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FSJEG JENDOUBA
NOTES DE COURS DE CROISSANCE ECONOMIQUE
M1 DR
*****************
DEFINITION
La croissance économique mesure l’augmentation de la richesse produite pendant une
période donnée. La richesse produite est mesurée par le PIB.
Le PIB est la somme des VA ; la VA est la différence entre la valeur de la production
et la valeur de la consommation Intermédiaire.
Le taux de croissance correspond au taux de variation entre le produit intérieur brut (PIB) au
début de la période et le PIB à la fin de la période considérée. La croissance est donc
exprimée en pourcentage.
Si la croissance d’un pays est de 1,2 % sur l’année N, cela signifie que le PIB du pays a
enregistré une augmentation de 1,2 % entre la fin de l’année N-1 et la fin de l’année N.
CROISSANCE EN VALEUR ET EN VOLUME
La valeur V = PQ avec P = NGP et Q les quantités physiques produites
L’augmentation du PIB peut être due soit à une augmentation de la quantité produite, soit à
une augmentation des prix.
La croissance en valeur prend en compte l’augmentation des prix, c’est-à-dire l’inflation. La
croissance en volume ne prend en compte que l’augmentation des quantités produites. Elle est
corrigée de l’inflation. C’est l’indicateur le plus utilisé.
Vt= PtQt = valeur aux prix courant
Vt=Pt-1Qt = Valeur aux prix constants (Valeurs aux prix de t-1)
Soit gVt la croissance de la valeur Vt
gVt = gPt+gQt = Croissance de la valeur aux prix courants = variation des prix et des quantités
gVt=gQt = Croissance de la valeur aux prix constants = variation des quantités
CROISSANCE ANNUELLE ET CROISSANCE TRIMESTRIELLE
La croissance annuelle est mesurée par le taux de croissance entre le PIB d’une année et le
PIB de l’année suivante. C’est le chiffre le plus diffusé.
1
Figure 1. Croissance économique annuelle de la Tunisie (Prix courant)
Source : Banque mondiale
Tableau 1- Quelques taux de croissance pour quelques pays
Source : OCDE
La croissance trimestrielle mesure l’évolution du niveau de la production entre deux
trimestres. Cela permet d’avoir une vision plus fine de l’activité économique.
2
Tableau 2- Evolution du PIB et de sa structure par secteur et par trimestre entre 2020 et 2021
(en %)
Agriculture, sylviculture et pêche
T12020
T22020
T32020
T42020
T12021
T22021
T32021
T4
2021
5.1
-0.2
-0.9
1.3
-6.4
-4.8
-3.1
-4.2
Extraction du pétrole et du gaz naturel
-3.0
7.0
-11.9
1.1
24.1
14.2
29.9
20.6
Extraction des produits miniers
16.5
-16.7
-8.7
-36.4
-33.0
23.8
31.4
78.6
Industries agro-alimentaires
Industrie du textile, de l’habillement et du
cuir
17.9
-2.4
1.0
-6.5
-14.8
2.9
-2.2
2.9
-15.9
-42.4
-0.8
-6.5
2.6
52.4
-3.3
-3.9
Raffinage du pétrole
73.7
176.2
629.2
-15.7
68.2
64.6
-26.0
150.6
Industries chimiques
Industrie des matériaux de construction,
céramique et verre
7.9
-7.2
-13.0
-13.4
-5.8
4.7
14.0
29.5
-8.3
-34.6
-2.6
0.0
10.8
55.5
-5.5
0.7
Industries mécaniques et Electriques
-10.8
-38.6
-9.3
-3.4
5.6
56.8
1.3
-4.6
Industries diverses
Production et distribution de l'électricité
et du gaz
Distribution d'eau et traitement des eaux
usées et des déchets
-10.6
-30.5
-6.3
-6.7
5.6
43.1
1.6
0.7
-3.3
-5.4
-3.2
0.5
1.5
7.3
-1.1
0.5
0.1
-1.6
-1.9
0.1
4.2
3.4
3.4
4.5
Construction
-8.6
-41.8
-3.7
-1.2
7.8
46.9
-10.0
0.1
Commerce, entretien et réparation
-1.4
-16.4
-3.1
-1.3
-0.9
18.0
-0.7
-0.2
Services du transport et entreposage
Services d'hôtellerie, de café et de
restauration
-12.4
-50.6
-26.7
-24.2
-8.9
39.8
3.9
11.4
-14.7
-74.3
-22.5
-42.3
-27.9
86.5
-14.5
5.2
Information et communication
5.8
-8.9
2.6
3.5
-1.7
20.4
6.7
3.7
Activités financières
Services d'administration publique et de
défense
-8.8
-16.6
-15.5
-6.4
-2.0
7.5
