I.3.2 Algorithme diagnostique recommandé par l'OMS
F. C, A. M
C’est encore une pratique fréquente dans de nombreux pays
que la femme d’un couple infécond soit explorée, et parfois
même traitée, avant que son partenaire ne soit évalué. Dans
d'autres cas, le clinicien (habituellement le gynécologue, par-
fois le médecin généraliste) a demandé la réalisation d’une
analyse du sperme dès le début de l’exploration du couple.
Pour établir le diagnostic de l'homme infécond, une appro-
che systématique doit mise en oeuvre, et il est recommandé
de remplir le questionnaire avec exactitude et de noter les ré-
sultats de l’examen clinique. Ceci évitera de laisser passer des
détails qui peuvent être d'une importance cruciale et peuvent
complètement modi er la prise en charge et le pronostic de
certains couples (p. ex. e et des bains chauds ou de l’abus d’al-
cool).
Une fois que toutes les informations auront été rassem-
blées, elles seront introduites par le clinicien dans l'algorithme
(Fig. I.3.2), qui est destiné à faciliter le processus diagnostique
et qui aboutira à un ou plusieurs diagnostics appropriés, en
accord avec les critères objectifs des di érentes catégories dia-
gnostiques.
Il est clair que l'homme peut avoir des problèmes d'érection
et/ou de pénétration, ou qu’il peut ne pas être en mesure de
déposer son sperme dans le vagin à la période appropriée du
cycle. Il existe plusieurs raisons à l’insu sance sexuelle et/ou
éjaculatoire, qui doivent être explorées et traitées chaque fois
que possible. Dans ces cas, le diagnostic de dysfonction sexuel-
le et éjaculatoire est approprié, et un traitement doit être mis
en oeuvre indépendamment de la qualité des spermatozoïdes.
Néanmoins, une analyse de sperme doit être réalisée, si le sper-
me peut être obtenu, car le résultat de cette analyse in uencera
la prise en charge de l'infécondité. De plus, une dysfonction
sexuelle ou éjaculatoire peut ne pas avoir été détectée à l'in-
terrogatoire, et peut être révélée par un test post-coïtal négatif
de façon répétée, avec absence de spermatozoïdes malgré leur
présence à l'analyse de sperme.
Si les fonctions sexuelle et éjaculatoire sont normales et que
les rapports ont lieu à une fréquence adéquate et au moment
opportun, l'analyse du sperme prend une importance fonda-
mentale.
Indépendamment des caractéristiques des spermatozoïdes
(concentration, mobilité et morphologie), la présence d'an-
ticorps anti-spermatozoïdes (AAS) sur des spermatozoïdes
mobiles amènera le diagnostic de cause immunologique.
Dans ce cas, la prise en charge dépendra de plusieurs facteurs,
dont le type d'anticorps et les autres caractéristiques des sper-
matozoïdes.
Si les fonctions sexuelles et éjaculatoires sont normales et
qu’aucun anticorps anti-spermatozoïde n'est détecté, le dia-
gnostic et la prise en charge seront totalement dépendantes
du résultat de l'analyse de sperme. Si les caractéristiques des
spermatozoïdes sont meilleures que les limites de référence,
de possibles anomalies du plasma séminal peuvent être im-
pliquées, telles qu'une viscosité augmentée, une liquéfaction
anormale ou un volume anormal de d'éjaculat. Dans ces cas, la
catégorie diagnostique d’anomalies isolées du plasma séminal
est applicable, et il est recommandé de réaliser un test post-
coïtal. Si ce test révèle un nombre normal de spermatozoï-
des mobiles, l'anomalie isolée du plasma séminal ne sera pas
considérée comme la cause de l'infécondité du couple. Si le test
est anormal, on pourra considérer que l’anomalie du plasma
séminal contribue bien au problème d'infécondité, ce qui per-
mettra un traitement approprié.
La mise en évidence de caractéristiques anormales des
spermatozoïdes doit induire une recherche des facteurs étio-
logiques, systématique et conforme à l'état de l'art. Les infor-
mations obtenues par le recueil des antécédents sont souvent
d'une importance primordiale pour le diagnostic de facteurs
iatrogènes, de causes générales et congénitales, et de lésions
testiculaires acquises. Les diagnostics de varicocèle, d'infection
des glandes accessoires mâles, et de causes endocrines sont
principalement basés sur l’examen clinique et les explorations
complémentaires.
En cas de fonction sexuelle et éjaculatoire normales et de
paramètres spermatiques anormaux, mais sans facteur étiolo-
gique démontrable, la classi cation d’idiopathique est appli-
quée. Il convient d’insister sur le fait que cette dernière classi-
cation exige l'exclusion formelle de toutes les causes possibles
ou probables.
Si des spermatozoïdes sont présents dans l'éjaculat, la classi-
cation diagnostique sera soit d’oligozoospermie idiopathique,
d’asthénozoospermie idiopathique, ou de tératozoospermie
idiopathique, ou de toute combinaison possible de celles-ci.
Cette classi cation est pertinente pour la prédiction de la pro-
babilité de conception spontanée, et pour le choix du traite-
ment. Le terme « cryptozoospermie » est utilisé pour la situa-
tion où l’on n’observe pas de spermatozoïdes dans le sperme
frais, alors que quelques spermatozoïdes sont détectés dans le
culot de centrifugation. La conduite à tenir dans ce groupe est
la même qu’en cas d’oligozoospermie idiopathique.
Si aucun spermatozoïde n'est détecté, ni dans le sperme frais,
ni après centrifugation, on parle d’azoospermie. En l’absence
de toute cause démontrable de l'absence de spermatozoïdes, la
classi cation en idiopathique est acceptée. La distinction entre
azoospermie obstructive et azoospermie testiculaire primitive
nécessite le recours à des investigations complémentaires.
Les diagnostics de qualité anormale du sper-
me idiopathique (oligospermie et/ou asthénospermie
et/ou tératozoospermie ou azoospermie) ne peuvent jamais
être associés à un diagnostic étiologique quel qu’il soit, mais
de nombreux diagnostics étiologiques peuvent être combinés,
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