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La participation des F.F.I. à la libération des Alpes-Maritimes

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Cahiers de la Méditerranée
La participation des F.F.I. à la libération des Alpes-Maritimes
Joseph Girard
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Girard Joseph. La participation des F.F.I. à la libération des Alpes-Maritimes. In: Cahiers de la Méditerranée, n°12, 1, 1976. la
Libération des Alpes-Maritimes. pp. 17-28;
doi : https://doi.org/10.3406/camed.1976.1418
https://www.persee.fr/doc/camed_0395-9317_1976_num_12_1_1418
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/C
LA PARTICIPATION DES F.F.I A LA LIBERATION DES
ALPES -MARI TIKE S
Notre propos sera l'étude de la participation des
F.F.I, à la libération du département des Alpes-Maritimes, de juin
1944 à avril 1945.
On voudra bien pardonner l'énoncé du titre : comme
on le sait les F.F.I, ont été dissoutes le 28 août 1944 par
décret du Général de GAULLE. Mais le raccourci volontaire nous
permet de grouper, dans notre pensée, le combat qu'ont mené les
F.F.I, dans les maquis, glorieux combattants sans uniforme,
jusqu'au mois d'août 1944 et ceux auxquels ont été associés les
troupes organisées, nées du maquis, bientôt intégrées à la 1ère
D.F.L. et qui ont conduit à la libération totale du département,
de septembre 1944 à avril 1945.
Les F.F.I, sont nées de l'unification, sous une même
autorité, des organisations militaires des grands mouvements de
Résistance.
Au début de 1944, nous nous trouvons en présence,
dans Les Alpes-Maritimes, de trois grandes organisations
militaires :
- d'abord ce qui s'appellera plus tard les C.F.L.
(Corps francs de la Libération, nés de la fusion de l'Armée
secrète, des Groupes Francs et du service maquis des M.U.R.)
- ensuite, les F. T. P., organisation militaire du
Front National.
- Enfin, l'O.R.A. (Organisation de résistance de
l'armée) .
18
-
Un état- major national F.F.I, va être mis en place
en février 44 ; Le suivront des états-majors régionaux, puis
départementaux. Dans les Alpes-Maritimes, le chef de l'état-major
départemental sera MELIN, un colonel d'aviation.
MELIN va tenter d'organiser le département. Son
organisation sera celle prévue par l'O.R.A. : division des AlpesMaritimes en trois secteurs, eux-mêmes divisés en sous-secteurs.
A leur tête, la plupart du temps, des militaires de carrière de
l'O.R.A. Les chefs de secteur sont chargés de recruter des
hommes, stocker des vivres, des vêtements, des armes, de pourvoir
chaque secteur d'un ou plusieurs terrains de parachutage.
Les difficultés seront énormes. Viendront s'y
ajouter celles nées d'un manque certain de cohésion, ainsi que les
problèmes politiques nés des rapports entre le comité
départemental de la Libération et l'état-major F.F.I.
Cependant, les responsables des formations sont
Informes des consignes à tenir et des plans à mettre en oeuvre
le jour du débarquement. Le plan vert prévoyait quatre coupures
de voies ferrées. Le plan rouge prévoyait les rassemblements des
effectifs : les Niçois dans le massif du Férion, les Cannois et
Antibois dans les bois de. Fégomas et Peymeinade, les Grassois
dans le Cheiron et 1 'Audiberghe . Le 5 juin à 20 heures, la
B . B » C d i f. f u s e 1 e s nie s s a g e s d ! ex ë c u t i o n d e s p 1 a n s, signes d ? un
débarquement allié, quelque part sur les côtes françaises.
Nous n'entrerons pas dans la querelle née de
l'interprétation et de l'application des consignes du 5 juin.
Rien ne se produisit le 6 juin sur les cotes de Provence.
Devait-on exécuter les plans ? Ce fut l'origine d'un certain
flottement .
