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Depuis les années 1980 et quasiment jusqu’en 2000, la filière des pro-
ducteurs de PPAM en vente directe est confidentielle. Quelques dizaines
d’« irréductibles simples » dans les montagnes, un « paysan-écolo-néo-druide »
en Bretagne ou bien une paysanne « néo-sorcière » en Bour
gogne, bref nous
sommes une poignée d’invisibles pionniers, passionnés, engagés, amoureuses
et amoureux des plantes, fervents défenseurs et joyeux passeurs des savoirs et
savoir-faire qui sont associés.
La fin du XXe siècle a vu émerger une interminable série de scandales sa-
nitaires. Le secteur industriel et commercial de la santé est paradoxalement
devenu un problème de santé publique. L’Université Paris II a même créé en
2010 un diplôme intitulé « Criminalité pharmaceutique » ! Des multinatio-
nales ont été à l’origine de nombreux accidents, décès et maladies dans la popu-
lation aussi bien que dans les troupeaux, des dizaines de produits d’hygiène et
de santé cancérigènes, mutagènes et polluants ont dégradé l’environnement.
À la suite des scandales répétés, le législateur a dû intervenir.
La France et l’Union européenne ont peu à peu adopté des réglementations
strictes et toujours plus complexes pour tenter de prévenir ces dérives.
Ces réglementations soutenables, voire malheureusement facilement
contournables à l’échelle d’une multinationale, ont commencé à partir de ce
procès à faire rudement sentir leur impact sur les petites fermes, menaçant de
les exclure de fait, soit par des condamnations comme celle de Biotope, soit par
le surcroît de travail et les coûts insupportables de la mise en conformité.
Analyses et tests en laboratoire onéreux, listes limitatives, déclarations, en-
registrements, législations inadaptées, nous nous sommes sentis progressive-
ment acculés par la prolifération de dispositions administratives que nous ne
pouvions plus ignorer.
Que faire quand on en est là ?
Nul n’est censé ignorer la Loi. Certes. Alors chacun doit essayer de la com-
prendre, de rechercher les meilleures adaptations dans le cadre général pour
sa propre situation mais aussi, on l’oublie trop souvent, de tenter de la faire
évoluer.
À travers les jurisprudences, les actions politiques, le lobbying - que nous ne
devrions pas laisser aux seules grandes forces économiques -, les législateurs
prennent acte, amendent et même quelquefois rénovent la Loi en fonction des
nouvelles attentes de la société.