Motivation: perpectives en formation

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LA MOTIVATION : PERSPECTIVES EN FORMATION
Fabien Fenouillet
Association de Recherche en Soins Infirmiers | « Recherche en soins infirmiers »
2005/4 N° 83 | pages 100 à 109
ISSN 0297-2964
DOI 10.3917/rsi.083.0100
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-recherche-en-soins-infirmiers-2005-4-page-100.htm
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Fabien FENOUILLET
Équipe «Savoirs et rapport au savoir » Équipe daccueil 1589
Parix X Nanterre
LA MOTIVATION : PERSPECTIVES EN FORMATION
RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 83 - DÉCEMBRE 2005
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VARIATION
Quest ce que la motivation ? La réponse à
cette question intéresse tout le monde car cha-
cun espère enfin y trouver le moyen de moti-
ver ses collègues, son équipe, ses élèves ou tout
simplement soi même. Il est vrai que le champ
dapplication de la motivation semble extrê-
mement vaste et varié. La motivation peut
potentiellement expliquer pourquoi vous navez
pas envie daller au travail le matin, pourquoi
les étudiants ne sont pas intéressés par leurs
cours, pourquoi certains élèves sont en échec
scolaire, pourquoi une équipe arrive à atteindre
ses objectifs, etc. Ces quelques exemples mon-
trent toute lambition du champ de la motiva-
tion et permettent également d’établir quelques
constats.
La questions centrale de la motivation est
«pourquoi ». A un premier niveau danalyse la
motivation peut être considérée comme lex-
plication de ce «pourquoi » là. Cependant
nous avons pu constater que ce «pourquoi »
sapplique à des situations aussi riches que
variées.
Dans la mesure où il existe une variété de situa-
tions, se pose la question de linvariabilité de la
motivation. Autrement dit, quelle que soit la
cause, la motivation renvoit-elle à des causes
multiples ou à une cause unique ? Avant de
répondre à cette question, il convient de
constater quil existe à lheure actuelle non pas
une mais des dizaines de théories motivation-
nelles qui chacune vont avancer des causes dif-
férentes pour expliquer la présence ou labsence
de motivation. Face à un paysage théorique aussi
riche il est difficile de supposer que la motiva-
tion puisse avoir une cause unique. La motiva-
tion est donc un phénomène multi-factoriel où
chaque facteur peut, en fonction de la situation,
être déterminant seul ou en relation avec
dautres.
La motivation peut être expliquée un peu
comme les accidents de la route où une multi-
tude de facteurs peuvent rentrer en compte
(vitesse, ceinture de sécurité, état du véhicule
etc). Sur un accident précis lensemble de ces
facteurs se combine mais très souvent lun
dentre eux est prépondérant. Les théories moti-
vationnelles peuvent donc être vues comme
expliquant ces facteurs prépondérants qui dans
une situation donnée vont pouvoir permettre
non seulement de comprendre mais surtout de
prédire la motivation.
Malgré leurs différences, les théories motiva-
tionnelles ont en commun de chercher à expli-
quer ce même résultat qui sans elles peut pas-
ser pour une cause : La motivation. Au-delà des
causes, la motivation est perceptible par un cer-
tain nombre de phénomènes qui peuvent nous
permettre de la cerner et même de la définir.
Selon Vallerand et Thill (1993), «le concept de
motivation représente le construit hypothé-
tique utilisé afin de décrire les forces internes
et/ou externes produisant le déclenchement, la
direction, lintensité et la persistance du com-
portement » (p 18). Les théories motivation-
nelles vont donc chercher à expliquer la ou les
forces qui poussent lindividu à persister là où
il devrait abandonner, à fournir leffort supplé-
mentaire lui permettant datteindre lobjectif
quil sest fixé.
Ces forces, en fonction des théories considé-
rées, peuvent porter des noms différents
comme instinct, besoin, être le fruit dun
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apprentissage ou celui dune réflexion. Certaines théo-
ries vont chercher à comprendre des situations simi-
laires alors que dautres avoir des filiations historiques
et partir dune même conception de base. Il est donc
possible d’établir une catégorisation au moins approxi-
mative des théories motivationnelles.