Le plan vert (coupures des voies ferrées) fut
partiellement exécuté ; deux coupures sur quatre furent réalisées
sur les voies ferrées Nice-Monaco (par les résistants de Menton)
et Sospel-Coni (par les résistants de Breil) . Quant au plan
rouge, (rassemblement: des résistants) son application fut à l'origine
de graves dissensions dans le commandement F.F.I. MELIN jugea
iipopportun de passer à l'action, aucun des parachutages promis
n'ayant eu lieu, maïs son chef d'E.MyGAUTIER, alias Malherbe
ne fut pas de cet avis .
Les rassemblements furentj la plupart du temps,
un échec : les hommes n'avalent pas de vivres, pas d'armes. Il
fallut se résoudre à les renvoyer dans leurs foyers. Cet échec
devint tragédie pour les résistants niçois : des jeunes lycéens
qui s'étaient rendus dans le Férion et avaient du être renvoyés
-
19
-
chez eux furent arrêtés sur le chemin du retour et fusillés à
Saint Julien du Ver don.
Le conflit va prendre un tour aigu. Plusieurs
estiment que les maquis ont vécu et que seules la résistance en
ville, les actions immédiates sont plus efficaces et moins
dangereuses. Ce sera la désorganisation de l'E.M, F.F.I, laborieux
sèment mis en place par MELIN. Et on va dès lors, entre le mois
de juin et le 15 août 1 944, assister à la mise en place de deux
conceptions de lutte. D'une part l'O.R.A., fidèle à sa conception
de maquis mobilisateurs, va organiser dans le Nord du département
un grand rassemblement de forces. D'autre part, dans les villes,
les F. T. P. et quelques groupes francs vont poursuivre leurs
actions immédiates.
Que va faire l'O.R.A. ? Déjà dans les Basses Alpes,
le chef régional de l'O.R.A. le Commandant IECUYER, alias Sapin,
a provoqué l'insurrection armée de la vallée de l'Ubaye. Sapin
donne à GAUTIER alias Malherbe l'ordre de créer, dans la région
de Beuil, un "quadrilatère de sécurité" où seront rassemblés tous
les maquis qu'il sera possible d'armer.
C'est ce que Malherbe va s'appliquer à faire. Il
rassemble dans la région de Beuil assez d'hommes et d'armes
le 7 juillet 1944 pour pouvoir décréter cette zone en état
d'insurrection. Un vaste quadrilatère délimité en gros par les
vallées haute et moyenne du Var, et celle du Cians, est coupé
de toute communication avec le reste du département. Le drapeau
français à croix de Lorraine y flotte.
Mais les Allemands n'allaient pas laisser s'installer
sans réagir un quadrilatère d'où seraient parties des attaques
menaçant leurs voies de communication. Le 18 juillet ils contreattaquent, poussent jusqu'à Guillaumes qu'ils reprennent. Les
maquis de l'O.R.A. se replient en direction de la Baumette, au Nord
de Péone. Mais les Allemands poussés par le souci de ne pas
dégarnir le littoral devant la menace d'un débarquement, se
replient, laissant en place des petites garnisons à Puget— Théniers,
au Bancairon dans la Tinée auxquelles s'ajoute la garnison de
Saint-Martin-Vésubie .
Mais les Allemands partis, les maquis de l'O.R.A.
reviennent et se réorganisent. Ils reprennent le contrôle du
quadrilatère de Beuil, 1 ' étendent jusqu'à la vallée de la Tinée. A
la veille du débarquement sur les côtes de Provence, les Allemands
ne s'aventurent plus dans le vaste secteur limité au sud par la
20
-
RN 202 et à l'Est par la Tinëe.
Pendant ce temps, la Résistance connaissait dans
les villes d'autres formes d'action. Les groupes francs et les
F. T. P., par leurs sabotages d'usines, de voies ferrées, de lignes
de transport d'électricité, leurs attentats contre les troupes
d'occupation ou les collaborateurs créaient un réel climat
d'insécurité.