5.2
-3.7
-1.6
-17.0
1.1
-7.9
-5.4
12.2
-7.3
1.3
Enseignement privé et publique
2.2
-7.1
-0.6
0.7
1.7
11.5
3.5
0.9
Santé et action sociale privée et publique
1.0
-13.3
-0.8
-1.6
0.5
17.2
2.4
2.5
Autres services marchands
-8.3
-15.1
-14.5
-7.4
-2.3
5.3
3.6
0.1
Autres activités des ménages
Services fournis par les organisations
associatives
Impôts nets de subventions sur les
produits
-1.7
-4.8
-3.2
-2.6
-1.0
5.0
3.2
3.1
1.7
-9.0
-2.9
-1.9
1.3
14.6
6.3
2.0
-7.5
-10.7
-11.9
-7.2
2.8
4.7
5.3
0.2
Produit Intérieur Brut
-3.1
-18.9
-6.3
-6.2
-1.8
15.7
0.4
1.6
Source : INS
Tableau 3- croissance en France (en Mds d’Euros)
Source : WBI
3
C’est la croissance trimestrielle qui permet de déterminer si un pays est en récession.
En effet, une récession se définit par un recul du PIB pendant au moins deux trimestres
consécutifs.
Pour obtenir le taux de croissance annuel, il ne faut pas additionner les taux de croissance
trimestriels mais calculer l’évolution du PIB entre l’année N et l’année N-1.
L’ACQUIS DE CROISSANCE
L’acquis de croissance correspond au taux de croissance du PIB qui serait obtenu sur
une année donnée si le niveau du PIB en volume du dernier trimestre calculé était simplement
maintenu au cours des trimestres suivants.
En d’autres termes, l’acquis de croissance se calcule en prenant les montants trimestriels
déjà publiés et en considérant que la croissance sera ensuite nulle sur les trimestres qui
manquent pour compléter l’année civile.
Plaçons-nous en juin 2021. Si le PIB tunisien atteignait 130 MD au deuxième trimestre
2021, pour calculer l’acquis de croissance, il faudrait alors considérer que le PIB resterait de
130 MD au troisième et quatrième trimestres.
L’acquis de croissance est souvent utilisé pour donner un premier aperçu de la
croissance annuelle minimale du PIB à laquelle on peut raisonnablement s’attendre compte
tenu des chiffres déjà publiés. Pour que cette croissance annuelle minimale ne soit pas atteinte
il faudrait en effet que l’économie enregistre des baisses d’activité ou connaisse une récession,
ce qui heureusement ne se produit que très rarement.
LA CROISSANCE EST LE PRINCIPAL OBJECTIF ECONOMIQUE
Tous les pays cherchent la croissance. Mais pourquoi est-ce si important ? Notamment
pour créer des emplois (plus de production signifie plus d’embauches et moins d’inflation) et
pour rembourser les dettes, privées ou publiques !
Par exemple, un accroissement de la richesse se traduit par une augmentation des
recettes fiscales : TVA, impôt sur les sociétés, mais aussi impôt sur le revenu car le niveau des
revenus distribués est aussi en hausse. L’amélioration des recettes fiscales permet ensuite à
l’État de rembourser sa dette et/ou de dégager des marges de manœuvre pour investir.
D’une façon plus générale, la croissance mesure l’augmentation de la production
d’un pays, donc la hausse de sa consommation et donc du pouvoir d’achat de la population
(quoique la consommation puisse être légèrement différente de la production du fait du
commerce international). À long terme, c’est la croissance qui détermine l’évolution du niveau
de vie d’un pays, dans la mesure où les fruits de cette croissance sont répartis de façon équitable.
QUELLES SONT LES CONSEQUENCES D’UNE CROISSANCE NULLE ?
Une croissance nulle signifie que le niveau de richesses créées est équivalent à celui de
l’année précédente. Si, comme c’est le cas en Tunisie, la population augmente d’une année sur
l’autre, cela signifie que le PIB par habitant décroît. En effet, plus que la croissance d’un pays,
ce qui compte le plus pour évaluer l’évolution du niveau de vie est la croissance par habitant,
c’est-à-dire rapportée à l’évolution de la population.