Dans le cadre de lenseignement, l’échec et la réussite
sont deux questions centrales. Les causes invoquées
pour expliquer l’échec sont généralement leffort et la
compétence de lapprenant. Linsuffisance deffort, para-
mètre sur lequel lenseignant pense avoir plus demprise
que la compétence, est associée à un manque de moti-
vation. De nombreuses théories, dîtes de lexpectation-
valeur, permettent aujourdhui dexpliquer et de pré-
dire labsence ou la présence de motivation dans des
situations où lindividu doit chercher la réussite tout en
évitant l’échec. Nous allons donc en aborder ici
quelques-unes.
Dans un registre assez différent la question de la moti-
vation dans un contexte de formation peut être liée au
choix que fait lindividu. Dans le système scolaire cette
question est plus ou moins éludée du fait de lobliga-
tion scolaire, ce qui pose le problème du sens des
apprentissages. Elle revient au premier plan avec la for-
mation pour adultes où cette fois les individus partici-
pent parce quils lont plus ou moins choisie. Si la ques-
tion du sens est moins présente, là encore chaque
formation comprend des obligations que lindividu doit
remplir. Nous verrons comment la théorie de lauto-
détermination de Deci et Ryan (1985) peut expliquer
lengagement de lindividu.
LES THÉORIES DE L’ÉCHEC ET
DE LA RÉUSSITE.
Dans le système scolaire il est presque impossible
d’évoquer un enseignement sans prendre en compte
son évaluation. La réussite dun enseignement est
dailleurs considérée au travers de cette évaluation.
Cette prééminence de l’évaluation en fait sans doute
le principal moteur de lapprentissage dans un
contexte scolaire ou diplômant. Dans ce contexte,
les étudiants comme les élèves sont dailleurs géné-
ralement beaucoup plus intéressés par les conditions
d’évaluation que par le contenu dun cours. La valeur
accordée à l’évaluation est pour une formation le
meilleur atout de lenseignant pour «motiver » ses
étudiants. Rien de tel par exemple que de menacer
dune interrogation surprise pour avoir tout de suite
un peu plus dattention et de considération pour le
cours. Cependant, cette motivation est sensible à dif-
férents facteurs comme lont montré de nombreuses
théories motivationnelles. Le potentiel motivant de
l’évaluation est conditionné notamment par lexpec-
tation (ou attente) et laspiration de lindividu. Par
exemple si lindividu sattend systématiquement à une
mauvaise note, cette attente va avoir un impact néga-
tif sur lincitation potentielle de l’évaluation. De
même, une note de 14/20 va être considérée comme
très satisfaisante pour un étudiant qui aspire unique-
ment à la moyenne alors quelle va être insatisfaisante
pour un autre qui aspire à la perfection. Dans le pre-
mier cas la satisfaction risque dentraîner un affaiblis-
sement des efforts fournis contrairement au
deuxième cas. Au regard de l’évaluation, la question
de la motivation est donc à reconsidérer en cherchant
à comprendre comment se forgent les attentes de
résultats.
La résignation apprise
La théorie de la résignation apprise (Abramson et al.,
1978) montre que l’échec et la réussite doivent impé-
rativement faire lobjet dun contrôle de la part de lin-
dividu pour ne pas risquer des dérives extrêmement
fâcheuses. Après de multiples études chez lhomme
mais aussi chez lanimal, différents travaux ont ainsi pu
mettre en évidence que face à une situation incontrô-
lable les organismes ont tendance à se résigner. Il est
important de souligner que cest bien lincontrôlabilité
de la situation qui est en cause et non son caractère
aversif.