Cependant, les organisations militaires souffrent
de l'absence d'unité dans le commandement. Le Comité
départemental de Libération est impuissant à résoudre ce problème. Il
faudra l'arrivée d'une mission interalliée pour que soit
réorganisé à Valberg le nouvel état— major F.F.I. Le chef
départemental en sera LECUYER, alias Sapin, ancien chef regional O.R.A..
qui va garder comme chef d'E.M. GAUTIER alias Malherbe,
également de l'O.R.A. .'Il va s'adjoindre comme sous-chef F.F.I le
chef départemental des F. T. P. JAMME, alias Job. Entre temps,
le 15 août le débarquement a lieu sur les cotes de Provence.
Le nouvel état- major F.F.I, va mettre sur pied un plan
d'opération : faire mouvement vers le sud pour rejoindre au plus tôt
les troupes américaines débarquées et amener la reddition des
garnisons allemandes de Puget-Théniers, du Bancairon, dans la
Tinée et de Saint-Martin Vésubie.
Les troupes américaines débarquées dans la region
qui s'étend de St-Tropez au Dr amont ou parachutées dans la
région du Muy se dirigent immédiatement vers Frëjus et Saint Raphaêl qu'elles occupent. Leur objectif est la vallée du Var
qu'elles doivent border, et la r otite Napoléon qu'elles doivent
couper.
Devant l'avance des troupes alliées, les
Allemands vont refluer vers l'Italie. Le seul axe de circulation
qui leur reste pratiquement est la route littorale, mais leurs
mouvements seront menacés sur le flanc gauche par l'avance des
groupements F.F.I, Cela expliquera la réaction allemande. Pour
assurer, d'une part le passage de leurs troupespar la route
Grasse-Vence qui rejoint le Var au pont de la Manda et d'autre
part le libre courant de la route Nice-Menton, le commandement
allemand se couvrira vers le. Nord par des détachements qui
auront mission d'arrêter l'avance F.F.I, en direction du Sud.
Cette couverture sera aidée à partir du 20 août par l'avança
de troupes allemandes venues d'Italie du Nord qui sont venues
à bout de la résistance des maquis italiens tenant les vallées
de la Stura et du Gesso et qui occuperont les cols frontaliers/
s'installeront dans le massif de l'Authion et se porteront
-
21
-
de là sur Levens . Turini et la Vêsubie.
Les opérations militaires des F.F.I, placées sous
le commandement du nouvel Etat-Major vont donc s'expliquer par les
facteurs exposés ci-dessus. Après avoir amené la reddition des
garnisons allemandes de Puget-Théniers et du Bancairon, les F.F.I^ par
Thorenc, marchent vers Grasse ; par Gréolières et Coursegoules
atteignent bientôt le Loup ; la jonction sera faite avec les
troupes américaines. Un groupe, par le Col Saint-Martin, essaie
d'arriver à Saint-Martin-Vésubie. Un autre s'installe à Plan du
Var. Les F. T. P. ont occupé Levens . Les réactions allemandes sont
vives 1 l'Est du Var.
Il n'est pas dans notre intention d'entrer dans le
détail des opérations qui nous entrainerait trop loin. Remarquons
seulement l'avance relativement aisée des troupes américaines
jusqu'au Var qu'elles atteignent et bordent le 27 août, avec
l'intention de s'y arrêter ; en effet, la mission du Général
commandant la 1ère A.B.T.F. américaine est seulement de couvrir le
flanc droit de la 6ème armée. Il faudra, pour les amener à
franchir le Var, l'action des F.F.I, sur Levens véritable verrou qui
commande le confluent du Var et de la Vésubie où à la demande des
chefs F.F.I, ils franchiront le Var et s'empareront de la ville
de Levens .