4
Une absence de croissance a des conséquences négatives sur les finances publiques : les
recettes fiscales n’augmentent pas, l’État a donc plus de difficultés à réduire son déficit public et
à rembourser sa dette publique, sauf à réduire drastiquement les dépenses publiques.
De même, cela a des conséquences négatives sur le chômage, sur la capacité des emprunteurs
à rembourser leurs crédits, etc.
Certaines voix s’élèvent contre cette recherche effrénée de croissance soulignant les
dangers écologiques, démographiques et sociaux de cet unique objectif. Certains économistes
préconisent même la « décroissance » (c’est-à-dire une baisse du PIB) pour améliorer le sort
des hommes et de la planète.
En effet, une hausse de la production entraîne une hausse de la consommation de
matières premières, de l’émission de gaz à effet de serre et la génération de déchets. De plus,
comme les énergies fossiles sont disponibles en quantité limitée, la croissance serait, dans tous
les cas destinés à s’arrêter à plus ou moins brève échéance.
Ces critiques envers la recherche d’une croissance toujours plus élevée ne sont pas
infondées. Cependant, de nombreux économistes indiquent que l’évolution technologique
permet de produire plus tout en limitant l’impact environnemental. On peut aussi constater que,
au cours de l’histoire, le progrès technologique a permis d’évoluer du bois au charbon puis du
charbon au pétrole et, peut-être demain, à une autre source d’énergie.
Enfin, l’économie se tertiarise, et ce dans pratiquement tous les pays. Cela signifie que
la production se déplace de l’agriculture et l’industrie vers les services. Aujourd’hui, environ la
moitié du PIB est représenté par les services, dont la plupart ne sont pas ou peu polluants
(éducation, santé, aide à la personne, culture, sécurité, conseil…).
Si la production et la consommation de service augmentent, alors le PIB augmente aussi
(ce qui signifie de la croissance économique), sans qu’il n’y ait pour autant d’impact écologique
significatif.
LES FACTEURS DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE
La croissance économique dépend de l’utilisation des facteurs de production. Ces
facteurs de production sont le capital, le travail et la productivité globale des facteurs.
- Le facteur travail renvoie à la quantité de travail utilisé, il est donc lié à la population
active, ainsi qu’à la durée du travail, mais aussi à la qualité du travail, au savoir-faire
accumulé par le travailleur, ce qu’on appelle le capital humain.
- Le facteur capital renvoie à l’investissement, c’est-à-dire à l’augmentation du stock
de capital.
- Enfin, la productivité globale des facteurs (PGF) renvoie à tout ce qui n’est pas
expliqué
par
les
deux
facteurs
de
production
classiques
:
c’est l’innovation organisationnelle (taylorisme par exemple) ou encore
l’innovation technologique.
1/ Le travail et le capital sont les deux principaux facteurs de production
qui vont permettre la croissance économique.
5
A/ Selon l’utilisation qui est faite des facteurs de production, la croissance économique peut
être :

Extensive : elle repose uniquement sur une croissance du capital et du travail (par
exemple : un afflux de migrants ou encore la découverte de nouvelles ressources
naturelles) ;
 Intensive : elle désigne une utilisation plus efficace des facteurs de production, elle
repose alors sur les gains de productivité et les économies d’échelle (par exemple :
l’industrialisation d’une zone géographique).
B/ La croissance économique va être stimulée par l’accroissement du recours au facteur
travail.
a/ Plusieurs possibilités existent pour favoriser la croissance extensive du facteur travail.
(1) Le facteur travail peut d’abord être stimulé par une augmentation de la population active,
c’est-à-dire de la population se trouvant sur le marché du travail. A court terme, une
augmentation du nombre d’immigrés peut permettre d’augmenter cette population active. A
plus long terme, c’est le taux de natalité qui est observé comme un élément à prendre en compte
pour la dynamique future de la croissance. Cette population active peut aussi être accrue à court
terme par l’accroissement du taux d’emploi. Le taux d’emploi est le rapport entre le nombre
d’individus d’une catégorie de population et le nombre de cette catégorie qui a un emploi. A
titre d’exemple, la stratégie Europe 2020 de l’Union européenne vise de porter le taux
d’emploi de la population des 20-64 ans à 75%. Pour cela, il faut agir sur certaines catégories
de la population dont le taux d’emploi est faible, notamment celui des jeunes.