Dans une étude, Hiroto (1974) a constitué trois
groupes d’étudiants équivalents. Lexpérience se
déroule en 2 phases. Seuls deux groupes, que nous
appellerons «arrête » et «sans effet », sur les trois
passent la première phase de l’étude, le troisième
groupe «passe pas » saute directement à la deuxième
phase. Les étudiants des deux premiers groupes
séjournent, lors de cette première phase, individuel-
lement dans une salle où se trouve un bouton posé
sur une table. Peu après leur arrivée, un bruit fort et
très désagréable, apparaît aléatoirement dans le temps
pendant quelques secondes. Les étudiants du groupe
«arrête » qui appuient sur le bouton arrêtent le bruit
avant son terme (qui ne dépasse pas quelques
secondes). Par contre les étudiants du groupe «sans
effet » nont aucun moyen darrêter le bruit car ils
constatent très rapidement que la pression sur le bou-
ton au milieu de la salle na aucun effet. La deuxième
phase de lexpérience est identique pour les trois
groupes. Lors de cette phase, les étudiants sont invi-
tés à se présenter, toujours individuellement, dans une
autre salle. Cette dernière est équipée dune lampe
rouge et toujours dune table sur laquelle des boutons
«à navette » sont disposés. Ces boutons à navette
coulissent dans un rail qui permet de leur donner dif-
férentes positions.
LA MOTIVATION : PERSPECTIVES EN FORMATION
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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 83 - DÉCEMBRE 2005 101
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Les étudiants sont confrontés à un signal sonore désa-
gréable qui napparaît cette fois que 10 secondes après
lallumage de la lampe rouge.
Cependant si l’étudiant, dés lallumage de la lampe rouge,
trouve la bonne combinaison de touches, alors le signal
sonore na pas le temps dapparaître.
Les résultats de cette étude montrent clairement que
le groupe «arrête » et «passe pas » ont des résultats
similaires. Par contre ceux du groupe «sans effet » sont
extrêmement médiocres. Par exemple, plus de 50% des
étudiants de ce groupe narrivent pas à trouver la bonne
combinaison de touches avant lapparition du signal
sonore. Comparativement, à peine 20% des étudiants
dans les autres groupes narrivent pas à trouver cette
combinaison dans les temps. Même après lapparition
du signal sonore les étudiants du groupe «sans effet »
sont beaucoup plus longs à réagir que les étudiants des
deux autres groupes. Cette différence est attribuée à
lapprentissage de la résignation. Si lapprentissage de
la résignation se produit bien lors de la première phase
et est révélée à la deuxième, il est important de consta-
ter que la résignation nest pas liée à laversion du signal
sonore lors de cette première phase. Si le caractère
désagréable était suffisant pour créer la résignation les
deux groupes «arrête » et «sans effet » auraient dû se
résigner.
Ce nest pas le cas puisque le groupe «arrête » a des
performances identiques au groupe «passe pas ». La
seule distinction entre le groupe «arrête » et le groupe
«sans effet » est liée à la possibilité de contrôler ou
non larrêt du signal sonore lors de la première phase
de lexpérience. Cest lapprentissage de cette incon-
trôlabilité de lenvironnement pour le groupe «sans
effet » qui induit la résignation et dégrade les perfor-
mances de la deuxième phase et ceci uniquement pour
ce groupe.
Pour tester précisément lhypothèse quun stimulus non
aversif pouvait conduire à la résignation, Benson et
Kennelly (1976) ont soumis des individus à des tâches
dîtes de réussite mais incontrôlables. Les individus qui
ne pouvaient contrôler leurs réussites se sont montrés
tout aussi résignés lors de cette étude.
Les effets de la résignation se traduisent par trois défi-
cits : motivationnel, cognitif et émotionnel.