Il faudra également le retard mis par la 90ème
division d'infanterie allemande, stationnée dans la vallée du Pô et
dont le but était de venir renforcer la défense le long du Var.
Cette division allemande fut retardée d'au moins quatre jours
par les héroïques combats menés par les maquisards italiens tenant
les cols frontaliers débouchant sur les vallées de la Vësubie et de
la Gordolasque. Il faudra enfin le réel climat d'insécurité créé
dans les villes ,à Nice surtout par les grèves paralysantes, les
attentats qui se multiplient, l'audace des groupes F.F.I, et des
résistants locaux dans la vallée de la Vésubie pour que les
Allemands envisagent d'évacuer la rive, gauche du Var.
.
Le soulèvement niçois du 28 août ne fera que la
précipiter. Le 29 les Américains franchissent le Var, poursuivent
vers Menton qu'ils atteignent le 6 septembre. Sapin va tenter une
offensive qui partant de la Bollène-Vésubie aura pour but de deg ager la forêt de Turini, et si possible, tout le massif de
l'Authîon. Sans appui américain, cette offensive échoue. Les
Allemands évacueront Saint— Mar tin «Vêsubie où les Américains s'installent
le 9 septembre. Les Allemands s'installeront alors solidement dans
le massif de l'Authion, à l'Est d'une ligne partant du col de
Fenestre, passant par Belvédère, Turini, longeant la Bévera jusqu'au pont Saint-Louis, à Menton.
-
22
-
La majeure partie du département a été libérée, on
l'a vu, grâce à l'action des F.F.I, qui ont permis aux Américains
une occupation du terrain avec des risques minimes.
Cependant, pour des raisons dont on ne nous en
voudra pas de ne point les aborder ici, un des premiers actes du
Général de GAULLE ^ President du Gouvernement Provisoire, sera de
dissoudre, par une décision du 28 août 1944, l'état- major national
des F.F.I et tous les organismes de commandement et états— majors
existant à Paris et dans les départements libérés. Ce sera, pour
les résistants, le renoncement à l'espoir fréquemment exprimé
dans la clandestinité, de voir une nouvelle armée française
naître des F.F.I. C'est au contraire à l'amalgame des F.F.I, et des
troupes F.F.L. et armée d'Afrique que vont procéder les chefs
de 1 ' armée .
Nous nous proposerons donc à présent d'examiner
dans quelles conditions les F.F.I. nées du maquis ont été
intégrées dans la première armée française et quelle part les
troupes qui en sont issues ont prise à la libération définitive du
département, soit du début septembre 44 à mars 45.
Le general de division aérienne COCHET, délégué
militaire, pour le théâtre d'opération sud, désigne à la date du
28 août le colonel LANUSSE comme Commandant du Groupe de
Subdivision des Alpes-Mari. times et des Basses-Alpes et le chargea du
commandement F.F.I, de ces deux subdivisions ; le commandant.
LECUYER, chef départemental F.F.I. passait donc, sous les ordres
du colonel LANUSSE. Le général COCHET donna au colonel LANUSSE
la mission d'assurer, en liaison avec les troupes américaines, la
couverture du flanc droit des armées alliées sur les Alpes et
la route de la corniche. II devait profiter de toute occasion
favorable pour progresser jusqu'aux cols. Mais il. lui était
recommandé d'éviter de courir des risques excessifs et en aucun
cas de se lancer à l'attaque de défenses solidement organisées.
Le colonel LANUSSE avait donc à exercer simultanément un
commandement territorial et prendre part aux opérations en liaison
avec la 1ère A.B.T.F. américaine vis à vis de laquelle sa
position était mal définie,
En effets en fait, et ceci est un des premiers
caractères que nous relèverons, le commandement était exercé
par le général américain FREDERIR. Les troupes U.S.
entretenaient des rapports assez cordiaux avec les troupes nées
directement du maquis ; cependant, le peu de confiance qu'ils
avaient en elles les incita à les utiliser, au début, surtout
pour des patrouilles. Les rapports étaient plus tendus entre
-
23
-
Américains et troupes F.F.I, nées, il faut bien le dire,
assez souvent au dernier moment dans les villes. Le colonel
LANUSSE arriva à Nice le 3 septembre. Faisant confiance au
Commandant LECUYER, il le laissa former début septembre cinq
bataillons avec des troupes nées du maquis auxquelles
s'ajoutaient des volontaires.
