4
chapitres ont toujours le même titre. Nous y reviendrons.
Tous ont donc le même droit à la parole. Mais avant de nous
intéresser au dire de chacun des personnages, nous
commencerons par le péritexte du roman, en l’occurrence le
titre du roman lui-même, les titres des chapitres, et ce à
travers une étude toponymique et anthroponymique :
I. Analyse toponymique et anthroponymique :
Le titre : Les gens du Balto
Notre premier contact avec les signes linguistiques dans Les
gens du Balto, et plus généralement dans tout texte, se déroule
lors de la lecture du titre, qui est, entre autres, l’un des
constituants du péritexte. Le lecteur, via l’intitulé, se forge une
première idée de ce que pourrait éventuellement être le
contenu du livre et la lecture vient, par la suite, confirmer,
modifier ou compléter cette idée. Notre titre nous place
d’emblée dans un univers particulier par l’emploi de l’indéfini
« les gens » et d’un nom propre Balto.
Balto : En France », de nombreux bars-tabacs portaient ce
nom qui vient d’une marque de cigarettes blondes « Balto »
que la Société d’exploitation industrielle des tabacs et des
allumettes (la SEITA) commercialisait. La SEITA dans les
années 1950-1970 apportait une aide financière aux cafetiers
en difficulté et en contrepartie imposait aux créanciers de
changer le nom de leur établissement et d’utiliser le nom d’une
des marques des cigarettes qu’elle vendait, évidemment pour
faire de la publicité. Les cafés portant ce nom en France ont été
nombreux et le plus souvent situés dans des quartiers
populaires. Le Balto marque déjà un hors-temps puisque la
marque elle-même n’existe plus et un lieu, quartier populaire
mais qui, dans ce roman, s’apparente à une sorte de « hors-
lieu », nous y reviendrons.
Les gens : l’emploi de ce substantif collectif interpelle. Ce
nom signifie « personnes en nombre indéterminé considéré
collectivement ». Ce terme renverrait donc par cette
indétermination linguistique et sémantique à une
indétermination sociale ; le titre qui met en exergue le nom du
café permet tout de même de renvoyer ainsi « les gens » à une
certaine classe de personnes, en l’occurrence les habitués du
café. Le milieu défavorisé, populaire, transparait déjà dans le
titre et, nous allons le voir, ainsi que dans les surnoms des
personnages.
Les noms et surnoms des personnages:
Joël, dit Jojo, dit Patinoire : Joël est le patron assassiné.
Le premier surnom hypocoristique est censé être affectueux,
mais en français il existe la formule familière « affreux jojo »