hémolyse et par la présence d’érythroblastes dans la
circulation périphérique, d’où le nom d’érythroblas-
tose [7]. En 1939, Levine et Stetson observent chez
une patiente un anticorps agglutinant les érythro-
cytes du nouveau-né et du père, mais non ceux de
la mère [8]. Ils suggèrent que des antigènes fœtaux
hérités du père ont déclenché une allo-immunisation
lors d’un passage dans la circulation maternelle. En
1940, Landsteiner et Wiener démontrent que l’hé-
téro-immunisation de lapins par des érythrocytes de
Maccaccus Rhesus induit la formation d’un anti-
corps [3, 9]. Cet anticorps semble reconnaître l’an-
tigène mis en évidence par Levine en 1939 et
entraîne une agglutination du sang chez 85 % des
Caucasiens. Les sujets dont le sang s’agglutinait ont
été définis comme Rh+ et les autres Rh–. Par la
suite, Levine a démontré que l’antigène en question
était différent de l’antigène Rhésus. En l’honneur de
Landsteiner et Wiener, Levine a appelé cet antigène
LW. La confusion est survenue du fait que ces anti-
gènes se trouvent sur presque toutes les hématies
humaines, mais sont plus abondants sur les érythro-
cytes Rh+. L’antigène D a été défini par l’anticorps
présent dans le sérum de femmes ayant présenté
dans leurs antécédents une MHP.
En 1941, Levine démontre que les anticorps anti-
D des femmes Rh– sont à l’origine de la MHP. En
1943, Levine relève que lors d’incompatibilité fœto-
maternelle ABO, l’incidence de l’allo-immunisation
Rh est diminuée. En 1944, Halbrecht décrit la pré-
sence d’un ictère néonatal en rapport avec une
immunisation ABO. Depuis lors, de nombreux
autres antigènes immunogènes responsables de
MHP ont été décrits.
PHYSIOPATHOLOGIE DE LA MALADIE
HÉMOLYTIQUE
Lorsque des hématies fœtales passent dans la cir-
culation maternelle, elles peuvent induire la produc-
tion d’anticorps dirigés contre des antigènes de
surface que la mère ne possède pas. La réponse
immunitaire varie selon les individus. Trente à 50 %
des femmes ne développent pas d’anticorps quelle
que soit la quantité de sang fœtal transmise [10-12].
Ces dernières sont qualifiées de « non répon-
deuses ». L’évolution naturelle de la maladie Rhésus
est la suivante : 45 à 50 % des enfants n’ont pas
d’anémie significative à la naissance. Vingt-cinq à
3 0 % ont une anémie modérée avec un risque
important de développer un ictère nucléaire. Dans
ce groupe, la mortalité sans traitement est de 90 %
et chez les survivants, le handicap sévère est la
règle. Vingt à 25 % développent un hydrops avec
mort in utero, survenant une fois sur deux avant la
30esemaine de grossesse [13].
L’antigène D est présent à la surface des globules
rouges de l’embryon dès le 38ejour suivant la
conception [1]. La probabilité de trouver des éry-
throcytes fœtaux dans la circulation maternelle aug-
mente avec la durée de gestation. Une incidence de
28,9 % a été observée durant le 3etrimestre [14]. Le
passage de 0,1 ml de sang est une situation fré-
quente et ce volume peut induire une allo-immuni-
sation chez les femmes les plus sensibles [15]. Un
volume plus important peut passer dans la circula-
tion maternelle, en particulier lors de manœuvres
obstétricales [8]. L’incidence des transfusions de
sang de plus de 10 ml a été évaluée à 0,83 % et
celles de plus de 30 ml à 0,23 % [16] durant la
grossesse, l’accouchement et les manœuvres obsté-
tricales. Plus le volume transfusé est grand, plus le
risque d’alloimmunisation est important [10, 11 ] .
Les premiers anticorps maternels produits sont
des IgM, progressivement remplacés par des IgG
(réponse immune primaire). La réponse primaire se
développe lors d’une grossesse ou d’une transfusion
de sang. Cette réponse primaire est un processus qui
se développe lentement. Les anticorps apparaissent
exceptionnellement avant 4 semaines, habituelle-
ment à 8-9 semaines et parfois ne sont décelables
que 6 mois après le premier contact avec les anti-
gènes étrangers [5]. Il est rare qu’une femme pro-
duise une quantité suffisante d’IgG pour entraîner
une hémolyse significative lors de sa première gros-
sesse.
La réponse secondaire a lieu lors d’une nouvelle
exposition antigénique. Cette réponse est rapide et
de type IgG. Des expositions itératives augmentent
encore la rapidité et la production d’anticorps. Le
passage des IgG maternelles à travers le placenta
associe des mécanismes de diffusion passifs et
actifs. Une fois dans la circulation fœtale, ces anti-
corps se fixent sur les antigènes de membrane cor-
respondants. La destruction des érythrocytes se fait
principalement dans le système réticulo-endothélial,
en particulier dans la rate [17].
Plusieurs hypothèses ont été proposées pour
expliquer le mécanisme de destruction des globules
rouges [18, 19]. Actuellement, le rôle déterminant
des macrophages et des monocytes a été établi [11].
Les macrophages et les monocytes possèdent à leur
surface des récepteurs pour le fragment Fc des IgG
[20]. Un érythrocyte recouvert d’anti-D est immé-
diatement phagocyté par les macrophages et détruit.
D. Wirthner et collaborateurs
© MASSON, Paris, 1998.136