Libéralisme — Wikipédia

Telechargé par Yirwaya Alexis Kinda
Libéralisme
doctrine politique et économique
Le libéralisme est un courant de pensée qui prône la défense des droits
individuels (isonomie, liberté, sécurité, propriété…), au nom d'une vision fondée
sur l'individu et la coopération volontaire entre les humains. Le système libéral
repose donc sur la responsabilité individuelle.
Le libéralisme repose sur l’idée que chaque être humain possède des droits
fondamentaux qu'aucun pouvoir n'a le droit de violer. En conséquence, les
libéraux veulent limiter les obligations sociales imposées par le pouvoir et plus
généralement le système social au profit du libre choix de chaque individu. Le
libéralisme repose sur un précepte moral qui s'oppose à l'assujettissement, d'
découlent une philosophie et une organisation de la vie en société permettant à
chaque individu de jouir d'un maximum de liberté, notamment en matière
économique. Pour les libéraux, la dichotomie entre «libéralisme économique»
et «libéralisme politique» est artificielle, elle permet de définir plus
précisément ce qu’est la liberté appliquée à des domaines différents.
Au sens large, le libéralisme prône une société fondée sur la liberté
d'expression des individus dans le respect du droit, du pluralisme et du libre
échange des idées. La satisfaction et l'expression libre de l'intérêt de chacun
permet une société qui valorise les meilleures adaptations. Elle doit joindre,
d'une part, dans le domaine économique, l'initiative privée, la libre concurrence
et son corollaire l'économie de marché, et d'autre part, dans le domaine
politique, des pouvoirs politiques encadrés par la loi librement débattue, et des
contre-pouvoirs. Elle valorise ainsi le mérite comme fondement de la hiérarchie.
Cela suppose idéalement un État de droit où sont respectées les minorités
jusqu'à la plus petite, l'individu; l'État n'étant que le garant de ce respect et
devant rendre des comptes de son action. Cette position théorique implique le
respect du pluralisme et une adaptation aux évolutions sociales.
La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix (1830).
Au libéralisme classique fondé davantage sur la liberté en tant que droit négatif
(protection contre la coercition directe du souverain), s'oppose parfois le
libéralisme social fondé sur la liberté en tant que droit positif (protection exigée
du souverain contre la misère matérielle ou la pression morale communautaire,
quitte à accorder au souverain un droit de coercition sociale à cette fin). Ainsi le
libéralisme peut se manifester de diverses façons, parfois opposées. Le libéral
peut être suivant le cas celui qui exige de l'État qu'il brise un traditionalisme
religieux ou social oppresseur pour l'individu (caste, statuts, discriminations et
privilèges…), celui qui défend la liberté de pratiquer une religion ou une tradition,
celui qui demande que l'État intervienne pour redonner une véritable capacité
d'action économique (bridée par un monopole, la pauvreté, le manque
d'éducation, de crédit ou autre), ou encore celui qui s'oppose à l'intervention du
pouvoir (dans le respect de l'initiative privée, de la libre concurrence, de l’égalité
de traitement…).
Les limites à fixer à l'action de l'État, ainsi que les modalités de l'action
publique, notamment aux rôles respectifs de l'action administrative et de la loi,
sont donc sujets à débat au sein même du libéralisme. La plupart des libéraux
considèrent que l'action de l'État est nécessaire à la protection des libertés
individuelles, dans le cadre de ses fonctions régaliennes, et nombre d'entre eux
(comme Adam Smith, Raymond Aron, Karl Popper ou Benedetto Croce)
acceptent et même recommandent certaines interventions de l'État dans
l'économie, notamment en matière de contrôle et de régulation. À l'opposé, les
libertariens de tendance anarcho-capitaliste refusent à l'État toute légitimité
dans quelque domaine que ce soit.
La «glorieuse révolution» anglaise de 1688, la révolution américaine et la
révolution française de 1789 sont en partie les conséquences concrètes de
réflexions libérales sur le plan politique.
Les penseurs libéraux se réclament de l'héritage de la pensée antique et
médiévale. Néanmoins, c'est à partir du esiècle que le libéralisme se
développe autour de certains penseurs, dont Locke, Montesquieu, Turgot et
Adam Smith.