Estérel 9 (9ème B.C. A.) à Antibes
19
Corniche 24 (24e B.C. A.) Ville.franche2)
Riviera 18 (18ème B.C. A,) à Cannes
14
Corniche 22 (22ème B.C. A.) à Menton 20
Haute Tinée (74ëme B.A.F.) à Nice
20
I compagnie du train à Nice
2
off.
off.
off.
off.
off.
off.
264
383
412
367
441
31
HT
HT
HT
HT
HT
HT
Début octobre LECUYER formera à Nice deux nouveaux
bataillons venant s'ajouter aux précédents.
Riviéra 25 (25 ème B.C. A.)
Estérel 12 (12 ème B.C. A.)
On constatera que chaque nouveau bataillon né du
maquis portait un nom permettant de le rattacher à une unité de
tradition. Pendant ce temps, la défense du front était assurée :
- à l'Est et au Nord de Menton par deux bataillons US
et un détachement français de 350 hommes.
- dans la Vésubie par le 5O9ème bataillon de
parachutistes américains et un détachement français
- dans la Tinée par le 551ème bataillon de
parachutistes américains et un détachement français de 650 hommes.
Ces détachements français étaient ceux solidement
structurés et encadrés qui avaient pu passer directement des
combats du maquis aux combats aux cotés des Américains, en
particulier les compagnies Hochcorn et Morgan. La mise sur pied des
bataillons issus des F.F.I, se heurta dès le début à des
difficultés matérielles et fut ralentie par un conflit entre le général
commandant la 15ème région et le commandement F.F.I, des AlpesMaritimes et des Basses-Alpes. Ce dernier réussit pourtant à
obtenir du général commandant la 1ère armée la constitution d'un
détachement tactique appelé groupement alpin sud (GAS) constitué
de troupes issues des F.F.I. , et faisant partie intégrante de la
1ère armée française.
Quant aux difficultés matérielles, la simple lecture
de quelques extraits d'un rapport daté de janvier 45 les indique :
"le matériel est nettement insuffisant". Si les hommes sont habil-
-
24
-
lés à l'américaine, ils n'ont qu'une tenue, une chemise, un
caleçon, une paire de chaussures ..." L'armement est disparate. Si
un bataillon ne possède que des fusils anglais, les munitions
correspondantes manquent. Ailleurs, il y a 36 catégories d'armes
ramassées au gré des combats. Cependant, le moral est
généralement bon. Venus des différents mouvements de la résistance,
(F. T. P., O.R.A. , C.F.L. maquis italiens); appartenant à différents
partis politiques, maintenant mélangés officiers et hommes se
sont soudes pour former des équipes homogènes, où on parle
surtout de la libération du pays, tout en conservant son idéal. En
général, les résistants se sont unis autour d'un homme, lui ont
fait confiance, se sont battus avec lui. La cohésion de
l'équipe tient souvent à la personnalité du chef. Or, cette cohésion
est mise souvent en péril pour deux raisons i la première,
c'est la délicate homologation des grades F.F.I, et de ceux en
vigueur dans l'armée française. Plus d'un chef maquisard, qui a -:
fait ses preuves, se voit retiré dans l'armée un grade qui
était le sien dans les F.F.I. La deuxième c'est que LECUYER,
fidèle aux conceptions du maquis , a constitué des bataillons à
faible effectif, 350 hommes en moyenne, éminemment maniables,
alors que. l'effectif réglementaire d'un bataillon de marche
est de 799 hommes. Des remarques lui seront faites et des ordres
lui seront donnés de grouper deux à deux les bataillons F.F.I.
pour créer des bataillons réguliers. Mais cette refonte
contribue encore à saper le moral F.F.I. : qui dit refonte dit
nouveaux cadres, nouveaux chefs ; or la cohésion tenait
essentiellement à cet esprit qui rassemblait autour d'un homme d'autres
hommes ; à la discipline née de la persuasion succéda celle de
la contrainte.
