• Dimension globale/spécifique : Quand la résigna-
tion apparaît dans toutes les situations, on peut
alors la qualifier de globale, alors que si elle n’ap-
paraît que dans certaines catégories de situations
alors elle est considérée comme spécifique. Un
individu qui attribue son incapacité de contrôle à
un manque d’intelligence produit une attribution
globale. A l’inverse, s’il estime que cette absence
de contrôle est liée à un manque de travail alors il
produit une attribution spécifique.
• Dimension stable/temporaire : Si l’absence de
contrôle est susceptible de durer sans perspective
de fin alors la résignation est considérée comme
stable. Par contre si la résignation est seulement
transitoire et bien circonscrite dans le temps alors
elle est considérée comme instable. Le manque d’in-
telligence est un facteur stable alors que le manque
d’effort est un facteur transitoire.
Prenons l’exemple d’une situation où l’étudiant se
retrouve en échec suite à un contrôle. Ce dernier va
chercher à attribuer cet échec à différents facteurs.
Si l’individu estime que cet échec est lié à son état de
paresse générale, il fait une attribution interne, glo-
bale et temporaire. On ne peut dire dans ce cas que
l’individu est résigné. Il lui faut simplement trouver
comment se «motiver » pour espérer faire mieux la
prochaine fois. Deuxième exemple, l’individu estime
que cet échec s’explique par un manque de culture
générale irrécupérable à son âge, il s’agit ici d’une
attribution interne, globale et stable. Cette fois il
estime qu’il ne peut rien faire, qu’il ne peut contrô-
ler la situation, il est donc en résignation apprise. Il
est important de noter que parmi ces trois dimen-
sions, seule la dimension stable/temporaire est liée à
la résignation.
Performance et apprentissage
La formulation théorique de la résignation apprise a
permis très tôt d’envisager des solutions pour les
individus résignés. Ces derniers, en fonction du
champ d’application peuvent avoir des étiquettes dif-
férentes. Dans le cadre du travail par exemple, le
modèle de la résignation apprise s’applique assez bien
aux chômeurs de longue durée et il en va de même
à l’école avec les élèves en situation d’échec scolaire.
Au cours d’une expérience, Dweck (1975) a eu l’idée
de procéder à un entraînement attributionnel pour
tenter de sortir les élèves de l’échec scolaire. Le prin-
cipe de cette étude consistait à progressivement ame-
ner les enfants résignés à attribuer leurs échecs à un
effort insuffisant plutôt qu’à un manque d’habileté.
Conformément aux hypothèses de Dweck, cet entraî-
nement attributionnel a eu pour effet de créer chez
les enfants résignés une plus grande persistance dans
les activités scolaires et également à avoir de
meilleures performances. Cependant, bien qu’encou-
rageant, ce type de résultat n’a pas autant d’impact
que souhaitable. Différentes études ont montré que
la résignation des élèves dépend en grande partie de
la considération de l’apprenant envers l’effort et la
capacité.
Comme nous avons pu le voir précédemment, la
notion d’effort est centrale en enseignement. Cette
notion est systématiquement présente quand l’indi-
vidu doit atteindre un certain niveau de performance
ce qui est très souvent le cas dans le système sco-
laire. Certains auteurs ont montré que la relation
entre effort et capacité peut soit protéger de la rési-
gnation soit au contraire en augmenter le risque.
Avant d’en expliquer la raison, certaines études vont
permettent d’exposer clairement la nature de cette
relation.
Dans l’une d’entre elles, Covington et Omelich (1979)
demandent à des étudiants de répondre à une série
de questions qui examinent la relation entre l’effort,
l’incompétence, l’insatisfaction et la honte. Ces ques-
tions se penchent, dans chacun des cas évoqués pré-
cédemment, sur les raisons susceptibles d’expliquer
un échec à l’issue d’un examen. Elles proposent à
chaque fois les quatre cas de figures suivants : faible
effort sans excuse, faible effort avec excuse, grand
effort sans excuse et grand effort avec excuse.
L’excuse invoquée pour un grand effort est que l’exa-
men ne porte presque pas sur le cours. L’excuse pour
un faible effort était que l’étudiant était malade.
Contrairement à toute attente la lecture des résul-
tats montre que l’incompétence, l’insatisfaction et la
honte sont à chaque fois plus élevées quand l’effort
est important quelle que soit l’excuse considérée.
Autrement dit quand un étudiant échoue à un exa-
men il a intérêt à le faire en ayant produit le moins
d’effort possible. Ce type de résultats est parfaite-
ment expliqué par Nicholls (1984) dans le cadre d’une
conception différenciée où l’effort et la capacité sont
inversement proportionnels. Cet auteur a montré
dans différentes études que dans certaines situations
chez l’adulte l’habileté est clairement différenciée de
l’effort car ces deux causes sont perçues comme
indépendantes pour l’établissement du résultat. Par
contre, chez l’enfant l’effort, l’habileté et les résultats
ne sont pas différenciés. Cependant, cette dernière
conception est aussi présente chez l’adulte dans des
situations où l’habileté ne peut être jugée indépen-
damment de son expérience subjective. Ces deux
conceptions ont des implications majeures sur la
motivation de l’individu.
Lorsque l’effort est différencié de la capacité pour
expliquer une performance, ces deux causes sont
inversement impliquées. Par exemple si l’apprenant
LA MOTIVATION : PERSPECTIVES EN FORMATION
VARIATION
RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 83 - DÉCEMBRE 2005 103
© Association de Recherche en Soins Infirmiers | Téléchargé le 14/02/2022 sur www.cairn.info (IP: 85.5.152.124)
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