Mais d’autres racontent tout autre chose :
- Ben oui, si vous l’avez perdue, elle doit bien être quelque part, plaisanta Élise. On va vous aider à la
retrouver !
C’est Élise qui eut l’idée. Ou plutôt l’information.
Avec l’autorisation de la maîtresse, elle lança une recherche Internet sur les maladies de la voix. Et tomba
sur un site intéressant.
Aussitôt, elle fit signe à Arthur, Manon, Victor et Théo.
- Regardez ce que j’ai trouvé, dit Élise.
Elle montra sur l’écran la page Internet qu’elle avait chargée : le site de la firme Phonashop, numéro un
mondial des voix artificielles.
- Je sais comment on va guérir la maîtresse, déclara-t-elle. On va lui acheter une nouvelle voix.
- Comment ça ? fit Manon.
- Lis, et tu vas comprendre, répondit Élise. Un savant indien a inventé un système pour les gens qui ne
peuvent pas parler. C’est une sorte de puce électronique : tu l’avales, et hop, tu peux chanter, crier,
tout ce que tu veux !
- En plus, c’est génial, on peut choisir entre plusieurs modèles, poursuivit Victor. C’est marqué ici :
« voix rock », « voix jazz », voix de velours », etc. Et même là, regarde : « voix de fée »…
Manon battit des mains.
- Oh oui, on prend celle-là pour la maîtresse !
- Ah non, « voix rock », c’est mieux ! intervint Théo.
Ils commencèrent à se chamailler. Mais Arthur les fit taire en posant une question :
- Ça coûte combien ?
Zut, ils n’avaient pas pensé à ce détail. Ils retournèrent à l’écran. Victor cliqua sur un onglet, et la liste des
prix apparut. La moins chère, la voix standard, coûtait 968 euros.
- 968 euros ! dirent Manon et Théo en chœur.
- Mince, comment on va faire ? grogna Victor.
- Si on demandait à tout le monde ? proposa Arthur timidement.
Personne ne répondit, et il n’insista pas. Ils savaient tous que, même s’ils vidaient leurs tirelires, ils
n’arriveraient jamais à réunir une telle somme.
- C’est foutu ! soupira Élise.
Mais Théo pointa le doigt sur un bandeau qui défilait en haut de l’écran : « OFFRE EXCEPTIONNELLE !
UNE VOIX POUR SEULEMENT 99 EUROS ! STOCK LIMITÉ ! COMMANDEZ VITE ! »
- Super ! s’exclama Manon. 99 euros, ça, on peut les trouver !
À la récréation, ils exposèrent leur projet au reste de la classe. Le lendemain, chacun arriva, qui avec 10
euros, qui avec 5 ou même moins. En tout, ils réunirent 101 euros.
Élise se chargea de passer la commande par Internet avec l’aide de sa sœur aînée, qui avait déjà une carte
bancaire.
Deux jours plus tard, elle reçut à son nom un petit paquet portant le logo de l’entreprise Phonashop. Elle
l’apporta tout de suite à l’école et le montra à ses camarades. Le paquet contenait une toute petite boîte. Et,
dans la boîte, quelque chose qui ressemblait à un bonbon à la menthe.
- C’est ça, une voix ? demanda Anna.
- Ben oui, apparemment, répliqua Élise.
- Maintenant, il faut que la maîtresse l’avale, dit Théo.
- On n’a qu’à lui dire que c’est un médicament pour la gorge, proposa Manon.