Monde arabe / Monde musulman EGYPTE_Final_Mise en page 1 17/11/2014 14:39 Page1 éritière d'une civilisation millénaire façonnée par le sacré et construite autour du Nil, l’Égypte ne cesse de nourrir l'actualité et les imaginaires. Majoritairement désertique mais bordé au nord par la Méditerranée et à l’est par la mer Rouge, le pays occupe une position géostratégique clé entre l'Afrique et les pays du Golfe, mais il subit de plein fouet les soubresauts du Moyen-Orient et les conséquences du conflit israélo-palestinien. Sa population, en constante croissance, peine à maîtriser son destin et connaît, depuis 2011, des hauts et des bas à tous les niveaux. Son économie, dépendante du tourisme et de l'investissement étranger, se trouve dans une situation difficile en raison d'une insécurité et d'une instabilité chroniques. Malgré ses atouts indéniables, la succession d’élections et les changements de gouvernements, l'avenir du pays reste flou et incertain. Yasmina Touaibiaest docteur en science politique et chercheur associé au sein de l’Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain et de l’Équipe de recherche sur les Mutations de l’Europe et de ses Sociétés. Elle est chargée d’enseignement à l’Université de Nice Sophia Antipolis et de l’École de Journalisme de Nice. ISBN : 978-2-8041-8530-5 www.deboeck.com EGYPTE ÉGYPTE Sous la direction du spécialiste en islamologie Mathieu Guidère, la collection fait découvrir au lecteur le monde arabe et musulman évoluant aux portes de l’Europe : 57 pays musulmans, dont 22 pays arabes, touchés à des degrés divers depuis les soulèvements populaires de 2011 qui ont profondément modifié leur situation géopolitique. Histoire, société, politique, économie, religion et culture… L’ouvrage clé pour comprendre l’actualité de l’ÉGYPTE. Yasmina Touaibia Monde arabe / Monde musulmanmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm YASMINA TOUAIBIA Introduction « L’Égypte, votre mémoire l’exige ! », c’est le slogan de la campagne publicitaire lancée par les autorités touristiques égyptiennes en 1994. L’Égypte, fascinante et pleine de paradoxes, est en effet l’un des pays au cœur de la mémoire de l’Humanité. Son histoire millénaire témoigne de son développement précoce, notamment en matière d’écriture ou encore d’infrastructures étatiques. Dès la période prédynastique, c’est la volonté d’unification qui donne naissance à une capitale au centre du royaume fondé par Narmer. L’époque pharaonique est marquée par de nombreuses évolutions. D’abord sous l’Ancien Empire se développent la médecine, l’astronomie ainsi que l’architecture qui laissera au monde des vestiges impressionnants. Au niveau politique s’édifie une monarchie fortement centralisée et hiérarchisée. Les structures étatiques se mettent en place et sont consolidées. La religion est au centre de la monarchie et codifie les rapports sociaux. Durant cette période, l’Égypte développe également une politique extérieure active avec comme principal objectif la préservation de son territoire. Le monothéisme voit le jour en Égypte avec Aménophis IV qui deviendra serviteur d’Aton, dieu unique. Le développement du pays et l’affaiblissement des pharaons attisent les convoitises. L’arrivée d’Alexandre le Grand marque le début d’une nouvelle époque, celle des Ptolémée, qui se traduira par la modernisation de l’État. Une période trouble, de contestations, débute avec la domination romaine. Les Romains entretiennent les canaux d’irrigation pour la préservation de leur « grenier ». Un climat de violences religieuses clôt cette période. Vient alors l’époque médiévale avec la conquête arabe et musulmane. Les nouveaux maîtres du pays s’intéressent aux ressources du pays et ­entreprennent Introduction 5 la remise en état et l’entretien des canaux du Nil. Les institutions politiques restent relativement stables. L’administration est confiée à des subalternes coptes. Cette période médiévale s’achève dans un climat de contestation. L’économie décline, à la veille de la colonisation française. Même brève, celle-­ci a amorcé une restructuration de l’administration du pays sur le modèle européen sous l’impulsion de Bonaparte. L’Égypte moderne est marquée par l’avènement de Mohammed Ali. Il restructure l’administration, met en place un système d’enseignement et de santé, construit des routes et des canaux d’irrigation. Il salarie les paysans et planifie l’exploitation des terres. Surtout, il obtient des Ottomans l’indépendance du pays avec la conclusion de la convention de Londres en 1840. L’indépendance est de courte durée : en 1882, l’Égypte devient colonie anglaise. Elle reconquiert son indépendance en 1922, mais sera en proie à des conflits dès le début des années 1940 avec une forte crise économique aggravée par l’explosion démographique dans les zones rurales ainsi que la formation d’un prolétariat urbain. Au début des années 1950, la monarchie vacille. La ­République est proclamée le 18 juin 1953. L’avènement de Nasser au pouvoir, plébiscité par référendum le 25 juin 1956, marquera la première décennie du système républicain. Dans un contexte international de guerre froide, Nasser entreprend d’affirmer la souveraineté de son pays en nationalisant le canal de Suez ou encore en s’imposant comme leader du Mouvement des non-­alignés. Sur le plan intérieur, il érige un État dirigiste et autoritaire et engage l’Égypte sur la voie du socialisme scientifique réinterprété selon les références islamiques. Un certain nombre de services publics sont édifiés ou nationalisés comme l’éducation et la santé dont l’accès devient gratuit pour le peuple. Après le décès de Nasser, la crise économique, la situation démographique, ainsi que le contexte géopolitique favorisent de nouvelles alliances et le choix du libéralisme économique. Cette politique s’applique progressivement à tous les domaines et secteurs économiques et sociaux du pays. La libéralisation