la terre ballerine

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Stefania Vastano
La terre ballerine
Traduit de l’italien
et illustré par
Madeleine Racimor
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La terre ballerine
2
Il était une fois, dans un petit village, une petite maison très
très gracieuse. Dans cette maison vivait une famille petite mais
très très unie.
Le papa, la maman et le petit Mattias avaient tellement désiré
une petite fille, qu’après de nombreuses années, elle s’était
décidée à arriver. Et, comme elle naquit au lever du soleil, ils
l’appelèrent Soleil.
L’enfant avait les yeux bleus et ses cheveux étaient des fils
dorés. Elle grandit, entourée d’amour, de baisers et de paroles
douces qui remplissaient ses journées insouciantes, faites de
jeux et de curieuses questions.
« Maman, demandait Soleil, finit le jour ? Papa, est partie
grand-mère ? » Les parents accueillaient les questions de la
petite avec patience, essayant de répondre du mieux qu’ils
pouvaient.
Quand elle commença à aller à l’école, Soleil reçut de nouvelles
réponses de la part de sa maîtresse, qui, patiemment, écoutait
tous ses écoliers. Pour la petite fille, les journées étaient comme
l’un des colliers que sa mère portait, une succession de perles
lumineuses.
Pourtant, elle avait peur la nuit, parfois, parce qu’il y avait trop
d’ombres. Alors, elle demandait à sa maman de laisser la
lumière de la table de nuit allumée et la maman le faisait.
D’autres nuits, quand ses rêves étaient trop confus, Soleil
courait dans la chambre de ses parents pour se réfugier près
d’eux et retrouver sa sérénité.
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Mais une nuit, alors que tout le village était endormi, Soleil et
Mattias furent réveillés par un grondement inconnu. La fillette
s’assit sur son lit qui tremblait comme une feuille au vent, même
le lampadaire et les meubles oscillaient comme des feuilles, la
pièce entière bougeait dans une danse fantomatique.
Tandis que Soleil, paralysée de peur, tentait de fuir, elle entendit
la voix de sa mère qui criait : « Le tremblement de terre ! Le
tremblement de terre ! Mattias, Soleil, mes petits. » Puis, le
silence retomba.
Qui sait combien d’heures elle était restée blottie dans le
noir. Finalement, lorsqu’elle ouvrit les yeux lentement, elle se
mit à hurler d’épouvante : « Maman, papa ! » Mais elle ne reçut
aucune réponse. Elle commença à tousser parce que quelque
chose lui brûlait la gorge. Elle bougea, avec précaution, comme
elle avait l’habitude de le faire au réveil, se frotta les yeux et
dirigea son regard vers le haut, instinctivement. Un rai de
lumière filtrait, comme provenant d’une fenêtre aux persiennes
semi fermées, mais c’était un trou et non une fenêtre. Elle vit
une sorte de tunnel dans lequel elle pouvait se faufiler.
Combien de temps avait passé depuis cet horrible grondement ?
Et pourquoi maman et papa ne répondaient-ils pas ? Dans ce
grand silence, quelques voix indistinctes commençaient à
poindre à la surface, jusqu’à ce que, juste au-dessus de sa tête,
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elle perçut un va-et-vient continu, frénétique, de pas et de voix,
de machines.
« Le tremblement de terre », avait dit la maman. Une parole qui
s’était ancrée dans son esprit pour toujours. Là-dessous, elle
réussissait à peine à respirer, tout était poussière et terre. Elle
trébucha sur quelques objets connus : des pantoufles, des
couvertures, des morceaux de verre, sa poupée même, restée
enveloppée dans sa couverture, intacte. La retrouver réveilla une
plaie dans son cœur qui semblait avoir cessé de battre.
« Lilli ! », s’exclama-t-elle, la serrant fortement sur sa poitrine.
Lilli la regardait, avec ses grands yeux verts et Soleil comprit
qu’elle voulait lui dire quelque chose. « Qu’est-il arrivé ? Tu ne
sais pas ? », lui demanda-t-elle, inquiète. « Le tremblement de
terre, tu te souviens de ce qu’avait dit maman ? Maintenant nous
devons sortir d’ici, tout le monde doit me chercher ». Puis, d’un
coup, elle se souvint de son frère, qui, certainement, ne devait
pas être loin. « Mattias ! Eh Matti, es-tu ? », appela-t-elle en
hurlant du plus fort qu’elle pouvait alors que sa gorge continuait
de la brûler.
