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1.14. Les déterminants du
comportement alimentaire
1-Les comportements alimentaires dans leur acception large,
c’est-à-dire incluant l’approvisionnement, la préparation, les
conditions du repas et la manière de manger, s’élaborent et
évoluent tout au long de la vie en fonction de nombreux
facteurs dont le poids relatif varie d’un individu à l’autre.
2 Une partie de ces facteurs ou déterminants sont propres à
l’individu comme sa physiologie et sa psychologie. D’autres
concernent son environnement comme les lieux d’achat, la
ressource financière, la pression publicitaire. Enfin une
troisième catégorie concerne les interactions entre individus
comme les facteurs culturels et le milieu social.
3 La prise alimentaire est d’abord régulée par un système
physiologique très sophistiqué dont les manifestations
princeps sont la faim, qui déclenche la recherche d’aliments, et
le rassasiement, qui signale la fin de la prise alimentaire. Cette
régulation s’effectue au cours du repas avec des
compensations d’un repas sur l’autre, mais elle est perturbée
en cas d’ingestion exagérée de graisses et de sucres. Chez les
personnes âgées et les personnes obèses elle peut être altérée,
diminuant chez les uns le potentiel musculaire et chez les
autres la sensation du « ventre plein ». Il a été bien démontré
que le stress entraînait, selon les sujets, une surconsommation
ou au contraire une perte d’appétit et qu’un régime* trop strict
menait à une impulsivité alimentaire* avec des effets de yoyo
néfastes à la santé.
4 La perception plus ou moins consciente de ce que nous
allons manger prépare notre prise alimentaire. Par conséquent
tout élément perturbant le repas comme le bruit, la télévision,
un stress, le nombre de convives, nous entraîne à manger plus.
La mémoire inconsciente de ce que nous avons mangé nous
sert à réguler la prise alimentaire au cours du repas suivant, ce
qui a été démontré chez des sujets souffrant de la maladie
d’Alzheimer capables d’ingérer plusieurs repas successifs
avant de percevoir le rassasiement.
5Notre comportement peut être aussi biaisé par une sousestimation de la taille de la ration liée à la taille de l’assiette, la
forme de l’emballage ou, en restauration rapide, par la gamme
de portions proposée. En ce qui concerne l’aliment, nous
savons que notre désir d’acheter et de le consommer peut être
stimulé par son aspect (packaging), ou son odeur (paquets de
café avec diffuseur).
6La variété des goûts et des textures entre plats nous amène
également à manger plus et plus longtemps, contrairement à la
consommation d’un plat unique plus monotone. A contrario, le
fait de manger lentement à table favorise le rassasiement. Un
aliment riche en protéines ou en fibres favorise également le
rassasiement par rapport à un aliment riche en graisses et en
sucres.
7Naturellement, le « coût » est un élément clef dans nos
comportements. Il inclut le prix de l’aliment, mais aussi
l’effort qui doit être fait pour obtenir cet aliment. Il a été ainsi
montré en Californie que la distance qui sépare l’école d’un
« fast-food » est directement proportionnelle à l’indice de
masse corporelle des enfants !
8Une augmentation de prix affecte à court terme la
consommation, avec un report vers un produit de même nature
mais de prix moindre. En raison du prix, les ménages pauvres
adoptent naturellement un régime riche en calories qui est de
surcroît plus palatable*. Or, ce régime est moins rassasiant et
peut induire des effets néfastes sur la santé.
9L’information est un élément déterminant dans les
comportements alimentaires à différents égards. Tout d’abord,
la notoriété de la marque peut inciter à acheter des produits
coûteux par imitation d’une classe plus aisée et augmente
même le plaisir perçu. La contradiction entre des messages
visant d’un côté à informer le consommateur sur les qualités
nutritionnelles des produits et de l’autre à susciter ses envies
d’acheter induisent chez certains une incompréhension des
messages reçus et une confusion des comportements nuisible à
la santé. Nous avons tous tendance à surévaluer les qualités
d’aliments perçus comme « bons pour la santé » tel le poisson,
et ceci en dépit d’éventuels risques dus à une contamination
par des métaux lourds. Nous avons par contre tendance à sousestimer les inconvénients de certains aliments. Une margarine
riche en oméga-3 reste très calorique et la consommation de
brocolis « n’allégera » pas le super burger sur lequel nous
avons « craqué ».
L’offre promotionnelle de produits souvent
énergétiques est intéressante financièrement,
mais accroît la consommation domestique. De
même, l’apport régulier de fruits à la maison
favorise leur consommation.
11Nous ne sommes que peu conscients du
poids des normes sociales dans nos
comportements. Pourtant les heures des repas,
leur composition, le temps passé à table et la
nature des aliments servis dépendent
étroitement de notre éducation et de notre
milieu social. Le niveau de notre éducation
influence également nos choix alimentaires et
notre écoute des messages nutritionnels*.
L’alimentation des femmes est aussi très
différente entre une société catholique et une
société musulmane car les normes corporelles
y sont radicalement différentes.
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Références
bibliographi
ques
• Voilley A., Etiévant P., Flavour in Food,
Woodhead Publishing Ltd., Cambridge, 2004.
DOI : 10.1533/9781845691400
• Etiévant P., « Le rôle de la perception dans les
plaisirs de la table », Désirs et peurs alimentaires
au XXIesiècle, Proust I. éd. Paris, Dalloz, 2006 :
115-40.
• Etiévant P., « La chimie au service du goût », La Chimie et
l’alimentation pour le bien-être de l’homme, Dinh-Audouin NT et
al. éd. Edition Diffusion Presse Sciences, Paris, 2010 : 101-19.
• Etiévant P. et al., Comportements alimentaires. Choix des
consommateurs et politiques nutritionnelles, Quae, Paris, 2012.
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