi. Ainsi, il émet deux conditions pour que la politique
monétaire soit efficace (Bitemo X., 2020) :
- l’élasticité de la demande de monnaie par rapport au taux
d’intérêt doit être faible, c’est-à-dire la variation du taux
d’intérêt ne puisse pas influencer sensiblement la demande de
monnaie ;
- L’élasticité de l’investissement par rapport au taux d’intérêt
doit être très élevée, c’est-à-dire la variation du taux
d’intérêt puisse influencer sensiblement l’investissement.
2.2. La pensée de Friedman
Selon MILTON Friedman, la PM ne pourrait seulement être efficace à
court terme à cause des anticipations adaptatives des agents
économiques. En effet pour Friedman10, à court terme, les
anticipations des agents économiques sont adaptives. C’est-à-dire
ceux-ci se trompent systématiquement et à chaque moment ils révisent
leurs anticipations en fonction de l’écart constaté entre la valeur
anticipée et la valeur observée (Bitemo X., 2020). D’après Milton
Friedman, en menant une politique monétaire expansionniste les
différents
agents
économiques
adaptent
leurs
anticipations
constamment en fonction des informations disponibles, et par
conséquent ils ne tombent dans le piège de l’illusion monétaire que
temporairement le temps de réviser et adapter leurs anticipations.
Cependant à long terme les anticipations des agents économiques sont
parfaites. A long terme, le niveau de production est celui qui
9
https://www.sia-partners.com/fr/actualites-et-publications/de-nos-experts/lephenomene-de-la-trappe-liquidite
10
Chef de file de monétaristes, prix nobel d’économie 1976.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
16
correspond au taux de chômage naturel. Car c’est le niveau de
chômage minimum qui résulte notamment de la mobilité des
travailleurs entre différents secteurs de l’économie. Ainsi en
longue période, toute politique économique expansionniste se
traduira par l’augmentation des prix sans pourtant que le taux de
chômage ne diminue, l’économie se trouvera alors avec le même niveau
de chômage mais avec un taux d’inflation plus élevée.
2.3. La pensée de Robert Lucas11
En effet, Lucas émet une nouvelle hypothèse, celle de considérer que
même à court terme, la PM est inefficace. Il avance comme fondement
ou
soubassement
de
son
hypothèse
celui
des
anticipations
rationnelles. Selon cette théorie, les agents économiques tiennent
compte de toutes les informations disponibles dans la formation de
leurs anticipations. Ils tiennent compte aussi bien des informations
passées que des informations présentes et futures ; aussi bien des
informations économiques que des informations non économiques,
notamment la politique sociale etc. (Bitemo X., 2022).
Suivant cette notion, les agents économiques ne peuvent pas se
tromper systématiquement. Il n’y a donc pas d’illusion monétaire que
ce soit à long terme ou à court terme.
2.4. La pensée des nouveaux Keynésiens
Contrairement
aux
nouveaux
classiques
qui
postulent
pour
l’inefficacité de la politique économique à court et à long terme à
cause des anticipations rationnelles, les nouveaux Keynésiens
soutiennent l’efficacité de cette politique monétaire pour raison de
la rigidité des prix et des salaires.
L’idée soutenue de la possibilité de la politique monétaire d’avoir
un effet réel est liée à ce que les salaires et prix ne s’ajustent
pas automatiquement. Dans ces conditions, la gestion de la monnaie a
des conséquences sur les variables réelles.
En effet, la baisse du taux d’intérêt incite les agents à arbitrer
en défaveur de l’épargne et de l’investissement, et en faveur de la
consommation ; la demande de consommation qui augmente, stimule la
demande de travail, ce qui provoque une hausse du salaire réel.
Cette hausse incite les agents à travailler davantage, permettant
l’accroissement de l’activité économique (Bitemo X., 2022).
11
Prix nobel d’économie 1995.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
17
Chapitre 2. PRESENTATION DU CADRE DE L’ETUDE
Ce chapitre présente quelques indicateurs macroéconomiques et
financiers de de la RDC. Pour ce faire, dans les deux premières
sections nous analysons et présentons respectivement l’environnement
macroéconomique et
financier, et dans la troisième, faisons un
aperçu général des caractéristiques de la politique monétaire en
R.D.C. pendant la période sous analyse.
2.1. Environnement macroéconomique
1.1. Taux de croissance économique
Le taux de croissance économique est l’indicateur économique qui
permet de mesurer la croissance de l’économie d’une nation. Et donc,
il mesure le niveau de performance d’une nation à travers le temps.
Celui-ci est obtenu par la différence des PIB compris entre 2
périodes, prenant pour base le PIB de la période amont, en
pourcentage.
En ce qui concerne la RDC, son PIB a évolué en dent de scie durant
la période d’étude. Le graphique ci-dessous présente cette
évolution.
Graphique 2.1. : Evolution du taux de croissance économique de la
R.D.C. de 1990 à 2020
Taux de croissance économique
15
10
5
0
-5
-10
-15
Source : Notre analyse, sur base des données collectées.
De la lecture de ce graphique, nous remarquons que de 1990 à 2001,
la RDC a réalisé une croissance négative avec une moyenne de –5%
l’an, occasionnée notamment par la baisse du taux d’investissement
(9,7% du PIB en 1990 à 3,5% en 2000) et ceci peut être expliqué par
l’effondrement de la GECAMINES, par les pillages de 1991 et 1993,
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
18
par l’échec de la réforme monétaire de 1993 et
l’instabilité
politique due aux affres des conflits armés de 1996 et 1998.
1.2. Taux d’investissement privé
Le taux d’investissement représente la part de l’investissement par
rapport à la richesse produite. Ainsi, l’investissement est la
composante la plus volatile de toutes les composantes de la demande
globale. En effet, plusieurs études dans les PVD ont montré que
les
taux
d’investissement
sont
un
facteur
important
dans
l’explication des performances économiques. Il est nécessaire pour
renforcer les capacités productives, transformer la structure de
l’économie, créer des emplois et réduire la pauvreté.
Bitemo et Manika(2006), cité par Mambweni (2020) soulignent que le
niveau minimum pour déboucher sur une croissance sûre et soutenue
est d’avoir un taux d’investissement estimé à 15%.
En effet, la mauvaise gestion de la chose publique, l’instabilité
politique, les troubles et tensions sociales, la corruption…, font
que la RDC ne puisse pas présenter un environnement propice aux
investissements. Cela a eu comme conséquence la réalisation de
faible taux d’investissement. Les données collectées montrent par
exemple qu’entre 1990 et 2020, la moyenne du taux d’investissement
privé est de 10,19% avec un minimum de 2%.
Toutefois, l’évolution du taux d’investissement privé de la RDC
depuis 1990 se présente graphiquement comme suit :
Graphique 2.2. : Evolution du taux d’Investissement privé entre 1990
et 2020
Taux d’investissement privé
25
20
15
10
5
0
Source : Notre analyse, sur base des données collectées.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
19
Le graphique nous montre que le taux d’investissement privé en R.D.C
n’a pas évolué avec une certaine stabilité c’est-à-dire il est
caractérisé par des fortes oscillations. Cela a pour base la
mauvaise politique économique appliquée par le gouvernement
congolais. Mais il y a eu quand même de moments de gloire où l’on
remarque que le taux d’investissement privé atteint ou dépassé le
seuil de 15%, c’est le cas de l’année 2010 où il est de 19,1%.
1.3.
Taux d’inflation
L’inflation
traduit par
d’inflation
général des
est la perte du pouvoir d’achat de la monnaie qui se
une augmentation générale et durable des prix. Le taux
ainsi montre l’intensité de l’augmentation de ce niveau
prix dans une économie.
La maitrise de l’inflation constitue l’un des objectifs principaux
de toute politique économique, visant cette dernière la conduite de
l’économie dans un sens jugé souhaitable aux yeux de tous en vue
d’une amélioration du bien-être collectif (Matata, 2014).