Origine et usage moderne du terme
L'adjectif libéral existait avant le néologisme libéralisme. Le terme libéral
désignait auparavant notamment les arts libéraux. Le néologisme libéralisme
est forgé par un parti des liberales aux Cortes en Espagne en 1812[1]. Le mot
libéralisme fait dans la langue française son apparition au début du
esiècle[2]. On le trouve sous la plume de Maine de Biran dès 1818[3] qui le
définit comme «une doctrine favorable au développement des libertés[3].» Le
Concepts centraux
La statue de la Liberté à New York.
mot entre en 1823 dans le Dictionnaire universel de la langue française ou dans
le lexique de Pierre-Claude-Victor Boiste.
De nos jours, en France, le terme de libéralisme est utilisé dans des sens
différents. En partie à la faveur de ce flou sémantique, le libéralisme est l’objet
de controverses nombreuses et souvent violentes qui résultent souvent d’un
désaccord sur le sens même du terme.
Aux États-Unis, on appelle liberal les défenseurs des idées progressistes
éventuellement sympathisants du Parti démocrate. Ce sont des progressistes
comparables aux sociaux-démocrates européens, ce qui les place à la gauche,
voire à l'extrême gauche de l'échiquier politique américain: ils mettent l'accent
sur la liberté de mœurs et les droits civils. L'usage est différent en Europe, les
Britanniques désignant par exemple par classical liberals les libéraux classiques
et les Allemands par liberal les mêmes personnes. En français notamment, le
qualificatif «libéral» sert aujourd'hui à désigner une personne favorable à la
liberté d'entreprendre, à la protection de la propriété et à la limitation du poids
de l'État. Les personnes qualifiées de néolibéraux sont en fait des
néoclassiques, dont les représentants les plus célèbres sont notamment
Friedman.
Concept de droits naturels, fondement du libéralisme
Le fondement de la pensée libérale repose sur le droit et en particulier sur le
droit naturel. Selon cette théorie, chaque être humain est seul maître de lui-
même et possède des droits fondamentaux et inaliénables qui découlent de sa
simple existence et sont inhérents à la nature humaine, indépendamment des
structures sociales dans lesquelles il est inséré. Ces droits sont le droit à la
liberté d'expression, la liberté de circulation, le droit à la propriété privée, la
liberté de réunion ou de choisir son métier. Du droit à la vie découlent le droit de
légitime défense contre toute agression, le droit à la sûreté et le droit de
résistance à l’oppression. Il existe une conception classique du droit naturel,
défendue par les libéraux-conservateurs et reposant sur la liberté positive[4].
La définition de la liberté individuelle est celle de l'article 4 de la Déclaration des
droits de l'homme et du citoyen de 1789:
«La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui: ainsi,
l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui
assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes
droits.»
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, interprétée comme un rappel du droit naturel.
Certains philosophes des Lumières lui préfèrent la définition suivante:
«La liberté est l'autorisation de n'obéir à aucune autre loi extérieure que celles
auxquelles j'ai pu donner mon assentiment» (Kant, note de la 2esection de
Vers la paix perpétuelle).
La liberté se traduit par le droit pour chacun d'agir comme il le décide afin de
poursuivre ses objectifs propres par ses moyens propres, d'échanger, de
s’associer et de contracter librement, de s'exprimer librement et de choisir
librement ses sources d’information.
Le droit de propriété est le droit pour chaque individu de disposer à sa guise du
fruit de son activité et des richesses qu'il a créées ou acquises de façon
légitime, ainsi que de s’approprier toute chose (par exemple l’espace qu’il
occupe ou l’air qu’il respire) qui n'est pas déjà la propriété d'un autre individu.
Ces droits ont un caractère universel. Ils sont applicables à tous les êtres
humains, à tout moment et en tout lieu, ce qui fonde l’égalité en droit.
Un droit naturel se distingue d'un droit positif en ce que son exercice ne
suppose rien quant à l’action d’autres personnes et qu'il ne découle pas d'une
définition législative. «Personnalité, Liberté, Propriété [...] sont antérieures et
supérieures à toute législation humaine.» (Bastiat)
La thèse libérale et moderne des droits naturels est largement développée par
John Locke. De cette théorie est issue la conception moderne des droits de
l'homme qui a fourni historiquement une partie de la justification idéologique
de la Révolution américaine et de la Révolution française.
Cependant, la théorie des droits naturels a été vigoureusement contestée par
Jeremy Bentham et John Stuart Mill. Selon ces deux auteurs, les principes du
libéralisme ne ressortissent pas au respect de droits naturels dont Bentham et
Mill nient par ailleurs l'existence, mais à la contribution de la liberté à notre
bonheur. Pour les utilitaristes, une société heureuse est une société libre où
chacun vit comme il l'entend tant que cela ne nuit pas à autrui. C'est le principe
de non-nuisance développé par J.S. Mill dans son De la liberté. L'utilitarisme
pense donc que les sociétés libérales sont celles qui maximisent notre
bonheur.