(2) Le facteur travail peut ensuite être stimulé par une augmentation de la durée du temps de
travail. On constate néanmoins que la tendance de long terme va plutôt vers une diminution du
temps de travail. En France, la durée annuelle du temps de travail a été divisée par deux de 1900
aux années 2000 (le nombre d’heures travaillées est passé de 3000 à 1461 heures par an entre
1896 et 2004). Ces dernières années, le passage aux 35 heures et le développement du temps
partiel ont encore contribué à cette diminution.
b/ Sur le long terme, on constate que la baisse du temps de travail a contrebalancé
l’augmentation de la population active. La véritable croissance du facteur travail s’est donc faite
par la croissance intensive, c’est-à-dire par les gains de productivité et les économies d’échelle
plus que par l’augmentation de la quantité de travail. La productivité horaire du travail a été
multipliée par 16 entre 1896 et 1996. Cette croissance s’explique par une amélioration de
l’organisation du travail, mais aussi par une hausse du stock de capital humain.
Le capital humain renvoie à l’ensemble des compétences qui peuvent être valorisées
économiquement. Cette notion a été introduite par Théodore Schultz qui, dans “Investment in
human capital” (1961), fait valoir que les connaissances et les compétences sont une forme de
capital et que ce capital est le produit d’un “investissement volontaire”. Il montre alors qu’il
existe un lien entre la croissance des pays occidentaux et l’investissement dans le capital
humain, notamment dans l’éducation.
Quelques années plus tard, Gary Becker dans Human Capital, A Theoretical and Empirical
Analysis (1964), reprend à Schultz le concept de “capital humain” et le définit comme un stock
de ressources productives incorporées aux individus eux-mêmes, constitué d’éléments aussi
divers que le niveau d’éducation, de formation et d’expérience professionnelle, l’état de santé
ou la connaissance du système économique. En d’autres termes, toute forme d’activité
6
susceptible d’affecter ce stock (poursuivre ses études, se soigner, etc.) est définie comme un
investissement en capital humain.
En conséquence, du point de vue de ces économistes, l’élévation du niveau de formation
constitue une source durable de croissance d’autant plus intéressante que l’augmentation du
stock de capital humain est un processus cumulatif : lorsque des savoirs de base sont assimilés,
il est ensuite plus aisé d’acquérir de nouvelles connaissances.
C/ L’augmentation du stock de capital, c’est-à-dire l’investissement, permet d’assurer une
croissance durable. Comme le travail, le capital peut croître d’une façon extensive, ou bien
d’une façon intensive.
a/ Dans le cas d’une croissance extensive, l’augmentation du capital peut se traduire par l’achat
de nouvelles machines, ce qui a pour effet de moderniser le stock de capital existant ou bien par
l’achat de davantage de matières premières (consommations intermédiaires).
b/ Dans le cas d’une croissance intensive, il s’agit d’une substitution du capital au travail. Des
machines plus performantes permettent de remplacer le travail réalisé par l’homme ce qui
conduit à un accroissement de l’intensité capitalistique, c’est-à-dire du volume de capital par
travailleur.
2/ Que ce soit à travers l’accroissement du facteur travail ou du facteur capital, la
productivité globale des facteurs est un facteur clé de la croissance intensive.
A/ La productivité globale des facteurs (PGF) désigne le rapport entre la production et le
volume total de facteurs utilisé. Autrement dit, la PGF mesure l’accroissement de richesse qui
n’est pas expliqué par l’accroissement des facteurs de production. Elle intervient donc comme
un troisième facteur.
L’élément le plus central dans la PGF est certainement le progrès technique. Le progrès
technique peut désigner à la fois une amélioration qualitative des facteurs de production, du fait
d’innovations techniques, ou bien encore de leur utilisation, du fait des innovations
organisationnelles telles que le taylorisme par exemple.
B/ La théorie économique doit à Robert Solow d’avoir mesuré la contribution du progrès
technique à la croissance. Dans “A Contribution to the Theory of Economic Growth” (1957), il
constate l’existence d’un résidu, c’est-à-dire d’une part inexpliquée de la croissance, une fois
que la croissance liée à l’augmentation des facteurs de production a été prise en compte.
Cependant, cette prise en compte du progrès technique se fait de manière exogène, elle revient
à l’analyser telle une “manne tombée du ciel” selon les termes de Solow. Le progrès technique
est considéré comme autonome : une partie importante de la croissance provient du progrès
technique, mais on ne sait pas pourquoi.