La RDC a connu durant la décennie 90 de taux d’inflation très élevés
et ceci résulte principalement des effets d’entrainement négatifs
de la GECAMINES, la plus grande société du pays à l’époque qui
contribuait à près de 70% du budget sur l’économie congolaise,
lorsqu’elle a vu sa production baisser à cause de la vétusté des
équipements vers la fin des années 80. Cette situation s’est donc
soldée par la baisse des recettes de l’Etat vu le poids de la
contribution de la GECAMINES dans le budget national et cela à cause
des déficits structurels. L’Etat était obligé de recourir à la
planche à billet parce que les possibilités de s’endetter s’étaient
rétrécies.
C’est à partir de 2002 que la RDC enregistre de taux d’inflation ne
dépassant pas deux chiffres. Par exemple 31,52% en 2002, 12,87% en
2003, mais il fallait attendre plus de deux (2) décennies pour que
le pays réalise un taux d'inflation le plus faible depuis 1990, soit
0,74% réalisé en 2015 contre un objectif annuel de 4% défini par le
gouvernement.
La figure suivante nous montre l’évolution du niveau général des
prix en R.D.C.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
20
Graphique 2.3. : Evolution du taux d’inflation en R.D.C. entre 1990
et 2020
Taux d’inflation
25000
20000
15000
10000
5000
0
Source : Notre analyse, sur base des données collectées.
Nous remarquons, qu’au cours des années 90, le pays vit dans
l’hyperinflation ; on note par exemple des taux d’inflation de
2154,44% en 1991 ; 4129,17% en 1992 ; 1986,90% en 1993 et 23773,13%
en 1994.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
21
SECTION 2. L’ENVIRONNEMENT FINANCIER
L’analyse de l’environnement financier est très importante car elle
nous permet de comprendre comment l’économie (entreprises, ménages)
a accès aux ressources externes pour financier leurs activités. Pour
ce faire, nous commençons par présenter quelques caractéristiques du
secteur financier congolais, ensuite, nous présentons les différents
indicateurs.
2.2. Environnement financier en RDC
Le système financier en RDC comprend deux secteurs (Manika JP.,
2020, cité par Mambweni L., 2020) à savoir : le secteur financier
formel, le secteur financier informel.
2.2.1. Le système financier formel
Les banques sont le principal type d’établissements financiers du
secteur formel engagé dans la mobilisation de l’épargne en Afrique
(CNUCED 2007). En RDC, ces banques sont généralement concentrées
dans les grandes agglomérations et il y a peu d’agences dans les
zones rurales.
Le système bancaire
après l’accession du
ne cesse d’augmenter
crédits et guichets
banques.
congolais est demeuré embryonnaire avant et
pays à l’indépendance. Depuis 2007, le nombre
avec le volume de leurs dépôts, portefeuille
pour atteindre aujourd’hui une vingtaine des
Malgré cette augmentation, le pays
affiche un niveau d’inclusion
financière très faible. Le taux de bancarisation peine à évoluer et
stagne autour de 6% (Mambweni L., 2020).
En outre, le secteur financier formel ne mobilise pas une grande
épargne à cause notamment
du seuil minimum élevé fixé pour les
dépôts, du temps nécessaire pour effectuer les opérations et de la
lourdeur de l’administration. Ainsi, secteur financier de la RDC ne
permet pas de mobiliser l’épargne des ruraux et semi-ruraux et
pourtant ces derniers représentent 63% de la population totale de la
RDC en 2012 (Mansesa G., 2013)
Ainsi, la population a développé le système de micro finance. Le
secteur de la micro finance est spécialisé dans la fourniture des
services financiers aux ménages et aux petites entreprises qui n’ont
pas accès aux services financiers du secteur formel (Manika J.P.,
2020). La Micro finance a notamment pour rôle de lutter contre la
pauvreté (LELART, 2006). La micro finance permet de mettre les
personnes non plus en face d’un individu, mais plutôt en face d’une
institution. Parmi les institutions de micro finance, on peut citer
les caisses d’épargne et de crédit.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
22
2.2.2. Le système financier informel
Le concept de finance informelle renvoie à des pratiques d’épargne
et de crédit qui ne sont pas obligées de respecter un cadre ou un
schéma fixe (LELART, 2005). Le secteur financier informel offre un
large éventail d’instrument d’épargne qui va de la simple collecte
des dépôts jusqu’à d’importants groupements ou clubs d’épargne
autogérés. On classe dans ce secteur le phénomène de « garde fonds »
et « les tontines ».
2.3. Analyse de quelques indicateurs financiers
2.3.1. Le taux d’Intérêt
Les taux d’intérêt sont demeurés très faibles durant les périodes
de 2002 à 2008, et la période de 2010 à 2020. Ceci pour permettre
notamment à l’Etat de se financer au moindre coût. En outre, face à
l’hyperinflation, il a été difficile de voir s’ajuster régulièrement
les taux d’intérêt nominaux au niveau de celle-ci (MANSESA, 2013).
Le graphique ci-dessous nous montre l’évolution du taux d’intérêt en
RDC et cette présentation est double.
Graphique 2.4. : Evolution du taux d’intérêt nominal en RDC de 1990
à 2020
Taux d’intérêt
800
700
600
500
400
300
200
100
0
Source : Notre analyse, sur base des données collectées sur Excel
Ce graphique nous renseigne que pendant la décennie 1990 le taux
d’intérêt a évolué dans une instabilité car l’inflation devenait
trop
importante.
C’était
la
période
caractérisée
par
l’hyperinflation et la moyenne du taux d’intérêt de 1990 à 2001 est
estimé à 97,75%. Le pic a été atteint en 2009 avec un taux de 760%.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
23
Cette situation n’est pas intéressante car elle fragilise
l’intermédiation financière en décourageant les épargnants parce que
l’argent placé aujourd’hui au lieu d’être rémunéré, va perdre sa
valeur demain. Aussi, les banques ne seront pas incitées à octroyer
du crédit à l’économie étant donné un probable taux d’intérêt
négatif.
2.3.2. Le taux d’Epargne
Le taux d’épargne
est le ratio de l’épargne nationale sur le
produit intérieur brut. En RDC, le niveau d’épargne ne fait que
baisser à cause de bas niveau des revenus. Les ménages n’accordent
plus la confiance aux opérateurs financiers (les Banques de dépôts),
ce qui fait que le pays enregistre un taux de thésaurisation très
élevé (Ngindu A., 2022).
Herderschee, Mukoko et Tshimenga (2012) soulignent qu’en RDC
seulement un dixième de l’épargne nationale est capturé par le
système bancaire. La situation du niveau d’épargne en RDC est
présentée moyennant le graphique ci-dessous.
Graphique 2.5. : Evolution du taux d’épargne en RDC de 1990 à 2020
Taux d’épargne
30
25
20
15
10
5
0
-5
Source : Notre analyse, sur base des données collectées
La lecture du graphique ci-dessus montre que le taux d’épargne est
resté inférieur à 20% de 1990 à 1995 en RDC. Il était négatif en
1998 avec un taux de -1% à cause probablement de la guerre qui a
sévit dans le pays et plus loin, en 2006 il chutera de nouveau à 1%.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
24
2.3.3. Ratio M2/P.I.B.
Comme l’indique même sa dénomination, ce ratio est composé de la
variable M2 au numérateur (qui est un agrégat monétaire qui regroupe
les moyens des paiements utilisables dans une économie « M1 » et les
placements à vue effectués sur livrets à taux réglementé (MINSHKIN
2010)) et la variable PIB au dénominateur (qui elle correspond à
l’ensemble des richesses localement produites par une nation).
Le ratio M2/PIB nous renseigne sur le poids du secteur financier
congolais dans lequel évoluent les agents économiques. Moins est
élevé ce ratio, plus est pertinent le secteur financier de ce pays.
Plus il est élevé, plus est léger le secteur financier.
Le graphique ci-dessous nous renseigne sur la situation
M2/PIB en R.D.C depuis 1990 jusqu’à 2017.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
du ratio
25
Graphique 2.6. : Evolution du ratio M2/PIB entre 1990 et 2020
Ratio M2/PIB
200
180
160
140
120
100
80
60
40
20
0
Source : Notre analyse, sur base des données collectées sur Excel.