Lexpérience dHiroto (1974) montre un déficit motiva-
tionnel au niveau du retard des réponses des sujets du
groupe résigné car ceux-ci montrent des latences de
réponses beaucoup plus importantes que les autres
groupes. Ce retard dans la réponse a été répliqué chez
lhomme pour ce type de tâche définie comme instru-
mentale (Hiroto & Seligman, 1975), mais aussi sur des
tâches de type cognitif comme la résolution dana-
grammes (Roth & Kubal, 1975). Le déficit cognitif appa-
raît quand les sujets montrent des performances large-
ment amoindries par rapport au groupe contrôle ou aux
groupes qui ont été exposés à des séquences d’événe-
ments aversifs mais contrôlables. Au niveau cognitif
Hartman, Hanusa et Schulz (1977) montrent que les
sujets résignés mettent plus de temps à résoudre un laby-
rinthe et Hiroto et Seligman (1975 ; Tennen & Eller,1977)
saperçoivent que ces mêmes sujets ont besoin de plus
dessais pour résoudre des anagrammes quand ils arri-
vent à les résoudre ; Roth et Kubal (1975) montrent que
ces sujets ont de moins bons scores en utilisant des
puzzles. Au niveau émotionnel, Roth & Kubal (1975)
notent que les sujets résignés se sentent plus frustrés,
dépressifs, plus fâchés à propos de leurs performances
et moins amicaux envers lexpérimentateur. Pittman et
Pittman (1979), pour leur part, montrent que ces mêmes
sujets sont plus dépressifs.
Maier et Seligman (1976), au travers de leur revue de
questions, relèvent que les rats dans la condition din-
contrôlabilité, défèquent plus, sont plus stressés et
font plus dulcères à lestomac, tandis que lhomme a
une pression sanguine plus élevée.
Les études successives chez lhomme ont pu montrer
que lapprentissage de la résignation dépend dans une
large mesure des réflexions que porte lindividu sur
lincontrôlabilité de la situation. En effet, dans une
autre étude Tennen et Eller (1977) ont construit une
situation expérimentale composée de plusieurs
groupes dindividus confrontés à une situation incon-
trôlable. Dans lun de ces groupes les sujets avaient
pour information que lactivité serait très difficile
contrairement à un autre groupe où lexpérimenta-
teur informait les sujets quelle serait très facile. En
dehors de cette information les groupes étaient
confrontés à des situations incontrôlables strictement
identiques. Les résultats de cette étude ont montré
que seuls les sujets du groupe «facile » se sont rési-
gnés. Les individus du groupe «difficile » ont même eu
tendance à se montrer plus motivés que les individus
du groupe contrôle.
Chez lhomme, la confrontation à une situation incon-
trôlable ne suffit donc pas pour comprendre la rési-
gnation de lindividu. Abramson, Seligman et Teasdale
(1978) ont proposé un modèle attributif de la rési-
gnation qui permet de prendre en compte linférence
des individus sur labsence de contrôle. Pour ces
auteurs trois dimensions attributionnelles sont à
prendre en compte :
Dimension interne/externe : Les individus vont se
demander si labsence de contrôle est liée à eux, par
exemple leurs capacités, ou si elle est causée par des
phénomènes extérieurs comme la chance.
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Dimension globale/spécifique : Quand la résigna-
tion apparaît dans toutes les situations, on peut
alors la qualifier de globale, alors que si elle nap-
paraît que dans certaines catégories de situations
alors elle est considérée comme spécifique. Un
individu qui attribue son incapacité de contrôle à
un manque dintelligence produit une attribution
globale. A linverse, sil estime que cette absence
de contrôle est liée à un manque de travail alors il
produit une attribution spécifique.
Dimension stable/temporaire : Si labsence de
contrôle est susceptible de durer sans perspective
de fin alors la résignation est considérée comme
stable. Par contre si la résignation est seulement
transitoire et bien circonscrite dans le temps alors
elle est considérée comme instable. Le manque din-
telligence est un facteur stable alors que le manque
deffort est un facteur transitoire.
Prenons lexemple dune situation où l’étudiant se
retrouve en échec suite à un contrôle. Ce dernier va
chercher à attribuer cet échec à différents facteurs.