et le caractère structurellement rentier de l’économie rendent l’Égypte plus vulnérable aux fluctuations et aux crises de l’économie internationale. Sur le plan intérieur, croissance démographique, difficultés ­d’insertion 6 Égypte ­ rofessionnelle des diplômés sur le marché de l’emploi, corruption marquent p la société égyptienne, qui par ailleurs demeure sous la forte emprise de la religion. Malgré des avancées, pauvreté et humiliation restent le lot quotidien des Égyptiens étranglés par une situation socioéconomique difficile et un climat de contrainte imposé par un régime autoritaire. Au-­delà du mécontentement, c’est une profonde revendication de dignité qui poussera en 2011 des milliers d’­Égyptiens sur la désormais symbolique place Tahrir. Introduction 7 chapitre 1 Histoire et géographie 1 L’Égypte ancienne 1.1 La préhistoire Les recherches archéologiques attestent du développement très ancien de l’Égypte. Les plateaux à l’ouest de Thèbes, l’actuel Louxor, révèlent l’existence de traces humaines qui datent de l’époque paléolithique. Outre les activités des chasseurs cueilleurs, les fouilles ont permis la mise en évidence d’une activité de pêche ritualisée, comme en témoignent les études archéologiques du site d’El-­Hosh (Haute-­Égypte). La pratique de la chasse aux poissons comme activité économique principale remonte au moins à la période prédynastique et protodynastique (IXe millénaire av. J.-­C. – IVe millénaire av. J.-­C.), d’après la datation des supports effectuée avec des techniques de mesure d’une grande précision. Les motifs dits « en champignon », récurrents dans les gravures rupestres d’El-­Hosh, représenteraient un procédé de nasses ou pièges à poissons, dont la pratique existe encore actuellement tout autour de la mer Rouge. Plusieurs interprétations ont été avancées au sujet des nacelles représentées concernant des pratiques rituelles liées à la chasse aux poissons collective durant les crues saisonnières du Nil. À la fin de la période néolithique (Xe ­millénaire av. J.-­C. – xxxiiie siècle av. J.-­C.), la civilisation nilotique voit le jour avec le développement de villages organisés. C’est le début de la période prédynastique, durant laquelle les fondements politiques et religieux de l’Égypte pharaonique se dessinent. De grandes étapes se distinguent et empruntent leur nom aux lieux où elles se sont déroulées : Badari, Amratien et Gerzéen situés dans la Vallée du Nil et Merimde et Omari dans le Delta. Histoire et géographie 9 La période prédynastique est marquée par de nombreux changements ­climatiques et hydrauliques notamment, ainsi que par des mouvements de populations. De grands progrès accompagnent la migration des populations chamito-­sémitiques de l’est du Delta vers l’Égypte. La culture guerzéenne marque le dépassement de l’aspect utilitariste dans la confection des outils vers une dimension esthétique, comme en témoigne le travail des lames en silex. Durant cette période, le pays s’organise en deux royaumes : celui du Nord avec comme capitale Bouto, et celui du Sud dont la capitale est ­Hiéraconpolis, aujourd’hui appelée Kôm El-­Ahmar. Elle est marquée par de nombreuses guerres ainsi que des tentatives de réunification éphémères. Vers 3100 av. J.-­C. débute l’époque Thinite (Thinis : lieu d’origine et d’inhumation des deux premiers pharaons) ou archaïque. L’Égypte est alors ­gouvernée par un Pharaon, unique roi de Haute et de Basse-­Égypte. Le roi Narmer, premier souverain de l’Égypte unifiée, est également le fondateur de la ville Memphis, à une vingtaine de kilomètres au sud de l’actuel Caire, qu’il érige en centre du royaume. Cette ville située sur la rive occidentale du Nil, à la croisée du Delta et de la Vallée, fut un centre religieux, administratif et un lieu de résidence pour les rois. 1.2 L’Égypte des pharaons L’Égypte pharaonique connaît trois périodes qui correspondent à l’Ancien Empire (environ 2778‑2420 av. J.-­C.), au Moyen Empire (vers 2160‑1785 av. J.-­C.) et au Nouvel Empire (1580‑1085 av. J.-­C.). L’Ancien Empire est marqué par ­l’essor de la civilisation pharaonique. Il débute avec la IIIe dynastie et connaît le développement de la médecine et de l’astronomie. Le premier des pharaons est le roi Djéser (2691 -­ 2625 av. J.-­C.) pour lequel l’architecte Imhotep édifie la pyramide de Saqqarah (région de Memphis). Avec l’œuvre ­d’Imhotep débute une architecture de pierre ambitieuse emplie de symboles, comme en témoigne l’empilement de sept mastabas (banquettes) en retrait censé incarner un escalier montant au ciel. Au niveau institutionnel, une monarchie fortement centralisée et hiérarchisée prend forme. Les sites archéologiques témoignent de l’apport de la IVe dynastie. Les pyramides de Dhachour, Méldoum et Giza laissent présumer de l’existence d’une économie florissante et d’une structure administrative et 10 Égypte sociale organisée. La Ve ­dynastie, quant à elle, marque l’­avènement et le développement de l’idéologie solaire. Les pharaons sont alors érigés au rang de « fils de Rê », le dieu Soleil. Ils acquièrent un pouvoir ­cosmique et interviennent dans tous les aspects de la vie. L’Ancien Empire est également marqué par une politique extérieure active dont les objectifs sont soit la préservation du territoire, soit la recherche de matières premières. Il se termine avec le règne de Pepi II, impuissant face à l’autonomie du clergé du dieu Rê et incapable de contenir les velléités d’indépendance des dignitaires du royaume. Suite à une révolution particulièrement violente, plusieurs principautés voient le jour : les nomades originaires d’Asie s’établissent sur le Delta, les princes ­d’Hérakléopolis en Moyenne-­Égypte et les princes de Thèbes en Haute-­Égypte. Le peuple accède alors aux rites funéraires, jusque-­là privilèges des souverains. L’unité du territoire est finalement retrouvée avec la dynastie des Antef et le souverain Mentouhotep Ier, fondateur de la XIe dynastie, qui parachève l’unité du royaume. Le Moyen Empire voit alors le jour à Thèbes vers 2050 av. J.