Le présent graphique repris ci-dessus nous renseigne que le ratio
M2/PIB en R.D.C pendant la décennie 1990 s’est très mal comporté
avec une moyenne de 130,94%. Cependant, depuis des années 2000, nous
constatons que le ratio M2/PIB s’est bien comporté comme dans les
pays où le système financier est développé.
Section 3. Analyse de politique Monétaire en RDC de 1990 à 2020
Il est question de présenter la politique monétaire en RDC ainsi
que les indicateurs sur lesquels s’appuie cette politique. Ainsi,
nous allons procéder par les sous périodes qui ont caractérisées
cette période.
1. La période de 1960 à 1971
En effet, avec La réforme monétaire de novembre 1963 consacrant la
dévaluation du franc congolais hérité de l’époque coloniale. Cette
réforme a introduit un double taux de change et visait à transférer
les ressources en devises vers l’État et les secteurs productifs–
exportations, industrie, agriculture– par le biais des prix
relatifs. La politique monétaire a été rattachée à la monnaie belge
pour l’évacuation de produits vers l’extérieur (Belgique). Bien
après, avec le président MOBUTU, le double taux de change a été
supprimé avec la réforme de juin 1967 instituant une nouvelle unité
monétaire, le zaïre ; et sous un régime de change fixe.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
26
La Banque Centrale du Congo utilisait le taux d’intérêt directeur et
le taux de change comme instruments de la politique monétaire. En
effet, le taux de change permettait à la Banque Centrale de
maitriser les effets pervers
de l’équilibre sur le marché
monétaire, le taux d’intérêt joué un grand rôle à la création
monétaire.
2. La période de 1971 à 1990
Cette période est marquée par une grande inflation, qui a atteint 5
chiffres. C’est une réponse de tractations politiques et économiques
entre le ZAIRE et la Belgique, MOBUTU décida de changer la monnaie
de rattachement, qui devient le Dollar (USD), puis bien après le
DTS, mais tout en ayant une énorme influence sur la monnaie, et
comme conséquence, hyperinflation soit une variation générale des
prix de 14000%.
Ainsi, à travers la réforme monétaire de septembre 1983, qui est la
cinquième grande opération de redressement monétaire à travers la
réforme du régime de change. Le taux de change a été modifié et
libéralisé avec l’adhésion au régime de taux flottants. Le taux de
change et le taux d’intérêt directeur ont été utilisés comme
instruments de la politique monétaire.
3. La période de 1990 à 2001
Cette période est marquée par le libéralisme économique, du marché
de la monnaie. En effet, le pays adopte le régime de change
flottant ; l’offre et la demande de monnaie sont déterminées par le
taux de change. Avec l’avènement de Mzé Laurent en 1997, le pays
adopte pour un régime flottement géré pour assurer la stabilité des
prix, et la convertibilité de franc congolais afin de rétablir
l’équilibre externe.
Ainsi, au vu de tous ces objectifs, la Banque Centrale du Congo a eu
l’obligation d’utiliser le Taux d’intérêt directeur, le taux de
change et l’Open market comme instruments pour l’atteinte de ses
objectifs. En effet, la Banque Centrale devrait à tout moment
intervenir sur le marché monétaire, surtout au moment où la Banque
Centrale devrait faire assurer la convertibilité de franc Congolais.
Ainsi, La réforme monétaire d’octobre 1993 s’est caractérisée par
l’émission d’une nouvelle unité monétaire, le “nouveau zaïre” (NZ),
au taux officiel de 1 dollar américain = 3NZ (la parité interne
retenue était de 1NZ = 3 000 000 Z).
4. La période de 2001
à nos jours
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
27
En effet, avec l’arrivée du président J. KABILA en 2001, l’économie
a été libéralisée. A cet effet, la Banque centrale est devenue de
nouveau indépendante, le pays a adopté le régime de change
flottant ; le taux de change varie selon les comportements des
agents économiques sur le marché monétaire ; c’est-à-dire selon
l’offre et la demande des monnaies (flottement pur). Ainsi, durant
cette période, la politique monétaire en RDC a comme objectifs
finals la stabilité des prix et du taux de change.
La stabilité des prix pour maintenir la valeur faciale de la monnaie
nationale et assurer le bien-être de la population ; la stabilité du
taux de change pour assurer l’équilibre externe et le bien-être de
la population.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
28
CHAPITRE.3. ANALYSE DE
MONETAIRE EN RDC
L’EFFICACITE
DE
LA
POLITIQUE
Ce chapitre présente les résultats de nos analyses économétriques
sur l’efficacité de la politique monétaire en RDC. Il est ainsi
reparti pour ce faire, en trois sections. La première section
présente quelques
études empiriques antérieures sur ce sujet; la
deuxième section porte sur la présentation du modèle et analyse des
données et enfin la troisième section interprète et discute des
résultats de l’estimation.
Section 1. Présentation des études empiriques
Sur le plan empirique, l'impact de la politique monétaire sur la
réalisation des objectif de la politique économique fait l’objet
d’une présentation des plusieurs études qui se sont effectuées dans
les pays développés mais aussi ceux en voie de développement.
Andersen et Carlson (1970) ont développé un modèle connu sous le nom
de modèle de St. Louis, exprimant la variation de la dépense totale
courante en fonction des variations de l'offre de monnaie et des
dépenses publiques.
L'objectif visé par ce modèle était d'une part, de tester
l'efficacité relative des politiques monétaire et budgétaire sur
l'activité économique, et d'autre part, de fournir un outil de
prévision de la demande globale. Le résultat fondamental qui se
dégage de leur étude est que l'impact de politique monétaire est
plus important, plus rapide et plus prévisible que celui de la
politique budgétaire.
Dans une version ultérieure du modèle de St. Louis, une
spécification en termes de taux de croissance a été utilisée par
Carlson ; Avec des données trimestrielles des Etats-Unis sur la
période 1953 à 1976 ; les résultats montrent que les effets de
l'offre de monnaie sont significatifs et positifs sur l'activité
économique.
Sarr et Dingui (2000) ont travaillé sur les mécanismes de
transmission de la politique monétaire en Côte d'Ivoire en utilisant
un modèle Vectoriel Auto Régressif (VAR) avec sept variables (Le
taux d'escompte, le taux débiteur réel des banques, masse monétaire,
crédit à l'économie, PIB réel, indice des prix à la consommation et
l'investissement privé). Les données utilisées dans leur étude sont
issues des statistiques monétaires et celles de l'activité réelle
sur base annuelle. Les résultats obtenus montrent que les impulsions
monétaires sont transmises à la sphère réelle via le taux d'intérêt
débiteur des banques. Un choc monétaire de 1% entraîne une
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
29
augmentation de l'activité réelle de 0,2%. En revanche, une hausse
de l'inflation de 1% entraîne une régression de l'activité réelle de
0,01%.
Bernanke et Mihov (1998) ont développé et appliqué une méthodologie
basée sur un VAR pour mesurer l'orientation de la politique
monétaire. Plus précisément, ils développent une approche VAR semistructurel qui extrait des informations sur la politique monétaire à
partir des données sur les réserves des banques et le taux des fonds
fédéraux ; mais laissent les relations entre les variables
macroéconomiques dans le système sans restriction. L'objectif de
cette étude était de mesurer les innovations en matière de politique
monétaire et leurs effets macroéconomiques. Ils arrivent à mesurer
les chocs de politique monétaire et tirent les conclusions qu'il y a
une nouvelle mesure d'innovations stratégiques fondées directement
sur des estimations des procédures d'exploitation de la banque
centrale.
Koné (2000), dans un travail publié à la BCEAO, analyse, en termes
réels et en termes nominaux sur le court terme et le long terme à
l'aide d'un modèle à correction d'erreur (M.C.E.), l'efficacité
relative des politiques monétaire et budgétaire par leurs actions
sur l'activité économique des pays membres de l'UEMOA (Le Bénin, le
Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger,
le Sénégal et le Togo). Il obtient les résultats de l'estimation qui
montrent qu'à court terme les politiques monétaire et budgétaire
influencent
l'activité
économique.
