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Les destinataires de ce compte rendu sont multiples :
- les familles : rendre compte, par exemple, des progrès des élèves mais aussi du
fonctionnement des écoles et des établissements, sous toutes ses formes : matériel,
organisationnel, pédagogique ;
- certaines composantes du système lui-même : c’est ainsi que les résultats des examens et
de l’orientation sont utilisés pour l’admission des élèves dans des établissements où ils
pourront poursuivre leurs études ;
- les employeurs, pour qui les diplômes obtenus par les élèves et les étudiants jouent un rôle
de signal, et les syndicats, pour qui la question de la reconnaissance des qualifications est
importante ;
- la société, sur l’efficacité du système global et de ses unités fonctionnelles, par exemple les
établissements et les académies, ainsi que sur certains aspects du fonctionnement du
système, en particulier pédagogiques (méthodes, expériences, innovations, réformes…) ; la
presse est alors souvent l’intermédiaire ;
- l’État et les autres pouvoirs publics qui sont les principaux financeurs, notamment à travers
des instances élues : la loi prévoit une transmission des évaluations aux présidents et aux
rapporteurs des commissions compétentes du Parlement.
1.2.2 Être responsable
L’exigence de rendre compte rencontre celle de responsabilité, que les usagers du service
public attendent de chacun de ses agents, en particulier de ceux qui occupent une position de
direction d’une des unités du système : écoles, établissements scolaires et universitaires,
services départementaux, académies. Pour désigner cette mise en responsabilité, les anglo-
saxons emploient d’ailleurs le terme accountability (littéralement, capacité de rendre des
comptes) et ils l’appliquent en particulier aux établissements.
Cependant, en matière éducative, la notion de responsabilité n’est pas simple à cerner et à
mettre en œuvre. La responsabilité d’un acteur implique un objectif à atteindre, la capacité de
décider et mener des actions et, si le résultat n’est pas conforme à l’objectif, une correction ou
une réparation, éventuellement une sanction. Mais en éducation, les résultats ne sont pas
faciles à définir. Ils sont souvent déterminés par le système lui-même : par exemple, les
orientations à la sortie d'un collège dépendent des décisions qui y sont prises, autant que des
connaissances réellement acquises par ses élèves. Dans le cas d’un élève, on peut envisager
un niveau minimum, par exemple celui qui est nécessaire pour obtenir un diplôme, et
l’indicateur est alors la réussite à l’examen ; mais peut-on se contenter du minimum, ne doit-on
pas tendre à ce que l’élève atteigne le maximum de ses capacités… et ce maximum est-il
jamais atteint ? Surtout, le résultat dépend à la fois de l’école et de l’élève. Qui donc est alors
responsable ? Sans doute pas l’élève seul, comme cela a pu être le cas dans les conceptions
d’autrefois où celui qui échouait était considéré soit comme paresseux soit comme incapable ;
mais pas non plus l’enseignant ou l’établissement seul. Une solution qui a longtemps prévalu
est l’obligation de moyens : la responsabilité des enseignants et des établissements portait sur
l’application des règles, pas sur les résultats obtenus. À l’évidence, on demande aujourd’hui
une obligation de résultat, mais elle se heurte au fait que, les élèves n’étant pas les mêmes
partout, on ne peut obtenir partout les mêmes résultats.
Que retenir ? Être responsable, c’est répondre, donc reconnaître ses partenaires, être pour eux
un interlocuteur crédible et, en concertation avec eux, fixer des objectifs ; c’est ensuite apporter
des corrections en fonction des résultats obtenus.
services publics » (Rapport de présentation du décret du 22 janvier 1990 relatif à l’évaluation des politiques publiques).
« L’évaluation d’une politique publique (…) a pour objet d’apprécier (…) l’efficacité de cette politique en comparant ses
résultats aux objectifs assignés et aux moyens mis en œuvre » (décret du 18 novembre 1998).