-­C. Une monarchie forte, centralisée et hiérarchisée, s’installe alors durablement et se consolide avec l’accession ­d’Amménémès Ier au trône, et l’avènement de la XIIe dynastie. La capitale est transférée à proximité de la ville actuelle de Licht, proche de Memphis, qui permet une meilleure maîtrise du Sud et du Nord du pays ainsi que le maintien d’une cohésion économique et sociale des deux parties du territoire. Fin stratège, Amménémès Ier associe son fils Sésostris Ier au pouvoir pour en assurer la continuité. Celui-­ci multiplie les expéditions militaires et ­commerciales au Soudan, en Libye et en Asie. Il se lance également à la reconquête de la Nubie. Ces expéditions exigent une armée royale stable au service du monarque et capable de contenir les milices locales. Elle est formée de soldats de métier et de conscrits. Le Moyen Empire connaît de grandes évolutions économiques qui s’accompagnent d’une différenciation des classes sociales. Le monarque responsable de son peuple possède un rang divin. Il est servi par la noblesse et les chefs de l’armée. Les artisans supérieurs, les scribes ainsi que les commerçants forment une classe intermédiaire et aisée. Les paysans, quant à eux, représentent la base de la société. La stratification sociale ainsi que l’abolition du caractère héréditaire de la fonction de haut fonctionnaire permettent un meilleur encadrement des différents rivaux potentiels. Histoire et géographie 11 les scribes Le terme de scribe renvoie à celui qui pratique l’écriture et qui occupe la fonction de rédacteur ou de copiste. L’Égypte connaît l’écriture dès la fin du IVe millénaire avant notre ère. Celle-­ci est au centre de l’organisation de la civilisation égyptienne. Elle assoit l’autorité des pharaons, permet le calcul de l’impôt. Compte tenu de l’importance de l’écrit, les scribes égyptiens occupent une place centrale dans l’administration. Après avoir été formés dès leur plus jeune âge, ils étaient recrutés et rémunérés par l’État. À la fin de leur carrière, les meilleurs fonctionnaires accédaient aux charges de prêtre dans les grands temples. Le Moyen Empire se termine sur une période de troubles et le spectre d’un retour vers le morcellement du royaume. L’avènement de la XVIIIe dynastie marque le début du Nouvel Empire et inaugure une longue période de prospérité jalonnée de victoires militaires. Le royaume s’agrandit et Thèbes devient une capitale cosmopolite où foisonnent les idées et les affaires. Les territoires asiatique et soudanais annexés deviennent des protectorats. Avec Aménophis III, l’Égypte se détourne des expéditions militaires pour s’orienter vers des préoccupations d’ordre esthétique et spirituel. Son successeur Aménophis IV fit construire un temple voué au culte du dieu Aton, délaissant ainsi le dieu dynastique Amon. Aménophis IV ira jusqu’à changer de nom et prendre celui d’Akhenaton, « le serviteur d’Aton ». La contestation du souverain ainsi que du dieu Aton vient des royaumes syriens vassalisés. Amon retrouve son influence à partir de Thèbes grâce au roi Horemheb. Il redonne une position particulière à Memphis et préserve l’intégrité territoriale du royaume en empêchant son morcellement en Asie. À son décès, Ramsès Ier de la lignée des Ramessides, une famille d’officiers sans ascendance royale, accède au trône. Avec cette nouvelle dynastie, l’Égypte demeure prospère et puissante, malgré un certain nombre de signes annonciateurs de déclin. À plusieurs reprises, le pays fait face à des tentatives d’invasion vouées à l’échec à cause de la désorganisation des envahisseurs. Sous le règne de Ramsès III, la conspiration du Harem témoigne de la dégradation d’une société au sein de laquelle s’affrontent des intérêts particuliers. 12 Égypte l a co n s pi r ati o n d u har e m La « conspiration du harem » est le nom de la tentative de « coup d’État » portée par la reine Tiyi, l’une des épouses de Ramsès III. Cloîtrée dans son harem, la reine réussit pourtant à fomenter ce complot avec le soutien de militaires et d’un prêtre. Son objectif : installer son fils Pentaour au pouvoir et évincer l’héritier légitime du pharaon et d’Isis, première épouse. Le complot est déjoué vers 1156 avant notre ère. Les coupables sont condamnés. Le récit des évènements est relaté dans un « Papyrus judiciaire » conservé à Turin en Italie. Même si cette conspiration a été déjouée, les récentes découvertes montrent qu’elle a eu finalement raison de Ramsès III qui mourra la gorge tranchée. Plus généralement, l’expression « complots du harem » renvoie à plusieurs tentatives de destitution de monarques au cours de l’histoire des pharaons. Pour les déjouer, les souverains désignaient de leur vivant leur successeur, l’associant même parfois au pouvoir. Avec la XXIe dynastie, c’est le début du morcellement d’un royaume : le Nord, lieu de résidence des pharaons, est séparé du Sud, lieu d’influence du grand prêtre du dieu Amon. Ainsi, malgré une civilisation demeurée brillante, l’Égypte sombre lentement dans le déclin jusqu’à sa soumission à la domination ­étrangère. 1.3 Les conquêtes Libyens, Éthiopiens et Perses se succédèrent en Égypte jusqu’à la conquête d’Alexandre le Grand en 332 avant notre ère. Accueilli en libérateur, le ­Macédonien est proclamé pharaon. Alexandre se fait reconnaître fils du dieu Amon dans l’oasis égyptienne de Siwa. Il fonde la ville d’Alexandrie qui rayonnera comme la riche capitale des royaumes hellénistiques. À son décès, ­Ptolémée Ier est couronné roi en 305 av. J.-­C., devenant ainsi le premier d’une dynastie qui prendra fin avec Cléopâtre VII et l’expansion orientale de Rome. Le règne des Ptolémée (305 av. J.-­C. -­ 30 av. J.