La
politique
budgétaire,
appréhendée par les recettes, est plus efficace que la politique
monétaire à court et long terme.
Fouda E. (2010), a travaillé sur la politique monétaire et
croissance économique en zone CEMAC : il utilise pour cela le modèle
des données en panel et plus précisément un panel dynamique auquel
il applique la méthode de moments généralisés (GMM), car elle permet
de contrôler les effets spécifiques individuels et temporels mais
aussi au biais de simultanéité, de causalité inverse et de variables
omises. Dans cette étude, Fouda montre que la politique monétaire
axée sur le rôle joué par les agrégats nominaux de monnaie et de
crédit a une influence négative sur la croissance économique en zone
CEMAC. L'inflation quant à elle a une influence négative et non
significative sur la croissance économique.
Beck, Levine et Loayza (1999) mènent une étude en données de panel
et en coupe instantanée afin d'évaluer les relations empiriques de
manière dynamique entre le niveau de développement financier et la
croissance économique. Cet article se distingue par l'utilisation
des données dynamiques de groupe, qui permettent d'estimer les
relations de croissance en utilisant une variable endogène retardée.
Ils utilisent les variables instrumentales via l'estimateur des
moments généralisés (GMM). Cette méthode constitue alors une avancée
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
30
méthodologique et est aujourd'hui utilisée par la plupart des macroéconomistes parce qu'elle permet d'apporter des solutions aux
problèmes de biais de simultanéité, de causalité inverse et de
variables omises. Ils aboutissent à la conclusion que les
composantes exogènes du développement de l'intermédiation financière
influencent positivement la croissance économique.
Ondo Ossa (2005) mène une étude sur les pays de la zone CEMAC (le
Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République
Centrafricaine, le Tchad), en utilisant un modèle de panel. Pour
lui, la politique monétaire a des effets expansionnistes sur
l'activité économique contrairement à la politique budgétaire,
validant ainsi l'existence d'effets anti-keynésiens en zone CEMAC.
Mallaye (2009) étudie l'impact des réformes monétaires sur la
croissance économique en zone CEMAC. Il effectue une régression sur
les données de panel en utilisant l'équation de St Louis et arrive à
la conclusion qui montre que les réformes monétaires ont des effets
mitigés sur la croissance économique. La politique monétaire a
généré une dynamique d'inflation au lieu d'une expansion du produit
intérieur brut. Ainsi remet-il en cause l'efficacité des réformes
monétaires.
Dramani, Diackly et Ndiaye (2007) analysent les mécanismes de
transmission de la politique monétaire au secteur réel au Sénégal
sur une période allant de 1980 à 2000. Ils utilisent un modèle
économique d'ensemble et d'une structure permettant de dériver
l'impact direct sur les différentes branches d'activité de la
structure économique du pays. Les chocs de politique monétaire ont
été appréhendés sous deux angles. Dans un premier temps, la
simulation a été faite sous l'optique d'une hausse du taux
d'intérêt. La seconde simulation a consisté à mettre en évidence
l'effet d'une dépréciation du taux de change sur les agrégats
macroéconomiques. Au terme de leur étude, ils concluent en disant
que la politique monétaire restrictive se manifeste par une hausse
du taux d'intérêt de la BCEAO et se manifeste par une contraction de
l'activité économique en général.
Lwango E. (2013), s'est assigné la tâche ardue d'évaluer l'impact
sur la croissance économique de la politique monétaire en RD Congo
dirigé sur les agrégats de monnaie et de crédit et pour une période
allant de 1981 à 2010. Il aboutit au terme de son étude, au résultat
selon lequel d’après le calcul du modèle de long terme, les agrégats
de monnaie et de crédit ont un effet négatif et non significatif sur
la croissance économique et souligne que la maitrise de la politique
budgétaire est un atout pour permettre la stabilité de la politique
monétaire en RD Congo.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
31
Par ailleurs, Moto K., (2020) a évalué les effets économiques de la
politique monétaire mise en œuvre par la Banque Centrale du Congo
(BCC) sur le secteur réel en utilisant la modélisation vectorielle
autorégressive(VAR). L’analyse est faite d’une part à partir de test
de signification des paramètres, de causalité au sens de Granger, et
d’autre part à partir des fonctions de réponses impulsionnelles et
de la décomposition des variances.
Les résultats des estimations
suggèrent que les paramètres des
variables monétaires ne sont pas généralement significatifs au seuil
de 5%. Ainsi, l’économie congolaise est moins influencée par les
variations de trois variables de transmission de la politique
monétaire retardées d’une année, notamment le taux directeur, le
taux de change nominal et le taux de croissance de la masse
monétaire. De même, les tests de causalité au sens Granger montrent
que ces trois variables monétaires retenues ne causent pas la
croissance du Produit Intérieur Brut (PIB réel).
Mambweni L. (2020) s’intéresse à la vérification de l’efficacité de
la politique monétaire de la RDC durant la période 1990-2017, et se
propose de rechercher l’instrument le mieux approprié pour cette
politique hormis le taux directeur. Pour cela, il vérifia
économétriquement son étude en utilisant le modèle Vecteur
Autorégressif Structurel (SVAR), prenant comme variables d’analyse,
le taux directeur, le taux d’inflation, la masse monétaire au sens
strict M2, le taux d’échange et l’encadrement de crédit.
Après
estimation, il aboutit aux résultats selon lesquels les variables
Taux Directeur et Inflation expliquent la masse monétaire à 82,6%.
La masse monétaire a une relation positive avec les variables Taux
Directeur et Inflation. Ainsi, les coefficients des variables sont
tous positifs. Cependant que le coefficient rattaché au Taux
Directeur
n’est
pas
statistiquement
significatif.
Ainsi,
l’instrument Taux directeur n’est pas efficace pour conduire la
Politique Monétaire en R.D. Congo. De ce fait, l’instrument
encadrement des crédits serait un bon instrument pour conduire la
Politique Monétaire en R.D. Congo.
En définitive, cette revue empirique permet d’avoir une visibilité
élargie et contrariée des effets possibles de la politique
monétaire, mais aussi de comprendre les facteurs déterminants de son
efficacité.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
32
Section 2. Présentation du modèle et analyse des résultats
2.1. Présentation du modèle
1. Modèle économétrique
Le modèle économétrique retenu pour l’estimation se présente comme
suit :
Txmmt = β0 + β1txcet + β2txidt + β3txinft + β4txrot + µt
Où :
Txmm : Taux de croissance de la masse monétaire ;
Txce : Le taux de croissance économique ;
Txid : La Taux directeur ;
Txinf : Le Taux d’inflation ;
Txro : Le Taux des réserves obligatoires ;
βt : est un vecteur des paramètres
µ : est le terme d’erreur. Il représente la partie non expliquée de
la variable endogène par le modèle ;
t : élément temporel.
2. Explication des variables
L'évaluation de l'efficacité de la politique monétaire nécessite un
bon choix des variables. De ce fait, nous avons retenu cinq
variables : le taux d'inflation (Txinf), le taux d'intérêt directeur
(Txid), le taux de réserves obligatoires (Txro), le taux de la masse
monétaire (Txmm) et le taux de croissance économique (Txce).
Le choix de ces variables se fonde sur certaines considérations
théoriques que pratiques ci-après :
A. Variable Expliquée (dépendante)
Le Taux de la Masse monétaire (Txmm): il mesure l’accroissement
temporel de la masse monétaire. La masse monétaire (M2) est la
quantité de la monnaie en circulation dans une économie, composée
des billets de Banque, des dépôts à vue et des dépôts à terme
auprès des Banques. Celle-ci est une variable déterminante de la
stabilité des prix. Elle a été retenue compte tenu que l’objectif
ultime de la politique monétaire de stabilité des prix porte sur
l'évolution des agrégats monétaires.
B. Variables explicatives
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
33
-
Le
Taux
d'Intérêt
Directeur(Txid): C'est
le
taux
de
refinancement des banques à la Banque Centrale via le
réescompte ou les prêts à court terme. C'est le taux pivot
autour duquel se déterminent d'autres taux applicables sur le
marché monétaire et interbancaire. Le signe attendu est donc
négatif.