On voit dès lors où se situe la différence entre l'école libérale des droits naturels
dont Kant est un des représentants les plus marquants, et le libéralisme
utilitariste. L'utilitarisme admettra par exemple le sacrifice de certains au
bonheur du plus grand nombre tandis que le libéralisme d'obédience kantienne
tiendra la vie humaine pour sacrée et inaliénable puisque le respect absolu de
la vie d'autrui est imposée par le droit naturel. La question se pose alors de
savoir si une démocratie libérale a le droit d'enrôler ses citoyens lorsqu'elle est
en danger. Faute d'envisager des cas tels que la guerre, la théorie libérale des
droits naturels s'interdit de penser le rôle de l'État (dont la version extrême
libertarienne conteste du reste la légitimité) dans les relations internationales.
Inversement, l'utilitarisme libéral peut courir le danger grave de justifier les
raisonnements du type la fin justifie les moyens. Jusqu'où a-t-on le droit de
sacrifier le bonheur de certains au bonheur du plus grand nombre? Ou bien
encore: y a-t-il place pour l'eugénisme dans une société libérale?
Conséquence éthique du concept de droit naturel
La morale libérale peut se résumer par un seul précepte: Tu ne violeras pas les
droits naturels d’un autre être humain. Elle laisse chacun libre de choisir ses
propres fins, ses propres moyens et sa propre morale, dans la mesure où il
nempêche pas les autres d’en faire autant.
Réciproquement, ces droits impliquent des obligations qui forment le noyau
d'une morale personnelle. Ils impliquent l’interdiction de toute agression contre
l’intégrité de la personne, du meurtre, du vol et de l’esclavage sous toutes leurs
formes, et de toute forme de dictature. Ils commandent la tolérance à l'égard
des idées, des croyances et des actes d'autrui.
À part cela, le libéralisme ne prescrit aucun comportement particulier au niveau
individuel. Il considère que la morale et les religions sont hors de son domaine
et se borne à interdire l’usage de la contrainte en matière religieuse ou morale,
comme dans toutes les autres matières. La responsabilité, inséparable de la
liberté et de la propriété, dit que chaque individu doit supporter les
conséquences de ses actions, bonnes ou mauvaises. C'est une condition de la
liberté: si autrui devenait responsable de nos actions, il devrait acquérir
l'autorité pour nous imposer ses vues et donc restreindre notre liberté (un peu
comme le ferait un parent envers son enfant). C'est aussi une composante de la
sûreté d'autrui.
La notion de liberté est liée à celle d'égalité en droit: la liberté des autres
implique de leur reconnaître les mêmes droits que ceux qu'on s'accorde. Pour
les libéraux, tous les êtres humains doivent être traités comme des égaux
quelles que soient leurs différences.
Le libéralisme n'est pas l'anomie ou l'immoralisme entendus comme absence
de règles de droits. Le droit est formé d’une part par le droit naturel, et d’autre
part par le droit positif qui est le produit des contrats passés entre les individus.
Droit naturel, fondement du droit positif
Le droit positif se distingue du droit naturel. Il est l'ensemble des règles et
normes législatives établies par les êtres humains[5]. Or, selon la théorie libérale
du droit naturel, le droit positif doit s'appuyer sur les principes du droit naturel.
Cela signifie que les lois doivent respecter les droits fondamentaux et naturels
des individus.
Hegel explique que le droit naturel est abstrait. Il s'agit dès lors, de donner une
réalité matérielle au droit[6].
Les positivistes rejettent cependant cette conception libérale des droits
fondamentaux.
Les libéraux classiques se méfient de l'État et font davantage confiance aux
corps intermédiaires[7].
Précurseurs du libéralisme, de l'Antiquité à la Renaissance
Lhumanisme de la Renaissance modifie profondément la définition du rapport
de l'homme à la création, au pouvoir, à l'éducation ou au religieux. Il en va du
même des protestantismes, opposant la Providence au libre-arbitre. La fidélité
à l'ordre de la tradition est remise en cause par la Réforme au profit de
l'arbitrage de la raison de l'individu éclairé. La religion devient alors une affaire
privée, ce qui favorise son déclin dans l'organisation politique de l'occident.
Leo Strauss considère que le libéralisme moderne tire ses racines de la pensée
philosophique antique[8]. Socrate est le premier à formuler officiellement des
idées libérales[9].
Histoire
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