La terre ballerine
« Mattias ! », appela-t-elle avec le peu de voix qui lui restait.
« Mattias ! », tenta-t-elle de nouveau. Mais le silence était si
grand qu’elle commença à penser au pire. À ce moment, elle
sentit une grande faiblesse la parcourir et s’écroula,
recroquevillée sur elle-même.
Tandis qu’elle restait ainsi, les yeux fermés, en position fœtale,
elle perçut un bruissement qui venait de loin. Elle s’éveilla,
s’assit et répéta : « Mattias ? » Elle s’était trompée ou avait mal
entendu. Elle se recroquevilla à nouveau, en pensant à ce qu’elle
allait faire, et quand elle entendit le bruissement plus
distinctement, plus proche, elle eut peur. Elle se leva et resta
ainsi, comme une statue de sel, attendant que quelque chose se
passe. C’est alors qu’elle le vit arriver, rampant sous la poutre.
D’abord la tête velue, puis les pattes et enfin la queue. C’était un
chien, plutôt un chiot, couleur miel, plein de poussière ! Ils se
regardèrent, curieux et effrayés. Finalement, Soleil prit les
devants, s’accroupit et l’appela : « Viens, n’aie pas peur ! »
Cette créature tremblante lui remplissait le cœur d’une nouvelle
espérance. Le chiot s’approcha, la queue basse, et Soleil put
sentir son haleine chaude. « D’où viens-tu ? Comment
t’appelles-tu ? » Soleil le pressait de questions pendant que
l’animal agitait la queue si fortement qu’il semblait vouloir
s’envoler.
« Je t’appellerai Miel, ça te plaît ? », demanda Soleil en lui
caressant la tête. Le chien, reconnaissant, s’était couché sur le
ventre et la regardait avec des yeux langoureux. « Maintenant,
nous sommes trois : moi, Lilli et toi. Mais nous avons beaucoup
de choses à faire et nous ne pouvons pas rester ici, tu le sais ?
D’abord, nous devons chercher Mattias. Il était près de moi
quand c’est arrivé, il ne peut pas être très loin. Nous devons
aussi chercher à manger et de l’eau. Peut-être devrons-nous
creuser, mais tu m’aideras, non ? Ensuite, nous devons suivre ce
tunnel, je ne sais pas combien de temps, mais au bout il y a de la
lumière et de l’air. Nous n’avons pas beaucoup de temps, alors,
allons-y ! » Miel sauta sur ses pattes, prêt à la suivre.
Soleil avançait précautionneusement à travers les décombres
cherchant à passer en dessous ou au-dessus, comme elle avait vu
faire les athlètes dans les compétitions de slalom sur la neige.
Elle pensa à ses montagnes, celles qui entouraient son village, et
ressentit une nostalgie brûlante. Elles étaient là dehors, peut-être
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