-
Le Taux des réserves obligatoires (Txro): sont des réserves
financières que les banques et autres établissements financiers
doivent obligatoirement détenir auprès de la banque centrale.
Le
taux
de
réserves
obligatoires
permet
aux
banques
commerciales d'épargner une partie de leurs revenus. Il s'agit
donc d'un filet de sécurité ; Le signe attendu est donc
négatif.
-
Le taux d'inflation (Txinf) : est un indicateur permettant de
mesurer le niveau de l’inflation dans l’économie. L’inflation
ainsi se définit comme la perte du pouvoir d'achat de la
monnaie matérialisée par une augmentation générale et durable
des prix. En d'autres termes c'est la hausse généralisée et
durable des prix dans l'économie. Cette variable a été choisie
étant donné que l’objectif de la politique monétaire en RDC est
la stabilité des prix. Le signe attendu est donc positif.
-
Le taux de croissance économique (Txce) : c'est un indicateur
qui mesure l'évolution de l'activité économique. L'efficacité
de la politique monétaire est notamment appréhendée à partir de
cette variable. Le signe attendu est donc positif.
2.2. Analyse descriptive des données
1. Sources des données
Les données utilisées pour analyser l’efficacité de la politique
monétaire dans le cadre de cette étude, proviennent du site de la
Banque Mondiale, de la Banque Centrale du Congo et du FMI. Elles
Couvrent la période 1990-2020.
2. Analyse descriptive
L’analyse descriptive de cette étude s’articule principalement
autour des moyennes, des écart-types, des minimum et maximums des
distributions des variables retenues.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
34
Tableau 3.1. Statistique descriptive des variables
VARIABLES Txmm
Txce
Txid
Txinf
Txro
Moyenne
656.4465
1.365161
50.04032
1122.779
8.870968
Maximum
7743.140
9.470000
238.0000
23773.13
55.0000
Minimum
9.800000
-13.47000
2.000000
0.810000
2.00000
Ecarttype
1636.078
6.163338
56.07651
4292.575
15.63861
Source :
Eviews12
Notre
analyse,
sur
base
du
traitement
statistique
via
De ce tableau ressort que, la valeur minimum de la croissance de la
masse monétaire (M2) est de 9,8% et son maximum est de 7743%. Le
Taux de croissance de la masse monétaire varie en moyenne de 656%
avec un écart-type de 1636. Ce qui traduit une forte dispersion de
ce taux au tour de la moyenne.
Quant à ce qui concerne le taux de croissance économique, il a
évolué en moyenne autour de 1,3%, a atteint un point culminant de
9,4% réalisé en 2014 avec un minimum de -13,4% obtenu en 1993 et un
écart-type de 6,16. Nous notons ici, que les valeurs sont moins
dispersées autour de la moyenne, synonyme d’une concentration.
Le taux d’intérêt directeur a évolué en moyenne autour de 50%, a
atteint un point culminant de 238% avec un minimum de 2% et un
écart-type de 56. Nous notons ici, que les valeurs sont un peu plus
concentrées autour de la moyenne, synonyme d’une concentration.
Le taux d’inflation de la série a évolué en moyenne autour de 1122%,
a atteint un point culminant de 23773% avec un minimum de 0,81% et
un écart-type de 4292. Nous notons ici, une forte dispersion des
valeurs autour de la moyenne, qui exhibe en fait une probabilité de
voir la moyenne se faire influencer par les valeurs aberrantes.
Le taux des réserves obligatoires
8.8%, a atteint un point culminant
un écart-type de 15.63. Nous notons
plus concentrées
autour de la
dispersion.
a évolué en moyenne autour de
de 55% avec un minimum de 2% et
ici, que les valeurs sont un peu
moyenne, synonyme d’une faible
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
35
Section 3. Présentation et discussion des résultats
3.1. Présentation des résultats
Cette section présente
les résultats des estimations réalisés à
partir du logiciel Eviews 12. Nous avons fait usage du modèle de
régression linéaire multiple par la méthode des moindres carrés
ordinaires.
Tableau 3.2. Résultats des Estimations
Variables
Constante
Estimation
388,7115**
(184,7960)
TXCE
-77,71653**
(21,29660)
TXID
-1,286309
(2,106001)
TXINF
0,315966***
(0,022929)
TXRO
9,405658
(7,147905)
Coefficient de détermination
0,919546
Coefficient de détermination Ajusté
0,907168
Statistique de Fisher
74,29130
Statistique de Durbin Watson
1,159911
Nombre d’observations
31
Source : Nous même sur base du logiciel Eviews 12
Note :- * Coefficient significatif à 10%
-** Coefficient significatif à 5%
-*** Coefficient significatif à 1%
- les Ecart-Types sont entre parenthèses
3.2. Interprétation et discussion des résultats
1. Interprétation des résultats
Les résultats obtenus de notre estimation sont les suivants :
Les variables Taux de croissance économique, Taux Directeur, Taux
d’Inflation et taux des réserves obligatoires expliquent la masse
monétaire à 91,95%. La masse monétaire a une relation positive avec
les variables taux d’Inflation et taux de réserves obligatoires. Par
contre
les variables taux de Croissance économique et Taux
Directeur, décrivent une relation négative.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
36
Cependant, seuls les coefficients rattachés au Taux de croissance
économique et Taux d’Inflation sont statistiquement significatifs.
C’est-à-dire, les instruments taux directeur et taux des réserves
obligatoires n’influencent pas de manière significative la masse
monétaire. Ainsi, ces instruments ne s’avèrent pas être efficaces
pour conduire la Politique Monétaire en R.D. Congo, car n’ayant
aucune incidence significative sur la masse monétaire.
Il est également judicieux de constater que l’inflation exerce sur
la masse monétaire une influence positive et significative ; la
croissance économique a aussi une influence cette variable
dépendante mais de façon négative et significative. Suivant cette
logique, toute hausse du taux d’inflation entraîne ipso facto une
hausse significative de la masse monétaire, et toute hausse du taux
de croissance économique entraine une baisse de la masse monétaire
en circulation.
Ainsi,
à la lumière de ces analyses, nous constatons que la
politique monétaire exercée par la Banque Centrale du Congo pendant
la période sous analyse est inefficace, car, les instruments devant
agir sur l’offre de monnaie en circulation dans l’économie, n’ont,
en fait, pas de relation directe et significative avec la masse
monétaire.
2. Discussion des résultats
Les résultats de cette analyse révèlent que la politique monétaire
mise en œuvre par la Banque Centrale du Congo est globalement
inefficace. L'explication la plus probable de cette inefficacité
peut être le faible poids du secteur bancaire et la présence de la
dollarisation dans l'économie congolaise au cours de la période
d'étude. En effet, pendant longtemps, et même encore de nos jours,
le système financier et bancaire congolais souffre de la crise de
l'intermédiation financière, de la finance informelle et de la
dollarisation de l'économie ; ce qui limite les interventions des
autorités monétaires pour influer sur le niveau d'activité
économique.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
37
CONCLUSION GENERALE
Ce travail avait pour objectif d’évaluer empiriquement l’efficacité
de la politique monétaire mise en œuvre par la Banque Centrale du
Congo de 1990-2020. Cette recherche a consisté en la compréhension
des mécanismes sur lesquels la politique monétaire affecte
l'économie dans son ensemble, étant donné que la mise en œuvre de la
politique monétaire passe par l'évaluation avec précision de rythme
et de l'incidence des actions des autorités monétaires sur
l'économie. De manière spécifique, il était question de vérifier si
l’instrument coefficient des réserves obligatoires est-il tout aussi
pertinent pour conduire à l’efficacité la politique monétaire en
RDC. Nous avons ainsi posé des hypothèses suivantes : La politique
monétaire durant la période sous analyse était efficace compte tenu
du régime de change en vigueur dans le pays. L’instrument
coefficient des réserves obligatoires était tout aussi pertinent
pour conduire à l’efficacité la politique monétaire en RDC étant
donné le rôle important qu’il joue dans l’offre de crédit des
banques de second rang.