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et Roquebilliëre.
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25
-
L'ossature américaine du dispositif de la Tinée
sera constituée par le 551ème bataillon de parachutistes
américains. Le bataillon Corniche 22, en formation à Menton, va être
mis également à la disposition des Américains. Il opérera dans
la région de Sospel. La défense de la Vésubie est assurée par
le 5O9ème bataillon de parachutistes américains et un important
groupe d'Italiens. Par suite du manque de moyens, la cohésion de
ce dispositif laissait à désirer ; les bataillons étaient livrés
à eux-mêmes ; le commandement américain ne s'immisça en rien
dans leur vie intérieure.
Pendant cette période qui s'étend en gros jusqu'au
15 novembre, que se passa-t-il ? L'ennemi possédait de bons
observatoires. Il exécutait des tirs de harcèlement sur les
emplacements occupés. L'activité se borna à l'exécution de patrouilles
dont certaines pénétrèrent en Italie à plusieurs reprises, en
particulier dans les ravins de Castiglione et de Mollières, où
elles poussèrent jusqu'à la Testa de la Rubina et effectuèrent
des destructions.
Des rencontres eurent lieu :
- le 18 septembre à 7 km au N.E. d' Isola (5 disparus)
- le 3 novembre à la Testa de la Rubina (I homme du
bataillon corniche 24 et 4 Américains disparus)
- le 12 au Planet, à 4 km au N.E. d' Isola : 2
prisonniers allemands furent capturés par le
bataillon des volontaires étrangers.
Dans la région de Sospel, l'artillerie américaine
effectue plusieurs bombardements. Les Allemands évacuèrent le 27 oe>
tobre la ville qui fut immédiatement occupée par les Américains et
des éléments du Bataillon Corniche. 22. Vers le 15 novembre,
l'ennemi par suite des chutes de neige, évacua les postes qu'il tenait
sur les crêtes ; le contact devint lâche et l'activité des patrouilr
les se ralentit.
Cette période fut mise à profit pour pousser plus
loin l'organisation des bataillons F.F.I. Du 16 au 21 novembre, la
1ère A.B.T.F. américaine fut relevée par la 44ème demi -brigade
anti-aérienne américaine. De même, le dispositif F.F.I, fut remanié
du 1 au 10 décembre.
- Le groupe de bataillon N° 1 fut groupé dans la
région de Menton
- Le groupe de bataillon N° 2 occupa la Haute Tinée et
la région de Valdeblore
- Le groupe de bataillon N° 3 dans lequel on retrouvait
les Italiens de Nutto, les groupes Corsica et Wolkoff s'organisa dans la vallée de la Vésubie.
-
Beuil.
Un
26
centre d'éclaireurs skieurs fut installe à
Cependant, quelques bataillons F.F.I, continuaient
d'exister avec leur structure d'antan, non régulière de 350
hommes. A la fin du mois de décembre, le général commandant la 15ème
région donna l'ordre de suspendre le ravitaillement et le
paiement de la solde des bataillons non réguliers. Le commandant du
Groupement Alpin Sud décida de conserver au Bataillon de la
Haute Tinêe, constitué d'étrangers» son caractère propre et de
grouper les autres bataillons deux à deux. Les bataillons
perdirent alors leur nom d'origine pour prendre un numéro. Cette
nouvelle refonte fit davantage perdre aux bataillons F.F.I, leur
caractère propre, l'anonymat militaire traditionnel fit des
progrès .
