Associée au départ à la volonté de recueillir des traces et des témoignages des cultures dites

Telechargé par Manuel Neves
Associée au départ à la volonté de recueillir des traces et des
témoignages des cultures dites "populaires", "traditionnelles"
ou "régionales" (comme des plus lointaines), l’ethnologie s’est
trouvée progressivement impliquée dans la politique de
démocratisation de la Culture. Notamment pour prendre en
compte la dimension sociale du Patrimoine, pour rendre
légitimes des demandes venant de groupes qui n’avaient pas
droit de cité auparavant, ainsi que certaines formes de
revendication du local dans le contexte historique de la
décentralisation.
L’une des missions du conseiller en charge de ce domaine,
sans tomber dans un relativisme excessif, est par conséquent
de promouvoir des critères d’appréciation quelque peu
changeants (1). En référence à d’autres acceptions de la
notion de culture, en faisant valoir la richesse et la complexité
de significations propres à des genres moins valorisés, en
s’attachant à la question de la réception des œuvres, de leur
consommation très différenciée selon les milieux ou de leurs
modes de partage radicalement transformés dans les
dernières décennies (2).
Le développement de l’intérêt porté au patrimoine ethnologique a pu être considérable,
à travers, pêle-mêle :
la sauvegarde et la restauration du patrimoine bâti rural
ou celle du patrimoine industriel ;
la multiplication des écomusées et des "musées de
société" ;
l’édition régionaliste (ou bien à vocation plus largement
anthropologique) ;
le succès des musiques traditionnelles et autres
"musiques du monde" ;
le renouveau du conte traditionnel et l’attention
désormais portée aux sources orales, notamment par le
recueil de la mémoire dans de nombreuses
communautés ;
la redécouverte des anciens savoir-faire, tant pour les
artisanats traditionnels que pour certaines fabrications
alimentaires, ou bien pour l’entretien des paysages ;
la place faite aux cultures immigrées ou à certains
aspects des cultures urbaines ;
enfin, ce qu’il est convenu d’appeler, au terme d’une
récente convention de l’Unesco, le Patrimoine culturel
immatériel.
On comprendra qu’un champ d’initiatives aussi diffus, qui
rassemble les marges des anciens domaines académiques,
sans légitimité vraiment acquise, ne soit pas régi par des
procédures de reconnaissance et de soutien, voire des
règlements comme il en existe dans beaucoup d’autres
secteurs de la Culture. Ce genre de choses ou de pratiques
"ordinaires" ne justifie au fond d’une attention qu’en fonction
des recommandations ou des revendications des
communautés qui en demeurent dépositaires, et par l’effet
d’une "demande sociale" qui continue à les faire vivre.
Le corollaire est naturellement que de semblables
manifestations ne peuvent être figées, qu’elles sont amenées
à se recréer en permanence. Au point que d’autres prenant
forme sous nos yeux justifient un égal intérêt. (Situation
évidement très différente de ce qui vaut pour le monument, la
trace enfouie ou le trésor artistique). Aussi la démarche
consiste-t-elle avant tout ici en un effort d’étude, c'est-à-dire
de description et de compréhension, d’analyse des
significations elles-mêmes changeantes qui peuvent se nouer
autour d’un élément (3).
La tâche du conseiller, dans ces conditions, est de relier les
initiatives des chercheurs (universitaires, doctorants, érudits
ou parfois simples amateurs) et celles d’institutions culturelles
très variées : musées, centres d’archives, associations plus
ou moins spécialisées, outre les collectivités locales, bien
entendu, et notamment les parcs naturels régionaux.
La célébration de ce patrimoine au contact d’un public très
large consiste pour l’essentiel en publications, conférences,
documents audio-visuels et expositions.
__________
1 - L’influence de l’ethnologie a d’ailleurs été souvent critiquée
comme une espèce de dévoiement au regard des exigences
de "L’exception culturelle" (selon une interprétation des
Lumières en vérité un peu tronquée).
2 - Soit en gros le parti que l’anthropologue Michel de Certeau
avait intitulé en son temps La culture au pluriel, dans un essai
assez célèbre qui avait lui-même fait suite à une commande
du ministère Duhamel en vue d’une redéfinition des objectifs
de la politique culturelle.
3 - Sa "patrimonialisation" pour recourir à un néologisme que
les ethnologues ont largement contribué à répandre.
Contact
Yvon Hamon,
conseiller pour l'ethnologie et le patrimoine immatériel
yvon.hamon[@]culture.gouv.fr
Tél. 05 67 73 20 35
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