-­C.) est marqué par des périodes confuses nourries de querelles dynastiques. Les guerres et révolutions qui jalonnent ce règne débouchent sur une réduction du territoire et ­l’affaiblissement du Histoire et géographie 13 ­ ouvoir. La période ptolémaïque n’en fut pas moins brillante et structurante p au niveau institutionnel et politique. Fin stratège et habile politique, Ptolémée Ier (305 av. J.-­C. -­ 283 av. J.-­C.) entreprend plusieurs actions pour asseoir sa légitimité et s’imposer en véritable héritier d’Alexandre le Grand, dont il était l’un des sept gardes du corps. Établi à Memphis au début de son règne, il choisit d’élire domicile à Alexandrie après y avoir inhumé la dépouille d’Alexandre. Comme pour s’entourer de la sacralité revendiquée par ce dernier, Ptolémée Ier instaure des rites pour célébrer le culte d’Alexandre. L’une des plus importantes et des plus originales œuvres de Ptolémée Ier fut le Mouseîon ainsi que sa bibliothèque édifiés vers 280 av. J.-­C. Cette institution, héritière du prestige de la culture grecque et de la tradition aristotélicienne est utilisée par le monarque comme un instrument de légitimation politique et philosophique. Entièrement financé par le souverain, le Musée regroupait les plus grands savants. le mouseîon Le Mouseîon était au départ un temple consacré aux déesses qui présidaient aux arts. Ce terme grec est à l’origine du mot moderne « musée ». Cependant, l’institution mise en place par la dynastie Ptolémaïque à Alexandrie ne correspond que très peu aux lieux que nous connaissons actuellement. Elle participera au rayonnement spirituel, scientifique et intellectuel d’Alexandrie. Le Mouseîon, loin d’être un « simple » lieu de conservation, s’apparentait plus à un antre de recherche. Enfin, pour assurer la pérennité de sa dynastie et éviter toute querelle de succession, Ptolémée Ier choisit d’associer au pouvoir son fils cadet Ptolémée II Philadelphe. Ce dernier instaure et organise un culte en l’honneur de ses parents, affirmant ainsi l’appartenance divine du souverain. Il accélère la structuration de l’administration, organise l’économie, fait évoluer l’agriculture et développe le Mouseîon et sa bibliothèque. Au niveau judiciaire, il dote le royaume d’une double juridiction fonctionnant sur le modèle du statut personnel. L’Égypte fut, pour les Ptolémée, une source de richesse et de puissance également garantie de sécurité et d’indépendance pour le royaume. L’Égypte ptolémaïque 14 Égypte fut une monarchie centralisée, hiérarchisée et divinisée. Mais elle n’a pas échappé aux contestations. Les Indigènes étaient écartés de toutes les hautes fonctions administratives confiées aux Macédoniens, aux Grecs ou encore aux Juifs et aux Perses qui jouissaient d’un statut spécial. La dernière de la dynastie à accéder au trône dans un contexte trouble fut Cléopâtre VII. Elle régna sur l’Égypte aux côtés de son frère et premier époux Ptolémée XIII, âgé de dix ans, dans un contexte de déclin. Sans être sous la domination directe des Romains, l’Égypte, alliée de Rome, est soumise à ses pressions financières. Après la mort de César, Antoine accompagné de Cléopâtre, règne sur la partie orientale de l’empire romain, à partir de l’Égypte devenue protectorat. La défaite d’Actium en 31 av. J.-­C. et les suicides d’Antoine et de Cléopâtre laissent le champ libre à la domination d’Octave qui fait de l’Égypte une province romaine. Le pays devient alors le domaine réservé de l’empereur et le reste jusqu’à l’arrivée des Arabes en 641 de notre ère. Sous la domination romaine, l’Égypte est administrée par un Préfet, agent d’exécution du souverain. Son objectif est triple : empêcher les révoltes indigènes, stopper les tentatives d’incursion venue du Sud et pacifier le pays. Alors que la majorité des provinces du pays avait accepté le régime romain, Alexandrie restait traversée par de nombreux conflits sous les règnes de Néron et de Trajan. Durant cette période, les juifs alexandrins et les chrétiens furent sujets à de violentes répressions. Au niveau institutionnel et administratif, les Romains ne changent rien au système centralisé et hiérarchisé des Ptolémées. Les Indigènes n’accèdent toujours pas à la citoyenneté. Ils sont relégués dans les Komai, des villages situés tout au long de la vallée du Nil. Au niveau économique, les Romains portent une attention toute particulière au système d’irrigation qu’ils restaurent très souvent. Ces efforts n’empêcheront pas le pays de traverser des années de disette. À partir du règne de Septime Sévère, un climat de contestation et de répression règne sur le pays malgré les tentatives de réformes administratives et fiscales. Sur le plan religieux, les croyances et divinités pharaoniques demeurent très présentes dans l’Égypte romaine. Les juifs et chrétiens font toujours l’objet de violentes persécutions impulsées au niveau juridique et politique par l’édit de Sévère qui interdit les prosélytismes juif et chrétien. L’Égypte marquera cependant l’histoire de la chrétienté comme en témoigne le débat sur la divinité du Christ initié par le prêtre alexandrin Arius au ive siècle. En 284, avec Dioclétien, l’unité administrative et le centralisme caractéristiques de l’Égypte sont rompus. La scission de l’Empire romain en empires d’Orient Histoire et géographie 15 et d’Occident ne fera que confirmer le rattachement du pays à Byzance. Les réformes se poursuivent sous le règne de Justinien, empereur d’Orient, qui supprime le diocèse d’Égypte, réorganise le pays en duchés placés sous l’autorité du préfet du prétoire d’Orient et confie les pouvoirs civils et militaires aux gouverneurs. Malgré cette restructuration administrative, les exactions fiscales, les violentes querelles religieuses, les menaces d’invasion constitueront autant de facteurs de l’affaiblissement et du déclin du pays. Un déclin qui se confirmera avec l’invasion perse sassanide entre 615 et 629. La reconquête du territoire égyptien par Héraclius ne résiste pas à l’assaut des troupes arabes qui sont accueillies passivement par une population lassée de la corruption et des violences religieuses. 