L'Eucharistie "Jésus leur dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez son sang, vous n’avez point la vie en vous-mêmes." (Jn 6, 53). A la suite de ce discours, "beaucoup de ses disciples s'en allèrent et cessèrent de marcher avec lui" (Jn 6, 66). On les comprend ! Ils avaient suivi Jésus, certains depuis le début. Beaucoup le suivaient pour voir de près les guérisons qu'il accomplissait. Les mêmes, et d'autres, étaient admiratifs de ses paroles qui semblaient annoncer une libération, sans trop savoir de quelle libération il était question. Mais voilà maintenant qu'il tient un discours de cannibale ! Cet homme est dangereux: méfions nous! Seuls certains d'entre eux (les Douze) ont vécu - mais bien après - ce qui a pu leur apparaître comme un début d'explication: ils ont vécu la Cène, le dernier repas. "Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant: Prenez, mangez, ceci est mon corps. Il prit ensuite une coupe; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant: "Buvez-en tous; car ceci est mon sang" (Mt 26, 26-27) Ce serait donc cela, son Corps, ce morceau de pain, cette coupe de vin ? Ce serait l'explication de ses paroles scandaleuses entendues dans la synagogue ? De quoi sont-ils faits, ce pain et ce vin, si ordinaires? "Fruits de la terre et du travail des hommes", entend-on dire par le prêtre au moment de l'offertoire, au milieu de la messe. C'est un fruit de la terre, en effet. Cette terre où s'enracinent le blé et la vigne pour y puiser ce qui est nécessaire à leur croissance. Cette terre qui nous est donnée dès notre naissance, don permanent de Dieu à l'humanité. Le travail des hommes n'est pas absent de ce fruit: il a bien fallu semer, planter, entretenir, récolter, moudre le blé, presser le raisin, élaborer ces nourritures et les acheminer avant de les consommer. "Prenez et mangez, ceci est mon corps, …mon sang….". On touche ici à l'extraordinaire mystère de l'unification de l'homme avec Dieu. "Faites ceci en mémoire de moi": ce que nous mangeons en communiant, ce pain issu de la terre et de notre travail, c'est aussi son corps, corps de Dieu – homme, pas un Dieu dans les nuages, mais Dieu présent dans notre humanité. Ce n'est plus un discours de cannibale. Ce sont des paroles qui explicitent ce à quoi nous sommes appelés: devenir Dieu ! Le prêtre l'exprime d'ailleurs quand il prononce ces paroles en versant un peu d'eau dans le calice: "Comme cette eau se mêle au vin, puissions nous être unis à la divinité de celui qui a pris notre humanité". "Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi, et je demeure en lui. Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. C’est ici le pain qui est descendu du ciel. Il n’en est pas comme de vos pères qui ont mangé la manne et qui sont morts: celui qui mange ce pain vivra éternellement." (Jn 6, 54-58) Cette vie qui nous attend après la résurrection reste à nos yeux bien mystérieuse. "Je crois à la résurrection de la chair…".Une chair qui comme celle du Christ ressuscité entre dans une pièce, portes fermées, tout en étant capable de manger un morceau de poisson grillé (Mt 24, 36-42). Seigneur, augmente en nous la foi en cette vie éternelle, incompréhensible à nos yeux! JLP 29/04/2012