Page 2
Susceptibilité diélectrique, permittivité relative, indice de réfraction, puis équation de propagation.
Dans le vide, l’équation de propagation d’une OEM (de pulsation 𝜔) caractérisée par son champ E est :
∆𝐸+
𝐸=0 qui découle des équations de MAXWELL.
Une modélisation (due à LORENTZ) de la réaction d’un MMD aboutit à la « susceptibilité diélectrique » (grandeur sans
dimension)4 : 𝜒=
, permettant de calculer la permittivité du MMD : 𝜀=𝜀(1+𝜒), 𝜀 étant la permittivité
du vide. On définit alors la permittivité relative 𝜀=
=(1+𝜒).
L’équation de propagation écrite pour le vide devient : ∆𝐸+
𝜀𝐸=0. On définit enfin 𝑛=𝜀 (d’où il découle, pour
mémoire au stade actuel, mais c’est important pour les raisonnements ultérieurs sur 𝑛 : 𝑛=1 +𝜒).
Ainsi, l’équation de propagation devient : ∆𝐸+
𝑛𝐸=0 qui est la forme « opératoire » pour cette étude.
En réécrivant cette équation sous la forme ∆𝐸+
(
⁄)𝐸=0 et par analogie avec l’équation de propagation dans le vide,
on pourrait conclure « un peu rapidement » que les OEM se propagent dans un MMD avec la célérité 𝑐𝑛
⁄ où 𝑛 est appelé
« indice de réfraction ». Ceci est « généralement faux » comme on le démontre ci-dessous.
En effet, 𝜒 est complexe, sauf circonstance particulière (évoquée ultérieurement) pour la partie imaginaire du
dénominateur. Par conséquent, 𝑛 est, par défaut, complexe et 𝑛 l’est également5 ! Donc la fraction 𝑐𝑛
⁄ est, par défaut,
complexe. Elle ne peut donc pas, dans le cas général, décrire une vitesse scalaire de propagation des OEM dans un MMD.
Pour décrire correctement la propagation des OEM dans un MMD, il faut étudier soigneusement l’indice de réfraction 𝑛
qui modélise des phénomènes d’une certaine subtilité6.
Fréquences multiples de résonnance du MMD, régime de « dispersion « normale » et de « dispersion anormale ».
La modélisation de LORENTZ, évoquée
supra
, aboutit à 𝜒(𝜔)=
. Elle admet l’hypothèse d’une fréquence de
résonnance unique pour l’ensemble des particules (atomes, molécules…) constituant le MMD. Or, ceci s’avère
excessivement simpliste. Pour un modèle plus réaliste, il faut admettre des fréquences de résonnance multiples. Ce sont
toutes les fréquences propres des diverses particules, ainsi que du cristal constituant la « trame » du MMD.
La physique quantique permet d’étudier cela correctement et fournit le résultat suivant : 𝜒(𝜔)=∑
où
𝐴>0 et 𝛾>0. 𝛾 représente la raideur du « ressort » qui rappelle, par interaction électromagnétique, les électrons
vers le noyau de chaque atome (cf. modélisation de LORENTZ avec « 𝑓 » [qui n’est pas une fréquence !]). Il y a autant de
« raideurs » 𝛾 distinctes que de fréquences de résonnance du MMD (particulaires ou cristallines), ces fréquences étant
représentées dans l’expression de 𝜒 par les 𝜔, pulsations associées7. Les grandeurs 𝐴 et 𝛾 n’ont pas, dans le modèle
quantique, les mêmes dimensions que, respectivement, 𝑞𝑁 et 𝑓 dans le modèle de LORENTZ.
C’est cette expression de qui va permettre d’étudier correctement l’indice de réfraction et permettre des conclusions
robustes sur la propagation des OEM en MMD.
Dans le cas général, 𝛾 est non-négligeable devant les autres termes de la fraction. Dès lors, 𝜒 est complexe (ℐ𝑚𝜒≠0).
En multipliant par la quantité conjuguée du dénominateur, on peut écrire :
=𝐴
.
On pose 𝐷(𝜔)=(𝜔
−𝜔)+𝜔𝛾 et 𝜒(𝜔)=𝜒(𝜔)−𝑗𝜒(𝜔). Il vient alors : 𝜒(𝜔)=∑𝐴
et
𝜒(𝜔)=𝜔∑𝐴
.
La pulsation 𝜔 est une quantité strictement positive, de même que 𝐴, 𝛾 et 𝐷 (pour tout 𝑘). D’où : 𝜒(𝜔)>0 et, par
conséquent, ℐ𝑚𝜒(𝜔)<0.
𝑛(𝜔)=1+𝜒(𝜔), donc ℐ𝑚 𝑛(𝜔)<0.
Or, si 𝑧=𝛼+ 𝑗𝛽, alors 𝑧=(𝛼−𝛽)+2𝑗𝛼𝛽. Et ℐ𝑚 𝑧<0⇒(𝛼<0 𝑒𝑡 𝛽>0) 𝑜𝑢 (𝛼>0 𝑒𝑡 𝛽<0).
4 La modélisation, dite « de l’électron élastiquement lié », porte sur la réaction des nuages électroniques au passage du champ électromagnétique des
OEM (Voir CARIMALO pages 351 à 353). Elle applique les lois de la mécanique classique (force de LORENTZ) aux nuages électroniques d’un MMD.
Comme évoqué dans la suite de cette étude, la mécanique quantique est indispensable pour décrire correctement les phénomènes en jeu à ce niveau
microscopique. Cependant, le modèle de LORENTZ a une valeur pédagogique incontestable.
5 𝑛 𝑟é𝑒𝑙 (ℐ𝑚[𝑛]=0) ⟹ 𝑛 𝑟é𝑒𝑙 (ℐ𝑚[𝑛]=0) donc (contraposée) 𝑛 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑙𝑒𝑥𝑒 (ℐ𝑚[𝑛]≠0)⟹𝑛 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑙𝑒𝑥𝑒 (ℐ𝑚[𝑛]≠0).
6 On ne peut décrire de manière opératoire ces phénomènes qu’en ayant recours à des simplifications et approximations, donc à un modèle.
7 Pour mémoire, 𝜔=2𝜋𝑓, donc il est équivalent d’évoquer les pulsations ou les fréquences.