34
L’art du trading
© Groupe Eyrolles
Spontanément, l’individu va sélectionner les secteurs les plus pro-
metteurs ou ceux pour lesquels il dispose des compétences les plus
élevées. Pour ce faire, il va s’efforcer d’offrir le meilleur produit ou
service possible afin de s’attirer les faveurs de ses clients, ce qui
bénéficiera indirectement aux autres, même si telle n’était pas
l’intention de départ.
Ainsi, les opérations des agents, en apparence indépendantes les unes
des autres, seraient coordonnées par une « main invisible » qui per-
mettrait de réaliser l’intérêt général. La recherche de l’enrichissement
personnel profite au bien-être global puisqu’elle incite à la création
de nouvelles entreprises, à embaucher, à donner le meilleur de soi-
même et au final à dynamiser l’activité économique :
« L’individu, en travaillant pour son intérêt personnel, travaille de manière
bien plus efficace pour l’intérêt général que s’il avait réellement l’intention
d’y travailler
1
. »
Dans ces conditions, le rôle de l’État doit se limiter aux fonctions
dites « régaliennes » (police, armée, justice) et dans une certaine
mesure à la construction de routes, de ponts et de certaines infras-
tructures publiques. En effet, il est difficile d’empêcher l’utilisation
par une personne d’une infrastructure publique, car comment lui
faire payer cette prestation
2
? Dès lors, sans intervention de l’État,
de nombreux biens publics (éclairage public, route, éducation etc.)
ne seraient pas produits. Cette approche est néanmoins contestée
par certains économistes ultralibéraux qui considèrent que tout
peut être privatisé (l’exemple le plus célèbre est celui des droits à
polluer de Ronald Coase, prix Nobel d’économie en 1991). Ainsi,
l’État ne doit en aucun cas intervenir dans la sphère privée, ni inter-
férer avec les mécanismes de marché qui vont naturellement
amener l’économie vers une situation optimale.
Pour résumer
Pour les économistes classiques, le meilleur moyen de propulser l’intérêt
général est de favoriser l’initiative individuelle. Cette approche met en
avant la liberté des individus, mais aussi l’individualisme, comme facteurs
déterminants dans l’accroissement du bien-être de la société.
1. M. Montoussé,
Théories économiques
, Éditions Bréal, 1999.
2. Dans cette optique, il aurait fallu établir des péages partout, ce qui est inconce-
vable et surtout peu économique.