o Sont-elles toutes autant motivées ? Ont-elles le même modèle de carrière que les
hommes ? Ce modèle est-il lié à celui des hommes et au poids des représentations qu’ils
ont d’elles ?
o En quels termes les femmes cadres parlent-elles de leur travail, de leur carrière, de leur
entreprise ?
o Comment gèrent-elles les conflits ?
o Comment font-elles passer leurs idées ?
o En quoi se montrent-elles différentes des autres cadres ?
o Comment se projettent-elles dans leur avenir professionnel et personnel ?
o Quelles places les organisations réservent-elles aux femmes lorsque les enjeux de
pouvoir sont importants ?
Pour tenter de répondre à ces questions nous avons utilisé d’une part des échelles
d’évaluations personnologiques et relationnelles, d’autre part des entretiens semi directifs.
Quarante huit cadres féminins et masculins d’une multinationale se sont positionnés sur les
échelles et ont participé aux entretiens individuels.
La tradition psychosociologique s’accorde à dire que les individus s’attachent à expliquer
les conduites d’autrui par l’intermédiaire de traits caractéristiques (Beauvois, 1994). Ces
descriptions psychologiques sont avant tout structurées par la valeur attribuée aux personnes
décrites. Le principe de telles descriptions a donné lieu à la conception d’échelles
d’évaluation, destinées à caractériser la perception que les individus entretiennent les uns sur
les autres et la perception des rapports sociaux qui les lient entre eux. Ces échelles permettent
de comprendre la dynamique des processus de catégorisation sociale et des relations inter-
groupes qui leur sont associées. Elles font apparaître, par exemple, les processus de
favoritisme pour l’intra-groupe et de discrimination à l’égard du hors groupe, elles permettent
de repérer à quel groupe de travail les salariés des entreprises s’identifient. Dans notre cas
précis, il s’agit d’évaluer la façon dont les cadres féminins et masculins se perçoivent
mutuellement et comment ils s’identifient à la catégorie plus général des cadres de leur
entreprise.
L’échelle d’évaluation des individus que nous utilisons se compose de 20 mots-traits
(par exemple autoritaire, naïf, ambitieux, cultivé…), allant du registre le plus négatif au plus
positif (Bazoumana & Belle, 1986). L’utilisation de cette échelle est particulièrement simple
et rapide puisqu’il s’agit de demander aux individus de choisir parmi les mots de la liste ceux
qui caractérisent le mieux une personne ou un groupe cible. Selon les conditions
expérimentales, les sujets avaient une des trois consignes suivantes : choisir les adjectifs qui
caractérisent les mieux (1) les cadres masculins ; (2) les cadres féminins ou (3) les cadres de
l’entreprise.
L’échelle d’évaluation des rapports sociaux a, quant à elle, pour objectif de déterminer
avec quel groupe les rapports sociaux sont perçus comme aisés, convenables ou difficiles. Elle
comporte une liste d’items (paternalisme, tolérance, tension, collaboration…) et selon les
conditions expérimentales, les sujets avaient une des trois consignes suivantes : choisir les
mots qui caractérisent le mieux les relations (1) entre les cadres masculins ; (2) entre les
cadres féminins ; (3) entre les cadres masculins et les cadres féminins dans l’entreprise.
Pour les deux types d’échelles la comparaison des réponses selon le sexe de
l’interviewé et la cible sur laquelle porte l’évaluation permet de faire apparaître les points de
saillance des perceptions croisées. Nous avons analysé les résultats sur la base de 4
indicateurs : poids, densité, dispersion, nombre d’items choisis. L’analyse des résultats met,
par exemple, en évidence qu’un cadre masculin est décrit par les hommes et les femmes
cadres à l’aide de traits caractéristiques d’un cadre, alors qu’un cadre féminin est décrit avec
les traits caractéristiques d’une femme. Ces résultats sont discutés dans le cadre conceptuel
des groupes collection et agrégat (Lorenzi-Cioldi, 2002). Enfin, les résultas quantitatifs