2 L’Égypte médiévale De toutes les conquêtes, c’est la conquête arabe et musulmane qui s’impose durablement à l’Égypte. En 642, avec la chute d’Alexandrie sous le commandement du général Amr Ibn al-­As, le pays est entièrement soumis à la domination arabe. Le général fait de son ancien campement près de Babylone, al-­ Fustât, la nouvelle capitale. Les nouveaux maîtres du pays remettent en état et entretiennent le canal du Nil jusqu’à la mer Rouge et redirigent les ressources du pays vers Médine. L’influence la chrétienté est réduite par une islamisation rapide. Celle-­ci est le résultat de plusieurs facteurs : les conflits doctrinaux au sein de la chrétienté, les persécutions à l’intérieur de la ­communauté chrétienne et le système d’imposition particulier qui lui était exigé. En effet, les populations chrétiennes qui capitulèrent et refusèrent la conversion à l’Islam furent soumises à des impôts particuliers : le kharadj, un impôt foncier et la djizya, un impôt personnel qui était dû par les hommes de la communauté. Cette capitation avait pour objectif d’assurer aux populations qui s’y soumettaient la protection de leur personne et de leurs biens ainsi que la préservation relative de leurs croyances et pratiques religieuses. Au niveau administratif, les Arabes n’ont pas ébranlé le système byzantin et y installent des fonctionnaires subalternes coptes. Malgré la passivité des populations face à l’invasion arabe, les révoltes ne cessent pas. Les premières dynasties, Omeyyades puis Abbassides, continuent d’exploiter au profit de leur 16 Égypte capitale respective (Damas, Bagdad) les ressources de l’Égypte et à accabler les populations d’une lourde fiscalité. Les chefs de guerre réussissent à s’imposer au pouvoir central représenté par le Khalifa en obtenant le commandement de provinces autonomes. En 868, le fils d’un esclave turc, Ahmad Ibn Touloun, conquit l’Égypte et la Syrie grâce à une armée de mercenaires anciennement esclaves : les Mamelouks. C’est le début de la dynastie des Tulunides (868‑905) qui, les premiers, font du pays un émirat relativement indépendant du pouvoir central des Abbassides. La conséquence la plus importante pour l’Égypte est d’ordre économique. Pour la première fois, elle peut profiter pleinement de ses richesses, en supprimant d’abord sa contribution au pouvoir central puis en la réduisant significativement après l’avoir rétablie. Le pays ira même insensiblement jusqu’à recouvrer sa grandeur d’antan. Les conditions économiques et sociales des populations s’améliorent. Pour asseoir leur autonomie, les Tulunides ont pu compter au moins temporairement sur les élites et les commerçants. En 935, un autre Turc, Abou-­Bekr Muhammed, prenant le surnom royal originaire d’Asie centrale d’Ikhchid, installe une nouvelle dynastie : celle des Ikhchidides. Ils résistent alors à l’offensive des Fatimides maîtres du Maghreb depuis 909. Ces derniers, chiites, réussissent tout de même à s’emparer de l’Égypte en 969. Après moult tentatives militaires, leur arrivée au pouvoir est soudaine mais pacifique. Ils ont manié la propagande et nourri les rébellions contre le pouvoir califal. C’est ainsi que les chiites s’installent sur les rives du Nil et fondent au nord d’al-­ Fustât, la ville d’al-­Qahira, l’actuel Caire. L’Égypte devient alors un État indépendant, jouissant de ses ressources, et connaît un bel essor. Le calife al-­Muizz s’y installe et en fait le centre du règne des ­Fatimides. À son accession au califat, al-­Hakim bi Amr Allah, petit-­fils d’al-­Muizz, règne sur un pays en proie à des troubles entre les populations mamelouks, berbères, et turques ainsi qu’aux attaques byzantines. Les révoltes populaires sont causées par son attitude incohérente, tantôt répressive, tantôt permissive, à l’égard des communautés religieuses. Pour certains de ses disciples, les plus notoires Hamza et Darazi, il représente l’incarnation de l’intellect divin. Il est vénéré et considéré comme l’immortelle manifestation de l’unité divine. Les Druzes, partisans et adeptes de Darazi, attendront son retour à partir de 1021, année de sa disparition mystérieuse. Histoire et géographie 17 Au xiie siècle, le règne des Fatimides vacille face aux dissensions entre les différents chefs de guerre, les offensives des Croisés et l’avènement d’un nouveau personnage : le vizir Salah ed-­Din, ou Saladin. Ce dernier, fils d’un émir kurde, fonde une nouvelle dynastie, celle des Ayyoubides (1250‑1517). L’œuvre de Saladin, qui était d’un tempérament guerrier et déterminé, marque particulièrement cette période sur les plans militaire et religieux. Il combattra et résistera aux Croisés après avoir réalisé l’unité des commandements sur les territoires musulmans. Rompant avec l’épisode chiite des Fatimides, il rétablit le sunnisme. saladin Saladin Ier ou Salãh al-­Dīn Yūsuf est l’héritier d’une famille d’officiers kurdes engagés dans la guerre sainte contre les Francs. Il est né à Tikrit en 1138. Engagé aux côtés de son oncle pour la conquête de l’Égypte, il devient vizir à l’âge de 32 ans et entreprend de réunir l’Égypte et la Syrie. En 1187, Saladin remporte la victoire contre les croisés à Hattîn au nord-­est de la Palestine. Quelques jours plus tard, Saladin bat le Chevalier Balian d’Iblin à Jérusalem et met fin au règne des croisés (1099‑1187) permettant ainsi aux musulmans de reconquérir la ville. Les batailles menées par Saladin sont marquées par une grande violence caractéristique de l’époque qui se manifeste notamment par le massacre de Templiers et d’Hospitaliers capturés à l’occasion de la bataille de Hattîn. Saladin décède en 1193 à Damas. Il restera le symbole de la réunification musulmane contre les Croisés. Des siècles plus tard, son héritage sera revendiqué tant par les nationalistes arabes à l’image de Nasser, que par les défenseurs de la