Pour vérifier nos hypothèses et atteindre nos objectifs, nous avons
fait recours à une analyse économétrique en utilisant le modèle de
régression linéaire multiple. Ce modèle nous a permis d’analyser les
effets et impacts des variables réelles, nominales et monétaires de
l’économie sur la conduite de la politique monétaire. Nous avons
ainsi retenu le taux d'intérêt directeur de la Banque Centrale du
Congo, le taux des réserves obligatoires et le taux de croissance de
la masse monétaire pour apprécier l'importance relative des
différents canaux de transmission monétaire.
Les résultats des estimations par la méthode des moindres carrés
ordinaires renseignent que les variables taux de croissance
économique, taux directeur, taux d’inflation et taux de réserves
obligatoires expliquent la masse monétaire à 91,95%. Seuls
cependant, le taux d’inflation et le taux de croissance économique
impactent significativement la masse monétaire mais de façon
positive pour la variable taux d’inflation et négative pour la
variable taux de croissance économique.
Cette analyse nous a montré que les variables de transmission de la
politique monétaire retenues à savoir le taux directeur et le taux
des réserves obligatoires n’ont aucune incidence significative sur
la masse monétaire en circulation.
Ainsi, les principaux résultats et conclusions trouvés révèlent que
la politique monétaire appliquée par la Banque Centrale du Congo est
inefficace et cela permettent donc d’invalider l'hypothèse première
posée dans notre étude. Quant à notre deuxième hypothèse, nous
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
38
l’invalidons également étant donné l’impact non significatif de ce
coefficient des réserves obligatoires.
De tout ce qui précède, nous suggérons et recommandons aux autorités
monétaires et politiques :
- De revoir avec beaucoup de rigueur, les modalités de
financement des déficits publics par la planche à billet. Il
sera en effet, très significatif à l’efficacité de la politique
monétaire d’éradiquer durablement la dominance budgétaire,
permettant d’exclure la subordination de la politique monétaire
aux impératifs budgétaires de l'Etat. Il faut donc réduire au
minimum d'une manière durable les possibilités de financement
monétaire des déficits publics.
- Chercher des voies et moyens afin de faire reculer au mieux la
dollarisation de l'économie congolaise. En effet, cette
situation limite l'action des autorités monétaires à influer
sur l'évolution de l’activité économique, rendant par exemple
neutre les effets du taux directeur sur la masse monétaire.
- De restructurer le système financier congolais pour que les
décisions de politique monétaire se transmettent efficacement à
la sphère réelle. Une harmonisation de celui-ci faciliterait la
population congolaise à accéder aux services financiers.
Soulignons également que la contribution de la BCC reste
également indispensable pour la promotion et le développement
des marchés financiers via la création d'une bourse des valeurs
mobilières. Ce qui serait une valeur ajoutée dans la mise à la
disposition de l'économie des ressources additionnelles dont
elle a besoin ;
- De mettre en œuvre une politique pour réduire l’inflation en
augmentant la production nationale. En effet, Les résultats de
notre estimation nous ont révélé que l’inflation influence la
masse monétaire de manière positive et significative. Donc plus
l’inflation est grande, plus l’est la masse monétaire. Ainsi,
Friedman propose sa règle de k%. Cette règle, nécessaire à
l’efficacité de la politique monétaire, recommande aux
autorités monétaires de faire varier la masse monétaire
proportionnellement à la croissance de la production nationale.
- De ce qui précède, il apparaît sans aucun doute que
l'indépendance de la Banque Centrale est un facteur très
important pour l'efficacité des décisions de la politique
monétaire.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
39
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40. Sarr, Dingui, (2000), « Transmission de la politique monétaire :
cas de la côte d'ivoire », à paraître »
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
41
41. Trésor-Gauthier M. (2015), Dedollarisation de l’économie
congolaise : enjeux et Quelques implications macroéconomiques.
Lushi.
42. Tshibuyi A., (2013), « Effets anti-keynésiens et Ajustement (le
cas de la zone CEMAC) », Economie et Gestion, n° spécial
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
42
ANNEXES
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
43
a) Estimation Modèle
Dependent Variable: TXMM
Method: Leas t Squares
Date: 10/20/22 Tim e: 15:57
Sam ple: 1990 2020
Included obs ervations : 31
Variable
Coefficient
Std. Error
t-Statis tic
C
TXCE
TXID
TXINF
TXRO
388.7115
-77.71653
-1.286309
0.315966
9.405658
184.7960
21.29660
2.106001
0.022929
7.147905
2.103463
-3.649246
-0.610783
13.78031
1.315862
R-s quared
Adjus ted R-s quared
S.E. of regres s ion
Sum s quared res id
Log likelihood
F-s tatis tic
Prob(F-s tatis tic)
0.919546
0.907168
498.4854
6460681.
-233.8196
74.29130
0.000000
Mean dependent var
S.D. dependent var
Akaike info criterion
Schwarz criterion
Hannan-Quinn criter.
Durbin-Wats on s tat
Prob.
0.0453
0.0012
0.5466
0.0000
0.1997
656.4465
1636.078
15.40772
15.63900
15.48311
1.159911
Txmm = 388,7115 – 77,71653txce – 1,286309txid + 0,315966txinf +
9,405658txro + µt
b) Significativité conjointe
Wald Tes t:
Equation: Untitled
Tes t Statis tic
F-s tatis tic
Chi-s quare
Value
df
Probability
74.29130
297.1652
(4, 26)
4
0.0000
0.0000
Null Hypothes is : C(2)=C(3)=C(4)=C(5)=0
Null Hypothes is Sum m ary:
Norm alized Res triction (= 0)
C(2)
C(3)
C(4)
C(5)
Value
Std. Err.
-77.71653
-1.286309
0.315966
9.405658
21.29660
2.106001
0.022929
7.147905
Res trictions are linear in coefficients .
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
44
c) Mesure de multi colinéarité
Variance Inflation Factors
Date: 10/14/22 Tim e: 06:41
Sam ple: 1990 2020
Included obs ervations : 31
Variable
Coefficient
Variance
Uncentered
VIF
Centered
VIF
C
TXCE
TXID
TXINF
TXRO
34149.55
453.5451
4.435240
0.000526
51.09255
4.260315
2.185476
3.069343
1.252224
2.010185
NA
2.080026
1.683819
1.169543
1.508586
d) Teste d’autocorrélation des erreurs
Breus ch-Godfrey Serial Correlation LM Tes t:
Null hypothes is : No s erial correlation at up to 2 lags
F-s tatis tic
Obs *R-s quared
3.015379
6.225400
Prob. F(2,24)
Prob. Chi-Square(2)
0.0679
0.0445
Tes t Equation:
Dependent Variable: RESID
Method: Leas t Squares
Date: 10/20/22 Tim e: 16:10
Sam ple: 1990 2020
Included obs ervations : 31
Pres am ple m is s ing value lagged res iduals s et to zero.
Variable
Coefficient
Std. Error
t-Statis tic
C
TXCE
TXID
TXINF
TXRO
RESID(-1)
RESID(-2)
-69.79563
8.613015
0.871516
-0.018436
3.777964
0.503026
-0.267492
174.8489
20.33380
2.006863
0.028334
7.212200
0.236700
0.219182
-0.399177
0.423581
0.434268
-0.650664
0.523830
2.125165
-1.220410
R-s quared
Adjus ted R-s quared
S.E. of regres s ion
Sum s quared res id
Log likelihood
F-s tatis tic
Prob(F-s tatis tic)
0.200819
0.001024
463.8270
5163251.
-230.3450
1.005126
0.444981
Mean dependent var
S.D. dependent var
Akaike info criterion
Schwarz criterion
Hannan-Quinn criter.
Durbin-Wats on s tat
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
Prob.