Elle essaya de bouger au milieu de tout ce fatras, mais c’était
comme un château de cartes, comme ceux que faisait sa maman
dans ses moments de repos, et tout tombait à chaque léger
soupir. Elle dut inventer un moyen pour ne pas se blesser. Elle
imagina qu’elle faisait partie d’un grand puzzle, comme ceux
qu’elle aimait tant et qu’elle avait assemblés tant de fois,
lentement. Elle fit appel à toute sa patience pour déplacer les
objets qui la surplombaient, un à un, pas à pas. Comme chaque
objet était imbriqué dans un autre, elle ne devait pas les bouger
tous ensemble. Seulement ainsi, peut-être, pourrait-elle arriver
au bout du tunnel.
Devant elle se trouvait une poutre de bois recouverte de
plâtres, de pierres et de beaucoup de poussière. Elle la respirait
depuis quelques heures déjà, mais le temps là-dessous s’était
arrêté. Comment pourrait-elle déplacer des choses si lourdes ?
Elle fut prise d’une terreur indicible, se sentant tout à coup seule
et abandonnée.
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« Mattias ! », appela-t-elle avec le peu de voix qui lui restait.
« Mattias ! », tenta-t-elle de nouveau. Mais le silence était si
grand qu’elle commença à penser au pire. À ce moment, elle
sentit une grande faiblesse la parcourir et s’écroula,
recroquevillée sur elle-même.
Tandis qu’elle restait ainsi, les yeux fermés, en position fœtale,
elle perçut un bruissement qui venait de loin. Elle s’éveilla,
s’assit et répéta : « Mattias ? » Elle s’était trompée ou avait mal
entendu. Elle se recroquevilla à nouveau, en pensant à ce qu’elle
allait faire, et quand elle entendit le bruissement plus
distinctement, plus proche, elle eut peur. Elle se leva et resta
ainsi, comme une statue de sel, attendant que quelque chose se
passe. C’est alors qu’elle le vit arriver, rampant sous la poutre.
D’abord la tête velue, puis les pattes et enfin la queue. C’était un
chien, plutôt un chiot, couleur miel, plein de poussière ! Ils se
regardèrent, curieux et effrayés. Finalement, Soleil prit les
devants, s’accroupit et l’appela : « Viens, n’aie pas peur ! »
Cette créature tremblante lui remplissait le cœur d’une nouvelle
espérance. Le chiot s’approcha, la queue basse, et Soleil put
sentir son haleine chaude. « D’où viens-tu ? Comment
t’appelles-tu ? » Soleil le pressait de questions pendant que
l’animal agitait la queue si fortement qu’il semblait vouloir
s’envoler.
« Je t’appellerai Miel, ça te plaît ? », demanda Soleil en lui
caressant la tête. Le chien, reconnaissant, s’était couché sur le
ventre et la regardait avec des yeux langoureux. « Maintenant,
nous sommes trois : moi, Lilli et toi. Mais nous avons beaucoup
de choses à faire et nous ne pouvons pas rester ici, tu le sais ?
D’abord, nous devons chercher Mattias. Il était près de moi
quand c’est arrivé, il ne peut pas être très loin. Nous devons
aussi chercher à manger et de l’eau. Peut-être devrons-nous
creuser, mais tu m’aideras, non ? Ensuite, nous devons suivre ce
tunnel, je ne sais pas combien de temps, mais au bout il y a de la
lumière et de l’air. Nous n’avons pas beaucoup de temps, alors,
allons-y ! » Miel sauta sur ses pattes, prêt à la suivre.
Soleil avançait précautionneusement à travers les décombres
cherchant à passer en dessous ou au-dessus, comme elle avait vu
faire les athlètes dans les compétitions de slalom sur la neige.
Elle pensa à ses montagnes, celles qui entouraient son village, et
ressentit une nostalgie brûlante. Elles étaient là dehors, peut-être
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