guerre sainte. À la mort de Saladin, son empire menace de se disloquer. Loin de jouir de son charisme et de son habileté, ses successeurs choisissent la posture de ­suzerain ménageant les princes, qui finissent par se partager le territoire. Les descendants directs de Saladin sont écartés au profit de son frère Malik al-­Adil (1200‑1218) puis de son neveu Malik al-­Kamil (1218‑1238). Sous le règne d’al-­Adil, l’Égypte connaît une famine foudroyante alors qu’elle doit en même temps faire face à un nouvel assaut des Croisés. Les rivalités familiales reprennent de plus belle 18 Égypte jusqu’à causer la perte des Ayyubides au profit d’une oligarchie militaire formée d’esclaves blancs originaires d’Asie centrale. Ce corps de mercenaires qui, par le passé, ont servi Ahmad Ibn Touloun, fonde la dynastie des Mamelouks (1250 à 1517). Victorieux des Francs et des Mongols, les Mamelouks s’imposent comme les maîtres incontestés de l’Égypte, officiellement qualifiée de « royaume islamique » et ils font du Caire la première cité du Monde musulman. Ils entretiennent des relations commerciales avec les États chrétiens et font du pays une puissance économique incontournable. Sous le règne de Baibars (1260‑1277), l’autorité du pouvoir central est restaurée avec l’armée comme rouage incontestable. À partir du xve siècle commence une période de violence, durant laquelle la fiscalité est arbitraire et la corruption généralisée. En 1509, la flotte des ­Mamelouks est détruite par les troupes portugaises. Huit ans plus tard, ce sont les Turcs qui infligent une lourde défaite aux Égyptiens. Le sultan Selim 1er, vainqueur, se proclame Commandeur des croyants. Le pays devient alors une province aux mains d’un pacha désigné pour un an et assisté par vingt-­quatre beys ou préfets. Le pouvoir militaire est confié aux aghas, élus de l’armée, chargés de son administration et de la surveillance des frontières. Le pouvoir politique se trouve morcelé et en proie aux sempiternelles luttes intestines. Au niveau économique, l’Égypte est affaiblie. Délaissé, son précieux système d’irrigation se dégrade. L’agriculture et le commerce en pâtissent. Les ­commerçants français subissent des exactions, alors que les Anglais qui avaient obtenu l’ouverture de la mer Rouge transitent par l’Égypte pour rejoindre les Indes. Dans ce contexte de déclin, les troupes françaises envahissent le pays en 1798, sous le commandement de Bonaparte marquant ainsi le début de l’Égypte coloniale. 3 L’Égypte moderne 3.1 Colonisation La présence française est brève. Contrainte de faire face à une épidémie de peste et aux assauts des Britanniques, l’armée doit se résoudre à signer en 1801 une convention d’évacuation vers la France. L’occupation de l’Égypte Histoire et géographie 19 représentait pour les Français un moyen d’affaiblir les Anglais. Après la débâcle de leur flotte à Aboukir, les Français s’installent dans le pays et y tentent des réformes. Pour s’attirer la sympathie des populations musulmanes, Bonaparte crée l’institut d’Égypte en 1798. Cet institut réunit savants et artistes avec l’objectif d’explorer et de faire connaître la civilisation des pharaons. C’est ainsi que naît une nouvelle science : l’égyptologie. L’administration s’organise sur le modèle européen. Une représentation populaire est mise en place. Cette instance, constituée de notables, hommes de foi et commerçants, a pour mission d’administrer le pays, relayée par des conseils régionaux. Sous influence française, elle tente, mais en vain, une réforme pour rendre le système fiscal plus équitable. Au niveau économique et commercial, une autre institution collégiale est installée. Elle réunit chrétiens et musulmans avec pour principale mission d’arbitrer les affaires commerciales, rompant ainsi avec la mainmise des juridictions militaires en la matière. Ces réformes encouragent l’émergence d’une nouvelle élite chargée d’administrer le pays. Pourtant, la révolte populaire continue. Durant l’été 1799, Bonaparte reprend finalement la route pour la France, confiant l’Égypte au général Kléber, qui est assassiné à peine un an plus tard. C’est à un général français, converti à l’islam, Abd Allahou Menou que revient alors le commandement de l’armée française. Ne pouvant plus faire face à l’hostilité populaire encouragée par les Britanniques, il doit se résigner à la reddition et à un retour en France en 1801. Le pays ne recouvre pas pour autant son indépendance. Prétextant une intervention pour faire cesser les émeutes, les Anglais débarquent en Égypte en 1802. Face à l’incapacité du monarque égyptien d’honorer ses dettes extérieures et aux rivalités entre Turcs et Mameloukes qui se disputent le pouvoir, les Britanniques s’érigent en arbitre. Une posture abandonnée en 1803, après la désignation par Constantinople d’un gouverneur qui sera contesté. Deux ans plus tard, le chef des troupes albanaises, le macédonien Mohammed Ali, s’allie aux Mamelouks et s’impose comme pacha, vice-­roi du sultan en Égypte. Il affirme son pouvoir en réduisant à néant toute menace de résistance et velléité d’opposition. Il pourchasse les Mamelouks, exproprie les grands propriétaires terriens, contrôle les activités de commerce et s’assure de la loyauté de l’élite religieuse. S’inspirant des idées révolutionnaires françaises, il poursuit la modernisation engagée par les Français avec l’ambition d’édifier un État fort, capable de rivaliser avec l’État ottoman. Les conseils généraux napoléoniens cèdent la place à des 20 Égypte Index A Al-Azhar 45-46, 111-112, 123 Armée 17, 19, 21, 25, 27-28, 42, 60, 65 Ashwaiyyât 43 C Confréries 45 Coptes 16, 47-48, 121 D Dynastie 10-15, 17-19, 22, 25, 111 E Élections 55-56, 64 Émigration 40-41, 52 K Kifâya 28 M Modernisation 20-21, 34, 42-43, 49, 52, 85, 93 Mohammed Ali 6, 20-22, 25, 37, 103 Monarchie 5, 10-11, 15, 23, 25, 75 Morsi (Mohamed) 29, 64-66 Moubarak (Gamal) 28 Moubarak (Hosni) 27, 49, 62-63, 65, 76, 91 Mouseîon 14 Mutilations 44, 71 N F Fête 27, 44, 67 Frères musulmans 24, 27, 47, 64, 66, 69 H Harem 12 I Immigration 41 Infitâh 27, 62, 76 Islamisme 27, 29, 63-64 Nasser (Gamal Abdel) 6, 25-26, 49, 66, 85, 94 O Officiers libres 25, 66 P Panarabisme 25, 66, 103 R République 6, 25, 29, 55, 57, 66 Révolution 11, 26, 50, 62, 66, 73, 87, 114-115 Index 131 S Scribe 12 Socialisme 6, 26 W T Tahrir (place) 28, 62-63, 71 Tamarrud 65 132 Égypte Tourisme 28-29, 44, 47, 61, 75-76, 78, 87-88 Traditions 43-44 Wafd 22-25, 112 Z Zâr 48 Table des matières Introduction................................................................................................................................................................ 