0.6933
0.6756
0.6680
0.5214
0.6052
0.0441
0.2342
2.38E-14
464.0647
15.31258
15.63638
15.41813
1.608855
45
Date: 10/20/22 Tim e: 16:35
Sam ple: 1990 2020
Included obs ervations : 31
Autocorrelation
Partial Correlation
AC
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
0.300
-0.187
-0.098
-0.035
-0.225
-0.205
-0.023
-0.093
-0.052
0.031
0.069
0.045
-0.055
-0.058
-0.013
-0.063
PAC
0.300
-0.304
0.080
-0.099
-0.239
-0.068
-0.054
-0.216
0.022
-0.120
-0.028
-0.020
-0.189
-0.066
-0.071
-0.210
Q-Stat
Prob
3.0649
4.2980
4.6487
4.6963
6.6922
8.4095
8.4320
8.8184
8.9442
8.9906
9.2338
9.3410
9.5119
9.7125
9.7231
9.9948
0.080
0.117
0.199
0.320
0.245
0.210
0.296
0.358
0.442
0.533
0.600
0.674
0.733
0.783
0.837
0.867
e) Teste d’hétéroscédasticité
Heteros kedas ticity Tes t: ARCH
F-s tatis tic
Obs *R-s quared
2.887551
2.804577
Prob. F(1,28)
Prob. Chi-Square(1)
0.1004
0.0940
Tes t Equation:
Dependent Variable: RESID^2
Method: Leas t Squares
Date: 10/20/22 Tim e: 16:11
Sam ple (adjus ted): 1991 2020
Included obs ervations : 30 after adjus tm ents
Variable
C
RESID^2(-1)
R-s quared
Adjus ted R-s quared
S.E. of regres s ion
Sum s quared res id
Log likelihood
F-s tatis tic
Prob(F-s tatis tic)
Coefficient
Std. Error
t-Statis tic
Prob.
111365.1
0.265786
79046.14
0.156411
1.408862
1.699279
0.1699
0.1004
0.093486
0.061110
393264.3
4.33E+12
-428.0004
2.887551
0.100352
Mean dependent var
S.D. dependent var
Akaike info criterion
Schwarz criterion
Hannan-Quinn criter.
Durbin-Wats on s tat
167545.9
405860.9
28.66669
28.76010
28.69658
1.736352
f) Normalité des erreurs
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
46
16
Series: Residuals
Sample 1990 2020
Observations 31
14
12
10
8
6
4
Mean
Median
Maximum
Minimum
Std. Dev.
Skewness
Kurtosis
2.38e-14
64.05938
1340.041
-1197.625
464.0647
0.496124
5.701114
Jarque-Bera
Probability
10.69574
0.004758
2
0
-1000
-500
0
500
1000
1500
g) Coefficient de corrélation
TXMM
TXCE
TXID
TXINF
TXRO
TXMM
1.000000
-0.557558
0.399232
0.904180
0.270799
TXCE
-0.557558
1.000000
-0.515408
-0.295611
-0.472170
TXID
0.399232
-0.515408
1.000000
0.357740
-0.046072
TXINF
0.904180
-0.295611
0.357740
1.000000
0.049006
TXRO
0.270799
-0.472170
-0.046072
0.049006
1.000000
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
47
h) Stabilité du modèle
Ram s ey RESET Tes t
Equation: UNTITLED
Om itted Variables : Squares of fitted values
Specification: TXMM C TXCE TXID TXINF TXRO
t-s tatis tic
F-s tatis tic
Likelihood ratio
Value
7.603326
57.81056
37.12807
df
25
(1, 25)
1
Sum of Sq.
4510241.
6460681.
1950440.
df
1
26
25
Probability
0.0000
0.0000
0.0000
F-tes t s um m ary:
Tes t SSR
Res tricted SSR
Unres tricted SSR
Mean Squares
4510241.
248487.7
78017.60
LR tes t s um m ary:
Res tricted LogL
Unres tricted LogL
Value
-233.8196
-215.2556
Unres tricted Tes t Equation:
Dependent Variable: TXMM
Method: Leas t Squares
Date: 10/20/22 Tim e: 16:04
Sam ple: 1990 2020
Included obs ervations : 31
Variable
Coefficient
Std. Error
t-Statis tic
C
TXCE
TXID
TXINF
TXRO
FITTED^2
356.8551
-57.16293
-4.303562
2.079065
8.106382
-0.000645
103.6314
12.23548
1.244993
0.232241
4.008829
8.48E-05
3.443502
-4.671901
-3.456696
8.952194
2.022132
-7.603326
R-s quared
Adjus ted R-s quared
S.E. of regres s ion
Sum s quared res id
Log likelihood
F-s tatis tic
Prob(F-s tatis tic)
0.975711
0.970854
279.3163
1950440.
-215.2556
200.8576
0.000000
Mean dependent var
S.D. dependent var
Akaike info criterion
Schwarz criterion
Hannan-Quinn criter.
Durbin-Wats on s tat
Prob.
0.0020
0.0001
0.0020
0.0000
0.0540
0.0000
656.4465
1636.078
14.27455
14.55210
14.36503
1.889550
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
48
i) TABLEAU SYNTHETIQUE DES INDICATEURS MACROECONOMIQUES
Années
Taux
de Taux
Taux
Taux
croissance d’investissement d’investissement d’inflation
économique privé
public
1990
-6,57
8,9
0,1
81,30
1991
-8,42
3,5
2,1
2154,44
1992
-10,5
4,3
2,6
4129,17
1993
-13,47
1,4
0,4
1986,90
1994
-3,9
7
0,9
23773,13
1995
0,7
5,3
4,1
541,91
1996
-1,02
4,6
2,5
492,44
1997
-5,62
2
0,5
198,52
1998
-1,62
2
0,1
29,15
1999
-4,27
2
1,1
284,89
2000
-6,91
3
0,5
513,91
2001
-2,1
5,1
0,1
359,91
2002
2,95
8
1
31,52
2003
5,58
9,5
2,7
12,87
2004
6,74
1O
2,8
3,99
2005
6,14
10,5
3,6
21,32
2006
5,32
11,3
4,3
13,05
2007
6,26
11
3,7
16,95
2008
6,23
15,9
5,4
17,30
2009
2,86
18,2
4,7
2,8
2010
7,11
19,1
6,2
7,1
2011
6,87
15
6,8
15,32
2012
7,09
15
5,5
9,72
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
49
2013
8,48
14,9
4
0,81
2014
9,47
14,4
5,8
1,03
2015
6,92
14
6,5
0,82
2016
2,4
12
5
23,60
2017
3,7
13
8
54,71
2018
5,8
16
3,9
7,23
2019
4,4
18,3
2,1
4,59
2020
1,7
20,4
2,0
15,76
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
50
j) TABLEAU SYNTHETIQUE DES INDICATEURS FINANCIERS
Années
Taux d’intérêt
Taux d’épargne
Ratio M2/PIB
1990
45
9,35
34,46
1991
55
1,83
71,49
1992
55
6,05
147,15
1993
95
3,98
171,82
1994
145
10,63
162,11
1995
125
14,13
144,04
1996
238
27,54
124,24
1997
13
6,25
138,31
1998
22
-1
151,56
1999
120
9,07
146,49
2000
120
4,46
148,66
2001
140
3,17
7,4
2002
24
4,05
5
2003
8
5,02
4,9
2004
14
3,97
5,4
2005
28
5,95
11,04
2006
40
-0,64
24,76
2007
22,5
8,78
7,16
2008
40
8,61
8,74
2009
760
17,06
9,92
2010
22
20,26
10,63
2011
26,33
18,73
10,95
2012
21,24
7,58
11,47
2013
16,15
17,27
12,46
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
51
2014
17,52
18,2
13,01
2O15
20,77
15,68
13,23
2016
14,08
9,39
14
2017
14,87
16,97
14,576
2018
14,00
14,10
12,95
2019
9,00
15,88
15,33
2020
18,5
22,60
20,86
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
52
k) Tableau des variables choisies pour l’analyse économétrique
Années TxMM
1990
186,8
TxINF
81,3
TxCE
-6,57
TxID
45
TxRO
55
1991
2234,2
2154,44
-8,42
55
55
1992
4111,5
4129,17
-10,5
55
55
1993
3300
1986,9
-13,47
95
2
1994
7743,14
23773,13 -3,9
145
2
1995
1996
325
536,3
541,91
492,44
0,7
-1,02
125
238
2
2
1997
1998
1999
51,9
157,9
363,3
198,52
29,15
284,89
-5,62
-1,62
-4,27
13
22
120
2
2
2
2000
504,1
513,91
-6,91
120
2
2001
228,1
359,91
-2,1
140
2
2002
28,1
31,52
2,95
24
2
2003
31,7
12,87
5,58
8
2
2004
70,8
3,99
6,74
14
2
2005
24,7
21,32
6,14
28,75
2
2006
57,7
13,05
5,32
40
4
2007
50,6
16,95
6,26
22,5
4
2008
58,2
17,3
6,23
40
5
2009
48,2
2,8
2,86
70
7
2010
30,1
7,1
7,11
22
7
2011
21,5
15,32
6,87
20
7
2012
20,8
9,72
7,09
4
7
2013
17,7
0,81
8,48
3
8
2014
12,6
1,03
9,47
2
2
2015
10,5
0,82
6,92
2
2
2016
21,8
23,6
2,4
7
2
2017
2018
2019
2020
Source :
39,9
54,71
3,7
20
2
28,4
7,23
5,8
14
2
24,5
4,59
4,4
18,5
12,5
9,8
15,76
1,7
18,5
12,5
Auteur, sur base des données collectées.