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ejvt p convient de sou-
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27
-
ligner ce fait ,,. : ce sont les Français aidés d'un bataillon
de volontaires étrangers qui s'apprêtent à libérer un des
derniers départements Français encore partiellement occupés et,
parmi ces français, mêlés, nous trouvons les jeunes héros des
maquis aux cotés de ceux qui se sont chargés de gloire en Afrique.
Le secteur va être ainsi réorganisé :
- Le secteur Sud, de Menton au col de Raus est tenu
par l'infanterie de la Division.
- Le secteur Nord, du col de Raus au Nord de SaintEtienne de Tinëe est tenu par les unités rattachées : le 3ème
R.I.A., le 21/15 (volontaires étrangers) et 11/18 régiment de
tirailleurs sénégalais arrivé en renfort, début avril.
Du côté de l'ennemi, le secteur est tenu de Vj'ntimille au Col de Tende par la 34 ème division d'infanterie
allemande avec quelques unités italiennes rattachées. Plus au nord,
par la division LITTORIO italienne.
Le front suit la frontière de Menton à la cime du
Bosc pour englober une portion du territoire français jusqu'à
Saint-Martin-Vësubie et rejoindre ensuite la frontière. La
position essentielle tenue par l'ennemi est le massif de l'Authion,
fortement défendu et d'accès très difficile, ouvrant sur la
vallée de la Roya. L'attaque sera déclenchée le 10 avril 1945. Nous
ne la décrirons pas dans les détails, mais l'on peut imaginer
les souffrances subies et l'héroïsme déployé dans des conditions
climatiques difficiles face à un ennemi solidement accroché au
terrain.
Le 17 avril, soit après une semaine de divers combats,
on note que dans l'ensemble l'ennemi maintient partout une
sérieuse résistance. Il semble vouloir livrer le plus longtemps
possible des combats retardataires sur la rive droite de la Roya
pour lui permettre de s'organiser sur la rive gauche en s ' appuyant
sur la ligne fortifiée italienne.
Mais le mordant du 3ème R.I.A. et du bataillon de
volontaires étrangers a peu à peu raison de la résistance
ennemie. Le 23 avril, les Allemands commencent à décrocher ; en effet
la 5ème et la 8ème Armées américaines avancent en Italie.
L'attaque menée du 10 au 22 avril a amené les troupes françaises jusqu'à
la Roya et a pratiquement libéré le territoire français du
Sud-Est encore occupé par l'ennemi. Seuls, Saorge et Fontan ne
sont pas encore définitivement tenus. Cependant, l'avance
américaine en Italie va obliger l'ennemi à un décrochage général de
l'Italie du Nord. Le 26 avril, Vintimille, Olivetto, San Michèle
Airole, sont occupées et nos éléments s'alignent sur la Roya,
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Fontan et Saorge sont 1 ibères , le col de Tende est atteint. Il
s'agit maintenant d'exploiter la victoire, de pénétrer en
Italie. En raison des destructions, la route du col de Tende est
inutilisable. Le génie de la 1ère D.F.L. va alors accomplir
l'exploit, en dépit des difficultés considérables provenant
du mauvais état de la route et de son étroitesse, des
destructions ennemies auxquelles s'ajoutent d'abondantes chutes de
neige, de rendre praticable en 3 jours la route du col de la
Lombarde, d1 Isola à Viuadio.
La 1ère D.F.L. passe en Italie où les germanofascistes sont en pleine, déroute dans la vallée du Pô.
Les Alpes-Maritimes sont libérées de toute
occupation étrangère, mais à quel prix : entre le 10 et le 29 avril
la division a eu 205 tués et 782 blessés. S'ajoutent à ceux-là
tous ceux qui ont trouve la mort dans les maquis. Les combattants
en uniforme ont rejoint dans la gloire les combattants sans
uniforme-
Joseph GIRARD
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