5 Chapitre 1 : Histoire et géographie................................................................................................... 9 1. L’Égypte ancienne.................................................................................................................................. 9 1.1. La préhistoire. ................................................................................................................................... 9 1.2. L’Égypte des pharaons................................................................................................................ 10 1.3. Les conquêtes................................................................................................................................... 13 2. L’Égypte médiévale............................................................................................................................... 16 3. L’Égypte moderne.................................................................................................................................. 19 3.1. Colonisation....................................................................................................................................... 19 3.2. Indépendance.................................................................................................................................... 22 4. L’Égypte contemporaine.................................................................................................................. 28 5. Géographie.................................................................................................................................................. 30 5.1. La situation géographique........................................................................................................ 30 5.2. Le Nil...................................................................................................................................................... 30 5.3. Le relief.................................................................................................................................................. 31 5.4. Le climat............................................................................................................................................... 31 Carte : L’Égypte actuelle............................................................................................................................. 33 Résumé.................................................................................................................................................................... 34 Pour aller plus loin......................................................................................................................................... 35 Table des matières 133 Chapitre 2 : Peuples et société.............................................................................................................. 37 1. La démographie. ..................................................................................................................................... 37 2. L’immigration............................................................................................................................................ 40 3. Tradition et modernité..................................................................................................................... 42 4. Religion et minorités.......................................................................................................................... 45 Carte : La société égyptienne en évolution................................................................................. 51 Résumé.................................................................................................................................................................... 52 Pour aller plus loin......................................................................................................................................... 52 Chapitre 3 : Politique et gouvernement...................................................................................... 55 1. Le pouvoir exécutif.............................................................................................................................. 55 2. Le pouvoir législatif. ............................................................................................................................ 57 3. Le pouvoir judiciaire........................................................................................................................... 58 4. Les divisions administratives........................................................................................................ 60 5. La politique intérieure. ..................................................................................................................... 62 6. La politique étrangère....................................................................................................................... 66 7. Les droits de l’Homme et la condition des femmes............................................... 