Dans “Increasing Returns and Long Run Growth” (1986), Paul Romer met au point une
théorie de la croissance qui est, cette fois, endogène. Elle a pour but d’expliquer la croissance
économique à partir de processus et de décisions microéconomiques. Selon Romer, la
croissance repose sur les investissements en R&D. La R&D permet des découvertes qui
bénéficient à l’ensemble des agents économiques du fait des externalités positives qu’elle
7
génère.
D’autres auteurs, dans un cadre d’analyse micro-économique vont insister sur d’autres variables
endogènes du progrès technique :
 Robert Lucas (“On the mechanics of economic development“, 1988) met en avant
l‘accumulation du capital humain ;
 Robert Barro (“Party politics of growth“, 1994) souligne le rôle positif des
investissements publics lorsque ceux-ci restent toutefois dans des budgets équilibrés
(selon Barro, l’Etat est inefficace pour agir sur la conjoncture économique au moyen du
déficit public, mais son action peut dégager des externalités positives à condition
qu’elles compensent l’impact négatif des prélèvements obligatoires sur l’activité
économique notamment en aidant la recherche fondamentale et en adoptant une
approche favorable à l’existence de monopoles dans les secteurs à forte croissance).
Cette approche néo-classique dite des modèles de croissance endogène favorise
paradoxalement un retour de l’Etat, notamment dans les secteurs clefs pour la croissance. A
titre d’exemple, la stratégie Europe 2020 s’est donnée comme objectif de porter le ratio de
dépenses de R&D sur PIB à 3% (contre 2% environ actuellement). Elle reprend en cela
l’objectif de la stratégie de Lisbonne (pour 2010) de faire de l’Europe “l’économie de la
connaissance la plus compétitive du monde” .
C/ Au XXe siècle, le progrès technique a joué un rôle fondamental dans la croissance
économique. Dans La croissance française (1972), Carré, Dubois et Malinvaud s’appuient sur
la méthodologie de Solow pour montrer que, durant la période des Trente glorieuses, la moitié
de la croissance totale est due au progrès technique. La PGF va cependant diminuer à la fin
de cette période.
Dans les années 80, le développement de l’informatique n’entraîne pas, contrairement à ce que
l’on aurait pu attendre, une hausse de la PGF. C’est encore à Robert Solow que l’on doit cette
observation dans “We’d better watch out” (1987). Le paradoxe de Solow s’énonce ainsi : “les
ordinateurs sont partout, sauf dans les statistiques de la productivité”. Ce paradoxe s’explique
par la lenteur avec laquelle une nouvelle technologie produit des effets macro-économiques,
notamment parce qu’elle induit un fort investissement en temps pour apprendre à s’en servir de
manière optimale et parce qu’elle nécessite également une réorganisation en profondeur des
entreprises ou des administrations.
Dans “Le paradoxe de productivité : les changements organisationnels, facteur complémentaire
à l’informatisation” (2000), Philippe Askenazy revient sur ce dernier point et estime que
l’apparente absence d’impact des technologies de l’information sur la productivité globale des
facteurs aux Etats-Unis dissimule en réalité un double phénomène :
 de forts gains de productivité dans les entreprises ayant adopté simultanément des
innovations technologiques et organisationnelles ;
 un échec de l’informatisation dans les entreprises qui n’ont pas réorganisé leur
processus de production.
D/ L’importance du progrès technique et de l’innovation dans la croissance a conduit les
pouvoirs publics à prendre conscience de l’effort à réaliser dans ce domaine. Le crédit
d’impôt recherche en France en est un exemple : instauré en 2008, il consiste en un crédit
d’impôt de 30 % des dépenses de R&D jusqu’à 100 000 euros et 5% au-delà de ce montant.
Mais la manifestation la plus visible de ce souci reste encore la part des dépenses en R&D
par rapport au PIB. Certains Etats comme la Finlande ont ainsi clairement opté pour un
8
modèle de croissance fondé sur l’innovation : leurs dépenses en R&D s’élèvent à près de 4%
du PIB. La stratégie Europe 2020 cherche également à trouver des relais de croissance dans ce
domaine, il reste que son objectif de porter à 3% les dépenses de R&D reste encore assez
lointain, l’Union européenne des 27 étant plus proche des 2%. Elle reste encore loin de son
principal rival économique, les Etats-Unis, qui approche les 3%.
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