Si lindividu estime que cet échec est lié à son état de
paresse générale, il fait une attribution interne, glo-
bale et temporaire. On ne peut dire dans ce cas que
lindividu est résigné. Il lui faut simplement trouver
comment se «motiver » pour espérer faire mieux la
prochaine fois. Deuxième exemple, lindividu estime
que cet échec sexplique par un manque de culture
générale irrécupérable à son âge, il sagit ici dune
attribution interne, globale et stable. Cette fois il
estime quil ne peut rien faire, quil ne peut contrô-
ler la situation, il est donc en résignation apprise. Il
est important de noter que parmi ces trois dimen-
sions, seule la dimension stable/temporaire est liée à
la résignation.
Performance et apprentissage
La formulation théorique de la résignation apprise a
permis très tôt denvisager des solutions pour les
individus résignés. Ces derniers, en fonction du
champ dapplication peuvent avoir des étiquettes dif-
férentes. Dans le cadre du travail par exemple, le
modèle de la résignation apprise sapplique assez bien
aux chômeurs de longue durée et il en va de même
à l’école avec les élèves en situation d’échec scolaire.
Au cours dune expérience, Dweck (1975) a eu lidée
de procéder à un entraînement attributionnel pour
tenter de sortir les élèves de l’échec scolaire. Le prin-
cipe de cette étude consistait à progressivement ame-
ner les enfants résignés à attribuer leurs échecs à un
effort insuffisant plutôt qu’à un manque dhabileté.
Conformément aux hypothèses de Dweck, cet entraî-
nement attributionnel a eu pour effet de créer chez
les enfants résignés une plus grande persistance dans
les activités scolaires et également à avoir de
meilleures performances. Cependant, bien quencou-
rageant, ce type de résultat na pas autant dimpact
que souhaitable. Différentes études ont montré que
la résignation des élèves dépend en grande partie de
la considération de lapprenant envers leffort et la
capacité.
Comme nous avons pu le voir précédemment, la
notion deffort est centrale en enseignement. Cette
notion est systématiquement présente quand lindi-
vidu doit atteindre un certain niveau de performance
ce qui est très souvent le cas dans le système sco-
laire. Certains auteurs ont montré que la relation
entre effort et capacité peut soit protéger de la rési-
gnation soit au contraire en augmenter le risque.
Avant den expliquer la raison, certaines études vont
permettent dexposer clairement la nature de cette
relation.
Dans lune dentre elles, Covington et Omelich (1979)
demandent à des étudiants de répondre à une série
de questions qui examinent la relation entre leffort,
lincompétence, linsatisfaction et la honte. Ces ques-
tions se penchent, dans chacun des cas évoqués pré-
cédemment, sur les raisons susceptibles dexpliquer
un échec à lissue dun examen. Elles proposent à
chaque fois les quatre cas de figures suivants : faible
effort sans excuse, faible effort avec excuse, grand
effort sans excuse et grand effort avec excuse.
Lexcuse invoquée pour un grand effort est que lexa-
men ne porte presque pas sur le cours. Lexcuse pour
un faible effort était que l’étudiant était malade.
Contrairement à toute attente la lecture des résul-
tats montre que lincompétence, linsatisfaction et la
honte sont à chaque fois plus élevées quand leffort
est important quelle que soit lexcuse considérée.
Autrement dit quand un étudiant échoue à un exa-
men il a intérêt à le faire en ayant produit le moins
deffort possible. Ce type de résultats est parfaite-
ment expliqué par Nicholls (1984) dans le cadre dune
conception différenciée où leffort et la capacité sont
inversement proportionnels. Cet auteur a montré
dans différentes études que dans certaines situations
chez ladulte lhabileté est clairement différenciée de
leffort car ces deux causes sont perçues comme
indépendantes pour l’établissement du résultat. Par
contre, chez lenfant leffort, lhabileté et les résultats
ne sont pas différenciés. Cependant, cette dernière
conception est aussi présente chez ladulte dans des
situations où lhabileté ne peut être jugée indépen-
damment de son expérience subjective. Ces deux
conceptions ont des implications majeures sur la
motivation de lindividu.
Lorsque leffort est différencié de la capacité pour
expliquer une performance, ces deux causes sont
inversement impliquées. Par exemple si lapprenant
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