70 Carte : La division administrative du territoire égyptien................................................... 72 Résumé.................................................................................................................................................................... 73 Pour aller plus loin......................................................................................................................................... 73 Chapitre 4 : L’économie et le développement...................................................................... 75 1. La macroéconomie............................................................................................................................... 75 2. L’énergie. ....................................................................................................................................................... 78 3. L’agriculture. .............................................................................................................................................. 83 4. Le tourisme................................................................................................................................................. 87 5. Les transports........................................................................................................................................... 92 134 Égypte 6. L’industrie.................................................................................................................................................... 94 7. Le développement humain............................................................................................................ 96 Carte : Les atouts de l’économie égyptienne............................................................................. 99 Résumé.................................................................................................................................................................... 100 Pour aller plus loin......................................................................................................................................... 101 Chapitre 5 : Éducation et culture....................................................................................................... 103 1. Le système éducatif et universitaire...................................................................................... 103 2. Réforme du système éducatif et universitaire.............................................................. 108 3. Al-­Azhar......................................................................................................................................................... 111 4. Le cinéma..................................................................................................................................................... 113 5. La santé.......................................................................................................................................................... 116 Carte : L’Égypte, fleuron du tourisme mondial......................................................................... 122 Résumé.................................................................................................................................................................... 123 Pour aller plus loin......................................................................................................................................... 123 Conclusion.................................................................................................................................................................... 125 Bibliographie et webographie................................................................................................................. 127 Index.................................................................................................................................................................................... 131 Table des matières 135 Monde arabe / Monde musulman EGYPTE_Final_Mise en page 1 17/11/2014 14:39 Page1 éritière d'une civilisation millénaire façonnée par le sacré et construite autour du Nil, l’Égypte ne cesse de nourrir l'actualité et les imaginaires. Majoritairement désertique mais bordé au nord par la Méditerranée et à l’est par la mer Rouge, le pays occupe une position géostratégique clé entre l'Afrique et les pays du Golfe, mais il subit de plein fouet les soubresauts du Moyen-Orient et les conséquences du conflit israélo-palestinien. Sa population, en constante croissance, peine à maîtriser son destin et connaît, depuis 2011, des hauts et des bas à tous les niveaux. Son économie, dépendante du tourisme et de l'investissement étranger, se trouve dans une situation difficile en raison d'une insécurité et d'une instabilité chroniques. Malgré ses atouts indéniables, la succession d’élections et les changements de gouvernements, l'avenir du pays reste flou et incertain. Yasmina Touaibiaest docteur en science politique et chercheur associé au sein de l’Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain et de l’Équipe de recherche sur les Mutations de l’Europe et de ses Sociétés. Elle est chargée d’enseignement à l’Université de Nice Sophia Antipolis et de l’École de Journalisme de Nice. ISBN : 978-2-8041-8530-5 www.deboeck.com EGYPTE ÉGYPTE Sous la direction du spécialiste en islamologie Mathieu Guidère, la collection fait découvrir au lecteur le monde arabe et musulman évoluant aux portes de l’Europe : 57 pays musulmans, dont 22 pays arabes, touchés à des degrés divers depuis les soulèvements populaires de 2011 qui ont profondément modifié leur situation géopolitique. Histoire, société, politique, économie, religion et culture… L’ouvrage clé pour comprendre l’actualité de l’ÉGYPTE. Yasmina Touaibia Monde arabe / Monde musulmanmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm YASMINA TOUAIBIA