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
53
l) Signification Conjointe des paramètres
Wald Tes t:
Equation: Untitled
Tes t Statis tic
F-s tatis tic
Chi-s quare
Value
df
Probability
74.29130
297.1652
(4, 26)
4
0.0000
0.0000
Null Hypothes is : C(2)=C(3)=C(4)=C(5)=0
Null Hypothes is Sum m ary:
Norm alized Res triction (= 0)
C(2)
C(3)
C(4)
C(5)
Value
Std. Err.
-77.71653
-1.286309
0.315966
9.405658
21.29660
2.106001
0.022929
7.147905
Res trictions are linear in coefficients .
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
54
Table des matières
REMERCIEMENTS .....................................................................................................................................ii
Epigraphie ...........................................................................................................................................iii
Liste des Sigles et Abréviations ........................................................................................... iv
0.1. PROBLEMATIQUE ......................................................................................................................... 1
0.2. OBJECTIFS .................................................................................................................................. 3
0.3. HYPOTHESES ................................................................................................................................ 3
0.4. CHOIX ET INTERET DU SUJET ............................................................................................... 3
0.5. METHODOLOGIE............................................................................................................................ 4
0.6. CANEVAS....................................................................................................................................... 4
CHAPITRE 1. CONSIDERATIONS THEORIQUES ................................................................................ 5
Section 1. Analyse du concept Politique Monétaire ..................................................... 5
1.1. Définitions .............................................................................................................................. 5
1.2. Objectifs de la politique monétaire ......................................................................... 5
1.2.1. Objectifs finaux .............................................................................................................. 5
1.2.2. Objectifs intermédiaires ............................................................................................. 6
1.3. Types de politique monétaire ......................................................................................... 6
1.3.1. Types de politique monétaire selon l’objectif ............................................... 7
a) La politique monétaire expansionniste ......................................................................... 7
b) La politique monétaire restrictive ................................................................................ 7
1.3.2. Types de politique monétaire selon l’agressivité du mécanisme ............ 7
a) La politique monétaire conventionnelle ....................................................................... 7
b) La politique monétaire non conventionnelle .............................................................. 7
1.4. Instruments de la politique monétaire ..................................................................... 8
1.4.1. Instruments conventionnels de la politique monétaire ................................ 8
a) Le taux d’escompte ou taux directeur (prime rate); ............................................. 8
b) La politique d’Open Market ................................................................................................. 8
c) Le système des réserves obligatoires. ......................................................................... 9
d) Le mécanisme tendant à réguler la quantité et la qualité des crédits ..... 9
1.4.2. Instruments non conventionnels de la politique monétaire ....................... 9
1.5. Canaux de transmission de la Politique Monétaire ........................................... 10
1.5.1. Canaux de transmission de la politique monétaire ...................................... 10
1.5.2. Canaux de transmission de la politique monétaire non .............................. 11
1.6. Optimalité, Efficacité, et contrainte de crédibilité de la PM .............. 12
a) Optimalité de Politique Monétaire ................................................................................ 12
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
55
b) L’efficacité .............................................................................................................................. 12
c) Contrainte de Crédibilité de la Politique Monétaire......................................... 13
Section 2. Approche Théorique ............................................................................................... 15
2.1.
La pensée keynésienne ................................................................................................. 15
2.2.
La pensée de Friedman ................................................................................................. 15
2.3.
La pensée de Robert Lucas ........................................................................................ 16
2.4.
La pensée des nouveaux Keynésiens ....................................................................... 16
Chapitre 2. PRESENTATION DU CADRE DE L’ETUDE .............................................................. 17
2.1. Environnement macroéconomique .................................................................................... 17
1.1.
Taux de croissance économique ............................................................................... 17
Graphique 2.1. : Evolution du taux de croissance économique de la
R.D.C. de 1990 à 2020
1.2.
17
Taux d’investissement privé .................................................................................... 18
Graphique 2.2. : Evolution du taux d’Investissement privé entre 1990
2020
1.3.
et
18
Taux d’inflation ............................................................................................................ 19
Graphique 2.3. : Evolution du taux d’inflation en R.D.C. entre 1990 et 2020
............................................................................................................................................................... 20
SECTION 2. L’ENVIRONNEMENT FINANCIER ................................................................................ 21
2.2. Environnement financier en RDC .................................................................................. 21
2.2.1. Le système financier formel .................................................................................... 21
2.2.2. Le système financier informel ................................................................................ 22
2.3. Analyse de quelques indicateurs financiers ........................................................ 22
2.3.1. Le taux d’Intérêt .......................................................................................................... 22
Graphique 2.4. : Evolution du taux d’intérêt nominal en RDC de 1990 à 2020
............................................................................................................................................................... 22
2.3.2. Le taux d’Epargne .......................................................................................................... 23
Graphique 2.5. : Evolution du taux d’épargne en RDC de 1990 à 2020 .............. 23
2.3.3. Ratio M2/P.I.B. ............................................................................................................... 24
Graphique 2.6. : Evolution du ratio M2/PIB entre 1990 et 2020 ......................... 25
Section 3. Analyse de politique Monétaire en RDC de 1990 à 2020 ..................... 25
1.
La période de 1960 à 1971 ............................................................................................ 25
2.
La période de 1971 à 1990 ............................................................................................ 26
3.
La période de 1990 à 2001 ............................................................................................ 26
4.
La période de 2001
à nos jours ............................................................................... 26
CHAPITRE.3. ANALYSE DE L’EFFICACITE DE LA POLITIQUE MONETAIRE EN RDC .......... 28
Section 1. Présentation des études empiriques ............................................................ 28
LUSE KINSIONA Jason, Efficacité de la politique monétaire en RDC
56
Section 2. Présentation du modèle et analyse des résultats ................................ 32
2.1. Présentation du modèle .................................................................................................... 32
1. Modèle économétrique ............................................................................................................ 32
2. Explication des variables.................................................................................................. 32
2.2. Analyse descriptive des données ................................................................................ 33
1. Sources des données ............................................................................................................... 33
2. Analyse descriptive ............................................................................................................... 33
Tableau 3.1. Statistique descriptive des variables ................................................. 34
Section 3. Présentation et discussion des résultats ............................................... 35
3.1. Présentation des résultats ........................................................................................... 35
Tableau 3.2. Résultats des Estimations ............................................................................ 35
3.2. Interprétation et discussion des résultats ........................................................ 35
1. Interprétation des résultats ........................................................................................... 35
2. Discussion des résultats .................................................................................................... 36
CONCLUSION GENERALE ..................................................................................................................... 37
BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................................. 39
ANNEXES................................................................................................................................................ 42
Table des matières ....................................................................................................................... 54
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